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m o n d e a r a b e L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S Directeur : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed - 16 janvier 2014 - n° 804 SYRIE : UNE GUERRE TOUS AZIMUTS Accord franco-malien Au cours de sa rencontre à Paris, le 12 janvier, avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le président de la Coalition nationale syrienne de lʼopposition, Ahmad Jarba, a présenté un exposé des combats menés par les groupes armés de lʼopposition contre les forces de lʼEtat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) et des gains enregistrés dans les régions dʼAlep, Idlib et Hama. Jarba a souligné que les groupes de lʼopposition se battaient à la fois contre les forces du régime et les groupes affiliés à A-Qaida. Se plaçant ainsi sur le même terrain que les autorités russes, qui présentent le pouvoir de Damas comme un rempart contre le terrorisme islamique. Une façon pour Moscou dʼévacuer la question de la transition politique du programme de la conférence de Genève II pour la Syrie. Pour sa part, le régime syrien tente dʼexploiter à sa manière ces combats entre rebelles. Selon une source proche de lʼopposition, lʼaviation et lʼartillerie du régime seraient intervenues en faveur dʼEIIL dans certaines régions, notamment celles de Saraqib, Al-Bab et Raqqa. Du côté loyaliste, une source irakienne rapporte que le bataillon Al-Qods des Pasdarans organise et finance en Irak une campagne du soutien au régime de Damas. Des Irakiens, payés 500 dollars par mois, sont endoctrinés et enrôlés sous la bannière de la défense du chiisme, avec notamment la nécessité de protéger les sanctuaires chiites en Syrie (comme celui de Sit Zeinab). Selon les dernières estimations, 6 000 combattants irakiens seraient présents sur le territoire syrien, répartis entre différents groupes. Le premier à être constitué est le bataillon Abou Al-Fadl Al-Abbas, commandé par cheikh Amjad Al Bahadili. Il compterait près dʼun millier dʼhommes, engagés récemment lors de combats dans le Rif de Damas. Les autres groupes importants sont : Assaʼeb Ahl Al-Haq, commandé par cheikh Qais Khazaʼli, qui compte près de 500 combattants, le Hezbollah dʼIrak, de Haj Hachem Abou Alaʼ Al-Hamdani, avec 700 éléments, la brigade de Sayyed AlChouhada, dʼAbou Moustapha Chibani (400 éléments), le mouvement Noujabaʼa, dʼAkram Al-Kaʼbi (300 membres), le bataillon Al-Waʼd Al-Sadek, de Hajj Abou Ali Al-Najafi Mohamed Al-Tamimi (2 000 membres), le bataillon Al-Kharasani, dʼAli Al-Yassiri (200 hommes), les Forces du martyr Mohamed Baker Al-Sadr, dʼAbou Mahdi Jamal Jaafar (400 hommes), et le bataillon de lʼimam Al Hussein, dʼAbou Chahd Al-Jabbouri (150 hommes). Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est attendu le 19 janvier à Bamako. Selon une source diplomatique française interrogée par TTU, le ministre vient y signer un accord de défense franco-malien, qui organisera la coopération entre les deux pays dans les domaines militaire et sécuritaire. Une délégation dʼexperts français sʼest rendue au Mali le 15 janvier pour finaliser les points de lʼaccord. Ce dernier a été rendu possible depuis que le Mali a recouvré sa souveraineté sur lʼensemble de son territoire et organisé des élections présidentielles et législatives. Une source militaire malienne nʼécarte pas la possibilité de reporter la cérémonie de signature, afin dʼéviter de donner lʼimpression que le Mali signe avec précipitation au moment de la Fête nationale de son armée, le 20 janvier. Dans tous les cas, cet accord consacre la coopération militaire renforcée entre les deux pays, depuis le lancement de lʼopération Serval en janvier 2013. Cʼest aussi la première application concrète de la nouvelle approche militaire française en Afrique, dont le Sahel représente le “laboratoire”. La France négocie en effet des accords de défense similaires avec la Mauritanie et le Niger, qui devront permettre ensuite la signature dʼaccords “croisés” entre ces pays, la France jouant un rôle de pivot central. Cʼest dans cette optique quʼa eu lieu la visite du président malien IBK à Nouakchott et la signature dʼun accord bilatéral entre les deux pays le 12 janvier. Le président malien étudie actuellement la possibilité de se rendre en Algérie pour les mêmes motifs, si