Jean Léo Léonard, Institut de Phonétique (ILPGA), Paris III

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Jean Léo Léonard, Institut de Phonétique (ILPGA), Paris III
Jean Léo Léonard, Institut de Phonétique (ILPGA), Paris III.
Document de base pour l'exposé de la réunion du 9 Novembre, laboratoire "Dynamique
du Langage" (UMR 5596), Maison Rhône-Alpes des Sciences Humaines.
Éléments de linguistique historique et comparative ainsi que de linguistique
générale
polycopiouchet
Le principal objectif de cette communication est de montrer que le comparatisme en
sciences du langage est désormais un paradigme scientifique solidement constitué, au
carrefour de la philologie, de la linguistique générale et de la typologie linguistique. Les
méthodes de reconstruction sont fiables tant qu'elles restent prudentes, étant donné la
nature hautement systémique et stratifiée du langage. Cependant, la rigueur est toujours
à la merci des biais idéologiques et romantiques ou commerciaux (évolutionnisme
schleicherien, monogenèse ruhlenienne, corrélationnisme génétique de Ruhlen et CavalliSforza). Les théories récentes en linguistique générale orientées vers la recherche des
universaux, des principes et des paramètres de variabilité des langues, permettent
d'unifier le champ de recherche comparatiste et de fournir à d'autres champs
disciplinaires des sciences de l'homme ou des sciences de la vie des connaissances
empiriques sur les mécanismes de diversification des langues. Cet ensemble de
connaissances intéresse tous ceux qui cherchent à corréler aires linguistiques et
distribution des populations humaines.
Ce polycopiouchet destiné à des collègues linguistes et non-linguistes se fixe pour
objectif de
- fournir des notions de base sur la méthode comparatiste
- montrer la diversité des champs de recherche et des points de vue liés à la diversité
linguistique (théorie de la marque, théories "autosegmentales" de la sonorité et de la
chromaticité)
- présenter des problèmes empiriques et des propositions théoriques
- familiariser les non-spécialistes avec les représentations utilisées en sciences du langage.
1.Objets langues, dialectes, langage :
1.1. Réseau dialectal : dialectes, sous-dialectes et aires, parole, usage :
- le domaine empirique des cartes d'atlas et des phonogrammes
- espace démographique, géographique, éco-humain :
- centre • périphérie => pôles => réseaux diasystémique
- ressources socio-économiques et culturelles => (in)stabilité des aires
=> réseaux de communication et d'échanges
=> stratification sociolinguistique : organisation sociale et
représentations
psychosociales (variation phonologique, phonolexicale et
polymorphisme
1. 2. Diasystème : inventaire configurationnel (implications catégorielles, têtes) et
contraintes + règles. Grammaire-noyau sous-jacente à la diversité dialectale. Une
grande économie de moyens produit une grande diversité et abondance de formes (< =
>étagement phonolexical). Système abstrait organisé en modules, dont la morphologie
constructionnelle (cf. Fradin, 1998).
2.Savoir-linguistique du locuteur idéal selon Chomsky (1979, conférences de Pise)
:
I - Langue externe = langue 1 ; définie en extension, données empiriques généralisées
II - Langue interne = langue 2 ; définie en intension, Grammaire générative de langue
1, théorie (syntaxique/phonologique) de langue 1.
III - Universaux linguistiques : faculté de langage. Théorie (syntaxique/phonologique)
générale
repris dans et de Rebuschi, 1989 : "Du rôle des variations dialectales dans l'élaboration des théories
linguistiques".
3. Des isoglosses au-delà des frontières de langues et questions de pondération.
3.1.
Phénomènes graduels expansifs :
- Gradation -C
- Voisement-C
- Géminées
- Corrélation durée-V
- Effacements-V
- Harmonie vocalique
Vepse
+
+
±
Estonien
+
+
+*
+
±
Vepse
±
+
-
Estonien
+
+
Finnois Live
+
+
±
+
+
+
+
+
-
3.2.
Phénomènes ponctuels ou cycliques :
- Réduction Vi
- Occlusion #j
- Coalescence-C coda
Finnois
±
±
* en estonien, les voyelles longues s'opposent aux brèves uniquement en syllabe initiale de radical. En outre,
consonnes et voyelles attestent un polychronisme résultant de processus d'allongement compensatoire ou
d'analogie dans certains paradigmes flexionnels : les rimes des syllabes toniques lourdes font s'opposer trois
degrés de quantité, tandis qu'au niveau phonétique, les syllabes légères font contraster deux durées
allochroniques (V2 = voyelle brève dans CVCCV, semi-longue dans CVCV). Il y a donc trois degrés de durée
en syllabe tonique lourde, et un degré ailleurs.
3.3.
Quelques commentaires brefs : 1) le signe ± dans la matrice de traits indique que le critère est susceptible de
varier dans le réseau dialectal, 2) dans le premier ensemble de critères figurent des traits typologiques souvent
jugés déterminants pour le classement des langues. Or, on voit que même un phénomène comme l'harmonie
vocalique est sujet à variation. La corrélation de durée vocalique, faisant s'opposer fonctionnellement des
voyelles brèves à des voyelles longues peut aussi bien exister, ne pas exister du tout, ou bien être neutralisée
hors accent, ou encore se diffuser structuralement (dans ce cas précis, à travers la morphologie suffuxale) par
compensation en une polychronie à 3 degrés en distribution complémentaire du point de vue syllabique.
Même la polychronie estonienne est soumise à variation aréale : dialectes du nord-est (Virumaa, Narva) et
dialectes insulaires (Saaremaa) - dans ce cas précis, l'interférence intrafamiliale et intergroupes avec
respectivement le finnois et le suédois, est également un facteur déterminant -.
****
[Source principale : extraits du polycopié de Jean Léo Léonard, 1997-2000 : Éléments de linguistique
historique et comparative, Reprographie, Paris III.]
Voici un arbre généalogique des langues IE, pour discussion :
4. Dessine-moi un buisson...
Indo-Européen
Anatolien
Tokharien
Luvien
Indo-Iranien
A
B
Hittite
nuristani
Indo-Arien
persan
avestique
sanskrit
hindi
penjabi
singalais
Balto-slave
Balte
Arménien
Illyrien
Germanique
Grec
Celtique
osque
latin
prussien
Slave
italique
albanais
ibéro-celt.
langues romanes
nord
ht ald
néerl.
est
ouest
Brittonique
Cumrique/
breton
Gaélique
Cette disposition de l'arbre est très ethnocentrique : le groupe indo-persan réunit plus de dix langues
modernes du Moyen-Orient et de l'Inde nord et centrale pour le seul groupe indo-arien : romani
d'Europe, Kashmiri, penjabi/punjabi, hindi, nepali, assamese, bengali, oriya, gujarati, marathi, cingalais
(v. Masica, 1991). Mais il n'y a pas de bons arbres : les distances linguistiques sont variables entre les
familles et les langues, et il y a de nombreux isolats (grec, albanais, arménien, nuristani). En outre, de
nombreuses langues ont disparu (osque, ombrien de la famille italique), ainsi que des groupes entiers,
anciens et différenciés comme le groupe anatolien (Palaique, Hittite, Luvien, lydien, carien, lycien).
Cette vision de l'évolution linguistique présente un grave défaut : elle est purement généalogique et met
trop le relief sur les rapports de filiation. Dans la réalité, une langue ne "naît" pas d'une autre ou d'un
dialecte, ni seulement des facteurs de diffusion et d'isolement des populations qui parlent une langue
d'origine. Un des principaux facteurs de changement est le contact linguistique, basé sur la coexistence
de communautés. Les indo-européens ne sont pas arrivés dans une Europe vide, et encore moins dans un
Moyen-Orient désert.
5. Des ondes... Diffusionnisme et aréologie
lit.
let.
sud
Groupe
nord-ouest
Balto-Slave
Groupe est
Tokharien
Groupe
centre
Germanique
Celtique
Anatolien
italique
Indo-Arien
Groupe
sud-est
Persan
Balkanique
Groupe
sud-est
hellénophrygien
illyrien
6. Des faits, des correspondances.
Got(G) / Nor. (N)
Irlandais latin
grec
anc. slav Arménien Sanscrit
broTar (G)
@braTir fra.ter
bratru
aITEI
(G)
mus (N)
mena (G) mi
maDir
me.nsis
ma.te.r
mu.s
me.n
fra.to.r
fra.te.r
mati
gimbr (N) gemred
hiems
geima
ma.ter
e:bajr
majr
mus
mjesa&tsI
mukn
amis
ma.ta
mu.h
ma.h
zima
dZmern
himah
7. Des correspondances : des paradigmes segmantaux et syllabiques
<SOURIS>
Norrois
Latin
Grec
Ancien slave
Arménien
Sanskrit
Anc. persan
---->
<FRÉRE>
Got.
Irl.
Lat.
Grec
Ancien slave
Arm.
Sansk.
---->
M
m u
(S)
s
m
m
m
m
m u
-
u. s
u s
I Sj
u k
n
.s
m u
bhra.ta.
.h
(B)(R) - (T)
b r o T a
b r a T i
f r a. t e
f r a. t o.
b r a tr u
e : b
a j
r
bh r a. t a.
- (R)
r
r
r
r
<MÈRE>
Irl.
Lat.
Grec
Ancien slave
Arm.
Sanskrit
<LUNE, MOIS>
Gotique
Gotique
Irl.
Lat.
Grec
Grec (dial.)
Ancien slave
Arm.
Sanskrit
---->
---->
M m a
m a.
m a.
m a
m a
m a. t a
(T)
D i
t e
t e.
t i
j
- (R)
r
r
r
M - (N)(S) m e n
a
m e n
o T s
m i
m e. n s i
m e. n
m e. n n o
m je
s a&
a
m i
s
m a. s
r
s
s
ts
I
8. Les étymons reconstruits :
* bhr'eh 2t e: r
* ph 2et'er
*méh 2t(e:) r
* m'uHs
* m'eh 1ns
en simplifiant :
*BhRATER
*PhATER
*MAT(E:)R, MATR
*MU:S
*MENS
9. Inventaires du protoindoeuropéen :
Séries labial
[-continu]
[-voix] *p
[+voix]
[-voix] *ph
[+voix]
Ordres
coronal
*t
*b
dorsal labiodorsal
*c
*k
*d
*th
*bh
prédorsal
*j
*ch
*dh
*jh
s
[+sonante]
n
[+approx.]
r
l
w
*g
*kh
[+continu]
m
*kw
j
*gw
*kwh
*gh
*gwh
10. Vocalisme
10.1.
10.2.
Diphtongues
Monophtongues
[+haut]
[±bas]
[+bas]
[+avant]
[-avant]
[+avant]
[-avant]
i, i:
e, e:
u, u:
o, o:
ei, eu
oi, ou
vélaires
laryngales
´
a
ai, au
10.3.
