Quand la relation Client B2B se digitalise
Transcription
Quand la relation Client B2B se digitalise
Quand la relation Client B2B se digitalise L’essentiel La relation client va se digitaliser en B2B, 4 raisons sont ici développées pour expliquer pourquoi : – les parcours clients sont déjà partiellement digitaux – les expériences client vécues en tant que particulier créent des attentes dans le cadre professionnel – la dématérialisation progressive des process clés – la capacité à adresser des nouveaux marchés ou mieux servir le bas de portefeuille Cette évolution devra s’accompagner de changements profonds dans la culture et l’organisation des acteurs du B2B, sur le rôle du commercial notamment. Plusieurs études récentes menées par Colorado convergent sur un constat : les entreprises du B2B – prises dans leur ensemble – sont en retard par rapport au B2C sur le digital. Ceci se traduit de plusieurs façons : part des ventes réalisées sur des canaux digitaux, outils et usages, capacité à gérer la connaissance client, dispositifs relationnels mis en place pour répondre aux besoins, services associés... Si plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, deux d’entre eux semblent fondamentaux. Le premier concerne les modèles relationnels en B2B, le plus souvent construits sur une relation incarnée par un interlocuteur stable. Puisque ces entreprises disposent de réseaux et de forces de vente pour bâtir une relation forte et personnalisée avec chaque client, le besoin de mettre en place d’autres canaux relationnels est moins impérieux. A l’inverse, les acteurs du B2C ont très vite identifié le digital comme une opportunité d’enrichir la relation : • En comblant les « vides relationnels » séparant deux achats (newsletter, application). Short Track janvier 2015 - www.colorado-groupe.com • En créant une reconnaissance / une personnalisation impossible à mettre en place lorsque le client voit des interlocuteurs différents à chaque contact. Ensuite, le digital est souvent employé comme un outil pour atteindre et gérer en masse des prospects ou clients. Il suit logiquement le développement des systèmes d’information (ERP puis CRM) initiés en B2C. Or pour la plupart des entreprises B2B, les 10 plus gros clients représentent plus de 50 % des ventes. L’enjeu de digitalisation est donc souvent perçu comme pertinent pour l’industrialisation des petits clients – et par conséquent non prioritaire. Est-ce à dire que le digital n’a d’utilité que dans les marchés de masse ? Que le rôle potentiel du digital ne serait que de remplacer des ressources humaines qui assurent aujourd’hui la relation ? En réalité, adopter un prisme B2C fait manquer les enjeux importants du digital dans la Relation Client B2B. Nous allons détailler pourquoi la relation B2B va intégrer plus de digital, et en évaluer les impacts. 1 Pourquoi la relation b2b va intégrer mations sur ses prêts et lignes de crédit, demande de virement par mail à son conseiller…) soient plus pénibles à obtenir qu’à titre particulier, d’autant que la tarification est plus élevée. plus de digital Malgré certains freins (culture interne, organisation, technicité des produits…), la digitalisation des pratiques relationnelles va croître en B2B. Nous identifions quatre raisons majeures : • les parcours clients sont déjà partiellement digitaux • les expériences client vécues en tant que particulier créent des attentes dans le cadre professionnel • la dématérialisation progressive des process clés • la capacité à adresser des nouveaux marchés ou mieux servir le bas de portefeuille Les parcours clients sont déjà partiellement digitaux Aujourd’hui, le parcours du client B2B débute et finit déjà souvent sur des médias digitaux. C’est ce que vient appuyer une étude récente de l’institut Demand Gen : 72 % des acheteurs commencent par le web pour chercher des solutions et prestataires*, dont 22 % qui établissent le premier contact avec le fournisseur via des médias sociaux* (LinkedIn notamment). Cette étude met également en avant l’importance des contenus publiés : les contenus et publications jouent un rôle important dans la prise de décision pour 87 % des top managers*. Par