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m o n d e a r a b e L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed - 12 juin 2014 - n° 824 DAMAS VEUT POUSSER SON AVANTAGE Défis égyptiens Parallèlement à sa stratégie politique récemment couronnée par l'élection présidentielle du 3 juin, au terme de laquelle Bachar el-Assad a été réélu pour un troisième mandat de sept ans, le pouvoir syrien a accentué sa pression militaire sur les forces de l'opposition, en particulier dans les régions dʼAlep et de Deraa, ainsi que dans le Rif de Damas. Il n'a pas pu néanmoins marquer des points importants au cours des dernières semaines, compte tenu de la résistance acharnée des groupes rebelles et des carences numériques de l'armée loyaliste, qui dépend de plus en plus de l'appui libano-iranien (voir TTU n° 823). A cet égard, les forces du régime ont récemment bénéficié de l'arrivée de centaines de combattants afghans hazaras (chiites). Réfugiés depuis des années en Iran, ces combattants auraient été recrutés moyennant une solde de 500 dollars par mois. Par ailleurs, l'annonce de la réélection du président Assad a été suivie, lundi dernier, par celle dʼune amnistie générale des prisonniers détenus sans jugement. Cette mesure, la plus importante depuis le début du conflit, concernerait des dizaines de milliers d'individus. C'est la première fois qu'une amnistie s'étend aux personnes poursuivies pour “terrorisme”, terme qui désigne, pour le pouvoir, les rebelles et les opposants, ainsi qu'aux déserteurs de l'armée et aux combattants étrangers qui se rendent dans un délai d'un mois. Par son ampleur même, cette amnistie porte l'empreinte d'une stratégie éprouvée de division de l'opposition, les offres de réconciliation locales ou nationales visant à affaiblir les rebelles, comme les libérations de prisonniers islamistes au début du conflit avaient contribué à la déliquescence progressive de l'Armée syrienne libre, au terme de défections et de combats fratricides. Le régime s'efforce également d'affaiblir politiquement l'opposition, en “débauchant” certains opposants pour former un gouvernement dʼunion nationale correspondant peu ou prou à la version russo-iranienne du document de la conférence de Genève 1. Sur le plan régional, tandis que le Qatar a appelé la communauté internationale à imposer un cessez-le-feu en Syrie, le régime de Damas espère un assouplissement de la position turque suite à la visite à Ankara du président iranien Hassan Rohani, au début de cette semaine, dans le cadre d'un “marchandage” global entre les deux puissances régionales. Choisi par plus de 96 % des votants mais ignoré par les 54 % dʼabstentionnistes, le nouveau président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, débute son mandat dans un contexte marqué par lʼexpectative, davantage que par un sentiment général dʼadhésion. Dʼautant plus que, tout au long dʼune campagne menée a minima, le maréchal candidat est resté très flou sur ses intentions. Les quelques objectifs annoncés pour les prochaines années — croissance annuelle de 7 % au lieu de 2,1 % lʼan dernier, chômage abaissé à 8 % contre 13 % actuellement, déficit public réduit de 75 % — semblent très ambitieux dans un pays frappé par la paralysie quasi totale de son économie. Boudée par les investisseurs internationaux, lʼEgypte reste en proie à une crise énergétique pénalisante à tous égards par son coût et son impact sur lʼactivité industrielle et la qualité de vie quotidienne des citoyens (voir TTU n° 818). Les subventions dans ce domaine devraient atteindre, pour lʼexercice 2013-2014, le niveau sans précédent de 24 milliards de dollars. Une charge que le budget de 2014-2015 prévoit de réduire de 22 %. Ce qui permettrait de libérer au moins une partie des sommes nécessaires au règlement sans cesse repoussé de lʼen-cours de près de 6 milliards de dollars que le gouvernement doit aux compagnies pétrolières internationales présentes dans le pays. Un geste qui pourrait les pousser à relancer leurs investissements et donc réduire, à moyen terme, la pénurie gazière. Dans ce domaine, cependant, comme pour dʼautres mesures dʼassainissements économiques et financiers nécessaires, la détermination du gouvernement semble incertaine, freinée par la crainte des troubles qui ont régulièrement éclaté dès lʼévocation dʼune possible réduction des subventions. (suite page 2) Soudan : une médiation pleine dʼembûches