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m o n d e a r a b e L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed - 31 octobre 2013 - n° 795 NOUAKCHOTT SUR LA SELLETTE Paralysie libyenne Depuis la fin du mois dernier, la situation militaire sʼest tendue à nouveau dans le nord du Mali, à Tombouctou comme à Gao, avec la reprise des opérations militaires. Ce qui, ajouté aux difficultés sur le dossier des pourparlers avec les groupes armés du nord, a réveillé des ressentiments au sein de la classe dirigeante malienne, que la mobilisation intérieure pour mener à bien lʼélection présidentielle, en août dernier, avait un temps mis en veilleuse. Pour les nouvelles autorités maliennes, lʼinstallation dʼune nouvelle gouvernance «légitimée par les urnes» justifie désormais de défendre la stabilité du pays, jugée mise à mal par lʼinterventionnisme persistant de puissances voisines. Celles-ci sʼopposent, selon Bamako, «à lʼémergence dʼun “Mali fort et fier”», selon la formule des partisans du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Cʼest le cas, en particulier, du régime de Nouakchott, montré du doigt le 19 septembre dernier par Bamako, puisquʼaucun officiel mauritanien ne figurait parmi les nombreux invités de marque à la cérémonie dʼinvestiture du président IBK. Les griefs à lʼencontre du pouvoir mauritanien sont nombreux. Tout dʼabord, le refus de Nouakchott, tout au long de la transition, de participer aux efforts de la coalition internationale menée par la France, hors dʼun mandat préalable de la communauté international. Une fois la résolution n° 2100 du Conseil de sécurité des nations unies votée en avril dernier, créant la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), le régime accepte dʼy participer tout en fixant ses conditions : choisir les lieux dʼimplantation de ses troupes à ses frontières, qui sʼavèrent être des points de cantonnement devant «revenir» aux Touaregs, selon les termes de lʼaccord de Ouagadougou, signé le 18 juin 2013 entre le gouvernement malien et les mouvements autonomistes de lʼAzawad (MNLA et HCUA). Des conditions jugées inacceptables pour Bamako. Enfin, le soutien aux rebelles du MNLA, ayant “pignon sur rue” à Nouakchott, que le président lui-même a reçu entre les deux tours de lʼélection présidentielle malienne. Dernier épisode de la guerre désormais ouverte entre Bamako et Nouakchott : lʼattentat suicide à la voiture piégée devant le camp militaire de Tombouctou le 28 septembre dernier, qui a tué deux civils et quatre terroristes et blessé six soldats maliens. (suite page 6) Alger a décidé dʼarrêter sa collaboration avec Tripoli pour la surveillance de la frontière entre les deux pays. Du côté libyen, ce sont des milices composées dʼexrebelles, dépendant en principe du pouvoir de Tripoli, qui assurent la “sécurité “de cette frontière. Mais, pour les autorités algériennes, la collaboration sécuritaire bilatérale pose problème, car elles soupçonnent les services de sécurité libyens dʼêtre dominés par les milices radicales, notamment le Groupe islamique libyen combattant. Les Algériens craignent que la frontière commune entre les deux pays, longue dʼenviron 900 kilomètres, puisse être traversée en toute quiétude par des groupes terroristes. A lʼexemple de ce qui se passe déjà à la frontière tuniso-libyenne, devenue un foyer dʼinsécurité. Cette situation a poussé Alger à dépêché 3 000 gendarmes à ses frontières avec la Libye. Suite à des opérations de ratissage dans la zone frontalière, les gendarmes algériens ont tué deux trafiquants et mis la main sur 130 roquettes antiaériennes, des mines terrestres et quelque 2 000 roquettes antichars RPG. LʼAlgérie est opposée à la volonté libyenne de confier la sécurisation de ses frontières sud et sud-est à des sociétés privées, étant réticente à toute présence armée étrangère, notamment occidentale, à ses frontières. Lʼanarchie politicosécuritaire régnant à Tripoli étant pour Alger un facteur aggravant. Depuis les élections législatives en juillet 2012, le Congrès général national (CGN) libyen a en effet subi 18 attaques de la part de groupes armés, dans le but de faire pression sur les parlementaires, la dernière attaque datant du 22 octobre. (suite page 3) Coopération franco-malaisienne Le groupe malaisien Boustead Heavy Industries