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EVALUER la PENIBILITE pour
PREVENIR les USURES PROFESSIONNELLES
Monographies d’entreprises
Septembre 2008
COMMISSION EUROPEENNE
Fonds social européen
Avertissement
Les exemples de situations professionnelles présentés dans ce document illustrent, à partir de deux métiers, la question
de l’usure professionnelle.
A travers ces deux exemples, l’ARACT Martinique présente une méthodologie d’analyse et d’action, c’est-à-dire une
démarche, afin de permettre d’améliorer les situations problématiques de réalisation du travail.
Il ne s’agit donc pas de stigmatiser des métiers. Les métiers en soi ne conduisent pas aux situations d’usure. Il s’agit
d’apprécier l’interaction entre le contexte organisationnel et les métiers. Car, c’est la nature de l’interaction qui peut
créer des dégradations importantes sur la santé des salariés ou au contraire ne pas générer d’usure prématurée chez les
salariés. L’analyse de l’organisation de travail et du travail constitue alors une donne incontournable.
Contrairement à l’âge qui est une donnée irréversible, la question des usures professionnelles est réversible, grâce aux
actions de prévention, de correction des conditions d’exécution du travail. Mais seule la connaissance, à partir d’une
approche analytique de la question, permet de mieux comprendre pour agir efficacement.
Cet ouvrage est publié grâce au soutien financier de
AIMTM - Association Interprofessionnelle de Médecine du Travail de la Martinique
AGEFIPH - Association de Gestion des Fonds pour l’Insertion Professionnelle des Personnes Handicapées
Les actions de l’ARACT Martinique sont financées par :
ANACT - Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail
DTEFP - Direction du Travail de l’Emploi et de la Formation Professionnelle
FSE - Fonds Social Européen
Conseil Général de la Martinique
Cette étude a été réalisée par :
Jean-Marie FAUCHEUX, ergonome, chargé de mission ARACT
Sonia MARTIAL, ergonome, chargée de mission ARACT
Avec le concours de :
Nadia CELCAL, chargée de communication
Sylvestre LABEAU, chargée de mission ARACT
Tania LAURENT, assistante ARACT
Patrice LEMUS, chargé de mission
Sous la direction de Danielle LAPORT, Docteur en Sociologie, Directrice ARACT & Déléguée Régionale ANACT
Sommaire
LA PENIBILTE AU TRAVAIL : AGIR EN ENTREPRISE
Une approche de la pénibilité dans le secteur agricole
La problématique
14
De la définition à l’élaboration d’indicateurs
15
1- La notion de pénibilité
15
2- La prévention de la pénibilité
16
3- Construire des indicateurs
16
Les outils et la méthodologie de l’évaluation
17
1- La grille de cotation de la pénibilité des situations de travail
17
2- Les abaques de la « méthode d’analyse des manutentions manuelles » de l’INRS (1994)
19
3- Une évaluation subjective de la pénibilité des postes par les représentants du personnel
20
4- Les situations de travail analysées
20
Résultats
21
Les cotations par situation de travail
22
Les cotations par contrainte ou critère de pénibilité
27
Exemples de résultats apportés par la grille pour la contrainte « manutentions au poste »
28
Analyse croisée « situations de travail / contraintes »
29
Le point de vue des représentants du personnel
30
Enseignements
31
Pénibilité et maladies professionnelles
32
Pénibilité et accidents du travail
33
Hypothèses et perspectives d’amélioration
34
1- Les postes à améliorer et les améliorations à mettre en œuvre
35
2- Les enjeux des scénarii d’amélioration proposés : organiser les améliorations dans une
approche globale
36
Annexe : Deux exemples de cotation de contrainte
10
13
38
Contrainte « pénibilité des déplacements : risque de chute de plain-pied ou de blessure »
39
Contrainte « efforts physiques 1 : manutentions au poste »
40
Une approche de la pénibilité dans l’activité NETTOYAGE : LE risque TMS
POUR LES TECHNICIENNES DE SURFACE
41
Contexte et demande
42
Bref rappel sur le risque TMS
43
Analyse : repères sur l’histoire professionnelle des personnes
45
1- Ages et anciennetés
46
2- Parcours professionnels
46
3- Accidents du travail et maladies professionnelles
46
Analyse : les facteurs de risques
47
1- Facteurs biomécaniques
47
2- Facteurs psychosociaux
54
Cercle vicieux des facteurs de risques et des facteurs aggravants
55
Synthèse 56
Plan d’actions
57
Méthodologie d’action
58
PERSPECTIVES
61
LA PENIBILTE AU TRAVAIL : AGIR EN ENTREPRISE
La pénibilité a été définie par la mission parlementaire dans son rapport du 27 mai 2008 de la manière suivante :
« La pénibilité est le résultat de sollicitations physiques ou psychiques liées à certaines activités professionnelles socialement nécessaires et excessives
en regard de la physiologie humaine et qui laissent, à ce titre, des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé et l’espérance de vie d’un
travailleur. »
Cette mission a été constituée après la loi du 21 août 2003 sur les régimes d’assurance vieillesse, parallèlement aux négociations des partenaires sociaux
sur la question.
On note tout d’abord une évolution dans la prise en compte des souffrances psychiques, et non plus uniquement physiques, dans la notion de pénibilité.
Mais on sait par ailleurs que la notion de pénibilité est complexe puisqu’elle maille le subjectif et l’objectif, parce que sa perception est variable d’une
personne à une autre, parce qu’elle se conjugue au cours du temps, et aussi parce que les traces qu’elle peut laisser ne sont pas toujours visibles.
L’usure professionnelle est à considérer comme le résultat de la pénibilité au et du travail, subie par une personne au cours de sa vie professionnelle.
C’est bien pour prendre en compte cette problématique du cours du temps, et de son corollaire la montée en âge, qu’il nous semble plus pertinent de
considérer les choses sous l’angle de l’usure professionnelle.
Cette approche permet alors de situer les conditions concrètes de réalisation du travail au centre d’un processus qui a cours tout au long de la vie. C’est
ainsi que la question de l’âge en soi, et la politique « seniors » en soi n’ont guère de sens si on ne les relie pas à la problématique centrale des conditions
de travail.
Une telle démarche élargit aussi le champ de la prévention en ne considérant pas l’usure professionnelle comme un risque au sens habituel du terme
mais comme une dynamique qui s’installe au gré des parcours professionnels et des expositions auxquelles sont confrontées les personnes.
Puisque c’est d’un processus d’usure qu’il s’agit, toute tentative d’analyse du phénomène en entreprise devra prendre en compte à la fois la dimension
temporelle, la dimension évolutive, et la complexité des facteurs en jeu dans ce processus.
La complexité de ces nombreux facteurs s’explique par :
leur diversité : facteurs physiques, organisationnels, psychosociaux,
par leur combinaison, soit pour se renforcer soit plus rarement pour se neutraliser,
leur contribution à la construction d’un vécu, à la fois subjectif : ce qui est pénible pour une personne ne l’est peut-être pas pour une autre, et vice-versa,
10
et évolutif : ce qui n’est pas pénible à 20 ans peut l’être à 40 et vice-versa.
L’idée de durée, de combinaison des facteurs et de complexité de l’ensemble impose, pour construire une véritable politique de prévention, de se baser
sur des indicateurs. Ceux-ci doivent être utilisables dans la durée, se combiner et rendre compte de la complexité de l’usure professionnelle, qu’elle soit
physique, psychique ou une combinaison des deux. C’est pourquoi nous parlons des usures, dans le titre de ce document.
Ces indicateurs doivent donc intégrer les deux dimensions que sont :
• les liens de causalité directs et univoques entre les conditions de travail et les atteintes à la santé,
• les dynamiques complexes de construction et d’altération de la santé au travail, en lien avec l’histoire professionnelle des personnes.
Toute politique de prévention se construit en deux temps :
• un temps d’analyse du système « travail - personnes - usure »,
• un temps de construction puis de mise en œuvre d’un plan d’actions.
De la même façon que le temps d’analyse fait appel à l’identification de la multiplicité des facteurs de l’usure professionnelle et de leurs différentes facettes, le plan d’action doit mobiliser différents leviers de prévention, en une combinaison à construire à chaque fois de façon singulière.
Deux exemples illustrent cette problématique :
Exemple 1 : la mise en œuvre d’indicateurs de la pénibilité physique chez les ouvriers agricoles d’une exploitation bananière et les pistes d’actions
proposées,
Exemple 2 : l’utilisation des indicateurs d’identification des facteurs du risque TMS -Troubles Musculo-Squelettiques chez les techniciennes de surface, employées d’une association créée par une collectivité territoriale.
11
12
Une approche de la pénibilité dans le secteur agricole
Grille d’analyse de la pénibilité physique
pour les ouvriers d’une exploitation de bananes
13
La problématique
L’évaluation de la pénibilité a été réalisée dans le cadre général d’une demande des syndicats de salariés et d’une organisation patronale de travailler sur une grille de classification des emplois dans la banane.
