Page 1 - copie:Page 1 - Lettre d`informations stratégiques et de

Transcription

Page 1 - copie:Page 1 - Lettre d`informations stratégiques et de
m o n d e
a r a b e
L E T T R E H E B D O M A D A I R E D ' I N F O R M AT I O N S S T R AT É G I Q U E S
D i r e c t e u r : G u y P e r r i m o n d - R é d a c t e u r e n c h e f : R a s h i d S a e e d Ya g o u b - 3 0 m a i 2 0 1 3 - n ° 7 7 9
LES DOSSIERS FRANCO-TCHADIENS
Lʼinquiétude dʼIsraël
La visite à Paris du président tchadien Idriss Deby, prévue pour la
semaine prochaine, sera l'occasion d'aborder les sujets d'intérêts communs
entre Paris et N'Djamena. Notamment l'importante participation tchadienne
au dispositif militaire africain au nord du Mali, venu en appui de l'opération
Serval. Ce dossier comprendrait notamment le coût de l'engagement militaire
tchadien au Mali, outre les indemnités qui devraient être versées aux familles
des soldats tchadiens tombés en combattant les rebelles islamistes. Selon
NʼDjamena, ce coût s'élève, à ce jour, à une centaine de millions d'euros, dont
la facture devrait être présentée à la France. Autre sujet qui sera abordé par
le président Deby : les relations entre N'Djamena et Tripoli, qui se sont
fortement dégradées depuis la chute du colonel Kadhafi. Il y a trois mois,
Paris était intervenu pour obtenir la libération de quatre diplomates tchadiens
faits prisonniers par des groupes armés libyens durant le récent conflit. Idriss
Deby souhaite que la France aide aussi à faire libérer les quelque 1 200
Tchadiens qui auraient été faits prisonniers au cours de cette guerre, alors
qu'ils combattaient comme mercenaires pour le compte du colonel Kadhafi.
L'armée tchadienne menacerait, pour sa part, dʼintervenir dans le sud libyen,
où seraient retranchés des groupes armés rebelles tchadiens. De son côté,
Tripoli a de multiples griefs à l'égard de N'Djamena, dont le premier concerne
la mainmise sur les avoirs libyens au Tchad. Outre sa médiation sur ce
dossier, Paris est sollicité sur le cas de l'ancien ambassadeur libyen au Tchad,
Grene Saleh Grene. Tripoli voudrait que ce dernier s'abstienne de toute action
hostile contre le nouveau pouvoir, alors que, selon certaines informations, il
aurait récemment rencontré au Tchad Saadi Kadhafi, l'un des fils de l'ancien
guide, résidant au Niger. En outre, le gouvernement libyen accuse N'Djamena
de permettre à des membres de l'ancienne armée libyenne et de tribus
favorables au colonel Kadhafi de rassembler leurs forces dans une zone
frontalière entre le Tchad, la Libye et le Niger. Mais Paris s'intéresse aussi à
l'intervention de l'armée tchadienne dans l'ouest du Soudan et en
Centrafrique. Au cours d'une visite dans la capitale française, cette semaine,
une délégation du JEM aurait apporté des preuves de l'implication tchadienne
au Darfour. Nul doute que des dossiers de politique intérieure tchadienne
seront enfin abordés à Paris, en particulier celui des droits de l'homme.
La fourniture de systèmes de
défense antiaériens russes de
type S-300 à la Syrie, dont Moscou
brandit la menace à la suite de
la levée de lʼembargo des armes
européennes aux rebelles,
inquiète au plus haut point Israël.
Mais, selon les experts de Tsahal,
il faudra une “longue période
d'apprentissage” des militaires
syriens avant qu'ils ne maîtrisent
cet équipement qui pourrait menacer la liberté de manœuvre de
l'aviation israélienne au Liban et
en Syrie, en raison de sa sophistication. Sur le papier, le S-300
est, en effet, une arme redoutable
avec son radar d'une portée de
200 km. «Mais dans la situation
de guerre civile actuelle, il y a
peu de chance pour que l'armée
syrienne soit capable d'investir
de la main d'œuvre et des ressources en vue d'utiliser ces systèmes complexes», estime un
responsable du ministère de la
Défense. Selon lui, le déploiement
de S-300 nécessitera la construction d'installations qui pourraient
être facilement repérables à partir
de satellites ou de drones. Une
solution consisterait à envoyer
des techniciens du Hezbollah
libanais se former directement
en Russie quitte, ensuite, à ce
que la milice chiite stocke des
S-300 dans un lieu sûr au Liban.
