Un thème, 5 idées : l`art aborigène
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Un thème, 5 idées : l`art aborigène
Un thème, 5 idées : l’art aborigène !pré-PER! Bien que vieux de plusieurs milliers d'années, l'art produit par les Aborigènes d'Australie a connu un renouveau et un accès de popularité depuis le début des années septante. Ce succès a conduit à l'ouverture de plusieurs écoles et à la reconnaissance internationale de nombreux artistes. Les peintures à l'acrylique sur toile de style pointilliste sont sans doute les plus reconnaissables. Elles sont largement inspirées des peintures sur sol. Fondées sur des thèmes traditionnels, elles permettent aux artistes d'exprimer et de perpétuer les anciennes valeurs et de partager leur riche héritage culturel. Les thèmes Traditionnellement l'art aborigène décrit des histoires ancestrales qui mettent en scène des héros vivant à la création du monde. Les Aborigènes appellent ce temps lointain « Dreamtime ». Ces récits racontent d'une part les règles de la vie en commun et d'autre part l'origine des particularités du paysage et des animaux. Cependant le nombre de ces récits n'est pas figé car les Aborigènes continuent à produire d'autres histoires qui leur sont révélées en rêve. Les supports Les motifs utilisés pour la peinture sur toile étaient autrefois dessinés sur le sable ou sur les parois d'une grotte. Ces motifs représentent les trajets empruntés par les héros mythique du Dreamtime. Ils forment des cartes géographiques dessinées en perspective aérienne. Les couleurs La palette de couleurs utilisées révèle les liens profonds qui unissent les Aborigènes à la terre. Le fond est en général ocre rouge ou noir. Dessus des motifs aux couleurs terreuses sont peints en formes larges. L'achèvement du travail consiste à délimiter puis à remplir les formes avec une multitude de points, hachures et treillis. C'est une manière aussi de cacher certains motifs secrets. Un code Enfin, il faut savoir que les peintres utilisent toute sorte de symboles, de signes simples pour représenter les animaux, les personnages humains, les plantes, les graines, les repères fixes du paysage (plans d'eau - colline -etc.) Applications Que ce soit par la simplicité des formes représentées, par son côté narratif aventureux, ou la richesse de son ornementation, l'art aborigène séduit les enfants et permet moult applications. Une présentation bien illustrée permettra de découvrir, de faire connaître, aimer et respecter l'art aborigène. Les sujets Un animal typique du continent australien / un animal venu des rêves / un symbole magique / une représentation personnelle d'un chasseur / une carte au trésor / etc.... 1. une leçon de dessin ou de peinture : - support : papier dessin mais aussi papier noir ou plaque de liège (les Aborigènes peignaient sur des écorces). - technique : la gouache est idéal. - outils : pinceaux mais aussi coton tige pour les pointillés. 2. en ACM : fabrication d'un bâton de pluie à partir de gros tubes en carton (pour affiches ou intérieur de rouleau de moquette ou intérieur de gros rouleaux de papier). Décoré de peintures aborigènes, rempli de diverses grosses graines. 3. en ACT : un frisbee coupé et cousu dans un tissu épais et solide, décoré sur ce thème et rempli de sable ou de boules de sagex. 4. land art : un travail collectif réalisé en plein air dans un champ ou sur un pré avec des graines de potiron et de tournesol, des fruits, des feuilles, des branches, des noisettes, des baies, des cacahuètes, des croûtes de pain. On peut s'aider de grands pochoirs en papier pour délimiter les formes avant le remplissage. 