Sonantes syllabiques
m, m: n, n:
l, l:
r, r:
11. Consonantisme du latin
Labiales
dentales
p
b
t
d
f
s
m
w
palatales
k
g
kw
gw
h
r
l
n
j
NB : La corrélation de sonorité des occlusives se neutralise en finale (on ne trouvera
pas b,d,g, en fin de mot : b#, d#, g# ne sont pas possibles, sauf en fin de préfixe).
Le système s'est considérablement simplifié, comparé à la complexité de l'inventaire du
proto IE standard. Il reste pauvre en fricatives, mais il a développé une continue
labiodentale f, issue de *dh- et *bh- indo-européens (IE *dhejgh- = modeler > lat. figura = "aspect, figure" ; *bheh1r- > lat. fero , [fer-o:]," je porte", Présent P1).
Qu'en est-il du letton moderne - langue très proche du lituanien - celui qu'on parle à
Riga aujourd'hui même ?
12. Consonantisme letton
p
b
(f)
v
m
t
d
ts
dz
c
z
s
Z
S
j
k
g
Ô
tS
dZ
n
l
r
¥
Dans ce système, divers processus de palatalisation des occlusives ont généré une riche
série de palatales, la corrélation de mouillure s'étendant également aux sonantes. Le
système lituanien est à mon sens identique, bien qu'on lui attribue généralement encore
plus de sous-séries palatales, qu'on peut aussi bien classer comme variantes
contextuelles devant yod ou voyelle palatale. Ce mouvement de palatalisation est
analogue à celui survenu en indo-iranien. Notons simplement les évolutions suivantes
du proto IE aux langues baltes modernes :
Que se passe-t-il ? Les occlusives vélaires du balte sont les continuatrices des stops
vélaires et labiovélaires du proto indo-européen, et les occlusives post-alvéolaires de
l'IE donnent les fricatives palatales.
13. IE > balte, fragment du système des occlusives post-alvéolaires
c
S
Ô
Z
k
kw
k
g
gw
g
On observe un déplacement des unités dans le schéma, ou une réorganisation des
catégories fonctionnelles du prototype. Certaines cases vides se remplissent (les
fricatives palatales en balte), d'autres s'élargissent (les stops vélaires ont absorbé les
stops labiovélaires).
14. Consonantisme du protobasque selon Koldo Mitxelena
Obstruantes
Fortis
Lenis
(p)
b
t
d
Sonantes
ts
s
tS
S
k
g
N
n
L
l
R
r
[Source : Trask, L., 1997 : A History of Basque, Routledge, Londres : p. 125.]
15. Distribution complémentaire (DC) :
Fortis ~ lenis : V
Lenis uniquement : #
Fortis uniquement :
V (càd : entre deux voyelles dans le mot)
: (càd : en début de mot)
# : (càd : en finale de mot)
16. Basque biscayen
[Source : José Ignacio Hualde & Xabier Bilbao, 1992 : A Phonological Study of the
Basque Dialect of Getxo, Gipuzkoako Foru Aldundia, Anuario del Seminario de
Filologìa vasca "Julio de Urquijo", XXIX].
Consonnes
Graphie basque unifiée
p
t
b
f
d
s
tz
n
l
r/rr
m
x
tx
ñ
ll
API
k
p
t
g
j
b
f
d
s
ts
n
l
r/rr
m
k
S
tS
g
x
¥
Voyelles
i
e
u
o
a
17. Morphophonologie, contrainte spécifique à l'IE :
systèmes P/Ø - Ø/P (IE primitif) > P/P - Ø/Ø (IE tardif).
v. Francisco R. Adrados, 1975 : Lingïstica indoeuropea, 2 vol., Gredos, Madrid,
notamment pp. 892-1078.
18. Echelle de sonorité/force
Fortis
-sonorité
lenis
+sonorité
1150 pages,
p >> ph >> b >> bh >> φ, f >> m >> w >> u
t >> th >> d >> θ >> s >> n >> r >> l >> j >> i
>> h >>
19. Hiérarchies phonologiques :
- Echelle de sonorité
- force articulatoire (obstruantes
- contour syllabique : -CeCC-, -CCeC-, etc.
- syllabicité : U >> I >> A
- Echelle de chromatisme (timbres des voyelles, palatalité ou labialité consonantique)
- B >> U >> I >> I >> A
20. Pour en finir avec des idées simples qui ont la vie dure :
- Les lois phonétiques ne sont pas inexorables, bien au contraire : elles n'aboutissent pratiquement
jamais et peuvent se contredire.
Les phonèmes n'évoluent pas seuls, paradigme par paradigme : polarité changement
spontané/changement conditionné. Tout est interaction dans la chaîne parlée.
- Les séquences de segments se modifient en fonction de contraintes phonotactiques universelles,
spécifiques et locales (selon ces trois détermlinismes, dans l'ordre). Etant donné qu'il y a toujours
davantage de combinaisons que d'éléments/unités à combiner, les groupes consonantiques, vocaliques et
syllabiques sont bien plus sujets au changement que les seuls phonèmes.
- Les lois phonétiques s'appliquent de manière très variable et relativement imprévisibles en
morphologie, en raison des facteurs psychologiques (analogies, réfections, (ré)interprétations).
- Une constante lie les outputs postlexicaux aux inputs lexicaux, voire prélexicaux.
21. Hiérarchie de marquage des voyelles selon la constituance syllabique. Primauté
variationnelle : chaînes VC(V) contre phonèmes
21-1
σ], '-σ, σ '- => [-marqué]
'σ[=> [+marqué]
21-2
Voyelle entravée
[-marqué]
[+marqué]
<------------------------------------------------------------------------------------------->
& σ] =>VC [-continu] << VC [+continu] << VC [+sonante, +nasale] << VC [+approx.]
21-3 21-4
VOc
<< VF
21-5
<< VN
21-6
<< VL
21-7
<< VJ
ex :
-et-
<< -es-
<< -en
<< -el-
<< -ej-
Français........[Et] << [e:]..............<< [ã].........................<< [(j)ø]...<<..[i(e)i]
Poitevin........[Et]...... ['ae]..............[ã, 'eãw].........................[œ(j)].........[E]
& = complexité relative des chaînes -VO-, -VN-, -VL-, -VJ21-8 : Voyelle libre
& σ[ => V [-accent] << V [+accent]
21-9
V [+accent] est notamment le site de
- Diphtongaisons (D)
- Allongement (AL)
- Ancrage tonal (AT)
- Cible d'apophonie (AP)
- Source d'Harmonie Vocalique (HV)
- Alignement radical, cad. que la voyelle accentuée est souvent voyelle du radical
lexical .
22. Combinatoire procédurale sensible à la variation dialectale en diversité des
langues :
D
AL
AT
AP
HV
ALIGN-'•
ALIGN-'•
HV
AP
AT
AL
D
23. Généralités sur la saturation de trait ou de position
- [ ] représente une more finale de segment complexe à spécifier en fonction du
contexte et/ou de la structure lexicale (cad. comprenant la dérivation/flexion et les
alternances thématiques).
- La saturation de [ ] opère par des résolutions de cible phonétique I, U [coronale] ou
bien N/L [sonante]/[approximante]
- U finit par fusionner avec B au niveau catégoriel
36.1
.
A
I, U
N
L
I
coalescence
assimilation
È
I
U
B
cible
phonétique
A
I
B
Y
I
Phonologie
output
ou bien...
36.2.
I, U
È
I
B
A
U
N
L
coalescence
assimilation
I
B
I
U
cible
phonétique
B
I
B
Phonologie
output
A
26.
Complexité relative des consonnes et des groupes consonantiques
C+
CC
O/O
O/S
Géminées Affriquées
CC°
OS
OL
[p:, t:]
[pf, ts] [br, tr]
C°C
SO
OG
[pj, tj] [rb, rt]
[sp, st]
[ps, ks]
C+
CC
C+
O/S
OO
Gém.
Affr.
OcF
O/N
O/APPR.
FOc
Oc-N
NOc
OL
[p:]
[pf]
[ps]
[sp] [pn]
APPR.-O
O-APPR.
OG
LO
GO
[mp] [pr] [pl] [pj] [rp] [lp] [jp]
[+sonorité]
28. Numéraux de un à cinq dans quatre langues indo-européennes
latin
grec (attique)
un
deux
trois
unus, una, unum
duo
tres
hes, mia, hen
dyo
tres
quatre
quattuor
téttares
cinq
quinque
pénte
arménien
mi
erku
erek
c_ork
Hoi(H)nos
duoh1
treies
kwetuo:r
5
6
7
penkwe
(s)uéks
séptm
= hoinos
= duoe
viens
divi
tris
c_etri
hing
29.
1
2
3
4
letton
pieci
8
9
10
h3ek'teh3
(h1)néun
dék'mt
= okto:
= (e)neum
= dékimt
30. Langues anciennes
Ho i(H)n o s
d u o h 1
tre ie s
k we t
latin
unus, una, unum
du o
tre
s
qu
a ttu o
grec (attique)
hes, mia, hen
dyo
tre
s
t
étta res
sanscrit
ékah, éka, ékam
du va
arménien mi
erk u
trà ya h
c
erek
c_
a t
u o :r
va ra
p
ork
h
p e n k we
r
qu inqu e
p
à nc
ént
e
a
ing
31. Langues modernes IE
Ho i(H)n o s
d u o h 1
tre ie s
k we t
albanais
një
dy
tre
k a tër pésë
ga llois
u n
da u
tri
pedwa r
pu mp
isl.
einn
tveir
lit.
viena s
du
k etu ri
penk i
letton
viens divi
thrir
u o :r
p e n k we
fjòrir fimm
trys
tris
c_ etri
pieci
32.
Syllabe initiale de *hoinos = "un", numéral, nominatif sg..
*hoinos > lituanien vienas, letton viens.
IE
*h oi n o s =>
| | | | |
Lit.
- ie n a s =>
Amuïssement #CDélabialisation
Décaler-B
# [h][oi]/ \
# [v] [ie]+
+
+
33.
*#oi >
*vai >
*ve:
> vie-
Délabialisation [o]
+
Décaler B[o]
+
Monophtongaison
+
Diphtongaison
+
Voici des fragments du modèle de Scheer (1996) pour la description d'obstruantes et
d'approximantes. J'isolerai ensuite les structures internes de [d], [w], [k] et [r] pour
l'explication de IE *dwo > arménien erku = "deux".
34.
Labiales
coronales
B
B
B
A
A
A
A
v
|
|
|
?
|
|
|
h
|
A
|
h
|
I
|
T
|
I
|
U
|
I
|
h
|
I
|
?
[p, b]
[Φ,β]
[f, v]
[r]
[l]
[l]
[s, z] [t, d]
I
|
I
I
|
B
U
[j]
[ë]
[w]
35.
dorsales
v
|
U
|
?
[k, g]
glides
v
|
U
|
h
[x, γ]
36.
