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Discours de Michel LE POGAM président du TGI des Sables d’Olonne AUDIENCE SOLENNELLE DE RENTREE 2010 et d’installation de Philippe HUART, vice-président le 15 janvier 2010 *** “L’AUDIENCE EST OUVERTE. M. Le Premier Président de la Cour d’appel de POITIERS, Mme le Procureur Général près cette cour M. Le Préfet de la VENDEE, Mme le Sous-Préfet Mme l’adjointe au maire représentant M. le Député et Maire des SABLES D’OLONNE, M. Le Vice-président du CONSEIL GENERAL représentant le président du Conseil Général M. Le Président du TGI de La Roche sur Yon M. le procureur de la République de La Roche sur Yon Mme la directrice déléguée à l’administration régionale de la justice M. Le président du Tribunal de commerce de La Roche sur Yon M. le président du Conseil des prud’hommes des Sables d’Olonne Mme le Bâtonnier des Sables d’Olonne et M. le Bâtonnier de La Roche sur Yon Mmes et MM les élus, directeurs régionaux et départementaux, MM les officiers et représentants des autorités civiles et militaires Mesdames et messieurs les avocats Mesdames et messieurs Merci de votre présence, qui honore notre juridiction. Monsieur le Député et Maire des Sables d’Olonne nous a demandé de l’excuser de son absence et de vous le faire savoir, n’ayant pu se départir d’une réunion complexe prévue de longe date. Cette audience de rentrée sera aussi audience d’installation de M. HUART, vice-président. * * * * Aussi, sans plus attendre, je désigne M. Le vice-président SANSEN et M. Le juge d’instruction LE GOATER, pour aller chercher M. HUART et le conduire jusqu’à nous. Attendre que chacun s’installe * * * * *** “MONSIEUR LE PROCUREUR, VOUS AVEZ LA PAROLE” **** REQUISITIONS DU PROCUREUR **** MERCI *** “MADAME LA DIRECTRICE DE GREFFE, VEUILLEZ DONNER LECTURE DU DECRET DE NOMINATION” -1- *** LECTURE DU DECRET PAR LA DIRECTRICE DE GREFFE *** Monsieur HUART, votre parcours de magistrat est des plus riches : vous avez occupé des fonctions de juge plutôt civiliste à Périgueux et à La Roche sur Yon pendant 11 ans, en passant, entre temps, presque 3 ans du côté du parquet à Niort. Puis, depuis 8 ans, vous avez choisi la fonction spécialisée de juge d’instruction, d’abord à Nantes puis à La Roche sur Yon. Les contacts professionnels et les relations étant fréquents entre nos juridictions de La Roche sur Yon et des Sables d’Olonne, autant dire qu’un certain nombre de vos collègues d’ici vous connaissent bien. Les avocats, les officiers de police judiciaire tout autant. Vous êtes précédé d’une réputation flatteuse de très bon juge, polyvalent, aguerri tant au civil qu’au pénal, et grand travailleur. Vous serez vice-président chargé de l’application des peines, fonction que vous avez déjà exercée voilà longtemps, m’avez-vous dit. Elle a beaucoup évolué depuis, et ayant pris de l’importance, compte tenu de l’attention particulière que l’on porte désormais à l’exécution effective et efficace des peines prononcées par les tribunaux. Par ailleurs, et ce n’est pas une tâche secondaire, vous serez le coordonnateur du service pénal, ce qui vous mènera à présider régulièrement des audiences correctionnelles et à assurer les questions d’audiencement avec le parquet. Je veux rendre hommage au vice-président Guy CORTI, auquel vous succédez, qui a très bien su faire face à ces attributions pénalistes souvent prenantes, pendant plus de trois ans. *** “M. LE VICE-PRESIDENT, JE VOUS ADRESSE, EN MON NOM ET EN CELUI DE TOUS LES JUGES DU SIEGE ET LES FONCTIONNAIRES DE CE TRIBUNAL MES CHALEUREUSES FELICITATIONS POUR CETTE NOMINATION ET VOUS INVITE A REGAGNER VOTRE PLACE PARMI NOUS. *** FAIRE LE GESTE POUR DESIGNER LA PLACE *** **** DISCOURS DU PROCUREUR **** Merci M. Le procureur. Pour ce qui est de l’activité des juges, je n’entrerai pas dans le détail des chiffres : vous le trouverez dans la plaquette mise à votre disposition dans la salle. Concernant l’activité civile du