La troisième option serait l'envoi
en Syrie de conseillers militaires
russes. Mais ce scénario est peu
probable, car ces experts russes
seraient non seulement menacés
par les forces rebelles, mais aussi
exposés à des attaques israéliennes. Malgré toutes ces difficultés,
Damas insiste pour obtenir ce
matériel, après l'humiliation que
lui a infligée Israël récemment,
en lançant plusieurs raids aériens
en Syrie contre des convois
d'armes destinées au Hezbollah.
(suite page 2)
La crainte dʼune “cinquième colonne”
Des sources proches des services de renseignements français
estiment entre 150 et 200 le nombre de djihadistes français qui se
sont rendus en Syrie au cours
des deux dernières années. Le
ministre de lʼIntérieur, Manuel Valls,
a récemment donné quelques précisions sur ce flux. Selon lui, ce sont
120 djihadistes français qui sont
partis se battre en Syrie, soit près
de 60 % des ressortissants français
engagés dans les rangs d'al-Qaida
à l'étranger, dont une «petite dizaine
de Français détectés au Mali». Environ cinquante d'entre eux seraient
encore en Syrie, quarante en transit
vers les zones de combats et une
trentaine déjà rentrés en France.
Comme le souligne une source
proche des services de renseignements, le nombre de tués reste, lui,
incertain, mais évalué «au moins»
à une dizaine. Le retour annoncé
de ces djihadistes suscite une
inquiétude croissante au sein des
services antiterroristes, qui craignent le passage à lʼacte dʼindividus
isolés, voire la constitution de
cellules djihadistes, sur le modèle
de celles apparues à la fin de la
guerre en Bosnie.
PAGE
2
Politique et stratégie
TTU MONDE ARABE - N° 779 - 30 MAI 2013
➤ Lʼinquiétude dʼIsraël
(suite de la p. 1)
En s'équipant de S-300, le régime
de Bachar al-Assad enverrait
également un avertissement aux
Etats-Unis, à la Turquie et aux
autres pays de lʼOtan, pour leur
faire comprendre qu'une intervention militaire en Syrie serait beaucoup plus périlleuse que l'offensive
lancée contre Kadhafi en Libye et
que, cette fois-ci, Moscou est bien
décidé à soutenir son allié.
➤ Sur plusieurs fronts
Alors que les forces loyalistes
syriennes et leurs alliés piétinent
devant Al-Koussaïr, un autre front
sʼouvre à lʼest de la capitale. Des
forces dirigées par le Hezbollah
tentent, en effet, de reprendre des
positions tenues par les rebelles
dans une zone stratégique où
passe la route de lʼaéroport de
Damas. Des miliciens du parti
libanais combattraient enfin dans
la région dʼAlep, où, à partir de
deux villages chiites (Nabel et
al-Zahra), ils tenteraient dʼétablir
une jonction avec des positions
de lʼarmée régulière.
MOSCOU JOUE LʼARBITRE SUR LA CRISE SYRIENNE
Plus que jamais, Moscou apparaît comme lʼarbitre de la crise syrienne. Et le
ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en visite à Paris cette
semaine, où il sʼest entretenu avec le secrétaire dʼEtat américain, John Kerry, fait
figure de parrain du processus politique en cours, avec lʼorganisation de la
conférence internationale pour la Syrie (Genève 2). La diplomatie russe tient en
effet la dragée haute aux Américains (voir TTU n° 777), alors que les Européens
nʼont plus la main sur le dossier. Certes, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a participé à un dîner de travail avec les responsables
américain et russe. Mais si le projet de la conférence a été abordé lors du dernier
sommet Poutine-Hollande à Moscou, celle-ci aurait été décidée par les deux
présidents américain et Russe. Pour sa part, Barack Obama semble résigné à
une moindre implication des Etats-Unis dans la région, en dépit des pressions du
Parti républicain et du Congrès, faisant la part belle aux autorités russes sur le
dossier syrien. Dans ce contexte, lʼagenda et les procédures de la conférence
Genève 2 le mois prochain ne sont toujours pas définis. Depuis Genève 1, qui
sʼest tenu en juin 2012, règne un grand flou sur un certain nombre de points,
notamment le sort du président Assad et les compétences du futur gouvernement
transitoire. Ces questions nʼont pas été tranchées lors de la rencontre à Paris
entre Kerry et Lavrov. Mais comme le demandaient les Russes, les Américains
auraient finalement accepté que le président Assad achève son mandat, en 2014,
et que les questions du devenir de lʼarmée, des services de sécurité et des
renseignements ne soient pas abordées, tandis que la diplomatie française est
désireuse de mettre sur la table tous ces sujets. En outre, la participation de
principe du régime à la conférence par une délégation peu représentative (aucun
responsable alaouite ne figure parmi les délégués), dʼune part, et les divisions et
les atermoiements de lʼopposition, dʼautre part, augurent mal dʼun succès de
Genève 2. Enfin, la participation de lʼIran à la conférence reste un sujet de débat.
