Filière bovin-viande au nouveau périmètre Auvergne Rhône

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Filière bovin-viande au nouveau périmètre Auvergne Rhône
Filière bovin-viande au nouveau périmètre Auvergne Rhône-Alpes,
une nouvelle ambition pour sortir de la crise.
Note de travail, Interbev Rhone-Alpes et Interbev Auvergne.
Janvier 2016
Sommaire :
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1 - La filière bovin viande et le contexte
o 1.1 - Une filière qui pèse
o 1.2 - La conjoncture
o 1.3 - Une PAC parfois défavorable
o 1.4 - Des pressions sociétales
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2 - Définir les enjeux et valoriser nos atouts.
o 2.1 - Les enjeux
o 2.2 - Nos meilleurs atouts :
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3 - Se mobiliser sur des axes stratégiques.
o 3.1 - La performance économique, des élevages et de la filière,
o 3.2 - La défense du prix par la valorisation
o 3.3 - La promotion des activités d’élevage, produits et métiers.
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4 - Adapter nos outils pour accompagner et orienter
o 4.1 - Le CROF Rhône-Alpes.
o 4.2 - Le plan engraissement Auvergne
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1 - La filière bovin viande et le contexte dans lequel elle évolue.
1.1 - Une filière qui pèse
La filière bovine dans notre nouvelle région Auvergne Rhône-Alpes occupe une position
incontournable sur les plans socio-économiques et territoriaux.
En effet, avec près de 653 000 vaches allaitantes, elle détient un tiers des vaches allaitantes
françaises, présentes dans 6 500 exploitations spécialisées viande. Il faut noter que notre
élevage s'appuie sur des races à viande (rustiques ou non), reconnues mondialement pour
leur qualité.
Ainsi, le Massif central est renommé pour son potentiel important de naissances de veaux de
qualité. On peut signaler que l'importance du Sommet de l’élevage a participé à conforter
cette reconnaissance.
Ces exploitations participent à l’approvisionnement de 41 abattoirs traitants près de 300 000
TEC de gros bovins (tonnes équivalents carcasses). Ces outils sont présents sur tout le
territoire. Les entreprises du cœur de filière représentent un potentiel d'emploi important
(7000 emplois pour le cœur de filière et sur le seul périmètre de Rhône-Alpes et ce, sans
compter les emplois indirects).
Nous trouvons dans notre région l'ensemble des systèmes de production présents au niveau
national. Ils sont souvent caractérisés par l’importance de l’herbe dans l’équilibre des rations
annuelles des animaux.
Ces systèmes permettent la mise en marché d’une gamme complète de produits, allant du
broutard maigre, aux jeunes bovins finis, jusqu'aux vaches de réforme de différents types et
ce, en passant par les génisses de qualité.
1.2 - La conjoncture pour cette filière est très dure, avec :
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un marché mondialisé, où nous subissons une concurrence déloyale, du fait de
disparités réglementaires au sein même de l'union européenne ! On peut citer
notamment l'industrie agroalimentaire allemande, qui bénéficie de coûts salariaux
nettement plus compétitifs que les nôtres. Pourtant nos entreprises ont à la fois la
maîtrise de la qualité et des savoir-faire, nous permettant d'espérer de tenir des parts
de marché à l'exportation, aussi bien pour les animaux vivants que pour les produits
transformés. Les trois plus gros opérateurs français pour l’exportation de bovins ont
leur siège dans notre région.
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Une consommation de viande rouge subissant une baisse structurelle et un
accroissement de la consommation de viande hachée au sein de celle-ci, limitant les
possibilités de valorisations supérieures.
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Des contraintes réglementaires, politiques et sanitaires (embargo russe, FCO…), qui
ont perturbé nos flux à l'exportation, en gros bovins, en veaux, aussi bien en animaux
vifs qu’en viande.
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1.3 - Une PAC parfois défavorable
Dans certaines zones intermédiaires ou de plaine (notamment dans des départements
comme la Loire ou l’Ain), les systèmes naisseurs-engraisseurs se sont développés pour
valoriser les productions de grandes cultures possibles sur ces zones. Ils sont exigeants en
termes de capitaux investis et de travail. Ils répondent à une vraie logique de polycultureélevage et de valorisation des potentialités locales et pourtant, ce sont ceux qui ont perdu le
plus de soutien lors de la mise en place de la nouvelle PAC (de – 15 à - 20% source réseaux
d’élevage).
De plus, les éleveurs inquiets, sont toujours en attente de la validation de leur référence
2015.
Il est important que la région soit vigilante et ouverte à examiner avec la profession les
modalités d’octroi des aides du 2ième pilier, pour prendre en compte au mieux nos spécificités
régionales.
