Monographie de Saint-Crespin - St-Crespin sur
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Monographie de Saint-Crespin - St-Crespin sur
MONOGRAPHIE SAINT-CRESPIN (Diocèse d’Angers) PAR G. HAUTREUX Prêtre 2 3 Préface La monographie d’une humble paroisse de campagne ne peut offrir d’intérêt qu’à ceux qui connaissent le pays ou qui l’habitent. Cependant nous espérons que ces quelques pages seront accueillies favorablement par tous. En consentant à les publier, nous avons eu pour but de venir en aide aux œuvres d’une paroisse nécessiteuse. Nous faisons un appel pressant aux personnes bienfaisantes, elles sauront, nous n’en doutons pas, répondre à cet appel. Si la lecture de ce travail peut inspirer un jour quelqu’un l’idée d’en entreprendre un semblable, nous en serons heureux, parce qu’alors il sera possible d’arriver à composer une histoire complète de notre diocèse. Saint-Crespin, 8 janvier 1886 4 5 Saint Crespin et Saint Crespinien Venus de Rome avec Saint Quentin, au troisième siècle, les deux frères Crespin et Crespinien (Crispinus et Crispinianus) s’étaient donné la mission de prêcher aux populations idolâtres de la Gaule-Belgique. Citoyens romains, issus d’une famille distinguée par le rang et la fortune, ils se présentèrent à Soissons comme de modestes artisans. Saint Paul fabriquaient des chaussures, ils fabriquaient des chaussures. Leur habileté dans l’humble métier qu’ils exerçaient devint si grande que leur échoppe ne tarda pas à être le rendez-vous de toute la province. Les deux frères se préoccupaient moins de vendre leurs produits que de sauver les âmes. Jamais ils n’exigeaient d’argent de leurs visiteurs, se contentant de ce qu’on voulait leur offrir ; à tous ils prêchaient Jésus-Christ. Leur apostolat fut fécond, et une chrétienté nombreuse et fervente ne tarda pas à se former sous leur direction. Durant une courte apparition dans la capitale des suessionenses, Maximien 6 Hercule, que Dioclétien s’était associé à l’empire, se fit amener les deux frères. Dans un long interrogatoire, il apprit leur illustre origine, puis il les renvoya devant le tribunal de Riccius Varrus, avec ordre à ce gouverneur de sévir contre eux. Ses ordres furent exécutés avec la barbarie la plus atroce. Crespin et Crespinien furent d’abord étendus sur un chevalet à poulie et frappés à coup de bâtons ; de temps en temps on suspendait cette cruelle flagellation pour arracher de leurs plaies saignantes des lambeaux de chair meurtrie et pour leur enfoncer sous les ongles des mains et des pieds des broches de fer. Pendant ces terribles supplices, les deux martyrs ne cessaient de bénir le nom de Jésus-Christ. On suspendit à leur cou une de ces meules surnagèrent et les saint martyrs, soutenus par les flots, furent ramenés doucement au rivage. A cette nouvelle, la fureur de Riccius Varrus ne connut plus de bornes. Poursuivi par le souvenir de tant d’exécutions sanglantes qu’il avait présidées, par le remords de tant crimes ordonnés de sang-froid contre les fidèles, il ne se possédait plus. Par ses ordres, un bûcher immense fut 7 dressé, et on y mit le feu. Quand les flammes s’élevèrent en brillantes colonnes, au centre du brasier ardent, il y fit jeter les deux frères. Prodige nouveau ! Les flammes s’élevèrent comme un arc au-dessus de leur tête, en respectant les martyrs. Riccius Varrus saisit un croc de fer et s’approcha du foyer pour attiser les flammes. Dans sa précipitation disent certains auteurs, il fit un faux pas et tomba la tête la première sur le bûcher ardent. Il y fut étouffé. On le releva, mais il était mort. Les deux martyrs prièrent alors à haute voix Jésus-Christ, leur maître, de leur accorder enfin la couronne du ciel qu’ils avaient si bien méritée. Ils furent exaucés ; on les fit descendre du bûcher, toujours inoffensif pour eux, et un licteur armé d’une hache, fit tomber leur tête1. Ce martyr a dû arriver vers le vingt-cinquième jour d’octobre de l’an 288. Les corps des saints Crespin et Crespinien furent enterrés dans une grotte, d’où saint Éloi les tira dans la suite. Le saint évêque leur érigea un magnifique tombeau. Le martyrologue romain marque qu’ils ont été transférés à Rome, mais on croit, avec plus de raison, qu’ils sont encore à Soissons. 1 Darras, Histoire générale de l’Église. 