Lors de la réunion des amis de la Syrie organisée à Amman, la semaine dernière,
la France, le Royaume-Uni, la Turquie, lʼArabie Saoudite et le Qatar ont réitéré
leur refus dʼinviter Téhéran, quʼils soupçonnent de vouloir sʼengager dans un
marchandage incluant le dossier du nucléaire.
➤ Election en trompe lʼœil
Après la mise hors jeu de lʼancien
président Ali Akbar Hachemi
Rafsandjani et dʼAhmadi Esfandiar
Rahim Mashaïe (dauphin de
Mahmoud Ahmadinejad) de la
course à la présidentielle en Iran,
Mohammed Reza Aref et Hassan
Rohani, personnalités “réformistes
modérées”, apparaissent comme
de simples figurants pour le scrutin
du 14 juin. Les candidats les plus
en vue sont Said Jalil, secrétaire
du Conseil suprême de la sécurité
nationale et responsable des
négociations sur le dossier du
nucléaire, et Mohammad Baker
Kalibaf, maire de Téhéran. Avec,
comme outsider, lʼancien ministre
des Affaires étrangères, Ali Akbar
Velayati, un proche du guide
suprême, Ali Khamenei. Si le
candidat retenu doit recueillir les
suffrages des Gardiens de la révolution, le choix appartient à lʼimam
Khamenei en dernier ressort.
UN “EMPÊCHEMENT” DU PRÉSIDENT BOUTEFLIKA ?
Depuis lʼhospitalisation en France du président Abdelaziz Bouteflika, il y a
plus dʼun mois, la classe politique algérienne est agitée par le débat sur sa
succession. Lequel comporte un volet juridique, puisque lʼarticle 88 de la
Constitution algérienne traite de lʼempêchement du chef de lʼEtat. Cʼest ainsi que
le RCD de Mohcine Belabès (laïc), qui nʼest pas représenté au Parlement suite
au boycott des dernières élections législatives, et le MSP dʼAbderrezak Makri
(islamiste), se sont prononcés en faveur de lʼapplication de cet article 88,
déclenchant ainsi les salves des partis et représentants du pouvoir. Le FLN et le
RND ont été les premiers à sʼélever contre ces déclarations, suivis par quelques
personnalités considérées comme des poulains de Bouteflika, notamment
Abdelmalek Sellal, le chef du gouvernement, Amar Ghoul et Amara Benyounès,
respectivement leaders du TAJ (Tadjamoû Amal El Djazaïr), et du MPA
(Mouvement populaire algérien). Dans lʼopposition, Louisa Hanoune, chef du
Parti des travailleurs, dont on connaît les accointances avec le chef de lʼEtat, a
dénoncé une tentative de «coup dʼEtat» dans cette volonté dʼappliquer lʼarticle
88, alors que le FFS est resté silencieux sur le sujet, confirmant ainsi ces rapports
troubles avec le pouvoir. Lʼarticle 88 de la Constitution algérienne prévoit quʼen
cas de défaillance du chef de lʼEtat, le Conseil constitutionnel puisse statuer et
saisir le Parlement, qui devrait alors voter lʼempêchement. Ce qui est sûr, cʼest
que la mise en œuvre de cet article ne pourrait être quʼune décision politique,
puisque aussi bien le Conseil constitutionnel que le Parlement dépendent du
pouvoir. Lequel a donc toute latitude pour organiser la succession de Bouteflika
(voir TTU n° 778), dans lʼindifférence totale de la population algérienne face à la
convalescence du chef de lʼEtat et à la chose politique en général.
