Jean Léo Léonard, Institut de Phonétique (ILPGA), Paris III
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Jean Léo Léonard, Institut de Phonétique (ILPGA), Paris III
Jean Léo Léonard, Institut de Phonétique (ILPGA), Paris III. Document de base pour l'exposé de la réunion du 9 Novembre, laboratoire "Dynamique du Langage" (UMR 5596), Maison Rhône-Alpes des Sciences Humaines. Éléments de linguistique historique et comparative ainsi que de linguistique générale polycopiouchet Le principal objectif de cette communication est de montrer que le comparatisme en sciences du langage est désormais un paradigme scientifique solidement constitué, au carrefour de la philologie, de la linguistique générale et de la typologie linguistique. Les méthodes de reconstruction sont fiables tant qu'elles restent prudentes, étant donné la nature hautement systémique et stratifiée du langage. Cependant, la rigueur est toujours à la merci des biais idéologiques et romantiques ou commerciaux (évolutionnisme schleicherien, monogenèse ruhlenienne, corrélationnisme génétique de Ruhlen et CavalliSforza). Les théories récentes en linguistique générale orientées vers la recherche des universaux, des principes et des paramètres de variabilité des langues, permettent d'unifier le champ de recherche comparatiste et de fournir à d'autres champs disciplinaires des sciences de l'homme ou des sciences de la vie des connaissances empiriques sur les mécanismes de diversification des langues. Cet ensemble de connaissances intéresse tous ceux qui cherchent à corréler aires linguistiques et distribution des populations humaines. Ce polycopiouchet destiné à des collègues linguistes et non-linguistes se fixe pour objectif de - fournir des notions de base sur la méthode comparatiste - montrer la diversité des champs de recherche et des points de vue liés à la diversité linguistique (théorie de la marque, théories "autosegmentales" de la sonorité et de la chromaticité) - présenter des problèmes empiriques et des propositions théoriques - familiariser les non-spécialistes avec les représentations utilisées en sciences du langage. 1.Objets langues, dialectes, langage : 1.1. Réseau dialectal : dialectes, sous-dialectes et aires, parole, usage : - le domaine empirique des cartes d'atlas et des phonogrammes - espace démographique, géographique, éco-humain : - centre • périphérie => pôles => réseaux diasystémique - ressources socio-économiques et culturelles => (in)stabilité des aires => réseaux de communication et d'échanges => stratification sociolinguistique : organisation sociale et représentations psychosociales (variation phonologique, phonolexicale et polymorphisme 1. 2. Diasystème : inventaire configurationnel (implications catégorielles, têtes) et contraintes + règles. Grammaire-noyau sous-jacente à la diversité dialectale. Une grande économie de moyens produit une grande diversité et abondance de formes (< = >étagement phonolexical). Système abstrait organisé en modules, dont la morphologie constructionnelle (cf. Fradin, 1998). 2.Savoir-linguistique du locuteur idéal selon Chomsky (1979, conférences de Pise) : I - Langue externe = langue 1 ; définie en extension, données empiriques généralisées II - Langue interne = langue 2 ; définie en intension, Grammaire générative de langue 1, théorie (syntaxique/phonologique) de langue 1. III - Universaux linguistiques : faculté de langage. Théorie (syntaxique/phonologique) générale repris dans et de Rebuschi, 1989 : "Du rôle des variations dialectales dans l'élaboration des théories linguistiques". 3. Des isoglosses au-delà des frontières de langues et questions de pondération. 3.1. Phénomènes graduels expansifs : - Gradation -C - Voisement-C - Géminées - Corrélation durée-V - Effacements-V - Harmonie vocalique Vepse + + ± Estonien + + +* + ± Vepse ± + - Estonien + + Finnois Live + + ± + + + + + - 3.2. Phénomènes ponctuels ou cycliques : - Réduction Vi - Occlusion #j - Coalescence-C coda Finnois ± ± * en estonien, les voyelles longues s'opposent aux brèves uniquement en syllabe initiale de radical. En outre, consonnes et voyelles attestent un polychronisme résultant de processus d'allongement compensatoire ou d'analogie dans certains paradigmes flexionnels : les rimes des syllabes toniques lourdes font s'opposer trois degrés de quantité, tandis qu'au niveau phonétique, les syllabes légères font contraster deux durées allochroniques (V2 = voyelle brève dans CVCCV, semi-longue dans CVCV). Il y a donc trois degrés de durée en syllabe tonique lourde, et un degré ailleurs. 3.3. Quelques commentaires brefs : 1) le signe ± dans la matrice de traits indique que le critère est susceptible de varier dans le réseau dialectal, 2) dans le premier ensemble de critères figurent des traits typologiques souvent jugés déterminants pour le classement des langues. Or, on voit que même un phénomène comme l'harmonie vocalique est sujet à variation. La corrélation de durée vocalique, faisant s'opposer fonctionnellement des voyelles brèves à des voyelles longues peut aussi bien exister, ne pas exister du tout, ou bien être neutralisée hors accent, ou encore se diffuser structuralement (dans ce cas précis, à travers la morphologie suffuxale) par compensation en une polychronie à 3 degrés en distribution complémentaire du point de vue syllabique. Même la polychronie estonienne est soumise à variation aréale : dialectes du nord-est (Virumaa, Narva) et dialectes insulaires (Saaremaa) - dans ce cas précis, l'interférence intrafamiliale et intergroupes avec respectivement le finnois et le suédois, est également un facteur déterminant -. **** [Source principale : extraits du polycopié de Jean Léo Léonard, 1997-2000 : Éléments de linguistique historique et comparative, Reprographie, Paris III.] Voici un arbre généalogique des langues IE, pour discussion : 4. Dessine-moi un buisson... Indo-Européen Anatolien Tokharien Luvien Indo-Iranien A B Hittite nuristani Indo-Arien persan avestique sanskrit hindi penjabi singalais Balto-slave Balte Arménien Illyrien Germanique Grec Celtique osque latin prussien Slave italique albanais ibéro-celt. langues romanes nord ht ald néerl. est ouest Brittonique Cumrique/ breton Gaélique Cette disposition de l'arbre est très ethnocentrique : le groupe indo-persan réunit plus de dix langues modernes du Moyen-Orient et de l'Inde nord et centrale pour le seul groupe indo-arien : romani d'Europe, Kashmiri, penjabi/punjabi, hindi, nepali, assamese, bengali, oriya, gujarati, marathi, cingalais (v. Masica, 1991). Mais il n'y a pas de bons arbres : les distances linguistiques sont variables entre les familles et les langues, et il y a de nombreux isolats (grec, albanais, arménien, nuristani). En outre, de nombreuses langues ont disparu (osque, ombrien de la famille italique), ainsi que des groupes entiers, anciens et différenciés comme le groupe anatolien (Palaique, Hittite, Luvien, lydien, carien, lycien). Cette vision de l'évolution linguistique présente un grave défaut : elle est purement généalogique et met trop le relief sur les rapports de filiation. Dans la réalité, une langue ne "naît" pas d'une autre ou d'un dialecte, ni seulement des facteurs de diffusion et d'isolement des populations qui parlent une langue d'origine. Un des principaux facteurs de changement est le contact linguistique, basé sur la coexistence de communautés. Les indo-européens ne sont pas arrivés dans une Europe vide, et encore moins dans un Moyen-Orient désert. 5. Des ondes... Diffusionnisme et aréologie lit. let. sud Groupe nord-ouest Balto-Slave Groupe est Tokharien Groupe centre Germanique Celtique Anatolien italique Indo-Arien Groupe sud-est Persan Balkanique Groupe sud-est hellénophrygien illyrien 6. Des faits, des correspondances. Got(G) / Nor. (N) Irlandais latin grec anc. slav Arménien Sanscrit broTar (G) @braTir fra.ter bratru aITEI (G) mus (N) mena (G) mi maDir me.nsis ma.te.r mu.s me.n fra.to.r fra.te.r mati gimbr (N) gemred hiems geima ma.ter e:bajr majr mus mjesa&tsI mukn amis ma.ta mu.h ma.h zima dZmern himah 7. Des correspondances : des paradigmes segmantaux et syllabiques <SOURIS> Norrois Latin Grec Ancien slave Arménien Sanskrit Anc. persan ----> <FRÉRE> Got. Irl. Lat. Grec Ancien slave Arm. Sansk. ----> M m u (S) s m m m m m u - u. s u s I Sj u k n .s m u bhra.ta. .h (B)(R) - (T) b r o T a b r a T i f r a. t e f r a. t o. b r a tr u e : b a j r bh r a. t a. - (R) r r r r <MÈRE> Irl. Lat. Grec Ancien slave Arm. Sanskrit <LUNE, MOIS> Gotique Gotique Irl. Lat. Grec Grec (dial.) Ancien slave Arm. Sanskrit ----> ----> M m a m a. m a. m a m a m a. t a (T) D i t e t e. t i j - (R) r r r M - (N)(S) m e n a m e n o T s m i m e. n s i m e. n m e. n n o m je s a& a m i s m a. s r s s ts I 8. Les étymons reconstruits : * bhr'eh 2t e: r * ph 2et'er *méh 2t(e:) r * m'uHs * m'eh 1ns en simplifiant : *BhRATER *PhATER *MAT(E:)R, MATR *MU:S *MENS 9. Inventaires du protoindoeuropéen : Séries labial [-continu] [-voix] *p [+voix] [-voix] *ph [+voix] Ordres coronal *t *b dorsal labiodorsal *c *k *d *th *bh prédorsal *j *ch *dh *jh s [+sonante] n [+approx.] r l w *g *kh [+continu] m *kw j *gw *kwh *gh *gwh 10. Vocalisme 10.1. 