8 Au septième siècle, saint Ansérie, évêque de cette ville, les déposa dans l’église qui porte leur nom. Prière Seigneur, Dieu tout puissant, faites, nous vous en supplions, que nous, vos fidèles, qui célébrons les victoires de vos saints martyrs Crespin et Crespinien, nous ayans part à leurs récompenses. Ainsi soit-il. « Oraison de la fête des SS. Martyrs, 25 octobre. » Antiquités du pays Saint-Crespin2, aujourd’hui du canton de Montfaucon, arrondissement de Cholet, diocèse d’Angers, département de Maine-et-Loire, est situé dans cette partie de la Vendée angevine qu’on appelle les Mauges. Il est démontré, d’après des documents anciens et sérieux, qu’au Ve siècle saint Macaire évangélisa cette contrée3. Il y fonda plusieurs monastères, notamment celui d’Espetven ou Espetva (ori- 2 3 À 6 kil. de Montfaucon, 25 kil. de Cholet et 60 kil. d’Angers. Dom Chamard, La vie des saints personnages de l’Anjou, t. I. 9 gine de Saint-Macaire-en-Mauges), et celui de Rosciacumn actuellement Roussay. Ses prédications, ses exemples et ceux de ses disciples produisirent en peu de temps des fruits admirables. Les habitants du Bocage se groupèrent en villages pour recueillir plus facilement la semence du salut dont ils étaient devenus avides. Saint Macaire y bâtit des églises, les dota avec magnificence, et opéra dans toute la contrée une révolution morale aussi complète que salutaire. Vers la fin du VIIIe siècle, un riche seigneur de la cour de Charlemagne donna à l’abbaye de Saint-Florent-du-Mont-Glonné les monastères et les églises fondés par saint Macaire. Quelques églises, en particulier celles de Saint-Crespin, de Montfaucon, de Saint-Germain, ect. Furent données à l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes (aujourd’hui diocèse de Poitiers). A quelle époque ? Nous l’ignorons, n’ayant pu découvrir aucun document. Il nous serait pareillement impossible d’indiquer la date de l’érection de la paroisse de Saint-Crespin. Il y a d’ailleurs peu d’églises dont on puisse rapporter les titres d’érection en paroisse4. Presque toutes étaient primitivement des chapelles construites et dotées par quelques pieux personnages. Le seizième 4 Denaiz, Monographie de Beaufort. 10 concile de Tolède, et un concile d’Orléans du IVe siècle décidèrent qu’il suffisait d’une réunion de dix maisons pour constituer une paroisse. Saint Macaire et ses disciples ayant évangélisé la contrée, nous pouvons cependant conclure qu’il est fort probable que de bonne heure les habitants durent avoir leur chapelle et leur cimetière. Plusieurs cercueils en pierre calcaire, sur le couvercle desquels étaient gravées des croix, ont été découverts sur la paroisse. De l’avis des archéologues, ils remontent à une très haute antiquité. Cette découverte contribuerait donc à prouver ce que nous avançons et servirait à démontrer l’existence d’un centre religieux vers le VIe ou le VIIe siècle au plus tard. Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’en 1179 qu’il est fait pour la première fois mention de Saint-Crespin dans un acte que nous trouvons au cartulaire de Saint-Jouin-de-Marnes. Le pays ayant été au IXe siècle ravagé par les Normands, les villages furent anéantis et les habitants dispersés ou réduits en esclavage. Ce ne dut être qu’après un laps de temps considérable que les paroisses purent être reconstituées. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’il ne soit pas fait mention de Saint-Crespin avant la date que nous indiquons. Pendant la guerre de Cent Ans, les habi- 11 tants eurent à souffrir de la part des Anglais, plusieurs combats se livrèrent sur la paroisse, en particulier à la Chalouère et en un lieu qu’on appelle encore aujourd’hui la Fosse aux Anglais. Ils eurent également à souffrir durant les guerres de religion. A ces diverses époques, une partie des archives paroissiales dur disparaître ; ce qui en restait a été détruit pendant la Révolution ; aujourd’hui il ne reste absolument plus rien. Le bourg fut incendié en 1793 ; la tradition rapporte que ce fut la veille ou le jour de la Pentecôte. Pendant cette terrible lutte, qu’on a appelé la Grande guerre, les deux partis5 parcourant sans cesse le pays, tout fut pillé et dévasté. Les ruines ne se relevèrent que peu à peu après la pacification et le concordat. Quelques troubles eurent encore lieu en 1815 et en 1832, mais le calme et la paix furent promptement rétablis. Avant la Révolution6, la paroisse faisait partie du doyenné de Clisson et de l’archidiaconé de Nantes. Le patron du bénéfice était l’ordinaire. La population, en 1683 et en 1790 était d’environ cinq cents communiants. 