5. peinture murale : les enfants inventent un récit de chasse et imaginent un parcours dans le désert et dans le bush. Puis ils mettent au point leurs propres symboles pour représenter les différents éléments, un code. Et on racontera cette histoire en image sur le mur dans le style aborigène. Les intentions pédagogiques Suivant comment on conçoit sa leçon autour de ce thème, on peut privilégier les objectifs suivants : la vision dans l'espace: la vision aérienne, la vue d'avion - le parallélisme - la symétrie. les couleurs: la gamme des bruns, des beiges - les tons purs et les tons rompus. la ligne décorative: inventer, varier, organiser, rythmer les motifs. découvrir l'expression graphique des Aborigènes. dessin d'observation d'un animal. Pour en savoir plus sur le sujet et pour illustrer votre propos : un site très complet: http://www.offratel.nc/faumar/ Disponible à la médiathèque de Sion Av. Pratifori : L'Art des Aborigènes d'Australie, Wally Caruna, Editions Thames & Hudson, Paris 1994. Le Mémorial un chef-d'œuvre d'art aborigène, édité par le Musée Olympique à Lausanne. Sandra Coppey Grange Dossier thématique Les premières manifestations de l'art aborigène australien remontent à plus de 30’000 ans : ce sont des peintures et des gravures rupestres qu'on peut encore voir, par exemple dans les grottes sacrées du Nord du pays. Cet art est continuellement développé tout au long de l'histoire de l'Australie jusqu'à l'arrivée des premiers colons anglo-saxons donnant lieu à des styles différents (figuratifs ou abstraits) et développant à la fois peinture (rupestre, sur sol, sur écorce) et sculpture (totems, objets rituels). En un premier temps, l'art aborigène fut soit méprisé soit nié par la puissance colonisatrice. Au plus s'intéressait-on à ses manifestations dans une perspective ethnologique. Cette situation perdura tout au long du XIXème siècle et de la première moitié du XXème. Cependant déjà au cours des années 1930, les peintures et les sculptures réalisées par les Aborigènes à des fins religieuses commencèrent à attirer l'attention d'amateurs d'art séduits par leur caractère énigmatique, abstrait et novateur. Les Aborigènes furent dès lors incités à réaliser des œuvres destinées à ce public tout en gardant à leur production la dimension religieuse qu'elle avait à l'origine. A partir des années 1970, à la faveur des mouvements d'émancipation aborigènes, l'existence, la singularité et la valeur de cet art ont été de plus en plus reconnues et, tout en s'inspirant d'une tradition culturelle plurimillénaire, un véritable art aborigène contemporain (peinture, sculpture, mais aussi gravure, photographie, installations) est né et s'est imposé sur la scène internationale. Malgré sa dimension éminemment moderne, l'art aborigène contemporain puise son inspiration dans ce souvenir toujours vivant de la création de l'Australie qu'on appelle le "Temps du Rêve". - ensemble de mythes partagés malgré une grande diversité clanique (200 langues et environ 800 dialectes) par tous les Aborigènes et évoquant l'apparition de Grands Ancêtres ("Esprits éclairs", demi-dieux, animaux, voire plantes) sortis du magma originel pour façonner le continent à leur image, donner naissance aux tribus, instaurer lois et coutumes sociales et religieuses. Sur le point de disparaître, les grands ancêtres ont laissé aux différentes tribus le souvenir de leur rôle dans la Création de l'Australie : charge à elles de le célébrer et de le ressusciter lors de cérémonies rituelles. À l'occasion des cérémonies célébrant le Temps du Rêve, les Aborigènes du Grand Désert Central et du Kimberley se sont mis à recouvrir le sol de pointillés réalisés avec des pigments naturels (craie, argile, charbon de bois, ocres) et disposés à l'aide d'un bâtonnet. C'est cette pratique qui est à l'origine de la peinture aborigène contemporaine, née dans les années 1970 à l'instigation de certains Occidentaux, tel Geoffrey Bardon, instituteur anglo-saxon à Papunya qui suggéra à ses élèves de reproduire les motifs principaux des peintures sur sol réalisées en l'honneur du Temps du Rêve : d'abord sur les murs de leur école, puis sur du