10.2. Diphtongues Monophtongues [+haut] [±bas] [+bas] [+avant] [-avant] [+avant] [-avant] i, i: e, e: u, u: o, o: ei, eu oi, ou vélaires laryngales ´ a ai, au 10.3. Sonantes syllabiques m, m: n, n: l, l: r, r: 11. Consonantisme du latin Labiales dentales p b t d f s m w palatales k g kw gw h r l n j NB : La corrélation de sonorité des occlusives se neutralise en finale (on ne trouvera pas b,d,g, en fin de mot : b#, d#, g# ne sont pas possibles, sauf en fin de préfixe). Le système s'est considérablement simplifié, comparé à la complexité de l'inventaire du proto IE standard. Il reste pauvre en fricatives, mais il a développé une continue labiodentale f, issue de *dh- et *bh- indo-européens (IE *dhejgh- = modeler > lat. figura = "aspect, figure" ; *bheh1r- > lat. fero , [fer-o:]," je porte", Présent P1). Qu'en est-il du letton moderne - langue très proche du lituanien - celui qu'on parle à Riga aujourd'hui même ? 12. Consonantisme letton p b (f) v m t d ts dz c z s Z S j k g Ô tS dZ n l r ¥ Dans ce système, divers processus de palatalisation des occlusives ont généré une riche série de palatales, la corrélation de mouillure s'étendant également aux sonantes. Le système lituanien est à mon sens identique, bien qu'on lui attribue généralement encore plus de sous-séries palatales, qu'on peut aussi bien classer comme variantes contextuelles devant yod ou voyelle palatale. Ce mouvement de palatalisation est analogue à celui survenu en indo-iranien. Notons simplement les évolutions suivantes du proto IE aux langues baltes modernes : Que se passe-t-il ? Les occlusives vélaires du balte sont les continuatrices des stops vélaires et labiovélaires du proto indo-européen, et les occlusives post-alvéolaires de l'IE donnent les fricatives palatales. 13. IE > balte, fragment du système des occlusives post-alvéolaires c S Ô Z k kw k g gw g On observe un déplacement des unités dans le schéma, ou une réorganisation des catégories fonctionnelles du prototype. Certaines cases vides se remplissent (les fricatives palatales en balte), d'autres s'élargissent (les stops vélaires ont absorbé les stops labiovélaires). 14. Consonantisme du protobasque selon Koldo Mitxelena Obstruantes Fortis Lenis (p) b t d Sonantes ts s tS S k g N n L l R r [Source : Trask, L., 1997 : A History of Basque, Routledge, Londres : p. 125.] 15. Distribution complémentaire (DC) : Fortis ~ lenis : V Lenis uniquement : # Fortis uniquement : V (càd : entre deux voyelles dans le mot) : (càd : en début de mot) # : (càd : en finale de mot) 16. Basque biscayen [Source : José Ignacio Hualde & Xabier Bilbao, 1992 : A Phonological Study of the Basque Dialect of Getxo, Gipuzkoako Foru Aldundia, Anuario del Seminario de Filologìa vasca "Julio de Urquijo", XXIX]. Consonnes Graphie basque unifiée p t b f d s tz n l r/rr m x tx ñ ll API k p t g j b f d s ts n l r/rr m k S tS g x ¥ Voyelles i e u o a 17. Morphophonologie, contrainte spécifique à l'IE : systèmes P/Ø - Ø/P (IE primitif) > P/P - Ø/Ø (IE tardif). v. Francisco R. Adrados, 1975 : Lingïstica indoeuropea, 2 vol., Gredos, Madrid, notamment pp. 892-1078. 18. Echelle de sonorité/force Fortis -sonorité lenis +sonorité 1150 pages, p >> ph >> b >> bh >> φ, f >> m >> w >> u t >> th >> d >> θ >> s >> n >> r >> l >> j >> i >> h >> 19. Hiérarchies phonologiques : - Echelle de sonorité - force articulatoire (obstruantes - contour syllabique : -CeCC-, -CCeC-, etc. - syllabicité : U >> I >> A - Echelle de chromatisme (timbres des voyelles, palatalité ou labialité consonantique) - B >> U >> I >> I >> A 20. Pour en finir avec des idées simples qui ont la vie dure : - Les lois phonétiques ne sont pas inexorables, bien au contraire : elles n'aboutissent pratiquement jamais et peuvent se contredire. Les phonèmes n'évoluent pas seuls, paradigme par paradigme : polarité changement spontané/changement conditionné. Tout est interaction dans la chaîne parlée. - Les séquences de segments se modifient en fonction de contraintes phonotactiques universelles, spécifiques et locales (selon ces trois détermlinismes, dans l'ordre). Etant donné qu'il y a toujours davantage de combinaisons que d'éléments/unités à combiner, les groupes consonantiques, vocaliques et syllabiques sont bien plus sujets au changement que les seuls phonèmes. - Les lois phonétiques s'appliquent de manière très variable et relativement imprévisibles en morphologie, en raison des facteurs psychologiques (analogies, réfections, (ré)interprétations). - Une constante lie les outputs postlexicaux aux inputs lexicaux, voire prélexicaux. 21. Hiérarchie de marquage des voyelles selon la constituance syllabique. Primauté variationnelle : chaînes VC(V) contre phonèmes 21-1 σ], '-σ, σ '- => [-marqué] 'σ[=> [+marqué] 21-2 Voyelle entravée [-marqué] [+marqué] <-------------------------------------------------------------------------------------------> & σ] =>VC [-continu] << VC [+continu] << VC [+sonante, +nasale] << VC [+approx.] 21-3 21-4 VOc << VF 21-5 << VN 21-6 << VL 21-7 << VJ ex : -et- << -es- << -en << -el- << -ej- Français........[Et] << [e:]..............<< [ã].........................<< [(j)ø]...<<..[i(e)i] Poitevin........[Et]...... ['ae]..............[ã, 'eãw].........................[œ(j)].........[E] & = complexité relative des chaînes -VO-, -VN-, -VL-, -VJ21-8 : Voyelle libre & σ[ => V [-accent] << V [+accent] 21-9 V [+accent] est notamment le site de - Diphtongaisons (D) - Allongement (AL) - Ancrage tonal (AT) - Cible d'apophonie (AP) - Source d'Harmonie Vocalique (HV) - Alignement radical, cad. que la voyelle accentuée est souvent voyelle du radical lexical . 22. Combinatoire procédurale sensible à la variation dialectale en diversité des langues : D AL AT AP HV ALIGN-'• ALIGN-'• HV AP AT AL D 23. Généralités sur la saturation de trait ou de position - [ ] représente une more finale de segment complexe à spécifier en fonction du contexte et/ou de la structure lexicale (cad. comprenant la dérivation/flexion et les alternances thématiques). - La saturation de [ ] opère par des résolutions de cible phonétique I, U [coronale] ou bien N/L [sonante]/[approximante] - U finit par fusionner avec B au niveau catégoriel 36.1 . A I, U N L I coalescence assimilation È I U B cible phonétique A I B Y I Phonologie output ou bien... 36.2. I, U È I B A U N L coalescence assimilation I B I U cible phonétique B I B Phonologie output A 26. Complexité relative des consonnes et des groupes consonantiques C+ CC O/O O/S Géminées Affriquées CC° OS OL [p:, t:] [pf, ts] [br, tr] C°C SO OG [pj, tj] [rb, rt] [sp, st] [ps, ks] C+ CC C+ O/S OO Gém. Affr. OcF O/N O/APPR. FOc Oc-N NOc OL [p:] [pf] [ps] [sp] [pn] APPR.-O O-APPR. OG LO GO [mp] [pr] [pl] [pj] [rp] [lp] [jp] [+sonorité] 28. Numéraux de un à cinq dans quatre langues indo-européennes latin grec (attique) un deux trois unus, una, unum duo tres hes, mia, hen dyo tres quatre quattuor téttares cinq quinque pénte arménien mi erku erek c_ork Hoi(H)nos duoh1 treies kwetuo:r 5 6 7 penkwe (s)uéks séptm = hoinos = duoe viens divi tris c_etri hing 29. 1 2 3 4 letton pieci 8 9 10 h3ek'teh3 (h1)néun dék'mt = okto: = (e)neum = dékimt 30. Langues anciennes Ho i(H)n o s d u o h 1 tre ie s k we t latin unus, una, unum du o tre s qu a ttu o grec (attique) hes, mia, hen dyo tre s t étta res sanscrit ékah, éka, ékam du va arménien mi erk u trà ya h c erek c_ a t u o :r va ra p ork h p e n k we r qu inqu e p à nc ént e a ing 31. Langues modernes IE Ho i(H)n o s d u o h 1 tre ie s k we t albanais një dy tre k a tër pésë ga llois u n da u tri pedwa r pu mp isl. einn tveir lit. viena s du k etu ri penk i letton viens divi thrir u o :r p e n k we fjòrir fimm trys tris c_ etri pieci 32. Syllabe initiale de *hoinos = "un", numéral, nominatif sg.. *hoinos > lituanien vienas, letton viens. IE *h oi n o s => | | | | | Lit. - ie n a s => Amuïssement #CDélabialisation Décaler-B # [h][oi]/ \ # [v] [ie]+ + + 33. *#oi > *vai > *ve: > vie- Délabialisation [o] + Décaler B[o] + Monophtongaison + Diphtongaison + Voici des fragments du modèle de Scheer (1996) pour la description d'obstruantes et d'approximantes. J'isolerai ensuite les structures internes de [d], [w], [k] et [r] pour l'explication de IE *dwo > arménien erku = "deux". 