5 6 Voir note A à la fin de l’ouvrage. Voir note B à la fin de l’ouvrage. 12 Eglise L’église actuelle de Saint-Crespin, en style ogival à trois nefs et chœur carré, a été construite il y a une vingtaine d’années 7 par les soins de l’abbé Chouteau, curé de la paroisse, sur les plans de l’architecte Tessier, de Beaupréau. Elle a remplacé une église qui d’après l’état du diocèse de Nantes de 1790, était du XIIIe siècle8. Dans l’ancienne église on remarquait, avant la Révolution, les autels du Rosaire et de Saint-Blaise. Du côté de l’évangile, joignant le grand autel, il y avait une chapelle dite de Beauchêne, et de l’autre côté une chapelle dédiée à sainte Anne, qui dépendait du prieuré. Après la Révolution, on y voyait, du côté de l’évangile, l’autel de la Sainte-Vierge, et, du côté de l’épître, l’autel de saint Sébastien. 7 L’adjudication des travaux date d’octobre 1866. Cet édifice avait été remanié plusieurs fois. Dans la chapelle de la Vierge, de construction toute moderne, se voyaient deux blasons : l’un sur l’arceau de l’entrée : parti de … a 8 billettes (ou vannets), 3 en chef 22 et 1 en pointe, et un écusson posé au cœur de… au lion…, l’autre à un vitrail d’azur au lion d’or couronné de même. 8 13 Dans le chœur se trouvaient les statues de saint Crespin et saint Pierre. Le nouvel édifice a été construit et orné en partie à l’aire des ressources de la fabrique et en partie grâce à la générosité des habitants. Le maître-autel est l’œuvre de Gautron, de Beaupréau ; on y a placé récemment les statues des quatre évangélistes et un superbe bas-relief représentant la Cène. Les deux petits autels de la Sainte-Vierge et Saint-Joseph, dans les chapelles latérales, sont remarquables : ils sont décorés de belles peintures murales dues au pinceau de deux artistes de Montfaucon, MM. Chauveau et Lecoindre. Une magnifique chaire et deux beaux confessionnaux en chêne sculpté sortis des ateliers de M. François Moisseron, successeur de M. l’abbé Choyer, d’Angers, contribuent à l’embellissement de l’édifice. Le clocher9, élevé par les soins du curé actuel, renferme quatre belles cloches10, 9 À l’entrée de la tour, à l’intérieur, se trouve une vaste tribune pour les chanteuses et les enfants des sœurs. 10 Les cloches, dont l’institution dans les églises est fort ancienne, ont toujours servi dans tous les évènements pour annoncer les fêtes, les dangers, l’heure des travaux et le moment du repos. 14 dont trois ont été bénites en 1886. La bénédiction en a été faire par M. le chanoine Cailleau, supérieur de la communauté de Sainte-Marie, de Torfou. La première a été nommée Marie-Jeanne, par M. Gustave du Doré et Mlle Armelle du Doré, sa sœur. La seconde a été nommée Jeanne-Renée-Joséphine, par M Edgard-René-Jean-Joseph Hamon et Mlle Jeanne Roques. La troisième a été nommée Hélène-Félicité-Marie, par M. Félix Barré et Mlle Hélène-Marie-Thérèse Denis. La quatrième a été bénite en 1821. Elle a été nommée JulieCélestine, par M. Jules des Mesliers11, chevalier de Saint-Louis, Mlle Célestine-Marie-Julie Deshoulières12. Les trois premières ont été fondues chez Bollée, au Mans ; la quatrième a été fondue à Nantes. L’église est placée sous le vocable de Saint-Crespin. Elle possède, depuis quelques années, des reliques des deux frères Crespin et Crespinien. Elles sont venues de Soissons. Chaque année, au jour de la fête patronale, 11 En 1747, un membre de cette famille, Charles-Gabriel des Mesliers, était chevalier, seigneur de Beauchêne et autres lieux. 12 Voir note C à la fin de l’ouvrage. 15 au 25 octobre, elles sont exposées à la vénération des fidèles. Chapellenies Dans le langage canonique, le mot chapelle n’a pas seulement la signification d’un monument édifié en l’honneur d’un saint, mais aussi celle de bénéfice qui assurait à un prêtre certains revenus, à charge de remplir les fondations de messes ou d’offices religieux. Il y avait autrefois à Saint-Crespin six chapellenies ; ces chapellenies étaient celles de Saint-Blaise, de Saint-JeanBaptiste, de Notre-Dame-de-Pitié, de Notre-Dame-des-Taupiers, de Jean Bussy et de Litoust. Ces deux dernières, probablement, portaient le nom de leurs fondateurs. Nous ignorons quand elles furent fondées et nous ne savons quels étaient leurs charges et leurs revenus. Chapelles rurales D’après l’état du diocèse de Nantes en 1790, que