Sciences et Avenir

MARS 10
SCIENCES ET AVENIR
Mensuel
OJD : 268280
33 RUE VIVIENNE
75002 PARIS - 01 55 35 56 00
Surface approx. (cm²) : 2378
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Mollusques
les gènes de la discorde
L'Ifremer a déposé un brevet pour produire
des moules triploïdes, stériles et dodues,
à l'instar de ce qui se fait déjà pour les huîtres.
Une innovation qui inquiète les professionnels.
HUITRES2
3057903200508/GBM/AKO/2
Eléments de recherche : LES HUITRES : articles significatifs
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Une nursery de champions
O
A la station Ifremer de La Tremblade, près de Rochefort, en
Charente-Maritime, Tristan Renault, chef du laboratoire de génétique et de pathologie, a du
mal à dissimuler son malaise.
C'est sur ses paillasses, à l'embouchure de la Seudre, au milieu des parcs à huîtres de la
fameuse Marennes-Oléron,
qu'une moule triploide très
controversée a vu le jour. Révélé par un article du Monde en
novembre dernier, le brevet déposé par l'Ifremer pour la fabrication de ce mollusque, rendu
stérile et dodu par manipulation
chimique, a aussitôt entraîné
une levée de bouchers dans la
profession. « Une réunion dè
crise a été organisée au Comité
national de la conchylicultiire.
A l'unanimité, nous nous
HUITRES2
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sommes prononcés contre ces
moules triploïdes. Pas question d'aller contre la nature ! »,
affirme Rénald Bernard, mytiliculteur à Pénestin (Morbihan).
Tristan Renault reste surpris dè
ce tollé. « Nous sommes un
laboratoire de référence européen, reconnu pour son expertise en génétique des mollusques. R est normal que nous
soyons à la pointe de la recherche ! Mais nous n'imposons rien à personne. Aux professionnels de juger si ça les
intéresse ou pas », justific-t-il.
Entre 2005 et 2007, ses équipes
ont en effet conduit un programme de recherches dans lc
cadre du projet européen Blue
Seed, coordonné pal' un laboratoire de recherche néerlandais
avec la participation d'entre-
Chaque année depuis maintenant quinze ans,
200 reproducteurs tétraploïdes sont fabriqués dans
la station Kremer de La Tremblade pour être vendus
à des écloseries qui les utilisent pour obtenir des huitres
triploïdes (I) et (2). Chaque géniteur est équipé d'une puce
afin d'assurer la traçabilité (3). Une fois sa fonction de
reproduction assurée, l'huître tétraploïde est renvoyée au
laboratoire pour éviter toute dispersion dans la nature...
Tristan Renault, chef du laboratoire génétique et pathologie,
surveille la croissance d'un naissain d'huîtres creuses (4).
Des prélèvements sont effectués sur les mollusques afin
d'étudier leurs mécanismes de défense (5).
prises privées. L'objectif - atteint - était de « produire des
imissa tns de moules en écloserie » afin de réduire les aléas
saisonniers de la production.
Parallèlement à ce programme,
l'Ifremer a déposé, seul, en
mars 2007, un brevet intitulé
« obtention de mollusques bivalves tétraploides à partir de
géniteurs diploides », pour une
nouvelle technique de production applicable à la fois aux
huîtres et aux moules. Et c'est
la révélation de l'existence de
ce brevet qui a provoqué l'ire
des mytiliculteurs et l'incompréhension du chercheur.
Pour comprendre les raisons de
la colère, il faut se rendre chez
les ostréiculteurs, les premiers
à avoir été confrontés à l'apparition d'un mollusque
Eléments de recherche : LES HUITRES : articles significatifs
LEXIQUE \
ECLOSERIE : établissement
aquacole dans lequel est
réalisé le premier stade de
l'élevage, la production du
naissain.
NAISSAIN : coquillages
juvéniles fixés sur un support
au sortir de leur vie larvaire.
DIPLOÏDE : possédant deux
jeux de chromosomes (2n).
C'est le cas de l'huître
naturelle
TRIPLOÏDE : possédant trois
jeux de chromosomes (Sn).
TÉTRAPLOÏDE : possédant
quatre jeux de
chromosomes (4n).