lʼétat de santé dʼAbdelaziz Bouteflika le permet. LʼAlgérie reste un acteur régional majeur que le Mali et la France espèrent intégrer à ce dispositif sécuritaire sahélo-sahélien. Le Shin Beth recrute des sinophones Le Shin Beth, le service de sécurité intérieure israélien, surtout connu pour ses activités parmi les Palestiniens, recherche désormais des agents parlant couramment le chinois. L'agence israélienne a indiqué sur son site qu'elle recherche des «coordinateurs parlant chinois pour des postes de renseignement». Les candidats doivent maîtriser le chinois, avoir un bon niveau d'anglais et disposer d'un diplôme universitaire. Ils doivent avoir effectué leur service militaire dans des unités combattantes ou être d'anciens officiers. Le Shin Beth entend ainsi contrôler et recueillir des renseignements auprès de dizaines de milliers de travailleurs immigrés chinois employés en Israël, afin de vérifier qu'ils ne transmettent pas des informations “sensibles” à Pékin. La Chine, un proche allié de l'Iran, l'ennemi numéro un d'Israël, envoie d'importants contingents de travailleurs chaque année en Israël, employés notamment sur des chantiers. Les autorités de lʼEtat hébreu redoutent la présence d'agents de renseignement parmi ces travailleurs. PAGE 2 Politique et stratégie TTU MONDE ARABE - N° 804 - 16 JANVIER 2014 ➤ Djihadistes en déroute Plusieurs ressortissants français sont actuellement présents dans la ville syrienne dʼAtmeh, à la frontière turque, aux côtés de lʼEtat islamique en Irak et au Levant (EIIL), rapporte une source locale. Ces djihadistes pourraient repasser la frontière turque, voire rentrer en France plus rapidement que prévu, si la situation dans cette zone venait à marquer une déroute de lʼEIIL dans sa lutte contre les autres factions islamistes rebelles. Si deux djihadistes français, membres de lʼEIIL, ont été tués dans le nord du pays ces derniers jours, le bilan pourrait sʼalourdir, estime une source des services de renseignement, qui souligne qu'en raison de lʼintensité des combats et des exécutions sommaires entre rebelles, il nʼest pas à exclure que dʼautres Français figurent parmi les victimes des combats dans le nord du pays. ➤ Efforts américains La semaine dernière, lʼémir Bandar Ben Sultan, chef du service des renseignements saoudiens, sʼest rendu aux Etats-Unis pour une visite privée qui nʼa donné lieu à aucune rencontre avec des officiels américains. Longtemps ambassadeur à Washington, Bandar a rompu avec ses habitudes diplomatiques en octobre dernier, en sʼen prenant à la politique américaine au Moyen-Orient, notamment sur les dossiers iranien et syrien. Afin de donner des gages à Riyad, qui menace de remettre en cause ses liens privilégiés avec Washington, lʼadministration américaine sʼefforcerait dʼexclure lʼIran de la prochaine conférence de Genève II sur la Syrie. Dimanche dernier, le secrétaire dʼEtat américain John Kerry se serait entretenu avec son homologue saoudien, lʼémir Saoud Al Fayçal, lors dʼune rencontre à Paris, en marge dʼune réunion du groupe des Amis de la Syrie, et aurait réaffirmé la “profondeur” et la “constance” des liens bilatéraux. ESCALADE ENTRE ANKARA ET ABOU DHABI Confronté à une crise politique majeure provoquée par un scandale de corruption à grande échelle, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, sʼen prend à certains pays étrangers, accusés de vouloir nuire aux intérêts dʼAnkara. Cʼest en particulier le cas des Emirats arabes unis, dont la diplomatie se heurte à celle de la Turquie, notamment sur le dossier égyptien. Au-delà de ce pays, le pouvoir turc de lʼAKP soutient partout les Frères musulmans, dont il est idéologiquement très proche, alors que la confrérie est combattue par les autorités émiriennes sur leur propre territoire, notamment à Dubaï (avec les arrestations de plusieurs de ses cadres). Par ailleurs, sur le plan économique, Dubaï et Istanbul sont en compétition dans le domaine de lʼaviation civile, les aéroports des deux villes tentant de constituer un hub entre lʼEurope et lʼExtrêmeOrient. Chacune de ces deux places revendiquent la primauté comme centre dʼaffaires régional, alors quʼAnkara accuse Abou Dhabi de provoquer la baisse récente de la Bourse dʼIstanbul. En outre, le Premier ministre Erdogan accuse Abou Dhabi dʼavoir corrompu des personnalités