Politique et stratégie
PAGE
3
TTU MONDE ARABE - N° 779 - 30 MAI 2013
DES PRESSIONS CROISSANTES SUR TRIPOLI
Le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, est pris entre le marteau et
lʼenclume. Avec, dʼun côté, les milices islamistes qui font la loi dans différentes
régions du pays (voir TTU n° 777), et, de lʼautre, les autorités de Washington,
qui le pressent de sévir contre les auteurs de l'attaque du consulat des EtatsUnis à Benghazi, le 11 septembre 2012. Une attaque qui avait coûté la vie à
quatre Américains, dont l'ambassadeur en Libye, Christopher Stevens. Après
avoir fait savoir quʼils étaient prêts à assurer eux-mêmes la protection de leurs
intérêts, les Américains ont envoyé à Tripoli un haut responsable du
département dʼEtat, la semaine dernière, afin de notifier aux autorités libyennes
un message clair à ce sujet. Reçu par le vice-ministre libyen de l'Intérieur, Omar
Khadraoui, le responsable américain lui aurait remis une liste de noms
concernant trois personnes soupçonnées d'avoir participé à des attaques et cinq
autres qui détiendraient des informations sur l'attentat contre le consulat
américain de Benghazi. Ces individus appartiendraient aux brigades d'Ansar alCharia et de Rafallah As-Sahtaoui de Benghazi, classées comme groupes
terroristes. Le responsable américain aurait averti les autorités libyennes que si
les coupables nʼétaient pas arrêtés et déférés devant la justice, les Etats-Unis
se verraient contraints d'agir eux-mêmes. Selon une source libyenne, le Premier
ministre, Ali Zeidan, en visite à Bruxelles au début de cette semaine, a sollicité
certains responsables européens, notamment français, britanniques et italiens,
pour qu'ils interviennent auprès de Washington pour calmer le jeu. Indiquant que
le gouvernement libyen avait besoin d'un peu plus de temps pour régler le
problème par la négociation, et s'adressant aux chefs des tribus auxquelles
appartiennent les personnes incriminées, et qu'une intervention des Américains
rendrait la situation encore plus explosive. Par ailleurs, Ali Zeidan aurait sollicité
l'aide des Européens pour la formation des forces de la garde nationale
actuellement en projet. Enfin, au cours de sa rencontre avec le secrétaire
général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, il lui aurait demandé des éclaircissements sur des propos quʼil a tenus il y a quelques semaines, dans lesquels il
fait planer la menace dʼune nouvelle intervention des forces de lʼAlliance en
Libye, sous couvert du chapitre 7 de la charte des Nations unies.
IMPUNITÉ POUR LES DJIHADISTES SAHÉLIENS
La Libye est-elle devenue le nouveau sanctuaire des djihadistes
sahéliens ? Depuis lʼattaque sur le site algérien dʼIn Amenas, le 17 janvier, ce
pays est, en effet, montré du doigt par ses voisins pour son incapacité à
contrôler son territoire, particulièrement au sud, ce qui favorise la création dʼun
nouveau refuge pour les groupes extrémistes chassés du nord du Mali par
lʼintervention militaire française. Au lendemain des deux attentats suicides
perpétrés le 23 mai au Niger, respectivement contre un camp militaire
dʼAgadez et un site dʼAreva à Arlit, le président nigérien, Mahamadou Issoufou,
a assuré que les auteurs de ces attaques, à lʼinstar des terroristes dʼIn
Amenas, «venaient du sud de la Libye», preuve que ce pays «continue dʼêtre
une source de déstabilisation pour les pays du Sahel». Malgré les
protestations du gouvernement dʼAli Zeidan, qui se défend de tout laxisme
avec le déploiement des ex-rebelles de lʼunité “Bouclier du Sahara” et des
“Martyrs Oumou al-Aranib”, pour sécuriser la région sud, les services de
renseignements occidentaux ont pu établir la présence croissante dʼislamistes
armés et de trafiquants aux abords des frontières nigériennes et algériennes.
Les attaques dʼIn Amenas, dʼAgadez et dʼArlit ont toutes été commanditées par
lʼAlgérien Mokhtar Belmokhtar, que «la crise malienne et Serval ont fait
émerger comme le nouvel homme fort des réseaux terroristes au Sahel», selon
un officier français. Dès la fin de lʼannée dernière, le chef de la katiba “ElMoulathimoun”, alors rattachée à AQMI, avait créé une nouvelle organisation,
“les signataires par le sang”, intégrant sous son commandement dʼautres
groupes, dont le MUJAO, auteur du double attentat au Niger, qui aurait ses
bases dans le sud libyen. Inquiète de ces développements, lʼUnion européenne a approuvé, le 24 mai, lʼenvoi dʼune mission civile, lʼEUBAM, destinée
à aider la Libye à améliorer la sécurité de ses frontières (voir TTU n° 778).
➤ Démission attendue
Le président du Congrès général
national (CGN) libyen, Mohammed
al-Megaryef, a présenté sa démission mardi, après l'adoption d'une
loi sur le bannissement politique
des anciens collaborateurs du
régime du colonel Kadhafi. Une
démission prévue depuis l'adoption, le 5 mai dernier, de la loi
controversée qui écarte de la vie
politique les personnalités ayant
occupé des postes de responsabilité de 1969 à 2011. Cette loi,
qui doit entrer en vigueur le
5 juin, avait été adoptée sous la
pression de groupes islamistes
armés. Mohammed el-Megaryef
avait été président de la cour des
comptes, avec rang de ministre,
avant dʼêtre nommé ambassadeur
en Inde. Un poste quʼil avait
occupé jusquʼen 1981, date à
laquelle il avait fait défection pour
rejoindre un mouvement d'opposition, le Front de salut national
libyen. Dʼautres démissions sont
à prévoir au sein du CGN, notamment celle de son vice-président,
Jomaat Attika.