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triploide ces dernieres
annees Et observer ce qui s'est
passe pour l'huître creuse Ct as
ftoslrea gigas, une espèce bien
charnue et tres productive
qui représente aujourd'hui 99 %
des 150 000 tonnes produites
chaque annee en France Dongme japonaise elle a ete introduite sur notre territoire dans
les annees 1970, a la suite d'une
epizootie qui avait décime
l'huître portugaise Crassostrea
angidata, elle même arrivee par
accident un siecle plus tot lors
du naufrage dans l'estuaire de la
Gironde d'un navire en provenance du Portugal Crassostrea
gigas s est si bien adaptée au
milieu qu'elle a pratiquement
élimine l'espèce endémique de
nos côtes la beton (Ostrea eau
lis), une huître plate Le coquillage roi de nos plateaux de
fruits de mer n a donc rien d'au
tochtone D'autant que, desor
maîs, 30 % environ des huîtres
creuses produites en France ne
sont pas nees en mer ' Elles sont
issues de naissains produits
dans des eclosenes et obtenues
par la technique dite de poly
ploidisation qui leur accorde
une curieuse propriete genetique celle d'avoir dix tnplets
(Sn = 30) et non dix paires de
3 QUESTIONS A.
•"
huittesneesenmer
IHÉT^
v*^^ I
trauiiffliel
Face aux producteurs
d'huîtres triploides qu'ils
jugent artificielles,
les ostréiculteurs
traditionnels affichent
leur difference avec une
etiquette en garantissant
leurs coquillages
« nes en mer »
consommateurs français n'ai Pourtant, la tnploide n'a jamais
ment pas les huîtres laiteuses fait l'unanimité chez les cle
Baptisées « huîtres des quatre veurs Des son apparition, cer
saisons », les tnploides peuvent tains ont émis des doutes Non
etre commercialisées toute l'an pour des motifs sanitaires les
nee et non plus seulement du huîtres tnploides n'ont pose
rant les traditionnels mois en jusqu'alors aucun probleme de
« r » De plus elles grandissent sante humaine et elles sont
vite puisqu'elles consacrent a excellentes a déguster Maîs
grossir I energie qu'elles ne de pour des raisons d'authenticité
pensent pas pour se reproduire Benoît Le Joubioux, ostrei
Resultat alors qu'une huitre culteur au Tour-du-Parc, dans
classique met trois ans a par\e- le Morbihan, n'a ainsi jamais
mr a maturité, les tnploides en voulu y toucher « Je n'en ai
mettent deux Pour I ostreicul mème jamais goûte L'attrait
teur, c'est tout benefice
dè l'huître c'est son côte sain et
naturel Nos coquillages ne
sont ni nourris rn traites ll ne
faut surtout pas jouer avec
ça ' » Ce professionnel, qui pro
uUULVtN BREST President du Comite national de la conchyliculture
duit 70 tonnes par an, continue
donc a realiser lui meme les
captages du naissain dans des
bassins que sa famille possède
chromosomes (2n = 20) comme
leurs congénères diploides sauvages (voir le schema p 71)
LIfremer a l'ongme de cette innovation a dépose un brevet en
1995 A l'époque, ces premieres
huîtres tnploidcs avaient ete
plutôt bien accueillies par les
ostréiculteurs, en raison de
leurs avantages economiques
En effet, leurs caractéristiques
genetiques les rendant stenles,
elles ne fabriquent pas de laitance durant I ete, la période de
reproduction un atout lorsque
l'on sait que la majorité des
« Face à la surmortalité, il faut sélectionner
des souches plus résistantes »
Avez-vous des solutions
aux mortalités observées
sur les huîtres ces deux
dernieres années ?
La profession travaille a se
lectionner des souches plus
résistantes aux mortalités es
I * tivales a la suite de recherche
menées entre 2001 et 2005 dans le cadre du programme Morest (Mortalités estivales de l'huître
creuse Crassostrea gigas) LIfremer, des univer
sites et le syndicat des sélectionneurs avicoles et
aquacoles français (Sysaat) y participent Maîs
les premiers resultats ne sont pas attendus avant
trois ou quatre ans II nous faut constituer au
moins 250 familles afin d'assurer une diversite
genetique suffisante
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Comment allez-vous faire face d'ici là ?
LIfremer a propose de nous dépanner cette an
nee, a titre tres exceptionnel Elle fournira aux
huit eclosenes françaises des individus issus
des 75 familles biparentales sélectionnées
dans le programme Morest 3000 géniteurs tetraploides, ainsi que les femelles diploides de
ces familles, devraient ainsi produire 2 a 3 mil
liards de naissains tnploides, capables de
mieux résister aux mortalités de l'été prochain
N'est-ce pas risque ?