Corporation BHD (BHIC) a confirmé, il y a quelques jours, que sa filiale Boustead Naval Shipyard avait reçu une lettre d'acceptation du ministère malaisien de la Défense pour la construction de six corvettes de type Gowind développées par le français DCNS, dans le cadre dʼun contrat estimé à 2,8 milliards de dollars. Ces unités de 111 mètres pour près de 3 000 tonnes seront livrées à partir de 2017 à la marine malaisienne. Elles devraient être équipées dʼun canon de 57 mm, de missiles Mica VL du groupe MBDA pour la défense aérienne et de missiles antinavires Exocet MM40 Block III, également fournis par MBDA. La confirmation de ce premier contrat dʼexportation des corvettes Gowind vient souligner le renforcement des relations entre Paris et Kuala Lumpur en matière de défense. De fait, après la validation de ce contrat et la livraison dʼhélicoptères de transport EC725, on évoque désormais à Paris la possible fourniture dʼun lot hélicoptères de combat EC-665 Tigre HAP aux forces armées malaisiennes. PAGE 2 Politique et stratégie TTU MONDE ARABE - N° 795 - 31 OCTOBRE 2013 ➤ Geeks israéliens L'unité secrète 8200 des services de renseignements militaires israéliens chargée de la cyberguerre et des écoutes utilise désormais les techniques en vogue chez Google, Microsoft ou d'autres grands noms de la haute technologie pour stimuler l'imagination et l'innovation parmi ses jeunes recrues. Des groupes d'une trentaine de soldats divisés en équipes de travail ont une semaine pour proposer un projet qui sera ensuite adopté ou abandonné selon son intérêt. «Nous ne pouvons pas nous permettre d'être en retard sur le front de l'innovation, et nous laisser aller à la routine», explique un officier. Les équipes doivent trouver chacune une idée le premier jour. Durant la deuxième et troisième journée, l'idée doit être modélisée. Au cours du quatrième jour débute la préparation de la présentation de l'ensemble du projet. Le lendemain, il est soumis aux officiers, mais aussi à d'éventuels partenaires et investisseurs privés d'entreprises d'armement. Depuis trois ans, dix sessions ont été organisées. Plus de 80 idées ont émergé. Dix ont été retenues et cinq autres ont permis de procéder à des modifications dans la technologie utilisée par l'unité 8200. L'unité s'est également inspirée du modèle Facebook en créant une plate-forme d'échanges internes de données inspirée par le modèle du réseau social. ISRAËL LUTTE CONTRE LES TUNNELS DE GAZA Le ministère israélien de la Défense a mobilisé une équipe spéciale constituée dʼune trentaine d'experts dans plusieurs domaines et dʼingénieurs du groupe public d'armement Rafael, afin qu'ils mettent au point une technologie fiable permettant de repérer les tunnels creusés entre Gaza et le territoire israélien par des groupes palestiniens. A la mi-octobre, l'armée a découvert un de ces tunnels construits par des militants du Hamas sur une longueur de 1,7 km entre une zone située près de Khan Younes et le kibboutz d'Ein Haschlosha. Deux autres tunnels, qui visaient eux aussi l'infiltration de commandos en territoire israélien pour effectuer des kidnappings, ont été repérés et détruits en un an. «Pour le Hamas, il s'agit d'une question vitale. En 2006, après avoir kidnappé le soldat Gilad Shalit, il a réussi à obtenir la libération de 1 027 détenus», rappelle un officier. Le dernier tunnel découvert a été creusé à une vingtaine de mètres de profondeur. Il a fallu évacuer environ 3 400 m3 de terre. «Plus le tunnel est profond, plus en général il est stable. Pour mener à bien un tel projet, il faut de très bonnes connaissances en géologie», ajoute l'officier. Afin de repérer les tunnels, les militaires utilisent des drones, pour tenter de détecter des traces d'évacuation de terre, ainsi que des appareils de mesure des sons souterrains. Ils étudient également la force et la direction du champ magnétique ainsi que la propagation des ondes radios. Les méthodes sismiques sont également utilisées pour repérer les mouvements et les travaux souterrains. Mais cette solution n'est pas toujours efficace, car elle enregistre toutes sortes de tremblements dans des secteurs où il y a de nombreux passages de camions, ce qui déclenche une multitude de fausses alertes. Des magnétomètres pour détecter la présence de fils électriques ou