Texte INP Toulouse (juin 2003)

Les retraites
une pièce dans la logique de financiarisation du monde
Assemblée Générale des personnels en grève de l’INP de Toulouse
Un mensonge : comment peut on prétendre sauver la retraite par répartition alors que l’on met en
place simultanément tout le dispositif pour « inciter » à la retraite par capitalisation ?
Augmentation de la durée des cotisations dans un contexte de chômage massif et décote → diminution
des pensions (30% en moyenne) → incitation à la retraite individuelle, fortement appuyée par les exonérations de charges fiscales et de cotisations prévues dans la prochaine loi de finance → assèchement
des ressources de la répartition → « cannibalisation » de la répartition par la capitalisation privée et
défiscalisée → vers les fonds de pension
Le contexte : la financiarisation du monde
pression de la finance internationale et des grandes institutions, FMI1 banque mondiale et OMC2 (via
l’AGCS3 ) → toute activité (donc les retraites) doit être placée dans la sphère marchande et passer par
les circuits financiers. Prélèvement + grand, baisse tendancielle de la part des salaires dans la richesse.
Déjà à l’œuvre depuis plus de 20 ans : en France 10 points d’augmentation des profits au détriment des
salaires dans le PIB. Formidable pouvoir donné à la finance (capitalisme financier).
– Une morale douteuse : répartition des richesses produites : plus aux riches, précarisation des autres (y
compris la classe moyenne).
– Un bilan terrifiant
• Les crises : Mexique, Asie du Sud-Est, Russie, Argentine. Interventions du FMI → PAS4 : destruction des structures collectives, affaiblissement des états, appauvrissement...
• Le désordre mondial : bulle internet, faillites des entreprises, licenciements massifs
• Faillites frauduleuses : ENRON + Andersen Consulting
• Paradis fiscaux : argent sale mais aussi outil de défiscalisation
• Services privatisés : eau Toulouse, trains anglais, électricité californienne...
– Une imprévoyance notoire : fonds de pension aux abois → on incite les jeunes actifs à capitaliser et
les vieux actifs à différer leur départ : reculer pour mieux sauter (Angleterre 70 ans, Allemagne 67
ans). Les fonds de pension ne résolvent pas le problème démographique.
– Une responsabilité historique :
• Sur le plan social : en quelques décennies, destruction d’un patrimoine social exceptionnel, basé
sur la solidarité et la mutualisation des risques, et pour lequel les générations précédentes se sont
battues.
• Sur le plan environnemental : pillage de matières premières, pollution...
Un choix de société
Cette analyse est valable pour les retraites mais également pour la décentralisation, la sécurité sociale,
l’éducation...
On ne veut pas cette réforme parce qu’elle s’inscrit dans une logique de financiarisation de la société
qui prélève un immense « impôt » privé et qui se dote d’une machine de guerre terrible (l’AGCS)
pour détruire toute structure collective : la solidarité s’efface devant le « chacun pour soi ». C’est une
régression sociale sans précédent qui est programmée.
Exigeons le débat qui n’a pas eu lieu. Interpellons les élus, les syndicats, les associations, les média...
1
Fonds Monétaire Internationale
Organisation Mondiale du Commerce
3
Accord Général sur le Commerce des Services
4
Plan d’Ajustement
2
1