tribunal de grande instance, les quantités de dossiers nouveaux et les flux sont comparables à ceux des années passées ; on constate toutefois une augmentation de la durée moyenne des procédures passées de 6 à 6,5 mois et une augmentation consécutive du stock de 70 dossiers. Les recherches faites au greffe ont permis de comprendre que cela tient au délai de 2 ans devant s’écouler dans les procédures de divorce pour altération définitive du lien conjugal prévu aux articles 237 et 238 du code civil : les époux qui ont saisi le juge aux affaires familiales pour obtenir une ordonnance de non-conciliation fixant des mesures provisoires, laissent souvent en sommeil leur procédure, afin d’attendre ce délai de deux ans : le prononcé du divorce est ensuite presque automatique. C’est un phénomène que les services des affaires familiales ont identifié dans toutes les juridictions. Par ailleurs les affaires nouvelles du contentieux familial hors divorce ont encore augmenté de façon significative, tandis que d’autres contentieux diminuaient ou revenaient à un étiage normal (référés, contentieux civil). -2- Concernant l’activité correctionnelle, les juges ont suivi l’évolution de la politique pénale que vous avez lancée, Monsieur le procureur, depuis votre arrivée, voilà un an : utilisation des alternatives aux poursuites devant le tribunal, augmentation des comparutions immédiates, l’audience correctionnelle devant servir normalement pour juger les dossiers les plus complexes. Je me réjouis de voir enfin le stock d’affaires restant à juger, chuter de façon significative de presque moitié (passant de 875 à 458), pour revenir à un niveau que nous n’avions plus connu depuis 2005. Tous ici m’ont entendu évoquer ma paradoxale insatisfaction d’avoir multiplié les audiences pénales, de voir mes collègues du siège n’avoir jamais autant prononcé de jugements correctionnels, pour arriver l’an dernier à un pic de 1500 jugements, sans que jamais le stock diminue pour autant. Pour la première fois, Monsieur le procureur, nous allons diminuer en 2010, même si c’est de façon limitée, le nombre d’audiences correctionnelles, en l’occurrence celles à juge unique. Même si les audiences de plaider-coupable vont être doublées. Mais ce n’est pas la même chose, en termes de tenue et lourdeur d’audience. Concernant l’activité du tribunal d’instance : cette juridiction, après une période de retour à l’équilibre et de sérénité retrouvée, ayant duré deux années et demie jusqu’en début d’année 2009, a connu une conjoncture difficile pendant toute l’année écoulée : cela tient à une diminution des effectifs des fonctionnaires qui a chuté de trois personnes pendant des mois, à la suite d’un départ à la retraite non remplacé, et qui ne devrait pas l’être -j’ose à peine le dire tant j’en suis moi-même étonné- avant septembre 2010, nous dit-on, du côté de l’administration centrale, à un congé maladie sur toute l’année et bien antérieur encore, et un 3ème arrêt maladie. De fait, les juges d’instance peuvent tenir leurs audiences et rendre leurs décisions, mais le greffe ne suit pas. Cela se ressent surtout en matière de procédures de surendettement, de rétablissement personnel et de saisies de rémunération, qui sont celles nécessitant le plus de courriers de notifications et manipulations des dossiers par le greffe. La situation n’est pas satisfaisante, il faut le dire. J’ai demandé que le maximum soit cependant fait pour que cette juridiction réponde aux besoins et attentes des justiciables et de certaines administrations. Ceci dit, M. Le premier président, Mme le procureur général, Mme la directrice de l’administration régionale, nous savons que vous en avez conscience, puisque concrètement, vous nous avez délégué un fonctionnaire placé, qui partage sa semaine entre cette juridiction et le conseil des prud’hommes, qui est sans chef de greffe depuis octobre 2009 et jusqu’en mars 2010. Pour quitter le tribunal d’instance et revenir au tribunal de grande instance, là aussi les turbulences liées à des départs ou absences de fonctionnaires ont été fortes pendant l’année écoulée. Là encore, la cour d’appel en a bien conscience, nous ayant affecté un agent placé et autorisé le recrutement d’un vacataire. Par ailleurs, Monsieur LONGERON, directeur de greffe adjoint au tribunal de grande instance de La Roche sur Yon assure l’intérim partiel du directeur de greffe d’ici en venant un jour voire deux par semaine, depuis octobre dernier et jusqu’en mars prochain. 