Lʼinitiative allemande à lʼégard du Soudan, soutenue par la France, suscite des résistances. Berlin a invité les différentes parties en conflit à des réunions consultatives pour préparer une conférence de dialogue national. Les représentants du gouvernement soudanais, de lʼopposition interne et des mouvements armés sont invités à «se concerter sur lʼagenda de la conférence et un calendrier des travaux». Les Allemands tentent de surmonter les obstacles qui retardent le travail des médiateurs africains, menés par lʼancien président Thabo Mbeki, en proposant la formation dʼune seule plate-forme de négociations pour discuter de lʼensemble des problèmes du Soudan. La diplomatie allemande envisage de convoquer une réunion préliminaire entre les partis politique de lʼopposition et les mouvements armés pour arrêter une position commune. Mais cette initiative se heurte à des obstacles : Khartoum refuse le principe de cette réunion préliminaire, tandis que lʼopposition doute de la sincérité du gouvernement dans la négociation, notamment après les arrestations et les jugements rendus contre certains de ses responsables. PAGE 2 Politique et stratégie TTU MONDE ARABE - N° 824 - 12 JUIN 2014 ➤ Etat homogène Lʼarmée irakienne affronte les hommes de lʼEtat islamique en Irak et au Levant (EIIL), renforcés par dʼanciens baassistes et des groupes tribaux, à 30 km à lʼouest de Bagdad. Le groupe djihadiste marque des points de façon spectaculaire dans différentes régions du pays, comme Tikrit et Mossoul. Avec ses succès remportés dans lʼest de la Syrie, notamment dans la région de Deir ez Zor, lʼEIIL peut établir une continuité géographique sur les zones quʼil contrôle, de part et dʼautre de la frontière, dont certaines sont riches en hydrocarbures. ➤ Commandement italien Le général de division Paolo Serra quittera le commandement de la Finul à la fin de l'année, mais le contingent des Nations unies au sud du Liban pourrait être de nouveau commandé par un officier supérieur italien. En effet, il semble que le remplaçant du général Serra a déjà été désigné, à en croire une source du ministère italien de la Défense. Il s'agirait du général Luciano Portolano, ex-attaché militaire à Londres, qui a participé par le passé à l'opération “Antica Babilona” en Irak et à la mission ISAF en Afghanistan comme commandant de la brigade d'infanterie mécanisée “Sassari”. Un général finlandais et un général népalais figuraient comme outsiders. Le général Portolano pourrait donc être le troisième officier supérieur italien à prendre le commandement de la Finul 2, le premier ayant été le général Claudio Graziano, actuel CEMAT. Quant au général Serra, il serait appelé, au terme de son mandat, à assumer les fonctions d'attaché militaire auprès de la délégation italienne aux Nations unies, à la place de l'amiral Alessandro Picchio. DÉFIS ÉGYPTIENS (suite de la page 1) Dans ce pays dominé par une bureaucratie omniprésente et miné par la corruption, la maîtrise de la sécurité intérieure et extérieure est aussi primordiale pour le régime. Or les relations entre lʼarmée et la police montrent de plus en plus des signes de malaise. Depuis les émeutes contre Moubarak en janvier 2011, la police a été la première responsable du contrôle des manifestations et du maintien de lʼordre en général. Pour leur part, alors quʼils bénéficient de rémunérations et dʼavantages annexes bien supérieurs à ceux des policiers, les militaires sʼestiment mal préparés à affronter les nouvelles menaces terroristes. Comme dans le Sinaï, où le groupe Ansar Beit Al-Maqdis, émanation dʼAl-Qaida, multiplie les harcèlements. Une tactique dʼembuscades vis-à-vis de laquelle les forces égyptiennes sont mal préparées, avec des carences en matière dʼentraînement mais aussi de moyens matériels, en raison notamment des limitations imposées par les accords de Camp David sur lesquels Tel-Aviv nʼentend pas faire preuve de flexibilité. Certes, jusquʼà présent, à part une tentative déjouée lʼan dernier, la zone du Canal de Suez est restée épargnée par ces troubles. Cependant, tout attentat aurait des conséquences très importantes sur le trafic, et donc lʼéconomie égyptienne, toujours dépendante des ressources en devises. A lʼouest, la frontière de 1 115 km avec la Libye est lʼautre zone dʼalerte maximale pour lʼarmée. Elle est en effet le point de convergence des diverses factions armées présentes notamment en Cyrénaïque, qui attire