d'autres objets métalliques présents dans le tunnel sont aussi utilisés. Des chercheurs du Technion, un institut technologique installé à Haïfa, ont, pour leur part, développé un système basé sur des câbles de fibres optiques sensés pouvoir détecter un tunnel à une profondeur de 20 mètres. Le système forme une sorte de clôture souterraine capable d'enregistrer tous changements suspects. Des logiciels permettent ensuite de trouver le tracé du tunnel. Mais, comme l'admet l'officier, «aucune de ces techniques n'est parfaite, nous les utilisons toutes alternativement». Le ministère de la Défense a donc constitué un «forum de réflexion». Ce groupe se réunit régulièrement pour proposer des solutions. En attendant, les militaires admettent qu'ils doivent surtout se fier à des informateurs palestiniens implantés à Gaza, mais aussi au facteur chance. LE CAIRE CHARGE MORSI ET INCRIMINE LA CIA Les relations américano-égyptiennes traversent une phase de turbulence. Le dernier épisode de la crise est la publication dans la presse égyptienne, au début de cette semaine, dʼune transcription de conversations téléphoniques entre lʼex-président Mohamed Morsi et Ahmad Abd el-Ati, un responsable de l'organisation internationale des Frères musulmans qui était chargé des relations avec la CIA. Des conversations tenues peu avant la révolution du 25 janvier 2011 — alors que Morsi se trouvait dans une prison égyptienne et son interlocuteur en Turquie — et enregistrées par le service de la sûreté de lʼEtat égyptien. RENFORCEMENT ITALIEN AU SUD DU LIBAN ➤ Arbitre égyptien Le président du comité chargé d'amender la Constitution égyptienne, Amr Moussa, se retrouve à nouveau au centre du jeu politique au Caire. Lʼancien secrétaire général de la Ligue arabe sʼefforce dʼarrondir les angles entre islamistes et laïcs, ainsi quʼentre caciques de lʼancien régime et jeunes révolutionnaires. Un septième hélicoptère AB-212 de l'Aviazione Esercito (AVES), l'ALAT italienne, vient de rejoindre la Task Force Italair, composante air de la Finul, basée à Nakoura, au sud du Liban. Appartenant au 2e Reggimento AVES “Sirio”, cet appareil a été acheminé au port de Beyrouth, où il a été pris en charge par le personnel navigant du 41e Task Group Italair, qui a été déployé récemment sous le commandement du lieutenant-colonel Pier Luigi Verdecchia. L'arrivée de cet hélicoptère permettra d'accroître la capacité opérationnelle de la Task Force Italair, qui opère au profit du contingent des Nations unies au Liban depuis une trentaine d'années. La composante air de la Finul est une Task Force interarmées, placée sous le commandement du colonel Giacomo Lipari, regroupant des personnels de l'Esercito Italiano (EI), dont, désormais, sept hélicoptères AB-212 de l'AVES, de la Marina Militare (MM) et de l'Aeronautica Militare Italiana (AMI). Politique et stratégie PAGE 3 TTU MONDE ARABE - N° 795 - 31 OCTOBRE 2013 PARALYSIE LIBYENNE (suite de la page 1) La dernière attaque contre le CGN aurait été commanditée par le Conseil de Cyrénaïque, une instance aux revendications indépendantistes, dirigée par Ibrahim Jedran. Ce dernier commande également une milice de la tribu des Magharbiba, basée dans la région dʼAjdabiya, laquelle contrôle un certain nombre dʼinstallations pétrolières (voir TTU n° 790). Lʼattaque du 22 octobre visait à faire pression sur la rédaction de la nouvelle Constitution libyenne, afin que celle-ci octroie à ces groupes le droit de gérer les ressources pétrolières des zones quʼils contrôlent. Par ailleurs, près d'une centaine de membres du CGN ont quitté leur siège le 27 octobre, privant l'assemblée du quorum nécessaire pour lui permettre de poursuivre ses travaux. Ces députés souhaitaient protester contre un changement de dernière minute apporté à l'ordre du jour par le président Nouri Abou Sahmein. Cette session devait, au départ, être consacrée à la création du Comité opérationnel des révolutionnaires libyens (CORL) et des fonds à lui allouer, qui sʼélèvent à 900 millions de dinars libyens (670 millions dʼeuros). Ces députés ont demandé lʼabrogation de la délégation donnée au président du CGN pour commander les forces armées ainsi que la mise en place d'une commission parlementaire, pour enquêter sur le dossier des fonds attribués au CORL et l'enlèvement éphémère du Premier