34. Labiales coronales B B B A A A A v | | | ? | | | h | A | h | I | T | I | U | I | h | I | ? [p, b] [Φ,β] [f, v] [r] [l] [l] [s, z] [t, d] I | I I | B U [j] [ë] [w] 35. dorsales v | U | ? [k, g] glides v | U | h [x, γ] 36. Dans l'évolution IE *dwo > arménien erku = "deux", il me semble que le phénomène est finalement plus trivial qu'il n'y paraît : il s'agit d'une restructuration de l'échelle de sonorité et de l'échelle chromatique à l'échelle du signifiant, soutenue par la resyllabation qu'enclenche la prothèse. Le reflet de *duo en arménien peut se représenter comme suit du point de vue procédural et de la redistribution des éléments infrasegmentaux : A v | | I U | | T ? | | # V [r] [k] V# Prothèse-V + Approximantisation + Vélarisation + Occlusion 37. La représentation de cette reconfiguration donne le schéma suivant : *IE > arm. v | \ U | | A | v | U I U | ? | L [d w] #C+ A [o] V# - > > # [e] (V) I | T [r] C U | ? | H [k] C [u] V# Il s'agit d'un véritable chassé-croisé de propriétés relatives aussi bien à la sonorité qu'au chromatisme des segments à partir d'une structure relativement complexe (le segment [dw] forme un ensemble complexe, ici noté C+, qui est réanalysé comme Vrk- par la langue). La prothèse, qui relève du traitement des bornes lexicales, augmente la sonorité du segment vers la gauche, et [d] passe à son équivalent approximant [r], phénomène en soi trivial (cf. approximantisation du degré faible de [t] à l'ouest du réseau dialectal finnois, infra. L'approximantisation -VdV- > -VrV- est commune en anglo-américain, en basque dialectal, etc.). Dans la reconfiguration des phases de plosion et de glissement de [dw] indo-européen en arménien, la position occupée par la plosive, sous spécifiée en tant qu'obstruante coronale, conserve le trait coronal comme subordonné à A (justifié selon Scheer par les propriétés combinatoires ouvrantes de [r]), tandis que la vélarité du composant glide labiovélaire [w] est discrétisée en même temps qu'elle passe de propriété tête à une position dépendante de v, qui se décale à droite pour former une attaque syllabique. On peut également dire que la resyllabation prothétique joue comme facteur de premier plan, puisqu'elle modifie l'équilibre des segments sur l'échelle de sonorité. En fait, l'originalité de ce changement phonétique tient à l'interaction de trois plans, qui tendent généralement à agir dans des proportions plus inégales ou de manière relativement plus autonome : structure syllabique, échelle de sonorité et échelle de chromatisme (cad. relatif aux éléments de place, notamment les plus chromatiques : I, U, B). 38. Une approche intégrée de l'interaction entre sous-composantes phonologiques Le modèle dont je ferai usage dans [cet exposé] sera en fait minimaliste - sousspécifiant les constituants de manière notamment - et de configuration variable dans les arborescences, pour des raisons ergonomiques d'une part (notamment pour faciliter la démonstration ou la description des structures internes, quand certains nœuds-têtes doivent être mis en valeur), et dans la mesure où les entités des inventaires segmentaux, surtout consonantiques, du finnois, sont d'autant plus sous-spécifiables qu'elles forment un système pauvre (il n'en va pas de même en revanche, de l'inventaire vocalique du finnois, ni du consonantisme vote, carélien nord-oriental, lude et vepse). A un stade ultérieur de ce type de recherche, une approche par domaines de représentations phonologiques supposés rendre en partie compte du choix entre variantes dans une perspective plus sémiotique, entendue comme structure ou forme du signe et champ de variation de la forme du signe, pourrait se présenter comme suit : 1.Théorie de la syllabe et de la sonorité (cf. un modèle come celui proposé par Klein, 1993, v. aussi Angoujard, 1997, pour une théorie représentationnelle déclarative, à un seul niveau représentationnel, intégrant théorie des éléments et théorie de la marque). 2.Théorie des traits (Clements & Hume, 1995) et Théorie X-barre de la constituance syllabique (Scheer, 1996, 1998 Kaye, Lowanstamm et Vergnaud, 1990 ; Charette, 1990; Kaye, 1990 ; Harris, 1990). 2.1. deux opérations majeures : fusion (assimilations) et fission (dissimilations) et principes d'association liés à ces deux principes majeurs (cf. le cadre classique de la phonologie autosegmentale, avec les notions d'association et de désassociation de propriétés dans une architecture de paramètres constitutifs du Signifiant, v. Goldsmith, 1990). Un modèle bien plus riche est proposé par Schane (1984), qui offre une bien plus large palette d'opérations fondamentales de regroupement, éclatement et diffusion des traits : fusion, fission, mutation, clonage, etc. (Schane, 1984 : 134). 2.2. matrices de traits hiérarchisées (géométrie des traits, cf. Clements & Hume, 1995, Mota, 1996, v. aussi Harris, 1990 en phonologie des particules). 2.3. structure interne et constituance : un segment C ou V est défini comme une organisation de traits hiérarchisés ou de propriétés en interactions régies par des règles de gouvernement, qui se manifestent essentiellement comme des systèmes d'alternances, des harmonies vocaliques ou tonales, des allongements compensatoires (cf. Kaye, Lowenstamm & Vergnaud, 1985, 1990, Scheer, 1996). 3. Théorie de la marque. La marque se répartit en deux domaines : l'un correspond au "marquage" des sons en termes de complexité de la structure interne des consonnes et des voyelles selon les inventaires des langues ainsi qu'en termes de naturalité (hiérarchie de complexité des inventaires attestés dans les langues du monde et par l'acquisition ou la perte du langage), l'autre relève de la morphologie et de la théorie de l'iconicité, cad. du rendement sémiotique, fonctionnel, d'unités discrètes constitutives de segments ou de phonèmes. L'enjeu est grand, de faire converger dans un même modèle explicatif une théorie du phonème et une théorie du morphème : il constitue un des aspects du programme de recherche issu de la phonologie générative. Chomsky & Halle (1968) intégraient la marque ou le marquage phonologique dans une théorie de la grammaire des sons tournée plus vers les règles procédurales que vers les inventaires et les corrélations, à la différence du paradigme pragois. En intégrant la notion de marque, héritée de la phonologie pragoise - notamment à partir du tournant que constitue l'ouvrage de Roman Jakobson sur la symétrie des processus d'acquisition et de perte des sons du langage et ses implications pour la catégorisation des sons du langage , cf. Jakobson, 1941 -, la phonologie générative allait développer une théorie de la naturalité phonologique (Hooper, 1976, Stampe, 1973, Donegan, 1978 ; v. en dialectologie albanaise le modèle besé sur une échelle de marquage phonologique et de sous-spécification développé dans Trumper & Belluscio, 1992) dans la continuité de l'approche morphonologique amorcée par SPE (Chomsky & Halle, op. cit.). Afin de mieux définir la notion de marque, prérequis important pour ce qui va suivre, je rappelle les principaux arguments en faveur d'une théorie de la marque en phonologie et en morphologie à partir du tableau qu'en propose Mayerthaler (1988 : 3). Partant d'une équation aussi simple que marque et marquage = complexité - ce dernier critère se référant par exemple au nombre et à la hiérarchie des traits de sonorité et de chromatisme qui caractérisent les segments C et V -, on recueille des données empiriques sur les domaines suivants, ici résumés : **[Attention : tout ce qui est en italiques dans ce qui suit est directement "pompé" et traduit de Mayerthaler, Willi, 1988 : Morphological naturalness, Karoma, New York (traduction de l'allemand). Rendons à César et à Mayerthaler...] 39. I. Arguments externes 1) Acquisition du langage : les unités (phonèmes et morphèmes) moins marquées sont acquises avant les unités plus marquées. 2) Tests de perception : le moins marqué est relativement plus facilement pereptible, ou plus aisé à décoder que le plus marqué. 