des djihadistes de divers pays du Moyen-Orient (voir TTU n° 823). Il nʼest donc pas surprenant que sur ce théâtre, les premières indications concernant la politique régionale du nouveau régime égyptien montrent un clair soutien au général libyen Khalifa Haftar, dans sa lutte, en marge du pouvoir civil, contre les milices. ISRAËL : UNE HIÉRARCHIE DES MENACES EXTERNES Un participant européen à la conférence annuelle d'Herzliya sur la doctrine de sécurité d'Israël, cette semaine, a confié à TTU que le ton des Israéliens sur le dossier du nucléaire iranien avait changé. Selon cet expert stratégique, les cercles de la défense israélienne commencent à admettre que le processus de négociations des grandes puissances avec Téhéran puisse conduire à la reconnaissance dʼun programme nucléaire civil de lʼIran. Lʼinsécurité à Gaza et dans le Sinaï ainsi que la guerre en Syrie constituent aujourdʼhui les deux sources de menaces les plus importantes pour lʼEtat hébreu. Mais lʼaxe chiite libano-syro-iranien semble moins inquiéter les stratèges israéliens que la menace provenant des groupes djihadistes sunnites installés au nord de Sinaï et dans certaines régions de Syrie et dʼIrak. Certes, le renforcement des capacités militaires du Hezbollah au cours des dernières années est une source dʼinquiétude pour lʼétat-major de Tsahal, mais le parti chiite libanais, comme le Hamas, est devenu prudent par expérience, car il connaît le prix à payer en cas de nouvelle confrontation avec Israël. UN CODE POUR LʼUSAGE DES DRONES Le recours de plus en plus fréquent de l'armée israélienne à des drones pour mener des opérations d'éliminations, notamment à Gaza, commence à susciter un certain malaise, en raison notamment des victimes collatérales parmi les civils et des réactions dans le monde. Les responsables politiques et militaires israéliens redoutent d'être un jour poursuivis pour crimes de guerre devant le Tribunal pénal international (TPI) par l'Autorité palestinienne. Ces craintes ont été avivées par le récent gel des négociations israélo-palestiniennes, qui pourrait pousser Mahmoud Abbas à relancer une offensive diplomatique pour obtenir le statut d'Etat à part entière au sein des Nations unies, lui permettant ainsi de déposer des plaintes auprès du TPI. Les responsables israéliens ont récemment créé une commission chargée de vérifier les cas litigieux, composée d'un juge à la retraite, d'un ancien général, d'un ex-commandant du Shin Beth et d'un expert en droit international. «Plusieurs cas sont actuellement soumis à une enquête», a indiqué un responsable militaire. L'objectif est de mettre au point, à terme, un code actualisé de bonne conduite, afin de donner des arguments de défense si des responsables israéliens se retrouvaient devant une cour internationale. Politique et stratégie PAGE 3 TTU MONDE ARABE - N° 824 - 12 JUIN 2014 LIBYE : LʼALGÉRIE ENTRE EN SCÈNE Cʼest un pas important dans la lutte contre le terrorisme dans le Sahel quʼa franchi lʼarmée algérienne en intervenant en territoire libyen. Dès la semaine dernière, la presse a en effet rapporté que 3 500 parachutistes, soit un régiment complet, et un groupe de soutien logistique de 1 500 hommes ont été déployés de l'autre côté de la frontière. Une force appuyée par dʼimportants moyens aériens (avions, hélicoptères de combat et de transport, drones...). Les opérations, effectuées dans une zone de 100 à 120 kilomètres dans le sudouest libyen, visent à donner la chasse et à couper la route à des groupes islamistes armés. Par le passé, lʼarmée algérienne avait effectué quelques incursions en Libye (de même quʼau Mali). Mais c'est la première fois qu'une force d'une telle importance est déployée dans ce pays, qui est dans un état de déliquescence politique et sécuritaire avancée. Les Algériens auraient mené leurs opérations en coordination avec lʼarmée américaine, en particulier le 317e escadron des forces spéciales. Ces opérations visent notamment à traquer Mokhtar Belmokhtar, chef du mouvement djihadiste “les Signataires par le sang”, et détruire les infrastructures dʼAl-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Mokhtar Belmokhtar se serait récemment replié dans le Fezzan, au nord de Sebha, suite à lʼoffensive du général à la retraite Khalifa Haftar en Cyrénaïque (voir TTU n° 823). Selon certaines sources, les opérations algéro-américaines visent aussi à soutenir lʼaction de ce général et, en cas