nous avons sous les yeux, il y avait avant 16 la Révolution deux chapelles rurales dans la paroisse, SaintJean-Baptiste et Notre-Dame-des-Ecluzeaux. La chapelle SaintJean-Baptiste était située près d’un cimetière, à l’extrémité du bourg. Notre-Dame-des-Ecluzeaux13, vaste chapelle du XIIe siècle, en moyen appareil de granit, avec chœur rond à l’intérieur seulement, restaurée par les soins de M ; le curé Coiffard, existe encore aujourd’hui dans le de la paroisse. Elle est dédiée maintenant à Notre-Dame-de-la-Salette, dont la confrérie a été établie il y a quelques années. L’entrée du chœur est fermée par une grille. Au-dessus, dans une niche, on voit une antique Pieta ou statue de Notre-Dame-de-Pitié. La niche est surmontée d’un écusson avec la date de 167114. Les révolutionnaires essayèrent en vain de la détruire en tirant dessus des coups de fusil ; malgré une habile restauration, la trace des coups est encore visible. Autrefois sur l’autel, elle a été enlevée pour faire place à la statue actuelle de Notre-Dame-de-la-Salette. Les habitants de la paroisse ont pour Notre- 13 Célestin Port, Dictionnaire historique de Maine-et-Loire. À droite, se voit une statue de saint Dominique, à (la suite n’est pas visible). 14 17 Dame-de-Pitié une extraordinaire vénération ; on fait à ses pieds un grand nombre de neuvaines, et pas un jour ne se passe sans que quelques personnes ne viennent la prier et faire brûler des cierges en son honneur. La nuit qui précède la fête de l’Assomption, un certain nombre de fidèles tiennent à venir faire ce qu’ils appellent leur station à la chapelle. A l’entrée, le seuil franchi, une dalle porte une croix ronde, avec un écusson chargé de trois fasces (XVe siècle). Le même écusson se reproduit à la voute du chœur. Une autre tombé forme la marche du chœur chargée d’une croix et d’un écusson15. Cette chapelle sert pour les catéchismes, les retraites et certaines réunions pieuses. Le saint sacrifice de la messe y est de temps à autre célébré. La cloche, qui a été fondue en 1835 à Saint-Crespin même, existe encore, mais depuis quelques années elle ne sert plus, on l’a enlevée et reléguée sur les combles de l’église. 15 Écartelé 1 et 4 de… à trois fasces de… 2 et 3 de… à une épée de… posées 2 en chef et 1 en pointe. 18 Cimetières Les cimetières chrétiens16 ne sont que l’extension des églises et des chapelles. Les parvis sacrés ne suffisant plus à abriter la cendre vénérée des morts, on creusa des fosses à l’extérieur des murs : voilà ce qui donna naissance à ces lieux saints que l’Eglise, en son beau langage, appelle cimetières, c’est-à-dire dortoir des morts. Dans la suite des siècles, l’espace réservé autour de l’édifice ne pouvant plus s’étendre, on bâtit à l’extrémité du village ou du hameau une chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Pitié, la mère des miséricordes, ou à saint Michel, le patron des défunts, ou à un autre saint, puis on l’entoura d’un champ plus vaste : ce fut le grand cimetière. Dans beaucoup de paroisse du diocèse de Nantes il y en avait ainsi deux au moins ; dans certaines, trois et quatre, dont les uns avaient servi à des sépultures spéciales, comme à celles des lépreux, et les autres étaient abandonnés depuis longtemps. Dans les siècles passés, on ne connaissait pas ces endroits retirés, où le nôtre ensevelit ses morts et dont il n’approche qu’avec horreur. 16 Abbé Grégoire, Etat du diocèse de Nantes en 1790. 19 Saint-Crespin, jusqu’à la Révolution, eut deux cimetières : l’un proche de l’église et l’autre à l’extrémité du bourg, sur la route actuelle de Clisson. On a trouvé, il y a quelques années, sur l’emplacement qui se trouvait proche de l’église, en faisant des fouilles, de petits pots ou vases percés de trous remplis de charbon. L’usage de mettre ces pots dans les tombeaux existait dès le XIIe siècle et, probablement, longtemps avant, dit le savant M. de Caumont. On y mettait de l’encens 17 pour combattre les mauvaises odeurs qu’exhalait le cadavre. Cet encens était aussi, d’après G. Durand, le symbole des bonnes œuvres, qui sont pour le défunt une recommandation puissante auprès de Dieu. Près de la route de Clisson, sur l’emplacement de l’autre cimetière, on a découvert des sépultures qui, dit-on, remontent à l’époque gallo-romaine. Le cimetière où l’on enterre aujourd’hui n’offre rien de remarquable ; il renferme la chapelle dédiée autrefois à NotreDame-des-Ecluzeaux et dans laquelle on aura transporté la statue de Notre-Dame-de-Piété, qui peut-être se trouvait jadis dans la chapelle ou à l’autel de ce nom. 17 De Caumont, Abécédaire d’archéologie. 