Dans l'évolution IE *dwo > arménien erku = "deux", il me semble que le phénomène
est finalement plus trivial qu'il n'y paraît : il s'agit d'une restructuration de l'échelle de
sonorité et de l'échelle chromatique à l'échelle du signifiant, soutenue par la
resyllabation qu'enclenche la prothèse. Le reflet de *duo en arménien peut se
représenter comme suit du point de vue procédural et de la redistribution des éléments
infrasegmentaux :
A
v
|
|
I
U
|
|
T
?
|
|
# V [r]
[k]
V#
Prothèse-V
+
Approximantisation
+
Vélarisation
+
Occlusion
37. La représentation de cette reconfiguration donne le schéma suivant :
*IE > arm.
v
| \
U
|
|
A
|
v
|
U
I U
|
?
|
L
[d w]
#C+
A
[o]
V#
-
>
>
# [e]
(V)
I
|
T
[r]
C
U
|
?
|
H
[k]
C
[u]
V#
Il s'agit d'un véritable chassé-croisé de propriétés relatives aussi bien à la sonorité qu'au
chromatisme des segments à partir d'une structure relativement complexe (le segment
[dw] forme un ensemble complexe, ici noté C+, qui est réanalysé comme Vrk- par la
langue). La prothèse, qui relève du traitement des bornes lexicales, augmente la sonorité
du segment vers la gauche, et [d] passe à son équivalent approximant [r], phénomène en
soi trivial (cf. approximantisation du degré faible de [t] à l'ouest du réseau dialectal
finnois, infra. L'approximantisation -VdV- > -VrV- est commune en anglo-américain,
en basque dialectal, etc.). Dans la reconfiguration des phases de plosion et de
glissement de [dw] indo-européen en arménien, la position occupée par la plosive, sous
spécifiée en tant qu'obstruante coronale, conserve le trait coronal comme subordonné à
A (justifié selon Scheer par les propriétés combinatoires ouvrantes de [r]), tandis que la
vélarité du composant glide labiovélaire [w] est discrétisée en même temps qu'elle passe
de propriété tête à une position dépendante de v, qui se décale à droite pour former une
attaque syllabique. On peut également dire que la resyllabation prothétique joue comme
facteur de premier plan, puisqu'elle modifie l'équilibre des segments sur l'échelle de
sonorité.
En fait, l'originalité de ce changement phonétique tient à l'interaction de trois plans, qui
tendent généralement à agir dans des proportions plus inégales ou de manière
relativement plus autonome : structure syllabique, échelle de sonorité et échelle de
chromatisme (cad. relatif aux éléments de place, notamment les plus chromatiques : I,
U, B).
38. Une approche intégrée de l'interaction entre sous-composantes phonologiques
Le modèle dont je ferai usage dans [cet exposé] sera en fait minimaliste - sousspécifiant les constituants de manière notamment - et de configuration variable dans les
arborescences, pour des raisons ergonomiques d'une part (notamment pour faciliter la
démonstration ou la description des structures internes, quand certains nœuds-têtes
doivent être mis en valeur), et dans la mesure où les entités des inventaires segmentaux,
surtout consonantiques, du finnois, sont d'autant plus sous-spécifiables qu'elles forment
un système pauvre (il n'en va pas de même en revanche, de l'inventaire vocalique du
finnois, ni du consonantisme vote, carélien nord-oriental, lude et vepse). A un stade
ultérieur de ce type de recherche, une approche par domaines de représentations
phonologiques supposés rendre en partie compte du choix entre variantes dans une
perspective plus sémiotique, entendue comme structure ou forme du signe et champ de
variation de la forme du signe, pourrait se présenter comme suit :
1.Théorie de la syllabe et de la sonorité (cf. un modèle come celui proposé par Klein,
1993, v. aussi Angoujard, 1997, pour une théorie représentationnelle déclarative, à un
seul niveau représentationnel, intégrant théorie des éléments et théorie de la marque).
2.Théorie des traits (Clements & Hume, 1995) et Théorie X-barre de la constituance
syllabique (Scheer, 1996, 1998 Kaye, Lowanstamm et Vergnaud, 1990 ; Charette,
1990; Kaye, 1990 ; Harris, 1990).
2.1. deux opérations majeures : fusion (assimilations) et fission (dissimilations) et
principes d'association liés à ces deux principes majeurs (cf. le cadre classique de la
phonologie autosegmentale, avec les notions d'association et de désassociation de
propriétés dans une architecture de paramètres constitutifs du Signifiant, v. Goldsmith,
1990). Un modèle bien plus riche est proposé par Schane (1984), qui offre une bien
plus large palette d'opérations fondamentales de regroupement, éclatement et diffusion
des traits : fusion, fission, mutation, clonage, etc. (Schane, 1984 : 134).
2.2. matrices de traits hiérarchisées (géométrie des traits, cf. Clements & Hume, 1995,
Mota, 1996, v. aussi Harris, 1990 en phonologie des particules).
2.3. structure interne et constituance : un segment C ou V est défini comme une
organisation de traits hiérarchisés ou de propriétés en interactions régies par des règles
de gouvernement, qui se manifestent essentiellement comme des systèmes
d'alternances, des harmonies vocaliques ou tonales, des allongements compensatoires
(cf. Kaye, Lowenstamm & Vergnaud, 1985, 1990, Scheer, 1996).
3. Théorie de la marque. La marque se répartit en deux domaines : l'un correspond au
"marquage" des sons en termes de complexité de la structure interne des consonnes et
des voyelles selon les inventaires des langues ainsi qu'en termes de naturalité
(hiérarchie de complexité des inventaires attestés dans les langues du monde et par
l'acquisition ou la perte du langage), l'autre relève de la morphologie et de la théorie de
l'iconicité, cad. du rendement sémiotique, fonctionnel, d'unités discrètes constitutives de
segments ou de phonèmes. L'enjeu est grand, de faire converger dans un même modèle
explicatif une théorie du phonème et une théorie du morphème : il constitue un des
aspects du programme de recherche issu de la phonologie générative. Chomsky & Halle
(1968) intégraient la marque ou le marquage phonologique dans une théorie de la
grammaire des sons tournée plus vers les règles procédurales que vers les inventaires et
les corrélations, à la différence du paradigme pragois. En intégrant la notion de
marque, héritée de la phonologie pragoise - notamment à partir du tournant que
constitue l'ouvrage de Roman Jakobson sur la symétrie des processus d'acquisition et de
perte des sons du langage et ses implications pour la catégorisation des sons du langage
, cf. Jakobson, 1941 -, la phonologie générative allait développer une théorie de la
naturalité phonologique (Hooper, 1976, Stampe, 1973, Donegan, 1978 ; v. en
dialectologie albanaise le modèle besé sur une échelle de marquage phonologique et de
sous-spécification développé dans Trumper & Belluscio, 1992) dans la continuité de
l'approche morphonologique amorcée par SPE (Chomsky & Halle, op. cit.).
Afin de mieux définir la notion de marque, prérequis important pour ce qui va suivre, je
rappelle les principaux arguments en faveur d'une théorie de la marque en phonologie et
en morphologie à partir du tableau qu'en propose Mayerthaler (1988 : 3).
Partant d'une équation aussi simple que marque et marquage = complexité - ce dernier
critère se référant par exemple au nombre et à la hiérarchie des traits de sonorité et de
chromatisme qui caractérisent les segments C et V -, on recueille des données
empiriques sur les domaines suivants, ici résumés :
**[Attention : tout ce qui est en italiques dans ce qui suit est directement "pompé" et
traduit de Mayerthaler, Willi, 1988 : Morphological naturalness, Karoma, New York
(traduction de l'allemand). Rendons à César et à Mayerthaler...]
39.
I. Arguments externes
1) Acquisition du langage : les unités (phonèmes et morphèmes) moins marquées sont acquises avant
les unités plus marquées.
2) Tests de perception : le moins marqué est relativement plus facilement pereptible, ou plus aisé à
décoder que le plus marqué.
3) Spoonerismes, lapsus linguae et slips of the tongue : les segments davantage marqués sont plus
susceptibles de provoquer des lapsus linguae que les segments moins marqués. L'accès au lexique serait
moins immédiat pour les premières que pour les dernières, comme si le calcul en était plus long (v.
pour une approche de l'accès aux composantes du lexique mental Aitchinson, 1987)
4) Troubles du langage : aphasie, perte du langage. Les formes plus marquées (cad. cumulant les trois
précédents critères, qui augmentent la complexité et le degré de secondarité des unités linguistiques)
seraient perdues avant celles moins marquées.
II. Arguments internes
5) Diachronie, évolution linguistique : hormis les processus d'emprunt et d'hypercorrection, les formes
moins marquées tendent à prévaloir sur les formes plus marquées ( les passages en italiques sont tous
de Mayerthaler).
J'ajoute que le marquage tendrait à se résorber, si l'économie des changements phonétiques ne suivait
pas le principe général de cyclicité des changements en chaînes, tels que les cycles vocaliques (cf.
leGreat Vowel Shift de l'anglais) ou consonantiques (loi de Grimm), - cf. Martinet (1955), et la synthèse
de Labov (1993), qui montre la continuité entre les néogrammairiens, qui pensaient en diachronie
absolue dans une orientation finaliste (l'évolution), et le structuralisme, opérant en synchronie
dynamique (les états parallèles et successifs de la structure). Non seulement les voyelles et les
consonnes entrent en cycles, mais aussi les systèmes tonaux (cf. la tonogenèse scandinave, ou le cycle
tonal survenu entre le proto-baltique et les dialectes baltes anciens et modernes (lois de Saussure et de
Leskien concernant le lituanien, v. Gauthiot, 1903, Collinge, 1985 : 149-152, 115-116) . On reconnaît
donc désormais que le mouvement évolutif n'est pas finaliste, mais cyclique (cf. Aitchinson, 1991), ce
qui implique par conséquent que le marquage est traité et retraité de manière continue dans le processus
d'évolution linguistique, ainsi que dans celui de diversification linguistique.
6) Pidgins et créoles : les formes plus marquées seraient les premières à être éliminées du processus de
glottogenèse créole, et la créolisation favorise l'émergence de formes moins marquées.
7) Typologie interlangue des inventaires : les formes moins marquées seraient plus communes.
L'existence de catégories marquées implique nécessairement l'existence de catégories non marquées.
8) Fréquence du type et des occurrences : les formes moins marquées sont plus fréquentes dans le
lexique et la grammaire que les formes plus marquées.
9) Analogie : alignement paradigmatique, extension, diffusion phonolexicale : les formes moins
marquées dominent généralement dans les processus d'analogie observés. Quand les deux termes
entrent en compétition, le conflit est souvent résolu par le choix de la forme moins marquée.
10) Irrégularité (exceptions) : les irrégularités utilisent plus les formes non marquées que les formes
marquées comme matériaux.
11) Neutralisation ou syncrétisme d'unités phonologiques : quand une position est partagée par un
terme marqué et un terme moins marqué, le syncrétisme opère à partir de la forme moins marquée.
12a) Codification ou symbolisation morphosyntaxique : les formes encodées comme relativement
moins riches en traits sont souvent - mais pas toujours - utilisés par les langues pour marquer les
catégories non marquées ou relativement non marquées.
