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n e w s l e t t e r 9 - j u i n 2 0 0 9 Innovation Research Care Excellence Dans ce numéro Spécial Oncologie thoracique: première partie Cliniques universitaires Saint-Luc Av Hippocrate, 10 1200 Bruxelles Belgique Tel: 02/764.11.11 Fax: 02/764.37.03 www.saintluc.be www.centreducancer.be • les nouvelles technologies au service du diagnostic et du bilan préthérapeutique • les facteurs prédictifs de réponse au traitement Le dépistage du mélanome malin edito Prise en charge pluridisciplinaire en oncologie thoracique. Ce numéro de la News et le suivant sont consacrés à l’Oncologie thoracique. Nous remercions Philippe Collard qui a accepté de nous apporter sa précieuse collaboration en tant que rédacteur invité. Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer chez l’homme comme chez la femme avec plus de 1,2 million de morts par an dans le monde entier. En Belgique, son importance épidémiologique est bien reflétée par le nombre de nouveaux cas recensés en 2005: 1.540 chez les femmes et 5.268 chez les hommes. Michel SYMANN, rédacteur en chef et Philippe Collard rédacteur invité Problème paradoxal que les cancers bronchiques dont la cause, le tabac, est bien établie et qui pourraient être simplement évités, mais qui continuent à progresser. Les mesures de prévention apparaissent claires, mais elles sont difficiles à appliquer. La toxicomanie liée au tabac et les conditions du sevrage sont l’objet d’une nouvelle discipline médicale, la tabacologie dont la mise en œuvre aux Cliniques universitaires Saint-Luc est expliquée par Madame Yvette Vermeersch. La fréquence et la gravité des cancers bronchiques expliquent les nombreuses recherches faites en vue de le dépister. Que ce soient les analyses cytologiques des expectorations ou les examens radiographiques, à ce jour ces tentatives ont été infructueuses. La survie de ces malades cependant est d’autant meilleure que le diagnostic est précoce, ce qui justifie la poursuite des investigations en ce domaine comme nous l’explique Emmanuel Coche. Au sein des cancers bronchiques, deux principales entités sont distinguées: les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) qui représentent 85% des cas et les cancers bronchiques à petites cellules (CBPC). L’enjeu du bilan diagnostique et d’extension initial est dès lors de catégoriser la tumeur pulmonaire selon la classification TNM qui, avec le type histologique, conditionne l’opérabilité et le pronostic. C’est surtout la tomodensitométrie thoracoabdominale qui précise dimensions, limites et extension de la tumeur primitive et permet de révéler des foyers tumoraux secondaires. La tomographie par émission de positons (PET-scan) apporte des précisions locales supplémentaires, mais sert surtout à détecter des foyers secondaires à distance. L’apport supplémentaire du PET-scan couplé au CT-scan, aussi bien dans la stadification initiale préthérapeutique des CNPC que dans l’évaluation de la réponse à la chimiothérapie néo-adjuvante font l’objet de l’article de Max Lonneux. Editeur responsable: Marc Hamoir, Président du Centre du Cancer. Cliniques universitaires Saint-Luc, 10, av. Hippocrate 1200 Bruxelles Quand une exploration médiastinale apparaît nécessaire, se pose le choix des procédures d’investigation. T. Pieters, A. Poncelet et coll. nous expliquent les places respectives de l’écho-endoscopie, de la médiastinoscopie et de la thoracoscopie. Une révision de la classification TNM est en chantier depuis pas mal de temps. La 7e édition a dû être officialisée au mois de mai 2009. Philippe Collard en relate les grandes lignes et expose également les nouveaux critères RECIST d’évaluation de la réponse tumorale à la chimiothérapie cytotoxique. La prise en charge des CBNPC est pluridisciplinaire. A chaque stade de la maladie, l’intérêt respectif et la complémentarité de la chirurgie, de la chimiothérapie et de la radiothérapie sont discutés. Guérir sera l’objectif thérapeutique dans une minorité des cas, la chirurgie étant la seule arme capable de guérir ces cancers détectés assez tôt pour pouvoir bénéficier d’une exérèse complète. Exceptionnellement, la radiothérapie est à même de guérir un cancer limité chez un malade inopérable. Chirurgie et radiothérapie du CBNPC seront abordées dans la prochaine livraison de la News. Les traitements systémiques, qui visent à offrir aux malades que l’on ne peut guérir la survie la plus longue dans les meilleures conditions, ont beaucoup progressé ces dernières années grâce à de nouvelles associations de drogues cytotoxiques (principalement à base de dérivé du platine). Un progrès récent est la démonstration de l’effet bénéfique de chimiothérapie adjuvante à base de cisplatine dans des cas soigneusement sélectionnés. Ce sujet ainsi que les nouvelles molécules ciblées sont exposés par Filomena Mazzeo et Yves Humblet. Parmi les médicaments intelligents qui ont fait l’objet d’une revue dans la première parution de la News, citons particulièrement les inhibiteurs de l’activité tyrosine kinase du récepteur à l’Epidermal Growth Factor (EGF). Ceci nous donne l’occasion de célébrer le centième anniversaire de Rita LeviMontalcini, une des rares femmes nobelisées. Avec Stanley Cohen, elle identifia le Nerve Growth Factor (NGF) en 1957, ouvrant, ce faisant, le chapitre des recherches sur les facteurs de croissance. En 1972, ils isolent et caractérisent l’EGF et en 1978 son récepteur, ce qui leur vaut le prix Nobel en 1986. La toxicité des traitements cytotoxiques conventionnels et le prix des nouvelles thérapies moléculaires ciblées incitent à disposer de facteurs prédictifs de réponse au traitement afin de les Rédacteur en chef: Michel Symann Secrétariat: Myriam Goosse, [email protected], 02/764.54.31 Photos: © CAV des Cliniques / Hugues Depasse, D. R. réserver aux seuls patients qui en bénéficieront. Les niveaux d’expression de plusieurs gènes, à l’échelle de la protéine ou de l’ARN messager, se posent en candidats intéressants. L’article de Philippe Collard à ce sujet fait le point de la question. Enfin, en dehors de la thématique principale de ce numéro, le retour du soleil remet à l’ordre du jour le dépistage du mélanome, comme nous le rappelle Isabelle Tromme. sommaire Dans la prochaine parution de la News seront couverts les aspects chirurgicaux et radiothérapiques du traitement du CBNPC, le cancer bronchique à petites cellules, la prise en charge des pleurésies néoplasiques, les mésothéliomes et la chirurgie des métastases pulmonaires. Aide au sevrage tabagique Y. Vermeersch ................................................... 4 Dépistage du cancer bronchique par tomodensitométrie thoracique e. Coche ................................................................ 6 La tomographie par émission de positons (PET-scan) couplée au CT-scanner à rayons X (PET-CT) en oncologie thoracique M. lonneux ......................................................... 9 La stadification du cancer bronchique: place de l’échoendoscopie, de la médiastinoscopie et de la thoracoscopie t. Pieters............................................................ 12 Nouvelle classification TNM et nouveaux critères RECIST P. Collard .......................................................... 17 Les traitements systémiques des cancers bronchiques non à petites cellules (CNPC): Quoi de neuf ? F. Mazzeo .......................................................... 20 Facteurs prédictifs de réponse et de résistance dans le cancer non a petites cellules (CNPC) P. Collard ........................................................... 24 Dermoscopie et dermoscopie digitalisée: une aide précieuse dans le dépistage précoce du mélanome i. tromme ......................................................... 27 News .................................................................... 30 GUIDE DES CONSULTATIONS EXAMENS MéDICO-TECHNIQUES - HOSPITALISATION TumeurS puLmOnaireS eT ThOraciqueS Etage– Local • Chirurgie cardiovasculaire et thoracique Pr P. NOIRHOMME Dr A. PONCELET Clin-1 C1 02 764 61 07 Clin-1 C1 02 764 61 07 02 764 61 07 02 764 61 07 • Oncologie médicale Pr Y. HUMBLET Dr F. MAZZEO Clin-1 C9 02 764 19 92 Clin-1 C9 02 764 19 92 02 764 83 00 02 764 83 00 • Pneumologie Dr P. COLLARD Pr T. PIETERS Pr D. RODENSTEIN Clin-1 C1 02 764 18 12 Clin-1 H1 02 764 19 02 Clin-1 H1 02 764 19 02 02 764 28 32 02 764 28 32 02 764 28 32 • Radiothérapie oncologique Dr X. GEETS Clin-1 C9 02 764 19 92 • Coordination de soins en oncologie Mme J. BOUSATA Clin-2 Q8 02 764 28 02 • Coordination de recherche clinique médicale Mme J. HEYMANS Clin-2 Q8 02 764 28 02 TumeurS de La peau méLanOmeS Etage– Local • Chirurgie plastique Pr B. LENGELE Pr R. VANWIJCK Clin-1 C2 02 764 14 72 Clin-1 C2 02 764 14 72 • Dermatologie Dr I. TROMME Dr P. RICHEZ Clin-1 C2 02 764 14 72 Clin-1 C2 02 764 14 72 • Oncologie médicale Pr J.