Al Liorzhour Faire le Gilles Williwaw Im Takt

Transcription

Al Liorzhour Faire le Gilles Williwaw Im Takt
Faire le Gilles
Im Takt
Robert Cantarella
D. R.
sif parsemé de samples et
effets électroniques. Le trio
définit parfois sa musique
comme «krautpop», elle
prend toute sa dimension
sur scène. Après deux
maxis, Im Takt termine
le mixage de son premier
album à la Carène (Brest),
qui devrait paraître en 2013.
Programmé en première
partie de concerts de
Metronomy ou de Catherine
Ringer, le groupe recherche
un nouveau tourneur.
Il vient d’être désigné lauréat du tremplin Tsugi-SFR
jeunes talents. ❚ N. D.
imtakt.bandcamp.com
Depuis quelques temps
déjà, Robert Cantarella fait
«le Gilles», redonnant
corps et voix aux cours que
Gilles Deleuze dispensait
à Vincennes et Paris VIII
dans les années 1980.
Pourvu d’une simple oreillette, il répète mot à mot,
intonations, hésitations,
rythmes, scories et toux
compris. Pas de pastiche,
pas d’affétterie, pas de
théâtralité, mais une fidélité incarnée, qui fait de
Cantarella le plus beau
des passeurs d’une pensée
dont il est peu de dire
à quel point elle manque
aujourd’hui. Il faut avoir
suivi un cours de Deleuze
pour comprendre à quel
point la voix du philosophe incitait à sa compréhension, en donnant chair
et vie à l’abstraction de ses
concepts. En allant voir
Cantarella tendre cet étrange
miroir au corps et à la voix
du philosophe, on fait paradoxalement l’expérience
de l’original. Certains
étudiants d’ailleurs suivent
tous les séminaires
de Cantarella, comme
ils l’auraient fait de ceux
de Deleuze, en prenant
des notes. Les frontières de
la représentation théâtrale
n’y résistent pas, et c’est
tant mieux car ici le mot
performance mérite vraiment sa définition. ❚ A. Q.
Williwaw
Al Liorzhour
Evelyne Gallet
Teatr Piba
D. R.
Formé en 2009, ce trio brestois est lauréat du tremplin
des Jeunes Charrues
l’année suivante, avant
d’intégrer la programmation officielle en 2012. Leur
rock, festif et nerveux,
a d’abord été instrumental,
avant que la voix de Xavier
Laporte (guitare, clavier)
ne vienne se greffer aux
sons de Vincent (basse,
clavier) et Bertrand
Roudaut (batterie, MPC).
Les compositions d’Im Takt
(en allemand, en cadence)
évoquent Foals, la new
wave anglo-saxonne ou
LCD Soundsystem pour le
groove de leur rock percus-
w
w
www.robertcanterella.com
Sur scène, l’hiver s’est
installé : la neige recouvre
le sol, un calme singulier
règne. Apparaissent alors
une silhouette emmitouflée
qui va s’installer au piano,
un guitariste patins aux
pieds, suivi d’un mystérieuse femme en manteau
de fourrure, gants et toque :
c’est madame Williwaw
du village d’Engelure…
À peine arrivée sur le plateau, la chanteuse Evelyne
Gallet fait souffler une bourrasque de poésie et de folie.
Qu’elle raconte une délirante histoire commençant
par «Il était une froid…»,
ou interprète les chansons
d’auteurs Rhône-Alpins
tels que Balmino, Jean Ribbe,
François Gaillard ou Gilles
Pauget, elle met, dans cette
ode à la froidure, une sacrée
énergie, déjà repérée dans
ses spectacles adultes, et un
humour truffé de références
qui vont de Brassens…
à «Questions pour un
champion» ! Arno Jouffroy
à la guitare et aux bruitages,
Ariane Cadier au piano
complètent avec finesse
cet univers à la Tim Burton,
tandis que l’éclairagiste
Clément Patard, présent sur
le plateau derrière un tronc
d’arbre (!), réchauffe l’atmosphère de ses ampoules
chaleureuses. ❚
GILLES AVISSE
www.evelynegallet.com
Adaptée de The Gardener,
de Mike Kenny, Al Liorzhour (le jardinier) parle
du temps, du cycle des saisons, de la mémoire et surtout de ce qui se transmet
entre un grand-père et un
enfant. Un sujet traité ici
avec une grande douceur,
à la limite de la lenteur,
pour installer le spectateur
dans l’échelle temporelle
des plantes, des arbres et
d’une langue – le breton –
qui renvoie à un monde
fantastique représenté
par un jardin en forme de
planète. En alternant avec
le français et en s’aidant
de surtitres habilement
intégrés au décor, l’enfant
et les spectateurs s’acclima-
ANNE-SOPHIE ZIKA
w
JEAN-MICHEL FRODON
w
tent à cette langue et à ce
monde étonnant où l’on
prend le temps de s’attendre et de s’entendre.
Malgré une fin douceamère, la pièce nous dit
que les mots et les valeurs
du grand-père ne sont pas
dépassés. Une création
de mars 2012 du Teatr Piba,
à Quimper (20), mise en
scène par Thomas Cloarec
avec Tangi Daniel, Tony
Foricheur et une belle scénographie de Jean-Michel
Appriou et Hervé Manach. ❚
YVES PÉRENNOU
www.teatrpiba.com
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