La Traviata, Verdi

Transcription

La Traviata, Verdi
Fiche spectacle
La Traviata
Verdi
Livret de Francesco Maria Piave
Langue : italien - Durée 2h45
Adapté de la Dame aux Camélias de Dumas, cet opéra fait partie des sommets du répertoire. Ses débuts
furent pourtant difficiles et l’œuvre ne rencontra pas l’engouement qu’on lui connaît aujourd’hui. Jugée
scandaleuse à l’époque, l’histoire de Violetta Valéry, courtisane aux mœurs faciles, qui décide de renoncer
aux plaisirs puis de se sacrifier par amour pour mourir enfin dans l’ombre, fut ressentie comme un pamphlet
contre les vices et l’hypocrisie de la haute bourgeoisie. Verdi signe ici sa partition la plus humaine. Elle retrace
le cheminement psychologique d’une femme et nécessite la compétence des plus grandes interprètes.
Le Compositeur
Giuseppe Verdi 1813-1901
La Création
Le plus célèbre des compositeurs italiens est né en pleine campagne, dans la
plaine du Pô, en 1813. Armé de son don pour la musique et de l’appui fidèle
de son beau-père, Antonio Barezzi, il renonce à une carrière de musicien local
pour risquer ses premiers pas à Milan. Les débuts professionnels sont difficiles
et marqués en outre par le triple deuil de ses deux enfants et de sa femme.
Après le triomphe de Nabucco (1842), il compose sans relâche, pour honorer
les commandes de nombreux théâtres italiens. Après quelques années, il s’installe avec sa nouvelle femme, Giuseppina Strepponi, dans une villa qu’il a achetée à Busseto, la bourgade de sa jeunesse. C’est le temps des chefs-d’œuvre:
Rigoletto (1851), Il Trovatore (1853) et La Traviata (1853). Sa carrière prend
ensuite une envergure internationale. Il compose Aïda (1871) pour l’ouverture
de l’Opéra du Caire et travaille Shakespeare avec Otello (1887) et Falstaff
(1893). Jusqu’à sa mort en 1901 à Milan, Verdi partage son temps entre la
composition, les voyages dans toute l’Europe et la gestion de son domaine.
La Traviata entre dans l’histoire par un échec cuisant. A cette époque, les autorités se méfient du message politique qui tend à réhabiliter la courtisane
à l’encontre des valeurs bourgeoises. A contre-cœur, Verdi doit accepter que
l’action de son opéra, jugée trop contemporaine, soit transposée à l’aube du XVIIIe siècle et non plus au
milieu du XIXe siècle. Costumes et décors de cette époque plus lointaine sont imposés, en dépit de la cohérence initiale de l’œuvre. De plus, malgré l’excellente direction orchestrale, la carrure et les formes généreuses de la soprano Fanny Salvini-Donatelli ne correspondent pas au profil d’une demi-mondaine consumée par la tuberculose. Le 6 mai 1854, la deuxième représentation de La Traviata à Venise est, quant à elle,
un triomphe. Il faudra attendre 1906 pour voir respecter les volontés du compositeur (mort en 1901) et
retrouver l’action dans son cadre initial de 1850. La Traviata avec Rigoletto et Il Trovatore, rassemblent
les airs les plus célèbres de l’art lyrique. Leur qualité repose sur l’évolution du langage musical verdien
qui tend vers un style mélodramatique propre et accompli. Les héros marginaux de ces trois opéras sont
dénaturalisés par des passions immodérées mais retrouvent leur humanité, et peut-être leur rédemption,
à travers la douleur et l’amour.
Venise, Teatro della Fenice
6 mars 1853.
La Dame aux Camélias
Au début de l’année 1852, lors de son séjour à Paris avec la chanteuse d’opéra Giuseppina Strepponi,
Verdi assiste à une représentation de La Dame aux Camélias, une pièce adaptée du roman de Dumas
fils, publié en 1848. Verdi affectionne tout particulièrement cet auteur. Selon la
fille adoptive du compositeur, Maria Filomena, il aurait commencé à créer un
opéra inspiré de cette œuvre le jour même de la représentation théâtrale. Le
livret de Francesco Maria Piave, composé en cinq jours, lui parvient en octobre
1852. Du roman La dame aux Camélias, Verdi retient de nombreux éléments
que Piave va garder dans le livret. La trame (le destin malheureux d’une courtisane que «rachète» le sacrifice, l’implacable sévérité d’un père...) et l’ossature
générale de la pièce sont maintenus, ainsi que le cadre parisien. Plus encore,
Verdi veut conserver le caractère contemporain de l’œuvre. Piave supprime
néanmoins le second acte de la pièce qui est dramatiquement moins important.
Alexandre Dumas Fils Afin de donner plus de cohésion à l’ensemble et de resserrer le drame autour
de l’héroïne, Piave va également supprimer quelques personnages secondaires.
1824-1895
Marie Duplessis
Née en 1824, Rose Alphonsine Plessis, dite Marie Duplessis, est une célèbre courtisane française. Sa vie
tumultueuse et sa réputation de discrétion, d’intelligene et d’amoureuse pleine d’esprit, ont été une source
d’inspiration pour Alexandre Dumas fils. Ce dernier la rencontre en 1844 et en fait
sa maîtresse. Elle lui inspire alors le personnage de Marguerite Gauthier, l’héroine
de La dame aux camélias. Dans La Traviata, Verdi substituera les noms et prénoms
français par des noms et prénoms italiens. Marguerite, l’héroïne de Dumas fils,
n’est pas sans lien avec Violetta, l’héroïne de Verdi. Les deux personnages portent
le nom d’une fleur, métaphore déterminante dans le développement de l’œuvre.
Les courtisanes
Au XIXe siècle, la prostitution était considérée comme une activité faisant partie du