-F. BAURAIN Clin-1 C2 02 764 14 72 • Radiothérapie oncologique Pr P. SCALLIET Clin-1 C9 02 764 19 92 • Coordination de soins en oncologie Mme C. BERTRAND Mme A. GILLAIN Clin-1C2 02 764 54 85 02 764 54 85 • Coordination de recherche clinique académique Mme A. DUQUENNE Rendezvous ou accueil Rendezvous ou accueil 02 764 54 85 Résultats Résultats 02 764 83 00 Aide au sevrage tabagique YVETTE VERMEERSCH Carrefour Santé, Cliniques universitaires Saint-Luc [email protected] L’état des lieux du 3 mars 2009 du Plan National Cancer prévoit pour le 1er juillet de cette année l’entrée en vigueur du remboursement à tous les assurés sociaux de la consultation de tabacologie. Un forfait de 30 € pour la première consultation d’aide au sevrage et de 20 € pour les séances suivantes avec un maximum de 8 consultations sera octroyé. Cette première action du Plan Cancer démontre toute l’importance de la prise en charge du tabagisme dans la prévention du cancer. Les tabacologues sont donc en première ligne. Depuis 2001, une formation continuée interuniversitaire en tabacologie est organisée par le FARES (Fonds des Affections Respiratoires, service prévention tabac) avec l’UCL, l’ULB, l’ULG. L’enseignement proposé concerne le tabac et son usage et prépare des professionnels de la santé (tel que déterminé dans l’AR 78 de l’INAMI ), des psychologues et les étudiants des disciplines correspondantes à l’abord du fumeur. AlGOritHMe De Prise en CHArGe D’un PAtient HOsPitAlise Le patient fume-t-il habituellement? Non Oui Ne pas fumer à l’hôpital est souvent un problème. Le patient souhaite-t-il un soutien pour ne pas fumer à l’hôpital ou même profiter de son séjour pour arrêter de fumer? Rappeler l’interdiction de fumer à l’hôpital et proposer à nouveau un encadrement si nécessaire au cours du séjour Non Oui Préciser la dépendance tabagique et la demande Le patient souhaite un sevrage tabagique CAF 4 Le patient souhaite uniquement des substituts nicotiques Heureusement, les Cliniques universitaires Saint-Luc n’ont pas attendu la ministre pour aider les fumeurs et leur proposer un accompagnement. En effet, les Cliniques universitaires SaintLuc sont membres du réseau européen des hôpitaux sans tabac depuis 1993. Le réseau des hôpitaux sans tabac belge francophone est coordonné par le FARES. L’hôpital est à la fois un lieu de soins et une entreprise. La loi d’interdiction de fumer dans les lieux publics et dans les entreprises doit y être respectée. La loi ne prévoit aucune obligation de la part des hôpitaux et/ou des entreprises de mettre en place des actions dans ce domaine. Le remboursement de la consultation de tabacologie est donc un tremplin pour développer les prises en charge. Plusieurs soignants aux Cliniques universitaires Saint-Luc sont tabacologues et développent activement des initiatives. Le personnel infirmier reçoit dans le cadre de la formation permanente des formations pour sensibiliser le patient et lui proposer un accompagnement durant son hospitalisation voire même après si les motivations à l’arrêt sont présentes. Une brochure spécifique «Il est interdit de fumer dans l’hôpital» est remise au patient à l’inscription. Lors de l’anamnèse du patient par le personnel soignant, le statut de fumeur est identifié ainsi qu’une évaluation de la dépendance. Systématiquement, il est conseillé au patient d’arrêter de fumer. Un accompagnement et/ ou un soutien lui sont proposés durant son hospitalisation. En cas de refus, le patient sait qu’il peut aborder ce sujet tout au long de son séjour. Cette intervention est réalisée de façon empathique et sans antagonisme. L’hospitalisation est un bon moment pour motiver le patient à un sevrage. De nombreuses études démontrent qu’un simple conseil auprès du patient permet un arrêt par 50 patients conseillés. Si les conseils sont suivis d’un accompagnement, les résultats d’arrêt sont plus efficients avec un rapport coût/efficacité très intéressant. Aide au sevrage tabagique Parfois, un arrêt brutal du tabac est imposé dans certaines pathologies par le corps médical (surtout pour les patients à haut risque tel que les femmes enceintes, les BPCO, patients à haut risque cardiovasculaire). L’arrêt du tabac est également très vivement conseillé en péri opératoire même si celui-ci n’est que transitoire, car il diminue les complications postopératoires. Dans ces cas, le Docteur Godding, responsable du Centre d’Aide aux Fumeurs (CAF) peut être contactée pour optimaliser le sevrage tabagique avec un suivi posthospitalisation. La pharmacie des cliniques est à même de fournir des substituts nicotiniques pour pallier le syndrome du manque. Cette procédure n’est pas l’apanage exclusif des Cliniques universitaires Saint-Luc (consultable par tous les membres du personnel), elle est comparable aux recommandations de «Bonnes Pratiques» de la Société Scientifique de Médecine Générale. «Arrêter de fumer» peut-être téléchargé sur le site http://www.ssmg.be/new/files/RBP_ Tabac.pdf. En médecine générale, ces recommandations précisent que tous les fumeurs d’une patientèle doivent bénéficier d’un conseil d’arrêt et d’un accompagnement par le médecin. Le médecin généraliste doit être proactif et systématique. Les Cliniques universitaires Saint-Luc en tant qu’entreprise veillent également à mener des actions pour leurs membres du personnel dans le but de promouvoir leur santé. Un soignant fumeur n’a pas la même attitude qu’un soignant non fumeur avec le patient fumeur. C’est pourquoi une tabacologue responsable de la promotion de la santé propose aux employés des actions pour les aider. La médecine du travail collabore activement dans ce domaine et effectue régulièrement des enquêtes sur les habitudes tabagiques du personnel des Cliniques. Un espace dédié à la promotion de la santé , dans le hall des cliniques, le Carrefour Santé est accessible par tous (patients, membres du personnel, visiteurs) des brochures sur différents thèmes de santé dont le tabac, sont disponibles gratuitement. Ce n’est donc pas un hasard, si le remboursement des consultations d’aide au sevrage tabagique est en première position dans le Plan National Cancer. C’est une priorité en santé publique. Il est très important d’intégrer aux soins la gestion du tabagisme du patient, car il fait partie de sa vie. La multiplication des conseils d’arrêt par les professionnels de santé aidera le patient vers un changement de comportement et en finalité vers un sevrage tabagique qui lui permettra de retrouver une meilleure santé. Folder farde admission hopital sans tabac centre d’aide aux Fumeurs, Cliniques Universitaires Saint-Luc, 10 avenue Hippocrate, 1200 Bruxelles 02/764 1902 Tabacologues aux cliniques universitaires Saint-Luc Docteur Véronique Godding, pédiatre pneumologue responsable du CAF consultations pour le sevrage tabagique, interventions aux étages d’hospitalisation [email protected] jacques Dutrannois, psychologue au Centre de réadaptation cardiaque consultations des patients de réadaptation cardiaque [email protected] Yvette Vermeersch, coordinatrice interne des Hôpitaux sans tabac interventions aux étages d’hospitalisation, démarches pour les membres du personnel [email protected] Carrefour Santé sophie wrincq, accoucheuse à la maternité interventions en maternité et prochainement en consultations prénatales [email protected] 5 Dépistage du cancer bronchique par tomodensitométrie thoracique PROF. EMMANUEL COCHE Centre du Cancer. Groupe d’Oncologie Thoracique. Service de Radiologie. Cliniques universitaires Saint-Luc. [email protected] Figure 1 Homme de 53 ans, fumeur (73 années-paquet) inclus dans un programme de dépistage par CT scanner à faible dose Le cancer pulmonaire représente la première cause de décès par cancer dans le monde, avec presque un million de décès annuellement (1). La mortalité liée au cancer du poumon est en effet plus importante que celle liée aux trois autres cancers les plus fréquents réunis, à savoir le cancer colorectal, le cancer du sein et le cancer de la prostate. En 2008, il est prédit que le nombre de cancers pulmonaires aux Etats-Unis serait de 215 000 nouveaux cas avec environ 162 000 décès s’y rapportant (2). La survie liée à ce type de cancer ne s’améliore que lentement avec un taux de survie à 5 ans qui reste faible, aux alentours de 15-20% (tous stades confondus) (3-7). En revanche, la découverte d’un cancer pulmonaire à un stade précoce (stade IA) traité chirurgicalement s’accompagne d’une nette amélioration du taux de survie qui est de l’ordre de 80% à 5 ans. A. CT scanner thoracique initial réalisé en coupes de 2.5 mm d’épaisseur, 120 kV et 15 mAs (faible dose), sans injection intraveineuse de produit de contraste. Coupe passant par lobes supérieurs en fenêtre parenchymateuse. Présence d’une opacité en «verre dépoli» (flèche) qui avait été banalisée et non investiguée. B. CT scanner thoracique réalisé 12 mois après le CT initial en coupes de 2.5 mm d’épaisseur, 120 kV et 15 mas (faible dose), sans injection intraveineuse de produit de contraste. Coupe passant par lobes supérieurs en fenêtre parenchymateuse. Apparition d’une masse centrale (flèche) au voisinage de l’émergence de la bronche culminale C. CT scanner thoracique diagnostique réalisé immédiatement après le CT scanner de la figure 1B, à 120 kV et 200 mAs (dose normale), après injection intraveineuse de produit de contraste. Coupe passant par les lobes supérieurs en fenêtre médiastinale. Premières études, premières déceptions Démonstration d’une masse hypodense (flèche), nécrotique du lobe supérieur gauche. D. CT scanner abdominal diagnostique réalisé dans le décours du CT scanner thoracique de la figure 1C, à 120 kV et 200 mas (dose normale), après injection intraveineuse de produit de contraste. Coupe passant par les glandes surrénales. À partir des années 50, la radiographie thoracique, parfois couplée à l’analyse des expectorations, a été proposée comme méthode de dépistage précoce du cancer pulmonaire (8-14). Bien que ces études aient découvert un taux élevé de cancers pulmonaires résécables, il n’a pas été démontré que cela entraînait une réduction de la mortalité. Dès lors, la radiographie thoracique a été abandonnée comme moyen de dépistage du cancer pulmonaire. Mise en évidence d’une masse hypodense (flèche) suspecte de métastase. Des biopsies thoracique et surrénalienne ont été réalisées et ont montré la présence d’un adénocarcinome mal différencié du lobe supérieur gauche ainsi que des cellules de même type au niveau de la glande surrénale gauche. Le patient est décédé 12 mois après la découverte du cancer pulmonaire. Cette figure illustre la difficulté de dépistage par CT scanner de certains types de tumeurs pulmonaires. Dépistage de masse avec le CT scanner thoracique ? Plus récemment, à la fin des années 90, l’arrivée du CT scanner avec utilisation de 6 faibles doses d’irradiation a relancé l’intérêt pour la détection du cancer pulmonaire par imagerie. Plusieurs études (15-25) ont montré des résultats encourageants en ce qui concerne la détection précoce du cancer pulmonaire par CT scanner à faible dose. L’étude pilote ELCAP (Early lung cancer action project) (16) réalisée aux Etats-Unis par Henschke et col. avec inclusion de plus de 1000 sujets fumeurs âgés de plus de 60 ans, à risque de développer un cancer pulmonaire, a permis de détecter 27 