1.4 - Des pressions sociétales
Comme le reste de la filière élevage et viande, les bovins viande subissent les pressions
sociétales et médiatiques fortes sur les thèmes suivants :
o Environnement
o Bien-être animal (l’animal est une personne !)
o Veganisme
Notre filière doit prendre ces réalités en compte et les intégrer dans ses plans d'action. Elle
doit être en capacité de défendre une ambition pour l’élevage régional et de faire la
promotion des services rendus par l’élevage dans les domaines nutritionnels, économiques,
environnementaux et territoriaux.
2 - Définir les enjeux et valoriser nos atouts.
Le nouveau périmètre ne peut pas provoquer qu’une simple juxtaposition des projets. Il doit
permettre la préparation de nouveaux projets qui prennent en compte les nouvelles
potentialités de la circonscription géographique.
2.1 - Les enjeux
o Garder les effectifs de vaches allaitantes. La proximité avec l’Italie, le port de
Sète et le bassin de consommation du grand Sud-Est, doit encourager à
préserver le potentiel de naissances du massif central.
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Ne pas décourager les engraisseurs et les naisseurs engraisseurs en
difficulté. En effet, ce sont eux qui participent grandement à
l'approvisionnement de notre industrie agroalimentaire et au maintien de nos
outils et des circuits de distribution.
Pour prendre en compte ces deux enjeux, il est indispensable d'afficher des objectifs et une
ambition pour deux filières complémentaires :
- Naisseurs, production d’animaux maigres et exportation,
- Engraissement, abattage et transformation.
Il faut donc miser sur un équilibre export-engraissement. Pour cela, nous devons valoriser
nos atouts.
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2.2 - Nos meilleurs atouts :
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Le potentiel de naissances, issues du troupeau allaitant du grand Massif Central,
avec la qualité reconnue de nos races. Nous disposons du 1er cheptel allaitant de
France.
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La diversité des systèmes de production possibles, avec :
o la présence de grandes cultures au sein même de notre région, pour finir des
animaux.
o Le poids de l’herbe et du pâturage dans nos conduites d’élevage.
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Le dynamisme et la richesse de notre tissu d'entreprises agroalimentaires, avec la
présence d'un maillage d'abattoirs sur le territoire, de PME et de grandes entreprises
au savoir-faire reconnu, aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'exportation.
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Le bassin de consommation que représente le grand Sud-Est, (7 300 000 habitants
pour notre nouvelle région). C’est le deuxième bassin de consommation de France
après la région parisienne.
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Notre situation géographique :
o la proximité avec le bassin méditerranéen et le port de Sète (outil important
d’exportation en vif)
o la proximité avec l’Italie, notre 1er client historique : veaux, broutards et JB.
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3 - Se mobiliser sur des axes stratégiques.
 Après examen des éléments cités précédemment, nous pouvons considérer que
notre filière besoin de travailler absolument sur 3 axes :
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La performance économique, des élevages et de la filière,
o
La défense du prix par la valorisation
o
La promotion des activités d’élevage, produits et métiers.
3.1 - La performance économique, des élevages de la filière,
Modernisation de l'outil de production
Pour les élevages, la performance économique passe par les conditions de travail et la
modernisation de l'outil de production. L'optimisation des moyens dédiés aux bâtiments
d'élevage et aux équipements, dans le cadre du PCAE doit être une priorité. Ces
investissements, outre leur impact favorable sur l'économie régionale, ont pour principaux
intérêts de :
- préserver la vocation « élevage » d'exploitations mixtes,
- améliorer la productivité et les conditions de travail,
- améliorer l'attractivité du métier d'éleveur pour intéresser des jeunes.
- Maintenir les cheptels dans des conditions optimum vis-à-vis de la sécurité des
personnes, du bien-être animal et de l'état sanitaire.
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Le progrès technique
L'appui technique, l'obtention de références techniques et économiques, ainsi que leur
valorisations sont à renforcer.
L'expérimentation, la recherche et développement doivent être tournées exclusivement vers
les thématiques arrêtées dans le cadre des priorités de filière : performances techniques au
profit des résultats économiques et des possibilités de valorisations.
Encourager les entreprises.
Elles subissent des surcoûts très importants, notamment vis-à-vis des contraintes
environnementales et des coûts d'élimination ou de traitement des déchets et sous-produits.
Tous les dispositifs d'aides à l'innovation, à la formation et à la compétitivité doivent être
orientés pour soutenir leur efficacité économique.
L'abattoir, outils de cœur de filière, est un passage obligé dans notre chaîne de valeur et
dans notre recherche de valeur ajoutée. Ces outils sont parfois en difficulté. Nous devons
veiller à ce qu'ils aient un positionnement clair sur deux axes possibles :
- l'industrie, avec une logique de volume et de performances économiques.
- L'aménagement du territoire, avec une logique de service et de proximité pour des
approches de marché plus courtes et plus rémunératrices.