3) Spoonerismes, lapsus linguae et slips of the tongue : les segments davantage marqués sont plus susceptibles de provoquer des lapsus linguae que les segments moins marqués. L'accès au lexique serait moins immédiat pour les premières que pour les dernières, comme si le calcul en était plus long (v. pour une approche de l'accès aux composantes du lexique mental Aitchinson, 1987) 4) Troubles du langage : aphasie, perte du langage. Les formes plus marquées (cad. cumulant les trois précédents critères, qui augmentent la complexité et le degré de secondarité des unités linguistiques) seraient perdues avant celles moins marquées. II. Arguments internes 5) Diachronie, évolution linguistique : hormis les processus d'emprunt et d'hypercorrection, les formes moins marquées tendent à prévaloir sur les formes plus marquées ( les passages en italiques sont tous de Mayerthaler). J'ajoute que le marquage tendrait à se résorber, si l'économie des changements phonétiques ne suivait pas le principe général de cyclicité des changements en chaînes, tels que les cycles vocaliques (cf. leGreat Vowel Shift de l'anglais) ou consonantiques (loi de Grimm), - cf. Martinet (1955), et la synthèse de Labov (1993), qui montre la continuité entre les néogrammairiens, qui pensaient en diachronie absolue dans une orientation finaliste (l'évolution), et le structuralisme, opérant en synchronie dynamique (les états parallèles et successifs de la structure). Non seulement les voyelles et les consonnes entrent en cycles, mais aussi les systèmes tonaux (cf. la tonogenèse scandinave, ou le cycle tonal survenu entre le proto-baltique et les dialectes baltes anciens et modernes (lois de Saussure et de Leskien concernant le lituanien, v. Gauthiot, 1903, Collinge, 1985 : 149-152, 115-116) . On reconnaît donc désormais que le mouvement évolutif n'est pas finaliste, mais cyclique (cf. Aitchinson, 1991), ce qui implique par conséquent que le marquage est traité et retraité de manière continue dans le processus d'évolution linguistique, ainsi que dans celui de diversification linguistique. 6) Pidgins et créoles : les formes plus marquées seraient les premières à être éliminées du processus de glottogenèse créole, et la créolisation favorise l'émergence de formes moins marquées. 7) Typologie interlangue des inventaires : les formes moins marquées seraient plus communes. L'existence de catégories marquées implique nécessairement l'existence de catégories non marquées. 8) Fréquence du type et des occurrences : les formes moins marquées sont plus fréquentes dans le lexique et la grammaire que les formes plus marquées. 9) Analogie : alignement paradigmatique, extension, diffusion phonolexicale : les formes moins marquées dominent généralement dans les processus d'analogie observés. Quand les deux termes entrent en compétition, le conflit est souvent résolu par le choix de la forme moins marquée. 10) Irrégularité (exceptions) : les irrégularités utilisent plus les formes non marquées que les formes marquées comme matériaux. 11) Neutralisation ou syncrétisme d'unités phonologiques : quand une position est partagée par un terme marqué et un terme moins marqué, le syncrétisme opère à partir de la forme moins marquée. 12a) Codification ou symbolisation morphosyntaxique : les formes encodées comme relativement moins riches en traits sont souvent - mais pas toujours - utilisés par les langues pour marquer les catégories non marquées ou relativement non marquées. 12b) Codification ou symbolisation phonologique : toute catégorie qui présente un exposant relevant d'un caractère de complexité phonologique supplémentaire a des chances d'être un terme marqué dans le système phonologique : par exemple, les consonnes palatalisées, ou labialisées, les présonorisées [mb], [nd], [ng], etc Par codification ou symbolisation, on entendra iconicité, en termes de rendement distinctif, qui est synonyme de rendement informatif d'une unité C ou V du squelette CV, dans une chaîne de segments hiérarchisés à plusieurs niveaux en syllabes et en pieds. La marque est de l'information iconique qui s'harmonise d'une part sur des schèmes lexicaux (radicaux et affixes) exprimés sous formes de segments constitués d'atomes (les traits) et réunis en clusters syllabiques (Attaque-Rime ; Rime-Coda), d'autre part sur les gabarits métriques (Halle & Vergnaud, 1987 ; v. revue critique de Laks, 1993a, et 1993b. Laks (1993a) confronte les modèles du type Grille et Constituants aux modèles Grille seule : le premier dispositif étant falsifié par les violations de contrainte de domaines et de bornes à la lumière des données observables, tandis que le second, qui ne connaît pas les contraintes de domaine en constituants, opère avec une relative autonomie sur la base de principes généraux. Du point de vue des dérivations diachroniques ou dialectales (le changement linguistique), l'interaction des traits segmentaux (de sonorité) et suprasegmentaux tels que les tons syllabiques, aussi bien que les tonalités intrinsèques des segments (bémolisé ~ strident = grave ~ aigu) susceptibles de devenir tons, le principe d'iconicité va croissant sur un continuum : (2) Hiérarchie d'étagement de l'iconicité dans les constituants linguistiques : Syllabe >> thème morphologique lexical morphosyntaxique et pied métrique. ou grammatical >> constituance Bien que le plan prosodique et métrique rende compte de nombreux mouvements de la structure aussi bien d'ordre phonétique et, à terme, phonologique, que d'ordre sémiotique, par la délimitation des séquences lexicales et syntaxiques, je le laisserai de côté dans un premier temps de l'analyse. Je retiendrai des théories de la constituance métrique la notion de bornes, entendues comme frontières lexicales et syntagmatiques, et de domaines, entendus comme champs de contours de tonalités segmentales, parties intégrante de la mise en signifiant, ou symbolisation linguistique (l'ensemble de gestes, de signaux et de percepts impliqués dans le processus d'encodage-décodage). (3) +mP = marque phonologique : simplicité ou complexité de la structure interne des constituants consonnes et voyelles (CV), en éléments (ou atomes, particules, traits) de modes de sonorité, ou de chromatisme (tonalité : opposition aigu versus grave). +mG = marque morphologique : flexion, dérivation, et, dans une moindre mesure, ajustements componentiels (composition). Viennent ensuite deux théories indispensables à l'évaluation de la complexité segmentale dans un réseau dialectal : - Théorie de la marque phonologique (v. notamment Steriade, 1995) - Théorie des traces (redistribution de traits componentiels, reconfigurations) Reste un ensemble de phénomènes liés à une théorie du sandhi et du bornage du signifiant : - Théorie des bornes et des domaines (bornes ou #, ce signe dièse représentant une frontière de mot, ou effacement de segments CV en position de bornes segmentales). Un des paradoxes du changement linguistique est qu'il n'hésite pas à perturber, modifier, réanalyser l'interface Signifiant-Signifié : l'effacement de constituants syllabiques tels que consonnes et voyelles en frontière de mot, même porteurs de marques morphologiques, est attesté dans toutes les langues flexionnelles. Les systèmes d'oppositions se refont et se réorganisent dans un mouvement cyclique, quelles qu'en soient les conséquences à terme. Prenons un exemple d'événement déclencheur de mouvements systémiques qui relève d'une sous-théorie du signifiant : la théorie des bornes. Je pose que l'effacement vocalique (aphérèse, syncope et apocope) en surface correspond à un décal de la frontière lexicale, ou borne #, et correspond à un zero prosodique et squelettal. Ce degré zero en prosodie, conditionné notamment en surface à la fois par des facteurs rythmiques et des redistributions de positions et relations morphosyntaxiques, fait redescendre ses effets dans la structure lexicale et morphologique. En quelques siècles, une langue peut défonctionnaliser ses positions thématiques dans les radicaux en effaçant par exemple ses voyelles finales et en reportant les désinences sur des déterminants ou des prépositions, changeant radicalement ses caractéristiques morphologiques de synthèse ou d'agglutination. L'ancien slave n'a pas hésité à reculer les bornes flexionnelles en effaçant les consonnes finales, provoquant une série de changements en cascade qui vont conduire à une réorganisation des marques flexionnelles, qui sont transférées aux voyelles thématiques, comme le faisait remarquer Bréal en 1869, dans son "Introduction au tome troisième de la Grammaire comparée des langues indo-européennes", en réalisant une synthèse du travail cumulatif de Bopp (vol. 3 de la Grammaire Comparée...) : (4)"(...) l'ancien slave a subi les effets d'une loi phonique extrêmement rigoureuse, d'après laquelle toutes les consonnes qui se trouvaient primitivement à la fin des mots ont dû être supprimées. (...) Ce n'est pas que les idiomes slaves, tels qu'ils existent aujourd'hui, ne puissent supporter une consonne finale : ils les souffrent, au contraire, fort bien, et ils ne témoignent d'aversion pour aucune. Mais ce sont, pour employer l'expression de Bopp, des consonnes de la seconde génération, c'est-à-dire des consonnes qui se trouvaient d'abord comprises dans le corps du mot, et ne sont arrivées à en occuper la fin qu'après que les finales primitives eurent été rongées. On comprend aisément quels ravages une pareille loi a dû exercer sur les désinences grammaticales : beaucoup ont disparu absolument" (Bréal, 1869, p. 5 de l'introduction au tome troisième de la Grammaire Comparée de Bopp). Le ton lyrique et la vision quelque peu organiste de Michel Bréal a l'avantage de mettre en relief un phénomène de déplacement de bornes et ses conséquences étendues sur le système flexionnel. Or, le déplacement de bornes est situé très en surface de la langue (plan du Spell Out dans les théories génératives récentes), en dépendance étroite avec le séquençage rythmique. Une des causes en surface de la réduction des finales est la nécessité de compacter l'information morphologique en relation avec le tempo de la parole (styles adaggio vs. allegretto, presto, etc. cf. Clements and Keyser (1983). Une grande partie de l'activité des règles phonologiques de contraction syllabique, de fusion de groupes vocaliques ou consonantiques à l'oral, de lénition, sont dues au compactage du signifiant à l'oral. Une grande partie des règles phonologiques est mobilisée par ce compactage. 