ministre Zeidan (voir TTU n° 793). Le Parlement devait également débattre de la déclaration du gouvernement de Cyrénaïque. En effet, les autorités de Benghazi ont annoncé la constitution dʼun gouvernement régional autonome pour gérer les affaires de la région. Le nouveau gouvernement est présidé par Abd-Rabbo al-Baraasi, proche des Frères musulmans. Au cours dʼune conférence de presse tenue à Ajdabiya, ce dernier a annoncé la formation dʼun cabinet de 24 ministres, précisant que son action ne visait pas une partition mais la construction de la Libye dans le cadre dʼun système fédéral. Il a, en outre, annoncé la création dʼune Force de défense de la Cyrénaïque et la division administrative de la région en quatre provinces : Benghazi, Tobrouk, Ajdabiya et le Jebel Akhdar. Ce nouveau gouvernement vient concurrencer, en quelque sorte, le Conseil intérimaire de la Cyrénaïque, présidé par cheikh Ahmed Zoubaïr al-Sénoussi, cousin de lʼancien roi Idriss renversé par le colonel Kadhafi en 1969. DES TIRAILLEMENTS ENTRE DAMAS ET MOSCOU ? Lʼéviction du vice-Premier ministre syrien, Kadri Jamil, est-elle le signe de tensions entre Damas et Moscou ? Ancien opposant rallié au régime syrien, Jamil est en effet réputé pour avoir lʼoreille des autorités russes. Son éviction survient après des informations évoquant des entretiens quʼil aurait eus à Genève, samedi dernier, avec Robert Ford, lʼambassadeur américain chargé du dossier syrien, concernant la préparation de la conférence internationale de paix (dite Genève 2). Selon une source helvétique, un autre ministre issu de lʼopposition, Ali Haidar, a été empêché par le pouvoir syrien de se rendre à Genève pour y rencontrer également Robert Ford. MARE NOSTRUM : UN DISPOSITIF SURDIMENSIONNÉ On connaît les moyens mis en œuvre par l'Italie dans le cadre de l'opération “Mare Nostrum”, lancée officiellement le 22 octobre dernier, suite aux deux récents naufrages de migrants au large de la Sicile. Placé sous les ordres de l'amiral Guido Rando, le dispositif de surveillance, 24 heures sur 24, chargé de patrouiller les eaux de la Méditerranée face aux côtes nord-africaines d'où partent les bateaux, comprend le navire d'assaut amphibie “San Marco”, deux frégates classe Maestrale, deux patrouilleurs de haute mer classe Cassiopea, une unité de support classe Gorgona, sept hélicoptères (quatre AB-212, deux EH-101 et un HH-139 SAR), deux avions de patrouille maritime (un P180 Piaggio et un Atlantic 2), un drone Reaper MQ-9. Un tel dispositif représente pas moins de 1 500 militaires, dont plus de la moitié embarquée à bord des unités de la Marina Militare (MM). «Sur le plan purement naval, un tel dispositif est décidément surdimensionné», a déclaré à TTU, sous couvert d'anonymat, un officier supérieur de la MM. «Deux frégates lance-missiles de 3 300 tonnes et une navire LDP de 8 000 tonnes ne me paraissent pas les moyens les plus appropriés pour prêter secours à des naufragés.» ➤ Piraterie en baisse Le dernier rapport du Bureau maritime international (IMB) indique que la piraterie maritime a été ramenée à son plus bas niveau depuis 2006. LʼIMB recense 188 incidents de piraterie au cours des neuf premiers mois de 2013, avec 266 prises dʼotages, contre 458 au cours de 233 actes de piraterie sur la même période de 2012. Les attaques au large des côtes somaliennes ont diminué de façon spectaculaire, avec seulement 10 incidents en 2013, contre 70 lors des neuf premiers mois de 2012. Une amélioration attribuée à l'action des forces navales occidentales, la mise en place dʼéquipes de sécurité à bord des navires, et à l'amélioration relative de la situation en Somalie. Cependant, avec la fin de la mousson, une augmentation des actions dans lʼOcéan Indien pourrait intervenir, prévient lʼIMB. Le Golfe de Guinée et, notamment, les côtes du Nigeria constituent désormais lʼun des principaux points noirs de la piraterie maritime. La région a enregistré plus de 40 actes de piraterie au cours des trois premiers trimestres 2013, avec 132 membres dʼéquipages pris en otage et sept navires détournés. ➤ Décision italienne Alessandro Pansa, directeur général de la Sécurité publique et chef de la Police nationale italienne depuis mai 2013 (ne pas confondre avec le PDG de Finmeccanica), a signé, la semaine dernière, la circulaire de