20 On y voit la tombe de noble homme René Clémot de la Nicolière, ancien sénéchal de Beaupréau, seigneur de la NoëRocquet, décédé le 26 mars 1777, à l’âge de 67 ans. Croix L’usage de planter des croix de bois ou de pierre à l’intersection des chemins ou dans certains lieux de la campagne, remonte à une assez haute antiquité. Nous trouvons, en effet, dans le cours d’archéologie de M. de Caumont, un spécimen de croix du XIe siècle. Elles rappellent tantôt une mission, tantôt un souvenir pieux. Elles annoncent une population chrétienne, prédisent au voyageur une charité hospitalière et au pauvre une compassion efficace. La croix est le signe de notre rédemption. Le chrétien qui passe près d’elle doit se découvrir et se signer sans respect humain, elle lui dit qu’après la peine, il trouvera le repos. Voici les noms des croix existant aujourd’hui dans la paroisse : 1° Croix de la Septière18, sur l’emplacement 18 Voir note D à la fin de l’ouvrage. 21 d’une autre croix détruite à la Révolution. Elle a été donnée par la famille du Doré et bénite il y a une douzaine d’années. 2° Croix Goulet. La bénédiction en est faite en décembre 1856 à la suite d’une mission donnée par le père Leroyer, d’Angers. 3° Croix de Pierre. Elle existait avant la Révolution ; elle est en partie brisée depuis cette époque. 4° Croix de l’Edgardière, élevée par la famille Boisdron. Elle a été bénite le 22 novembre 1885 par le père Neveu, missionnaire apostolique aux Indes. Confrérie du saint Rosaire C’est la seule confrérie mentionnée dans le Pouillé de 1790. Nous ne saurions dire à quelle époque elle remontait. Elle dut donner lieu à l’érection de l’autel du Rosaire qu’on voyait dans l’ancienne église avant la Révolution. Cette confrérie a été canoniquement rétablie depuis la Révolution, et, aujourd’hui, presque tous les habitants de la paroisse en font partie. 22 Frairies La Frairie19 était une division territoriale (en quelque sorte une section de paroisse), basée sur un sentiment religieux, sur des traditions de famille et des usages locaux. Les membres de chaque frairie, Frères ou consorts, étaient, d’après une définition de Minutius et de Frontin, ceux qui se reconnaissaient serviteurs d’un même Dieu, les adhérents d’une même foi et les héritiers d’une même espérance, tout en aimant à vivre comme tels, et qui, attachés au même domaine, au même territoire, n’avaient qu’une seule et même frontière. Les frairies tiraient d’ordinaire leur nom de leur patron. Elles avaient leur bannière, leur chapelle et sans doute leur cimetière. Chaque frairie avait son bâtonnier qui en était le véritable chef, ses représentants pour porter les bannières, le dais ou les statues des saints aux processions de la paroisse. Ses membres se faisaient un devoir de veiller leurs morts, de les porter eux-mêmes au cimetière à l’exclusion des membres des frairies voisines, fussent-ils souvent des parents. Des liens de charité les 19 De Lestourbeillon, Les Frairies. 23 unissaient ; si un membre d’une frairie venait à être victime de quelque fléau, ses confrères nommaient aussitôt deux d’entre eux pour faire une quête en se faveur dans les frairies voisines. Les frairies étaient d’origine purement armoricaine et bretonne. Saint-Crespin faisant autrefois partie du diocèse de Nantes, où elles existaient en grand nombre, avait ses frairies. Nous ne pouvons indiquer ni la date de leur apparition, ni la date de leur disparition. Il y en avait deux ; nous en connaissons les patrons et nous savons quels étaient les villages et les métairies qui en faisaient partie. 1°Frairie du Bourg Parton : Saint-Blaise Ce saint évêque de Sébaste, en Arménie, fut martyrisé sous Licinius, vers 316 ; sa fête se célèbre le 3 février. Faisaient partie de la frairie du Bourg : Le Bourg. Le moulin de Gaudu. Le moulin de Bodin. Les Audinières. La Haie. Beauchêne. La Brosse. Le Grand Bois-Bruneau. Le Petit Bois-Bruneau. La Grenouillère. Le Haut-Quélay. Le Bas-Quelay. La Morinière. La Noë. La Bottière. 24 Serpillette et la Septière, dont il n’est pas fait mention, devaient évidemment se rattacher à cette frairie. 