turques influentes, comme lʼancien procureur général adjoint Zakariya Öz, récemment dessaisi de lʼenquête anticorruption. Ce dernier aurait effectué 22 voyages aux Emirats arabes unis, accompagné de certains de ses proches, et séjourné dans des hôtels de luxe à Dubaï, aux frais dʼune entreprise de construction. Les Emiriens sont également accusés dʼavoir joué un rôle dans le scandale de lʼhomme d'affaires irano-azéri Reza Zarrab, l'un des suspects dans l'affaire de corruption, de malversations et de blanchiment qui éclabousse l'entourage dʼErdogan, et soupçonné d'avoir réalisé des transferts de fonds illégaux entre la Turquie et l'Iran. LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION APPLIQUÉ À JUBA Le 15 décembre dernier, si lʼattention des Français était surtout tournée vers la Centrafrique, un embrasement similaire avait lieu dans le Soudan du Sud voisin, pays le plus jeune au monde puisque sa création remonte seulement à 2011, incitant le Département dʼEtat à demander au Commandement des Etats-Unis pour lʼAfrique (US-AFRICOM) dʼorganiser une mission dʼévacuation dʼune partie du personnel de lʼambassade américaine à Juba. Un principe de précaution — faisant suite à lʼexpérience désastreuse des attaques menées contre les intérêts américains à Benghazi le 11 septembre 2012 — ayant abouti, à mesure que la situation empirait, à lʼévacuation réussie début janvier 2014 de 380 ressortissants américains et 300 ressortissants dʼautres nationalités. Celleci fut confiée au commandement interarmées installé à Djibouti depuis dix ans, le Combined Joint Task Force - Horn of Africa (CJTF-HOA), sous lʼautorité du général Terry Ferrel. Ainsi que lʼexplique à TTU le lieutenant-colonel Glen Roberts (CJTF-HOA), «pour la première fois, lʼEARF [East African Response Force ou Force de réaction dʼAfrique de lʼEst], créée voici un an, fut déployée pour une mission sur le continent africain. Arrivés à peine 36 heures avant à Djibouti, environ 45 hommes de lʼarmée de terre et 2 de lʼarmée de lʼair furent envoyés en renfort pour sécuriser lʼambassade des Etats-Unis à Juba et évacuer une partie du personnel. (…) 49 dʼentre eux sont encore déployés, afin de maintenir lʼambassade ouverte et nous évaluons la situation en permanence.» Venus pour la première fois, et spécifiquement pour cette opération, renforcer lʼEARF, 150 Marines ont été dépêchés à Djibouti en un premier temps, à partir de leur base temporaire de Moron de la Frontera en Espagne, puis 50 partirent pour Entebbe, en Ouganda, afin de procéder aux évacuations de ressortissants. Ces Marines appartiennent à la force de réaction de crise — la “Special Purpose Marine Air-Ground Task Force Crisis Response” (SP-MAGTF CR) —, déployée depuis avril dernier sur une base temporaire en Espagne, dans le cadre de lʼaccord de coopération de défense qui unit les deux pays depuis 1988. Renouant avec la tradition du Corps des Marines, cette MAGTF sʼentraîne pour quatre types de missions : renforcement de la sécurité des ambassades américaines, évacuation de ressortissants non combattants, soutien aux opérations humanitaires et réponse aux catastrophes, SAR de combat. Politique et stratégie PAGE 3 TTU MONDE ARABE - N° 804 - 16 JANVIER 2014 LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME CONTINUE Le département dʼEtat américain a, comme prévu, désigné les trois branches dʼAnsar al-Charia de Benghazi, de Derna (Libye) et de Tunisie comme étant des «organisations terroristes étrangères», qualifiant leurs chefs respectifs, à savoir Ahmed Abou Khattalah, Soufiane Ben Qumu et Seïf Allah Ben Hassine, alias Abou Iyadh, de «terroristes internationaux». De plus, le département dʼEtat a offert une récompense allant jusquʼà dix millions de dollars pour toute information menant à lʼarrestation dʼun individu impliqué dans les attaques commises contre le consulat américain de Benghazi, en septembre 2012, ayant entraîné la mort de lʼambassadeur (voir TTU n° 803). Les autorités américaines affirment, par ailleurs, que le groupe Ansar alCharia de Tunisie, fondé par Seïf Allah Ben Hassine au début de 2011, est impliqué dans lʼattaque menée le 14 septembre 2012 contre lʼambassade des Etats-Unis et lʼécole américaine à Tunis. En octobre dernier, les forces américaines avaient capturé à Tripoli un autre chef islamiste