La grille actuelle se caractérise par une faible qualification et une forte segmentation des emplois. La nouvelle grille entend répondre à la volonté de reconnaître les compétences, permettre la construction de parcours professionnels et favoriser la polyvalence…
Les premiers travaux réalisés par l’ARACT Martinique avec les différentes parties ont permis de dégager les points clés pour la construction de la nouvelle grille de classification, témoin de la réorganisation du secteur.
Des points de divergence ont également été mis en exergue à travers les discussions. Aussi, l’ARACT Martinique a-t-elle proposé de réaliser, en premier lieu, une étude sur
les pratiques de production afin de mieux comprendre l’organisation du travail.
Il s’agissait dans les entreprises volontaires :
• de rencontrer les acteurs de l’entreprise (dirigeant, représentants des salariés, salariés, encadrement intermédiaire),
• d’analyser l’organisation et les contraintes du travail (observations, entretiens, analyse statistique…),
• de développer une méthode afin d’introduire le travail par objectifs comme pratique de gestion et de production.
L’expérimentation a concerné une exploitation agricole de plus de 50 hectares qui emploie plus de 50 salariés.
Le terrain est en majorité pentu, parfois avec des dénivellations très prononcées, au sol argileux, très boueux à l’époque des observations, présentant de nombreux fossés,
ornières et talus.
Deux axes de travail ont été développés sur cette exploitation :
• un axe « valorisation de la ressource humaine et organisation du travail »
• un axe « santé au travail et organisation du travail centré sur l’évaluation de la pénibilité »
Le présent document rend compte du travail réalisé sur l’axe « santé au travail et organisation du travail ».
14
De la définition à l’élaboration d’indicateurs
1- La notion de pénibilité
La pénibilité découle de la confrontation entre les sollicitations physiques, psychiques et le vécu d’un individu. Elle comporte donc des composantes objectives et des composantes subjectives.
La pénibilité apparaît lorsque les sollicitations - physiques et/ou psychiques - entraînent un effort d’adaptation qui laisse des traces durables chez un individu : fatigue récurrente,
souffrance physique ou morale.
le Centre d’Etude de l’Emploi, en convention avec le Ministere du Travail, a publié en janvier 2006 des contraintes, qui sont les critères de pénibilite.
Il retient :
• les postures pénibles,
• la manutention manuelle de charge,
• la répétitivité et les vibrations.
Pour les postures et la répétitivité, le Centre d’Etude de l’Emploi considère trois indicateurs :
• les contraintes posturales : la position à genoux, le maintien des bras en l’air et les autres contraintes posturales (posture accroupie, en torsion…),
• la répétitivité : répétition d’un même geste ou d’une série de gestes à cadence élevée,
• l’utilisation d’outils vibrants : outils transmettant des vibrations aux membres supérieurs.
Pour la manutention manuelle de charge, c’est la définition européenne qui est retenue : « Toute opération de transport ou de soutien de charge, par un ou plusieurs travailleurs,
dont le levage, la pose, la traction, le port ou le déplacement qui, du fait de ses caractéristiques ou de conditions ergonomiques défavorables, comporte des risques, notamment
dorsolombaires ».
15
2- La prévention de la pénibilité
La pénibilité des postes de travail est issue de multiples facteurs situés dans des champs différents et en interaction : les conditions physiques de travail, l’organisation du travail, le vécu des personnes.
Une fois la pénibilité identifiée, les solutions à mettre en place sont donc aussi à rechercher dans ces différents registres :
• Celui de l’organisation :
* Les rotations de postes comme soulagement de la pénibilité : comment garantir l’allègement des contraintes et non pas leur cumul, dans quel ordre et
selon quel rythme ?
La polyvalence ne se décrète pas, elle se construit. Pour permettre les rotations de postes, il est nécessaire de garantir les temps d’apprentissage, une
politique salariale adaptée, un fonctionnement en véritable collectif de travail.
• Celui des conditions physiques de travail :
* L’efficacité des rotations de postes n’est possible et utile que si les conditions physiques changent par la création de postes moins pénibles.
• Celui du vécu au travail :
* Travailler sur l’image des différentes situations - tâches nobles, tâches dévalorisées -, réfléchir aussi sur la question des restrictions médicales existantes
qui peuvent engendrer des souffrances chez les salariés.
3- Construire des indicateurs
Les données objectives sont les plus faciles à évaluer, dans la mesure où de nombreux outils et méthodes existent, sous forme de grilles d’évaluation des contraintes d’origine physique et psychosociale.
Ce qui reste difficile à mesurer, c’est le moment à partir duquel ces facteurs sont vécus comme pénibles par un individu donné. Le raisonnement se construit, par conséquent, sur une pénibilité a priori. C’est pourquoi, la grille de cotation proposée par l’ARACT Martinique inclut la possibilité pour les personnes concernées par une
situation de travail, de donner leur point de vue sur la pénibilité de celui-ci.
Les grilles existantes ont été construites dans un contexte socio-technique qui ne correspond pas forcément à celui des exploitations bananières. Un temps d’ajustement
pour ce type d’activité a été nécessaire, puis l’outil a été expérimenté afin d’apprécier sa pertinence.
Plusieurs tests ont été faits avant qu’une grille ne soit définitivement retenue, ce, après concertation avec la direction et les représentants des salariés.
---
16
Les outils et la méthodologie de l’évaluation
L’évaluation de la pénibilité a concerné 20 situations de travail :
• Au champ : dégagement/coupe feuilles, désherbage, attachage, piquage/plantation, engainage, nettoyage
• A la récolte : conduite du tracteur, coupe, tirage, arrimage
• Au hangar : déchargement, épistillage, dépattage, découpe, mise en plateaux, pesée, emballage, palettisation, fabrication des plateaux et des cartons.
L’analyse a été réalisée à partir de trois outils :
• Une grille de cotation de la pénibilité des situations de travail en 9 contraintes
• Les abaques de la « méthode d’analyse des manutentions manuelles » de l’INRS (1994)
• Une évaluation subjective de la pénibilité des postes par les représentants du personnel
L’ensemble de la démarche s’est déroulée sur une période de 3 mois.
1- La grille de cotation de la pénibilité des situations de travail
La grille finalement retenue a été construite à partir de plusieurs éléments préexistants :
• Les normes AFNOR NFX 35 104 et NFX 35 109,
• La méthode d’analyse des manutentions manuelles de l’INRS,
• Des grilles qui ont fait leurs preuves dans des grandes entreprises industrielles,
• La démarche d’évaluation des risques professionnels telle qu’elle est définie par le code du travail.
Dans le cadre de l’intervention, trois objectifs supplémentaires ont été définis, l’outil doit :
• être compréhensible par tous les acteurs de terrain,
• être transférable aux acteurs de terrain,
• ne pas dénaturer les caractéristiques des situations de travail observées.
Après avoir expérimenté la grille de cotation auprès des 20 situations de travail 9 contraintes (critères de pénibilité) ont été retenues, correspondant aux caractéristiques principales des métiers de la banane :
• Pénibilité des déplacements : risque de chute de plain-pied ou de heurts
• Risque de chute de hauteur
• Efforts physiques 1 : manutentions au poste
• Efforts physiques 2 : transports de charge
• Postures du dos
• Postures des épaules
• Postures des poignets
• Nuisances physiques
• Etat du matériel
NB : Le risque lié aux produits chimiques, qui constituerait une dizième contrainte, n’a pas été retenu car l’ARACT ne possède pas les
instruments permettant de mesurer ce risque.
17
Chaque contrainte est cotée de 1 à 10, 1 représentant le moins pénible et 10 le plus pénible.
La cotation est faite par l’intervenant extérieur, après confrontation avec l’appréciation des opérateurs au poste.
La grille a été renseignée à partir :
•
•
•
•
de l’observation ergonomique de chaque situation de travail pendant plusieurs cycles et plusieurs heures
des entretiens avec la direction, l’encadrement intermédiaire, les représentants du personnel, les salariés concernés
de l’appréciation de l’état d’usure et de vétusté du matériel (outils, machines)
de l’étude des documents internes :
* Fiches de postes
* Registre des accidents du travail
* Comptes-rendus de CHSCT
* Registre des absences
* Fiches de données de sécurité (FDS)
* Ratios quotidiens, hebdomadaires et mensuels de productivité
• de mesures :
* Position articulaires
* Chronométrage
* Répétitivité
* Pesées des charges transportées
* Distances parcourues
18
2- Les abaques de la « méthode d’analyse des manutentions manuelles » de l’INRS (1994)
Grâce à la grille de cotation, l’analyse des poids manipulés et transportés fait ressortir leur importance dans la pénibilité, ce qui a amené à utiliser les abaques de
l’INRS. Ceux-ci prennent en compte deux caractéristiques des manutentions, le poids unitaire des charges et le tonnage quotidien manipulé, en définissant deux
zones : une « acceptable », une autre « inacceptable ».
Il existe deux abaques : une pour les hommes et une pour les femmes.
Cet outil permet, sur le seul critère manutention, de montrer rapidement sur quel élément faire porter les améliorations :
• la masse unitaire,
• le tonnage journalier,
• les deux.