40. Syllabe σ Attaque A | | | C Syllabe σ \ Rime R | | | V Attaque Rime A R | | | Noyau Coda C V C 41. Parallélisme des processus modifiant la nature des constituants syllabiques [vocalique] : Attaque Coda - Conservation - Conservation - Lénition - Assimilation ou dissimilation - Harmonie syllabique - vocalisation et coalescence (palatalisation, vélarisation) - Amuïssement - effacement par simplification de groupes CC(C) 42. Paramètres à prendre en compte - C° et V° = contoïdes et vocoïdes têtes, projection de traits dans des domaines - décaler # (=> effacement : apocope, syncope, => augment (prothèse et épenthèse) - fusion vs. fission (assimilation vs. dissimilation) - Trace (t) : coalescences (nasalisations, labialisations, palatalisations) - Marque : +mP = Phonologique (hiérarchies, sons primaires et secondaires, degré de complexité) +mG = Grammatical (ajustement, flexion) NB : "m-" dans +mP vaut pour "marqué" (+mP = marqué phonologiquement) Cet ensemble de concepts en revanche, constitue un modèle hiérarchisable. On peut par exemple poser la question : quelles peuvent être dans une langue/un dialecte L les conséquences de stratégies de coalescence ou d'effacement dans les domaines prosodique (x x), syllabique (σ) et morphologique (+m) - en spécialisant ici l'usage de "marque" - ? Dans la mesure où coalescence ou effacement ont laissé des traces, le problème pose les traces comme foncteur : 43. (t) ( (I, A, U, I, B) (σ), (xx), (+m)), soit (trace)((contour), (syllabe), (mètre), (marque)) 44. Des inputs et des outputs Flexion nominale dans quelques langues et dialectes fenniques : Matériaux lives de Tiit-Rein Viitso (1981) Nom.- Génitif Nom.- Génitif Partitif Singulier Pluriel Singulier NB : en live, "-e" final (-e#) se lit comme un schwa dans cette transciption phonologique. -aCa- Morphol. Live Finnois -aCa- Morphol Live Finnois Dial. Fin. -iCe- Live Finnois Savo, Häme V,AC) KALA kalà [kala.] kala PATA padà pata KIVEki'uv kivi kivi KALA-T kalàd [kala.d] kalat KALA-τA ka'lle = poisson [k'a?ll´] kalaa PATA-T PATA-τA padàd pa'dde = marmite padat pataa.........(Efface-C-) (O,S,C) pattaa.....(AC) (H) palat, parat ; (O)pajat...(Approx.) (S, C) paat, ....(Efface-C-) (S, C) poat, puat....(Fission-R)* KIVE-T kivìd kivet kivet KIVE-τA ki'uvve = pierre kiveä kivvee (Fusion- 45. Loi de Grimm : la mutation consonantique en germanique Telle quelle, cette hiérarchie aide à observer des phénomènes de mutation consonantique, cad. des restructurations successives de corrélations phonologiques, telles que la corrélation d'aspiration (ph, th, kh ou bh, dh, gh s'opposant à p, t, k / b, d, g) ou celle de sonorité (p, t, k s'opposant à b, d, g comme en français dans les paires minimales paix/baie ; toit/doigt ; coût/goût ). Le changement des rapports d'oppositions en corrélationsASPIRÉES / NON ASPIRÉES, SOURDES/SONORES et STOP/CONTINUES qu'entretenaient les occlusives et les fricatives de la proto-langue indo-européenne sont modifiés par une redistribution progressive des traits d'opposition entre corrélation. Un exemple célèbre est la loi de Grimm (1822), décrite par Grimm à partir des observations de Rask, qui s'applique à des cycles de renforcement et d'afaiblissement de séries consonantiques. Ceci passe évidemment par des processus, qui sont, dans l'exemple classique des deux phases, de l'IE au germanique commun (GC) dans un premier temps (stratégies de renforcement), puis du GC au gotique (langue germanique d'Europe centrale éteinte au 4è siècle après JC). Phase 1 : de l'IE au GC (-4000/-3000 av. JC) La corrélation de sonorité de l'indo-européen (IE) *IE : b p d t g k gw gwh passe à une corrélation d'aspiration en germanique commun : * Germanique : p ph t th k kh gwh kwh Ce transfert de propriétés d'une corrélation à l'autre opère comme en A) et B) : A) Désonorisation des occlusives sonores non aspirées b>p d>t g>k B) Aspiration des occlusives sourdes non aspirées p > ph t > th k > kh En termes de degré de force articulatoire, selon l'analyse classique, on présente les séries de phénomènes comme suit, de A) à C) dans l'ordre chronologique : 46. Phases A B C b>p d>t g>k p > ph t > th k > kh DÉVOISEMENT SPIRANTISATION ASPIRATION D bh > b dh > d gh > g ph > f th > θ kh > x DÉSASPIRATION - VOISÉE Selon notre échelle de force, en reprenant les degrés de force numérotés de 1 à 9 : = b>p d>t g>k p > ph t > th k > kh 4>2 2>1 La relation est transitive, c'est à dire qu'on passe directement d'un degré à l'autre d'une échelle de force : chaque corrélation se décale. 47. FORTIS LENIS OCCLUSIVES FRICATIVES p ph b bh f 48. Irlandais Le schéma de mutation consonantique (phénomène panceltique) illustre une convergence de facteurs tels que - Phonotaxe des sommets (voyelles) et des transitions (consonnes), soit S.CV - Domaines - Iconicité : alternance des éléments h, L, N essentiellement, cad. des critères de sonorité. C'est une division en trois de cette propriété qui réorganise la flexion dans le domaine syntaxique du SN : 34. L (sonorité) h N L spirantisation Lénition Nasalisation Ici, le phénomène dépend hautement de la théorie CV, ou théorie de la sonorité. Du point de vue aréal, la branche brittonique (par ex. Gallois, Cornouaillais, Breton) exploite intensivement les trois modalités (en nombre de phonèmes ou unités C impliquées et en nombre de paradigmes, cad. en termes de catégories et de paradigmes morphologiques), tandis la branche goïdelique (Gaélique d'Irlande et d'Écosse) utilise un système plus restreint (cf. Russel, 1995). Vocalismes 49. Système sicilien : voyelles toniques I i @ I E O O È e E a O o ø u i E E A a O U U latin classique duree latin vulgaire et proto-roman aperture sicilien u aperture de trois degres 50. Évolution Latin classique Étymons latin parlé (lat.vulg.) sicilien français f'ilum f'ilu I>i => FILUM > I>i => NIVEM n'Iwem > n'ivi E>i => TELAMt'elam > A>a => MATREM O>u => U>u U>u = = poil t'ila = m'atrEm> m'ad’e = mère VOCEM v'okEm > v'utSi = voix => NUCEM n'økEm > n'utSi = noix => LUNAM L'una > l'una fil toile = lune [D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica, Bompiani, Milan, p. 42 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.] 51. Voyelles atones du sicilien : i u a Dialecte émilien-romagnol Voyelles en syllabe fermée, bolognais I i I E E A O È e E a O o O ø U latin classique U latin vulgaire et proto-roman u bolognais e a E: a: o: a o Correlation de durée allongement compensatoire Voyelles en syllabe ouverte i i È e E a O o aj e: E: o: ø u aw longues diphtongues u: 53. Voici maintenant des faits, avec deux nouveaux tableaux d'étymons latins. Cette fois-ci, je note les voyelles entravées avec une représentation syllabique : IC- > e- signifie I latin fermé par une consonne C devient -e-. Par souci d' économie dans cette description rapide, je ne spécifie pas pour le moment ce qu'il advient de la consonne de coda latine. Évolution français Latin classique latin tardif bolonais Étymons IC- > e => DIXIT d'iksit IC-> e => EC- > e => CRESCIT EC- > E => SEPTEM s'EptEm > s'E:t = sept AC- > a => GATTUM g'attum > g'a:t = chat OC- > O => OSSUM 'Ossum > 'o:s = os OC- > a => OLLAM > 'al:a = PISCEM > p'IskEm > kr'eskit > 'ollam dis:e = p'as: kr'as: (il) dit = poisson = (il) grandit marmite UC- > a => RUSSUM r'øssum > r'as: = rouge UC- > o => EXSUCTUM Eks'uktum > s'ot: = mur [D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica, Bompiani, Milan, p. 42 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.] Ce qui se passe là, c'est une redistribution relative de la durée : dans une chaîne VC, l'une des deux doit être brève ou