Les positionnements intermédiaires sont à examiner de près pour envisager leur avenir.
3.2 - La défense du prix par la valorisation
Dans un marché très ouvert, le prix est de plus en plus imprévisible et volatile. Les Pouvoirs
publics ont en fait peu de leviers pour intervenir sur celui-ci.
La différenciation
Nous devons donc renforcer et soutenir toutes les démarches permettant par la
différenciation de protéger des parts de marché et leurs valorisations.
 Démarches qualité, SIQO, AB…
 Démarches régionales : la démarche « produits issus de l’Agriculture Rhône-Alpes »
devra forcément évoluer. Peut-être faudra-t-il profiter de cette opportunité pour
rechercher une mise en avant des races allaitantes et/ou des systèmes s'appuyant
sur la production d’herbe ?
 Démarches locales, s'appuyant sur des partenariats de proximité, notamment avec la
RHD. Une action du CROF portée par Interbev Rhône-Alpes va dans ce sens pour
connaître et accompagner les grossistes en RHD. Des outils et des
accompagnements peuvent être faits pour favoriser l’approvisionnement en « Viande
de proximité » lors de la constitution des appels d’offre.
 S’engager en faveur d’une généralisation de l’affichage de l’origine nationale de
toutes les viandes et imposer cet affichage dans les cantines et restaurants de votre
territoire. Les récentes études consommateurs (ex : Etude « D’où vient ma viande »
du Bureau Européen de l’Union des Consommateurs – 2014) le montrent : les
citoyens veulent savoir où a été produite la viande qu’ils consomment. C’est pourquoi
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le secteur est fortement mobilisé – tout particulièrement depuis l’affaire du Horsegate
– en faveur de la généralisation d’un étiquetage obligatoire de l’origine nationale de
toutes les viandes fraîches et transformées.
Si un renforcement de la législation relative à l’étiquetage des viandes se joue au
niveau européen, les Régions peuvent contribuer au débat au sein du Comité des
Régions d’une part, et s’assurer du respect de la réglementation actuelle en matière
d’affichage de l’origine des viandes dans les restaurants (restaurants scolaires, …)
de leur territoire, d’autre part.
La contractualisation
Nous devrons rechercher des contractualisations qui permettent une prise en compte
meilleure des coûts de production de chacun et qui puissent ainsi descendre le plus en aval
possible dans la filière.
L'exportation
L’export vers les pays tiers constitue une véritable voie d’avenir pour les entreprises de la
filière. Alors que la consommation de viande rouge s’érode en France et en Europe, elle
explose dans certains pays du pourtour méditerranéen. Des projets de coopération
internationale doivent être lancés au niveau des Régions pour aider les entreprises à
pénétrer ces nouveaux marchés.
L'ouverture de marché sur les pays tiers (par exemple la Turquie) a toujours été une
opportunité pour relever les prix. Nous devons rester vigilants sur notre capacité à valoriser
ces opportunités et à être présents sur des marchés appelés à se structurer.
3.3 - La promotion des activités d’élevage, produits et métiers.
La filière doit mettre en avant les services qu'elle rend à la société et aux territoires :
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sur le plan économique ; investissements, emploi
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sur le plan environnemental ;
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stockage du carbone par les prairies.
Polyculture élevage = biodiversité et paysages.
Fermes à bas carbone, diagnostic Beef Carbon…
Sur le plan de l'approvisionnement : alimentation humaine, qualité nutritionnelle,
production d'énergie…
Elle doit également réaliser une promotion active des produits et des métiers pour assurer
les recrutements indispensables renouvellement des générations.
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4 - Adapter nos outils pour accompagner et orienter
Nous disposons actuellement de 2 outils, il faut examiner les acquis apportés par ces
dispositifs et conforter. Il faut également les faire évoluer pour prendre en compte l'évolution
au nouveau périmètre régional.
4.1 – le CROF Rhône-Alpes
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Le CROF fait l’impasse sur l’export et le vif, mais a mis en place un dispositif de
sécurisation qui a permis le soutien et le démarrage d’une dynamique collective.
4.2 - Le plan engraissement Auvergne
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Le plan engraissement Auvergne => bilan d’étape et évolution à étudier, notamment
sur prise en compte des coûts.
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Les évolutions doivent permettre :
Le renforcement de contractualisation, avec une priorité à celle qui descend
jusqu’aux distributeurs,
Le renforcement de la sécurisation des producteurs,
La mise en route d’un partenariat fort avec la RHD régionale et notamment les
Lycées. Il nous faut un peu de temps d’animation supplémentaire sur le sujet
et un « électrochoc » politique.
La prise en compte de l’export comme une activité commerciale majeure pour
notre filière
Le renforcement de la promotion de l’élevage, les produits génériques et les
métiers.
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