dʼéchec, à lʼexfiltrer. Tandis qu'à l'est de la Libye, les affrontements entre les groupes islamistes et le général dissident (qui bénéficie du soutien de l'Egypte) s'intensifient, les accrochages se sont produits entre milices islamistes à Derna, à lʼest de Benghazi. Des miliciens dʼAnsar el-Charia, appuyés par des éléments dʼAQMI, auraient attaqué les positions de la brigade des Martyrs dʼAbou Salim — qui a intégré dans ses rangs dʼanciens membres de lʼEtat islamique en Irak et au Levant. Lʼaggravation continue de la situation en Libye inquiète également ses voisins du sud, à savoir le Tchad et le Niger, dont les capacités militaires plus réduites ne leur permettent pas de sécuriser leurs frontières. Le dossier libyen aurait dʼailleurs figuré au menu des conversations du président Idriss Deby avec le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, au Caire, au début de ce mois. Du côté français, après la visite à Alger du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, le 20 mai, c'est son collègue des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui sʼest rendu dans la capitale algérienne en fin de semaine dernière. La coopération militaire franco-algérienne dans le Sahel était au centre des discussions du chef du Quai dʼOrsay avec les responsables algériens. UN EX-DJIHADISTE REÇU AU QUAI DʼORSAY La récente visite à Paris du chef islamiste libyen Abdelhakim Belhadj nʼa guère fait lʼobjet de publicité. Présent en France du 29 avril au 2 mai, Belhadj a pourtant rencontré la presse, en compagnie notamment de la journaliste Isabelle Mandraud, qui lui a consacré un livre paru en 2013 (“Du djihad aux urnes : le parcours singulier d'Abdelhakim Belhadj”). Il a également participé à une table ronde au Centre de recherches Moyen-Orient Méditerranée (CERMOM). Bien que cet ancien djihadiste, ancien compagnon de route de Ben Laden, entretienne de bonnes relations avec l'ambassadeur de France à Tripoli, Antoine Sivan, Paris aurait refusé à plusieurs reprises de lui délivrer un visa. Mais cette fois, sans doute à la suite dʼune intervention du Qatar, les autorités françaises ont accepté de le recevoir. Des réunions se sont ainsi tenues au Quai d'Orsay, sous la houlette de la sous-directrice du département Afrique du nord à la direction de lʼAfrique du nord et du Moyen-Orient du ministère des Affaires étrangères, Bénédicte De Villardi De Montlaur. Devenu révolutionnaire, chef du Groupe islamiste combattant en Libye, puis gouverneur militaire de Tripoli, avant d'être défait aux élections législatives de juillet 2012 avec son parti Hizb al-Watan, l'ancien djihadiste reste une figure incontournable de la scène libyenne. La semaine dernière, il aurait effectué une tournée au Qatar et au Soudan, au terme de laquelle ses milices auraient reçu du matériel militaire, notamment des armes antiaériennes, dont une partie pourrait être transférée aux groupes armés qui combattent lʼex-général Haftar en Cyrénaïque. ➤ Grand marchandage Les discussions directes entre Américains et Iraniens, menées à Genève les 9 et 10 juin, avant la reprise des négociations de Téhéran avec le groupe “5+1” la semaine prochaine, semblent confirmer que les Européens sont relégués aux seconds rôles dans le grand marchandage entre Téhéran et les Occidentaux. Malgré les sanctions prises contre lʼIran, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et lʼIran auraient augmenté de 35 % depuis 2011, alors que les échanges entre ce dernier pays et lʼUnion européenne auraient baissé de 77 % sur la même période. Des sociétés américaines auraient contourné lʼembargo en faisant appel à des sous-traitants, des sociétés écrans et autres intermédiaires. ➤ Priorités américaines Depuis le début de lʼannée, les exportations iraniennes de brut et de condensats ont progressivement augmenté pour atteindre en avril 1,4 million de barils/jour. Soit une moyenne de 1,38 million de barils/jour, contre 1,25 million de barils/jour au cours de la même période lʼan dernier. Des quantités sensiblement supérieures à ce quʼautorise lʼaccord P5+1 de novembre dernier, qui prévoyait leur maintien au niveau dʼalors, jusquʼà la conclusion des négociations sur le nucléaire prévue le 20 juillet prochain. En absorbant 95 % des ventes iraniennes, la Chine, le Japon, lʼInde, la Corée du Sud et la Turquie sont les grands responsables de ce dépassement. En théorie, chacun de ces pays ayant ainsi déjà acheté une