libyen, Abou Anas al-Libi, responsable présumé d'al-Qaida, qui a ensuite été transféré aux Etats-Unis pour y être jugé. Les Américains sont persuadés que le groupe Ansar al-Charia est lié à Al-Qaida. Son chef pour la Libye serait Mohammed al-Zahawi, dont lʼautorité sʼentend jusquʼen Egypte et en Algérie, le véritable chef opérationnel du groupe étant Soufiane Ben Qumu, qui se trouverait dans la localité de Derna (350 km à lʼest de Benghazi). LE GOUVERNEMENT LIBYEN SE BAT POUR SA SURVIE Les jours du gouvernement libyen semblent comptés, malgré les efforts du Premier ministre, Ali Zeidan, de conserver la confiance du Congrès général national (CGN). Déjà, le 7 janvier, une motion de censure du gouvernement a été présentée par 72 députés. Pour sa part, le Premier ministre a annoncé qu'il allait procéder à un vaste remaniement gouvernemental pour tenter d'éviter sa chute. Actuellement, le sort du gouvernement dépend de l'attitude des 120 parlementaires indépendants, sur un total de 200 députés. Depuis plusieurs semaines, Ali Zeidan est régulièrement critiqué par les membres du CGN pour nʼavoir pas pu rétablir la sécurité dans le pays. Mais le chef du gouvernement est aussi accusé d'acheter les voix de certains parlementaires, en distribuant de l'argent ou des postes dans l'administration, afin de conserver la confiance du CGN. Il s'appuierait notamment sur des députés représentant des tribus du sud-ouest libyen (en particulier les régions de Sabha et Marzouk), ainsi que de la région de Waddan (nord-est du Fezzan), dont il est originaire. Et cela grâce notamment à l'action de son conseiller personnel Mansour Seif al-Sar, issu de la tribu arabe des Ouled Slimane. A noter que certaines zones du Fezzan, échappant au contrôle de l'Etat, sont minées par des conflits tribaux, comme celui qui oppose la tribu des Ouled Slimane et les Toubous (noirs). Après une trêve de trois mois, ces deux importants groupes ethniques sont à nouveau en guerre et se disputent le contrôle du Sud libyen, une région riche en pétrole et dans laquelle prospèrent les trafiquants dʼarmes et de drogue. ACTIVISME MILITAIRE RUSSE EN MÉDITERRANÉE Chypre pourrait permettre aux appareils russes dʼutiliser la base aérienne militaire Andreas Papandreou, près de Paphos, et faciliter les escales des navires russes dans le port de Limassol. Des facilités qui doivent encore faire lʼobjet dʼun accord, a indiqué le ministre chypriote de la Défense, Fotis Fotiou. Lʼutilisation de la base aérienne devrait néanmoins être limitée aux opérations humanitaires et d'urgence. Lʼoctroi de ces facilités, régulièrement évoquées ces derniers mois entre Moscou et Larnaka, vient confirmer lʼactivisme de la Russie pour accroître les possibilités de relâche de ses navires en Méditerranée. Lors de sa visite à Athènes, en décembre dernier, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a également proposé à son homologue grec de simplifier la procédure permettant aux navires russes de faire escale dans les ports de Grèce. ➤ Avenir commun ? De plus en plus tentés par lʼidée dʼautonomie, et même dʼindépendance, les mouvements autonomistes berbérophones Nefoussis, à lʼouest de la Libye, tentent de fédérer autour dʼeux la petite minorité berbérophone de lʼest tunisien. Une minorité concentrée notamment dans lʼîle de Djerba et qui professe le rite ibadite, tout comme les berbérophones du Djebel Nefoussa et du Mzab algérien. Cependant, le projet de création dʼun Etat berbère, à cheval entre la Libye et la Tunisie, prôné par certains mouvements radicaux nefoussis, nʼa guère recueilli de suffrages du côté tunisien à ce jour. ➤ Un retour risqué Une vingtaine de militaires américains seraient à Mogadiscio depuis plusieurs semaines, en qualité de conseillers auprès des contingents africains de l'AMISOM. Il s'agirait pour la plupart de membres des forces spéciales de l'USSOCOM. Cette présence, très discrète, marque un tournant dans la politique de Washington vis-à-vis de la Somalie, où aucune mission militaire américaine n'avait mis les pieds depuis vingt ans. Jusqu'à présent, en effet, seules des opérations de reconnaissance ou des raids de commandos ont été menés ponctuellement en Somalie par les forces spéciales américaines, et cela avec une permanence sur le terrain de quelques heures tout au plus. ➤ Vedettes américaines