12b) Codification ou symbolisation phonologique : toute catégorie qui présente un exposant relevant
d'un caractère de complexité phonologique supplémentaire a des chances d'être un terme marqué dans
le système phonologique : par exemple, les consonnes palatalisées, ou labialisées, les présonorisées
[mb], [nd], [ng], etc
Par codification ou symbolisation, on entendra iconicité, en termes de rendement
distinctif, qui est synonyme de rendement informatif d'une unité C ou V du squelette
CV, dans une chaîne de segments hiérarchisés à plusieurs niveaux en syllabes et en
pieds. La marque est de l'information iconique qui s'harmonise d'une part sur des
schèmes lexicaux (radicaux et affixes) exprimés sous formes de segments constitués
d'atomes (les traits) et réunis en clusters syllabiques (Attaque-Rime ; Rime-Coda),
d'autre part sur les gabarits métriques (Halle & Vergnaud, 1987 ; v. revue critique de
Laks, 1993a, et 1993b. Laks (1993a) confronte les modèles du type Grille et
Constituants aux modèles Grille seule : le premier dispositif étant falsifié par les
violations de contrainte de domaines et de bornes à la lumière des données observables,
tandis que le second, qui ne connaît pas les contraintes de domaine en constituants,
opère avec une relative autonomie sur la base de principes généraux. Du point de vue
des dérivations diachroniques ou dialectales (le changement linguistique), l'interaction
des traits segmentaux (de sonorité) et suprasegmentaux tels que les tons syllabiques,
aussi bien que les tonalités intrinsèques des segments (bémolisé ~ strident = grave ~
aigu) susceptibles de devenir tons, le principe d'iconicité va croissant sur un continuum
:
(2) Hiérarchie d'étagement de l'iconicité dans les constituants linguistiques :
Syllabe >> thème morphologique lexical
morphosyntaxique et pied métrique.
ou
grammatical
>> constituance
Bien que le plan prosodique et métrique rende compte de nombreux mouvements de la
structure aussi bien d'ordre phonétique et, à terme, phonologique, que d'ordre
sémiotique, par la délimitation des séquences lexicales et syntaxiques, je le laisserai de
côté dans un premier temps de l'analyse. Je retiendrai des théories de la constituance
métrique la notion de bornes, entendues comme frontières lexicales et syntagmatiques,
et de domaines, entendus comme champs de contours de tonalités segmentales, parties
intégrante de la mise en signifiant, ou symbolisation linguistique (l'ensemble de gestes,
de signaux et de percepts impliqués dans le processus d'encodage-décodage).
(3)
+mP = marque phonologique : simplicité ou complexité de la structure interne des
constituants consonnes et voyelles (CV), en éléments (ou atomes, particules, traits) de
modes de sonorité, ou de chromatisme (tonalité : opposition aigu versus grave).
+mG = marque morphologique : flexion, dérivation, et, dans une moindre mesure,
ajustements componentiels (composition).
Viennent ensuite deux théories indispensables à l'évaluation de la complexité
segmentale dans un réseau dialectal :
- Théorie de la marque phonologique (v. notamment Steriade, 1995)
- Théorie des traces (redistribution de traits componentiels, reconfigurations)
Reste un ensemble de phénomènes liés à une théorie du sandhi et du bornage du
signifiant :
- Théorie des bornes et des domaines (bornes ou #, ce signe dièse représentant une
frontière de mot, ou effacement de segments CV en position de bornes segmentales).
Un des paradoxes du changement linguistique est qu'il n'hésite pas à perturber,
modifier, réanalyser l'interface Signifiant-Signifié : l'effacement de constituants
syllabiques tels que consonnes et voyelles en frontière de mot, même porteurs de
marques morphologiques, est attesté dans toutes les langues flexionnelles. Les systèmes
d'oppositions se refont et se réorganisent dans un mouvement cyclique, quelles qu'en
soient les conséquences à terme.
Prenons un exemple d'événement déclencheur de mouvements systémiques qui relève
d'une sous-théorie du signifiant : la théorie des bornes. Je pose que l'effacement
vocalique (aphérèse, syncope et apocope) en surface correspond à un décal de la
frontière lexicale, ou borne #, et correspond à un zero prosodique et squelettal. Ce degré
zero en prosodie, conditionné notamment en surface à la fois par des facteurs
rythmiques et des redistributions de positions et relations morphosyntaxiques, fait
redescendre ses effets dans la structure lexicale et morphologique. En quelques siècles,
une langue peut défonctionnaliser ses positions thématiques dans les radicaux en
effaçant par exemple ses voyelles finales et en reportant les désinences sur des
déterminants ou des prépositions, changeant radicalement ses caractéristiques
morphologiques de synthèse ou d'agglutination. L'ancien slave n'a pas hésité à reculer
les bornes flexionnelles en effaçant les consonnes finales, provoquant une série de
changements en cascade qui vont conduire à une réorganisation des marques
flexionnelles, qui sont transférées aux voyelles thématiques, comme le faisait remarquer
Bréal en 1869, dans son "Introduction au tome troisième de la Grammaire comparée
des langues indo-européennes", en réalisant une synthèse du travail cumulatif de Bopp
(vol. 3 de la Grammaire Comparée...) :
(4)"(...) l'ancien slave a subi les effets d'une loi phonique extrêmement rigoureuse,
d'après laquelle toutes les consonnes qui se trouvaient primitivement à la fin des mots
ont dû être supprimées. (...) Ce n'est pas que les idiomes slaves, tels qu'ils existent
aujourd'hui, ne puissent supporter une consonne finale : ils les souffrent, au contraire,
fort bien, et ils ne témoignent d'aversion pour aucune. Mais ce sont, pour employer
l'expression de Bopp, des consonnes de la seconde génération, c'est-à-dire des
consonnes qui se trouvaient d'abord comprises dans le corps du mot, et ne sont arrivées
à en occuper la fin qu'après que les finales primitives eurent été rongées. On comprend
aisément quels ravages une pareille loi a dû exercer sur les désinences grammaticales :
beaucoup ont disparu absolument" (Bréal, 1869, p. 5 de l'introduction au tome
troisième de la Grammaire Comparée de Bopp).
Le ton lyrique et la vision quelque peu organiste de Michel Bréal a l'avantage de mettre
en relief un phénomène de déplacement de bornes et ses conséquences étendues sur le
système flexionnel. Or, le déplacement de bornes est situé très en surface de la langue
(plan du Spell Out dans les théories génératives récentes), en dépendance étroite avec le
séquençage rythmique. Une des causes en surface de la réduction des finales est la
nécessité de compacter l'information morphologique en relation avec le tempo de la
parole (styles adaggio vs. allegretto, presto, etc. cf. Clements and Keyser (1983). Une
grande partie de l'activité des règles phonologiques de contraction syllabique, de fusion
de groupes vocaliques ou consonantiques à l'oral, de lénition, sont dues au compactage
du signifiant à l'oral. Une grande partie des règles phonologiques est mobilisée par ce
compactage.
40.
Syllabe
σ
Attaque
A
|
|
|
C
Syllabe
σ
\
Rime
R
|
|
|
V
Attaque Rime
A
R
|
|
| Noyau Coda
C
V
C
41. Parallélisme des processus modifiant la nature des constituants syllabiques [vocalique] :
Attaque
Coda
- Conservation
- Conservation
- Lénition
- Assimilation ou dissimilation
- Harmonie syllabique
- vocalisation et coalescence
(palatalisation, vélarisation)
- Amuïssement
- effacement par simplification de groupes CC(C)
42. Paramètres à prendre en compte
- C° et V° = contoïdes et vocoïdes têtes, projection de traits dans des domaines
- décaler # (=> effacement : apocope, syncope, => augment (prothèse et épenthèse)
- fusion vs. fission (assimilation vs. dissimilation)
- Trace (t) : coalescences (nasalisations, labialisations, palatalisations)
- Marque :
+mP = Phonologique (hiérarchies, sons primaires et secondaires, degré de complexité)
+mG = Grammatical (ajustement, flexion)
NB : "m-" dans +mP vaut pour "marqué" (+mP = marqué phonologiquement)
Cet ensemble de concepts en revanche, constitue un modèle hiérarchisable. On peut par
exemple poser la question : quelles peuvent être dans une langue/un dialecte L les
conséquences de stratégies de coalescence ou d'effacement dans les domaines
prosodique (x x), syllabique (σ) et morphologique (+m) - en spécialisant ici l'usage de
"marque" - ? Dans la mesure où coalescence ou effacement ont laissé des traces, le
problème pose les traces comme foncteur :
43.
(t) ( (I, A, U, I, B) (σ), (xx), (+m)), soit
(trace)((contour), (syllabe), (mètre), (marque))
44. Des inputs et des outputs
Flexion nominale dans quelques langues et dialectes fenniques :
Matériaux lives de Tiit-Rein Viitso (1981)
Nom.- Génitif Nom.- Génitif Partitif
Singulier
Pluriel
Singulier
NB : en live, "-e" final (-e#) se lit comme un schwa dans cette transciption
phonologique.
-aCa- Morphol.
Live
Finnois
-aCa- Morphol
Live
Finnois
Dial. Fin.
-iCe- Live
Finnois
Savo, Häme
V,AC)
KALA
kalà
[kala.]
kala
PATA
padà
pata
KIVEki'uv
kivi
kivi
KALA-T
kalàd
[kala.d]
kalat
KALA-τA
ka'lle = poisson
[k'a?ll´]
kalaa
PATA-T
PATA-τA
padàd pa'dde = marmite
padat
pataa.........(Efface-C-)
(O,S,C) pattaa.....(AC)
(H) palat, parat ;
(O)pajat...(Approx.)
(S, C) paat, ....(Efface-C-)
(S, C) poat, puat....(Fission-R)*
KIVE-T
kivìd
kivet
kivet
KIVE-τA
ki'uvve = pierre
kiveä
kivvee (Fusion-
45. Loi de Grimm : la mutation consonantique en germanique
Telle quelle, cette hiérarchie aide à observer des phénomènes de mutation consonantique,
cad. des restructurations successives de corrélations phonologiques, telles que la
corrélation d'aspiration (ph, th, kh ou bh, dh, gh s'opposant à p, t, k / b, d, g) ou celle de
sonorité (p, t, k s'opposant à b, d, g comme en français dans les paires minimales
paix/baie ; toit/doigt ; coût/goût ). Le changement des rapports d'oppositions en
corrélationsASPIRÉES
/
NON
ASPIRÉES,
SOURDES/SONORES
et
STOP/CONTINUES qu'entretenaient les occlusives et les fricatives de la proto-langue
indo-européenne sont modifiés par une redistribution progressive des traits d'opposition
entre corrélation. Un exemple célèbre est la loi de Grimm (1822), décrite par Grimm à
partir des observations de Rask, qui s'applique à des cycles de renforcement et
d'afaiblissement de séries consonantiques. Ceci passe évidemment par des processus, qui
sont, dans l'exemple classique des deux phases, de l'IE au germanique commun (GC)
dans un premier temps (stratégies de renforcement), puis du GC au gotique (langue
germanique d'Europe centrale éteinte au 4è siècle après JC).