2009 a donc été une année compliquée en termes de personnels de greffe. D’autant plus que, si je reviens au tribunal de grande instance, cela s’est fait à une période de restructuration des services et de mise en oeuvre de nouvelles procédures : je veux parler de la réorganisation du service pénal à compter de septembre 2009, en même temps que l’entrée en vigueur du logiciel Cassiopee. J’ajouterai encore la dématérialisation de la chaîne civile, qui, pour plus discrète qu’elle est, n’en est pas moins importante. -3- Ceci dit, vous ne m’entendrez pas me plaindre. Ou pas trop. Car ces restructurations ou mises en route de nouvelles procédures étaient à la fois nécessaires pour certaines et incontournables pour d’autres. Qui peut, en effet, soutenir que la chaîne pénale, telle qu’elle fonctionnait avant l’arrivée du nouveau logiciel, était satisfaisante ? Elle ne permettait aucune connexion entre les juridictions, nimême aucune interaction entre services d’une même juridiction . Il fallait sans cesse retaper les mêmes données générales, telles que l’identité des prévenus ou condamnés, les infractions poursuivies. Et qui peut sérieusement soutenir que le suivi et l’avancement des dossiers civils pourra encore longtemps se perpétuer par la manipulation de papiers et lourds dossiers ? Aux Sables d’Olonne, nous sommes au milieu du gué : la mise en état se tient désormais de façon hybride : à la même audience, la technique “à l’ancienne”, avec manipulation des dossiers, cohabite avec l’informatique, avec les cabinets d’avocats ayant opté pour la dématérialisation. Et nous savons tous, professionnels concernés par la matière civile, que les profonds bouleversements de la procédure d’appel qui entreront sous peu en vigueur, mèneront à une dématérialisation complète. Les décrets viennent de sortit. J’émets le souhait que nous continuions dans la démarche dynamique qui a toujours été celle de ce tribunal, avocats, magistrats et fonctionnaires ensemble, en toutes matières, civiles et pénal. * * * * * Puisque j’évoque les personnes, je veux adresser quelques remerciements, félicitations, et rappels à notre mémoire : - mes remerciements vont d’abord à Madame le Bâtonnier Brigitte GAUVIN, avec laquelle j’ai eu un réel plaisir à travailler pendant ces ceux années. Mes félicitations vont à son successeur, Me Claire BRANDET. Je sais, Mme le Bâtonnier que vous saurez perpétuer l’excellente entente qui règne ici entre avocats et magistrats. Mes remerciements pour sa présence et mes félicitations vont également à Me François CUFI, nouveau Bâtonnier de La Roche sur Yon. - je veux louer ensuite l’abnégation des fonctionnaires de cette juridiction, particulièrement ceux de la chaîne pénale - Mmes Caillat, Monteil, Fau, Heriaud, Berland, Boulangé, Rougeron, Bachelier,qui ont vraiment connu une période difficile ces six derniers mois ; mais aussi le greffe civil, plus particulièrement Mme Mercier et Mme Tesson, parce qu’elles assurent l’intérim du directeur de greffe pendant 5 mois, en plus de leur tâche juridictionnelle et je vois bien au quotidien, que c’est beaucoup, et que leurs horaires s’allongent, le midi et le soir. - merci également à mes collègues magistrats du siège, pour la qualité de votre travail et la conscience professionnelle que vous y mettez : croyez bien que je sais la chance que j’ai de travailler avec une telle équipe. J’en