MASSE (KG)
MASSE (KG)
40
20
15
30
Abaque Femmes
Abaque Hommes
20
10
5
10
0
0
2,5
5
7,5
1
TONNAGE
PAR JOUR
5
10
15
20
TONNAGE
PAR JOUR
19
3- Une évaluation subjective de la pénibilité des situations de travail par les représentants du personnel
Les représentants du personnel ont été consultés pour évaluer les situations de travail en fonction de leur pénibilité. Une grille comportant le poste occupé, le niveau de pénibilité
estimé et les commentaires, a été créée.
4- Les situations de travail analysées
Au champ
Dégagement
Couper les feuilles qui empêcheraient au régime de grossir
Désherbage
Enlever l’herbe aux pieds des bananiers
Attachage
Attacher les bananiers ou poser un tuteur pour éviter qu’ils ne tombent à cause du poids des régimes
Piquage / Plantation
Traçage des points de piquage, mise en terre des plants de banane
Engainage
Enfermer chaque régime dans un sac de protection contre les nuisibles
Nettoyage
Nettoyer le terrain, enlever les pieds indésirables
A la récolte
Conduite du tracteur
Coupe
Tirage
Couper les régimes de banane
Transporter les régimes sur l’épaule
Arrimage
Récupérer le régime porté par le tireur et l’accrocher sur la remorque
Déchargement
Enlever le régime de la remorque et l’accrocher au carrousel
Epistillage
Enlever le pistil au bout de chaque banane
Dépattage
Première découpe du régime en « pattes » de 10 à 20 bananes
Découpe
Deuxième découpe en « mains » de 3 à 10 bananes
Mise en plateau
Récupérer les mains et les poser sur un plateau calibré au format d’une caisse
Pesée
Peser chaque plateau
Emballage
Vider le plateau et constituer un carton de bananes et l’envoyer vers la palettisation
Palettisation
Empiler et ranger les cartons pour constituer des palettes. Cercler les palettes
Au hangar
Hors flux de production
Préparation des cartons et plateaux
20
Résultats
21
Les cotations par situation de travail
8 situations sur les 20 étudiées sont cotées « pénibles », dans l’ordre décroissant :
• l’arrimage, classé avec la grille comme le plus pénible
• la palettisation
• le tirage
• l’engainage
• la coupe
• l’emballage
• le désherbage
• les cartons
Postes
Travaux du hangar
Travaux du champ
Notes
Postes
Déchargement
Notes
Arrimage
56
Moyenne
Palettisation
53
36,75
Attachage
36
Tirage
49
Dépattage
36
Engainage
48
Découpe
36
Coupe
42
Dégagement
32
Emballage
41
Nettoyage
31
Desherbage
40
Conduite tracteur
31
Cartons
38
Piquage
31
Mise en plateau
29
Epistillage
26
Plateaux
22
Pesée
21
36
Le tableau ci-dessous récapitule les cotations de pénibilité pour l’ensemble des postes. Les notes correspondent à la
somme des cotations par contrainte ou critère de pénibilité (voir tableau « Résultats : Analyse croisée situations de
travail / contraintes page 29).
La moyenne étant de 36,75 les postes les plus pénibles se trouvent en majorité au champ (récolte et travaux des champs) : 5 sur 8.
Sur les 10 postes les plus pénibles, 7 se trouvent dans les champs.
Selon les abaques de l’INRS, 7 postes de travail se situent dans la zone « inacceptable », en ce qui concerne les hommes :
• 2 à la récolte : arrimage et tirage,
• 1 au champ : désherbage/épandage,
• 4 au hangar : déchargement, dépattage, palettisation et fabrication de cartons.
Les femmes ne se retrouvent qu’au désherbage et à la fabrication de cartons.
En exemple, les 4 pages suivantes montrent les résultats détaillés obtenus après l’analyse des postes de travail et le remplissage des grilles et des abaques, complétés par les appréciations
subjectives de la pénibilité par les ouvriers. Il s’agit des postes :
• Arrimage
• Tirage
• Engainage
• Palettisation
22
ARRIMAGE
COTATIONS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
MASSE KG
10
1 Risques de chutes de plain-pied ou de heurt
ABAQUE HOMMES
50
2 Risques de chutes de hauteur
3 Efforts physiques 1: manutention
30
4 Efforts physiques 2 : transport de charge
Evaluation
5 Postures du dos
20
6 Postures des épaules
subjective
7 Postures des poignets
6
8 Nuisances physiques
9 Etat du matériel
faible
moyen
élevé
10
0
5
10
15
20
TONNAGE
PAR JOUR
Cette activité se caractérise par un port de charge lourde, sans déplacement, à forte fréquence. A noter que sur cette exploitation, il y a 4 tireurs pour un arrimeur. Donc le
poids total soulevé par l’arrimeur est le quadruple de celui soulevé par chaque tireur. La fréquence de l’effort est également quadruple. L’arrimeur doit également procéder à des
réajustements des régimes sur la remorque. Ces éléments expliquent le niveau élevé des contraintes : efforts physiques 1 et 2.
Risque de chutes de hauteur : les régimes à récupérer sont posés sur les épaules des tireurs, l’arrimeur est debout sur la plate-forme et il doit se pencher pour récupérer les régimes.
Efforts physiques manutention, transport de charge, postures du dos, épaules : il doit prendre le régime en se penchant à 90°, se retourner et l’accrocher sur le convoyeur dans
la remorque. Il y a donc torsion du dos et élévation des bras avec un poids de plus de 50 kg.
Poignets et mains : ils ont un écartement palmaire important : il faut ouvrir les mains très larges et exercer une pression sur le régime. Ils sont soumis à des extensions, des
pressions et des déviations, à un rythme et une fréquence élevés, avec de lourdes charges.
Nuisance physique : rester en plein soleil ou sous la pluie sans pouvoir se mettre à l’abri.
L’arrimeur se trouve très largement dans la zone inacceptable de l’abaque INRS, à la fois par le tonnage total porté (22 T) et par la masse unitaire (50kg en moyenne).
23
TIRAGE
COTATIONS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
MASSE KG
10
50
1 Risques de chutes de plain-pied ou de heurt
2 Risques de chutes de hauteur
40
3 Efforts physiques 1: manutention
4 Efforts physiques 2 : transport de charge
Evaluation
5 Postures du dos
6 Postures des épaules
subjective
7 Postures des poignets
9
8 Nuisances physiques
9 Etat du matériel
30
ABAQUE HOMMES
20
10
faible
moyen
élevé
0
5
10
15
20
TONNAGE
PAR JOUR
Cette activité se caractérise par un transport de charge lourde sur une distance relativement longue (+ de 10m), à fréquence élevée (tout le temps de travail) et sur un terrain
parfois instable et pentu, avec franchissement et contournement d’obstacles.
Risque de chute de plain-pied : terrain parfois pentu et instable en cas de pluie, avec des obstacles, sans protection.
Manutention au poste : rotations, contournement d’obstacles, réajustements du régime sur les épaules, fréquence élevée.
Transport de charge : un régime peut peser jusqu’à 70 kg. La distance de transport est presque toujours supérieure à 10m.
Postures du dos et des épaules : poids du régime sur les épaules, torsions et flexions. Le tireur reçoit le régime sur l’épaule dans le cas des régimes très hauts. NB : le coupeur coupe
le régime qui tombe sur les épaules du tireur qui doit le porter.
Poignets : flexions, torsion, fort écartement palmaire.
Abaque INRS : le tireur se trouve dans une zone au-delà de la zone acceptable. Si le tonnage total porté est en zone tolérable, la masse de chaque régime est bien au-delà de l’acceptable.
PALETTISATION
COTATIONS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
MASSE KG
50
1 Risques de chutes de plain-pied ou de heurt
2 Risques de chutes de hauteur
40
3 Efforts physiques 1: manutention
4 Efforts physiques 2 : transport de charge
Evaluation
5 Postures du dos
6 Postures des épaules
subjective
7 Postures des poignets
9
8 Nuisances physiques
9 Etat du matériel
faible
moyen
élevé
30
ABAQUE HOMMES
20
10
0
5
10
15
20
TONNAGE
PAR JOUR
Caractéristiques principales : L’ouvrier prend les cartons pleins (18kgs) et les entasse jusqu’à + de 2 m sur des palettes. Il cercle les palettes, et les range dans le conteneur.
Efforts physiques 1 - manutentions au poste, transport de charges, postures du dos, épaules : les palettes sont posées à même le sol. L’ouvrier récupère les cartons sur un chemin
de roulement (entre 60 et 90 cm de hauteur). Il doit ensuite saisir les cartons, se retourner, et les poser au fur et à mesure. Au début il doit se pencher pour les poser. A la fin il
doit étendre les bras vers le haut et se mettre sur la pointe des pieds. Cet ensemble de mouvement est répété entre 91 et 140 fois par heure. Les contraintes pour le dos : torsion,
flexion, avec charge. Sur une base de 100 cartons par heure, il manipule donc 1,8T / h, soit près de 15T par jour.
Le palettiseur se trouve en zone inacceptable (abaque INRS). En effet, si le poids unitaire reste tolérable, la fréquence de manipulation fait sortir l’activité de la zone acceptable.