Phase 1 : de l'IE au GC (-4000/-3000 av. JC)
La corrélation de sonorité de l'indo-européen (IE)
*IE :
b
p
d
t
g
k
gw
gwh
passe à une corrélation d'aspiration en germanique commun :
* Germanique :
p
ph
t
th
k
kh
gwh
kwh
Ce transfert de propriétés d'une corrélation à l'autre opère comme en A) et B) :
A) Désonorisation des occlusives sonores non aspirées
b>p
d>t
g>k
B) Aspiration des occlusives sourdes non aspirées
p > ph
t > th
k > kh
En termes de degré de force articulatoire, selon l'analyse classique, on présente les séries
de phénomènes comme suit, de A) à C) dans l'ordre chronologique :
46.
Phases A
B
C
b>p
d>t
g>k
p > ph
t > th
k > kh
DÉVOISEMENT
SPIRANTISATION
ASPIRATION
D
bh > b
dh > d
gh > g
ph > f
th > θ
kh > x
DÉSASPIRATION
- VOISÉE
Selon notre échelle de force, en reprenant les degrés de force numérotés de 1 à 9 :
=
b>p
d>t
g>k
p > ph
t > th
k > kh
4>2
2>1
La relation est transitive, c'est à dire qu'on passe directement d'un degré à l'autre d'une
échelle de force : chaque corrélation se décale.
47.
FORTIS
LENIS
OCCLUSIVES
FRICATIVES
p
ph
b
bh
f
48. Irlandais
Le schéma de mutation consonantique (phénomène panceltique) illustre une
convergence de facteurs tels que
- Phonotaxe des sommets (voyelles) et des transitions (consonnes), soit S.CV
- Domaines
- Iconicité : alternance des éléments h, L, N essentiellement, cad. des critères de
sonorité. C'est une division en trois de cette propriété qui réorganise la flexion dans le
domaine syntaxique du SN :
34.
L (sonorité)
h
N
L
spirantisation
Lénition
Nasalisation
Ici, le phénomène dépend hautement de la théorie CV, ou théorie de la sonorité. Du
point de vue aréal, la branche brittonique (par ex. Gallois, Cornouaillais, Breton)
exploite intensivement les trois modalités (en nombre de phonèmes ou unités C
impliquées et en nombre de paradigmes, cad. en termes de catégories et de paradigmes
morphologiques), tandis la branche goïdelique (Gaélique d'Irlande et d'Écosse) utilise
un système plus restreint (cf. Russel, 1995).
Vocalismes
49. Système sicilien : voyelles toniques
I
i
@
I
E
O
O
È e E a O o ø
u
i
E
E
A
a O
U
U
latin classique
duree
latin vulgaire
et
proto-roman
aperture
sicilien
u
aperture
de trois
degres
50.
Évolution
Latin classique
Étymons
latin parlé
(lat.vulg.)
sicilien français
f'ilum
f'ilu
I>i
=>
FILUM
>
I>i
=>
NIVEM n'Iwem >
n'ivi
E>i
=>
TELAMt'elam
>
A>a
=>
MATREM
O>u
=>
U>u
U>u
=
=
poil
t'ila
=
m'atrEm>
m'ad’e =
mère
VOCEM
v'okEm >
v'utSi
=
voix
=>
NUCEM
n'økEm >
n'utSi
=
noix
=>
LUNAM
L'una
>
l'una
fil
toile
=
lune
[D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica,
Bompiani, Milan, p. 42 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.]
51. Voyelles atones du sicilien :
i
u
a
Dialecte émilien-romagnol
Voyelles en syllabe fermée, bolognais
I
i
I
E
E
A
O
È e E a O o
O
ø
U
latin classique
U
latin vulgaire
et
proto-roman
u
bolognais
e
a
E: a:
o:
a
o
Correlation
de durée
allongement
compensatoire
Voyelles en syllabe ouverte
i
i
È e E a O o
aj
e:
E:
o:
ø
u
aw
longues
diphtongues
u:
53.
Voici maintenant des faits, avec deux nouveaux tableaux d'étymons latins. Cette fois-ci, je note les
voyelles entravées avec une représentation syllabique : IC- > e- signifie I latin fermé par une consonne C
devient -e-. Par souci d' économie dans cette description rapide, je ne spécifie pas pour le moment ce
qu'il advient de la consonne de coda latine.
Évolution
français
Latin classique
latin tardif
bolonais
Étymons
IC- > e =>
DIXIT
d'iksit
IC-> e
=>
EC- > e =>
CRESCIT
EC- > E
=>
SEPTEM
s'EptEm >
s'E:t
=
sept
AC- > a
=>
GATTUM
g'attum >
g'a:t
=
chat
OC- > O
=>
OSSUM 'Ossum
>
'o:s
=
os
OC- > a =>
OLLAM
>
'al:a
=
PISCEM
>
p'IskEm >
kr'eskit >
'ollam
dis:e
=
p'as:
kr'as:
(il) dit
=
poisson
= (il) grandit
marmite
UC- > a =>
RUSSUM
r'øssum >
r'as:
=
rouge
UC- > o =>
EXSUCTUM Eks'uktum >
s'ot:
=
mur
[D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica, Bompiani, Milan, p.
42 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.]
Ce qui se passe là, c'est une redistribution relative de la durée : dans une chaîne VC, l'une des deux doit
être brève ou longue. C'est un phénomène de durée compensatoire. Dans un tel système, le statut
phonologique de la durée des voyelles et des consonnes est tout relatif. On observe qu'en contrepartie les
écarts entre timbres vocaliques se sont réduits. Le système tend à centraliser les voyelles du triangle,
dont plus aucune n'a le trait [+haut] (lire -i-, -u-) :
54. Bolonais : triangle des voyelles entravées
e
E:
o
o:
a
Mais ce système n'est pas encore phonématique, puisqu'on a vu que -E:- et -e-, -o:- et -o- sont des
allophones syllabiques : la voyelle est brève si la consonne suivante est longue (dis:e, p'as:, kr'as:, 'al:a,
r'as:, s'ot: ), elle est longue si la consonne est brève (s'E:t, g'a:t, 'o:s ). Il s'agit donc de distribution
complémentaire. A un niveau supérieur d'abstraction, nous noterons donc comme inventaire :
Bolonais, voyelles entravées, catégories phonématiques
e
o
a
Un regard jeté sur le tableau des évolutions à partir des étymons montre une tendance à un fort
abaissement des timbres vocaliques. Nous saisissons l'aboutissement d'un processus qui, s'il a pu être
graduel au début (période romane : IVè-IXè siècle), a pu brusquement s'accélérer :
55. De -i- bref latin entravé à -a- bolonais
Temps :
T1
T2
T3
T4
T5
T6
I
>
I
>
e
>
E
>
œ
>a
Le tableau suivant apporte des étymons pour illustrer les évolutions en diphtongues ou monophtongues
longues des voyelles libres du latin :
56.
Évolution
français
Latin classique
latin tardif
bolonais
Étymons
I > i:
=>
AMICUM
am'ikum
I > aj
=>
PILUM p'Ilum
>
p'ajl
= poil
E > aj
=>
TELAMt'elam
>
t'ajla
= toile
E > e: =>
METIT m'Ettit >
A > E:
=>
PACEMp'akEm >
O > o:
=>
ROTAM
m'e:d
>
am'i:g
= ami
= (il) récolte
pE:z
r'Ottam >
= paix
r'oda
= roue
O > aw =>
AMOREM
am'orem>
am'awr = amour
U > aw =>
CRUCEM
kr'økEm >
kr'awz = croix
U > u:
=>
LUCEM l'ukEm
>
l'u:z
=lumière
[D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica, Bompiani, Milan, p.
42 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.]
Ce système en syllabe ouverte répartit la durée et le timbre selon les classes : les unités [+hautes, +
tendues] telles que /i:/, /u:/ se maintiennent, mais les voyelles [±hautes, α tendues], cad. moyennes
hautes (/e/, /o/ et les anciennes hautes relâchées ['I], ['ø] se diphtonguent : ['aj], ['aw], chacune fermant
par un glide antérieur [-j] pour les voyelles [+avant], postérieur [-w] pour les voyelles [-avant]. Chaque
série dans sa classe naturelle. Les voyelles [± basses] s'allongent : [E] > [e:], [O] > [o:]. Elles se
maintiennent dans leur classe, et cette option s'accompagne d'un allongement de la durée du noyau
syllabique : -E- passe à -e:-. Une brève relâchée devient tendue longue. Une basse devient [± haute].
C'est un cycle vocalique (vowel shift). Dans la mesure où voyelles longues et diphtongues sont des
constituants syllabiques lourds, on peut postuler qu'il s'agit d'une seule et même catégorie, avec des
ajustements mélodiques (diphtongaison = modulation du timbre).
Notre triangle des voyelles toniques libres du bolonais sera donc :
57.
i:
u:
e:
o:
aj
aw
La synthèse est donc
58.
Bolonais :
Voyelles toniques libres
i:
u:
e:
o:
aj
aw
59. Abruzzes nord et Marches sud
entravées
e
o
a
I
i
I
È
E
E
A
e E a O o
@ i
a
O
O
ø
u
o
U
U
latin classique
duree
latin vulgaire
et
proto-roman
aperture
sicilien
u
aperture
de trois
degres
60.
Évolution
français
Latin classique
latin parlé
Abruzzes
Étymons
(lat.vulg.)
(Teramo)
I>a
=>
PILUM
p'ilum >
p'al´
E>a
=>
MENSEM
m'EnsEm
>
m'as´
E>a
=>
METIT m'etit
>
=
il/elle récolte
m'at´
=
poil
=
table
Marches (Ascoli Piceno)
I>a
=>
LINGUAM
l'iNgwam
O > O =>
OCTO 'Okto
>
O>o
=>
SOLEM s'olEm >
s'al´
U>o
=>
CRUCEM
kr'økEm >
>
l'aNgwa =
'att´
=
=
soleil
kr'atS´ =
croix
langue
huit
[D'après Anna Laura Lepschy & Giulio Lepschy, 1988 : La lingua italiana : storia, varietà dell'uso, grammatica, Bompiani, Milan, p.
44 ; trad. italienne de The italian language today, Hutchinson, Londres.]
61. Voyelles "fortes" du frioulan
La situation décrite par la carte de Francescato (in Giovanni Frau, 1985 (?) : Friulano,
Profilo des dialetti italiani, Pacini, Pisa) est la suivante
VV
V:
VV
V:
= voyelle longue
= diphtongue
L'aire à pointillés correspond à l'extension des voyelles hautes et moyennes longues,
non diphtonguées. Cette aire de rang 1 taxinomique (monophtongues longues versus
diphtongues) est elle-même discontinue. Les aires secondaires de diphtongaison
s'étagent vers l'ouest, se fragmentant en descendant du nord-ouest. La diphtongaison va
croissante vers le sud-ouest en équerre, comme le montre le schéma ci-dessous. Les
paradigmes sont reportés dans le tableau suivant, où les numéro correspondent aux aires
du schéma.