➤ Enquête parlementaire
Le ministre koweïtien du Pétrole,
Hani Hussein, en poste depuis
février 2012, a démissionné cette
semaine, alors quʼil doit être interrogé par le Parlement sur lʼaffaire
du paiement, début mai, dʼune
indemnité de 2,2 milliards de
dollars au groupe Dow Chemical
par Petrochemical Industries
Company (PIC), filiale de Kuwait
Petroleum Corporation (KPC).
Or cʼest sous la pression du
Parlement que le gouvernement
koweïtien avait, en décembre
2008, contraint PIC à annuler
lʼaccord signé avec Dow Chemical
pour un projet majeur de partenariat dans le domaine des matières
plastiques. Un arbitrage rendu
lʼannée dernière par la Chambre
de commerce internationale, sur
requête du géant américain, avait
condamné PIC à lui régler, à titre
dʼindemnité pour rupture abusive
de contrat, le montant qui fait
maintenant lʼobjet dʼune enquête
parlementaire.
PAGE
4
Industrie et matériels
TTU MONDE ARABE - N° 779 - 30 MAI 2013
➤ Tornado TSP saoudiens
Les deux derniers Tornado TSP
(Tornado Sustainment Program)
viennent d'être de nouveau
intégrés à la flotte de combat
de la Royal Saudi Air Force,
après avoir complété leur upgrade
en Grande-Bretagne, auprès des
établissements BAE Systems
de Warton. Se termine ainsi le
programme de modernisation
des Tornado IDS de la RSAF
au standard TSP, qui comprend,
notamment, l'intégration des
missiles air-sol Brimstone et
Storm Shadow, tout en garantissant à ces mêmes appareils
une longévité opérationnelle
jusqu'en 2020 et au-delà.
➤ Des hélicoptères au Qatar
Selon des sources proches de
Boeing, le constructeur américain
est en négociations avec le Qatar
pour la vente de huit hélicoptères
de transports CH-47F Chinook.
Une configuration similaire à celle
qui doit être livrée aux forces
canadiennes à partir de juin
prochain. Le groupe américain
escompte également recevoir
dʼici à lʼété un contrat pour huit
nouveaux MH-47G Chinook,
dédiés pour les opérations
spéciales, probablement pour
les forces américaines.
➤ Réparation à distance
L'infanterie israélienne a commencé
à s'équiper avec un système de
réparation à distance des mitrailleuses installées sur des blindés
construits par le groupe Rafael
Advanced Defense Systems. Cet
équipement peut être adapté à
plusieurs types de mitrailleuses.
Il permet d'éviter qu'un technicien
militaire ne s'expose sur le champ
de bataille en cas de panne.
De plus, le système, selon ses
concepteurs, est «75 % plus
rapide» qu'une intervention
humaine. Le nouvel équipement
est transportable dans une valise.
RIYAD : UNE ALTERNATIVE AUX CHARS LEOPARD
Alors que les autorités allemandes semblent hésiter à confirmer la vente
de chars de combat Leopard 2A7+ à lʼArabie Saoudite, des sources
turques et saoudiennes laissent entendre que Riyad pourrait acquérir des
chars de combat Altay développés par le groupe Otokar. Des informations
rapportées après la visite à Ankara du ministre saoudien de la Défense, lʼémir
Salman Ibn Abdel Aziz, la semaine dernière (voir TTU n° 778). Ces blindés
viendraient remplacer les 320 AMX-30 des forces saoudiennes. Si les quatre
premiers prototypes du char doivent débuter leurs essais dʼici à la fin de
lʼannée, selon des sources turques, la production en série de l'Altay ne devrait
cependant débuter quʼen 2016, au mieux, voire en 2017. Un délai jugé
relativement long, qui pourrait permettre à dʼautres industriels de proposer des
alternatives à lʼoffre turque au cours des prochains mois. Et aux Allemands de
passer le cap des élections législatives, en septembre prochain, la vente de
matériel militaire aux pays peu respectueux des droits de lʼhomme étant un
sujet sensible à Berlin, exposée notamment aux critiques de lʼopposition.
LA PROTECTION DE PLATES-FORMES GAZIÈRES
Israel Aerospace Industries (IAI) mise beaucoup sur l'exportation de
systèmes de protection de plates-formes gazières off-shore. Le principal
équipement mis au point par Alta-Systems, une filiale d'IAI, est basé sur une
série de capteurs côtiers aériens, spaciaux et navals, ainsi que sur des
composants spécialisés dans le renseignement. Tous les capteurs sont
interconnectés par l'intermédiaire d'un réseau de commande, de contrôle et
de communications qui fournit une large capacité de surveillance, d'alerte et
d'analyse des renseignements. Parmi les autres matériels mis au point par
IAI figure celui d'une autre de ses filiales, Lahav, qui fournit un système
intégré pour hélicoptères équipés d'avionique et de capteurs spécialement
conçus pour la surveillance des plates-formes. Ramta, une troisième filiale,
a, pour sa part, mis au point une vedette de patrouille rapide spécialisée dans
les missions menées pour la défense des zones économiques exclusives.