grande partie du quota autorisé pour la période devrait réduire drastiquement ses importations dʼici à juillet. Une éventualité qui semble peu vraisemblable, en dépit des engagements pris par lʼadministration Obama à lʼégard du Congrès de maintenir sous contrôle cette source essentielle de devises pour lʼéconomie de Téhéran. Washington aurait en effet décidé dʼignorer la situation pour ne pas perturber les négociations en cours sur ce quʼil considère être lʼessentiel : la mise sous tutelle internationale du nucléaire iranien. PAGE 4 Industrie et matériels TTU MONDE ARABE - N° 824 - 12 JUIN 2014 ➤ Achat indonésien La marine indonésienne serait en voie de finaliser lʼacquisition de seize hélicoptères bimoteurs, Panther AS565 dʼAirbus Helicopter. Certains de ces appareils devraient être mis en œuvre à partir des deux futures corvettes SIGMA 10514 de la flotte indonésienne (TNI-AL) pour des missions de lutte anti-sous-marine. ➤ Accord italo-turc AgustaWestland (groupe Finmeccanica) et Havelsan viennent de signer un MoU portant sur le développement et la réalisation de systèmes d'entraînement et de simulateurs. Ces systèmes sont destinés à la formation des équipages d'hélicoptères (pilotes et personnels navigants) et des techniciens au sol chargés des services de support. ➤ Succès sud-africain Depuis la guerre avec l'Angola, l'Afrique du Sud est devenue un maître incontesté en développement et fabrication de MRAP et autres véhicules fortement protégés contre les mines et EEI. Avec un franc succès à lʼinternational. Selon le dernier rapport du NCACC, en 2013, tout constructeur confondu, l'Afrique du Sud a exporté 452 véhicules blindés neufs ou remis à neuf. Ce chiffre significatif n'est pas le fruit d'un gros contrat mais de l'accumulation des commandes allant de deux unités à plusieurs dizaines d'engins. La clef de ce succès réside aussi dans la capacité de l'Afrique du Sud à concevoir des blindés efficaces, robustes et bon marché. Parmi les plus exportés : les Kaspir, RG-31 et RG-32 de BAE Systems Land Systems South Africa, Reva de ICP, M-36 Puma et Hunter d'OTT Technologies. Même si l'âge d'or des MRAP semble passé, avec la fin de l'intervention en Irak et en Afghanistan, le succès de l'exportation des véhicules protégés sud-africains n'est pas prêt de s'arrêter, notamment avec les dernières percées de Paramount Group. AIRBUS C-295 : PERSPECTIVE DE CONTRAT Diverses configurations spécialisées de lʼavion bi-turbopropulseur C-295 dʼAirbus sont à lʼétude depuis près dʼun an, et celle dʼune version armée (AC-295) semble particulièrement avancée. Au début de cette semaine, des responsables du groupe européen laissaient entendre quʼun client du Moyen-Orient serait notamment sur les rangs pour finaliser lʼacquisition dʼune telle version. Un tel contrat marquerait un joli coup pour Airbus, alors que plusieurs pays font part dʼun intérêt croissant pour ce type dʼappareil et que le commandement des opérations spéciales jordanien sʼapprête à mettre en service ses deux avions AC-235, dont lʼintégration de lʼarmement a été réalisé par le groupe américain ATK (voir TTU n° 820). Rappelons que ce dernier avait également réalisé lʼintégration de lʼarmement de l'Alenia C-27J Spartan et du AC-208 Combat Caravan. ISRAËL : NOUVELLE GÉNÉRATION DE MISSILES AIR-AIR Les ingénieurs du groupe israélien Rafael planchent sur la prochaine génération de missiles air-air dʼune portée de 100 km, conçus pour attaquer des avions ennemis et des drones. «Tous les missiles air-air ne sont pas capables d'accomplir ce genre de mission à une distance suffisante pour que l'explosion du drone n'endommage pas l'avion qui a lancé l'attaque», explique un responsable du groupe israélien. Autre difficulté : la capacité du missile à identifier un drone équipé de leurres. «Nous devons tenir compte de ce qui se fera en matière de leurre dans les années à venir», ajoute-t-il. Selon lui, Rafael a plusieurs atouts pour développer de tels missiles, même si la concurrence internationale va être rude. Les Américains travaillent sur une version améliorée de lʼAIM-120 AMRAAM, ainsi que sur un nouveau concept de missile air-air destiné notamment au F-35. Les Russes disposent, quant à eux, du M-K-77, qui équipera leur avion de combat T50. En Europe, les efforts de modernisation portent sur le Meteor du groupe MBDA et sur le IRIS-T de lʼallemand Diehl. Les Sud-Africains portent leurs efforts sur le A-Darter