L'opération sera ponctuelle, sur un an seulement, et menée sous contrôle strict de l'Ifre
mer Lin technicien de linstitut sera dans les
eclosenes pour contrôler les operations et récupérer les géniteurs apres chaque ponte
Propos recueillis par H. Ç
Eléments de recherche : LES HUITRES : articles significatifs
La conchyliculture
est-elle victime des
coquillages géants '
Debat lors dè
I emission Science publique »
de Michel Alberganti en
partenariat avec Sciences et
Avenir Vendredi 5 mars de 14 h
a 15 h Invites pressentis
Cou ven Brest president du
Comite national de la
conchyliculture Tristan Renault
(Ifremer) ou Jean Prou (Ifremer)
Bernard Chevassus au Louis
inspecteur general de
I Agriculture Benoit Le Joubioux
president de I association des
ostréiculteurs traditionnels et
Dominique Leglu directrice de la
redaction de Sciences et Avenir
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en Charente Mi-juillet, lorsque
la laitance commence a se re
pandre dans la mer, dont la température monte, il dépose des
tuiles en plastique au fond de
l'eau sur lesquelles les larves
vont se fixer et commencer à fabriquer le calcaire de leurs mmicoqmlles II relève ensuite ses
bebes huîtres en novembre
pour les rapporter dans le Morbihan où elles poursuivent tranquillement leur croissance pendant trois ans « J'interromps
ma production pendant les
deux mois d'été, et cela ne me
pose aucun probleme »
Maîs cc qui met en colere ce
professionnel, c'est de voir ses
voisins vendre des tnploides,
nées en éclosenes, sans le mentionner sur l'étiquette Pourtant,
lors de leur introduction sur le
marche, le Conseil national de
la conchyhculture avait demande au ministere de l'Agriculture
la mise en place d'un etiquetage
spécifique, afin d'informer les
consommateurs Cela lui a ete
refusé Aujourd'hui, la plupart
des amateurs ignorent donc
l'origine des mollusques qu'ils
dégustent Pour affirmer sa
difference, Benoît Le Joubioux
s'est donc résolu à créer en
2007 une association des ostréiculteurs traditionnels, qui regroupe aujourd'hui une tren
tame de membres apposant
l'étiquette « huître née en mer »
sur leurs coquillages Une initia
tive qui n'est pas du goût de
tous « Ceux qui achètent leurs
naissains en ecloserie nous accusent de sabrer le marche, en
rendant les consommateurs
méfiants Maîs ce sont eux qui
jouent avec le feu depuis dix
ans, dans leur course aveugle
au profit », s'insurge-t il
Le débat qui oppose les pros et
anti-tnploides ne se lunite pas
aux aspects commerciaux Ces
derniers mois, il a carrément
tourné a raffrontement, sur fond
de graves inquiétudes pour l'avenir de l'ostréiculture française,
numero un europeen et quatrième mondial (après la Chine,
le Japon et la Coree) Ces deux
dernières saisons, les naissains
ont en effet connu de tres fortes
mortalités, dont les scientifiques
n'arrivent pas à identifier claireHUITRES2
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Comment on obtient un mollusque triploïde
BREVET 1 995
BREVET 2007
LES GRANDS-PARENTS
HUÎTRES
LES GRANDS-PARENTS
HUÎTRES
Mâle 4n
issus de la
Femelle Sn
obtenue
par induction
chimique
Globules
polaires
méthode
1995
Spermatozoïde ln
... Chromosomes
Un traitement
chimique inhibe
l'expulsion des
globules polaires
._
Spermatozoïde 2n
Un traitement
chimique inhibe
l'expulsion des
globules polaires
LES PARENTS
^
r»
gite... fm
^^^^^^
•^^^^^•h*.
^^^^^
A ce stade, seules les huïtres mâles (4n)
seront conservées pour être accouplées
à une huître femelle (2n)
EN TEMPS NORMAL
(situation naturelle) : un mâle
diploïde (avec deux lots de
chromosomes) « 2n » produit
des spermatozoïdes haploïdes
(un seul lot de chromosomes)
« ln », après réduction
chromosomique normale
(méiose) qui divise le matériel
génétique des parents de
moitié. Une femelle 2n
produit, elle, un ovule ln,
en expulsant l'excédent de
chromosomes dans deux
globules polaires ln. La fusion
des gamètes donne un
individu diploïde (2n), fécond.
