Des projets pour intégrer

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Des projets pour intégrer
Tribune de Genève
Mardi 25 août 2015
Genève
&région
Alain Morisod, Henri Dès
et Jean Villard-Gilles célébrés
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Risque de surcoût: le budget
du CEVA est menacé
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Intégration scolaire
SÉBASTIEN ANEX
Taxiphone:
le paiement
par mobile
bientôt là
Tribune de Genève 25.8.2015
Lenny veut être un élève «comme les autres»
Annoncé à la mi-avril
par la centrale de taxis
genevoise, le règlement
par smartphone va
enfin voir le jour
Au printemps passé, Taxiphone annonçait une révolution dans les modes de paiement proposés aux
clients: la généralisation de la carte
de crédit, le lancement de cartes de
fidélité et le règlement par mobile.
Objectif de la centrale: rattraper son
retard en la matière, notamment visà-vis d’Uber. Quatre mois plus tard,
qu’en est-il? Si les deux premiers
modes de paiement sont devenus
réalité, le troisième, par smartphone, se fait toujours attendre.
«Le paiement par mobile est
prêt, nous allons le mettre en ligne
sur notre application au début du
mois de septembre, affirme Cédric
Bouchard, président de Taxiphone.
Nous avons pris un peu de retard à
cause du système bancaire choisi,
mais tout est réglé. Notre solution
permettra au client de recevoir le
prix de sa course une fois celle-ci
terminée. Il pourra, s’il le souhaite,
y ajouter un pourboire. Une fois le
montant total validé, il recevra,
ainsi que le chauffeur, une quittance. Notre solution est bien plus
sécurisée et transparente que celle
d’Uber, qui débite automatiquement le compte du client à la fin du
trajet», assure-t-il.
C’est la rentrée pour
73 000 écoliers, dont
Lenny, 10 ans. Grâce
à un projet pilote, cet
élève en difficulté
peut rester dans une
classe «normale»
Aurélie Toninato
Il lui reste dix minutes avant de
prendre le chemin de l’école de la
Roseraie, à Plainpalais. Le temps
de croquer un toast, de glisser une
noisette de gel dans ses cheveux et
d’ajuster sa tenue: baskets Nike
assorties au pull Levi’s bleu, pantalon gris – la pluie a chassé le
short. Sans oublier la ceinture,
«parce qu’avec ça je suis beau!»
Hier, pour Lenny, 10 ans, comme
pour les 73 000 élèves du canton,
c’était la rentrée scolaire.
Mais le garçon se démarque un
peu: d’abord, il retourne en classe
avec un grand sourire. Ensuite, il
fait partie du projet pilote DIAMs
(Dispositif d’intégration et d’apprentissages mixtes), qui intègre
des enfants à besoins éducatifs
particuliers dans une classe dite
«ordinaire».
«Nous avons pris
un peu de retard à
cause du système
bancaire choisi,
mais tout est réglé»
Être comme les autres
Après avoir slalomé entre les flaques sous les tournesols de son
parapluie, Lenny s’installe en
chaussettes devant son pupitre.
Rien ne le distingue alors de ses
camarades. Pourtant, il y a deux
ans, il a failli être déplacé dans une
classe de l’enseignement spécialisé, à cause de ses difficultés scolaires. «Il avait vraiment de la
peine à lire, à écrire et des problèmes de concentration», explique
Aimée, sa maman. Finalement,
l’Office médico-pédagogique
(OMP) – qui chapeaute l’enseignement spécialisé – décide de le laisser dans son école, en l’intégrant
dans un nouveau dispositif: le
DIAMs.
Une valse à trois temps
Ce projet s’organise «comme une
valse à trois temps», résume le directeur de la Roseraie, Stéphane
Brandt. Pendant un tiers de la semaine, Lenny fait partie de la
classe ordinaire sans mesure particulière. Pour le deuxième tiers,
l’enseignement est assuré par un
duo composé du maître titulaire et
d’un enseignant spécialisé ou d’un
éducateur. Enfin, pour le dernier
tiers, Lenny et ses camarades
DIAMs sont «séparés» de la classe
et un acteur du spécialisé reprend
avec eux ce qui a été fait en classe
et travaille aussi sur des difficultés
d’ordre relationnelles. «Avec
Lenny par exemple, on se concentre surtout sur les mathématiques
et sa capacité à gérer les émotions», explique Yann Freymond,
maître spécialisé et responsable
pédagogique du DIAMs. Six clasContrôle qualité
Cédric Bouchard
Président de Taxiphone
Lenny, 10 ans, en classe avec Yann Freymond, maître spécialisé. En bas: le garçon déjeune avant de se rendre à l’école avec sa mère. P. ALBOUY
Des projets pour intégrer
U Le DIAMs s’inscrit dans le
projet d’école inclusive, qui vise
à offrir à chaque enfant un
environnement scolaire adapté,
qu’il soit handicapé ou à haut
potentiel, issu de la migration ou
sportif d’élite. Plusieurs dispositifs sont en cours. Par exemple,
des établissements ordinaires
accueillent des classes spécialisées intégrées directement dans
leur bâtiment, ce qui permet de
mener des projets communs.