dirai autant pour les collègues du parquet, au risque de paraître très consualiste. Mais je pense vraiment que, au-delà de nos divergences et parfois désaccords professionnels, qui sont bien normaux et nécessaires, Monsieur le procureur, nous faisons du bon travail ici. - je veux, enfin, vous rejoindre M. Le procureur, dans l’évocation de la mémoire de Mme GIRARDOT, adjoint administratif du parquet, qui nous a quitté voilà six mois, bien trop vite, dans bien trop de souffrances. -4- * * * * * Avant de clore cette audience, je voudrais m’éloigner un instant de nos contingences matérielles et quotidiennes, qui nous accaparent et nous freinent parfois, mais qui ne doivent pas faire oublier l’essentiel, je veux dire ce pour quoi la Justice est faite. Je citerai Albert Camus, dont on commémore cette année le cinquantenaire de la disparition. Camus a beaucoup écrit et pensé sur la justice, en tant qu’institution, que ce soit dans l’Etranger, son premier et plus célèbre roman dont le dernier quart a pour cadre un procès d’assises ; ou dans son ouvrage “Réflexions sur la peine capitale”. Mais c’est son approche sociologique et philosophique qui est la plus forte, sans doute aussi la plus complexe. A la notion de Justice, il associe celle de Liberté, qu’il présente comme souvent antinomiques, contradictoires, lorsqu’elles sont excessives. Ainsi, il écrit : “La liberté absolue raille la justice. La justice absolue nie la liberté. Car la liberté absolue, c’est le droit du plus fort de dominer, tandis que la justice absolue passe par la suppression de toute contradiction : elle détruit la liberté”. Et il conclut :”Pour être fécondes, les deux notions doivent trouver, l’une dans l’autre, leur limite” La mission des juges et des magistrats, qui est faite de régulation sociale, d’apaisement des conflits privés, et de dépassement de la vengeance personnelle par l’organisation de procès équitables et de sanctions adaptées, s’inscrit bien dans ce combat contre la liberté absolue, ce droit du plus fort et du dominant, dont parle Camus. Au quotidien, dans nos juridictions, nous sommes camusiens. Nous le sommes encore, en appliquant sans cesse le principe de la contradiction, de l’équilibre entre toutes les parties au procès, depuis toujours au civil, de plus en plus au pénal. Les magistrats et les professions judiciaires ne doivent jamais se laisser aller au délire de la justice absolue, celle qui n’accepte pas la contradiction, se mêle de tout et croit pouvoir tout résoudre, alors qu’elle ne détient qu’une parcelle de pouvoir bien sûr, et fort heureusement. Vous avez évoqué, M. Le procureur, de grandes réformes qui nous sont annoncées. Je ne sais ce qu’elles seront, dans le détail ; même si je ne doute pas cependant qu’elles s’inscriront dans ce subtile équilibre entre liberté et justice, dans le sens que Camus a donné à ces notions. Si elles sont cela, alors elles réussiront. Je ne sais si Camus, comme on semble le vouloir je crois au plus haut de l’Etat, entrera “ici avec son cortège de morts ...”, dans le temple des Grands Hommes, à laquelle la Patrie est reconnaissante, aux côtés de Jean Moulin, Pasteur et Zola. En tout cas, pour ce qu’il nous enseigne sur la justice, il est déjà dans notre Panthéon judiciaire. Un silence Monsieur le procureur de la République, avez-vous d’autres réquisitions ? Attendre réponse du procureur *** Le Tribunal donne acte à madame la directrice de greffe de sa lecture du décret du Président de la République , à M. Le procureur de la République de ses réquisitions, déclare M. HUART installé dans ses fonctions de vice-président, et déclare close l’année judiciaire 2009 et ouverte l’année judiciaire 2010. Dit que du tout il sera dressé procès-verbal qui sera conservé au rang des minutes du tribunal. Un silence Nous vous invitons à nous rejoindre dans quelques instants dans le hall d’accueil pour un moment de convivialité. ***L’audience est levée*** -5-