EN LABORATOIRE: pour
produire des individus
triploïdes (3n) stériles,
les écloseries commerciales
ont besoin de géniteurs ou
^^
JfS
^Ld
^^
Fécondation
sans traitement
^
i
_.A
Expulsion
Expulsi
cles globules
pÔfafre
—
LES ENFANTS
stériles
ment les causes Les juvéniles dans l'ensemble des bassins,
ont ete ravages par un virus, avec une « mortalite massive et
l'herpesvirus OsHV-1, identifie foudroyante » - selon les termes
dans 16 des 17 échantillons ana- même de l'Ifremer - de 73 % en
lyses par I Observatoire conchy moyenne Or les naissains issus
kcole* En 2009, lc phénomène a de captages en mer ont eté deux
commencé debut mai, en Medi fois moins touches leur mortaterranee, puis a remonte la fa- lite moyenne s'est établie a 35 %
çade atlantique a mesure que les Des résultats à nuancer, selon
températures se réchauffaient, l'Ifremer, pour qui «les lots sni
jusqu'à atteindre les eaux pro- vis n'ont pas vocation a reyne
fondes de la baie de Quiberon à center la totalité de la diversité
lami-juillet Les tnploides issues des Lots présents dans les éledes éclosenes ont eté décimées vages des professionnels» Une
Eléments de recherche : LES HUITRES : articles significatifs
d'huîtres mâles « 4n ».
L'If renier en produit selon deux
méthodes. Brevet 1995 :
une femelle « 3n » obtenue par
induction chimique, donne
- par un autre traitement
chimique bloquant l'expulsion
des globules polaires - un ovule
Sn. Après fécondation par un
spermatozoïde (ln ) provenant
d'une huître mâle diploïde
naissent des individus « 4n ».
Brevet 2007 : une femelle
normale (2n) donne - par un
traitement chimique - un ovule
(2n) qui, après fécondation
par un spermatozoïde 2n issu
d'un mâle 4n, donne naissance
à un individu 4n. Arrivé en
ecloserie, le mâle 4n féconde
une femelle 2n, sans
traitement, donnant naissance
à des individus Sn. E. S.
étude epidémiologique est en
cours
Les tnploides seraient-elles trop
fragiles? Présent en France depuis 1992, le virus n'avait jamais
causé de tels ravages Maîs pour
Jean Prou, chef de la station
Ifremer de La Tremblade, la
présence d'OsHV-1 n'expliquerait pas tout « Des bactéries
sont également associées a ces
mm lotîtes et des f acteurs environnementaux, comme la température de l'eau, ont pu
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jouer un rolf, de même
que les pratiques culturales,
notamment fa surpopulation de
certains bassins », assure-t-il
Des explications qui ont bien
du mal a convaincre les ostrei
culteurs D'autant qu'un epais
rapport scientifique, rédige
en mai 2009 par l'mspecteui
general de I Agriculture Bernard Chevassus-au-Louis et
portant sur le rôle éventuel
des tnploides dans les mortah
tes de 2008, souligne clairement
le probleme et ouvre même
une piste A propos des huîtres
produites dans les ecloseries
entre 2003 et 2007 a partir de
géniteurs tetraploides fournis
par l'Ifremer, le rapporteur
écrit « Cette homogénéité
genetique peut constitue* un
facteur de fragilite du nais
smn ms a vis de facteurs envi
ronnementaux ou d'agents po
thogenes » Et c'est bien ce qui
s'est produit en 2009 les juvéniles d'eclosenes ont moins
bien résiste aux agressions (vi
raies, bactériennes ou environ
nementales) que ceux captes
en pleine mer Que se passerat-il cette saison ? Nul ne peut
le predire, maîs ce qui est cer
tain, en revanche, c'est que les
mortalités passées commenceront a faire sentir leurs effets
dès cet ete, avec une baisse de
Les moules ne fabriquant pas de laitance, les producteurs ne perçoivent
pas l'intérêt de produire des tnploides
la quantite d'huîtres mises sur
le marche
Au dela de la catastrophe eco
nomique annoncee, l'inquiétude
des ostréiculteurs nourrit
d'autres scénarios noirs a propos des tnploides Et si leurs
géniteurs, les tetraploides de
l'Ifremer, se répandaient acci
devenement en mer 7 Et si,
bien que présumes stenles, les
tnploides étaient quand même
capables de se reproduire 9 Ces
deux questions n'ont rien de
Un test chimique remplace
celui de « la souris »
U
n test chimique permet
depuis janvier de contrôler
la toxicite des huîtres a la
place du « test de la souris »