62.
31.
3
1
2
2
3
1
6
5
4
La progression de 1 à 6 cumule les séries de dérivations diachroniques, ou cycles
vocaliques, avec des orientations spatiales bien nettes du nord au sud-ouest.
63. Voyelles toniques longues issues des voyelles moyennes du latin vulgaire [e], [o],
[E], [O] :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
e
o
E
O
e:
ei
ia
e:
ei
ei
o:
ou
ua
o:
ou
eu
i:
i:
ei
ei
ei
ia
u:..............[± haut], [± contour]
u:
ou..............[± bas], [± contour]
ou
ou..............[+ contour], [± bas]
eu
NB : l'accent tombe sur la première more du noyau lourd : 'ei, 'ou
Des arbres taxinomiques (fennique)
ma:, pæ:
1
1'
-AA2
ma:, pe:
mo:, pe:
moa, peä
AA
3
3'
-OA-, -UA-
maa, peä
mua, piä
4
4'
maa, pie
(8)
d'après carte n° 154, Kettunen 1926
-oo-ee-
-oa-eä-
-aa-ää-
-ua-iä-aa-ie-aa-EE-
-aa-eä-
(9)
1
3
4
2
3'
4'
1'
d'après carte 154 (suite)
(10)
2
ea
D
1
ia
D
eja
ee
3
4
ee
3
4
ii
2
4'
i
D
2
ii
D
ia
ja
La carte schématique synthétise la distribution aréale de la diphtongue secondaire issue
de la séquence vocalique -eA résultant de l'amuissement d'une consonne intervocalique
dans le suffixe adjectival /ea/ : * eδA > ea : *korkeδa > korkea = haut, * pimeδa >
pimeä = sombre, carte n°191, Kettunen, 1926.
68. La carte 191 de l'atlas de Kettunen nous donne les formes
kork(k)ea, kork(k)eja, kork(k)ee, kork(k)ia, kork(k)i(i), korkki ; pimeä > pimmeä,
pim(m)ejä, pim(m)ee, pim(m)i(i), pimmi.
Là encore, le monde se divise en deux : conservation de l'enchaînement consonantique
ou de la diphtongue secondaire d'une part, contre réduction d'autre part. Sur cette
division majeure se greffe l'allongement compensatoire (AC). Plus que d'un véritable
AC, qui suggérerait qu'il y a allongement pour récupérer des matériaux effacés plus bas
dans le mot (comme dans la montée suffixale de l'estonien et du live), il s'agit en fait
d'un allongement à finalité isochronique : équilibrer le poids segmental de la syllabe
thématique avec le poids de la syllabe radicale. Je conserverais cependant le label AC
par commodité. Notez que "D" vaut pour "durée", et signale l'allongement.
69. Traitement sans AC :
p
i
m
k
o
r
70. Traitement avec AC :
p
k
i
o
m
r
k
D
|
m
k
k
e
e
ä
a
e
e
(D)
|
(ä)
(a)
Le processus relève à la fois de la syllabation (la coda de la syllabe tonique attire
l'attaque de la syllabe atone consécutive) et de la frontière entre domaines : syllabe
tonique radicale d'une part, syllabes atones environnantes. Dans ces deux cas, qui
représentent respectivement la "gemination générale" (pimeä > pimee > pimmee) et la
"gémination spécifique" (korkea > korkee > korkkee), l'allongement compensatoire joue
sur le squelette métrique , soit en équilibrant le domaine médian du mot (pimee >
pimmee ; korkee > korkkee), soit en allégeant d'une more la borne finale pour
augmenter d'une demi-more la borne médiane (pimmee > pimme ; korkkee > korkke),
suivant par conséquent deux stratégies répondant au principe d'isochronie.
71.
(11)
-ija
-EA-
-ia
-eja
-ia
-ia
-i
-ea
-ea
-ea
-ii
-ii
-ee
-EE-
(12)
2
ea
D
1
ia
D
eja
ee
3
ee
3
4
ii
2
i
D 4'
2
ja
ia
ii
D
Arbre taxinomique 3
aira
+ IM i
Apocope
+ IM V
aer
aura, aora
+ IM u
Apocope
R1 =
aor
arra
+ IM R
Allong. R1 aarra
Allong. R1
a-T( )R(a)
aara
- IM TR
Apocope
aar
atra, adra, adru
- IM TR
aatra
uatura
Allong. R1 Dipht. R1
épenthèse
- IM TR
Métathèse - [
aarta : aarran
αIM TR
Métathèse
Assim. -]
NB : IM = Intégration Moraïque
ex : lat. tard. pa-dre > occitan [p'aj-re] ; ma-dre > [m'aj-re]
a i r a
+ IM
x x x x
R A R
- IM
a t r a
aarta : aarran
uatra
latva
σσ
ladev
-ô-u-
latva
latv
σ
latl
latp
labl
Arbre taxinomique 5
I
latva
ladva
latv : latva
II
latf
latp
ladv
LAT( )V( )
latl
labl
laadev
ladev
laduv
ladôv
III
ladïv
lade
l a d e v
ARAR
l a t v -
AR
A R
l a t v a
lada (live)
lado
ladu : ladva
III
latv
II
latv
latva
I
latp
latl
III
ladu : ladva
ladEv
II
latv
77. Testing lexicality ... Would you mind being lexically correct ? Thanks !
OK m
OK m
OK m
OK m
*
*
e
e
e
e
t t ä
θ θ ä ,
h t ä
h h ä
m e h s ä , *
m e s t ä
m e s s ä
m e h θ ä
=> [[-cont. [+ cor.]]
=> [[+ cont. [+ cor.]]
=> [[α cont. [α cor.]]
=> [[+ cont. [− cor.]]
=> *[[+ cont. [α cor.]]
=> *[[α cont. [+ cor.]]
13)
* tts
∗ ϑϑ
* tts
-C/C-
-CC-
ts
[+cont.] [-cont.]
ts'
ht
ts
-C/C-
ss
ts'
tt
ϑϑ
ht : ht
s'
-C/-
[+ front]
[- front]
ss
[cor]°
hh
[cont.]°
ht : t
ht : h
79. Saareste, 1955a : map 73, p. 61. Pronoun P1, genetive sg. MINU(N) = of me
münu
minu
mi'n
minu(n)
miun
mino
minu-n
miu
moo
muu'
muu
80. Pronoun P1, genetive sg. MINU(N) = of me. Areal distribution.
miun
münu
mo(o)
minu
miu
mo(o)
mino
miu
mu(u)
Livonian
mi'n
mu(u)'
81. Back to phonological criteria : revisiting classical sketches.
Standard division of Estonian dialects.
A
Vi
W
C
M
Kv
T
V
S
82. Kettunen account of Kodavere (Kv), in EKÄH, 1962 : 199 revisited in a
taxinomy tree (have a look at the nightingale in the upper branches).
30a)
+ Narva, + Votic
Consonant cluster
Shift
-st- > -ssmustad > mussad
*-kn- > -hnnähnòd, tehnòd
-ht- > -sthaukahtapi >
augàstab
Sonority scale
Kodavere
Kv
Shwa
VdV
madùd
Shwa infl. altern.
vihìma : vihma
o > u in polysyllabic patterns
u > o in disyllabic patterns
Back vowel
shift
o>ô
ôràv, kôhè, ôkks
83.
84.
Kodavere C
-CC-HC-
vCv
-st-
τ
-ss-
-d-
-ss-
*-kn-hn-
-ht-
-ht-
-st-
85. Westen & Archipelago Estonian vs. Standard Estonian
Western Estonian (W) and archipelago (A)
According to Kettunen's EKÄH, 1962 : 197.
WA
SE
WA
SE
b
d
pp tt
g
kk
ng
nk
WA
SE
ht > hj nähja, tehja, kohja
ht > h näha, teha, koha
WA
SE
VdV > VjV muja, uju, ujed
VdV > VdV muda, udu, uued
WA
SE
#v > Ø okk, öö
#v > #v : vöö
WA -Lv- > -li- talji, järji
SE -Lv- > -lv- talv, järv
86 Main parameters accounting for Kettunen's sketch
C in W&A Estonian
Sonority scale
Gradation
Geminates
General
Lenition
b
d
g
Labial Lenition
# (v)
Place spec.
dorsal
sonorants
Nk
vTv
-L(v)i
coronals
hT
87. Références pour la section fennique/finno-ougrienne :
Références pour le domaine fennique
Abondolo, Daniel, 1998 (éd.) : The Uralic Languages, Routledge, Londres.
Abondolo, Daniel, 1998 : "Finnish", in Abondolo, Daniel, 1998 (éd.), pp. 149-183.
Andersen, Henning, 1993 : "le lingue slave", in Ramat & Ramat, 1993 : Le lingue indo-europee, Il Mulino,
chapitre "le lingue slave", pp. 441-480.
Chen, M. & Wang, W., 1975 : "Sound change : actuation and implementation", Language, 51 : 255-281.
Clements, G. Nick. & Keyser, S. Jay, 1983 : CVPhonology : A Generative Theory of the Syllable, Cambridge,
MA., MIT Press.
Dressler, Wolfgang U., 1984 : "Explaining Natural Phonology", Phonology Yearbook, 1, Ewen Colin & Anderson,
John (eds.), pp. 29-52.
Goldsmith, John A.(ed.), 1995 : The handbook of phonological theory, Basil Blackwell.
Goldsmith, John A., 1990 : Autosegmental and Metrical Phonology, Basil Blackwell, Oxford and Cambridge.
Hooper (Bybee), Joan, 1976 : An introduction to Natural Generative Phonology, Academic Press, New York.
Kettunen, Lauri, 1960 : Suomen lähisukukielten luonteenomaiset piirteet [Caractéristiques des langues fenniques],
SUS, Société Finno-Ougrienne, Helsinki.
Kettunen, Lauri, 1926 (réed. 1940 et 1981) : Suomen murteet [Les dialectes finnois], III: murrekartasto, SKS
(Société de Littérature finnoise), Helsinki.
Kurath, H., 1972 : Studies in Area Linguistics, Bloomington, Indiana University Press.
Leskinen, Heikki, 1981 : Suomen murteiden historiaa [Histoire des dialectes finnois], 3 fascicules, Publications du
département de Finnois de l'Université de Jyväskylä.
Mayerthaler, Willi, 1988 : Morphological naturalness, Karoma, New York (traduction de l'allemand).
Milroy, Lesley, 1980 : Language and Social Networks, Basil Blackwell, Oxford.
Paradis, Carole & Prunet, Jean-François (eds), 1991 : Phonetics and phonology : the special status of coronals,
internal and external evidence (vol. 2), Academic Press.
Paradis, Carole, 1990 : "Phonologie générative multilinéaire", in Nespoulos (éd.), 1990 : Tendances actuelles en
linguistique générale, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel.
Rapola, Martti, 1962 : Johdatus Suomen murteisiin [Introduction aux dialectes finnois], Société de Littérature
Finnoise (SKS), Helsinki.