de Denel, de même que l'Iran avec le Fakor-90. Sans oublier la Chine et son missile PL-12. LE TCHAD RENFORCE SES MOYENS AÉRIENS Un spotter ukrainien a diffusé sur internet, fin mai, la première photo dʼun MiG-29 aux couleurs tchadiennes évoluant à proximité de la base aérienne de Lvov, dans lʼouest de Ukraine. Une apparition qui vient confirmer les déclarations du président Idriss Déby en 2009, où il affichait la volonté de NʼDjamena dʼacquérir trois appareils de ce type. Ces MiG-29 pourraient avoir été prélevés sur les stocks ukrainiens et remis à niveau. Il y a fort à parier que leur mise en œuvre par la force aérienne tchadienne sʼappuie sur un contingent de techniciens et de «contractors» venus de pays Europe de lʼEst, qui aident déjà lʼarmée de lʼair tchadienne à utiliser ses six Su-25 "Frogfoot" acquis en 2008 et 2009. Rappelons que NʼDjamena avait acheté ces MiG-29 à la suite de l'offensive rebelle lancée sur N'Djamena en février 2008, avec le soutien du Soudan. Par ailleurs, le premier des deux avions de transport tactique C-27J devrait être livré prochainement à NʼDjamena par le groupe italien Alenia Aeronautica. Des appareils qui viendront sʼajouter au Hercules C-130 et aux deux An-26 actuellement en service. Avec une capacité de transport de soixante fantassins et un rayon dʼaction de 1 852 km avec une charge de 10 000 kg, ou de 4 260 km avec six tonnes de charge utile, ces appareils fourniront une augmentation substantielle de moyens aéroportés tchadiens. PAGE Industrie matériels 5 TTU MONDE ARABE - N° 824 - 12 JUIN 2014 EUROSATORY : LES NOUVEAUTÉS DE RTD Dans le cadre du Salon Eurosatory, qui se tiendra du 16 au 20 juin, le groupe Renault Trucks Defense (RTD) présentera pour la première fois le véhicule Bastion HM (haute mobilité). Il sʼagit dʼune nouvelle version du véhicule de transport de troupes ACMAT Bastion. Doté de la même caisse que ce dernier, il est équipé dʼun moteur de VAB doté dʼune puissance de 320 à 340 cv, à la place de lʼancien moteur dʼune puissance de 180 à 215 cv. Ce qui procure au nouveau véhicule une mobilité sans précédent et augmente sa charge utile à 1,5 tonne, pour un poids total à charge compris entre dix et douze tonnes. Le Bastion est construit en deux versions : lʼun pour le transport de troupes (ABC), avec une caisse fermée, et lʼautre pour les forces spéciales (PATSAS), avec une caisse semi-ouverte, utilisée par les forces spéciales de plusieurs pays. Par ailleurs, RTD exposera à Eurosatory un nouveau siège antimine adaptable à un grand nombre de véhicules de combat, développé par sa filiale Panhard. Alors que la conception de ce siège ne remonte quʼà 2013, cinq pays ont déjà décidé de lʼacquérir. Enfin, RTD dévoilera un nouveau concept de maintenance, dit HUMS (Health & Usage Monitoring Systems), qui fait lʼobjet dʼun contrat signé entre RTD et Thales Optronique, dʼun côté, et la DGA française, de lʼautre. Ce concept de service sécurisé permet dʼacquérir en temps réel les informations essentielles collectées sur les matériels, de diagnostiquer lʼétat de ceux-ci via des indicateurs de santé et dʼusage, de mesurer le potentiel résiduel des systèmes et dʼoptimiser les intervalles dʼentretien. Il permettra de réduire les temps dʼintervention en cas de panne, de déclencher les opérations de maintenance en temps utile, de réduire les temps dʼimmobilisation et dʼaméliorer la disponibilité technique opérationnelle des véhicules. RENFORCEMENT DE LA BITD POLONAISE La Pologne vient de franchir une nouvelle étape dans lʼélargissement et la consolidation de sa BITD. Le ministère du Trésor et PGZ SA, le groupe polonais dʼarmement, ont signé un accord prévoyant un transfert dʼactions de 13 sociétés dʼarmement et entreprises dʼEtat vers PGZ SA. Avec pour conséquence le renforcement considérable de ce groupe regroupant désormais, sous le contrôle conjoint des ministères du Trésor et de la Défense, 17 entreprises du secteur. Dʼune valeur initiale de 933 millions dʼeuros, il regroupera 9 700 salariés. Par ailleurs, fin 2014, toutes les industries de la Défense étant encore sous giron étatique rejoindront PGZ SA, qui sera alors capable de rivaliser sur les marchés internationaux et de créer 14 000 nouveaux emplois. Après la signature de cet accord, Tomasz Siemoniak, le ministre polonais de la Défense a déclaré que «la consolidation de lʼindustrie polonaise de lʼarmement doit être réalisée rapidement» ! Par ailleurs, les technologies numériques, lʼinformatique, les satellites et les drones sont les quatre axes choisis pour la troisième vague dʼinvestissements pour la modernisation de lʼarmée, annonce le Bureau de la Défense nationale polonaise. 