mise en application du décret n° 266 du ministère de l'Intérieur autorisant la présence d'équipes civiles de protection armées à bord des navires de commerce battant pavillon italien, qui transitent dans les eaux internationales comportant des risques de piraterie. Cette décision renforce les mesures antipirateries prises précédemment, qui prévoient la présence à bord de ces mêmes navires de NMP (Nuclei Militari di Protezione), équivalent italien des EPE, fournis par la Marina Militare. Seule contrainte pour les armateurs : recourir aux contractors de sociétés privées uniquement dans le cas où aucune NMP n'est disponible. PAGE 4 Industrie et matériels TTU MONDE ARABE - N° 795 - 31 OCTOBRE 2013 ➤ Réparations navales La frégate libyenne “Al Hani” est récemment arrivée à Malte pour subir des réparations aux chantiers navals Cassar de La Valette. Ce bâtiment, capturé au début de la révolution par les rebelles dans le port de Benghazi en 2011, est la dernière frégate libyenne de classe Koni III, opérationnelle, sa sistership, lʼ“Al Ghardabia” ayant été détruite dans le port de Tripoli par les frappes de lʼOtan. ➤ Achat de drones Hermes Les célébrations de lʼindépendance du Mexique, à la miseptembre, ont permis de confirmer lʼachat par la force aérienne mexicaine de drones Hermes 450 de lʼisraélien Elbit Systems. Selon des sources locales, quatre appareils ont été acquis en 2009 et sont désormais mis en œuvre par l'Escuadrón de Vigilancia Aérea. Des appareils qui seraient basés à Ensenada, en basse Californie, ou à Atlangatepec, dans l'Etat de Tlaxcala. Le Mexique devient ainsi, après le Brésil, le second utilisateur latino-américain du système de drone MALE dʼElbit Systems. ➤ Des Reaper pour la RAF Cinq drones MQ-9 Reaper seront reçus au cours des deux prochains mois par la Royal Air Force, a indiqué il y a quelques jours Philip Dunne, ministre britannique chargé des Equipements de défense, du Soutien et de la Technologie. «Une fois que la phase d'acceptation sera achevée, ces appareils pourraient être déplacés vers l'Afghanistan», a précisé le ministre. La Royal Air Force dispose actuellement de cinq Reaper entrés en service en 2007. Des appareils qui, depuis mai dernier, sont mis en œuvre par le Squadron 13 de la RAF à partir de la base anglaise de Waddington. Auparavant, les appareils britanniques étaient sur la base américaine de Creech, dans le Nevada. MISSILES LAHAT POUR HÉLICOPTÈRES Israel Aerospace Industries (IAI) a confirmé lʼexistence dʼun programme destiné à doter des hélicoptères de combat israéliens de la capacité de mettre en œuvre des missiles de type LAHAT. Un contrat qualifié de “substantiel”, portant sur “un grand nombre” d'appareils, indique le groupe, qui cependant ne divulgue pas le type d'hélicoptères et le calendrier de livraison. Développé depuis 1992 par IAI, le système LAHAT a été initialement conçu pour être tiré par des tubes de 105 mm et 120 mm et notamment à partir des chars Merkava. Le LAHAT qui dispose d'un système de guidage semi-actif laser affiche une portée de 8 km en version terrestre et jusqu'à 13 km, lorsqu'il est tiré à partir dʼun aéronef. Le missile, qui offrirait une précision de 0,7 mètre, dispose dʼune charge en tandem capable de pénétrer jusqu'à 800 mm de blindage. Avec un poids de 13 kg pour une charge militaire de 4,5 kg (comparé aux 8 kg de celle du missile Hellfire), le Lahat devrait offrir aux hélicoptères israéliens un système dʼarme guidé “intermédiaire” permettant des frappes en limitant les risques de dommages collatéraux. LʼARMÉE INDONÉSIENNE SʼÉQUIPE Dans le cadre du programme de modernisation de l'armée indonésienne, Djakarta prévoit d'acquérir un certain nombre de Sukhoi d'ici à 2024. Si le général Idas Bagus Putu Dunia, chef d'état-major de la Tentara Nasional Indonesia Angkatan Udara (TNI-AU), l'armée de l'air indonésienne, n'a pas révélé leur nombre, il a cependant précisé que l'objectif serait de constituer, au cours de la prochaine décennie, huit escadrons opérationnels, dotés de seize appareils chacun. Compte tenu que la TNI-AU aligne aujourd'hui seize avions de combat Sukhoi, Su-27SK/SKM et Su-30 MK/MK2 (les deux derniers exemplaires ont été livrés en septembre dernier), cela signifie que la commande de Djakarta pourrait porter sur pas moins de 112 appareils à livrer au