conteste par les ostréiculteurs
Jusqu'à present, pour détecter
la presence de toxines
diarrheiques susceptibles d'être
dangereuses pour la sante
humaine on injectait a des
rongeurs des concentrations de
chair de mollusques Si deux
souris sur trois mouraient
moins de 24 heures apres,
I huître était jugée toxique, et
sa commercialisation interdite
La reglementation europeenne
autorise désormais un nouveau
HUITRES2
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test réalise invitro a l'Ifremer
de Nantes Les toxines
hpophiles sont extraites d'un
broyât de mollusques, puis
injectées dans une colonne
chromatographique qui sépare
et retient plus ou moins
longtemps les différentes
toxines Celles ci sont ensuite
analysées par spectrometne de
masse un détecteur calibre
avec des étalons de 14 toxines
hpophiles «Le test chimique
renseigne avec plus de precision
sur la nature des toxines En
revanche il ne détecte que
celles connues », précise Zouher
Amzil de I Ifremer
théorique Bernard Chevassusau Louis, encore lui, avait commence a y repondre dans un
premier rapport date de 1998
II avait conclu a l'époque au
caractère < tres limite » des
risques environnementaux, tout
en préconisant la mise en place
d'un reseau de vigilance afin de
détecter la presence éventuelle
de polyploides dans les zones de
captages naturelles Maîs Tristan Renault, de I Ifremei, se veut
rassurant « II est vrai que les
triploides peuvent émettre des
gametes Maîs maturation
semelle n'est pas tynonyme dp
fertilite », assure-t-il Et l'Ifremer affirme prendre également
toutes les précautions neees
saires concernant ses géniteurs,
ces 200 tetraploides mâles fabriques chaque annee dans le laboratoire de La Tremblade et vendus 2000 € piece aux ecloseries
qui les utilisent pour obtenir des
tnploides « Les gametes, embryons ou larves ne peuvent
pas s'échapper des bacs d'élevage >, précise Tristan Renault,
les rejets de ecs precieux bacs
étant filtres mécaniquement et
traites a l'ozone, qui tue les micro-orgamsmes vivants En
outre, chaque coquillage repro
ducteur, marque d'une etiquette
métallique avec code barres, est
renvoyé au laboratoire apres
usage afin de s'assurer que le géniteur ne survit pas quelque part
Eléments de recherche : LES HUITRES : articles significatifs
dans la nature comme si l'on
renvoyait la peau du taureau
apres l'accouplement Des précautions efficaces a en croire les
prélèvements effectues une fois
par an par l'Ifremer dans les bassins d'Arcachon et de MarennesOleron Maîs la profession reste
sceptique, notant que l'Ifreiner
est juge et partie et que ses prélèvements sont limites « Si les
ostréiculteurs ou le ministère
i eulent faire les analyses a
notre place, qu'ils les fassent »,
retorque Tristan Renault
Dans ce contexte, on comprend
mieux la méfiance preventive
des producteurs de moules
« Des tnploides n'ont aucun
interêt, les moules ne fabriquant pas de laitance Des Phi
ver 2008, un cadre de l'Ifremer
m'avait alerte en disant "Jp
croîs qu'on a fait une bêtise"
C'est bien ce que nous pen
bons ' », assené Goulven Brest,
le president du Comite national
de la conchyliculture, déjà fort
occupe a tenter de sauver la sai
son 2010 des ostréiculteurs
(lire l'interview p 70) Selon
lui, la production française de
moules (65 DOO tonnes par an),
déjà difficile a écouler entre
juin et janvier, n'a pas besoin
d'être « gonflée » artificielle
ment Les mytiliculteurs affir
ment vouloir plutôt miser sur
des labels garantissant l'origine
et la qualite de leurs produits,
a l'exemple de la moule de bouchot du Mont-Saint-Michel,
le seul produit de la mer a bene
fiuer, depuis 2006, d une appel
lation d'origine controlee
(AOC) L'Ifremer devra t elle
chercher a l'étranger des debouches a son brevet?
Hélène Constanty
*wwz ifremerfr/observatoire
_conchylicole/synthese_natio
nale_2009/synthese_mortalite
Pour en savoir plus
Cg? Le site du projet de recherche
europeen sur la moule tnploide .
www blueseedproject com
La filiere mollusques sur le site
de l'Ifremer http //wwz fre
mer fr/aquaculture/filieres/fi
liere_mollusques
Les ostréiculteurs traditionnels
wwwostreculteurtraditionnel fr