Cette vedette est conçue pour affronter des très dures conditions
atmosphériques. Enfin, IAI dispose d'un système radar tel que le Navguard,
qui peut être adapté sur des vedettes de combat de petite et moyenne tailles,
censées permettre la libre circulation maritime et des patrouilles dans des
secteurs où existent des menaces d'attaques de roquettes ou de missiles.
LE DRONE PATROLLER EN DÉMONSTRATION
Le groupe Sagem a récemment terminé une campagne de démonstration
de son drone Male léger Patroller dans un pays du Golfe. Au cours des
cinq jours de démonstration, les équipes de Sagem ont démontré les
capacités du Patroller (en version IFR) à mener des missions de “Homeland
Security” (notamment la surveillance maritime et côtière) dans lʼespace aérien
et lʼenvironnement opérationnel local. Il sʼagissait aussi de démontrer
les capacités de déploiement du drone. Sur ce marché, qui porte sur une
douzaine dʼunités, Sagem est en concurrence directe avec le Predator XP de
lʼaméricain General Atomics et, de façon plus marginale, avec le Watchkeeper
de Thales UK. En France, le Patroller est en compétition avec le Watchkeeper
pour équiper lʼarmée de Terre, ce dernier bénéficiant des millions dʼeuros déjà
investis dans les essais et de la dynamique politique des accords
de Lancaster House conclus entre David Cameron et Nicolas Sarkozy.
Industrie matériels
PAGE
5
TTU MONDE ARABE - N° 779 - 30 MAI 2013
WELLINGTON ACHÈTE DES CAMIONS ALLEMANDS
Rheinmetall MAN Military Vehicles a emporté un contrat de livraison de
200 camions militaires pour les forces armées néo-zélandaises (un peu
plus de 70 millions dʼeuros). La livraison sʼétalera sur 2013 et 2014. Le
contrat comprend la livraison de véhicules de 10 catégories différentes en trois
versions de base (6 tonnes 4X4, 9 tonnes 6X6 et 15 tonnes 8X8). «Ces
nouveaux véhicules viendront remplacer nos vieux Unimog et nos poids lourds
qui sont en service depuis près de 30 ans», a précisé le ministre néo-zélandais
de la Défense, Jonathan Coleman. Pour Rheinmetall, lʼune des raisons de ce
succès est la bonne réputation de lʼentreprise en Nouvelle-Zélande, acquise à
la suite du contrat remporté par MAN pour la livraison de 7 500 camions et
véhicules à lʼarmée britannique.
ACCORD SUÉDO-AUSTRALIEN DANS LES SOUS-MARINS
La Suède et l'Australie ont conclu un accord donnant à cette dernière un
droit élargi à l'utilisation de technologies suédoises dans le domaine des
sous-marins. Signé le 16 mai, à Stockholm, par les ministres de la Défense
des deux pays, cet accord rend possible une implication suédoise dans le futur
programme australien visant à doter le pays de sous-marins modernes (Project
SEA1000), pour remplacer ceux de classe Collins. En 1987, Canberra avait
acheté six submersibles de classe Collins, dessinés dans les chantiers suédois
Kockums et conçus pour les besoins propres de l'Australie. Le 3 mai, le
gouvernement australien a donné son feu vert à la construction dans le pays
de douze nouveaux sous-marins, de préférence à l'achat à l'étranger. Les
nouveaux sous-marins seront soit conçus ex nihilo, soit dans une version
modernisée de ceux de classe Collins. L'accord du 16 mai autorise d'ailleurs
une possible modernisation par la Suède de ces submersibles, censés — pour
les plus récents — rester opérationnels pendant encore deux décennies. Pour
Kockums, devenue en 2005 une filiale de ThyssenKrupp (sur le point d'être
rebaptisée ThyssenKrupp Marine Systems), cette entente entre gouvernements signifie de possibles contrats en Australie.
NOUVELLE CORVETTE POUR LA MARINE RUSSE
La nouvelle corvette “Boïkiï” (projet 20380) a été remise à la marine russe
par son constructeur de Saint-Pétersbourg, Severnaya Verf. Elle sera
affectée à la base navale de Baltiïsk. Il sʼagit du troisième exemplaire de ces
corvettes multirôles à être construit depuis 2006. Le haut niveau d'automatisation des Boïkiï permet de réduire lʼéquipage à 99 hommes. L'armement est
composé d'un canon de 100 mm, de deux canons antiaériens à six tubes de
30 mm, de missiles antinavires et de quatre lanceurs de torpilles de 330 mm.