25
ENGAINAGE
COTATIONS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
MASSE KG
50
1 Risques de chutes de plain-pied ou de heurt
2 Risques de chutes de hauteur
40
3 Efforts physiques 1: manutention
4 Efforts physiques 2 : transport de charge
Evaluation
5 Postures du dos
6 Postures des épaules
subjective
7 Postures des poignets
7
8 Nuisances physiques
9- Etat du matériel
30
ABAQUE HOMMES
20
10
faible
moyen
élevé
0
5
10
15
Cette activité est généralement jugée a priori comme l’une des moins pénibles sur une exploitation de banane.
Pourtant dans notre classement, elle arrive en 3ème position, et est évaluée par les salariés à 7 sur l’échelle de 1 à 10, donc pénible.
20
TONNAGE
PAR JOUR
Risque de chute de plain-pied ou de heurt : terrain instable, avec dénivellation, obstacles. De plus, l’engainage se fait fréquemment sur une échelle instable.
Risque de chute de hauteur : travail sur une échelle (monter et descendre) qui n’est jamais fixée.
Efforts physiques 1 et 2 - manutention et transport de charges : il faut porter le paquet de sacs, le coutelas, l’échelle, le rouleau de ficelle, sous le bras (entre 15 et 25kg au total).
Tous ces équipements sont posés, repris, transportés. L’action d’engainer se fait en déséquilibre permanent sur une échelle, et sur plusieurs kilomètres par jour.
Postures du dos et des épaules, poignets : l’action d’engainer sollicite des postures du dos, des épaules et poignets : travail en torsion, en flexion et en déséquilibre sur une
échelle.
Les ouvriers trouvent cette activité plutôt intéressante.
26
Les cotations par contrainte ou critère de pénibilité
5 critères de pénibilité ont un score supérieur à la moyenne, qui est de
90,5, et ce très largement pour 3 d’entre eux :
• Contraintes pour le dos (139)
• Manutentions au poste (113)
• Contraintes pour les poignets (109)
• Contraintes pour les épaules (100)
• Risque de chutes de plain-pied (93)
CONTRAINTES
Dos
Manutention
Poignets
Epaules
Chutes de plain-pied
COTATION
139
113
109
100
93
CONTRAINTES
Moyenne
90,5
Transports de charges
Chutes de hauteur
Nuisances
COTATION
77
54
50
Les autres critères se situent sous la moyenne, pour certains très largement. Il s’agit de :
• transport de charge (77)
• chutes de hauteur (54)
• nuisances physiques (50)
Ce classement « sous la moyenne » est toutefois à nuancer. Si on considère la contrainte « transport de charge » qui, bien que se situant au final
sous la moyenne, on constate toutefois qu’elle obtient des scores très défavorables pour 4 postes sur les 20 étudiés (20%) :
• 2 postes atteignent 10 : palettisation et tirage
• 2 autres atteignent 8 : arrimage et désherbage
27
Exemples de résultats apportés par la grille pour la contrainte « manutentions au poste »
Le critère de pénibilité ou la contrainte « manutentions au poste » présente un niveau :
• élevé (supérieur à la moyenne) dans 50 % des postes, dont 5 au champ et 5 au hangar,
• très élevé dans 4 cas, dont 2 au champ et 2 au hangar.
Il semble évident à la lecture de la grille, que c’est un critère prioritaire en matière de soulagement à rechercher, que ce soit au champ ou au hangar.
COTATIONS
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Arrimage
Tirage
Emballage
Palettisation
Coupe
Travaux du champ
Engainage
Travaux du hangar
Déchargement
Dépattage
Désherbage
Cartons
Nettoyage
Dégagement cf
Attachage
Découpe
Mise en plateau
Piquage / plantation
Fabrication plateaux
Pesée
Conduite tracteur
Epistillage
faible
28
moyen
élevé
Analyse croisée « situations de travail / contraintes »
Pour pouvoir faire des propositions d’amélioration qui prennent en compte l’ensemble des postes et l’ensemble des contraintes générant de la pénibilité, nous avons regroupé tous les
tableaux « cotation finale » en un seul tableau à deux entrées :
• une entrée par les postes, ce qui a permis leur classement, du plus pénible au moins pénible,
• une entrée par les critères de pénibilité, ce qui a également permis leur classement, du critère potentiellement le plus dommageable pour la santé à celui le moins pénible.
De cette lecture émergent les priorités d’action tant sur les postes que sur les contraintes.
Dos
Manutention
Poignets
Epaules
Chutes Pp
Transp Charges
Chut Haut
Nuisances
TOTAL
Arrimage
Tirage
Engainage
Palettisation
Desherbage
Coupe
Déchargement
10
9
9
10
2
8
8
9
9
7
9
7
7
7
6
4
5
6
8
5
6
7
6
5
7
2
6
7
3
8
8
3
5
10
3
8
10
5
10
8
4
0
9
2
6
5
1
2
4
4
1
3
3
7
0
1
56
49
48
53
40
42
36
Attachage
Dépattage
Découpe
Emballage
Cartons
Dégagement
Nettoyage
Conduite
Tracteur
Epistillage
Piquage
Mise En
Plateau
Plateaux
Pesée
Total
5
10
7
8
6
3
7
8
5
7
5
9
7
5
5
1
5
8
8
6
3
5
3
7
5
5
6
6
6
4
2
6
8
2
5
2
3
7
8
3
4
2
0
6
4
4
4
0
4
1
1
1
5
2
2
2
0
1
4
3
4
2
0
4
36
36
36
41
38
32
31
31
6
6
7
0
5
5
8
4
5
5
2
4
3
5
3
0
4
0
1
3
1
3
2
4
26
31
29
6
4
139
3
1
113
3
4
109
6
3
100
1
3
93
2
2
77
1
1
54
1
3
50
22
21
29
Le point de vue des représentants du personnel
Poste
1
2
niveau de pénibilité
3 4 5 6 7 8 9
Coupe
xx
Arrimage
Port de charge sur sols boueux et fortes pentes. Pas assez de roulements
xx
xx
Travaux du champ
Dégagement
xx
Attachage
Travaux du hangar
xx
Nettoyage
xx
Piquage
Pénible pour le dos. Pas assez de roulements
xx
Desherbage
xx
Epandage
Risque chimique
xx
Engainage
Beaucoup de marche sur terrain difficile
xx
Comptage
xx
Déchargement
xx
Epistillage
xx
Pénible à cause de la vitesse demandée
Depattage
xx
Découpe
xx
Pénible à cause de la vitesse demandée
Mise en plateau
xx
Pénible à cause de la vitesse demandée
Pesée
xx
Stickage
xx
Pénible à cause de la vitesse demandée
Emballage
xx
Demande beaucoup de précision
Palettisation
xx
Pas assez de roulements
xx
Machine en mauvais état
Fabrication plateaux
Cartons
30
10
xx
Tirage
Tracteur
commentaires
xx
Enseignements
31
Pénibilité et maladies professionnelles
Les résultats obtenus, notamment les contraintes pour les poignets et les
épaules, interpellent fortement quant au très faible taux de déclaration de
maladies professionnelles, au titre du tableau 57 de la Sécurité Sociale, reconnaissant les troubles musculo-squelettiques (TMS) qui touchent notamment les articulations des membres supérieurs.
Tous les postes étudiés présentent des critères de pénibilité qui entrent dans
le tableau des relations entre facteurs de risque biomécanique et TMS, particulièrement en ce qui concerne les amplitudes articulaires, les efforts ou
la combinaison de facteurs.
Cette situation témoigne-t-elle d’une résistance particulière des ouvriers de
la banane, d’un manque d’information sur la reconnaissance des maladies
professionnelles, d’un refus des ouvriers de consulter sur leurs difficultés
par crainte de perdre leur emploi ?
Faut-il rechercher d’autres explications ?
Une étude complémentaire permettrait de répondre à cette question, en
élargissant le cadre de la recherche à d’autres exploitations.
Le tableau ci-dessous permet de constater que la probabilité d’apparition
de TMS est importante dans la profession.
Validité des relations entre les facteurs de risque biomécanique et les
TMS du membre supérieur (sources : NIOSH 1997 et INRS 1999)
Région anatomique
Cervicale et cervicobrachiale
Facteur de risque
Relation
très évidente
Relation
évidente
Répétitivité
X
Effort
X
Amplitude articulaire
X
X
Vibration
X
Répétitivité
X
Amplitude articulaire
Vibration
X
Répétitivité
X
X
Effort
Coude
X
Amplitude articulaire
Combinaison*
Main-Poignet
Syndrome du canal
carpien
X
Répétitivité
X
Effort
X
X
Amplitude articulaire
X
Vibration
Combinaison*
Main-Poignet
tendinite
X
Effort
Épaule
X
Répétitivité
X
Effort
X
Amplitude articulaire
X
Combinaison*
X
* Combinaison = présence d’au moins 2 facteurs de risque
32
Relation
suspectée
Pénibilité et accidents du travail
Le critère de pénibilité ou la contrainte « risque de chutes de plain-pied
et de heurt » est coté à 93, ce qui correspond à la moyenne des scores des
contraintes. Ce critère correspond également à la majorité des accidents du
travail recensés depuis 1999. En effet, sur 72 accidents du travail répertoriés,
26 sont des chutes (36%), et 34 sont des blessures (47%).