2° Frairie de la Moine Patronne : Sainte Anne Sainte Anne, épouse de saint Joachim et mère de la sainte Vierge. Sa fête arrive le 26 juillet. Faisaient partie de la frairie de la Moine : La Morelière. La Botellerie. La Gagnerie. La Flammoire. La Caillotière. Les moulins de la Garnière. La Sébinière. Les gars. La Colle. La Fosse. La Sausaie. Le Moulin-Cassé. Le Bois. Le moulin de Frémont. La Potardière. La Chalouère. Le Chalonge. Le Parvau. La Moinerie. La Garnière. Blanche-Noë. La Haute et la Basse-Verie Presbytère Il n’en est question nulle part. Il devait, si l’on en croit la tradition, servir d’habitation aux curés avant 1789. Il n’a aucun cachet. Malgré les restaurations faites à plusieurs reprises, les bâtiments sont le déla- 25 brement le plus triste et le plus complet. Un projet pour de nouvelles constructions a été élaboré, l’exécution ne saurait tarder beaucoup. Prieuré Le prieuré de Saint-Crespin, sous le titre de Sainte-Anne, était un prieuré régulier de l’ordre de Saint-Benoist. Il appartenait, comme l’église, à l’abbaye de Saint-Jouin-deMarnes. L’époque de la fondation nous est inconnue. Par décret épiscopal du 13 février 1776, il fut réuni au séminaire irlandais. Ses revenus montaient à plus de 1,100 livres en 1698. En 1790, il devait rapporter près de 2,000 livres au séminaire irlandais. Le 15 octobre 1783, par acte passé devant Gourdon, notaire de la ville et baronnie de Montfaucon, messire JeanBaptiste What, prêtre, docteur en théologie de la faculté de Paris, supérieur du séminaire irlandais de la ville de Nantes (paroisse Saint-Nicolas), cède à François Julien un emplacement de terrain où était construit le four banal de la seigneurie du prieuré de la paroisse de Saint-Crespin. Pour cette cession, François Julien et ses héritiers devront payer à perpétuité, au 26 terme de Noël, cinq livres tournois à la recette du prieuré. Nous donnons ici les noms des seuls prieurs qui soient connus : Nollet, 1698, en même temps prieur de Saint-Jacques de Montfaucon. Lambert Hallereau, 1712, en même temps curé, mort en 1714. Daniel O’Byrn, dernier titulaire, du 13 septembre 1772 à 1790. Les bâtiments reconstruits au XVIIe siècle existent encore en partie, proche l’église. On y voit une vaste salle et à l’extérieur, un escalier assez remarquable. Curés La liste des curés connus ne remonte pas au-delà de l’année 167620. I N. Moreau, 1676. II J. Poinaud, 1680. 20 Célestin Port, Dictionnaire historique de Maine-et-Loire. 27 III Joulin, 1683. IV Jacques Tessier, mort le 1er février 1709. V Lambert Hallereau, mort le 18 mars 1714 à 42 ans. VI De Fragondo, 1714. VII P. Launay, 1730 VIII Franc Hervois, 1731, mort le 22 avril 1749, à 47 ans. IX Bourgeois, 1750. X Lévêque, 1755-1764. XI F. André, 1771. XII P. Gouja, 1780 28 XIII Julien Gouis, né à Saint-Mars-de-Coutais, ordonné prêtre en 1750, précédemment vicaire de Bouin, nommé à SaintCrespin le 21 avril 1780. Curé de 1780 à 1790. Il a pour vicaire Chupin, qui signe encore sur les registres paroissiaux en 1799 et 1800. D’après quelques personnes, M. Gouis serait mort dans les prisons de Nantes pendant la Révolution. XIV Mathurin Crabil, né à Saint-Crespin21, ordonné prêtre en 1787 ; il fut vicaire de Pont-Saint-Martin, au doyenné de Rets, archidiaconé de Nantes. Il passa en Espagne pendant la Révolution, et à son retour il fut, en 1800, nommé curé de Saint-Crespin, il conserva ses fonctions jusqu’en 1806. A cette époque, il se retira, dit-on, à Cugand, et vint ensuite mourir à Nantes. Il existe à Saint-Crespin un portrait de ce curé ; il est représenté avec le rochet, la mosette et l’étole pastorale. XV Jean-Baptiste Boisselier, né à Boussay, curé 21 De la famille sans doute de Mathurin Crabil, notaire de la baronnie de Montfaucon, résidant à Saint-Crespin, dont le nom paraît sur un acte de 1715. 29 de 1806 à 1843. Il servit comme volontaire pendant les guerres de la Vendée et fut, après la Révolution, ordonné prêtre à Paris. Il était vicaire de Tilliers lorsqu’il reçut sa nomination à la cure de Saint-Crespin. En 1843, il donna sa démission. Il mourut le 4 février 1846, à Saint-Crespin, où il s’était retiré. XVI Pierre Coiffard, 1843 à 1861. Né à la Jubeaudière. Il fut le premier vicaire de Saint-Crespin après la Révolution. C’était le petit neveu de Cathelineau, généralissime de l’armée vendéenne. Il mourut à Torfou où il s’était retiré. Ses vicaires furent MM. Clémot (René), actuellement provicaire de la mission du Mayssour, Girardière, Angebeaut et Pacteau. XVII Urbain