cancers pulmonaires dont 23 étaient au stade I. Les auteurs ont conclu que l’utilisation du CT scanner à faible dose permettait de détecter le cancer pulmonaire à un stade précoce et ainsi d’augmenter les chances de guérison. D’autres études réalisées à travers le monde (17-27) ont montré par la suite que la grande majorité des cancers pulmonaires détectés par le CT à faible dose étaient au stade I. Les questions à l’étude Au cours du temps, la publication de nouvelles études concernant la détection précoce du cancer pulmonaire par CT scanner a soulevé de nombreuses questions et montré les limites de ce type de dépistage, entre autres la mauvaise détection des tumeurs centrales ou endobronchiques (28) (Figure 1). le taux élevé de nodules bénins découverts fortuitement au cours du dépistage à grande échelle a incité plusieurs équipes (29) à réfléchir sur le mode d’investigation optimal et de suivi des nodules pulmonaires de nature indéterminée. Les études utilisant le CT pour la détection précoce des cancers pulmonaires ont trouvé des nodules parenchymateux dans 23 à 74% des populations à risque (16, 26, 27) . Dans l’étude effectuée à la Mayo Dépistage du cancer bronchique par tomodensitométrie thoracique Références Clinic (27), environ 70% des sujets étudiés présentaient des nodules pulmonaires de nature indéterminée. Par contre, au cours de l’étude ELCAP (16), chez seulement 23% des sujets étudiés, des nodules non calcifiés au CT de base, nécessitant une évaluation complémentaire, étaient détectés. L’analyse récente des nodules mesurant moins de 5 millimètres détectés sur l’examen CT de base dans l’étude ELCAP (29) a démontré que les nodules non calcifiés mesurant moins de 5 millimètres de diamètre ne justifiaient pas de suivi immédiat, mais seulement un contrôle annuel par CT, ce qui réduit substantiellement le nombre de CT de contrôle à effectuer. Les logiciels utilisés pour évaluer la croissance des nodules au CT se sont développés et apparaissent actuellement performants pour l’évaluation du temps de doublement des nodules pulmonaires (30, 31). D’autres techniques non invasives telles que le PET-CT ont été évaluées et jugées performantes dans l’évaluation de ces nodules pulmonaires découverts dans les programmes de dépistage (22, 23). la dose d’irradiation délivrée par Ct scanners répétés représente également un problème important dans ce type de dépistage. La dose effective d’irradiation délivrée pendant l’examen CT de base à faible dose a été estimée à 0.65 mSv (32). Les études précédemment publiées ont suggéré des risques quant à l’irradiation délivrée, même avec un CT à faible dose (33). Il a également été rapporté une interaction synergique possible entre le risque du tabagisme et l’exposition aux rayons ionisants (33-37). Dans une analyse récente, Brenner (33) a suggéré que, si la moitié de la population à risque aux USA était examinée par CT à faible dose annuellement pendant 20-25 années, il y aurait 36.000 nouveaux cancers pulmonaires liés à l’excédent d’irradiation et une augmentation de 1,8% de ces cancers sur une période de 20 ans. La Commission internationale sur la radioprotection prévoit que les techniques d’exploration par CT utilisées en 2001 induiraient cinq cancers par 100.000 examens (38). les études de coût-efficacité basées sur des modèles mathématiques ne peuvent actuellement pas se prononcer sur le fait de savoir si ce type de dépistage par CT est (1) Parkin DM, Pisani P, Ferlay J. Global cancer statistics. CA Cancer J Clin 1999; 49:33-64, 1. (2) Jemal A, Siegel R; Ward E et al. Cancer statistics, 2008. CA Cancer J Clin 2008; 58:71-96. (3) Mountain CF. A new international staging system for lung cancer. Chest 1986; 89(4 Suppl):225S-233S. (4) Mountain CF. 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La question primordiale qui devra être résolue dans un futur proche, avant d’effectuer des programmes de dépistage par CT à grande échelle, réside dans l’évaluation de l’effet de ce dépistage sur la mortalité liée au cancer pulmonaire. Si le dépistage au CT est efficace, on devrait assister à une diminution de la mortalité liée au cancer pulmonaire. Une étude récente (39) a analysé les résultats d’un dépistage par CT à faible dose chez 31.567 sujets sur une période s’étendant de 1993 à 2005. Dans ce groupe, un cancer pulmonaire a été détecté chez 484 sujets dont 412 (85%) étaient au stade I. Le taux de survie à 10 ans des patients opérés était estimé à 88% et si la chirurgie était très précoce, dans le mois suivant le diagnostic, cette survie augmentait à 92%. Par contre, si le cancer pulmonaire découvert au stade I n’était pas opéré (n=8), tous les patients décédaient dans les 5 ans après le diagnostic. Une autre étude récente (40) confirme que le dépistage par CT à faible dose augmente le nombre de cancers détectés précocement et opérés, mais elle suggère qu’il n’y a pas de réduction correspondante des cancers pulmonaires à un stade avancé, ni de la mortalité liée au cancer pulmonaire par rapport à une série historique, ce qui met en doute la valeur du CT scan comme méthode de dépistage. Quelques études prospectives randomisées, comparant la mortalité liée au cancer du poumon dans un bras dépistage par CT et dans un bras contrôle sans dépistage, ont été mises en place au cours de ces dernières années. Actuellement, aux Etats-Unis (http://www.cancernet.nci. nih.gov/nlst), environ 50.000 fumeurs actifs ou anciens sont randomisés dans un programme de dépistage par CT à faible dose et par radiographie thoracique. L’étude devrait se terminer en 2009. Les Pays-Bas (Projet NELSON), en collaboration avec la Belgique et le Danemark, ont décidé d’inclure 24.000 sujets et la France («Depiscan») 21.000 sujets dans de tels projets. L’utilisation d’études prospectives randomisées devrait réduire les nombreux biais inhérents aux programmes de dépistage (biais de sélection, biais de surdiagnostic … ) 7 Dépistage du cancer bronchique par tomodensitométrie thoracique Conclusions La détection du cancer pulmonaire par CT à faible dose apparaît prometteuse. De nombreuses études ont montré que cette méthode de dépistage permettait de mettre en évidence de petits cancers débutants. Néanmoins, cette technique de détection soulève de nombreuses questions problématiques, sujettes à débat, notamment en ce qui concerne le nombre de nodules bénins découverts, l’irradiation engendrée par les examens CT de base et de contrôle, et surtout l’effet d’un tel dépistage sur la mortalité liée au cancer du poumon. La question du coût-efficacité de cette méthode ne se posera que si un gain en survie est documenté à l’avenir et dépendra de la définition des populations à risque à soumettre à un tel dépistage. Des études prospectives multicentriques et randomisées sont en cours et devraient normalement pouvoir répondre si ce type de dépistage est en mesure de réduire la mortalité par cancer du poumon, condition essentielle avant de l’organiser à grande échelle. PUB BR 8593 - 01/2009 (30) Revel MP, Bissery A, Bienvenu M, Aycard L, Lefort C, Frija G.Are two-dimensional CT measurements of small noncalcified pulmonary nodules reliable? Radiology 2004;231: 453-8 (31) Revel MP, Lefort C, Bissery A, Bienvenu M, Aycard L, Chatellier G, et al.Pulmonary nodules: preliminary experience with three-dimensional evaluation. Radiology 2004;231: 459-66 (32) Aberle DR, Gamsu G, Henschke CI, Naidich DP, Swensen SJ. A consensus statement of the Society of Thoracic Radiology: screening for lung cancer with helical computed tomography. J Thorac Imaging 2001; 16:65-8. (33) Brenner DJ. Radiation risks potentially associated with low-dose CT screening of adult smokers for lung cancer. Radiology 2004; 231:440-5. (34) Gilbert ES, Stovall M, Gospodarowicz M, Van Leeuwen FE, Andersson M, Glimelius B, et al. Lung cancer after treatment for Hodgkin’s disease: focus on radiation effects. Radiat Res 2003; 159:161-73. (35) Tokarskaya ZB, Scott BR, Zhuntova GV, Okladnikova ND, Belyaeva ZD, Khokhryakov VF, et al. Interaction of radiation and smoking in lung cancer induction among workers at the Mayak nuclear enterprise. Health Phys 2002; 83:833-46. (36) Neugut AI, Murray T, Santos J, Amols H, Hayes MK, Flannery JT, et al. Increased risk of lung cancer after breast cancer radiation therapy in cigarette smokers. Cancer 1994; 73:1615-20. (37) Pierce DA, Sharp GB, Mabuchi K. Joint effects of radiation and smoking on lung cancer risk among atomic bomb survivors. Radiat Res 2003; 159:51120. (38) Diederich S, Wormanns D, Heindel W. Low-dose CT: new tool for screening lung cancer? Eur Radiol 2001; 11:1916-24. (39) The International Early lung cancer action program investigators. Survival of patients with stage I lung cancer detected on CT screening. N Eng J Med 2006;355:1763-77. (40) Bach PB, Jett JR, Pastorino U, Tockman MS, Swensen S, Begg CB. Computed Tomography screening and lung cancer outcomes. JAMA 2007;297:953-61. La tomographie par émission de positons (PET-scan) couplée au CT-scanner à rayons X (PET-CT) en oncologie thoracique PROF. MAX LONNEUX Centre du Cancer. Groupe d’Oncologie Thoracique. Service de Médecine Nucléaire. Cliniques universitaires Saint-Luc. [email protected] La tomographie par émission de positons (PET-scan) couplée au CT-scanner à rayons X (PET-CT) est une technique d’imagerie médicale basée sur les modifications du métabolisme des cancers. Ainsi, le traceur fluorodéoxyglucose (FDG) est capté avidement par les cellules cancéreuses dont les besoins énergétiques sont plus élevés que les cellules normales. La cellule cancéreuse surexprime le transporteur membranaire pour le glucose, ainsi que l’enzyme hexokinase responsable de la phosphorylation du glucose, étape initiale à sa transformation métabolique menant à la production d’ATP. Le déoxyglucose marqué au fluor-18 suit le même chemin, à la différence notable qu’il reste bloqué en forme monophosphorylée à l’intérieur de la cellule tumorale, s’accumulant avec le temps. Les sites cancéreux apparaissent donc sur l’image comme «chauds», ou siège d’une hyperfixation par rapport aux tissus