Même si on constate que « pénibilité » ne signifie pas mathématiquement
«accident », et qu’on ne peut se baser uniquement sur ceux-ci pour identifier
le caractère pénible de situations de travail (ils ne représentent qu’un critère
parmi 9), l’analyse des accidents révèle au moins trois points importants :
• la majorité des accidents se situe au champ : 38 sur 72, soit 53%
• le poste de tirage est celui où les accidents sont les plus nombreux
: 12 sur 72, soit 17%
• sur les 26 chutes recensées, 16 ont lieu aux champs, soit 61,5%.
Tableau des accidents du travail par poste (1999 à 2004)
Chute
Blessure
Autres
Total
%
Fleurs
4
4
1
9
12%
Atelier
1
7
2
10
14%
Cartons
1
1
0
2
Pesée
0
1
0
1
Découpe
0
1
0
1
Livraison
0
0
1
1
Quad.
0
1
0
1
Engrais
2
0
0
2
Dégagement
2
5
0
7
Désherbage
3
0
0
3
Nettoyage
2
1
3
6
Comptage
1
1
0
2
Arrimage
0
1
0
1
Tirage
5
5
2
12
Coupe
1
2
2
5
Trajet domicile - travail
1
2
0
3
Non précisé
3
2
1
6
Total
26
34
12
72
36%
47%
17%
%
10%
17%
33
Hypothèses et perspectives d’amélioration
À partir du constat sur le classement des postes de travail, l’hypothèse sur l’utilité de la mécanisation ou de la transformation de matériels pour améliorer la situation est avancée.
Il apparaît en effet prioritaire de soulager les quatre postes cotés les plus pénibles : arrimage et palettisation d’abord, puis tirage et engainage. Seul l’apport d’aides mécaniques aux
postes concernés permettra d’améliorer sensiblement ces postes. On notera que 3 d’entre eux se situent dans les champs et 1 au hangar.
À titre d’exemple, nous avons fait une cotation sur deux postes de hangar en partie mécanisés dans une exploitation voisine :
Total
Dos
Manutention
Poignets
Epaules
Chute plain-pied
Transport charge
Chute hauteur
Nuisances
Palettisation manuelle
10
9
6
7
3
10
5
3
53
Palettisation mécanisée
8
9
4
3
2
8
4
2
40
Cartons manuels
6
7
3
6
3
4
5
4
38
Cartons mécanisés
4
3
3
3
1
2
1
3
20
Comparaison de postes manuels et mécanisés
On note immédiatement le soulagement induit par une mécanisation, même si dans le cas de la palettisation, elle est insuffisante car incomplète : la plate-forme élévatrice en place
soulage principalement les contraintes au niveau des épaules. Elle ne soulage qu’en faible partie les contraintes dorsales, car elle ne s’élève pas au-dessus du niveau du sol (elle ne fait
que s’enfoncer dans le sol) et par conséquent maintient l’obligation de se pencher avec charge pour palettiser les premiers rangs de cartons.
34
1- Les postes à améliorer et les améliorations à mettre en œuvre
Les contraintes majeures à soulager sont :
• les contraintes pour le dos,
• les contraintes pour les poignets,
• les manutentions au poste,
• le transport de charge,
• les chutes de hauteur,
• les chutes de plain-pied.
Les postes les plus pénibles à soulager en priorité sont :
• l’arrimage,
• la palettisation,
• le tirage,
• l’engainage.
En ce qui concerne les travaux des champs et de récolte, trois voies méritent être explorées :
• 1 - Améliorer les remorques pour soulager l’arrimage,
• 2 - Concevoir un outil permettant un engainage moins contraignant,
• 3 - Concevoir un système de récolte qui allège de façon significative le tirage.
Remarque : le tireur n’est pas seul devant le bananier, il travaille avec un coupeur : quels pourraient être alors les risques liés à la proximité de travail entre un homme à pied et un
engin, compte tenu des contraintes topographiques et de visibilité ?
L’ensemble de ces questions justifie pleinement le prototypage des systèmes et leur mise en test avec un accompagnement ergonomique pour s’assurer de leur fiabilité, tant du point
de vue de leur adaptation aux opérateurs (facilité d’utilisation, moindre pénibilité) que de leur sécurité (dans leur utilisation et vis-à-vis des autres opérateurs).
En ce qui concerne les travaux du hangar, plusieurs pistes sont à envisager :
• La palettisation peut être soulagée de façon très significative en installant un système permettant de lever et d’abaisser les palettes, du type plate-forme élévatrice pouvant
entrer dans le sol et s’élever au-dessus du niveau du sol. On pourrait aussi tester la possibilité d’installer une potence portant un bras articulé avec un système de préhension des cartons.
• La cartonnerie doit être équipée d’une machine de confection automatique des cartons, voir les résultats comparés qui sont sans appel : diminution de près de 50% de la
pénibilité.
• Pour les autres postes du hangar, il faut envisager des améliorations en plusieurs étapes, du court au long terme.
Enfin, aussi bien pour les travaux des champs que pour ceux du hangar, une formation des opérateurs et l’acquisition de matériel adéquat paraissent indispensables pour l’affûtage et
l’affilage des outils tranchants, qui paraissent actuellement insatisfaisants. On sait que les efforts sont diminués quand les outils coupent bien.
35
2- Les enjeux des scénarii d’amélioration proposés : organiser les améliorations dans une approche globale
La prévention de la pénibilité passe par les outils classiques d’amélioration des conditions physiques de travail : réduire les sollicitations physiques, concevoir au mieux les espaces et les outils de travail. Les améliorations matérielles et logistiques que nous proposons vont dans ce sens. Mais elles ne sont qu’un premier pas vers une amélioration plus
globale des situations.
En effet, d’autres facteurs sont à considérer : l’organisation de la production (les horaires, la polyvalence, les rotations de poste…) et les relations sociales. Nous faisons l’hypothèse qu’une démarche bien menée sur les questions de mécanisation pourrait aider à travailler sur les autres domaines.
Par exemple, la mécanisation de la récolte et la mise en service de nouvelles remorques, l’évolution souhaitable des postes de découpe, mise en plateau et stickage, vont de
toute évidence poser le problème du redéploiement des effectifs. En effet, la donne en matière d’affectation du personnel de récolte va changer dans la mesure où 4 tireurs et
1 arrimeur par équipe ne seront plus nécessaires. Il est de même en ce qui concerne les postes au hangar : un redéploiement semble évident si découpe et mise en plateau sont
regroupées, stickage supprimé, et travail de dépattage à plat.
Il nous semble ici important de bien considérer que l’aide mécanique ou la transformation du contenu de certains postes pour soulager les tâches ne doit pas être prétexte à des
licenciements.
Au contraire, la recherche de pistes visant à soulager les pénibilités du travail doit être considérée comme un des moyens de moderniser la profession, en la resituant dans une
réflexion globale sur l’exploitation et ses différentes familles de métiers.
En effet, seule une approche globale des questions peut permettre de bien mesurer les enjeux de la mécanisation proposée, en réfléchissant aux moyens d’en faire une opportunité d’évolution des métiers et des qualifications, ce, dans la continuité des classifications.
Quatre raisons sont avancées :
• Le niveau requis de technicité pour la conduite et la maintenance des engins mécaniques va nécessairement augmenter. C’est l’occasion pour plusieurs salariés d’accéder à une qualification supérieure.
• Le redéploiement induit par un moindre besoin au tirage et à l’arrimage peut permettre de développer la polyvalence et la professionnalisation au niveau des travaux
des champs. On sait en effet que, de la productivité des sols et des plantes, dépend la productivité de l’ensemble de l’entreprise. L’effort à faire doit donc porter également sur les métiers d’entretien et de culture, qui sont actuellement une faiblesse dans l’entreprise. Il faut valoriser ces métiers par une réévaluation de leur importance dans la filière de production de la banane. Sur ces métiers, un développement des qualifications devient possible.
• Pour aller encore plus loin, la professionnalisation entraînerait naturellement une réflexion sur l’opportunité du travail à la tâche : peut-on encore travailler à la tâche
dans des métiers à responsabilité importante ?
• De la même façon, les transformations au hangar vont nécessiter un regroupement de certaines tâches, mais aussi la multiplication de certains postes comme le dépattage et la découpe, pour maintenir et si possible augmenter la productivité, tout en protégeant la santé des opérateurs. La question des qualifications se pose dans
la mesure où les conditions de réalisation du travail nécessiteront une évolution des compétences.
36
On voit bien là le double enjeu qui se présente :
• Un enjeu pour les salariés qui se décline en plusieurs points :
* Un soulagement (calculable) de la pénibilité physique et psychique des métiers, diminuant les effets néfastes du travail sur la santé,
* Un développement des compétences par le redéploiement des métiers et les formations induites, enrichissant les critères de qualification et de classification,
* Un nouvel espace de négociation sociale, permettant la construction d’un nouveau contrat social, tel que celui proposé par l’ARACT Martinique à la profession,
contrat social pouvant se concrétiser en termes de temps de travail, de salaire et de durée de carrière.