contre-plaqué, enfin sur toile. Diffusées, les oeuvres ainsi réalisées rencontrèrent un vif succès et donnèrent l'idée aux Aborigènes de constituer des coopératives pour commercialiser leurs toiles. Guidés par les responsables artistiques de ces coopératives de véritables talents originaux se sont révélés. Suivant les régions, les caractéristiques stylistiques et les techniques diffèrent : les participants d'une cérémonie peuvent également dresser des totems représentant leurs grands ancêtres, ou reproduire sur écorce des motifs rituels ou claniques et se couvrir le corps de motifs sacrés, essentiellement abstraits. Malgré un attachement viscéral des artistes à leur culture, il ne faudrait pas croire que l'art aborigène soit resté figé dans la perpétuation de son passé. C'est au contraire un art très ouvert sur les autres cultures. Plus généralement, les artistes aborigènes ont parfaitement su s'adapter à la peinture acrylique et certains se sont même mis à des techniques très occidentales telle l'aquarelle. Tiré du site : « Arts d'Australie Stéphane Jacob » http://www.artsdaustralie.com/fr/artAustralien/index.php3 Mais aussi... Lorsqu'on regarde pour la première fois une peinture aborigène du désert central, le regard est à la fois attiré par des signes symboliques et par l'effet visuel des petits points. Les motifs utilisés pour la peinture sur toile étaient autrefois dessinés sur le sable. On faisait une bouillie avec des végétaux et les dessins sur le sable étaient faits avec des petits tas de cette bouillie, constituant comme des points. On utilisait aussi cette technique de points pour les peintures rupestres, afin de souligner certains sujets. Ces peintures racontent, bien sûr, des histoires du Jukurrpa (Jukurrpa est traduit en anglais par Dreamtime, époque du Rêve. Je préfère pour ma part ne pas traduire ce mot.). On dirait souvent des vues aériennes. Ce sont les traces d'un oiseau, d'un animal, d'un être humain, etc. représentant pour la plupart, les êtres ancestraux. Voici la liste de quelques symboles, les plus communs. Cependant, ce genre de classification n'est pas aisé car la signification des signes n'est pas univoque. Chaque peintre donne un sens particulier à un signe en fonction de l'histoire racontée. Généralement, l'orientation des symboles sur la toile n'est pas fortuite : un Aborigène initié peut y placer immédiatement la position des points cardinaux. Pour nous, étrangers à la vie dans le désert, ce rapport à l'orientation reste mystérieux car notre survie ne dépend pas de ce type de connaissance. Hommes et femmes sont identifiés par rapport aux objets qu'ils ont avec eux (boomerang, lance ou propulseur pour un homme, coolamon (corbeille à cueillette), bâton à creuser ou pierre à moudre pour une femme). Les personnages humains sont traditionnellement représentés par un U. Ce signe correspond à une vue du dessus d'un personnage assis. Les animaux sont en général représentés par leurs empreintes laissées sur le sol. Elles correspondent, sur le plan réel, aux traces de la faune nocturne qui habite le désert et, sur le plan du sacré, aux traces des êtres mythiques. Les plantes du désert sont souvent dessinées dans les peintures faites par les femmes. Traditionnellement, ce sont elles qui sont chargées de collecter les graines et les végétaux. Sur le plan du sacré, certaines plantes personnifient des êtres mythiques associés aux rituels féminins. Enfin, elles ont des vertus médicinales bien connues des Aborigènes. On trouve aussi des astres dans les peintures aborigènes car certains êtres mythiques ont terminé leur parcours dans le ciel. Parmi les corps célestes fréquemment rencontrés dans la mythologie, il y a le soleil, la lune, les Pléiades, la voie lactée et d'autres planètes comme Orion ou Mars. Le Dream time Au début des temps, la terre était plate et sans relief. Seulement une immense plaine qui