sains. Le PETCT permet d’obtenir des images «corps entier» et de détecter les tumeurs primaires, les sites métastatiques ganglionnaires, hépatiques, osseux, surrénaliens,.. classiques dans le cancer bronchique. La détection des métastases cérébrales est difficile parce que le cortex normal est lui aussi très avide en sucre, et masque les métastases. B Le cancer bronchique est l’indication d’imagerie par PET-CT corps entier la plus fréquente en Belgique. La technique est utile pour le diagnostic des nodules de nature indéterminée, pour autant que leur taille soit supérieure à 1 cm: en effet, en dessous de cette taille, il y a des risques de faux négatif à cause de la limite de résolution des caméras (de l’ordre de 7 mm) et du mouvement respiratoire qui «dilue» l’activité mesurée dans la lésion. Cet article passe en revue les principa- les indications du PET-CT au FDG dans le cancer bronchique, à savoir la stadification initiale de la maladie et l’évaluation de la réponse tumorale au traitement. Stadification initiale préthérapeutique L’imagerie métabolique corps entier (ou morpho-métabolique) est utilisée en routine et fait partie des guidelines pour le staging préthérapeutique du cancer bronchique non à petites cellules. L’apport de la technique est double: sur le plan ganglionnaire (stade N), meilleures sensibilité et spécificité que le CT-scanner seul pour la détection des métastases ganglionnaires médiastinales, avec des valeurs prédictives positives (VPP) et négatives (VPN) de l’ordre de 90%; sur le plan métastatique (stade M), meilleures sensibilité et spécificité que l’ensemble des techniques préalablement utilisées (CT abdominal, scintigraphie osseuse), sauf pour la détection des métastases cérébrales, raison pour laquelle une imagerie cérébrale dédiée est réalisée (CT ou mieux, IRM). Une imagerie typique corps entier est illustrée par la Figure 1. C A D Figure 1 A. image PET-FDG corps entier d’un patient avec cancer bronchique lobaire supérieur droit et métastases ganglionnaires bilatérales, pleurales, osseuses. B. C. D. Les vues axiales montrent les images de fusion PET-CT (les zones métaboliquement actives apparaissent en rouge) au niveau de la tumeur primaire, des métastases ganglionnaires médiastinales et d’une métastase osseuse vertébrale. Le staging médiastinal est primordial pour décider si un patient est opérable ou non. Les performances diagnostiques du CT-scanner sont limitées, le critère de positivité étant une taille supérieure à 10 mm. Or, un ganglion infracentimétrique peut très bien être envahi par la tumeur, tandis qu’une adénopathie supracentimétrique peut correspondre à un ganglion bénin ou inflammatoire: grâce à l’image métabolique fournie par le PET, nous pouvons évaluer plus correctement la nature 9 La tomographie par émission de positons (PET-scan) couplée au CT-scanner à rayons X (PET-CT) en oncologie thoracique A B Figure 2 Illustration de l’impact de l’imagerie métabolique sur la stadification ganglionnaire du cancer bronchique non à petites cellules. A gauche (A et B), image PET et PET-CT d’un patient avec tumeur maligne lobaire inférieure droite, avec foyers hypermétaboliques précarinaires droit et gauche, ce qui stadifie le patient comme N3, alors que le ganglion gauche a une taille de 9 mm (donc négatif sur base des critères CT). Le statut N3 a été démontré par ponction à l’aiguille fine. A droite (C et D), volumineuse adénopathie médiastinale supérieure gauche, apparaissant non métabolique: il s’agissait d’un ganglion réactionnel bénin. C des ganglions, quelle que soit leur taille (Figure 2). Grâce à l’imagerie métabolique, la classifi- cation des ganglions est donc plus robuste, mais il persiste un taux de faux positif et de faux négatif de l’ordre de 10%. Dès lors, le consensus actuel est d’obtenir une confirmation histologique pour tout ganglion médiastinal positif au PET-scan, par technique endoscopique (EUS, EBUS) ou médiastinoscopie, et ce, afin de ne pas refuser la chirurgie à un patient avec un ganglion médiastinal (N2) faussement positif au PET. Une confirmation histologique peut également être souhaitable en cas d’adénopathie manifeste au CT, mais non métabolique (risque de faux négatif au PET), mais ce cas de figure est moins fréquent. Sur le plan de la détection de métastases, la sensibilité du PET-CT corps entier est très élevée: les études montrent que le PET-scan détecte des métastases méconnues chez 11-30% des patients préalablement classifiés M0 par le staging conventionnel (CT abdominal, scintigraphie osseuse) (1,2). En ce qui concerne les métastases osseuses, le PETFDG est aussi sensible et beaucoup plus spécifique que la scintigraphie osseuse, raison pour laquelle cet examen a disparu de la mise au point, sauf si plainte osseuse spécifique. Références 1. Groth S, Whitson B, Maldaus M. Radiographic staging of mediastinal lymph nodes in non-small celle lung cancer. Thorac. Surg. Clin. 2008;18:349361. 2. Mac Manus M, Hicks R. The use of positron emission tomography (PET) in the staging/evaluation, treatment, and follow-up of patients with lung cancer: a critical review. Int. J. Radiat. Oncol. Biol. Phys. 2008;72:1298-1306. 3. Akhurst T, Downey R, Ginsberg M et al. An initial experience with FDG-PET in the imaging of residual disease after induction therapy for lung cancer. Ann. Thorac. Surg. 2002;73:259-264. Evaluation de la réponse à la chimiothérapie néo-adjuvante 4. De Leyn P, Stroobants S, De Wever W, Lerut T et al. Prospective comparative study of integrated positron emission tomography-computed tomography scan compared with remediastinoscopy in the aseesment of residual mediastinal lymph node disease after induction chemotherapy for mediastinoscopyproven stage IIIA/N2 Non-small-cell lung cancer: a Leuven Lung Cancer Group Study. J. Clin. Oncol. 2006;24:3333-3339. Les patients porteurs de tumeurs de stade IIIa-N2, c’est-à-dire avec adénopathies tumorales médiastinales homolatérales, sont traités par chimiothérapie néo-adjuvante suivie de chirurgie uniquement si les ganglions médiastinaux ont disparu (downstaging ganglionnaire vers un stade N0 ou N1). En cas de persistance d’un statut N2 après chimiothérapie, le traitement consiste en radio -(chimio) -thérapie. L’évaluation de la réponse tumorale à la chimiothérapie est un problème très délicat pour l’imagerie anatomique classique par CT, parce que les modifications de la taille tumorale prennent parfois beaucoup de temps, et qu’il est impossible de différencier au sein 5. Mac Manus P, Hicks R, Matthews J et al. Positron emission tomography is superior to computed tomography scanning for response-assessment after radical radiotherapy or chemoradiotherapy in patients with non-small-cell lung cancer. J. Clin. Oncol. 2003;21:1285-1292. 6. Eschmann S, Friedel G, Paulsen F et al. Repeat 18F-FDG PET for monitoring neoadjuvant chemotherapy in patients with stage III non-small cell lung cancer. Lung Cancer 2007;55:165-171. 7. Sunaga N, Oriuchi N, Kaira K et al. Usefulness of FDG-PET for early prediction of the response to gefinitib in non-small cell lung caner. Lung Cancer 2008;59: 203-210. 10 D d’une masse résiduelle, la composante tumorale de la composante de fibrose. La réponse métabolique est quant à elle très précoce et le PET-scan permet de distinguer la fibrose non métabolique de la tumeur résiduelle métaboliquement active. La valeur prédictive positive du PET-CT au FDG pour détecter une maladie résiduelle active au niveau de la tumeur primaire est de 98% (3), ce qui permet de détecter les non-répondeurs de manière efficace. En ce qui concerne les ganglions médiastinaux, les performances diagnostiques du PETCT restent clairement supérieures à celles du CT seul après chimiothérapie néo-adjuvante: dans une étude prospective avec gold standard histologique, l’équipe de la KUL a rapporté une VPP de 93% contre 66% pour le CT et une VPN de 75% contre 53% pour le CT (4). Il est à noter que la VPN du PET-CT est cependant plus faible qu’en prétraitement: ceci est dû au fait qu’une maladie ganglionnaire résiduelle microscopique peut ne pas être détectée (limite de résolution des systèmes). Intérêt de la prédiction précoce de la réponse à la chimiothérapie La réponse métabolique tumorale apporte également des informations pronostiques: meilleure la réponse, meilleur le pronostic du patient. Dans une étude portant sur 73 patients traités par radiothérapie ou radiochimiothérapie radicale, MacManus a observé une faible concordance entre CT et PET dans l’évaluation de la réponse, avec une tendance pour le CT à sous-estimer la réponse (problème de la masse résiduelle). En outre, la réponse métabolique prédit avec plus d’exactitude la survie du patient, par rapport à la réponse anatomique mesurée par CT (5) . La réponse métabolique étant rapide, nous pouvons à présent évaluer très précocement la réponse au traitement. L’intérêt est de pouvoir déterminer très tôt quel patient répond et quel patient ne répond pas, afin de proposer à ce dernier une alternative thérapeutique. Il a été rapporté qu’une chute du métabolisme de 60% La tomographie par émission de positons (PET-scan) couplée au CT-scanner à rayons X (PET-CT) en oncologie thoracique ou plus après 4 semaines de chimiothérapie d’induction (2 cures) était prédictive d’une survie prolongée (6). L’utilisation du PET-CT pour la mesure de la réponse métabolique des tumeurs est en nette progression. Le relevé de la base de données belge des centres PET montre en effet que cette indication a doublé en 2 ans, preuve que les cliniciens y ont de plus en plus recours notamment pour mesurer la réponse aux nouveaux agents thérapeutiques dits «biologiques» (agissant via le récepteur à l’EGFR et autres). On peut observer une réponse métabolique dès les premiers jours du traitement: dans une étude préliminaire, on a pu démontrer que les patients répondant au traitement par gefitinib présentaient une chute du métabolisme tumoral dès le 2e jour de traitement, alors que les tumeurs ne répondant pas gar- NEW daient un métabolisme inchangé (7). La Figure 3 illustre ce type d’application de l’imagerie métabolique. Conclusions L’imagerie corps entier par PET-CT au FDG est devenue un standard dans la prise en charge du cancer bronchique non à petites cellules. On l’utilise en routine clinique pour la stadification préthérapeutique des cancers, ainsi que pour l’évaluation de la réponse à la chimiothérapie néo-adjuvante. L’intérêt pronostique de la réponse métabolique est par ailleurs démontré, et la mesure très précoce de la réponse aux nouveaux agents thérapeutiques permet de classer le patient comme répondeur ou non répondeur, et d’adapter le traitement si besoin. A B Figure 3 A gauche (A), image corps entier PET-FDG d’une patiente avec cancer bronchique et métastases hépatiques, spléniques et osseuses. A droite (B), la même patiente 15 jours après le début d’un traitement par erlotinib (inhibiteur de tyrosine kinase). On note une réponse tumorale très marquée des métastases hépatiques et spléniques, et une réponse partielle des sites pulmonaires, ganglionnaires et osseux. Cet exemple illustre la capacité unique de l’imagerie métabolique à mesurer la réponse très précoce au traitement. Emballage de 28 cpr. P.P: 126,08 € Emballage de 84 cpr. P.P: 289,02 € 1. DENOMINATION DU MEDICAMENT: ARIMIDEX, comprimés pelliculés à 1 mg. 2. COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE: Chaque comprimé contient 1 mg d’anastrozole. Pour les excipients, voir rubrique Liste des excipients. 