• Un enjeu pour la direction, dont les dimensions sont également plurielles :
* La possibilité de développer de nouvelles façons culturales, la qualité des sols et des plantes, avec des salariés formés, visant une meilleure productivité des plantes,
* En parallèle, la possibilité de proposer des situations de travail de meilleure qualité,
* Le développement des qualifications, adossé à la réduction de la pénibilité permettrait d’évoluer vers, à la fois une meilleure productivité du travail et une fidélisation des salariés (moins de turn-over), pour in fine avoir une structure plus efficace socialement et économiquement,
* L’opportunité de moderniser et donc de créer l’attractivité du secteur de la banane pour la main d’oeuvre.
La modernisation technique de la récolte présente donc des enjeux importants pour la profession. Nous n’aurons pas la naïveté de croire qu’à elle seule, elle va résoudre tous les
problèmes, mais nous pensons qu’elle peut être un levier permettant le démarrage d’une réflexion sur l’évolution souhaitée par la profession, salariés et dirigeants confondus.
Ceci étant, il faut insister encore sur la nécessité d’une approche globale de la question du développement de l’entreprise. En effet, un meilleur rendement arboricole, augmenté
d’un meilleur rendement de la récolte, vont augmenter obligatoirement le tonnage de fruits à traiter au hangar.
L’analyse menée montre que celui-ci n’est pas dimensionné pour absorber cette évolution : la saturation des bassins, de la penderie, des tapis est fréquente. Elle se régule parce
que l’apport de fruits n’est pas régulier et ne dépasse pas les capacités d’absorption des équipements. Cette variabilité d’ajustement n’existera plus si le tonnage apporté au hangar
augmente sensiblement.
Se pose aussi la question de la plantation : l’introduction d’engins mécanisés va selon toute vraisemblance, imposer une autre façon de planter.
Il y a donc à réfléchir, en termes de filière interne, de la plantation à l’expédition en passant par les métiers annexes (la cartonnerie). En effet, soulager le travail dans ses caractéristiques de pénibilité à certains postes (par exemple par la mécanisation de la récolte), ne doit pas l’intensifier ailleurs.
37
Annexe : Deux exemples de cotation de contrainte
38
Contrainte « pénibilite des déplacements : risque de chute de plain-pied ou de blessure »
Grille 1 : Données issues de l’observation du travail
Descriptif de la contrainte
Jamais
Présence d’obstacles
Sol défectueux
Sol humide ou gras
Dénivellation à franchir
Transport d’outil tranchant
0
0
0
0
0
De temps en
temps
1
1
1
1
1
Toujours
2
2
2
2
2
Grille 2 : Données issues des entretiens avec les salariés
Echelle d’évaluation du risque par l’opérateur :
Faible
Moyen
Elevé
Tableau de cotation
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Niveau de contrainte : 1 = risque faible ; 5 = risque moyen ; 10 = risque élevé
39
Contrainte « efforts physiques 1 : manutentions au poste »
Grille 1 : Données issues de l’observation du travail
Poids de la charge en kilogrammes
Fréquence de répétition par heure
1 à 30
31 à 60
61 à 90
91 à 140
> 140
0,5 à < 2,5
2,5 à <5
5 à <9
9 à <15
1
1
3
3
5
1
3
5
5
7
3
5
5
7
9
5
5
7
7
9
15
<25
7
7
9
9
9
à
Grille 2 : Données issues des entretiens avec les salariés
Echelle d’évaluation du risque par l’opérateur :
Faible
Moyen
Elevé
Tableau de cotation
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Niveau de contrainte : 1 = risque faible ; 5 = risque moyen ; 10 = risque élevé
40
>25
9
9
9
9
9
Une approche de la pénibilité dans l’activité nettoyage :
Le risque TMS POUR LES TECHNICIENNES DE SURFACE
41
Contexte et demande
Une association, créée par une collectivité territoriale, souhaite améliorer les conditions de travail des techniciennes de surface par une réorganisation du travail et une modernisation des outils de travail.
Deux raisons motivent cette demande :
• une inaptitude partielle déclarée au poste d’une salariée suite à une maladie professionnelle,
• des plaintes récurrentes de douleurs dorsales, des épaules, des poignets, des mains et des cervicales de plusieurs salariées.
Ces situations se situent bien dans la caractérisation des « traces durables et identifiables » de l’usure professionnelle.
Ainsi, le travail de l’ARACT s’est déroulé en trois phases :
• repères sur l’histoire professionnelle des personnes (âge, ancienneté, AT/MP),
• analyse des facteurs de risques (biomécaniques et psychosociaux),
• construction concertée d’un plan d’actions.
Sur un effectif de 80 personnes composant la structure, 10 occupent la fonction de Technicienne de surface. Ces 10 personnes font l’objet de la présente étude.
Afin d’accompagner la structure dans sa recherche de solutions qui consistait à mécaniser l’activité de Technicienne de surface qui actuellement est manuelle, l’ARACT Martinique
a utilisé les outils suivants :
• l’observation du travail,
• les entretiens au poste avec les salariées,
• l’analyse des documents internes.
42
Bref rappel sur le risque TMS
Première maladie professionnelle en France, les TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) sont des maladies liées à l’hyper sollicitation des articulations, notamment du membre supérieur. Ce sont des pathologies qui affectent les tissus mous (tendons, nerfs...) qui se trouvent à la périphérie des articulations.
Les TMS du membre supérieur surgissent lorsque les contraintes subies par l’épaule, le coude, le poignet ou la main sont excessives au regard des capacités fonctionnelles des personnes. Ils ne résultent pas de lésions soudaines ou spontanées (tels que les accidents du travail) mais résultent de traumatismes de faible intensité et répétés sur de plus ou moins longues
périodes sans possibilité de repos. Ces pathologies sont à effet différé. Les lombalgies sont également considérées comme des TMS.
Les TMS sont conditionnés par la présence de facteurs de risques de type biomécaniques :
• la répétitivité des mêmes séquences gestuelles,
• les postures avec des amplitudes articulaires extrêmes,
• les efforts exercés.
et de facteurs de risques à caractère psychosociaux :
• contenu du travail,
• vécu au travail,
• autonomie.
C’est la combinaison des facteurs biomécaniques et psychosociaux, en fonction de la sensibilité individuelle, qui conditionne la probabilité d’apparition de T.M.S (cf. Schéma I).
Les effets sur la santé :
• les douleurs
• es limitations fonctionnelles
• les pathologies : tendinite, syndrome canalaire…
• les effets psychosociaux : découragement, isolement….
Les effets sur la production :
• l’absentéisme
• les restrictions médicales
• la désorganisation du travail
• la baisse de productivité
• la baisse de qualité
• le climat social dégradé
43
Schéma 1 : les facteurs de risques et les effets des TMS
FACTEURS
PSYCHOSOCIAUX
SENSIBILITE
INDIVIDUELLE
FACTEURS
BIOMECANIQUES
Satisfaction au travail
Autonomie
Soutien social
Sexe
Âge
Etat de santé
Parcours professionnels
Répétitivité
Efforts
Postures
STRESS
PROBABILITE D’APPARITION D’AFFECTION PERIARTICULAIRE
TMS
Gène dans la production
Absentéisme Productivité Qualité
44
Santé du salarié
Pathologies
Restrictions médicales
Analyse : repères sur l’histoire professionnelle des personnes
Douleurs ostéo-articulaires (%)
Le facteur « âge » augmente la fréquence et la gravité des risques d’apparition des TMS et des dorsalgies
(Première enquête « Estève » INSERM, 1990).
100
80
FEMMES
HOMMES
60
40
20
0
37
42
47
52
ans
50
50
40
40
30
cou
dos
lombes
20
10
% douleurs
% douleurs
Douleurs ostéo-articulaires % selon l'âge et le sexe
30
20
10
0
37
Hommes
42
47
52
ans
0
37
42
47
52
ans
Femmes
Prévalence des douleurs du rachis en fonction de l’âge et du sexe
45
1- Ages et anciennetés
Âge
Ancienneté
44
6
45
16
46
16
47
16
49
1
50
1
52
16
52
19
56
18
62
16
9 personnes sur 10 ont plus de 45 ans. 7 d’entre elles ont plus de 15 ans d’ancienneté.
2- Parcours professionnels
Sept techniciennes de surface sur les dix exerçaient le même métier chez leurs employeurs précédents, ce qui accentue pour elles, la probabilité d’apparition de TMS. Une était cuisinière et la dernière était mère au foyer.
3- Accidents du travail et maladies professionnelles
Les MP et AT depuis 3 ans.
Quantité
nombre de jours
Maladies professionnelles
1 déclarée
+
1 opération du canal carpien
102
+
42
Accidents du travail
7
24
L’incidence des maladies professionnelles sur la durée des arrêts de travail est nettement supérieure à celle des accidents de travail.
46
Analyse : les facteurs de risques
1- Facteurs biomécaniques
La combinaison effort, répétitivité, posture (amplitude articulaire) a une relation très évidente avec les TMS des poignets, des mains, des épaules, des cervicales et du dos.
Rappels
La répétitivité
Celle-ci est considérée comme un facteur de risque TMS si 50% du temps sont consacrés aux mêmes séquences gestuelles ou si le temps de cycle est <30s, ou une même action est
répétée plus de quatre fois en une minute.
Les forces
La force moyenne supportée par la main ne dépasse pas 4kg, aucune conséquence quand la force moyenne est inférieure à 1kg.