longue. C'est un phénomène de durée compensatoire. Dans un tel système, le statut phonologique de la durée des voyelles et des consonnes est tout relatif. On observe qu'en contrepartie les écarts entre timbres vocaliques se sont réduits. Le système tend à centraliser les voyelles du triangle, dont plus aucune n'a le trait [+haut] (lire -i-, -u-) : 54. Bolonais : triangle des voyelles entravées e E: o o: a Mais ce système n'est pas encore phonématique, puisqu'on a vu que -E:- et -e-, -o:- et -o- sont des allophones syllabiques : la voyelle est brève si la consonne suivante est longue (dis:e, p'as:, kr'as:, 'al:a, r'as:, s'ot: ), elle est longue si la consonne est brève (s'E:t, g'a:t, 'o:s ). Il s'agit donc de distribution complémentaire. A un niveau supérieur d'abstraction, nous noterons donc comme inventaire : Bolonais, voyelles entravées, catégories phonématiques e o a Un regard jeté sur le tableau des évolutions à partir des étymons montre une tendance à un fort abaissement des timbres vocaliques. Nous saisissons l'aboutissement d'un processus qui, s'il a pu être graduel au début (période romane : IVè-IXè siècle), a pu brusquement s'accélérer : 55. De -i- bref latin entravé à -a- bolonais Temps : T1 T2 T3 T4 T5 T6 I > I > e > E > œ >a Le tableau suivant apporte des étymons pour illustrer les évolutions en diphtongues ou monophtongues longues des voyelles libres du latin : 56. Évolution français Latin classique latin tardif bolonais Étymons I > i: => AMICUM am'ikum I > aj => PILUM p'Ilum > p'ajl = poil E > aj => TELAMt'elam > t'ajla = toile E > e: => METIT m'Ettit > A > E: => PACEMp'akEm > O > o: => ROTAM m'e:d > am'i:g = ami = (il) récolte pE:z r'Ottam > = paix r'oda = roue O > aw => AMOREM am'orem> am'awr = amour U > aw => CRUCEM kr'økEm > kr'awz = croix U > u: => LUCEM l'ukEm > l'u:z =lumière [D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica, Bompiani, Milan, p. 42 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.] Ce système en syllabe ouverte répartit la durée et le timbre selon les classes : les unités [+hautes, + tendues] telles que /i:/, /u:/ se maintiennent, mais les voyelles [±hautes, α tendues], cad. moyennes hautes (/e/, /o/ et les anciennes hautes relâchées ['I], ['ø] se diphtonguent : ['aj], ['aw], chacune fermant par un glide antérieur [-j] pour les voyelles [+avant], postérieur [-w] pour les voyelles [-avant]. Chaque série dans sa classe naturelle. Les voyelles [± basses] s'allongent : [E] > [e:], [O] > [o:]. Elles se maintiennent dans leur classe, et cette option s'accompagne d'un allongement de la durée du noyau syllabique : -E- passe à -e:-. Une brève relâchée devient tendue longue. Une basse devient [± haute]. C'est un cycle vocalique (vowel shift). Dans la mesure où voyelles longues et diphtongues sont des constituants syllabiques lourds, on peut postuler qu'il s'agit d'une seule et même catégorie, avec des ajustements mélodiques (diphtongaison = modulation du timbre). Notre triangle des voyelles toniques libres du bolonais sera donc : 57. i: u: e: o: aj aw La synthèse est donc 58. Bolonais : Voyelles toniques libres i: u: e: o: aj aw 59. Abruzzes nord et Marches sud entravées e o a I i I È E E A e E a O o @ i a O O ø u o U U latin classique duree latin vulgaire et proto-roman aperture sicilien u aperture de trois degres 60. Évolution français Latin classique latin parlé Abruzzes Étymons (lat.vulg.) (Teramo) I>a => PILUM p'ilum > p'al´ E>a => MENSEM m'EnsEm > m'as´ E>a => METIT m'etit > = il/elle récolte m'at´ = poil = table Marches (Ascoli Piceno) I>a => LINGUAM l'iNgwam O > O => OCTO 'Okto > O>o => SOLEM s'olEm > s'al´ U>o => CRUCEM kr'økEm > > l'aNgwa = 'att´ = = soleil kr'atS´ = croix langue huit [D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica, Bompiani, Milan, p. 44 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.] 61. Voyelles "fortes" du frioulan La situation décrite par la carte de Francescato (in Giovanni Frau, 1985 (?) : Friulano, Profilo des dialetti italiani, Pacini, Pisa) est la suivante VV V: VV V: = voyelle longue = diphtongue L'aire à pointillés correspond à l'extension des voyelles hautes et moyennes longues, non diphtonguées. Cette aire de rang 1 taxinomique (monophtongues longues versus diphtongues) est elle-même discontinue. Les aires secondaires de diphtongaison s'étagent vers l'ouest, se fragmentant en descendant du nord-ouest. La diphtongaison va croissante vers le sud-ouest en équerre, comme le montre le schéma ci-dessous. Les paradigmes sont reportés dans le tableau suivant, où les numéro correspondent aux aires du schéma. 62. 31. 3 1 2 2 3 1 6 5 4 La progression de 1 à 6 cumule les séries de dérivations diachroniques, ou cycles vocaliques, avec des orientations spatiales bien nettes du nord au sud-ouest. 63. Voyelles toniques longues issues des voyelles moyennes du latin vulgaire [e], [o], [E], [O] : 1. 2. 3. 4. 5. 6. e o E O e: ei ia e: ei ei o: ou ua o: ou eu i: i: ei ei ei ia u:..............[± haut], [± contour] u: ou..............[± bas], [± contour] ou ou..............[+ contour], [± bas] eu NB : l'accent tombe sur la première more du noyau lourd : 'ei, 'ou Des arbres taxinomiques (fennique) ma:, pæ: 1 1' -AA2 ma:, pe: mo:, pe: moa, peä AA 3 3' -OA-, -UA- maa, peä mua, piä 4 4' maa, pie (8) d'après carte n° 154, Kettunen 1926 -oo-ee- -oa-eä- -aa-ää- -ua-iä-aa-ie-aa-EE- -aa-eä- (9) 1 3 4 2 3' 4' 1' d'après carte 154 (suite) (10) 2 ea D 1 ia D eja ee 3 4 ee 3 4 ii 2 4' i D 2 ii D ia ja La carte schématique synthétise la distribution aréale de la diphtongue secondaire issue de la séquence vocalique -eA résultant de l'amuissement d'une consonne intervocalique dans le suffixe adjectival /ea/ : * eδA > ea : *korkeδa > korkea = haut, * pimeδa > pimeä = sombre, carte n°191, Kettunen, 1926. 68. La carte 191 de l'atlas de Kettunen nous donne les formes kork(k)ea, kork(k)eja, kork(k)ee, kork(k)ia, kork(k)i(i), korkki ; pimeä > pimmeä, pim(m)ejä, pim(m)ee, pim(m)i(i), pimmi. Là encore, le monde se divise en deux : conservation de l'enchaînement consonantique ou de la diphtongue secondaire d'une part, contre réduction d'autre part. Sur cette division majeure se greffe l'allongement compensatoire (AC). Plus que d'un véritable AC, qui suggérerait qu'il y a allongement pour récupérer des matériaux effacés plus bas dans le mot (comme dans la montée suffixale de l'estonien et du live), il s'agit en fait d'un allongement à finalité isochronique : équilibrer le poids segmental de la syllabe thématique avec le poids de la syllabe radicale. Je conserverais cependant le label AC par commodité. Notez que "D" vaut pour "durée", et signale l'allongement. 69. Traitement sans AC : p i m k o r 70. Traitement avec AC : p k i o m r k D | m k k e e ä a e e (D) | (ä) (a) Le processus relève à la fois de la syllabation (la coda de la syllabe tonique attire l'attaque de la syllabe atone consécutive) et de la frontière entre domaines : syllabe tonique radicale d'une part, syllabes atones environnantes. Dans ces deux cas, qui représentent respectivement la "gemination générale" (pimeä > pimee > pimmee) et la "gémination spécifique" (korkea > korkee > korkkee), l'allongement compensatoire joue sur le squelette métrique , soit en équilibrant le domaine médian du mot (pimee > pimmee ; korkee > korkkee), soit en allégeant d'une more la borne finale pour augmenter d'une demi-more la borne médiane (pimmee > pimme ; korkkee > korkke), suivant par conséquent deux stratégies répondant au principe d'isochronie. 71. (11) -ija -EA- -ia -eja -ia -ia -i -ea -ea -ea -ii -ii -ee -EE- (12) 2 ea D 1 ia D eja ee 3 ee 3 4 ii 2 i D 4' 2 ja ia ii D Arbre taxinomique 3 aira + IM i Apocope + IM V aer aura, aora + IM u Apocope R1 = aor arra + IM R Allong. R1 aarra Allong. R1 a-T( )R(a) aara - IM TR Apocope aar atra, adra, adru - IM TR aatra uatura Allong. R1 Dipht. R1 épenthèse - IM TR Métathèse - [ aarta : aarran αIM TR Métathèse Assim. -] NB : IM = Intégration Moraïque ex : lat. tard. pa-dre > occitan [p'aj-re] ; ma-dre > [m'aj-re] a i r a + IM x x x x R A R - IM a t r a aarta : aarran uatra latva σσ ladev -ô-u- latva latv σ latl latp labl Arbre taxinomique 5 I latva ladva latv : latva II latf latp ladv LAT( )V( ) latl labl laadev ladev laduv ladôv III ladïv lade l a d e v ARAR l a t v - AR A R l a t v a lada (live) lado ladu : ladva III latv II latv latva I latp latl III ladu : ladva ladEv II latv 77. Testing lexicality ... Would you mind being lexically correct ? Thanks ! OK m OK m OK m OK m * * e e e e t t ä θ θ ä , h t ä h h ä m e h s ä , * m e s t ä m e s s ä m e h θ ä => [[-cont. [+ cor.]] => [[+ cont. [+ cor.]] => [[α cont. [α cor.]] => [[+ cont. [− cor.]] => *[[+ cont. [α cor.]] => *[[α cont. [+ cor.]] 13) * tts ∗ ϑϑ * tts -C/C- -CC- ts [+cont.] [-cont.] ts' ht ts -C/C- ss ts' tt ϑϑ ht : ht s' -C/- [+ front] [- front] ss [cor]° hh [cont.]