3. FORME PHARMACEUTIQUE: Comprimés pelliculés. 4. DONNÉES CLINIQUES: 4.1. Indications thérapeutiques: Traitement adjuvant du cancer mammaire précoce à récepteurs hormonaux positifs chez la femme ménopausée. Réduction du nombre de cas de cancer mammaire contralatéral chez les patientes ménopausées qui reçoivent ARIMIDEX comme traitement adjuvant d’un cancer mammaire précoce à récepteurs hormonaux positifs. Traitement adjuvant du cancer mammaire précoce à récepteurs hormonaux positifs chez la femme ménopausée ayant reçu un traitement adjuvant par tamoxifène pendant 2 à 3 ans. Traitement du cancer avancé du sein chez la femme ménopausée. 4.2. Posologie et mode d’administration: Femmes adultes (patientes âgées incluses): un comprimé à 1 mg une fois par jour. Enfants: ARIMIDEX n’est pas indiqué chez l’enfant. Insuffisance hépatique et rénale: aucune adaptation de la dose n’est recommandée (voir rubrique Mises en garde spéciales et précautions particulières d’emploi). 4.3. Contre-indications: Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. L’ARIMIDEX ne peut être administré pendant la grossesse ou la lactation. 4.4. Mises en garde spéciales et précautions particulières d’emploi: - L’utilisation d’ARIMIDEX n’est pas recommandée chez l’enfant, ni chez la femme pré-ménopausée étant donné que sa sécurité d’emploi et son efficacité n’ont pas été établies pour ces groupes de patientes. - ARIMIDEX n’a pas été étudié chez des patientes atteintes d’une insuffisance hépatique ou rénal sévère. Avant d’instaurer le traitement, il convient d’envisager attentivement le risque potentiel par rapport au bénéfice thérapeutique. - Vu qu’ARIMIDEX diminue les taux d’oestrogène circulant, il peut induire une diminution de la densité minérale osseuse ce qui peut entraîner un risque accru de fractures. - Les patientes qui présentent des problèmes héréditaires rares tels qu’intolérance au galactose, de déficience en Lapp lactase ou de malabsorption du glucose-galactose ne devraient pas prendre ce médicament. 4.5. Effets indésirables: Les effets indésirables sont habituellement légers à modérés. Dans quelques cas seulement, le traitement a dû être arrêté à cause des effets indésirables. Les effets indésirables suivants ont été observés [leur fréquence est évaluée comme suit: très fréquent (≥ 10%); fréquent (≥ 1% et < 10%); peu fréquent (≥ 0,1% et < 1%); très rare (< 0,01%): Affections vasculaires: Très fréquent: Bouffées de chaleur - Affections musculo-squelettiques et systémiques: Fréquent: Articulations douloureuses, raides - Affections des organes de reproduction et du sein Fréquent: Sécheresse vaginale; Peu fréquent: Saignements vaginaux* - Affections de la peau ou du tissu sous-cutané: Fréquent: Perte diffuse des cheveux, rash; Très rare: Erythème multiforme, syndrome de Stevens-Johnson, réactions allergiques y inclus angioedème, urticaire et anaphylaxie - Affections gastrointestinales: Fréquent: Nausées, diarrhées; Peu fréquent: Vomissements – Affections du système nerveux: Fréquent: Céphalées, syndrome du tunnel carpien**; Peu fréquent: Somnolence - Troubles du métabolisme et de la nutrition: Peu fréquent: Anorexie, hypercholestérolémie - Troubles généraux: Fréquent: Asthénie. * Dans des cas peu fréquents, des saignements vaginaux ont été observés, principalement chez les patientes atteintes d’un cancer mammaire avancé, pendant les premières semaines de traitement et après substitution par ARIMIDEX d’un traitement hormonal préexistant. Si la perte de sang persiste, une investigation plus poussée doit être envisagée. **Au cours d’études cliniques, on a rapporté plus de cas du syndrome du tunnel carpien chez les patientes traitées par ARIMIDEX par rapport aux patientes traitées par le tamoxifène. Cependant, la majorité des cas se sont manifestés chez les patientes présentant des facteurs de risque démontrables de cette affection. On a peu fréquemment rapporté une augmentation des gamma-GT et des phosphatases alcalines (≥ 0,1% et < 1%). Aucune relation de cause à effet n’a été démontrée pour ces modifications. Dans une grande étude de phase III portant sur 9.366 femmes ménopausées avec cancer mammaire opérable traitées pendant 5 ans, on a rapporté plus fréquemment des incidents cardiovasculaires ischémiques chez des patientes traitées par ARIMIDEX par rapport au tamoxifène, bien que la différence ne soit pas statistiquement significative. La différence observée était principalement attribuable à un plus grand nombre de cas rapportés d’angine de poitrine, et était associée à un sous-groupe de patientes avec une affection cardiaque ischémique préexistante. 5. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE: NV AstraZeneca SA – Rue Egide Van Ophem - B-1180 Bruxelles. 6. NUMERO D’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE: 624 S 299 F3. 7. STATUT LEGAL DE DELIVRANCE: Sur prescription médicale. 8. DATE DE DERNIERE MISE A JOUR/APPROBATION DE LA NOTICE: A. Date de dernière mise à jour du RCP: septembre 2006. B. Date de l’approbation du RCP: juin 2008. * compared to tamoxifen (Lancet Oncol 2008; 9: 45-53) Arimidex from Day 1 ® A 1st choice for superior* efficacy …years that matter Nom. Sig ref: 362/02-09 PUB La stadification du cancer bronchique: place de l’échoendoscopie, de la médiastinoscopie et de la thoracoscopie PROF THIERRY PIETERS1, DR ALAIN PONCELET2, DR VALéRIE LACROIX2, PROF BIRGIT WEYNAND3 ET PROF D RODENSTEIN1 Centre du Cancer. Groupe d’Oncologie Thoracique. Services de Pneumologie1, de Chirurgie Cardiovasculaire et Thoracique2 et d’Anatomie Pathologique3. Cliniques universitaires Saint-Luc. [email protected] Tableau 1: Stadification TNM du cancer bronchique et survie à 5 ans STADE TNM 0 Carcinome in situ Ia T1N0M0 61 Ib T2N0M0 38 IIa T1N1M0 37 IIb T2N1M0 T3N0M0 24 Techniques de stadification IIIa T3N1M0 T1N2M0, T2N2M0, T3N2M0 13 IIIb T4N0M0, T4N1M0, T4N2M0 T1N3M0, T2N3M0, T3N3M0, T4N3M0 5 IV TxNxM1 <1 On peut distinguer trois types d’outil: les techniques non invasives, les techniques peu invasives et les techniques invasives (Tableau 2). Pour le médiastin, l’imagerie constitue le premier volet avec les CT Scan thoracique et le PET ou le PET-CT scan du corps entier. A défaut de donner une certitude quant à la nature des lésions, elle permet de définir les zones devant faire l’objet d’une approche plus précise. Le CT scan a une capacité limitée pour affirmer ou infirmer qu’une adénopathie médiastinale est le siège d’un envahissement métastatique. La sensibilité (c.-à-d. la faculté à mettre en évidence le maximum de cas positifs et de limiter les faux négatifs) et la spécificité (c.-à-d. la capacité à montrer le maximum de vrais diagnostics et limiter les faux positifs) ne sont que de 51% et 85% respectivement (2). Le PET fait mieux en sensibilité avec 74%, la spécificité étant la même. Cela signifie qu’en cas de positivité au PET, la nature du ganglion devra être précisée car le risque de se tromper sur la présence de cellules néoplasiques en son sein est de 15% . En rouge, stade où la chirurgie garde son indication curative % Survie à 5 ans ter des interventions inutiles par une mise au point du médiastin aussi affinée que possible. On estimait encore jusqu’à il y a peu que 10% des interventions chirurgicales étaient des open and to. Si on ajoute à ce chiffre les 25 à 35% de cas de récidives postopératoires précoces, cela faisait 45% d’interventions inopportunes (1). De la nécessité d’une bonne stadification Le diagnostic pathologique des lésions intrathoraciques et la stadification médiastinale des patients atteints de cancers non à petites cellules (CNPC) constituent LE défi de la mise au point de ces cancers car cela va avoir un impact immédiat sur le traitement et le pronostic. A ce jour, la stadification TNM est le principal facteur pronostic de ces cancers (Tableau 1). La chirurgie a une place première dans le traitement des stades Ia, Ib, IIa, IIb et certains stades IIIa où la tumeur envahit la paroi thoracique et s’il n’y a pas d’adénopathie médiastinale. Pour les stades plus avancés, la chimiothérapie seule ou combinée à la radiothérapie et les thérapies ciblées sont les traitements de choix. Si la chirurgie constitue la meilleure garantie d’un traitement à visée curative, il convient d’évi- Tableau 2: Techniques disponibles pour la stadification de cancer bronchique Non invasives Peu Invasives Invasives Cytologie des expectorations Bronchoscopie Médiastinoscopie Ct scan thoracique, abdominal et cérébral Ponction transthoracique Procédure de Chamberlain Ponction transbronchique à l’aveugle Médiastinoscopie étendue au cou Ponction sous EUS Thoracoscopie vidéo-assistée PET scan et PET-Ct scan Ponction sous EBUS 12 