Bouchet, né à Chigné le 10 juin 1812, aujourd’hui curé de Trémont, dans l’arrondissement de Saumur. Il fut curé de 1861 à 1864. Il eut pour vicaire M. Pacteau. XVIII Louis Chouteau, né à Cholet, précédemment vicaire de Tilliers. Nommé en février 1864, il meurt le 13 novembre 1870 victime de son zèle, à la suite d’une maladie contractée en 30 visitant les malades. Ses vicaires furent MM. Colas et Olivier. XIX René Dupont, né à Tiercé le 5 mars 1833, précédemment vicaire du Fief-Sauvin. Nommé le 1er décembre 1870. Ses vicaires, jusqu’à ce jour, ont été MM. Olivier, Boumard et Chalot. Ecoles D’après les recherches et les travaux de Beaurepaire, Fayet, Maggiolo, ect., ilest démontré qu’autrefois, dans le diocèse de Nantes, comme dans toute la France, chaque localité avait ses petites écoles. La charité les avait fondées et dotées, et là ou la fondation manquait, un prêtre, une personne dévouée apprenait aux enfants la lecture, l’écriture et les prières. Saint-Crespin dut donc, avoir son école ou régenterie comme les autres paroisses. Nous voyons d’ailles par les signatures relevées dans un ou deux fascicules, seuls restes des anciens registres de baptêmes, sépultures et mariages, qu’il y avait autrefois un certain nombre de personnes qui savaient écrire. 31 Aujourd’hui, il existe deux écoles, l’une pour les garçons et l’autre pour les filles. La première établie il ya une cinquantaine d’années, est communale et dirigée par un instituteur laïque ; la seconde fondée en 1862, par la communauté de Saint-Gildas-des-Bois (diocèse de Nantes) est libre. L’établissement appartient à la communauté. Depuis la loi de 1882, les sœurs ne reçoivent aucune subvention régulière, elles vivent des aumônes qui leur sont faites par les habitants. Une école libre des garçons ne tardera pas également, il faut l’espérer, à s’ouvrir à Saint-Crespin. L’établissement de cette école, réclamé depuis longtemps par la population, était vivement désiré par le curé. Appréciant l’extrême importance d’une solide instruction religieuse, le digne pasteur eût promptement satisfait aux vœux de ses paroissiens et réalisé ses plus chers désirs si les ressources nécessaires se fussent trouvées entre ses mains. La Providence seule pouvait lui venir en aide, elle le servit à souhait. Grâce à la munificence d’une famille des plus distinguées de l’Anjou, dont le nom a toujours été mêlé aux bonnes œuvres, soit paroissiales, soit diocésaines, un terrain fut acheté, il y a trois 32 ans, et un vaste bâtiment y fut édifié. Les difficultés des temps actuels n’ont pu permettre encore aux Frères de répondre aux instances pressantes qui leur ont été faites de tous côtés pour venir prendre possession. Associations, usages, particularités L’association des mères chrétiennes et une congrégation d’enfants de Marie, établies il y a quelques années, comptent aujourd’hui un grand nombre de membres. Les œuvres de la Propagation de la Foi, de la Sainte-Enfance et de SaintFrançois-de-Sales sont en honneur. Quelques personnes font partie du tiers-ordre de Saint-François, d’autres de l’Association de la bonne mort. Chaque soir, à la chute du jour, la cloche convoque ceux qui n’ont aucun empêchement à venir à l’église faire la prière en commun. L’exercice s’ouvre toujours par la récitation du chapelet. Les dimanches et jours de fêtes, pendant les mois de janvier, de mai, d’octobre et pendant le carême, il y a chant de cantiques suivi d’une lecture ou plus généralement d’une causerie ou petite instruction familière. Une centaine de personnes environ assistent à ces pieuses réunions. 33 Dans la plupart des familles, tant du bourg que des métairies, ceux qui ne peuvent se rendre à l’église tiennent à dire la prière et le chapelet également en commun. Dans l’un des principaux villages de la paroisse22, pendant le mois de mai, les habitants se réunissent dans une grange ornée et arrangée en chapelle. On chante des cantiques et une personne du village récite la prière et fait ensuite une lecture pieuse. L’heure des exercices est annoncée par le son de la corne. De temps à autre, le curé ou son vicaire viennent adresser quelques mots d’édification. Quand, dans une famille, un membre vient à mourir, soit dans le bourg, soit dans les villages, on se rassemble après la prière et quelquefois de loin, pour réciter le chapelet près du défunt. C’est là sans doute un reste dans anciennes frairies. Le dimanche qui suit la sépulture, quatorze personnes se rendent à l’église et y font ensemble le chemin de la croix pour le défunt. L’une d’elles dit à haute voix les prières auxquelles les autres répondent. Cet usage s’est établi il y a une douzaine d’années. Tous les ans, le dimanche de Quasimodo, on nomme trois marguilliers d’honneur. Ces 22 La Garnière. 