° ht : t ht : h 79. Saareste, 1955a : map 73, p. 61. Pronoun P1, genetive sg. MINU(N) = of me münu minu mi'n minu(n) miun mino minu-n miu moo muu' muu 80. Pronoun P1, genetive sg. MINU(N) = of me. Areal distribution. miun münu mo(o) minu miu mo(o) mino miu mu(u) Livonian mi'n mu(u)' 81. Back to phonological criteria : revisiting classical sketches. Standard division of Estonian dialects. A Vi W C M Kv T V S 82. Kettunen account of Kodavere (Kv), in EKÄH, 1962 : 199 revisited in a taxinomy tree (have a look at the nightingale in the upper branches). 30a) + Narva, + Votic Consonant cluster Shift -st- > -ssmustad > mussad *-kn- > -hnnähnòd, tehnòd -ht- > -sthaukahtapi > augàstab Sonority scale Kodavere Kv Shwa VdV madùd Shwa infl. altern. vihìma : vihma o > u in polysyllabic patterns u > o in disyllabic patterns Back vowel shift o>ô ôràv, kôhè, ôkks 83. 84. Kodavere C -CC-HC- vCv -st- τ -ss- -d- -ss- *-kn-hn- -ht- -ht- -st- 85. Westen & Archipelago Estonian vs. Standard Estonian Western Estonian (W) and archipelago (A) According to Kettunen's EKÄH, 1962 : 197. WA SE WA SE b d pp tt g kk ng nk WA SE ht > hj nähja, tehja, kohja ht > h näha, teha, koha WA SE VdV > VjV muja, uju, ujed VdV > VdV muda, udu, uued WA SE #v > Ø okk, öö #v > #v : vöö WA -Lv- > -li- talji, järji SE -Lv- > -lv- talv, järv 86 Main parameters accounting for Kettunen's sketch C in W&A Estonian Sonority scale Gradation Geminates General Lenition b d g Labial Lenition # (v) Place spec. dorsal sonorants Nk vTv -L(v)i coronals hT 87. Références pour la section fennique/finno-ougrienne : Références pour le domaine fennique Abondolo, Daniel, 1998 (éd.) : The Uralic Languages, Routledge, Londres. Abondolo, Daniel, 1998 : "Finnish", in Abondolo, Daniel, 1998 (éd.), pp. 149-183. Andersen, Henning, 1993 : "le lingue slave", in Ramat & Ramat, 1993 : Le lingue indo-europee, Il Mulino, chapitre "le lingue slave", pp. 441-480. Chen, M. & Wang, W., 1975 : "Sound change : actuation and implementation", Language, 51 : 255-281. Clements, G. Nick. & Keyser, S. 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Ce qui donne le squelette syllabique et morphologique suivant Radical Thème -N Thème voc. Cas (Nombre) I/U long V A A C K K M M V C E N V C U - O - V C S A K M E N I I S A K M E N U U A K M E N I M I 91. Comparons maintenant les formes modernes du lituanien avec celles reconstruites pour le proto-IE. Je prendrai un nom de la première déclinaison, qui correspond aux thèmes en *-o du proto IE : *IE Nom. *ulkw Gén. Dat. Acc. Vocat. Locat. Instrum. Lituanien Singulier Pluriel Singulier -os -os -o:i -om -e -oi -o:s -om -omus -ons vilk -oh1 -oisu Pluriel -as -o -ui -a -ai -û -ams -ùs -è -o:is -ù -uosè -aîs Le système de désinences postulé au départ était structurellement très proche du lituanien moderne , selon un cadre suffixal maximal V(CVCV) : 92. V1 -e -o -o o -o o -o -o h1 -o -o -o C1 V2 C2 V3 s i i i n m m u s u 93. Soit V VC(C) V1V2(C) V1V2CV VCVC = s s s *IE = = = = -omus -e , oh1 -os, -om, - ons -o(:)i(s) -oisu Lituanien -a, -û -ùs, -ams -ais, -ui -uosè -am(U)s 94. Morphologie nominale et adjectivale balte [Source : William R. Schmalstieg, 1993 : "Le lingue baltiche", in Ramat, Anna Giacalone & Ramat, Paolo : Le lingue indoeuropee, il Mulino, Milano, p. 493-7.] Substantifs : Thème en *-o-: Le thème nominal fait partie du radical : c'est la terminaison du radical qui donne le paradigme de la déclinaison (comme le thème verbal donne la conjugaison). Le thème en *-o-, suffixe de classe (ici = paradigme de déclinaison) du radical est continué par *-a- en proto-balte. Le nom. sg. de ces noms se terminait par *-s, et l'acc. sg. en *-N (*N = n ou *-m). 95. 4 «loup» lituanien Singulier. Nom. Gen. Dat. Acc. Instr. Loc. Voc. 4 Duel Nom. Acc. : Datif Instr. 5 Pluriel Nom. Gen. Dat. Acc. Instr. Loc. vilk-as vilk-o vilk-ui vilk-a: vilk-ù vilk-è vilk-e letton vìlks vìlka vìlkam vìlku vìlku vìlka: vìlk(s) vilku (divu da:rzu «deux jardins») vilkám vilkam vilkai vilku: vilkáms vilkus vilkais vilkuosè vìlki vìlku vìlkiem vìlkus vìlkiem vìlkos 96. Certains cas dérivent directement des formes indoeuropeennes (formes héritées) : sg. nom. *-os, acc. *-oN, instr. *-o, voc. -e, duel nom. *-o:u locat. *-o:se 97. Options divergentes (réfections, suffixes allomorphes optionnels) : [Traduit de Giac. & Paolo Ramat (éd.), 1993 : Le lingue indoeuropee, Il Mulino). Nom. pl. *-oi : à l'origine, il s'agissait d'une désinence pronominale, loc. *-o:se. Le gén. sg. du lituanien et du letton semblent dériver d'un ablatif etymologique *-a:t, cfr. sscr. abl. sg. vrk-a:t «du loup», tandis que le gén. sg. de l'a.pr. en -as pourrait dériver de *-os: cfr. hitt. gén. sg. antuhS-aS «de l'homme». Le dat. sg. lit. serait un aboutissement de *-o: (> *-uo > *-u) en ajoutant le -i à partir d'autres formes de datif, tandis que le dat. sg. lett. serait refait à partir des thèmes pronominaux. Le loc. sg. lit. peut dériver de *-en, mais le loc. sg. letton est refait à partir du loc. sg. de la déclinaison en *-a. Or, le lituanien a préservé le système d'accentuation libre de l'*IE, y compris l'accent mélodique, réalisé par trois tons corrélaires à l'accroissement d'intensité - par ailleurs, la longueur est pertinente phonologiquement : des voyelles brèves s'opposent à des voyelles simples longues - : Segments +syllabiques brefs (V, L) é è = = ton ascendant : Haut ton descendant : Bas Segments +syllabiques longs (V, L) ê = ton circonflexe : Haut-Bas 98. L'accent en lituanien tombe tantôt sur le radical, tantôt sur le suffixe. Ces schémas sont programmés à l'intérieur des paradigmes : la première déclinaison fait intervenir plus de quatre schémas accentuels : Ia : Singulier Ton H Accent x x Nom. Gén. Dat. Acc. Vocat. v v v v v y y y y y Ib: HB x x x r r r r r a o u a e s i s p p p p p i i i i i r r r r r x s s s s s t t t t t a o u a e s i ---------------------------------B x x x x Loc. Instr. v v y y r r e u p p i i r r s s t t è ù Dans vyras (Ia) l'accent est radical partout, mais il est suffixal dans le paradigme (Ib) pour les deux derniers cas, locatif et instrumental. La nature du ton, HB ou B diffère également entre les deux zones du paradigme, séparées par un trait pointillé. Nous pouvons donc ajouter un cinquième procédé de marquage casuel : le balancement de l'accent entre radical et suffixe : 99. Accent libre, mélodique : 5a) accent radical ou suffixal 5b) tons H, B, HB Et nous avons un prototype indo-européen ancien : une morphologie casuelle articulée à deux niveaux, segmental (timbres vocaliques, augments syllabiques) et suprasegmental (accent et ton). 100. RAD. jaunAjaun-a- s jaun-a-tve jaun-i-ma-s jaun-u-ma-s jaun-u-oli-s jaun-u-olejaun-u-omen-e jaun-y-ste jaun-é-li-s jaun-é-ti jaun-in-ti jaun-in-ti-s jaun-ikli-ai = jeune, (A) = jeune, (N) idem id. id.(masc.) id. (Fém.) id. (dim.) = jeunesse = le plus jeune = rajeunir, redevenir jeune = (faire) sembler plus jeune = sembler plus jeune que son âge = les plus petis (apie gyvulius) 101. mok-é-ti = savoir, pouvoir mok-y- kl-a = école mok-y-mas = enseignement mok-y-ma-si-s = apprentissage 102. stipr-us = fort = force (matériel) = force (notionnel) = renforcement stipr-umas stipry-be stipr-i-ni-mas 103. zem-e zem-ie-te zem-ie-ti-s zem-in-a-s zem-yn zem-in-ti zem-in-im-a-s zem-isk -a -s = terre = paysanne = paysan = continent = en bas, par terre = abaisser (propre), humilier = humiliation = terrestre 104. Composition zemdirbys ---> #zem##dirb-y-s# ---> ZEM- + DIRB= agriculteur zemaziuris --> #zema##ziur-i-s# ---> ZEM- + ZIUR- = myope zemaziuriskumas---> #zema##ziur-i-sk-u-ma-s ---> #ZEM- + ZIUR-SUFF.N(notion.) = myopie 105. REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES ANDERSON, J.M., 1973 : Structural aspects of language change, Longman, 245 p. Un manuel pour l'étudiant : documentation riche et attrayante. Facile à lire. BEEKES, Robert S.P., 1995 : Comparative Indo-European linguistics, John Benjamins, Amsterdam, 376 p. Riche documentation, clair, nombreux tableaux : excellent manuel ! BOLTANSKI Jean-Élie, 1995 : La linguistique diachronique, Que-Sais-je ?, PUF, 127 p. Indispensable. Clair, sobre et facile à lire. BYNON, Theodora, 1977 : Historical linguistics, Cambridge Textbooks in Linguistics, 301 p. FISIAK, Jacek (ed.), 1978 : Recent developments in historical phonology, Mouton Publisher, The Hague-Paris-NY., 445 p. v. articles de Henning ANDERSEN (langues slaves) et de Raimo ANTTILA, G. DRACHMAN, W. DRESSLER. FOX, Anthony, 1992 : Linguistic reconstruction ; an introduction to theory and method, Oxford University