Apport des techniques peu invasives Jusqu’à il y a une dizaine d’années, seules les techniques chirurgicales permettaient d’explorer le médiastin. Récemment, deux outils permettent d’éviter l’écueil chirurgical par une mise au point endoscopique ambulatoire sans anesthésie générale. Le premier, l’échoendoscopie par voie oesophagienne (EUS pour Esophageal UltraSonography) est apparue au sein des Cliniques universitaires Saint-Luc en 1986. Il a fait l’objet d’une présentation dans la Newsletter d’octobre 2008 (pp 8-12). Il a fallu dix ans de recherche et développement pour qu’un outil adapté La stadification du cancer bronchique: place de l’échoendoscopie, de la médiastinoscopie et de la thoracoscopie 1 aux voies aériennes arrive en pneumologie. L’échoendoscopie bronchique (EBUS pour EndoBronchial UltraSonography) est opérationnelle depuis exactement 3 ans dans notre institution (Figure 1). Elle permet de localiser par échographie endobronchique les adénopathies suspectes et de les ponctionner sous contrôle visuel (Figure 2). Des ganglions de quelques mm peuvent ainsi être visés sans difficultés majeures dans un environnement médiastinal riche en vaisseaux sanguins. La distinction entre ces diverses structures est rendue aisée avec l’application de l’échodoppler (Figure 3). Les contre-indications de l’EBUS sont les mêmes que celles des endoscopies bronchiques habituelles. Plus de 300 patients ont pu bénéficier de cette technique, la majorité dans le cadre d’un cancer, soit 80%. Aucune complication n’a eu lieu jusqu’à présent. Le matériel obtenu est cytologique. Le matériel est placé dans un tube contenant un fixateur. Au départ de ce tube sera préparée une première lame par cytocentrifugation permettant une analyse rapide et un premier diagnostic. Le reste du matériel sera enrobé en paraffine comme une biopsie pour permettre des investigations complémentaires comme des colorations spéciales, des examens immunohistochimiques ou encore certaines analyses en biologie moléculaire. On pourra ainsi donner un diagnostic précis non seulement de CNPC mais aller plus loin et les subdiviser en adénocarcinome, carcinome épidermoïde ou carcinome à grandes cellules (Figure 4.). La reproductibilité interobservateur de ces analyses est bonne à excellente, comme récemment montré dans un article par Skov (3). Les auteurs concluent que l’apprentissage suit une courbe à ascension rapide, mais ces prélèvements doivent néanmoins être lus par des cytopathologis- 2 3 Figure 1 Comparaison entre l’EUS, au-dessus, et l’EBUS, en dessous (diamètre respectif 11.8 et 6.2 mm). Figure 2 Simulation d’une ponction par EBUS d’un ganglion en position 4L avec appoint du doppler pour mettre les vaisseaux en évidence (Olympus Belgium®). Figure 3 Exemple de ponction ganglionnaire avec le contrôle visuel de l’aiguille et de la présence d’un vaisseau à 3 cm de la surface bronchique. tes expérimentés. La sensibilité de l’EBUS atteint comme celle de l’EUS des valeurs très intéressantes de 84 à 90% tandis que la spécificité est de 100% (4,5). Dans notre série de patients, la sensibilité est de 95% en cas de pathologie maligne. Globalement, si l’on regarde les données de la littérature, les techniques d’échoendoscopie permettent de réduire le recours à la médiastinoscopie dans 70% des cas. Cependant, lorsqu’une ponction échoguidée est négative, il y a entre 10 et 16% de chance de se tromper quant à l’absence de cellules néoplasiques au sein du ganglion. C’est la valeur prédictive négative. Nous considérons que ce chiffre reste trop élevé pour adresser le patient au chirurgien pour thoracotomie. Une médiastinoscopie sera alors réalisée. Figure 4 Carcinome peu différencié (matériel cytologique enrobé en paraffine, EBUS) caractérisé par le profil immunohistochimique suivant: marquage nucléaire par p63, marquage cytoplasmique par la 34E12 (CK50), alors que TTF1 et CK7 ne sont pas exprimés. Ce profil immunohistochimique est caractéristique d’un carcinome épidermoïde. 13 La stadification du cancer bronchique: place de l’échoendoscopie, de la médiastinoscopie et de la thoracoscopie Tableau 3: Définition des patients atteints de CNPC nécessitant une investigation du médiastin Groupe Description Définition A Infiltration médiastinale Des petits ganglions ne peuvent être distingués ou mesurés; l’E(B)US sert à poser un diagnostic de malignité évidence pauvre; le bénéfice dépasse le risque; recommandation 1C B Ganglion médiastinal (N2) augmenté Petit diamètre ≥ 1 cm; la confirmation par E(B)US de l’atteinte ganglionnaire s’impose quelque soit l’activité au PET Si N2 < 1 cm mais PET positif, E(B)US également nécessaire évidence modérée; le bénéfice dépasse le risque; recommandation 1B C Tumeur centrale ou ganglion hilaire (N1) N2 < 1 cm E(B)US recommandé évidence modérée; le bénéfice équivaut au risque; recommandation 2B D Tumeur périphérique stade 1 Pas de N1 ni N2; PET négatif; pas d’E(B)US Bonne évidence; large bénéfice; recommandation 1A Le positionnement de l’EUS et EBUS dans le diagnostic et la stadification du cancer bronchique a été récemment défini par un groupe de travail de la Société Belge de Pneumologie (Tableau 3). Figure 5 Les cibles ganglionnaires médiastinales de l’EUS, l’EBUS et la médiastinoscopie. Niveau d’évidence Les techniques de stadification du médiastin sont complémentaires ! Les différentes techniques endoscopiques et la médiastinoscopie ne sont pas en opposition, que du contraire, elles sont complémentaires. Cela tient au fait qu’elles ne peuvent atteindre les mêmes territoires ganglionnaires. Comme le montre la figure 5, l’EUS de par la localisation de l’œsophage permettra d’approcher les adénopathies centrales et gauches mais pourra aussi s’intéresser à certaines localisations métastatiques sous-diaphragmatiques comme la surrénale gauche. L’EBUS atteindra les territoires médiastinaux centraux, droits et gauches mais aussi les adénopathies hilaires bilatérales. La médiastinoscopie complète les deux techniques endoscopiques lorsque la ponction par E(B)US est négative tandis que la médiastinotomie antérieure (ou procédure de Chamberlain) ou la thoracoscopie assistée par vidéo pourra rencontrer les ganglions paraaortiques gauches. Quelles sont les techniques invasives ou chirurgicales ? La médiastinoscopie La médiastinoscopie est l’exploration du médiastin (région anatomique entre les 2 poumons) par un endoscope. L’examen consiste à introduire l’endoscope par une incision d’environ 3 cm faite à la base du cou (Figure 6). Le but de la médiastinoscopie est de prélever des ganglions lymphatiques pour permettre 14 La stadification du cancer bronchique: place de l’échoendoscopie, de la médiastinoscopie et de la thoracoscopie Figure 6 Médiastinoscopie. leur analyse par un anatomopathologiste, ce qui permet de faire un diagnostic ou de faire le bilan d’extension d’une tumeur. Dans le cas des tumeurs centrales, il permet d’établir avec certitude l’absence d’envahissement de la trachée et/ou des bronches souches (6). La société européenne de chirurgie thoracique a récemment établi (7) le rôle de cette dernière dans la stadification ganglionnaire médiastinale du cancer bronchique selon que le patient bénéficie d’un environnement d’imagerie et technologique de pointe ou non (Figure 7). Depuis près de 10 ans, nous adhérons au schéma proposé et ce étant donné la haute valeur prédictive négative (92%) chez les patients étudiés dans notre institution (8). La médiastinotomie antérieure (de Chamberlain) accède, via le 2ème ou le 3ème espace intercostal antérieur, aux ganglions des stations 5 et 6. La thoracoscopie C’est au début des années 90’, avec les avancées technologiques et la volonté de proposer aux patients des approches moins agressives, que la thoracoscopie a repris un nouvel essor. Actuellement, cette dernière représente une option valide dans de nombreuses situations oncologiques, dans le cadre de la stadification et du traitement. La thoracoscopie consiste à explorer la cavité thoracique au moyen d’une caméra optique digitalisée et d’un moniteur, et d’y réaliser des manoeuvres diagnostiques ou thérapeutiques par d’autres courtes incisions additionnelles. Dans le cadre de la stadification du cancer pulmonaire, on lui reconnaît trois indications: • Le diagnostic d’un nodule de nature indéterminée, qui ne fait pas l’objet de ce chapitre, mais dont le rôle est remis à l’ordre du jour avec l’avènement des CT-scan à hautes résolutions (9). •La stadification ganglionnaire médiastinale des stations paraoesophagiennes (station 8), du ligament pulmonaire (station 9), ainsi que les stations para- et préaortiques (station 5 et 6, respectivement). Une partie de ces stations sont difficilement accessibles par les modalités peu invasives décrites ci-dessus. Bien que la combinaison d’une médiastinos- copie et d’une médiastinotomie antérieure autorise l’accès à l’ensemble des stations ganglionnaires de 1 à 7, les adénopathies des stations 8 et 9 restent inexplorée par ces deux voies combinées. La thoracoscopie vidéoassistée autorise en un seul geste l’exploration de l’ensemble des stations 5 à 9 (10). Figure 7 CT or PET or PET-CT Negative (NO) (a) (b) a: dans les tumeurs centrales, les tumeurs avec grosses adénopathies et/ou PET N1+, la stadification reste nécessaire. b: si la technologie PET n’est pas disponible, la stadification est indiquée sauf s’il s’agit d’un carcinome épidermoïde T1N0. c: les techniques endoscopiques peu invasives peuvent être le premier choix. Positive (N2-N3) Tissue confirmation c Mediastinoscopy Negative Surgical treatment EBUS/EEUS (FNA) d Negative Positive Positive Multimodality treatment d: en raison de haute valeur prédictive négative, la médiastinoscopie reste nécessaire. Références • La recherche d’épanchement pleural tumoral. Sachant que 40% des épanchements pleuraux synchrones à une lésion suspecte ou prouvée de cancer bronchique sont métastatiques. L’utilisation de la chirurgie vidéoassistée permet incontestablement d’obtenir d’excellents résultats en terme de sensibilité , cette dernière approchant 95% dans des études anciennes et qui se compare favorablement aux techniques moins invasives, mais également moins sensibles, telles la ponction/cytologie (sensibilité de 60%) ou la biopsie à l’aiguille (11). 