750 millions dʼeuros seront investis pour lʼachat de 110 drones. Un appel dʼoffres qui intéresse déjà les groupes israéliens Elbit et IAI, les français Thales et Airbus, ainsi que deux groupes américains. Toutefois, la consigne est claire : priorité sera donnée aux technologies polonaises. LA DARPA ET LES DRONES CYBERPROOF Après des années de recherche effectuées sous lʼégide de la DARPA (Defense Advanced Research Agency), un système de protection contre des attaques cyber, permettant à des hackers de détourner à leurs fins un drone pendant son vol, vient de voir le jour. Ce système dit HACMS (High Assurance Cyber Military Systems) a été mis au point à partir des découvertes de chercheurs de lʼuniversité de California et de celle de Washington, sur la côte ouest. Ses applications à dʼautres équipements militaires, susceptibles dʼêtre victimes de ce type dʼattaques cyber, semblent prometteuses — robots sous-marins et terrestres, systèmes de command and control, satellites —, mais aussi dans le domaine civil (protection des infrastructures, appareillages médicaux, tels que les stimulateurs cardiaques, etc.). ➤ Radar ultra-performant Lʼarmée de lʼair américaine vient dʼattribuer un contrat de 915 millions de dollars au groupe Lockheed Martin. Ce dernier a gagné lʼappel dʼoffres contre Raytheon pour remplacer le système de surveillance spatiale de lʼUSAF (AFSSS - Air Force Space Surveillance System) en place depuis les années 1960, mais interrompu en septembre dernier pour des raisons budgétaires. Ce contrat porte sur le développement dʼun radar de détection, dʼidentification et de suivi des débris spatiaux, capable de détecter un objet de la taille un ballon de basket à 30 000 km. Il sera construit dans les Iles Marshall, au cœur de lʼocéan Pacifique. Ce système, dit “Space Fence”, pourrait inclure, dans quelques années, un autre radar de ce type, qui serait construit à Perth, en Australie. ➤ Contrat suédois La société Rheinmetall MAN Military Vehicles a confirmé la signature dʼun accord-cadre pour la livraison de plusieurs centaines de camions militaires pour lʼarmée suédoise. Avec le récent contrat norvégien, négocié conjointement, RMMV va livrer jusquʼà 2 000 camions et engins logistiques (SAV compris) aux deux pays scandinaves pour un volume total légèrement supérieur à un milliard dʼeuros. La plupart des véhicules seront des camions “civils” fabriqués par MAN et équipés sur mesure par Rheinmetall. La finalisation du contrat suédois a pris plus de temps que prévu, suite à une plainte déposée en 2013 par le constructeur local Scania. Celui-ci sʼétait élevé contre les conditions dʼattribution du contrat à RMMV. Cette plainte, qui nʼa pas connu de suites, avait déclenché la colère des dirigeants de Volkswagen. En effet, MAN et Scania sont tous deux des filiales du constructeur automobile allemand ! PAGE 6 Repères TTU MONDE ARABE - N° 824 - 12 JUIN 2014 ➤ Des femmes à lʼhonneur Le major Catherine Labuschagne, de la force aérienne sud-africaine (SAAF) a récemment effectué son premier vol solo sur JAS 39C Gripen devenant la première femme pilote qualifiée sur cet appareil. Le major Labuschagne fait partie des quatre nouveaux pilotes sudafricains brevetés cette année sur le Gripen. Rappelons que le JAS 39 Gripen est un avion multirôle de quatrième génération développé par la Suède dans les années 1980. Mis en service en 1996 dans l'armée de l'air suédoise, il a été exporté en Hongrie, République tchèque, Afrique du Sud, Thaïlande, Brésil avec plus de 240 exemplaires commandés au total. Dʼautre part, il y a quelques semaines, lʼarmée de lʼair émirienne a intégré dans ses rangs le capitaine Mariam Al-Mansouri. Première femme pilote de chasse aux Emirats arabes unis, Mariam Al-Mansouri a été qualifiée sur un avion F-16. désormais Triple Canopy, Constellis Ltd, Strategic Social, Tidewater Global Services, National Strategic Protective Services, Academi Training Center et International Development Solutions, soit près de 6 000 salariés. ➤ Alliance dans la sécurité ➤ Coopération sino-pakistanaise La société de sécurité Academi, anciennement connue sous les noms de Blackwater et Xe, vient de sʼassocier à Triple Canopy, autre