Chers amis, vous avez décidé de fêter mes 30 ans d`ordination
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Chers amis, vous avez décidé de fêter mes 30 ans d`ordination
Homélie pour la St Pierre et St Paul 28 juin 2014, St François de Sales, 18h Chers amis, vous avez décidé de fêter mes 30 ans d’ordination sacerdotale. Je n’aime pas beaucoup les anniversaires, je ne veux pas être un gourou, je n’aime pas dire « ma paroisse », parce que les paroisses que j’accompagne ne m’appartiennent pas. Je me retrouve mieux dans ce qu’écrit le pape François dans sa lettre « l’Evangile de la joie » : – le pasteur doit être devant parfois – d’autres fois il sera simplement au milieu de tous dans une proximité simple et miséricordieuse, et en certaines circonstances il devra marcher derrière le peuple, pour aider ceux qui sont restés en arrière ». J’ai baptisé un peu plus de 1200 personnes en 30 ans – ce n’est pas bcp, cela fait 40/an), mais en disant sur chacune « tu es prêtre, prophète et roi », ça par contre, avoir fabriqué de la part du Seigneur 1200 personnes libres comme vous, des prêtres, prophètes et rois, des gens libres d’exercer leur foi et leur recherche de vérité et d’en être heureux, ça c’est bien. Et c’est ça qui me permet de marcher au milieu de vous et de temps en temps, derrière. Je ne suis pas moine, je suis prêtre diocésain qui vit comme il peut en amitié avec une communauté. Cette communauté peut-être une mosaïque avec deux paroisses, du scoutisme, de l’école catholique, une famille, des amis, des paroissiens d’avant, comme ceux d’Alfortville : c’est ça, la communauté au sens large. C’est l’Eglise famille de Dieu, comme disent nos copains africains. Je crois que la communauté active la foi de ses membres et aussi des prêtres qui l’accompagnent. Je crois qu’en regardant les gens dire « amen » quand on leur donne la communion, on prie sans faire exprès et qu’à force de traduire l’évangile pour des jeunes, des gens de passage, des mécréants, des gens heureux ou des gens tristes, il y a aussi un peu d’évangile qui passe en nous. On s’approche de l’idéal que donnait le cardinal Lustiger « vous devriez parler l’évangile comme votre langue maternelle » En fêtant cet anniversaire, on fait une action de grâce. Ça c’est bien. C’est le sacrifice au vrai sens du mot. Un sacrifice, dans la bible, c’est un truc qui réjouit la face de Dieu. St Paul l’a expliqué aux Corinthiens en disant : « Dieu aime celui qui donne avec joie » Une action de grâce, c’est une espèce de gros souffle qui monte de la communauté et quand elle a respiré, elle est complètement oxygénée. En disant merci, on est tous un peu meilleurs. Autrement dit, fêter 30 ans d’ordination, cela veut dire : « bon, un prêtre pour s’occuper des dons de l’Esprit Saint, c’est quand même utile », donc, vive l’Esprit Saint ! Amen ! Du coup, cela devient une vraie prière à l’Esprit saint, une petite Pentecôte et c’est toute la communauté qui prend un coup d’Esprit saint sur la tête, et ça c’est bien. En fait, vous êtes rusés. Vous vous êtes dit : « on va recommencer la Pentecôte, ça ne peut pas nous faire de mal » Vous savez que j’ai fait mes études de séminaire à Rome. Jésus est mort à Jérusalem, mais Pierre et Paul sont morts à Rome. A Rome, il y a le Vatican, mais il y a aussi la banlieue. C’est là que j’ai appris la banlieue et que j’ai appris à être étranger. A Rome, on a placé les deux statues de Pierre et Paul sur les colonnes géantes qui rappellent les victoires des empereurs Trajan et Marc Aurèle. En fait, Pierre et Paul on fait mieux que les empereurs romains et leurs guerres, ils sont arrivés « en finale ». Dans notre église, c’est pareil : Pierre et Paul sont là, sur ces grandes verrières qui ressemblent à des colonnes A quoi servent ces vitraux et pourquoi cela tombe-t-il bien de fêter Pierre et Paul aujourd’hui ? Ce ne sont pas de super héros. Ils ont en commun leur passé tortueux (le reniement pour Pierre et la persécution des chrétiens pour Paul) que la Bible n’a pas censuré. Mais ils ont aussi versé leur sang pour l’amour du Christ. C’est pour cela que je porte une chasuble rouge Un jour, le Seigneur ouvre la porte de la prison de Pierre pour qu’il puisse continuer à ouvrir le cœur des gens à l’évangile : « Mets ta ceinture et tes sandales. » Pierre obéit, et l'Ange ajouta : « Mets ton manteau et suis-moi. » Pierre n’a pas fini de suivre Jésus, il n’a pas fini le service de l’évangile, il n’a pas fini de rendre témoignage… Pendant ce temps, Paul dit : « Je me suis bien battu, j'ai tenu jusqu'au bout de la course ». Mais sa course n’était pas tout à fait terminée Pierre et Paul vont vers leur accomplissement. Et nous ? Nous aussi, nous avons fait du bon boulot, dans nos années de service puisqu’ensemble, nous participons au service de l’évangile. Pierre et Paul nous encadrent comme deux grands frères solides et nous disent : continuez, les amis, vers votre accomplissement. Pierre de sa prison nous dit : « occupe-toi de la partie de toi qui demeure coincée, tristounette, emprisonnée, de la partie de ta vie, de ton temps, de ton Eglise qui ne sait pas sortir et marcher sous le soleil de Dieu. Paul ajoute : « Je me suis bien battu… je suis resté fidèle… le Seigneur m'a rempli de force pour que je puisse jusqu'au bout annoncer l'Évangile ». Je vous souhaite cette force heureuse pour avancer. Pierre et Paul, les deux serviteurs de Jésus, les deux apôtres complémentaires, les deux colonnes de l’Eglise nous disent : regardez l’année passée avec bienveillance et gardez à portée de main sandales, ceinture et manteau, car le service n’est pas terminé ! Et ça c’est bien : joyeux anniversaire à toute la communauté. P. Edouard Le Nail