1. Vilmann P, Larsen SS. Endoscopic ultrasound-guided biopsy in the chest: little to lose, much to gain. Eur Respir J 2005; 25: 400-401. 2. Silvestri G et al. Noninvasive staging of non-small cell lung cancer. Chest 2007; 132: 178S-201S. 3. Skov BG et al. Cytopathologic diagnoses of fine-needle aspirations from endoscopic ultrasound of the mediastinum: reproductibility of the diagnosis and representativeness of aspirates from lymph nodes. Cancer 2007; 111: 234-41. 4. Detterbeck C et al. Invasive mediastinal staging of lung cancer. Chest 2007; 132: 202S-220S. 5. Rintoul R et al. EBUS-TBNA for the clarification of PET positive intra-thoracic lymph nodes: an international multicentre experience. J Thorac Oncol 2009; 4: 44-48. 6. Detterbeck F. et al. Invasive staging of non-small cell lung cancer. Chest 2007; 132: 202S-220S 7. De Leyn P, Lardinois D, Van Schil PE, Rami-Porta R, Passlick B, Zielinski M, Waller DA, Lerut T, Weder W. ESTS guidelines for preoperative lymph node staging for nonsmall cell lung cancer. Eur J Cardiothorac Surg. 2007 Jul;32(1):1-8 8. A.J. Poncelet, M. Lonneux, E. Coche, B. Weynand, and Ph. Noirhomme PET-FDG scan enhances but does not replace preoperative surgical staging in non-small cell lung carcinoma. Eur. J. Cardiothorac. Surg., Sep 2001; 20: 468 – 475. 9. Winer-Muram HT. The solitary pulmonary nodule. Radiology 2006;239:34–49 10. Landreneau RJ, Hazelrigg SR, Mack MJ et al. Thoracoscopic mediastinal lymph node sampling: Useful for mediastinal lymph node stations inaccessible by cervical mediastinoscopy. J Thorac Cardiovasc Surg 1993;106:554–558 11. Boutin C, Viallat JR, Cargnino P et al. Thoracoscopy in malignant pleural effusions. Am Rev Respir Dis 1981;124:588–592 Conclusions Comme on a pu le lire, la stadification du cancer bronchique est capitale car elle va déterminer le choix thérapeutique initial. Plusieurs méthodes sont envisageables, les unes moins invasives et aussi moins coûteuses que les autres. Il va sans dire que le choix de l’une ou l’autre technique se base sur l’expérience des prestataires de soins et du choix offert. L’importance d’une approche multidisciplinaire est une nouvelle fois implicitement soulignée. 15 Nouveau VisiteZ nOtre site weB: http://www.centreducancer.be POUR LES MEDECINS: • • • • • • • Une présentation de nos activités de recherche La possibilité d’obtenir la liste des protocoles de recherche ouverts dans notre Centre La présentation de nos experts, leurs coordonnées et leurs publications La présentation des groupes multidisciplinaires L’agenda des réunions scientifiques et autres activités Les newsletters on-line avec la possibilité de les recevoir par e-mail Les postes de formation spécialisée ouverts (fellowship) POUR LES PATIENTS: • • • • • Toutes les informations pratiques Une présentation des différents types de tumeurs et leur mode de prise en charge La présentation des services offerts aux patients et à leurs proches Des fiches explicatives des différents examens L’agenda des différentes activités organisées pour les patients et leurs familles PUB Nouvelle classification TNM et nouveaux critères RECIST DR PHILIPPE COLLARD Centre du Cancer. Groupe d’Oncologie Thoracique. Services de Pneumologie. Cliniques universitaires Saint-Luc. [email protected] La médecine basée sur l’évidence continue à se développer, ce qui est illustré par la révision récente de deux grands classiques en oncologie, la classification TNM des tumeurs bronchiques et les critères de réponse au traitement antitumoral. Descriptors, Proposed t and M Categories, and Proposed stage Groupings Nouvelle classification TNM du cancer bronchique Le cancer non à petites cellules (CNPC) représente environ 85% de tous les cas de cancers pulmonaires. Le stade de la maladie détermine de façon essentielle son traitement et son pronostic. La chirurgie est le traitement de choix de la maladie localisée, parfois suivie de chimiothérapie adjuvante. Un traitement multimodal s’applique à la maladie localement avancée, ce qui implique la chimiothérapie et la radiothérapie thoracique. Enfin, la chimiothérapie est le traitement de la maladie métastatique. La classification TNM est utilisée pour déterminer le stade de la maladie. A chaque stade correspondent une stratégie thérapeutique et un pronostic vital. La 7e édition du TNM devrait être approuvée définitivement par les organismes régulateurs (l’Union Internationale Contre le Cancer et l’American Joint Committee on Cancer) en mai 2009. Par rapport à la 6e version établie par une équipe de chirurgiens sous l’égide de Clifton Mountain et basée sur les données déjà anciennes (> 20 ans) d’environ 5.000 patients d’un seul hôpital, la version révisée a fait l’objet d’une approche multicentrique avec une vaste validation à l’aide d’une base de données internationale regroupant plus de 80.000 cas de cancers bronchiques pris en charge de façon moderne, sous la houlette d’un groupe multidisciplinaire animé par Peter Goldstraw du Royal Brompton Hospital (IASLC Staging Project). Cette base de données a permis de dégager de nouvelles valeurs pronostiques en fonction de la taille de la tumeur primitive; la signification de la présence d’autres nodules pulmonaires a été précisée selon leur localisation. En présence d’un épanchement pleural malin, le traitement était déjà identique à celui de la maladie métastatique alors que la classification était celle Figure 1 Descriptifs TNM d’un stade localement avancé (IIIB); cette anomalie est corrigée. Proposed stage Groupings Modifications du descriptif t (t pour tumour) La tumeur primitive est classifiée selon sa taille. La présence d’un autre nodule dans le même lobe est désormais classifiée T3 (au lieu de T4 auparavant). La présence de nodule(s) dans un autre lobe ipsilatéral est désormais classifiée T4 (au lieu de M1). Figure 2 Stades TNM Descriptif n (n pour node) La validité de la classification actuelle (N0 à N3) est confirmée. Aucune modification n’est introduite. Modifications du descriptif M (M pour Metastasis) La présence de nodule(s) dans le poumon controlatéral est désormais classifiée M1a. La présence d’un épanchement pleural malin est également classifiée M1a (au lieu de T4 auparavant). La présence de métastases à distance est dénommée M1b. Les descriptifs TNM (Figure 1) ont été combinés en sous-groupes (stades TNM: Figure 2) en fonction de leur pronostic (Figure 3) et pour guider le choix thérapeutique. 17 Nouvelle classification TNM et nouveaux critères RECIST chimiothérapie seule). La classification TNM peut être appliquée également aux tumeurs carcinoïdes broncho-pulmonaires. Une nouvelle cartographie des adénopathies médiastinales a fait l’objet d’un consensus (Figure 4). D’autres facteurs à valeur pronostique ont été confirmés: niveau d’activité métabolique au FDG-PET scan initial, indice de performance ECOG, âge, sexe, paramètres sanguins (calcémie, albuminémie, leucocytose…), marqueurs biologiques. Figure 3 Données de survie pour les différents stades cTNM (survie médiane, survie à 5 ans) La distinction entre classifications cTNM et pTNM persiste, selon qu’elles sont basées sur un bilan d’extension clinique (y compris le FDG-PET scan) ou pathologique (chirurgical). D’autres recommandations ont été faites à l’occasion de cette révision. Le rôle de la classification TNM a été confirmé pour le cancer à petites cellules qui est classiquement scindé en maladie limitée (traitée par chimioradiothérapie) ou maladie étendue (traitée par Figure 4 Cartographie des adénopathies médiastinales Le travail collaboratif se poursuit désormais avec la mise en place d’une base de données alimentée sur le WEB, avec comme objectifs de préciser les éléments descriptifs «non prouvés» et de parvenir à une 8e édition simplifiée. Les publications en rapport avec la nouvelle classification sont accessibles sans souscription sur le site du Journal of Thoracic Oncology (www.jto.org). Nouveaux critères RECIST Dans de nombreux cas, le CNPC est métastatique au moment du diagnostic de sorte qu’un traitement à effet systémique est prescrit, classiquement la chimiothérapie, avec comme objectifs principaux de prolonger la survie et d’améliorer la qualité de vie. étant donné les effets secondaires et le coût de la chimiothérapie et/ou d’autres traitements dits «biologiques ou ciblés», il est essentiel de déterminer précocement et précisément si ce traitement est efficace. La simple évaluation subjective n’est pas assez fiable. Classiquement, la réponse tumorale est établie en comparant la taille des lésions avant et après 2 cycles de chimiothérapie. En cas de réponse ou de maladie stable, il est usuel d’administrer au total 4 à 6 cycles d’un doublet associant un sel de platine à un autre agent de chimiothérapie. Cette évaluation de la réponse tumorale repose sur les critères RECIST (un acronyme pour Response Evaluation Criteria In Solid Tumours) qui ont été révisés en janvier 2009. En 2000, la première édition de RECIST faisant appel à une mesure unidirectionnelle (grand diamètre) avait remplacé les anciens 18 Nouvelle classification TNM et nouveaux critères RECIST critères de l’OMS/WHO datant de 1981 qui étaient basés sur une mesure bidimensionnelle de la tumeur (2 diamètres perpendiculaires) (Figure 5). La nouvelle version de RECIST résulte de l’analyse des données de plus de 6.500 patients inclus dans des études de recherche clinique. Les changements apportés lors de la présente révision sont relativement mineurs de sorte que l’intitulé RECIST version 1.1 a été retenu. Désormais le nombre de lésions cibles est limité à 5 (au lieu de 10 ) et 2 par organe au maximum, à choisir parmi les lésions mesurables. A l’exception des adénopathies, leur plus grand diamètre doit être de minimum 10 mm au CT scan. La mesure des adénopathies a été modifiée, en se conformant à l’usage en radiologie, à savoir la mesure de leur petit axe. Une adénopathie dont le petit axe est ≥15 