ailleurs, le recours aux commentaires se développe en B2B, que ce soit en amont pour rechercher des prestataires ou en aval pour commenter les expériences clients vécues. Là où hier ces clients B2B n’avaient accès qu’aux fournisseurs référencés ou aux annuaires professionnels, aujourd’hui ils cherchent des informations, mais aussi et surtout, vérifient la solidité du prestataire, la qualité de ses contenus, les avis de ses clients… avant même d’entrer en contact avec lui ! L’information disponible en ligne est déjà un moyen d’accroître la connaissance client et de multiplier les liens (fussent-ils essentiellement virtuels). La relation est plus forte, moins propriété du commercial, les feedback clients sont moins opaques. L’influence du vécu en tant que particulier L’innovation permanente dans le B2C structure de façon durable les habitudes des consommateurs, et génère des nouvelles attentes y compris dans le cadre professionnel. Un entrepreneur habitué à un haut niveau de services digitaux avec sa banque (consultation de comptes, virements via l’espace web, simulations de prêts, conseils de gestion de portefeuille…) prend des habitudes d’utilisation qu’il aura du mal à quitter dans son contexte professionnel. Difficile d’accepter que les données clés de gestion et transactions quotidiennes (suivi de l’évolution de trésorerie, infor« The 2014 B2B Buyer Behavior Survey », étude publiée par Demand Gen * 2 Autre exemple : le suivi de la livraison. Aujourd’hui, toutes les entreprises de vente à distance ont des services de suivi de livraison et d’information pro-active du client. Pour chaque livraison, un client Amazon ou Nespresso peut suivre l’évolution sur 5 ou 6 étapes et reçoit au moins une notification en moins de 48 h. Peu d’entreprises B2B offrent le même niveau d’information à leurs clients, alors que les délais sont souvent plus longs et les montants autrement plus importants ! Depuis 2013, Lafarge systématise l’envoi de SMS pour le suivi et la confirmation des livraisons ce qui est indispensable pour les clients BTP dans la planification de leurs chantiers. Le digital doit enrichir la relation en offrant toujours plus de services au client, là où certains aspects de la relation client en B2B demeurent gérés avec beaucoup d’amateurisme en comparaison des progrès réalisés en B2C. La dématérialisation des métiers et des process Progressivement, les process métiers s’automatisent ou se dématérialisent. Dans l’industrie, avec l’intégration de plus en plus forte des chaînes de production, l’automatisation des interactions entre fournisseur et client est source de réactivité accrue et de baisse des coûts. C’est également vrai dans des contextes B2B2C. Les attentes du consommateur final génèrent des nouveaux besoins en amont : la FNAC doit informer ses clients (via le site web, des emails automatiques, l’espace client…), de l’avancée de leur livraison, donc La Poste doit être en mesure de pousser ces informations directement via des canaux digitaux. La prise de commande est l’un des process où la digitalisation est la plus avancée : de nombreux opérateurs permettent la commande en ligne (via les places de marchés ou une plateforme d’achat en propre). La solution est appropriée pour tout réapprovisionnement de produits et services (tarifs paramétrés et caractéristiques connus) ou pour les produits de commodité. La commande demeure néanmoins souvent un prétexte à la visite du commercial. Il va donc falloir trouver une nouvelle combinaison entre transactionnel et relationnel lors de ces visites. D’autres secteurs vivent des transformations majeures, tel que le secteur médical. Poussés par les caisses d’assurance, les pharmaciens ou les médecins sont aujourd’hui massivement digitalisés (extranets des assurances complémentaires, systèmes de télétransmission, dossier médical, scan des ordonnances…). Mais les laboratoires pharmaceutiques ont très peu digitalisé leurs process clés. Lorsqu’ils l’ont fait, c’est souvent via des portails trop peu performants ou intégrés, où ils peinent à faire venir les professionnels de santé. Pourquoi ne pas développer des systèmes de pré-commandes automatisées grâce