s'étendait sur tout l'horizon, bout du monde pour les Aborigènes. Ils pensaient que s'ils marchaient trop loin dans quelle direction que ce soit, ils seraient en danger de tomber dans un espace infini. Puis, il y a fort longtemps, lors d'une époque connue sous le nom de Jukurrpa* époque de la Création - de supers êtres semi humains, tels que le Rainbow Serpent (Serpent arc-en-ciel), Namarrgon, le Lightning Man (l'Homme éclair, il est responsable de tous les orages électriques qui se produisent pendant la saison des pluies - Namarrgon est donc surtout une figure du nord, là où le climat est tropical) et le Wandjina (esprit suprême de la région de Kimberley, nord ouest de l'Australie), ressemblant plus ou moins à des animaux mais se comportant comme des humains, donnèrent à la terre ses caractéristiques. Après avoir sommeillé pendant des lustres, ils commencèrent à errer sans but dans le pays. Ces êtres mythiques se comportaient comme les Aborigènes actuels. Ils ramassaient leur nourriture, creusaient pour trouver de l'eau, accomplissaient des cérémonies et des rituels, etc. Pendant toute cette période la région resta inchangée. Puis mystérieusement la période du Jukurrpa se termina et partout où un être mythique avait réalisé quelque chose, un élément naturel - une chaîne de montagnes, une colline isolée, une rivière ou même des arbres - se forma pour indiquer ledit endroit. Ces êtres donnèrent aux Aborigènes leurs codes de conduite, leur morale, leurs traditions, leurs lois, etc. Ces lois restent la base de la plupart des communautés indigènes, encore aujourd'hui. Cérémonies, rituels et représentations visuelles sont des éléments inspirés du Jukurrpa. C'est une force vivante et accessible dans la vie quotidienne. Dans la mythologie aborigène, une relation spirituelle lie les humains, les plantes, les animaux, les astres, et les sites, tous ayant en commun les ancêtres du Jukurrpa eux-mêmes nés de la terre. Chaque personne est liée spirituellement aux sites sacrés qui marquent la région associée avec ses ancêtres. C'est donc une obligation pour l'individu d'aider à préserver et à s'occuper de ces sites, en accomplissant les rituels nécessaires et en chantant les chants racontant les faits et gestes des ancêtres. En accomplissant cela, l'ordre créé par l'ancêtre est maintenu. Certains sites sacrés sont reconnus pour être dangereux et leur entrée en est interdite selon la loi aborigène. Ces restrictions ont souvent des origines pragmatiques. Un des sites d'Australie du nord était censé causer des douleurs dans tout le corps de n'importe quel visiteur. Il s'est avéré que l'endroit avait un taux dangereusement élevé de radiation, provenant d'émanation de radon. Les Aborigènes croient que détruire ou endommager un site sacré menace non seulement les vivants, mais aussi les esprits de la région. C'est quelque chose de douloureux et de dangereux. Il ne faut pas abîmer le Jukurrpa. Il faut le protéger. Protéger les plantes, les animaux, les hommes. Jukurrpa dit comment protéger la terre. De génération en génération, l'histoire des ancêtres est racontée. Pour ne jamais oublier. EX d'un mythe : Le Rainbow Serpent L'histoire du Rainbow Serpent (Serpent arc-en-ciel) est un sujet commun de la tradition aborigène à travers toute l'Australie, bien que l'histoire varie selon l'endroit. A Kakadu (nord de l'Australie), le serpent est une femme, Kuringali. Elle dessina son image sur un rocher lors d'un voyage dans la région d'Ubirr. Ce périple forma un chemin de création reliant les lieux divers qu'elle visita à Arnhem Land. A cet endroit, Kuringali est ressentie comme l'esprit le plus puissant. Bien qu'elle ait passé le plus clair de son temps à paresser dans les billabongs (marais, étang), elle peut s'avérer très dangereuse et destructrice si dérangée, et causer inondations et tremblements de terre. Elle peut même aller jusqu'à manger les gens!