Témoignage du mois Septembre 2004 Jean-Claude

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Témoignage du mois Septembre 2004 Jean-Claude
Témoignage du mois
Septembre 2004
Jean-Claude FICHERA
Directeur Achats, Supply Chain et B2B de Rieter Automotive Group
Parcours professionnel :
Ingénieur des Arts & Métiers (Lille 1982) et diplômé de l’IAE de Montpellier (1983), Jean-Claude Fichera a
successivement travaillé pour RENAULT (1983-1989), KNOLL (1990-1994), VALEO Distribution (19941995) et RIETER Automotive France de 1995 à 1999, puis RIETER Automotive Group de 2000 à
aujourd’hui. Il a successivement exercé les fonctions de chef de projet, puis responsable logistique
(Renault) ; Material Manager (Knoll) ; Directeur Achats & Logistique (Valeo Distribution et Rieter Automotive
France) ; et enfin Directeur Achats, Supply Chain et B2B pour Rieter Automotive Group. Son engagement au
sein des organisations Odette, GALIA et FIEV fait de lui un interlocuteur reconnu et respecté par ses pairs.
GALIA : Votre Groupe, Rieter, est l’un des rares équipementiers automobiles suisses. Pouvez-vous
nous le présenter brièvement ?
JCF : La société RIETER existe depuis plus de 200 ans. Historiquement centré sur des activités textiles, le
groupe s’est progressivement développé sur le secteur automobile qui représente aujourd’hui 2/3 d’un chiffre
d’affaires de 3 Milliards d’euros. RIETER emploie 12000 personnes dans le monde et compte 50 sites
industriels. C’est un équipementier de rang 1 spécialisé dans le confort acoustique et la gestion thermique.
GALIA : Vous avez, à titre personnel, de multiples engagements, tant au niveau d’Odette, que de
GALIA et de la FIEV. Quel regard portez-vous sur ces organisations ? Sont-elles utiles ? Jouent-elles
correctement leur rôle ?
JCF : Ces organisations sont indispensables pour faciliter l’élaboration et le déploiement de standards, euxmêmes indispensables à la filière automobile. Malheureusement, ces organisations sont souvent mal
connues, donc mal perçues par le « Top Management ». Seuls quelques initiés les reconnaissent à leur
juste valeur. Cette situation n’est d’ailleurs pas unique, voir par exemple le cas de l’AFNOR. S’agissant de
leur rôle, le marché automobile étant devenu mondial, il est indispensable que ces organisations
fonctionnent sur le même périmètre, et au moins au niveau européen. Donc plus de standards purement
nationaux…
GALIA : Vous avez été, depuis quatre ans, au cœur de toutes les discussions concernant le B2B et
son intégration dans les entreprises. Quelle est aujourd’hui votre vision sur le développement du
B2B ?
JCF : La situation que je perçois est la suivante :
1) Chaque constructeur et gros équipementier déploie son propre portail et ses propres applications, qui
couvrent les domaines suivants (dans l’ordre décroissant d’importance en nombre de processus couverts) :
Qualité, Logistique, Achats, Suivi de projets, Finances, Ingénierie Collaborative ;
2) Ces portails arriveront à maturité dans 4 à 5 ans ;
3) Ce temps est nécessaire, non pas pour mettre au point les applications, mais pour permettre aux
utilisateurs de « digérer » et accepter les nouvelles méthodes de travail.
Par rapport aux ambitions d’il y a 4 ans, on pourrait penser que l’éléphant a accouché d’une souris. Mais je
crois que la souris va devenir adulte, même s’il faut attendre quelques années pour cela. Certes le B2B se
développe à petits pas, mais ceux-ci sont fermes et irréversibles ; j’en suis tout à fait convaincu. La route du
B2B dans l’automobile est bien tracée : nous savons où aller, comment y aller et quand y aller. Ceci étant,
j’ai conscience d’exprimer la vision d’un équipementier de rang 1 intervenant au niveau mondial. Toutes les
entreprises de la filière automobile n’ont pas la même problématique.
GALIA : Quel rôle doivent jouer, d’après vous, des organisations comme GALIA et Odette dans le
développement du B2B ?
JCF : Ces organisations doivent continuer à jouer leur rôle et faire leur travail de fond, à savoir :
- Faire se rencontrer les acteurs de l’automobile, tant clients que fournisseurs ;
- Continuer à proposer et promouvoir les standards indispensables à la communauté automobile ;
- Faire connaître les meilleures pratiques.