Rapola, Martti, 1966 : Suomen kielen äännehistorian luennot [Leçons de phonétique historique du finnois], SKS,
Helsinki.
Saareste, Andrus, 1955a) : Petit atlas des parlers estoniens, Travaux de l'Académie Royale Gustave Adolphe, n°
28, Uppsala.
Saareste, Andrus, 1955b) : "Kielen muutosten leviämisen ja leviämisrajojen luonteesta Virossa" [Diffusion du
changement linguistique et nature des isoglosses en estonien], Virittäjä, Helsinki.
Sapir, Edward, 1916 : "Éthnologie et histoire : question de méthode" (traduction), in Sapir, 1967 : Anthropologie,
Éditions de Minuit-Points Seuil, Paris pour la trad. fce, 209-298, publié pour la première fois in Canada,
Department of Mines, Geological Survey, Memoir 90, Anthropological Series, n° 13, 1916.
Viitso, Tiit Rein, 1981 : Läänemeresoome fonoloogia küsimusi [Questions de phonologie fennique], Institut de
Langue et de Littérature (Keele ja Kirjanduse Instituut), Tallinn.
Weinreich, Uriel, 1954 : "Is a structural dialectology possible ?", Word, 4, pp.388-400.
Wiik, Kalevi, 1988 : "Murrerajoja yli kielirajojen : itämerensuomalaisten kielten vokaalijonoista" [Limites
dialectales au-delà des frontières de langues : les séquences vocaliques dans les langues fenniques], Cinquième
séminaire d'études contrastives finnois-estonien, Konnevesi, Publications de l'université de
Jyväskylä, n°34, pp. 43-65.
Morphologie
88.
Le mot indoeuropéen :
[[
A
C
*s
*s
C
p
t
*t
*dh
]
C
r
r
r
r
*s
*m
[
R
V
e
e
e
e
e
e
e
V
i
]]
C
gpmgh
r
dd-
u
C
p-
A = Attaque ; R = Rime ; C = Consonne (y compris sonantes); V = voyelle
!#"%$'&)(*+&),.-/0"21.3 ème morphologique, D = désinence
!
[[[
]
[T
[D
89. /akmON/ = akmuo (= pierre) en lituanien : morphèmes thématiques et flexionnels.
Nom. Sg.
a
k
m
Génitif Sg.
Nom. Pl.
Gén. Pl. a
Locatif Pl.
Instrum.Pl.
a
a
k
a
a
k
k
m
k
k
m
m
en
m
m
]]]]
uo
en
en
u
en
en
s
s
y
u
y
i
Radical Thème C sonante Thème vocal.
[+syllabique] I/U long
s
m
e
i
s
Cas (C)V(C)
90. Ce qui donne le squelette syllabique et morphologique suivant
Radical
Thème -N
Thème voc.
Cas (Nombre)
I/U long
V
A
A
C
K
K
M
M
V
C
E
N
V C
U
-
O
-
V
C
S
A
K
M
E
N
I
I
S
A
K
M
E
N
U
U
A
K
M
E
N
I
M
I
91. Comparons maintenant les formes modernes du lituanien avec celles reconstruites pour le proto-IE.
Je prendrai un nom de la première déclinaison, qui correspond aux thèmes en *-o du proto IE :
*IE
Nom. *ulkw
Gén.
Dat.
Acc.
Vocat.
Locat.
Instrum.
Lituanien
Singulier
Pluriel
Singulier
-os
-os
-o:i
-om
-e
-oi
-o:s
-om
-omus
-ons
vilk
-oh1
-oisu
Pluriel
-as
-o
-ui
-a
-ai
-û
-ams
-ùs
-è
-o:is
-ù
-uosè
-aîs
Le système de désinences postulé au départ était structurellement très proche du lituanien moderne ,
selon un cadre suffixal maximal V(CVCV) :
92.
V1
-e
-o
-o o
-o o
-o
-o h1
-o
-o
-o
C1
V2
C2
V3
s
i
i
i
n
m
m
u
s
u
93. Soit
V
VC(C)
V1V2(C)
V1V2CV
VCVC =
s
s
s
*IE
=
=
=
=
-omus
-e , oh1
-os, -om, - ons
-o(:)i(s)
-oisu
Lituanien
-a, -û
-ùs, -ams
-ais, -ui
-uosè
-am(U)s
94. Morphologie nominale et adjectivale balte
[Source : William R. Schmalstieg, 1993 : "Le lingue baltiche", in Ramat, Anna Giacalone & Ramat, Paolo : Le
lingue indoeuropee, il Mulino, Milano, p. 493-7.]
Substantifs :
Thème en *-o-:
Le thème nominal fait partie du radical : c'est la terminaison du radical qui donne le paradigme de la
déclinaison (comme le thème verbal donne la conjugaison). Le thème en *-o-, suffixe de classe (ici =
paradigme de déclinaison) du radical est continué par *-a- en proto-balte. Le nom. sg. de ces noms se
terminait par *-s, et l'acc. sg. en *-N (*N = n ou *-m).
95.
4
«loup»
lituanien
Singulier.
Nom.
Gen.
Dat.
Acc.
Instr.
Loc.
Voc.
4
Duel
Nom. Acc. :
Datif
Instr.
5
Pluriel
Nom.
Gen.
Dat.
Acc.
Instr.
Loc.
vilk-as
vilk-o
vilk-ui
vilk-a:
vilk-ù
vilk-è
vilk-e
letton
vìlks
vìlka
vìlkam
vìlku
vìlku
vìlka:
vìlk(s)
vilku (divu da:rzu «deux jardins»)
vilkám
vilkam
vilkai
vilku:
vilkáms
vilkus
vilkais
vilkuosè
vìlki
vìlku
vìlkiem
vìlkus
vìlkiem
vìlkos
96.
Certains cas dérivent directement des formes indoeuropeennes (formes héritées) :
sg. nom. *-os,
acc. *-oN,
instr. *-o,
voc. -e,
duel nom. *-o:u
locat. *-o:se
97. Options divergentes (réfections, suffixes allomorphes optionnels) :
[Traduit de Giac. & Paolo Ramat (éd.), 1993 : Le lingue indoeuropee, Il Mulino).
Nom. pl. *-oi : à l'origine, il s'agissait d'une désinence pronominale, loc. *-o:se.
Le gén. sg. du lituanien et du letton semblent dériver d'un ablatif etymologique *-a:t, cfr. sscr. abl. sg.
vrk-a:t «du loup», tandis que le gén. sg. de l'a.pr. en -as pourrait dériver de *-os: cfr. hitt. gén. sg.
antuhS-aS «de l'homme».
Le dat. sg. lit. serait un aboutissement de *-o: (> *-uo > *-u) en ajoutant le -i à partir d'autres formes de
datif, tandis que le dat. sg. lett. serait refait à partir des thèmes pronominaux.
Le loc. sg. lit. peut dériver de *-en, mais le loc. sg. letton est refait à partir du loc. sg. de la déclinaison
en *-a.
Or, le lituanien a préservé le système d'accentuation libre de l'*IE, y compris l'accent mélodique, réalisé
par trois tons corrélaires à l'accroissement d'intensité - par ailleurs, la longueur est pertinente
phonologiquement : des voyelles brèves s'opposent à des voyelles simples longues - :
Segments +syllabiques brefs (V, L)
é
è
=
=
ton ascendant : Haut
ton descendant : Bas
Segments +syllabiques longs (V, L)
ê
=
ton circonflexe : Haut-Bas
98.
L'accent en lituanien tombe tantôt sur le radical, tantôt sur le suffixe. Ces schémas sont
programmés à l'intérieur des paradigmes : la première déclinaison fait intervenir plus de quatre schémas
accentuels :
Ia :
Singulier
Ton
H
Accent
x
x
Nom.
Gén.
Dat.
Acc.
Vocat.
v
v
v
v
v
y
y
y
y
y
Ib:
HB
x
x
x
r
r
r
r
r
a
o
u
a
e
s
i
s
p
p
p
p
p
i
i
i
i
i
r
r
r
r
r
x
s
s
s
s
s
t
t
t
t
t
a
o
u
a
e
s
i
---------------------------------B
x
x
x
x
Loc.
Instr.
v
v
y
y
r
r
e
u
p
p
i
i
r
r
s
s
t
t
è
ù
Dans vyras (Ia) l'accent est radical partout, mais il est suffixal dans le paradigme (Ib) pour les deux
derniers cas, locatif et instrumental. La nature du ton, HB ou B diffère également entre les deux zones
du paradigme, séparées par un trait pointillé.
Nous pouvons donc ajouter un cinquième procédé de marquage casuel : le balancement de l'accent entre
radical et suffixe :
99. Accent libre, mélodique :
5a) accent radical ou suffixal
5b) tons H, B, HB
Et nous avons un prototype indo-européen ancien : une morphologie casuelle articulée à deux niveaux,
segmental (timbres vocaliques, augments syllabiques) et suprasegmental (accent et ton).
100.
RAD. jaunAjaun-a- s
jaun-a-tve
jaun-i-ma-s
jaun-u-ma-s
jaun-u-oli-s
jaun-u-olejaun-u-omen-e
jaun-y-ste
jaun-é-li-s
jaun-é-ti
jaun-in-ti
jaun-in-ti-s
jaun-ikli-ai
= jeune, (A)
= jeune, (N)
idem
id.
id.(masc.)
id. (Fém.)
id. (dim.)
= jeunesse
= le plus jeune
= rajeunir, redevenir jeune
= (faire) sembler plus jeune
= sembler plus jeune que son âge
= les plus petis (apie gyvulius)
101. mok-é-ti = savoir, pouvoir
mok-y- kl-a
= école
mok-y-mas
= enseignement
mok-y-ma-si-s = apprentissage
102. stipr-us
= fort
= force (matériel)
= force (notionnel)
= renforcement
stipr-umas
stipry-be
stipr-i-ni-mas
103. zem-e
zem-ie-te
zem-ie-ti-s
zem-in-a-s
zem-yn
zem-in-ti
zem-in-im-a-s
zem-isk -a -s
= terre
= paysanne
= paysan
= continent
= en bas, par terre
= abaisser (propre), humilier
= humiliation
= terrestre
104. Composition
zemdirbys ---> #zem##dirb-y-s# ---> ZEM- + DIRB= agriculteur
zemaziuris
--> #zema##ziur-i-s# ---> ZEM- + ZIUR- = myope
zemaziuriskumas---> #zema##ziur-i-sk-u-ma-s ---> #ZEM- + ZIUR-SUFF.N(notion.)
= myopie
105.
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
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Un manuel pour l'étudiant : documentation riche et attrayante. Facile à lire.
BEEKES, Robert S.P., 1995 : Comparative Indo-European linguistics, John Benjamins, Amsterdam,
376 p. Riche documentation, clair, nombreux tableaux : excellent manuel !
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Clair, sobre et facile à lire.