Les positions articulaires
Les articulations ont des limites (cf. schéma 2).
Epaule
Coude
Poignet - Main
Dos et Lombaires
• Abduction
• Rétropulsion / Antépulsion
• Travail de l’autre côté de la ligne
sagittale
• Elévation
• Extension / Flexion
• Pronation forcée
• Flexion / Extension du poignet +
doigts fléchis
• Pronation/Supination
• Flexion/Extension
• Inclinaison radiale et cubitale
• Flexion/Extension
47
Schéma 2 : Positions articulaires pouvant présenter un risque d’apparition de T.M.S
Source : Agir sur… l’exposition aux risques professionnels - éd ANACT / Liaisons Sociales
48
Illustrations concrètes dans les situations de travail des techniciennes de surface
Le tableau ci-dessous illustre les principales actions de nettoyage effectuées par les techniciennes de surface, le matériel utilisé ainsi que les facteurs de risques biomécaniques correspondants (articulations sollicitées avec les positions articulaires correspondantes, la répétitivité et les forces exercées)
Actions
Matériels utilisés
Articulations solli- Positions articulaires Mouvements Forces exercées
citées
ou Postures
Balayer les détritus
Balais à
longs ou Epaule
courts poils
Coude
Poignet et main
Ramasser les détritus
Balais à
longs ou Epaule
courts poils
Pelle
Coude
Poignet et main
• Abduction
• Antépulsion
• Travail de l’autre côte de la ligne
sagittale
• Pronation forcée
• Flexion/Extension
• Flexion/Extension du poignet +
doigts fléchis
Répétitivité
Forces de poussée et Cycle : Eloignement / Rapprochement
de traction
du balai par rapport du corps
Durée de cycle : 1,66s
En 7min 24s, 267 cycles effectués
En 1 min 36 cycles
• Pronation/Supination
• Flexion/Extension
Elévation
Forces de poussée et Cycle : Jetter les détritus dans la poude traction
belle
Rétropulsion
Travail de l’autre côte de la ligne saDurée de cycle : 55,5s
gittale
Pronation forcée
Flexion/Extension du poignet +
doigts fléchis
En 7min 24s, 8 cycles effectués
En 1 min,~ 1cycle
Pronation/Supination
Flexion/Extension
49
Actions
Matériels utilisés
Arroser le sol : port
Tuyau d’arrosage
des tuyaux ou de seaux
Seau d’eau
Passer la serpillière
Chariots
Articulations sollicitées
Dos et Lombaires
Positions articulaires Mouvements ou Postures
• Flexion du dos
Epaules
• Flexion/Extension
• Elévation Coude
Epaule
•
•
•
•
Coude
• Flexion/Extension + doigts
fléchis
Balais à frange
Serpillières
Poignet et main
Essorer la serpillière
Utiliser une raclette
pour évacuer l’eau
Serpillières
Raclette
Coude
Déviation cubitale
Antépulsion
Adduction
Rotation
Forces exercées
Poids des tuyaux :
plus de 5kg
Poids d’un seau
d’eau : 5kg
Forces de poussée,
de traction
• Pronation/Supination
• Flexion/Extension
Epaule
• Antépulsion / Rétropulsion
Coude
• Flexion/Extension
Poignet et main
• Serrage
• Flexion/Extension
Dos et Lombaires
• Flexion
Cycle : Eloignement / Rapprochement du
racclette+serpillière par rapport au corps
Durée de cycle : 2,24s
En 3min24s, 91 cycles effectués
En 1 min 26,76 cycles
• Pronation/Supination
• Flexion/Extension
• Flexion/Extension + doigts
fléchis
• Pronation forcée
Poignet et main
Répétitivité
Cycle 1 : début - fin essorage de la serpillière
Durée de cycle : 4s
En 4s, 4 torsions
Cycle 2 : essorage de la serpillière
Durée de cycle : 40,8s
En 3min24s, 5 cycles
En 1 min 1,47 cycles
Forces de poussée et
de traction
Cycle : Eloignement / Rapprochement du
balais par rapport au corps
Durée de cycle : 1,42s
En 5min34s, 254 cycles
En 1 min 42,15 cycles
L’analyse du travail démontre que l’ensemble des actions effectuées par les techniciennes de surface est source de postures ou mouvements à risques. Les temps de cycles sont très
courts (inférieur à 30 s) et les forces exercées sont importantes.
On peut donc déduire que c’est l’accumulation de ces contraintes, à toutes les étapes du nettoyage, qui est à l’origine des douleurs ressenties et des TMS.
50
D’autres éléments sont à prendre en compte, tels que la dégradation et l’obsolescence du matériel mis à disposition des techniciennes ainsi que la conception des locaux à nettoyer.
Ces éléments accentuent et amplifient les contraintes de l’activité, les efforts fournis et les sollicitations articulaires qui sont à l’origine de TMS. Ils sont considérés comme
des facteurs aggravants.
Facteurs aggravants
Actions
Articulations sollicitées
Les locaux néttoyés
Points d’eau insuffisants
Arroser les sols
Evacuation d’eau insuffisante dans les gradins, salles de sport et vestiaires (cloisonnés)
Utiliser la raclette
Epaule
Sécher les sols avec ser- Coude
pillière
Poignet et main
Dos et Lombaires
Revêtements en carrelage antidérapant avec aspérités
Utiliser la raclette
Epaule
Sécher les sols avec ser- Coude
pillière
Poignet et main
-
-
-
Les salariées sont contraintes de transporter et dérouler le tuyau sur tout leur parcours : encombrement, gêne
Retrait du tuyau disposé dans un chariot (port)
Temps important pour démêler le tuyau d’arrosage
- Manipulations supplémentaires de la raclette et de la serpillière (évacuation de l’eau + séchage)
- L’eau stagnante dans les gradins, s’écoule sur l’air de jeu (par conséquent, un nettoyage supplémentaire de l’air de
jeu : travail supplémentaire
Difficulté à évacuer l’eau avec la raclette (efforts supplémentaires)
Epaule
Coude
Dos et Lombaires
51
Facteurs aggravants
Actions
Articulations sollicitées
Le matériel utilisé
Chariot inadapté :
Passer la serpillière
Dos et Lombaires
Balai à franges inadaptées :
Essorer la serpillière
Coude
Poignet et main
Serpillière
Séchage des sols
Epaule
Coude
Poignet et main
Balai
Balayer les détritus
Epaule
Coude
Poignet et main
Dos et Lombaires
Pelle
Ramasser les détritus
Epaule
Coude
Poignet et main
Dos et Lombaires
Auto-laveuse + mono-brosse
Laver les sols
Epaule
Coude
Poignet et main
Hauteur et taille insuffisante
Taille des franges inadaptée au balai, par conséquent utilisation de serpillières ou serviettes
Essorage de la serpillière manuellement
Dimension de poils des balais inadaptée à celle des détritus
- Pelles usées (trouées)
- Taille et hauteur des pelles insuffisantes
- Non utilisées par les techniciennes de surface car difficiles à manipuler (couple de démarrage important)
- Ne permet pas le séchage des sols, donc après utilisation (par les agents techniques), le séchage de sols se fait à la
serpillière
52
53
2- Facteurs psychosociaux
Rappel :
Les facteurs psychosociaux présentent à eux seuls des caractéristiques pathologiques, notamment dans la genèse des affections péri-articulaires et des dorsalgies. Associés aux
contraintes physiques, ils ont des effets multiplicateurs ou cumulatifs.
Les principaux facteurs psychosociaux sont de deux ordres :
• la satisfaction au travail et le soutien social : variété dans l’activité et reconnaissance du travail
• l’autonomie au travail : possibilité de faire varier la quantité ou le rythme de travail et gestion des situations de tension.
L’analyse des risques psychosociaux démarre sur la plainte exprimée par le salarié. C’est le matériau de base. Ces facteurs relèvent de la subjectivité des individus, c’est-à-dire la
façon dont ils perçoivent les différentes situations de travail. Toutefois cette perception est le résultat du vécu des conditions de travail. Plus elles sont dégradées, plus le vécu peut
être négatif, à l’inverse il sera positif si les conditions de travail permettent l’épanouissement et le bien-être des personnes concernées.
L’analyse du travail démontre que les techniciennes de surface sont relativement autonomes dans la réalisation de leur travail.
Malgré les fortes contraintes physiques, elles aiment leur travail. Cependant, elles se sentent peu considérées vis-à-vis des conditions d’exercice qui leur sont attribuées : matériels
inadaptés, pas entretenus ou obsolètes, et de l’absence de considération par la direction de leurs doléances (demande de matériels adaptés à leur activité).
De surcroît, les techniciennes ont peu de possibilité de visualiser, de contrôler et d’apprécier la qualité du travail qu’elles effectuent, car la vétusté des sols et des murs ne le permet
pas.
