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THÉMATIQUES Jeudi 14 janvier 2016 LYON CONSOMMATION Loi anti-gaspillage : comment les restaurants s’adaptent Depuis le 1er janvier, la nouvelle loi biodéchets cible les restaurateurs : pour lutter contre le gaspillage, ils sont invités à proposer un doggy bag aux clients, lorsqu’ils n’ont pas fini leurs plats. Une mesure qui séduit les professionnels lyonnais, même si les clients se montrent parfois réticents. «P uis-je emmener les restes de mon repas ? » On imagine l’intonation, un brin gênée, de ce client qui ne veut rien gâcher. Soucieux que son plat ne termine pas au fond d’une poubelle ou désireux de prolonger les réjouissances culinaires. On ne va pas se mentir : le doggy bag n’a pas franchement la cote chez nous. Quitter un restaurant avec un sac contenant les restes d’un repas copieux, ce n’est pas (encore) entré dans les mœurs. Lyon n’échappe pas à ce constat. Pourtant, un nouvel atout pourrait changer la donne. Depuis le 1er janvier, la loi biodéchets s’est renforcée avec une recommandation à l’attention des restaurateurs qui font plus de 150 couverts par jour, les incitant à proposer des doggy bag. De quoi faire succomber les Lyonnais au sac dissimulant une barquette d’aliments ? « Si c’est le serveur qui me le propose, ce sera plus facile d’accepter », convient une cliente. Quand les Lyonnais optent pour des doggy bag solidaires Mais cette recommandation législative, qui n’est pas obligatoire, ne devrait pas chambouler le quotidien de Pizza Pino. « Nos serveurs demandent déjà systématiquement aux clients s’ils veulent un doggy bag. C’est une règle », affirme le directeur Antonio Franzese. Une pratique qui ne rallie pas tous les suffrages. Selon un serveur, « à peine 10 % des clients acceptent. Presque toujours, ce sont des étrangers. » Ou des Lyonnais qui jouent la carte de la solidarité, en le donnant à un sans-abri. Un « doggy bag du cœur », que les serveurs de l’Hippopotamus rue Mercière ont déjà emballé. Là aussi, aucun changement retentissant n’est à prévoir : « En quatre mois, j’ai fourni deux doggy bag », se souvient l’un d’eux, persuadé que ce concept ne s’imposera jamais. « C’est une question de culture : les Français n’osent pas solliciter ce genre de service. » Ce que confirme Jacky Gallmann, le directeur de la brasserie Georges : « Si les clients réclament un doggy bag, on leur fournit. Mais mes serveurs ne feront pas la démarche. On doit en don- n La barquette pour finir son repas plus tard emballe à peine 10 % des clients chez Pizza Pino. Photo Richard MOUILLAUD } Si un client veut un doggy bag, on lui donne. Mais mes serveurs ne feront pas la démarche. ~ Jacky Gallmann, directeur de la Brasserie Georges ner un ou deux chaque mois. » Soit une goutte d’eau, à l’échelle de mille couverts par jour… « Je suis favorable à tout ce qui permet d’éviter le gaspillage, rappelle le directeur. Mais j’aimerais pouvoir faire signer une décharge de responsabilité au client qui repart avec des restes de choucroute, au cas où il tombe malade après l’avoir fait réchauffer deux jours après. » Un message illustrant la complexité de ce débat intense, autour d’une nouvelle recommandation qui chouchoute le doggy bag, sans que celui-ci ne suscite une totale unanimité. Yoann Terrasse Syndicat des restaurateurs du Rhône : « L’offre n’est pas assez spontanée » Cette recommandation législative, conseillée mais pas obligatoire, a été bien perçue par le président de l’Umih69. 300 restaurants, à plus de 150 couverts par jour, sont concernés dans le Rhône. « Nous les incitons à recommander le doggy bag, notamment lorsque le client commande un menu, indique Laurent Duc. Nous avons signé un partenariat avec une société lyonnaise, TakeAway, qui en commercialise. Mais il faut admettre que cette pratique est moins répandue qu’en Europe du Nord. Nos personnels ne sont pas formés pour le faire et l’offre n’est pas assez spontanée. Il faudrait qu’elle le devienne. » Et de pointer du doigt l’importance d’un phénomène : « Dans le Rhône, on sert le plus souvent à l’assiette : il est rare qu’un client ne la finisse pas. » RHO