cours des dix prochaines années. En mars dernier, le ministère indonésien de la Défense avait fait part de son intérêt pour un lot supplémentaire de seize appareils. Selon des analystes militaires, ce contrat représenterait une valeur totale de quinze milliards de dollars du fait que, outre les Su-30, il s'inscrirait dans un accord global avec Moscou prévoyant également la fourniture de dixsept patrouilleurs de haute mer et de trois frégates à la marine, la Tentara Nasional Indonesia Angkatan Laut (TNI-AL), ainsi qu'un certain nombre de chars de combat et de systèmes de missiles. L'armée indonésienne est engagée dans un important programme de modernisation. En septembre dernier, la TNS-AU a pris livraison du premier des seize avions d'entraînement avancé KAI T-50, dans le cadre d'un contrat de 400 millions de dollars. D'autre part, un accord a été signé en septembre dernier avec l'industriel brésilien Avribras portant sur la fourniture de trente-six systèmes LRM Astros, pour une valeur de 500 millions de dollars. Cet accord, qui fait suite à un MoU signé le 8 novembre 2012, permettra d'équiper, d'ici à 2016, deux bataillons d'artillerie de la Tentara Nasional Indonesia Angkatan Darat (TNI-AD) de systèmes lanceroquettes Avibras AV-60/80. Par ailleurs, en mai dernier, la TNI-AD avait confirmé son intention d'acquérir en Allemagne, pour 250 millions de dollars, 103 Leopard 2A6 provenant des surplus de la Bundeswehr, après que les Pays-Bas aient refusé de vendre à Djakarta le même type de chars pour non respect des droits de l'homme. Toujours des surplus de la Bundeswehr, proviennent les 50 Marder 1A2 remis à niveau, ainsi que les quatre chars de dépannage et les trois poseurs de pont, tous sur châssis Leopard. Les premiers de ces véhicules blindés sont arrivés en Indonésie début octobre, afin de remplacer progressivement l'actuel parc de blindés mécanisés de la TNI-AD, constitué notamment d'une centaine de chars légers Scorpion, dʼune cinquantaine dʼAlvis Stormer et des AMX-13 et AMX-VTT datant des années 60, acquis, respectivement, à 300 et 200 exemplaires environ. Dans le domaine des missiles, l'Indonésie a conclu en 2013 un accord avec la Chine portant sur la fabrication sous licence de missiles antinavires C-705 destinés à la TNI-AL. PAGE Industrie matériels 5 TTU MONDE ARABE - N° 795 - 31 OCTOBRE 2013 CHAR T-55 “TERMINATOR” POUR LE PÉROU Lors de sa dernière tournée en Amérique du Sud, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a discuté avec les autorités péruviennes des différentes configurations d'exportation d'armement, parmi lesquelles le char de combat T-90S. Outre l'acquisition de chars modernes, Lima se penche sur une éventuelle revalorisation du parc de ses chars actuellement en service. Les tankistes péruviens sont équipés de plusieurs centaines de chars T-55 achetés dans les années 1970. La grande partie de ces chars est en mauvais état mécanique. Le constructeur russe Ouralvagonzavod a proposé de revaloriser les T-55 avec des solutions inspirées du BMPT Terminator. La tourelle du T-55 sera remplacée par un module avec l'armement en superstructure. Le système d'arme comprendra un canon automatique de 30 mm, une mitrailleuse coaxiale de 7,62 mm, des missiles antichars et deux lance-grenades. La motorisation, la suspension et toute la chaîne cinématique seront remplacées. Le surblindage additionnel pourra être installé pour améliorer la protection. Le constructeur russe n'est pas le seul à proposer des solutions de revalorisation des blindés péruviens et c'est certainement la capacité financière qui dictera les choix techniques. SÉOUL A BESOIN DʼAVIONS RAVITAILLEURS Les avions ravitailleurs constituent un équipement sensible à plusieurs égards. Pour les constructeurs, de dures batailles sont à livrer pour conquérir les marchés. Les forces aériennes, pour leur part, sont confrontées au coût d'achat élevé, mais aussi à l'acquisition des compétences en matière de ravitaillement en vol. Des marchés particulièrement importants ont été disputés ces dernières années aux Etats-Unis, en Inde et en Europe. La Corée du Sud possède un réel besoin dans ce domaine, pour donner un rayon dʼaction significatif à ses chasseurs, afin de protéger son territoire sur les îles les plus éloignées. Les deux tentatives précédentes ont