aux SI de gestion de stocks des pharmaciens ? Ou bien offrir une appli mobile simple et efficace pour suivre les promotions, gérer leurs réapprovisionnements ou suivre leur commande / livraison / facturation ? Cela permettrait a Short Track janvier 2015 - www.colorado-groupe.com 3 principaux besoins à anticiper – Construire une vision d’ensemble de la stratégie digitale grâce aux parcours clients – Repenser les objectifs et rôles des fonctions commerciales et relationnelles – Réorienter la culture d’entreprise vers une culture du service minima d’améliorer la gestion des cas où le commercial est peu réactif. La capacité à adresser des nouveaux marchés ou mieux servir le bas de portefeuille Les meilleurs clients reçoivent un service de qualité, grâce notamment aux équipes dédiées à leur gestion. A l’inverse, les clients du bas de portefeuille qui n’ont pas la taille pour justifier ce type d’investissements relationnels reçoivent peu ou pas de services. Or ces clients : • représentent le plus grand nombre, et ont donc un impact fort sur l’image de marque • permettent souvent de réaliser des marges plus élevées ou d’amortir les infrastructures • peuvent receler de réelles opportunités de croissance Les canaux digitaux permettent d’adresser, ou de mieux adresser, le bas de portefeuille, grâce à des coûts d’acquisition ou de traitement nettement inférieurs. Pour un opérateur télécom par exemple, les coûts associés à l’acquisition et à la gestion de la relation client pour les TPE peuvent rapidement absorber les marges générées. Le digital représente une opportunité majeure de limiter ces coûts d’acquisition, mais aussi de mettre en place des offres produit et des services relationnels sur mesure pour cette population. quels seront les PrinCiPauX iMPaCts ? Parmi les nombreux impacts que pourra avoir cette bascule vers le digital de la relation client en B2B, il nous semble essentiel ici d’en éclairer trois. Le premier est le besoin de construire une vision d’ensemble de la stratégie digitale. Aujourd’hui, les initiatives digitales dans le B2B sont trop souvent morShort Track janvier 2015 - www.colorado-groupe.com celées ou cantonnées à des process spécifiques. Une revue des parcours clients est nécessaire pour appréhender de façon globale l’expérience vécue par les clients, leurs besoins et leurs attentes à chaque étape du cycle de vie. Cette approche ne peut qu’être itérative, la bascule de certaines interactions, services ou process entraînant des opportunités et besoins nouveaux sur d’autres sujets. C’est en partant des attentes et comportements des clients que les entreprises identifieront les opportunités de digitalisation, et non en partant de leurs process internes qui s’avéreront forcément complexes ou convenables en l’état. Le deuxième enjeu majeur est le besoin de repenser les objectifs et rôles des fonctions commerciales et relationnelles : commerciaux, responsables de compte, services clients… Si demain le digital assure les fonctionnalités basiques ou les plus transactionnelles de la relation avec un client, cela génère un besoin majeur : renforcer la valeur ajoutée du maillon humain. Dans le secteur des prestations de service type BPO, l’automatisation des reportings par exemple crée le besoin de repenser le contenu des interactions : puisque les chiffres sont déjà partagés, le rôle des instances de pilotage n’est plus d’informer, mais plutôt de compléter l’analyse et de travailler ensemble les plans d’action. De même, dans des entreprises qui ont digitalisé la prise de commande, le rendez-vous commercial n’en demeure pas moins essentiel pour présenter les dernières offres, comprendre les enjeux du client, identifier les points de blocage ou irritants… Le rôle du commercial se concentre sur le relationnel et l’indispensable apport de conseil. Or l’expertise ou la capacité à comprendre les enjeux business du client sont déjà des compétences insuffisamment adressées par les entreprises du B2B. Quand elles recrutent ou forment des commerciaux, les entreprises du B2B testent avant tout les compétences commerciales et d’aisance orale. Ce point est bien entendu indispensable dans le métier, mais