acteur majeur de la sécurité privée. Ces deux entités se placent sous la houlette dʼune nouvelle structure de gestion nommée Constellis Holdings. Cette holding, constituée par les fondateurs et les investisseurs des deux sociétés, regroupe Roquettes guidées au laser Programme dʼétude amont lancé en 2009, “Munitions à précision métrique” (MPM) vise à développer des briques technologiques communes (kit de guidage, calculateur…) pour le développement du guidage laser pour différents types de munitions (155 mm, 120 mm char, mortier de 120 et roquette tirée depuis un hélicoptère). Cʼest dans ce cadre que la DGA française vient de tester le tir dʼune roquette guidée par laser depuis un hélicoptère Tigre, sur le centre dʼessais des Landes. Lʼobjectif est de pouvoir bénéficier dʼune munition de précision à bas coût. Lʼencombrement de la roquette demeure identique à celles de 68 mm, qui gagne 1 kg, tandis quʼont été ajoutés un autodirecteur semi-actif laser, un système de guidage et pilotage, un bloc de calcul et des ailettes de stabilisation. Le tir a été effectué depuis un Tigre HAD de lʼALAT, évoluant à 70 nœuds, sur une cible en mer illuminée au laser depuis le sol. Ce tir sʼinscrit dans une campagne de tirs qui a débuté en 2010 suite aux développements réalisés par TDA sur sa roquette. Il restera à valider la capacité de la roquette sur cibles mobiles. Cette nouvelle capacité permettra dʼengager des cibles (infrastructures, véhicules peu blindés…) sans utiliser le missile Hellfire beaucoup plus coûteux. Pour lʼéquipage du Tigre, peu de changements, la version HAD disposant dʼun désignateur laser, il pourra engager la cible lui-même ou être illuminée par un opérateur au sol, tandis que la roquette guidée prendra place dans le panier existant, qui offrira un panachage de différents types de roquettes guidées ou non. Cette nouvelle capacité pourrait être offerte dans la version MK2 du Tigre HAD, à lʼhorizon 2018/2020. Cette brique validée bénéficiera au développement des autres munitions dʼartillerie (120 mm, 150 mm…). Pour lʼindustriel TDA, cette capacité complétera sa gamme de produits à lʼexport et pourra équiper des aéronefs légers (hélicoptères ou avions). Aujourdʼhui, cette roquette est en dotation sur les Tigre français et espagnols. En dépit du réchauffement relatif entre le Pakistan et lʼInde, au moment de lʼintronisation du Premier ministre Narendra Modi, les Pakistanais vont demander aux Chinois dʼassurer la compatibilité entre les six sous-marins de type 039B quʼils vont vendre à Islamabad et leur missile de croisière Babur, lancé sous la mer et dʼun rayon de 500 km. Ces sousmarins (sous lʼappellation S2OP) qui seront assemblés à Karachi, compléteront les trois Agosta 90B. La flotte de lʼArmée populaire de libération aligne neuf O39B équipés de missiles Yingji 83. Les Chinois vont ainsi renforcer lʼarsenal de leurs alliés pakistanais, alors que la nouvelle administration indienne leur sera forcément hostile, et cela dʼautant que Narendra Modi, malgré son idéologie nationaliste, est connu pour un tropisme qui le pousse à resserrer les liens avec le Japon de Shinzo Abe. ➤ Des hélicoptères très sollicités Les hélicoptères d'attaque Mangusta A-129 de l'Aviazione Esercito (AVES), l'ALAT italienne, ont dépassé la semaine dernière le seuil des 10 000 heures de vol depuis leur arrivée en Afghanistan, au printemps 2007. Ces hélicoptères, qui opèrent au sein de la Task Force “Fenice”, appartiennent au 7e Reggimento AVES “Vega” basé à Rimini (Emilie-Romagne), sur la mer adriatique. TTU Monde Arabe - Lettre hebdomadaire d'informations stratégiques - Editée par la Sarl Certes au capital de 40 155 € Siège social - 25, rue du Louvre - 75001 Paris - Tél : 01 40 26 03 03 - Fax : 01 40 26 18 59 - Email : [email protected] - www.ttu.fr Directeur de publication : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed Yagoub Numéro de commission paritaire 1115 I 87459 - ISSN 1270 - 3478 - Imprimerie : Certes - © Certes 2014 - Reproduction interdite Prix au numéro : 40 €- Abonnement annuel 44 numéros France : 1 090 € - Etranger 1 320 € Toute reproduction totale ou partielle de TTU et sa mise à disposition gratuite ou payante sur Intranet ou sur Internet sans notre autorisation écrite constituent une infraction à la loi nº 2004-204 du 9 mars 2004 sur les droits dʼauteur qui punit de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende les contrevenants.