Aux Etats-Unis, le festival du film de Sundance, qui sʼouvre cette semaine à Park City, dans lʼUtah, fait la part belle aux questions internationales, avec deux reportages consacrés à des personnalités clés de ces dernières années. Cʼest ainsi que “The Green Prince”, lʼhistoire de Mossaab Hassan Youssef, le fils dʼun haut responsable du Hamas devenu une taupe des services de renseignement israéliens, ouvrira le festival. Par ailleurs, “The Notorious Mister Bout”, consacré au parcours de lʼex-officier soviétique devenu lʼun des plus célèbres trafiquants dʼarmes internationaux, est lui aussi très attendu. PAGE 4 Industrie et matériels TTU MONDE ARABE - N° 804 - 16 JANVIER 2014 ➤ Contrat pour Tsahal Le ministère israélien de la Défense a choisi VMware pour assurer la virtualisation des serveurs informatiques et des centres de données de l'armée. Ce contrat d'un montant de près de 30 millions de dollars portera sur une période de trois ans avec une option de deux années supplémentaires. VMware fournit des infrastructures conçues pour améliorer l'usage des systèmes informatiques. La signature de ce contrat s'inscrit dans un vaste programme de transfert d'importantes bases de la région de Tel-Aviv vers le sud d'Israël, qui doit intervenir dans les prochaines années. ➤ Formation émirienne La Defence Security Cooperation Agency (DSCA) a notifié au Congrès américain une demande des Emirats Arabes Unis portant sur une aide à la formation de la Garde présidentielle pour un montant de 150 millions de dollars. Un formation au contre terrorisme, à lutte anti-piraterie et à la protection des infrastructures critiques qui pourrait notamment être assurée par lʼUS Marine Corps. A noter quʼun détachement de la Garde présidentielle émirienne se trouve aux côtés des forces américaines en Afghanistan. ➤ Rénovation suédoise Une partie du parc de véhicules de combat blindés CV90 de l'armée de terre suédoise sera rénovée, un investissement dépassant les 110 millions d'euros. Le 9 janvier, le gouvernement a confié cette tâche à la Défense, sans préciser le nombre exact de véhicules concernés ni le coût exact de l'opération pour cause de secret militaire. Achetés au suédois Hägglunds (acquis depuis par BAE Systems) à plus de 500 exemplaires, les CV90 pourront ainsi rester opérationnels jusqu'à 2030 au minimum, selon le ministère de la Défense. DES TÉLÉPHONES MOBILES CRYPTÉS Le groupe américain Motorola et le ministère israélien de la Défense ont signé un accord sur la fourniture d'un réseau de téléphones portables cryptés. Ces nouveaux smartphones vont permettre aux militaires d'envoyer des messages, des photos, des vidéos digitales et des mails encryptés directement du champ de bataille aux postes de commandement et de contrôle. Ces équipements vont remplacer le réseau actuel surnommé “Rose Hills” basé sur des téléphones cellulaires d'ancienne génération. Les futurs appareils seront équipés d'un GPS, d'une caméra de huit mégapixels. Ils ont été adaptés pour faciliter leur usage par des soldats dans des zones de combats, et disposent d'applications particulières. Les téléphones sont protégés extérieurement contre l'eau, la poussière et disposent d'une batterie leur permettant de fournir 400 minutes de service. L'ensemble du projet va coûter 100 millions de dollars pour une période de quinze ans. IMI : DES EXPLOSIFS AUX CYBERSYSTÈMES Le groupe Israel Military Industries (IMI), spécialisé jusqu'à présent dans la production de missiles, de roquettes, d'explosifs et de munitions, va se lancer dans le développement de cybersystèmes. Une unité spécialisée dans ce secteur a été créée à cet effet et des spécialistes vont être embauchés dans les prochains mois. IMI, qui est une entreprise publique, a ainsi imité d'autres groupes israéliens actifs dans les cybersystèmes, tels que Elbit Systems, Rafael Advanced Defense Systems, Israel Aerospace Industries, qui a un rôle leader dans ce domaine en partenariat avec Cyberia. Une partie des activités d'IMI se fera en collaboration avec plusieurs start-ups. «Israël est comme le reste du monde : les budgets de Défense nʼont cessé d'être coupés ces dernières années, au moment où la demande pour des cybersystèmes nʼa cessé de croître. C'est un domaine qui est désormais considéré comme essentiel sur le champ de bataille, si bien que de plus en plus de crédits lui sont destinés», commente un responsable d'IMI. Les projets vont porter notamment sur la défense des systèmes de contrôle de missiles. «Dorénavant toutes les unités d'IMI auront un représentant de la division cyber qui se familiarisa avec les systèmes développés, afin de s'assurer qu'ils sont bien protégés», ajoute-t-il. Dans un proche avenir, IMI prévoit également de se lancer sur le marché civil. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a décidé de privatiser IMI pour 700 à 800 millions de dollars. CONCURRENCE ISRAÉLIENNE EN AMÉRIQUE DU SUD L'achat par l'Argentine des seize avions Mirage F1 dʼoccasion proposés par Madrid semble de plus en plus menacé par lʼoffre de lʼisraélien IAI de fournir des Kfir Block 60, affirment plusieurs sources. Lʼoffre espagnole complétée par des Mirage F-1 jordaniens ne semble plus convaincre Buenos Aires, pas plus quʼune seconde proposition sʼappuyant sur une offre mixte comprenant des Mirage F-1 marocains modernisés. La première offre est estimée à 160 millions de dollars, pour seize appareils, dont seulement huit disposeraient en lʼétat dʼune capacité de ravitaillement en vol. De fait, les Argentins pencheraient désormais en faveur de lʼoffre israélienne portant sur la fourniture de 14 à 18 Kfir Block 60, pour un montant de 500 millions de dollars, livrables dans les quinze mois suivant la signature du contrat. A noter que la proposition israélienne sʼappuie sur les succès remportés par le Kfir en Amérique latine. En effet, cet appareil équipe déjà les armées de lʼair de lʼEquateur et de la Colombie, qui disposent de Kfir C12 dotés d'un radar AESA et disposant dʼune capacité de ravitaillement en vol. PAGE Industrie matériels 5 TTU MONDE ARABE - N° 804 - 16 JANVIER 2014 IRAK : PRIORITÉ À LʼARMÉE DE LʼAIR Quelques semaines après la réception par Bagdad dʼun premier lot de quatre Mi-35 (voir TTU n° 797), plusieurs sources russes et irakiennes laissaient entendre quʼune dizaine dʼhélicoptères de combat Mi-28 et Mi-35 avaient été livrés à lʼIrak en début dʼannée, notamment via le port dʼOum Qasr. Cependant, certains experts doutent de la réalité de la livraison des Mi-28, soulignant quʼaucune photo de ces appareils nʼa “fuité” lors dʼéventuels essais en Russie, alors que l'armée russe vient à peine de réceptionner ses premiers Mi-28N. Lʼannonce de cette livraison anticipée pourrait être destinée à mettre la pression sur Washington concernant la livraison dʼhélicoptères de combat. Outre les 40 Mi-35 et 30 Mi-28NE commandés auprès de Moscou, Bagdad avait confirmé en juin dernier lʼacquisition de 24 AH-64D américains pour un montant de près de 3 milliards de dollars. Un contrat bloqué depuis des mois par les élus américains, sous la houlette du sénateur Bob Menendez, qui dirige la Commissions des affaires étrangères, estimant notamment que ce contrat devrait permettre dʼobtenir au préalable des assurances de Bagdad concernant les efforts engagés pour empêcher l'Iran dʼexpédier des armes en Syrie. Mais face à la dégradation de la situation dans la province dʼAnbar, plusieurs élus américains seraient désormais plus enclins à approuver ce contrat. En raison des délais de production de Boeing, Washington pourrait louer à Bagdad une dizaine dʼappareils, ce qui permettrait à lʼarmée de lʼair irakienne de disposer dʼhélicoptères opérationnels dès que ses équipages auront achevé leurs qualifications sur AH-64. Pour lʼheure, ce sont les Bell-407 de reconnaissance armée, dont Bagdad a acquis 24 exemplaires, qui, aux côtés des Cessna Combat Caravan AC-208, assurent la majeure partie des missions de combats dans la province dʼAnbar. DES MARINS LIBYENS EN STAGE EN ITALIE Une quarantaine de marins libyens devraient rejoindre l'Italie avant le printemps prochain pour suivre un stage d'instruction/entraînement (théorie et pratique en mer) destiné à la mise en œuvre des quatre vedettes rapides actuellement en réparation à Naples. Il s'agit de quatre des six embarcations (trois classe “Bigliani” et trois type V.5000) qui avaient été cédées par l'Italie à la Libye en mai 2009 (les trois premières) et en février 2010 (les trois autres), dans le cadre d'un accord entre Rome et Tripoli visant à lutter contre l'immigration clandestine. Deux de ces six vedettes rapides, exGuardia di Finanza (Douanes), ont