Elle emporte un hélicoptère Ka-27PL. Jusqu'à vingt corvettes de ce type
pourraient être construites, notamment dans sa version modernisée (projet
20385). La mise en service de la “Boïkiï” coïncide avec la commémoration du
310e anniversaire de la flotte de la Baltique.
LANCE-ROQUETTES MULTIPLES ARGENTINS
Le “Grupo de Artilleria de Lanzadores Multiples 601 de l'armée de terre
argentine vient de prendre livraison de quatre lance-roquettes multiples
(LRM) LVC CP-30, conçus localement par CITEDEF et les établissements
Fabricaciones Militares. Ces derniers fourniront également seize autres LRM à
l'Ejercito. Les LVC CP-30 sont montés sur châssis 6X6 Iveco Trakker 420,
pouvant tirer des roquettes Pampero de 105 et de 127 mm.
➤ Modernisation de Fuchs
Le groupe allemand Rheinmetall
Defence a obtenu un contrat
de 36 millions d'euros pour
moderniser une nouvelle tranche
de blindés Fuchs/Fox de la
Bundeswehr, en les portant
au standard 1A8. Il s'agit de
25 engins supplémentaires sur
un total de 177 en cours de
modernisation. Ceux-ci seront
livrés en cinq configurations
différentes, notamment sept
engins avec des transmissions
HMR et équipés de systèmes
radios haute fréquence, cinq de
commandement et de contrôle
de tir pour les opérations
d'appui-feu tactique interarmées,
six de reconnaissance blindée
et trois de déminage et EOD
(Explosive Ordnance Disposal).
Doté d'une fiabilité accrue, d'un
niveau de protection renforcé,
tant contre le tir d'armes de petit
calibre que les mines et les IED,
le Fuchs/Fox 1A8 est utilisé en
Afghanistan. Rheinmetall a déjà
livré à la Bundeswehr 123 de
ces engins 6X6 modernisés.
Le programme devrait être
complété en 2016.
➤ Appel dʼoffres français
La DGA française a lancé un
appel dʼoffres pour la rénovation
et le MCO (maintien en condition
opérationnelle) des centres radio
sol/air de la marine nationale.
Ce programme portera sur
une dizaine de sites en France
métropolitaine. Le parc actuel
est constitué de matériels
TELERAD, dont certains équipements fonctionnent toujours
depuis les années… 1970. Une
rénovation qui sʼavère complexe,
car elle doit être réalisée sous
des contraintes fortes imposées
par la sécurité des vols et la
continuité du service, et ce avec
une longévité similaire au
système existant.
PAGE
6
Repères
TTU MONDE ARABE - N° 779 - 30 MAI 2013
Crash de lʼEuro Hawk : quelles conséquences ?
Il est encore difficile dʼévaluer lʼimportance des dégâts directs et
collatéraux causés par “lʼexplosion en vol” du programme allemand
Euro Hawk. Mais on peut, dʼores et déjà, prévoir quʼils seront considérables. Depuis que, il y a quinze jours, le ministère allemand de la Défense
a fait savoir quʼil abandonnait à mi-chemin un projet dʼachat de drones
HALE en version européanisée de type Global Hawk, pour un montant
global de 1,3 milliard dʼeuros, le monde politique allemand est en
effervescence et la pression ne cesse de monter sur le ministre Thomas de
Maizière. Comment est-il possible quʼen période de vaches maigres, les
experts du ministère et de la Luftwaffe se soient engagés dans un projet
aussi coûteux, sans sʼinquiéter des problèmes de certification de vol des
Euro Hawk dans lʼespace aérien européen ? Pourquoi les mises en garde
qui, selon le Frankfurter allgemeine Sonntagszeitung, auraient été lancées
dès 2004, soit bien avant la signature du contrat en 2007, nʼont-elles
jamais été entendues ? Enfin qui sont les responsables de ce désastre ?
