Homélie du 8 juillet 2012

Transcription

Homélie du 8 juillet 2012
Dimanche 8 juillet 2012
14e dimanche du temps ordinaire
Nul n’est prophète en son pays
I
l existe des proverbes ou des dictons qui puisent leurs
sources dans la tradition biblique. L’Évangile de ce
dimanche en présente un bel exemple : « Nul n’est prophète en son pays. » C’est un résumé du constat un peu désabusé que Jésus fait : « Un prophète n’est méprisé que dans
son pays, sa famille et sa propre maison. »
Pourquoi une telle remarque ? Et, question subsidiaire :
qu’est-ce qu’un prophète ? Nous trouvons des réponses
dans les lectures qui nous sont proposées. Dans la page
de l’évangile selon saint Marc, le contexte semble assez
clair. Les auditeurs de Jésus apparaissent comme incrédules et un peu blasés : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se
réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de
Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses
sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Disons-le d’une autre manière, plus directe et plus brutale : « Mais on le
connaît, celui-là ! Qu’est-ce qui lui prend de nous faire la
leçon ? »
Nous pouvons le constater dans la vie ordinaire : il
existe des personnes que nous disqualifions d’emblée
parce que nous pensons savoir ce qu’elles vont dire avant
même qu’elles aient ouvert la bouche… « On ne nous la
fait pas, tout de même ! » Il est certain que lorsqu’on se
bouche les oreilles avant d’entendre, on ne risque guère
d’écouter et de prêter attention…
La lecture du livre d’Ézéchiel apporte un éclairage supplémentaire sur ce constat un peu amer : « Fils d’homme, je
t’envoie vers les fils d’Israël, vers ce peuple de rebelles qui s’est
révolté contre moi. Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont
soulevés contre moi, et les fils ont le visage dur, et le cœur obsti-
né… » En d’autres termes, voici le défi lancé à ceux qui
sont chargés de porter l’Évangile, la Bonne Nouvelle : ils
risquent de n’être pas entendus ! Il est vrai que quand on
est revenu de tout, on est blindé, vacciné, et donc sourd et
aveugle.
Ceci nous rappelle aussi le défi de la foi. Croire en Dieu
ne va pas de soi, malgré les apparences. C’est un combat
à mener sans cesse. « Cet Évangile que tu proclames,
nous le connaissons par cœur : nous l’entendons au
moins tous les trois ans ! » Si en plus une de ces phrases
est devenu un proverbe, à quoi bon s’y attarder davantage ? Nous pouvons constater que, de nos jours, il existe
bien des situations où nous n’avons guère envie d’entendre une Bonne Nouvelle et pas davantage d’en témoigner.
Pourtant, y a-t-il lieu de se laisser décourager ? Jésus
s’étonne « de leur manque de foi ». Il se contente de guérir
« seulement quelques malades en leur imposant les mains. » Et,
de nouveau, il se met en route : « Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant. » Cela est sans doute un rappel salutaire de la mission universelle de l’Église, qui ne
saurait s’arrêter à nos propres portes…
Le défi qui nous est lancé, à nous, chrétiens, est sans
doute celui d’une « nouvelle évangélisation » que le pape
Jean-Paul II appelait de ses vœux et que son successeur
Benoît XVI reprend à son propre compte. Mais sans doute
cette « nouvelle évangélisation » passe-t-elle aussi par notre
capacité à nous renouveler dans la foi. Le temps d’épreuve que nous vivons dans l’Église est à la mesure, à la hauteur de ce défi. L’annonce de l’Évangile est toujours aussi
difficile et périlleuse. Mais si nous sommes porteurs
d’une Bonne Nouvelle véritable, pouvons-nous nous
contenter de la garder pour nous tout seuls, comme si on
la mettait sans un coffre-fort ou un congélateur ? Nous
aussi, nous sommes des « prophètes », des « porte-parole » du Seigneur.

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