C’est un travail long et difficile, ingrat mais nécessaire. Les résultats ne peuvent se juger que sur le long et
même très long terme. A ce moment là, plus personne ne remettra en question le remarquable travail
effectué. Dans le cas où les organisations ne joueraient pas leur rôle, le B2B se déploierait au sein des
entreprises majeures, d’une manière anarchique et non structurée. La conséquence de cette situation serait
une prolifération de solutions différentes, ingérables pour les fournisseurs. Et qui conduirait à la remise en
cause du concept B2B lui même.
GALIA : Quels sont les principaux usages du B2B que vous faites ou que vous comptez faire en tant
que RIETER ? Quels sont les principaux bénéfices que retire votre Groupe du développement du
B2B ?
JCF : Regardons la situation chez RIETER, côté Clients puis côté Fournisseurs.
Côté Clients, on répond à leurs différentes demandes dans les plus brefs délais possibles, même si ces
demandes nous parviennent en ordre dispersé. Nos collaborateurs, quels que soient les domaines
concernés, expriment une certaine satisfaction de se sentir plus proches de leurs interlocuteurs, dans le
cadre de l’ «entreprise étendue».
Côté Fournisseurs, nous cherchons à mettre en œuvre une stratégie équilibrée (gagnant - gagnant). Nous
mettons à la disposition de nos fournisseurs des informations relatives aux domaines Qualité,
Environnement et Logistique (Volume prévisionnel, Suivi de performance, etc.). Les Fournisseurs de leur
côté nous communiquent des informations relatives à leur société et à leurs produits (spécifications). Tout
ceci correspond à des processus simples et nous permet de déployer le B2B dans un contexte « basique ».
Ainsi personne ne se plaint de la complexité des nouveaux processus à mettre en œuvre.
Nous avons aussi lancé chez RIETER, depuis quelques années, les enchères inversées qui, globalement,
se passent bien. Nous sommes en ce moment en plein déploiement des appels d’offres électroniques.
Les bénéfices sont encore difficiles à évaluer. Un premier résultat tangible est, d’une part, que nous
connaissons mieux nos fournisseurs, qui eux-mêmes connaissent mieux RIETER. Il y a beaucoup plus
d’échanges qu’auparavant, même s’ils se font sous forme numérique. D’autre part nous constatons un gain
très important de temps dans la charge administrative.
GALIA : Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées pour déployer le B2B ?
JCF : Contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, les principales difficultés sont internes et non pas du fait
de nos fournisseurs. Bien que nous ayons une équipe d’acheteurs très motivée, il nous a été très difficile
d’impliquer la Direction Générale, ce qui s’est traduit par un manque de moyens humains et financiers. Cela
nous a retardé dans la mise en œuvre du B2B côté Fournisseurs. Côté Clients, on a rencontré des
problèmes de manque d’intérêt de la part de nos commerciaux, dus à une méconnaissance du B2B (de ses
possibilités) et à l’absence de pression de la part de la Direction Générale qui n’en a pas fait un objectif
prioritaire pour la société. Côté Fournisseurs, on rencontre des difficultés avec les PME qui n’ont pas
d’équipements ou de ressources pour faire face à ce type de demande. Cela correspond à 30% de nos
fournisseurs. Le chemin est encore long, mais nous restons optimistes car nous sommes convaincus que le
travail au sein de « l’entreprise étendue » est la solution d’avenir.
GALIA : Quelle est votre stratégie pour les résoudre ? Odette et GALIA peuvent-ils vous aider ?
JCF : Nous avons une stratégie à plusieurs facettes :
- Vis-à-vis de la Direction Générale, nous attendons de GALIA et d’Odette :
1) qu’elles soient suffisamment fortes pour imposer leurs standards à la communauté automobile ;
2) que leur discours arrive aux oreilles de nos dirigeants (meilleure communication) pour les amener à
décider en faveur du B2B.
- Vis-à-vis des 30% de PME fournisseurs de RIETER peu favorables à ce déploiement, nous attendons
beaucoup du projet ALFA et nous sommes prêts à nous impliquer directement dans les actions pilotes. Bien
sûr ALFA est un projet français, mais nous attendons de la part d’Odette une initiative à caractère européen.
Propos recueillis par :
Jean-Pierre Le Bot

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