Voilà les trois questions qui reviennent le plus fréquemment dans les
couloirs du Bundestag. Et les critiques viennent tout autant des députés de
lʼopposition que de la majorité. Le député écologiste Omid Nouripour,
porte-parole de son groupe pour les questions de défense, a ainsi demandé
un «moratoire immédiat pour toutes les dépenses concernant le programme». Son homologue social-démocrate Hans-Peter Bartels a, pour sa
part, élargi le questionnement au programme AGS de lʼOtan : «Que va-t-il
se passer avec les cinq autres Global Hawk qui doivent être achetés par
lʼOtan ? Est-ce que tous les problèmes ont été réglés à ce niveau ?»,
sʼinterroge-t-il. Ce questionnement est partagé par la spécialiste de la
question du parti libéral, la députée Elke Hoff, qui estime que «aussi au
niveau de lʼOtan, il faut cesser dʼinvestir lʼargent des contribuables dans un
système de drones», au moins tant que les problèmes de certification
nʼauront pas été réglés. Evidemment, les camarades conservateurs de
Thomas de Maizière se font plus discrets. Certains députés, tel le spécialiste conservateur du budget, Norbert Barthle, ont lancé une manœuvre
de diversion en rappelant que le projet Euro Hawk avait été imaginé sous
la tutelle dʼun ministre de la Défense social-démocrate. Mais lʼincompréhension et la colère ne dominent pas moins à gauche comme à droite. On
considère, en effet, que Thomas de Maizière, responsable en charge, avait
toutes les cartes en main pour arrêter plus tôt le désastre et quʼil ne lʼa pas
fait. Longtemps premier de la classe dʼAngela Merkel, le ministre vient,
sans nul doute, de perdre sa réputation dʼinfaillibilité. Va-t-il être, en outre,
obligé de quitter ses fonctions dans les semaines à venir ? Il est trop tôt
pour le dire. De Maizière sʼest, pour lʼinstant, ménagé un répit, en
annonçant quʼil produirait un rapport explicatif détaillé le 5 juin prochain,
rapport quʼil viendra présenter et défendre personnellement devant les
députés. La survie du ministre dépend donc de ses explications, mais
aussi de la nature des informations, qui risquent fort de «transpirer» dans
les médias allemands dʼici à cette date. Comme à son habitude en situation
de crise, Angela Merkel sʼest gardée dʼintervenir directement. Mais il est
clair quʼaprès le 5 juin, il lui sera difficile de conserver le silence, surtout si
les explications du ministre sont jugées insuffisantes. Quatre mois avant
les élections du 22 septembre, Mme Merkel, qui consacre tous ses efforts
actuels à convaincre les Allemands que leur argent est bien placé chez
elle, nʼavait en tout cas pas besoin dʼune telle affaire.
➤ Frégate russe à Oman
La frégate “Neustrachimyi” appartenant
à la Flotte russe de la Baltique est
arrivée le 21 mai au port Salalah d'Oman.
Les marins russes y ont fait le plein de
carburant, dʼeau potable et de vivres.
L'escale s'est prolongée jusqu'au
23 mai. La frégate est en mission de
lutte contre la piraterie dans la région
de la Corne d'Afrique. Elle embarque un
détachement de fusiliers marins pour
les missions de combat. Depuis mars,
lʼéquipage russe a interpellé sept individus suspectés de piraterie. A noter que
c'est le troisième séjour de ce bâtiment
au large de la Corne de lʼAfrique.
➤ Washington lève des sanctions
Le département d'Etat américain aurait
levé les sanctions contre la société
biélorusse Beltechexport. Les EtatsUnis avaient imposé ces sanctions en
juillet 2010, accusant Beltechexport
dʼexporter des armes et des technologies liées à la production d'armes
nucléaires, chimiques et biologiques
ainsi que des missiles balistiques à
l'Iran, la Syrie et la Corée du Nord.
Selon Beltechexport, des experts
internationaux, dont KPMG, ont réalisé
un audit du groupe et confirmer la
légalité de ses activités commerciales.
➤ Des spécialités très prisées
Le contingent lituanien en Afghanistan,
implanté dans la province de Ghôr,
dont la nouvelle rotation est arrivée
récemment sur place, possède une
équipe de sept spécialistes ukrainiens.
Ce sont des spécialités très prisées
sur le théâtre afghan : deux officiers
médecins, deux officiers et deux sousofficiers démineurs et un instructeur
cynophile avec son chien «Bond»,
spécialisé dans la recherche des
mines. La particularité de cette relève
est le prochain transfert de la mission
à l'armée afghane. Au mois de septembre, le contingent lituanien quitte la
province de Ghôr. D'après l'accord
conclu entre l'Ukraine et l'ISAF, l'équipe
de spécialistes ukrainiens rejoindra
le contingent italien à Herat.
TTU Monde Arabe - Lettre hebdomadaire d'informations stratégiques - Editée par la Sarl Certes au capital de 40 155 €
Siège social - 25, rue du Louvre - 75001 Paris - Tél : 01 40 26 03 03 - Fax : 01 40 26 18 59 - Email : [email protected] - www.ttu.fr
Directeur de publication : Guy Perrimond - Rédacteur en chef : Rashid Saeed Yagoub
Numéro de commission paritaire 1115 I 87459 - ISSN 1270 - 3478 - Imprimerie : Certes - © Certes 2013 - Reproduction interdite
Prix au numéro : 40 €- Abonnement annuel 44 numéros France : 1 060 € - Etranger 1 280 €
Toute reproduction totale ou partielle de TTU et sa mise à disposition gratuite ou payante sur Intranet ou sur Internet sans notre autorisation écrite constituent
une infraction à la loi nº 2004-204 du 9 mars 2004 sur les droits dʼauteur qui punit de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende les contrevenants.