quotidien. A l’époque, les prostituées lettrées et influentes étaient connues sous le
nom de courtisanes. Elles n’avaient pas de statut juridique précis et étaient spécialement destinées aux classes sociales les plus élevées. Dans ces familles aisées, le père
emmenait son fils chez les courtisanes afin d’affirmer sa virilité. C’était, pour eux, une
gloire de s’afficher comme étant l’amant d’une courtisane. Elles étaient très convoitées!
Marie Duplessis
1852-1847
Critique de la société
Verdi fait un constat social sans concession et s’attaque aux problèmes moraux de son époque. Ce sont
les préjugés de la Bourgeoisie qui brisent le destin de Violetta: cette femme richement entretenue est le
produit d’un milieu qui l’utilise mais qui garde ses distances en
la classant d’emblée dans la catégorie de celles qu’on n’épouse
pas. Finalement, La Traviata met en scène les vices d’une certaine société, d’un ordre bourgeois, qui engendre cette prostitution mais qui en même temps la méprise. Précisons également
que c’est le seul opéra tragique de Verdi dans lequel la violence
physique ne joue aucun rôle. C’est une histoire d’amour bouleversante et réaliste qui échoue à cause des conventions sociales.
La Mise en scène
Cette production de La Traviata s’annonce esthétisante et romantique. En s’entourant de la styliste belge
Kaat Tilley et d’un scénographe italien Edoardo Sanchi, Stefano Mazzonis di Pralafera réunit une équipe
soucieuse de lier raffinement et émotions esthétiques tout en accentuant le caractère superficiel et
voyeur de la société. Force et fragilité, cette dualité inhérente au féminin, s’expriment au travers de la
symbolique des couleurs (dans la violence des rouges vifs et l’innocence des blancs) et l’évocation florale omniprésente. Nul doute que cette approche convienne parfaitement au personnage de Violetta.
La Traviata
Verdi
Les personnages
Maquette costume : Flora
Violetta Valéry : courtisane parisienne
Alfredo Germont : amant de Violetta
Giorgio Germont : père d’Alfredo
Flora Bervoix : amie de Violetta
Annina : servante et confidente de Violetta
Gaston : vicomte de Letorières, ami d’Alfredo
Le baron Douphol : rival d’Alfredo
Le marquis d’Obigny : ami de Flora
Grenvil : médecin de Violetta
Giuseppe : domestique de Violetta
Les amis de Violetta et Flora, les matadors,
les picadors, les gitanes, les domestiques,
un coursier...: choeur d’hommes et de femmes
L’histoire
Livret de Francesco Maria Piave d’après La dame aux Camélias d’Alexandre Dumas
ACTE I
Août 1850. Le somptueux salon parisien de la jeune Violetta Valéry accueille ses derniers invités. Gaston, un
familier des lieux, présente à Violetta son ami Alfredo Germont. Pressé par l’élan des convives, Alfredo porte
un toast en l’honneur de Violetta. Pour oublier la maladie qui la ronge, la jeune femme se raccroche aux plaisirs
charnels, mais emportée par la fête et la danse, elle est prise d’étourdissement. Alfredo lui propose sa protection
mais la courtisane s’en amuse. Insistant, il finit par lui déclarer sa flamme. Lorsqu’il se prépare à partir, Violetta
lui offre un camélia avec la condition de ne la revoir qu’au moment où la fleur sera flétrie. Alfredo comprend
alors qu’elle accepte de le revoir dès le lendemain. Restée seule, Violetta s’interroge sur les sentiments d’amour
que lui inspire le jeune homme ...
ACTE II
1er tableau – Janvier 1850. Violetta et Alfredo partagent leur bonheur au cœur de la campagne parisienne.
Alfredo apprend d’Annina que Violetta a vendu ses biens en secret pour subvenir aux besoins du couple. Honteux, mais déterminé à trouver de l’argent, il part pour Paris. Pendant ce temps, Violetta reçoit Giorgio Germont
qui l’accuse d’avoir ruiné son fils et la presse de renoncer à Alfredo pour préserver la réputation de sa famille.
Violetta dément et refuse de céder à la requête de Germont. Elle se ravise cependant, pour le bien de son aimé
et se résigne, dans la douleur, à le quitter. Elle supplie Germont, ému malgré lui, d’attendre avant de révéler son
sacrifice à Alfredo. De retour, Alfredo la surprend rédigeant sa lettre d’adieu. Là, Violetta lui redit son amour et
s’échappe. Consterné malgré les consolations de son père, Alfredo découvre une invitation à une fête destinée
à Violetta et décide d’aller la retrouver au lieu de rendez-vous.
2ème tableau – La fête a lieu à Paris, chez Flora. Au milieu des danses de gitanes, Alfredo est défié au jeu par
le Baron Douphol avec lequel Violetta s’affiche à présent. Alfredo multiplie les victoires et provoque son rival.
Violetta veut empêcher leur altercation mais Alfredo lui impose de revenir à lui. D’un effort surhumain, elle
refuse. Fou de douleur, Alfredo l’humilie en public en lui jetant au visage l’argent de leur union, provoquant ainsi
l’horreur de l’assistance et l’indignation de son père à peine arrivé.
ACTE III
Février 1850. A Paris, le carnaval bat son plein. Seule dans sa chambre, terriblement affaiblie et rongée par la
maladie, Violetta fait ses adieux au passé. Des invités sont annoncés. A la vue d’Alfredo, Violetta tente de se lever
mais s’écroule aussitôt. Germont a tout avoué à son fils et se reproche le mal qu’il a causé. Violetta meurt dans
les bras de son amant qui implore son pardon.

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