54
Cercle vicieux des facteurs de risques et des facteurs aggravants
Conditions matérielles de travail :
Locaux et matériels inadaptés
Absentéisme
Augmentation du risque
TMS
Contraintes gestuelles
supplémentaires
Désorganisation
Efforts supplémentaires
Augmentation des
douleurs
Absence de vision sur
le résultat
Découragement
Augmentation de la
fatigue
Manque de considération
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Synthèse La combinaison des facteurs biomécaniques et psychosociaux considérée en fonction de l’âge des salariées, de leur ancienneté au poste et dans le métier de technicienne, conditionne
la probabilité d’apparition de TMS et des dorsalgies.
SENSIBILITE
INDIVIDUELLE
FACTEURS
PSYCHOSOCIAUX
Manque de reconnaissance
Manque de considération
Faible visualisation de la qualité du
travail fourni
FACTEURS
BIOMECANIQUES
Age (50 ± 4 ans)
Durée de cycle de <30s
Ancienneté (12 ± 6 ans)
Sollicitations des épaules, coudes,
poignets et mains
Forces exercées importantes
TMS du membre supérieur
Matériel
Conception des locaux
Dorsalgie
Gêne dans la production
Absentéisme Baisse de la productivité et de la qualité
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FACTEURS
AGGRAVANTS
Santé des techniciennes de surface
Restrictions médicales Inaptitude Fatigue Découragement
Plan d’actions
Afin de prévenir l’apparition de TMS, il est important et nécessaire d’apporter des améliorations : technique (liée au matériel utilisé), conceptuelle (conception des locaux) et organisationnelle. Ces améliorations des conditions de travail ont pour objectif de préserver la santé des salariées et d’améliorer la productivité.
dimension technique
Activité (actions)
Actions d’amélioration
Acteurs de décision
Passer la serpillière
Chariot avec son balai à frange de taille et de hauteur suffisante Direction, Encadrement, CHSCT, Techniciennes
Balayer et ramasser les détritus
Pelles de taille et de hauteur suffisante Direction, Encadrement, CHSCT, Techniciennes
Passer la raclette et sécher les sols avec serpillière
Auto-laveuse avec un couple faible
Direction, Encadrement, CHSCT, Techniciennes
Sécher les sols
Aspirateur d’eau pour l’aspiration de l’eau dans les gradins
Direction, Encadrement, CHSCT, Techniciennes
Activité (actions)
Actions d’amélioration
Acteurs de décision
Nettoyer les sols et les murs
Carrelage et revêtement des murs dans un matériau qui ne re- Collectivité territoriale
tient pas les saletés
Passer la raclette et sécher les sols avec serpillière
Système d’évacuation dans les gradins et les vestiaires
Arroser les sols
Points d’eau installés à distance régulière avec enrouleur de tuyau Collectivité territoriale
d’arrosage Passer la raclette
Revêtement lisse, mais non glissant, dans le hall des sports (sans Collectivité territoriale
aspérités) dimension conceptuelle
Collectivité territoriale
dimension organisationnelle
Activité (actions)
Actions d’amélioration
Acteurs de décision
L’ensemble des actions
Nouvelle organisation du travail : taille des équipes, découpage Direction, Encadrement, CHSCT, Techniciennes
des tâches, horaires…
L’objectif de ce plan d’actions est double :
• Permettre aux salariés touchés de continuer à travailler,
• Eviter que de nouvelles personnes soient à leur tour atteintes par les mêmes pathologies.
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Méthodologie d’action
La méthodologie d’action s’est construite de façon concertée entre l’ARACT, le CHSCT, l’encadrement, la direction et les salariées concernées.
Compte- tenu des acteurs de décisions identifiés dans le plan d’action, la recherche des solutions se fera dans deux dimensions :
« Interne » : Direction, Encadrement, CHSCT, Techniciennes
En se basant sur les tableaux d’identification des activités et des contraintes, des solutions techniques et organisationnelles seront cherchées puis testées pour réduire ou supprimer
chacun des facteurs de risques.
Ce travail sera effectué par un groupe de travail comprenant des représentants de l’encadrement, des salariés et du CHSCT. Il sera piloté par l’ARACT. Il aura pour mission de :
• Recenser les besoins et rechercher les solutions techniques ou / et organisationnelles
• Tester les solutions retenues
• Mettre en place les solutions
« Externe » : la Collectivité Territoriale et la Direction
Plusieurs contraintes du travail, identifiées comme facteurs de risques, sont liées à la conception et à l’aménagement des locaux de travail.
Les solutions à trouver concernant : points d’eau, système d’évacuation d’eau, revêtement des sols et des murs, relèvent de décisions de la collectivité territoriale puisque les locaux
sont sa propriété et qu’à ce titre, la direction et le CHSCT n’ont pas de marges de manœuvre pour décider seuls des transformations des bâtiments.
Cette dernière dimension ainsi que les objectifs assignés aux solutions de réparation et de prévention incitent à élargir la réflexion sur les périmètres d’action en les inscrivant dans
une approche territoriale.
En effet, la problématique de la réparation et de la prévention amène les réflexions suivantes :
• si les personnes atteintes de TMS ne peuvent pas continuer à exercer leur profession et compte tenu de leur âge, de leur parcours professionnel et de leur niveau de qualification, vers quels autres emplois pourront-elles se tourner ?
• pour celles qui peuvent continuer le travail et celles qui intégreront l’entreprise, une grande partie des moyens pour prévenir l’apparition de pathologies ne dépend pas de
décisions internes à l’entreprise.
Vers quelle approche territoriale élargir la réflexion ?
• 1- Envisager un maillage pour que le type d’activité des entreprises, la formation professionnelle et les parcours professionnels ne cantonnent pas les personnes dans des
métiers où le risque TMS est potentiellement présent : techniciennes de surface, mais aussi ouvriers agricoles, caissières de supermarché, ouvriers du bâtiment, opérateurs
de centre d’appel, coiffeurs… qui cumulent parfois un bas niveau de formation, un bas niveau de qualification et des risques professionnels.
• 2- Faire en sorte que les décisions en matière de construction ou d’investissement intègrent la notion de prévention des risques professionnels du type TMS, a minima.
58
59
60
PERSPECTIVES
L’étude de ces deux métiers à travers les situations professionnelles démontre que le contexte organisationnel est une composante à prendre en compte dans l’analyse de la pénibilité. Dès lors, il convient de rechercher des solutions en interne avec
l’ensemble des parties prenantes de l’organisation de travail, c’est-à-dire dirigeant, représentants du personnel, instance paritaire et salariés concernés. Car ce sont les salariés concernés qui vivent le travail, qui peuvent le mieux en parler.
Le premier enseignement que l’on peut tirer de l’analyse de la pénibilité, c’est que l’exercice pour l’amélioration des conditions
de travail qui interroge l’organisation du travail, ne peut se faire en dehors des acteurs qui vivent le travail.
Le deuxième enseignement est que toutes les solutions ne se trouvent pas uniquement au sein de l’entreprise. Le territoire
est interrogé pour participer à la recherche de pistes soit pour l’amélioration et la reconstruction d’infrastructures, soit pour
la reconversion professionnelle des salariés afin de leur assurer une suite de parcours moins contraignante. Néanmoins l’entreprise, se situant très souvent entre contraintes et opportunités, doit préparer la reconversion professionnelle des salariés
à travers, notamment, la VAE et/ou des actions de formation qui doivent non plus s’inscrire seulement dans une logique
d’adaptation mais d’anticipation. C’est une invitation à l’utilisation des fonds de la formation dans une approche managériale
humaine et sociale de l’activité. Plus que jamais, un rapprochement entre les OPCA, les organismes en charge des questions
d’amélioration des conditions de travail, de l’emploi et de la prospective s’impose.
Le troisième enseignement réside dans la nécessité pour les acteurs de la Martinique de contribuer aux travaux du Conseil
d’Orientation des Retraites sur la question des usures professionnelles, à partir des travaux et réflexions menés par les organismes experts de la Martinique en lien avec les réalités du territoire.
C’est un appel à l’exercice de l’anticipation, de la responsabilité afin de créer les conditions du « bien vieillir en travaillant » et
« bien travailler en vieillissant ». Mais seul un véritable dialogue entre le territoire et les entreprises contribuera à l’expression
de cet exercice dans l’intérêt de la performance sociale et économique de la société martiniquaise.
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ARACT Martinique - Septembre 2008
Les autres publications de
l’ARACT Martinique
Les guides Responsabilité Sociétale des Organisations - RSO
Intégrer les enjeux du développement durable dans le
management des organisations
novembre 2007
Collectivités territoriales
Entreprises privées
ELVIE, un outil de diagnostic
et de prévention des risques
psychosociaux au travail
Performance sociale
Une autre approche de la
performance de l’entreprise
Cet ouvrage ne peut être vendu
janvier 2008
septembre 2008
GUIDE PRATIQUE
Performance sociale
DIAGNOSTIC GLOBAL
DIAGNOSTICS SPECIFIQUES
LE FACT
ARACT Martinique - Association Régionale pour l’Amélioration des Conditions de Travail
Immeuble La Verrière – 20, avenue des Arawaks – 97 200 FORT-DE –FRANCE
Tél. : 05 96 66 67 60 – Fax : 05 96 66 67 61
Email : [email protected] - www.martinique.aract.fr
DIAGNOSTICS THEMATIQUES
Une autre approche
de la
performance de l’entreprise
COMMISSION EUROPEENNE
Fonds social européen

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