Press. KURATH, Hans, 1974 : Studies in area linguistics, Indiana University Press, Bloomington & London, 202 p. v. chap. 6 "The patterning of dialect areas", chap. 8 "diffusion", chap. 9 "the adaptation of foreign elements". HUMBOLT, Wilhelm von, (1830 -), trad. fce 1974 : Introduction à l'œuvre sur le Kavi et autres essais, Seuil, 437 p. Un recueil d'œuvres d'un des fondateurs de la linguistique moderne. Une vision philosophique de l'évolution des langues. Attention : premiers pas d'une science du langage.. MARTINET André, 1955 :Economie des changements phonétiques. Traité de phonologie diachronique, Francke, Berne. Ouvrage classique, absolument incontournable. Une somme théorique et méthodologique qui continue de faire date, même si la phonologie a beaucoup évolué depuis. VENDRYES, Joseph, 1921: Le langage : introduction linguistique à l'histoire, Albin Michel,444 p. Très facile à lire : un ouvrage de vulgarisation qui aborde de multiples questions qui seront traitées dans ce cours. LINGUISTIQUE INDO-EUROPÉENNE BADER, Françoise (éd.), 1994 : Langues Indo-Européennes, éditions du CNRS, 330 p. v. articles de MJ. reichler-beguelin : "La méthode comparative : problèmes épistémologiques en diachronie linguistique" (43-63), et H.D. POHL "Le balte et le slave" (233-250). HJELMSLEV, Louis, 1969 (trad. fce) : Le langage, Ed. de Minuit, 150 p. [Lire le chapitre "la parenté linguistique génétique", facile à lire, concis et clair, pp. 31-54.] MARTINET , André, 1987 : Des steppes aux océans : l'Indo-Européen et les "Indo-Européens", Payot, 274 p. [Cours donné par Martinet à l'École Pratique des Hautes Études : notions élémentaires de grammaire comparée, cartes des langues, groupes linguistiques.] MASICA, Colin P., 1991 (réed. 1993) : The Indo-Aryan languages, Cambridge Language Surveys. MEILLET, Antoine, 1922 : Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes, Hachette, 464 p. [Un vieux classique, compact, érudit, dans lequel ont pioché tous les rédacteurs de manuels du genre. Matériaux et réflexions utiles.] MORPURGO DAVIES, Anna, 1994 : "La linguistica dell'Ottocento", in LEPSCHY, Giulio C. (éd.), Storia della linguistica, vol. III, il Mulino, Bologne, pp. 11-400. Version anglaise : LEPSCHY, G.C., 1994 : History of Linguistics, Longman, Londres. [Panorama de la grammaire comparée au 19è siècle : auteurs, théories, méthodes.] PASTRÉ, Jean-Marc, 1972 : Précis de langue et littérature allemandes au moyen âge, Bordas, Paris. RUHLEN, Merritt, 1987 : A guide to the world's languages, vol. 1 : classification, Stanford University Press, 433 p. SCHEER, Tobias, 1996 : Une théorie de l'interaction directe entre consonnes: contribution au modèle syllabique CVCV, alternances e-ø dans les préfixes tchèques, structure interne des consonnes et la théorie X-barre en phonologie, Thèse de doctorat NR, Université de Paris VII, 420 p. 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Identifiez les processus phonologiques du latin classique au français moderne : Répondez sur la ligne prévue à cette effet, en notant uniquement le nom du processus Exemple : PENDERE > pendre CLARUM > CANTARE > ARBOREM > HERI > FEBREM > VENIT > TESTAM > VENTU > Syncope de E (atone post-tonique) FRUMENTUM> RIPAM > 107. Processus évolutifs, dérivations diachroniques : domaine roman Entre le IXe et le Xe siècle il se produit les phénomènes suivants en vieux catalan (1 à 10). Indiquez le processus phonologique sur la ligne tracée à cet effet.Un seul processus par réponse (segments soulignés) : les processus sont présentés de telle sorte qu'il ne se produit qu'un événement à la fois (par ex. 3 continue les exemples de 2, et en représente une étape ultérieure : 3. est donc décrit séparément). 1. d'Onna > d'Ona = dame 2. kald'Era > kall'Era = chaudière, poële s'Old > s'Oll = sou 3. kall'Era > kawl'Era = chaudière, poële s'Oll > s'Owl = sou 4. semn'ar > semr'ar = semer 'anma > 'arma = âme 5. maznáda > majnáda ' i z l a > ' i j l a = île 6. tsem'Ent > tsim'Ent = ciment 7. i ' j l a > í j λ a = île 8. pl'uma > pl'oma br'uma > br'oma 9. par'awla > p´r'awla 6 6 10. re 'o > ro 'o 108. Consonantisme français : du latin au français moderne Exercice : 1)Trouvez les aboutissements en français des formes latines ou germaniques suivantes (NB: les noms et adjectifs latins sont à l'accusatif). 2) Identifiez le processus phonologique concernant le segment souligné. Amuïssement (C = #h-) HABERE > HORDEUM > HAUNITA (germ.) > HALSBERG (germ.) > Spirantisation + voisement (lénition) en contexte VCV. RIPAM > ......................................./P/ CREPAT > SAPAM > SAPERE > FABAM > PACAT > *PAGAT > ..../K/ Amuïssement (après SPIR. et VOIS.) NEGAT > nie. VITAM > VIDA > * vida >......../T/ CRUDAM > Dégémination CAPPAM > MAPPAM > , prononcé [nap] MATTAM > , prononcé [nat] Conservation PATREM > père..........................#pPAREM > a. fçs. per > pair PONTEM > Spirantisation + voisement RIPAM > ..............................-pLUPAM > CAPILLUM > Spirantisation * CAPUM (pour caput) > .......-p# APEM > *ev(em) > Conservation COR > CURAM > cure CORIUM > Palatalisation (1ère palatalisation romane) CERAM > cire CENTUM > cent CERVUM > cerf CINEREM > cendre CILIUM > cil *CIRCARE > chercher Palatalisation (Palatalisation mérovingienne, ou "palatalisation française) CARUM > a.f. chier > cher *CAPUM > CANEM > CAPRAM > CAULEM >> CAUSAM >> CAMERAM > CAM'RAM > CANTAT >CAMPUM > CABALLUM > CAMISIAM > CARBONEM > Normand : crevette, rescaper, castel, le Cateau, Cambrai (et non Chambrai). Exercice : Trouvez des mots français contenant -ca- : d'où proviennent ces mots (emprunts, réfections, etc.). Tentez d'en réunir au moins 50, et de les diviser selon des critères sociolinguistiques. ****** Amuïssements...S'amuït, s'amuït pas ? Conservation PERCURRIT > SARCOFAGUM > VERECUNDIAM > *AETATICUM > *CORATICUM > FORMATICUM > MEDICUM > *PEDICUM > *SEDICUM > *SILVATICUM > Dégémination BUCCAM > PECCATUM > VACCAM > MANICAM > FABRICARE, FABR'CARE > FABRICA > *CARRICARE > DELICATUM, DEL'CATUM > ***** Dissimilation PEREGRINUM > pèlerin HERIBERGA (germ.) > ARVERNIAM > Métathèse VERVECEM > [Source : Joseph Anglade, 1965 : Grammaire élémentaire de l'ancien français, Armand Colin, Paris, pp. 36-46 et sgg.] 109. Définissez ici les processus de transphonologisation dans les emprunts du basque au latin tardif et au protoroman (d'après L.Trask, 1997 : A History of Basque, Routledge) errege (roi) < REGE lore (fleur) < FLORE gorputz (corps) < CORPUS lapitz (ardoise) < LAPIS (pierre) maizter 'maître berger' < MAGISTER (maître) apaez (prêtre) < ABBAS (abbé) bortitz (fort, violent) < FORTIS aditu (entendre) < AUDITU goitatu (faire attention à) < COGITATU eskiribatu ~ iskiribatu ~ izkiriatu (écrire) < SCRIBERE, non de SCRIPTU abere (animal) < HABERE (avoir) gertu (certain)< CERTU errota (roue) < ROTA lukuru (avarice) < LUCRU (profit) maingu (manchot) < MANCU haizkora (hache) < ASCIOLA maindire (drap) < MANTILE aingeru (ange) < ANGELU saindu (saint) < SANCTU gauza (chose) < CAUSA baba (haricot) < FABA biko ~ iku (figue, figuier) < FICU gatu ~ katu (chat) < CATTU gatea ~ katea (chaine) < CATENA gerezi ~ kerexa (cerise) < CERESEA biper ~ piper (poivre) < PIPER dial. perde, berde (vert) < lat. tard. verde < lat. clas. viridis zeape (moutarde) < SENAPE lupu (loup) < LUPU zeta (soie) < SETA ahate, aate (canard) < ANATE dial. biko (figue) < FICU ziku dry < SICCU okela (morceau de viande) < BUCCELLA (bouchée) dial (B) zapatu (samedi) < SABBATU apaez (prêtre) < ABBAS (abbé) padura (prairie humide) < PADULE zigulu (sceau) < SIGILLU bago (hêtre) < FAGU zeta (soie) < SETA zapore (saveur) < SAPORE azeri (renard) < ASENARIU meza (messe) < MISSA soka (corde) < SOCA gisu (plâtre) < GYPSU boronde (front) < FRONTE gereta (portail de ferme) < *CLETA lama (flamme) < FLAMMA luma (plume) < PLUMA lau (plat) < PLANU laket (plaire) < PLACET (B) laru (jaune) < CLARU (clair) ezpata (épée) < SPATHA iztupa (chanvre) < STUPPA arrosa (rose) < ROSA errege '(roi) < REGE Erroma (Rome) < ROMA denbora (temps) < TEMPORA aldare (autel) < ALTARE ingode (éclume) < INCUDE pundu (point) < PUNCTU liburu (livre) < LIBRU zinu (signe) < SIGNU B autono (septembre) < AUTUMNU (automne) abendu (décembre) < ADVENTU ifernu (enfer) < INFERNU el(e)iza (église) < ECCLESIA kipula ~ tipula ~ dipula (oignon)< CEPULLA (Nord) deus ~ jeus (n'importe quoi) < GENUS (genre) jente ~ jende (gents) < GENTE sendo (solide, robuste) < EXEMPTU saiatu (essayer) < Fr ensayer txertatu (insérer) < Esp injertar txukatu (sécher) < Esp enjugar debekatu (interdire) < IMPEDICARE (obstruer) ou vieil esp. deviedo (interdire) bedeinkatu (bénir) < *bedenikatu (métathèse) < BENEDICERE 110. 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