fait trop souvent oublier le besoin premier d’expertise et de valeur ajoutée des clients. Une étude de la Harvard Business School met même en avant le décalage entre ce que les entreprises considèrent comme les compétences requises (professionnalisme, compréhension des enjeux business) et les principaux critères de recrutement (compétences commerciales, organisation et prise de décision). Avec le digital, ce besoin de compétences et de connaissances de fond sera renforcé et toujours plus différenciant pour construire une relation de valeur dans le temps. Cela nécessite également de revoir les systèmes de rémunération de ces fonctions, trop indexés aujourd’hui sur la performance commerciale (CA généré, taux de transformation, mix produits…) là 3 où le besoin de partenariat de long terme nécessite une vision de gestion et d’animation de parc clients et les indicateurs associés (taux de churn, transfert de connaissances et de contenus, satisfaction client), en complément des objectifs de vente. Les entreprises du B2B vont donc devoir fortement repenser leur modèle commercial : missions, rôle, objectifs, compétences… Troisième enjeu : la poursuite de l’évolution du produit vers le service. Le digital n’apporte un avantage concurrentiel au produit vendu qu’en l’intégrant dans un service. Bosch, qui vend entre autres des pièces détachées automobiles, a déployé une nouvelle stratégie digitale ambitieuse : nouveau site web, page Facebook, compte Twitter, chaîne Youtube et une équipe de conseillers dédiés pour répondre aux questions des clients sur internet. L’objectif principal, audelà des ventes directes, est de se positionner comme un fournisseur de conseil, auprès des consommateurs finaux comme des garagistes revendeurs partenaires – et non plus de se cantonner aux produits. Bosch propose ainsi des services de localisation des garagistes les plus proches, de prise de rdv avec un garagiste, de prédiagnostic du véhicule… Un ensemble de services qui doivent mieux intégrer Bosch au cœur de l’écosystème des garagistes tout en leur donnant un accès direct aux besoins des consommateurs finaux. De même, les fournisseurs de cosmétiques professionnels peuvent offrir aux coiffeurs un vaste support au diagnostic, au suivi du client voire des modules d’e-learnings à teneur technique… ou relationnelle. Cette transformation vers une culture d’entreprise orientée vers le service sera pour certaines entreprises B2B une petite révolution. Il faudra dépasser les convictions sur les qualités intrinsèques des produits pour appréhender ceux-ci dans l’utilisation qui en est faite par les clients, et identifier les irritants clients (pannes, rigidités par rapport aux usages souhaités, retards et délais…) ou les risques essentiels à sécuriser pour un client (rupture de chaînes de production, perte de CA…). Ainsi, les enjeux autour du digital ne se limitent pas au déploiement d’outils et de solutions bien pensées et les bénéfices attendus ne se limitent pas à des économies de coûts. Son développement nécessite des transformations dans la culture et l’organisation des entreprises B2B, ce qui peut également générer des freins à la mise en place. A l’inverse, les entreprises qui parviendront à les lever et à apporter les solutions adaptées à ces problématiques auront mis en place un véritable avantage concurrentiel, différenciant et durable car elles auront su bâtir une nouvelle relation client, actuelle et génératrice de valeur ajoutée pour les clients. Générateur de performance en Relation Client 8-10 rue de la Ferme 92100 BOULOGNE BILLANCOURT [email protected] Tél : 01 46 10 11 00 > Colorado Conseil > ConsumerLab > Colorado formation stratégie, marketing, organisation et transformation digitale de la relation client multicanal études marketing clients et solutions de pilotage de l’expérience client conduite du changement et accompagnement des collaborateurs des Services Clients, des réseaux de service et des points de vente Découvrez toutes les facettes de l’Expérience Client sur www.clientconnection.fr et les idées qui nourrissent le futur sur pleaseforward-afterreading.com 4 Short Track janvier 2015 - www.colorado-groupe.com