été coulées en 2011 par les forces de la coalition (probablement par l'armée de l'air française) entre Tripoli et Zuwarah. Les quatre unités “survivantes”, actuellement en réparation en Italie, devraient rejoindre la Libye d'ici au début de l'été prochain, avec leur propre équipage libyen. La facture, qui est de 3,6 millions d'euros (comprenant le MCO), sera payée par Rome. DÉMONSTRATION AÉRIENNE RUSSE AU BAHREÏN Le Salon aéronautique international de Bahreïn, BIAS-2014, qui se tient du 16 au 18 janvier, verra la présence de la patrouille acrobatique parmi les plus réputées au monde, Russian Knights. Une des particularités de cette équipe russe est d'évoluer sur les avions de chasse en dotation dans les forces aériennes, ce qui rend leurs présentations particulièrement appréciées. Les cinq chasseurs Sukhoï Su-27, avec un Illiouchine Il-76 d'accompagnement, ont quitté leur base de Lipetsk le 10 janvier pour la base aérienne de Sakhir, au Bahreïn, où se déroulera le Salon, avec une escale sur l'aérodrome militaire d'Erebuni, en Arménie. Le programme de vol inclut de nombreuses figures de haute voltige, parmi lesquelles le tonneau, la boucle inversée, la cloche, la tulipe et le célèbre Cobra Pougatchev. Le retour des Russian Knights est prévu à l'issue du Salon le 19 janvier. Cette troisième édition du BIAS figure parmi les plus importantes vitrines russes au Moyen-Orient dans le domaine aéronautique. ➤ Selex ES sʼinstalle au Koweït Selex ES ouvrira prochainement une filiale au Koweït, baptisée Selex ES Kuwait, pour renforcer sa présence dans le Golfe dans le domaine de l'électronique de défense. C'est avec cet objectif que la filiale du groupe Finmeccanica a créé un joint-venture avec l'industriel local Al-Safwa Security and Defence Systems, qui opère dans le même secteur. Rappelons que Selex ES a signé un contrat de 40 millions dʼeuros pour la fourniture dʼune infrastructure de données en réseau à l'aéroport de Koweït. Par ailleurs, la société doit équiper les hélicoptères AH-64 Apache dʼun système d'autodéfense HIDAS. ➤ Remplacement de MiG-29 Le ministre slovaque de la Défense, Martin Glváč, envisage lʼacquisition de nouveaux avions de combat destinés à remplacer les six MiG-29 opérationnels et les six autres stockés par Bratislava. Ce remplacement pourrait sʼinspirer du système de bail signé depuis 2004, entre la République Tchèque et le constructeur suédois Saab pour le chasseur Gripen. Un programme qui viserait à acquérir huit appareils pour un contrat estimé à 340 millions d'euros sur dix ans. ➤ Livraison de Zodiac Zodiac Italia est en train de livrer à la Marina Militare vingt embarcations de type RHIB (Rigid Hull Inflatable Boat) de deux différents modèles. Le premier lot porte sur la fourniture de seize Zodiac Mark III GOS aérolargables, dotés dʼun moteur de 60 chevaux, et le second sur quatre Zodiac FC-470 EVO 7, de type auto-gonflable et également aérolargables. ➤ Une étude discrète A la demande du ministère italien de la Défense, MBDA Italia mène une étude portant sur la “recherche technologique des têtes militaires non létales à haute énergie”, a déclaré à TTU une source industrielle. Cette étude serait réalisée dans le cadre du projet THOR (Tactical Highenergy ORdnance), mené dans la plus grande discrétion. PAGE 6 Repères TTU MONDE ARABE - N° 804 - 16 JANVIER 2014 ➤ La cybersécurité à lʼhonneur ➤ Passage de témoin Une première conférence internationale sur la cybersécurité se tiendra à Tel-Aviv, en Israël, du 27 au 28 janvier. Parmi les participants figurent des représentants de grands groupes spécialisés dans ce secteur très prometteur tels qu'IBM, Kaspersky, le groupe israélien CheckPoint et EMC. La cybersécurité est considérée comme un vecteur de développement économique de tout premier ordre par les dirigeants israéliens. Lʼamiral Edouard Guillaud, qui achève son mandat de chef dʼétatmajor des armées françaises (CEMA), devrait bientôt prendre la tête de lʼODAS, société conçue pour assurer la commercialisation de matériel militaire français au MoyenOrient, en particulier l'Arabie Saoudite (ex-Sofresa). Il remplacera ainsi lʼamiral Alain Oudot de Dainville. Entré à l'Ecole navale en 1973, Edouard Guillaud a commencé sa carrière trois ans plus tard, servant sur différents navires, notamment le Abou Dhabi préserve lʼavenir chez