C’est le cas des cycles de Budé et
de Cayla ou de l’école primaire
Geisendorf. Le développement
de ces projets nécessite des
ressources financières supplémentaires et leur concrétisation
dépend des budgets que l’Etat
leur octroiera. Le Département
de l’instruction publique (DIP)
explique mener «une politique
de petits pas, l’idée est de mettre
chaque année de plus en plus de
moyens». Sur les 1700 élèves qui
dépendent de l’Office médicopédagogique (OMP), 370 sont
intégrés partiellement ou
totalement dans l’enseignement
ordinaire. Paola Marchesini,
directrice générale adjointe de
l’enseignement obligatoire au
DIP, précise toutefois ne pas
viser l’intégration à tout prix: «Il
existe une frange d’élèves
porteurs de handicaps lourds
qui ne peuvent être intégrés, car
cela ne répond pas à leur besoin
et ça pourrait constituer une
source de souffrance et de stress
pour eux.» A.T.
ses de la Roseraie accueillent 20
élèves DIAMs, placés par l’OMP.
Pour Lenny, intégrer ce dispositif a été un soulagement. «Ça me
rendait triste de quitter mon école
et mes copains.» Sa maman
ajoute: «Pour lui, cela signifie qu’il
peut rester dans une école «normale», être comme les autres enfants. Mais il n’a pas honte de dire
qu’il est DIAMs.» Ses problèmes de
comportements se sont atténués,
«il a fait d’énormes progrès», constate sa maman. A terme, la finalité
du projet vise une réintégration à
100% dans une classe ordinaire.
Une éducation citoyenne
Le dispositif est aussi bénéfique
pour les autres élèves, soutient le
directeur. «Le co-enseignement
leur est utile indirectement, ils bénéficient d’un encadrement supplémentaire. De plus, ils apprennent à vivre avec des enfants qui
ont plus de difficultés qu’eux, c’est
une éducation à la vie citoyenne.»
Un temps d’adaptation peut toutefois être nécessaire: «Il y a parfois
quelques jaloux parce que les élèves DIAMs font l’objet de plus d’attention, confie la maîtresse de
Lenny, Myriam Lavalley. Mais ils
prennent vite conscience qu’ils
n’ont pas envie d’avoir leurs difficultés, et la jalousie disparaît.» Les
parents aussi doivent se familiariser avec le système. «Certains craignent que le programme scolaire
soit ralenti mais ce n’est pas le
cas», soutient le directeur.
Du côté des maîtres, comment
appréhende-t-on ce dispositif?
«C’est un projet intéressant et on
nous donne les moyens de le mener à bien, répond Myriam Lavalley. Si j’étais seule, ce ne serait pas
gérable. Il faut une structure, une
collaboration avec des enseignants spécialisés.» Le DIAMs est
en cours d’évaluation et pourrait
être étendu à d’autres écoles.
Pour les autres modes de paiements annoncés à la mi-avril, tout
semble rouler. «Nos 650 véhicules
sont désormais équipés de lecteurs
de cartes de crédit, relève Cédric
Bouchard. Et en cas de panne, les
chauffeurs peuvent procéder au
paiement manuellement en contactant notre centrale. Bref, ils
n’ont plus d’excuses pour refuser
les cartes.» Cette petite révolution
ne s’est pas faite sans casser quelques œufs. Deux chauffeurs récalcitrants ont ainsi été remerciés. «Mais
au final, le bilan est très positif», se
félicite le patron de la centrale.
Même son de cloche concernant
les cartes de fidélité. «Nos meilleurs
clients, qui avaient l’habitude de
recevoir des bons, ont reçu cette
carte qui offre d’ailleurs jusqu’à
15% de rabais», précise le président.
Enfin, concernant la mise en place
de la nouvelle signalétique destinée
à éviter toute confusion entre Taxiphone et son concurrent «202»,
tous deux communément appelés
taxis jaunes, «c’est en cours! indique Cédric Bouchard. Nous avons
commencé à les apposer sur nos
bonbonnes au début d’août. Ce
sera terminé pour septembre également.»
Aymeric Dejardin-Verkinder
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