34 marguilliers sont choisis tour à tour parmi les hommes les plus recommandables de la paroisse. Chaque année, à l’époque de la Fête-Dieu, ils s’occupent du reposoir. Après la Toussaint, ils font la glane de la fabrique. Les dimanches et jours de fête, aux processions, ils portent la croix et la bannière. Ce sont eux qui distribuent le pain bénit aux fidèles à l’église et passent la boîte pour la quête qui se fait à toutes les grandes messes. Ils présentent en même temps une large tabatière dans laquelle chacun est libre de puiser. L‘usage de cette tabatière de marguillier, existait autrefois et existe encore aujourd’hui dans certaines paroisses du Nantais. Les marguilliers la gardent précieusement en souvenir de leur charge et la transmettent à leurs enfants. Comme autrefois les membres des diverses frairies, ils s’appellent entre eux consorts, et toute leur vie ils gardent des relations très particulières. Depuis l’Annonciation jusqu’à l’Assomption, soir et matin, on a conservé, comme dans la plupart des paroisses de vendée, l’usage de carillonner pour la bled ou blée. Quelle est l’origine de cet usage ? A quelle époque remonte-t-il ? Nous ne pourrions le dire. Il a certainement pour but d’attirer les bénédictions du ciel sur les récoltes. 35 On commence à carillonner à l’Annonciation parce que, dit-on, le mystère de ce jour nous rappelle que la Vierge Marie devait apporter à la terre le froment des élus. On cesse à l’Assomption, parce qu’à cette époque les récoltes sont terminées, et que la Vierge Marie, dont on a voulu invoquer la protection pendant tout ce temps, est à cette date remontée dans les cieux. Additions Note A. Le lendemain de la bataille de Torfou, en 1793, Bonchamp, à la tête de 7 à 8,000 hommes, passe par SaintCrespin pour attaquer les Mayençais, cantonnés à Gétigné après leur défaite. Note B. La paroisse, peuplée de nombreuses maisons nobles, faisait partie de la baronnie de Montfaucon ; elle relevait de la Sénéchaussée, du Présidial, de l’Election, des Aides et du grenier à sel d’Angers. 36 Note C. En 1691, Guillaume de la Tribouille, propriétaire de la Basse-Vérie, était écuyer et sieur de Beauchêne. Beauchêne appartient maintenant à M. le docteur Hamon, de Montfaucon. Note D. En mars, 1815, le duc de Bourbon, au moment où il s’éloignait pour s’exiler en Espagne, vint à la Septière, chez Mme des Mesliers, sœur de M. du Doré. La Septière, ancienne résidence de la famille des Mesliers, appartient aujourd’hui à la famille du Doré. Note E. Le recteur de Notre-Dame, de Montfaucon, touchait tous les ans, au terme de la chandeleur, une rente de sept livres dix sols pour des terres, logis, prairies du village des Audinières. Nous en avons la preuve par des reçus datés de 1725, 1747, 1758, 1791. 37 TABLE Saint Crespin et Saint Crespinien ...................................... 5 Antiquités du pays ............................................................. 8 Eglise ............................................................................... 12 Chapellenies..................................................................... 15 Chapelles rurales.............................................................. 15 Cimetières ........................................................................ 18 Croix ................................................................................ 20 Confrérie du saint Rosaire ............................................... 21 Frairies ............................................................................. 22 Presbytère ........................................................................ 24 Prieuré .............................................................................. 25 Curés ................................................................................ 26 Ecoles............................................................................... 30 Associations, usages, particularités ................................. 32 Additions ......................................................................... 35