ADCO La continuité a finalement prévalu pour lʼinstant, après lʼexpiration, la semaine dernière, du contrat de concession vieux de 75 ans concernant Abu Dhabi Company for Onshore Oil Operations (ADCO). Alors que la date fatidique approchait, la direction de la compagnie nationale ADNOC avait en effet annoncé son intention de gérer seule les champs, en attendant, lʼissue des négociations devant aboutir à un nouveau contrat. Ecartant ainsi ses associés historiques dans le consortium, BP, Exxon Mobil, Shell, Total et Partex, et contribuant à alimenter les interrogations sur la composition du futur partenariat, alors que de nombreux candidats à la succession des quatre majors, dont plusieurs compagnies asiatiques, sont sur la liste des présélectionnés. Lʼarrangement intérimaire intervenu fin décembre entre ADNOC et ses anciens associés prévoit que jusquʼà la conclusion du nouvel accord, ceuxci continueront de détacher du personnel dans ADCO. Leur droit à lʼenlèvement de quantités de pétrole brut («brut de participation») avec effet au 11 janvier est également confirmé, à un prix égal au prix officiel majoré de 11 cents. Lʼémirat se montre ainsi soucieux de conserver son accès à un apport technologique en rapport avec le plan ambitieux visant à porter sa capacité de production de 3 millions de barils/jour actuellement à 3,5 millions en 2018-2019. Dans ce cadre, il est prévu quʼADCO, qui extrait actuellement 1,4 million de barils/jour, contribue pour 400 000 barils/jour supplémentaires à cette augmentation. Au cours des prochains mois, ADNOC devrait finaliser lʼévaluation des offres reçues de dix compagnies. Parmi celles-ci figurent, outre ses partenaires historiques (sauf Partex), China National Petroleum Company, Eni (Italie), Rosneft (Russie), Korea National Oil Corporation, Occidental (USA) et Statoil (Norvège). La recommandation finale dʼADNOC au Supreme Petroleum Council (SPC) serait attendue courant février-mars prochains, selon les indications fournies par son directeur général, Abdallah Nasser Al Suwaidi, au cours dʼune cérémonie marquant la fin de la concession. Composé notamment de membres de la famille royale et présidé par lʼémir dʼAbou Dhabi, cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyan, le SPC est réputé pour ne pas toujours suivre les avis de la compagnie nationale. Néanmoins, le maintien des anciens partenaires dans le schéma provisoire laisse fortement augurer leur retour dans le futur contrat, quels quʼen soient les conditions et les autres participants. patrouilleur “La Paimpolaise” (197678), les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins “L'Indomptable” et “Le Redoutable”, le dragueur de mines côtier “Lobélia”, l'aviso “Amyot D'Inville”, l'escorteur d'escadre lance-missiles “Du Chayla”, l'escorteur d'escadre lance-missiles “Kersaint”, le bâtiment de transport léger “Dumont d'Urville” (1987-88), le porte-avions “Clemenceau” (1990-92), l'aviso-escorteur “Enseigne de Vaisseau Henry” (1992-93) et le porte-avions “Charles de Gaulle”. Il prend le commandement de ce dernier bâtiment de 1999 à 2001, avant d'être nommé adjoint pour la marine du chef d'état-major particulier du président de la République entre 2002 et 2004, puis préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, jusqu'en 2006. Il rejoint alors l'Elysée, en qualité de chef d'état-major particulier du président Jacques Chirac, puis de son successeur Nicolas Sarkozy. En décembre 2007, il est élevé au rang d'amiral. Et c'est le 26 janvier 2010 qu'il est désigné comme CEMA, succédant au général Jean-Louis Georgelin. Il est le deuxième marin nommé à ce poste, après l'amiral Jacques Lanxade (1991-1995). A ce titre, il joue un rôle pivot dans les opérations militaires extérieures menées par la France, en commandant les forces françaises dans le cadre de l'opération Harmattan (Libye), en 2011, puis en coordonnant l'opération Serval au Mali dès le 11 janvier 2013. Sa nomination en tant que président de l'ODAS devrait être entérinée prochainement. A ce titre, il devrait notamment chapeauter la mise en œuvre du contrat d'équipement de l'armée libanaise d'un montant de trois milliards de dollars, financé par l'Arabie Saoudite (voir TTU n° 803), et des contrats attendus avec la marine saoudienne. 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