été repoussées faute de budget. Le plan de financement de quatre ravitailleurs a été inclus dans le projet du budget de la défense de 2014. Après son approbation, il sera soumis au Parlement du pays. Le plan prévoit l'acquisition de quatre aéronefs entre 2017 et 2019. Parmi les concurrents principaux, on compte le KC-46 de Boeing et l'A-330MRTT d'Airbus Military. TOURELLE ITALIENNE POUR VBL RUSSES Un véhicule blindé léger 4x4 Tirg russe, produit par Military Industrial Company (MIC), a été équipé d'une tourelle Oto Melara Hitrole LRWS (Light Remote Weapon Station), afin de procéder à une série d'essais d'évaluation destinés à déterminer quel type de tourelle pourra être installé sur les 4x4 de l'armée russe (Iveco LMV et Tigr). La Hitrole, qui a déjà été adoptée par l'Esercito Italiano (EI) pour ses Lince (dénomination du LMV dans la nomenclature militaire italienne), est équipée généralement d'une mitrailleuse polyvalente MG-3 en 7,62 x 51 mm Otan ou lourde M2 HB en 12,7 x 99 mm Otan, couplée à un système de visée optronique d'aide au tir. Les deux tourelles italiennes exportées temporairement en Russie par Oto Melara, via Rosoboronexport, se distinguent de l'originale Hitrole-L dans la mesure où elles ont été équipées respectivement d'une mitrailleuse russe, en l'occurrence de la PKT en 7,62 R (7,62 x 54 mm) et de la NSVT en 12,7 x 108 mm, tout en étant configurées pour le montage d'un lance-grenades automatique de 30 mm. L'autre différence avec la version Hitrole-L/R réside dans le système d'alimentation, qui est placé à droite et non à gauche, comme sur celle équipant les Lince italiens. D'après une source Oto Melara, la Hitrole L/R serait 40 à 50 % moins lourde que celle de son principal concurrent russe. ➤ Ankara sanctionné Le congrès américain a rejeté la demande de fournir des drones MQ-1 Predator à la Turquie. Depuis 2011, Ankara cherche à obtenir ces drones pour des missions de renseignement. Le motif du refus est la fuite d'informations de la Turquie vers l'Iran, mais malgré la version officielle de Washington, nombre d'observateurs voient un lien direct avec le choix de la Turquie d'acquérir des systèmes de défense antiaériens chinois HQ-9/FD-2000, au détriment des systèmes américains ou européens (voir TTU n° 791). ➤ Modernisation turque Alors que les 19 Hercules C-130 de transport des forces aériennes turques sont en phase de modernisation dans le cadre du programme Erciyes, Ankara plancherait sur la possibilité de transformer deux de ces appareils en configuration armée. Le groupe américain ATK aurait ainsi répondu à un «Request For Information» du soussecrétariat à lʼIndustrie de défense (SSM) et proposé une configuration intégrant deux canons de 30 mm GAU-23 Bushmaster et des missiles Griffin-A (AGM-176) sur le modèle de celle des KC-130J Harwest Hawk de lʼUSMC. Le projet de Gunship turc pourrait également sʼappuyer sur une offre locale associant Aselsan, pour lʼavionique et lʼoptronique, et les missiles UMTAS et UMTAS-L du groupe Roketsan. ➤ Crédit RAPID Mis en œuvre par la Défense (DGA) et le ministère français du Redressement productif, le dispositif RAPID (régime dʼappui à lʼinnovation duale) soutient des projets à fort potentiel technologique présentant des applications militaires, mais aussi des retombées pour les marchés civils. Les crédits destinés à ce dispositif devraient passer de 40 à 45 millions dʼeuros en 2014. PAGE 6 Repères TTU MONDE ARABE - N° 795 - 31 OCTOBRE 2013 ➤ Nouakchott sur la sellette ➤ Visite algérienne (suite de la page 1) Selon des sources sécuritaires régionales, Sultan Ould Bady, qui fut un temps un des responsables du MUJAO, est un Malien appartenant à la région du nord du Mali. Trafiquant notoire, il serait lié à la garde rapprochée du président mauritanien et jouerait un rôle dʼintermédiaire entre les membres du Front Polisario, soutenu par Alger, et les groupes armés liés au trafic dʼarmes et de drogue en Mauritanie et au Mali. Le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire algérienne, le général de corps d'armée Ahmed Gaid Salah, sʼest rendu à Moscou, du 23 au 25 octobre, afin dʼy rencontrer le ministre russe de la Défense, le général Sergueï Choïgou. Ce dernier était accompagné du chef d'état-major général des forces armées de la Fédération de Russie et Premier