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Seuil, 437 p. Un recueil d'œuvres d'un des fondateurs de la linguistique moderne. Une vision
philosophique de l'évolution des langues. Attention : premiers pas d'une science du langage..
MARTINET André, 1955 :Economie des changements phonétiques. Traité de phonologie diachronique,
Francke, Berne. Ouvrage classique, absolument incontournable. Une somme théorique et
méthodologique qui continue de faire date, même si la phonologie a beaucoup évolué depuis.
VENDRYES, Joseph, 1921: Le langage : introduction linguistique à l'histoire, Albin Michel,444 p. Très
facile à lire : un ouvrage de vulgarisation qui aborde de multiples questions qui seront traitées dans ce
cours.
LINGUISTIQUE INDO-EUROPÉENNE
BADER, Françoise (éd.), 1994 : Langues Indo-Européennes, éditions du CNRS, 330 p. v. articles de MJ. reichler-beguelin : "La méthode comparative : problèmes épistémologiques en diachronie
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[Lire le chapitre "la parenté linguistique génétique", facile à lire, concis et clair, pp. 31-54.]
MARTINET , André, 1987 : Des steppes aux océans : l'Indo-Européen et les "Indo-Européens", Payot,
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[Cours donné par Martinet à l'École Pratique des Hautes Études : notions élémentaires de grammaire
comparée, cartes des langues, groupes linguistiques.]
MASICA, Colin P., 1991 (réed. 1993) : The Indo-Aryan languages, Cambridge Language Surveys.
MEILLET, Antoine, 1922 : Introduction à l'étude comparative des langues indo-européennes, Hachette,
464 p.
[Un vieux classique, compact, érudit, dans lequel ont pioché tous les rédacteurs de manuels du genre.
Matériaux et réflexions utiles.]
MORPURGO DAVIES, Anna, 1994 : "La linguistica dell'Ottocento", in LEPSCHY, Giulio C. (éd.),
Storia della linguistica, vol. III, il Mulino, Bologne, pp. 11-400. Version anglaise : LEPSCHY, G.C.,
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[Panorama de la grammaire comparée au 19è siècle : auteurs, théories, méthodes.]
PASTRÉ, Jean-Marc, 1972 : Précis de langue et littérature allemandes au moyen âge, Bordas, Paris.
RUHLEN, Merritt, 1987 : A guide to the world's languages, vol. 1 : classification, Stanford University
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théorie X-barre en phonologie, Thèse de doctorat NR, Université de Paris VII, 420 p.
SERGENT, Bernard, 1995 : Les Indo-Européens : histoire, langues, mythes, Payot, 536 p. [Excellente
synthèse, facile à lire. Une somme de connaissances, à associer à MARTINET (1987) et MEILLET
(1922). Attention aux données linguistiques : elles sont de pure compilation et seconde main - hormis
les langues classiques, que Bernard Sergent maîtrise en hélléniste de formation]
VENDRYES, Joseph et BENVENISTE, Émile, 1952 : "Langues Indo-Européennes", in MEILLET &
COHEN, Les langues du monde, Slatkine, Genève, pp. 1-80.
Syntaxe
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London, 251 p.
LIGHTFOOT, David W., 1979 : Principles of diachronic syntax, Cambridge University Press, 430 p.
Exerciçounets
106. Identifiez les processus phonologiques du latin classique au français moderne :
Répondez sur la ligne prévue à cette effet, en notant uniquement le nom du processus
Exemple : PENDERE > pendre
CLARUM
>
CANTARE
>
ARBOREM
>
HERI
>
FEBREM
>
VENIT >
TESTAM
>
VENTU
>
Syncope de E (atone post-tonique)
FRUMENTUM>
RIPAM >
107. Processus évolutifs, dérivations diachroniques : domaine roman
Entre le IXe et le Xe siècle il se produit les phénomènes suivants en vieux catalan (1 à 10). Indiquez le
processus phonologique sur la ligne tracée à cet effet.Un seul processus par réponse (segments
soulignés) : les processus sont présentés de telle sorte qu'il ne se produit qu'un événement à la fois (par
ex. 3 continue les exemples de 2, et en représente une étape ultérieure : 3. est donc décrit séparément).
1. d'Onna > d'Ona = dame
2. kald'Era > kall'Era = chaudière, poële
s'Old > s'Oll = sou
3. kall'Era > kawl'Era = chaudière, poële
s'Oll > s'Owl = sou
4. semn'ar > semr'ar = semer
'anma > 'arma = âme
5. maznáda > majnáda
' i z l a > ' i j l a = île
6. tsem'Ent > tsim'Ent = ciment
7. i ' j l a > í j λ a = île
8. pl'uma > pl'oma
br'uma > br'oma
9. par'awla > p´r'awla
6
6
10. re 'o > ro 'o
108. Consonantisme français : du latin au français moderne
Exercice :
1)Trouvez les aboutissements en français des formes latines ou germaniques suivantes (NB: les noms et adjectifs
latins sont à l'accusatif).
2) Identifiez le processus phonologique concernant le segment souligné.
Amuïssement (C = #h-)
HABERE >
HORDEUM >
HAUNITA (germ.) >
HALSBERG (germ.) >
Spirantisation + voisement (lénition) en contexte VCV.
RIPAM > ......................................./P/
CREPAT >
SAPAM >
SAPERE >
FABAM >
PACAT > *PAGAT > ..../K/
Amuïssement (après SPIR. et VOIS.)
NEGAT > nie.
VITAM > VIDA > * vida >......../T/
CRUDAM >
Dégémination
CAPPAM >
MAPPAM > , prononcé [nap]
MATTAM > , prononcé [nat]
Conservation
PATREM > père..........................#pPAREM > a. fçs. per > pair
PONTEM > Spirantisation + voisement
RIPAM > ..............................-pLUPAM >
CAPILLUM > Spirantisation
* CAPUM (pour caput) > .......-p#
APEM > *ev(em) >
Conservation
COR >
CURAM > cure
CORIUM >
Palatalisation (1ère palatalisation romane)
CERAM > cire
CENTUM > cent
CERVUM > cerf
CINEREM > cendre
CILIUM > cil
*CIRCARE > chercher
Palatalisation (Palatalisation mérovingienne, ou "palatalisation française)
CARUM > a.f. chier > cher
*CAPUM > CANEM >
CAPRAM >
CAULEM >>
CAUSAM >>
CAMERAM > CAM'RAM >
CANTAT >CAMPUM >
CABALLUM >
CAMISIAM >
CARBONEM >
Normand : crevette, rescaper, castel, le Cateau, Cambrai (et non Chambrai).
Exercice : Trouvez des mots français contenant -ca- : d'où proviennent ces mots (emprunts, réfections, etc.).
Tentez d'en réunir au moins 50, et de les diviser selon des critères sociolinguistiques.
******
Amuïssements...S'amuït, s'amuït pas ?
Conservation
PERCURRIT >
SARCOFAGUM >
VERECUNDIAM >
*AETATICUM >
*CORATICUM >
FORMATICUM >
MEDICUM >
*PEDICUM >
*SEDICUM >
*SILVATICUM >
Dégémination
BUCCAM > PECCATUM >
VACCAM >
MANICAM >
FABRICARE, FABR'CARE >
FABRICA >
*CARRICARE > DELICATUM, DEL'CATUM >
*****
Dissimilation
PEREGRINUM > pèlerin
HERIBERGA (germ.) >
ARVERNIAM >
Métathèse
VERVECEM >
[Source : Joseph Anglade, 1965 : Grammaire élémentaire de l'ancien français, Armand Colin, Paris, pp. 36-46 et sgg.]
109. Définissez ici les processus de transphonologisation dans les emprunts du
basque au latin tardif et au protoroman (d'après L.Trask, 1997 : A History of
Basque, Routledge)
errege (roi) < REGE
lore (fleur) < FLORE
gorputz (corps) < CORPUS
lapitz (ardoise) < LAPIS (pierre)
maizter 'maître berger' < MAGISTER (maître)
apaez (prêtre) < ABBAS (abbé)
bortitz (fort, violent) < FORTIS
aditu (entendre) < AUDITU
goitatu (faire attention à) < COGITATU
eskiribatu ~ iskiribatu ~ izkiriatu (écrire) < SCRIBERE, non de SCRIPTU
abere (animal) < HABERE (avoir)
gertu (certain)< CERTU
errota (roue) < ROTA
lukuru (avarice) < LUCRU (profit)
maingu (manchot) < MANCU
haizkora (hache) < ASCIOLA
maindire (drap) < MANTILE
aingeru (ange) < ANGELU
saindu (saint) < SANCTU
gauza (chose) < CAUSA
baba (haricot) < FABA
biko ~ iku (figue, figuier) < FICU
gatu ~ katu (chat) < CATTU
gatea ~ katea (chaine) < CATENA
gerezi ~ kerexa (cerise) < CERESEA
biper ~ piper (poivre) < PIPER
dial. perde, berde (vert) < lat. tard. verde < lat. clas. viridis
zeape (moutarde) < SENAPE
lupu (loup) < LUPU
zeta (soie) < SETA
ahate, aate (canard) < ANATE
dial. biko (figue) < FICU
ziku dry < SICCU
okela (morceau de viande) < BUCCELLA (bouchée)
dial (B) zapatu (samedi) < SABBATU
apaez (prêtre) < ABBAS (abbé)
padura (prairie humide) < PADULE
zigulu (sceau) < SIGILLU
bago (hêtre) < FAGU
zeta (soie) < SETA
zapore (saveur) < SAPORE
azeri (renard) < ASENARIU
meza (messe) < MISSA
soka (corde) < SOCA
gisu (plâtre) < GYPSU
boronde (front) < FRONTE
gereta (portail de ferme) < *CLETA
lama (flamme) < FLAMMA
luma (plume) < PLUMA
lau (plat) < PLANU
laket (plaire) < PLACET
(B) laru (jaune) < CLARU (clair)
ezpata (épée) < SPATHA
iztupa (chanvre) < STUPPA
arrosa (rose) < ROSA
errege '(roi) < REGE
Erroma (Rome) < ROMA
denbora (temps) < TEMPORA
aldare (autel) < ALTARE
ingode (éclume) < INCUDE
pundu (point) < PUNCTU
liburu (livre) < LIBRU
zinu (signe) < SIGNU
B autono (septembre) < AUTUMNU (automne)
abendu (décembre) < ADVENTU
ifernu (enfer) < INFERNU
el(e)iza (église) < ECCLESIA
kipula ~ tipula ~ dipula (oignon)< CEPULLA
(Nord) deus ~ jeus (n'importe quoi) < GENUS (genre)
jente ~ jende (gents) < GENTE
sendo (solide, robuste) < EXEMPTU
saiatu (essayer) < Fr ensayer
txertatu (insérer) < Esp injertar
txukatu (sécher) < Esp enjugar
debekatu (interdire) < IMPEDICARE (obstruer)
ou vieil esp. deviedo (interdire)
bedeinkatu (bénir) < *bedenikatu (métathèse) < BENEDICERE
110. Références pour allier dialectologie et diachronie à la phonologie théorique et
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