vice-ministre de la Défense, le général Valery Guerassimov. Plusieurs contrats dʼachats dʼarmement par Alger (systèmes S-400, BMPT Terminator, avions Yak-130, bombardiers La France et lʼOcéan Indien La France a récemment nommé un nouveau commandant de la zone maritime de lʼOcéan Indien. Prenant la succession du vice-amiral Marin Gillier, le contre-amiral Antoine Beaussant exerce lui aussi son commandement depuis la base militaire dʼAbou Dhabi, avec un état-major composé dʼune cinquantaine dʼofficiers des trois armées. Sa zone de responsabilité nʼinclut pas les zones économiques exclusives du grand sud de lʼOcéan Indien, qui relèvent de son homologue basé à Saint-Denis de la Réunion ; elle sʼétend néanmoins depuis la Mer Rouge jusquʼaux eaux indonésiennes et lʼAustralie. Sa partie la plus crisogène se situe clairement autour de la péninsule arabique, où les points de friction sont nombreux. Parmi eux, citons la rivalité entre lʼInde et le Pakistan, la situation en Afghanistan et son impact au Pakistan, et la dégradation continue de la sécurité en Irak, etc. Malgré les ouvertures récemment affichées par son nouveau président, lʼIran demeure toujours une puissance régionale dont les ambitions hégémoniques, plus ou moins exprimées, inquiètent toujours ses voisins. Les effets de lʼembargo ont encouragé un trafic de contrebandiers important tout spécialement dans le détroit dʼOrmuz. Un obstacle supplémentaire à la sécurité de la navigation dans une zone ellemême déjà très encombrée et hautement stratégique pour lʼéconomie mondiale. Par ailleurs, nʼoublions pas le rôle de lʼopération Atalante, qui a certes permis de réduire la menace liée à la piraterie, mais nʼa pas résolu le problème de fond, situé à terre celui-là, cʼest-à-dire lié à la situation en Somalie elle-même. Un point positif tout de même dans le rôle dévolu à lʼAlindien : la coopération avec les marines européennes et américaine dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et les trafics. Leurs interactions se réalisent en partie au sein des Combined Maritime Forces (état-major maritime international situé à Bahreïn), et de deux coalitions maritimes (Combined Task Force 150 et 152). La coordination avec ces marines sʼopère en permanence avec une interopérabilité sans cesse améliorée. Quant aux relations avec lʼInde, traditionnellement très attentive à ce que soient reconnus et respectés ses intérêts dans la zone, elles sont parfois délicates, sans pour autant remettre en cause une coopération ancienne et fructueuse entre les deux marines. Su-35 et hélicoptères Mi-28) ont notamment été débattus. ➤ Appel dʼoffres polonais Le ministère polonais de la Défense a invité BAE System, Lockheed Martin UK et Alenia Aermacchi à présenter leur offre pour la fourniture de huit avions d'entraînement avancé, destinés à remplacer les TS-11 Iskra actuellement en service. Le contrat d'achat, qui pourrait être signé d'ici à la fin du premier trimestre 2014, prévoit une option pour quatre appareils supplémentaires et la fourniture de services de support logistique. Pour ce nouvel appel d'offres (le premier avait été annulé en 2011), BAE System présentera son Hawk AJT Mk128, Lockheed Martin UK l'appareil sud-coréen KAI T-50 et Alenia Aermacchi son M-346. ➤ Moscou fournit Bakou La Russie livrera à l'Azerbaïdjan 18 systèmes dʼartillerie automoteur 2S31 “Vena” dʼici à la fin 2014, indiquent des sources locales. Une première exportation pour ce système de mortier/canon de 120 mm, monté sur le châssis d'un véhicule de combat d'infanterie BMP-3 et permettant des tirs jusquʼà 13 km. ➤ Des démineurs afghans Lors de la dernière réunion OtanRussie du 23 octobre, avec la participation du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, l'Alliance atlantique a émis la proposition de créer en Russie un centre de préparation des démineurs afghans. L'Italie se tient prête pour développer les bases du projet. Selon Sergueï Choïgou, le projet a trouvé un soutien auprès de la délégation russe et pourra rapidement être mis en place. La Russie reste préoccupée par la situation en Afghanistan de manière générale, constatant l'activisme soutenu des groupes terroristes et l'augmentation des détachements d'insurgés dans les provinces nord de l'Afghanistan. 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