mm peut constituer une lésion cible. Si sa taille régresse sous 10 mm, le ganglion est considéré comme normal et il ne doit plus être pris en compte dans la somme des diamètres des lésions cibles. Les autres lésions néoplasiques identifiées sont répertoriées comme «non-cibles». Elles ne sont pas mesurées, mais leur situation doit être précisée: présente, absente ou de signification équivoque. La réponse reste classifiée en 4 catégories: réponse totale (à savoir la disparition de toutes les lésions cibles), réponse partielle (une réduction d’au moins 30% de la somme des diamètres des lésions cibles mesurées par rapport au diagnostic), maladie progressive (une augmentation d’au moins 5 mm et de 20% de la somme des diamètres des lésions cibles mesurés en prenant comme référence la somme minimale enregistrée jusqu’alors ou l’apparition d’une nouvelle lésion néoplasique) et enfin maladie stable si les autres critères ne sont pas remplis. de l’EGFR Erlotinib (Tarceva®) qui ne s’accompagne d’une réponse objective que dans une dizaine de% des cas, mais qui améliore les symptômes chez la moitié des patients. Tarceva® allonge la survie en l’absence de réponse objective et dans la même proportion que la chimiothérapie. L’évaluation de la réponse selon RECIST doit être très rigoureuse dans le cadre des études de recherche clinique qui mènent à l’enregistrement d’une nouvelle thérapeutique ou à l’élargissement de l’indication d’un traitement déjà reconnu. Il est utile que le clinicien l’applique en routine, tout en reconnaissant sa liberté de pondérer la décision de la poursuite du traitement en prenant en considération d’autres facteurs comme la tolérance au traitement, la réponse subjective et les préférences du malade notamment. La fréquence avec laquelle une réévaluation radiologique doit être pratiquée lors de l’administration continue d’un agent dit biologique n’est pas formellement codifiée, sauf pour les études de phase II (toutes les 6-8 semaines). Figure 5 Mesure d’une lésion cible selon RECIST (grand diamètre A) À l’avenir, il sera probablement utile d’aller au-delà de la simple réponse anatomique et d’incorporer d’autres critères pour établir le bénéfice du traitement, en faisant appel aux techniques modernes d’imagerie fonctionnelle comme le FDG-PET scan ou l’IRM à produit de contraste dynamique. L’apparition d’une nouvelle lésion hypermétabolique au FDG-PET est d’ores et déjà considérée comme traduisant une maladie progressive dans RECIST 1.1. Références Goldtsraw P et al. The IASLC Lung Cancer Staging Project: Proposals for the Revision of the TNM Stage Groupings in the Forthcoming (Seventh) Edition of the TNM Classification of Malignant Tumours. J Thorac Oncol 2007;2: 706–714. Eisenhauer EA et al. New response evaluation criteria in solid tumours: Revised RECIST guideline (version 1.1). Eur J Cancer 2009; 45: 228 247. Certaines limitations de cette évaluation basée sur le critère morphologique de la taille sont reconnues puisque de nouveaux agents thérapeutiques non cytotoxiques peuvent se révéler bénéfiques sans qu’il n’y ait de réponse tumorale au sens de RECIST. C’est le cas de l’inhibiteur de la tyrosine kinase 19 Les traitements systémiques des cancers bronchiques non à petites cellules (CNPC): Quoi de neuf ? DR FILOMENA MAZZEO, PROF. YVES HUMBLET Centre du Cancer. Groupe d’Oncologie Thoracique. Unité d’Oncologie Médicale. Cliniques universitaires Saint-Luc. [email protected] Chimiothérapies adjuvante et néo-adjuvante Malgré une résection a visée curative, force est de constater que les patients atteints d’un cancer pulmonaire non à petites cellules de stade IB, II et IIIA ont un risque non négligeable de rechute et de décès lié à leur tumeur (de 50% à 80% voire plus selon le stade). L’idée d’une chimiothérapie postopératoire, dite adjuvante, pour améliorer ces résultats se comprend aisément suite à l’observation que les sites de rechute les plus fréquents sont des sites métastatiques et non pas les sites primitifs. Le développement des chimiothérapies à base de dérivés platine et les résultats de plusieurs larges études ont conduit à reconnaître le rôle de la chimiothérapie adjuvante chez les patients dont la résection a été complète. Les différentes études réalisées en adjuvant ont comparé des schémas comportant un dérivé platine associé à une molécule de deuxième ou troisième génération à un suivi simple. Selon les études, la radiothérapie postopératoire était laissée à la discrétion de l’investigateur. Dans chaque étude, la survie médiane était augmentée de façon significative par rapport à la chirurgie seule pour les stades II et IIIA. Les résultats étaient moins convaincants pour les stades IB. Figure 1 (A) Survie globale; (B) Survie sans maladie; (C) Survie selon le type de décès. Le bénéfice absolu de la chimiothérapie à 5 ans est une diminution de 6,9% des décès par cancer du poumon et une augmentation de 1,4% des décès dus à une autre cause. Modifié selon Pignon, J.-P. et coll. J Clin Oncol 2008;26:3552-3559 Les options thérapeutiques pour les patients atteints d’un cancer bronchique non anaplasique comprenaient jusqu’il y a peu, parmi les agents de la chimiothérapie cytotoxique, le cisplatine et le carboplatine, la vinorelbine, les taxanes, les campopthécines, la gemcitabine et le pemetrexed, tous employés dans le contexte de la maladie étendue. L’actualité dans ce domaine est dominée par deux progrès récents: la démonstration de l’efficacité d’une chimiothérapie adjuvante et l’acquisition de molécules ciblées, dites intelligentes (voir la News de Novembre 2006 pp12-13). 20 Ces résultats ont été confirmés par une métaanalyse montrant une diminution du risque de décès de 5.4% à 5 ans. Le bénéfice en survie varie en fonction du stade. (1) Les courbes de survie globale, de survie sans maladie et de survie selon le type de décès sont montrées à la Figure 1. Les données de cette revue par contre ne permettent pas d’établir quelle est la meilleure molécule à associer au cisplatine dans cette indication (même si le plus grand nombre de ces patients a été traité par une association de cisplatine - vinorelbine). Les toxicités les plus fréquemment rencontrées sont la neutropénie fébrile et les toxicités hématologiques, les nausées et vomissements, la fatigue, la constipation et Les traitements systémiques des cancers bronchiques non à petites cellules (CNPC): Quoi de neuf ? la neuropathie périphérique. Ces différentes toxicités sont tout à fait gérables. L’impact de la chimiothérapie adjuvante sur la qualité de vie a également été étudié. Comme attendu, celle-ci est nettement altérée durant les premiers mois du traitement, mais redevient comparable à celle du groupe contrôle après 9 mois (hormis la neuropathie périphérique). De plus, une revue rétrospective non planifiée a montré que ce bénéfice de la chimiothérapie adjuvante n’était pas différent chez les personnes plus âgées par rapport à de plus jeunes et ce même si ces patients ont reçu des doses moindres de chimiothérapie et un nombre plus petit de cures. Bien que l’on puisse penser que les personnes plus âgées incluses dans ces études «adjuvantes» avaient un bon état général, cette observation confirme qu’il ne faut pas exclure d’un traitement complémentaire une personne en se basant uniquement sur l’âge chronologique. En pratique, la chimiothérapie adjuvante est indiquée pour les stades IIA, IIB et IIIA après résection complète (R0). Idéalement, elle doit débuter endéans les 8 semaines de la chirurgie et comporter une association à base de cisplatine et être administrée a priori pour 4 cures. En dehors de ces règles générales basées sur des études, une chimiothérapie adjuvante peut encore être envisagée pour certains patients avec un stade plus précoce en R0 (IB voire IA) s’il existe des facteurs de mauvais pronostic (taille, invasion vasculaire ou lymphatique) et après discussion en concertation pluridisciplinaire et avec le patient. Qu’en est-il de la chimiothérapie néoadjuvante ? Les données de la littérature ne permettent pas d’opter pour cette approche thérapeutique par rapport à une résection immédiate suivie d’une chimiothérapie adjuvante. Elle peut être considérée pour les patients présentant une tumeur de stade plus avancé comme les IIIA – N2 en espérant une diminution du volume tumoral. Concrètement, nous réalisons dans ces cas 2 cures de cisplatine - gemcitabine suivies d’une réévaluation par PET-CT. En cas de disparition des adénopathies médiastinales (ycN0-1) ou en cas de persistance d’une seule localisation ganglionnaire médiastinale (ycN2 monostation) au PET-CT, une médiastinoscopie est réalisée suivie d’une résection chirurgicale si les ganglions sont négatifs ou localisés au sein d’une seule station. S’il persiste plusieurs sites ganglionnaires positifs à la médiastinoscopie ou s’il n’y a pas de réponse significative au PET-CT, une radiochimiothérapie concomitante à visée radicale est alors proposée. L’ère des molécules intelligente L’arsenal thérapeutique s’est élargi dernièrement grâce aux progrès de nos connaissances fondamentales concernant la biologie du cancer. Deux voies moléculaires ont particulièrement été exploitées, à savoir celle médiée par le récepteur au facteur de croissance épidermique (Epidermal growth factor receptor – EGFR) et celle médiée par le facteur de croissance endothélial vasculaire (Vascular Endothelial Growth factor – VEGF) lui-même. Des anticorps monoclonaux que l’on peut administrer par voie intraveineuse ont été produits contre ces deux molécules et commercialisés d’une part et de petites molécules inhibant l’activité tyrosine kinase de l’EGFR ou du VEGFR ont été testées et commercialisées notamment dans le cancer bronchique d’autre part. Ces dernières sont administrées quant à elles par voie orale. EGFR Ce récepteur est fortement lié à la prolifération des cellules cancéreuses de nombreuses tumeurs parmi lesquelles le cancer bronchique non à petites cellules. Il stimule la division cellulaire, facilite l’invasion des tissus, bloque les mécanismes d’apoptose, rend les cellules résistantes à la chimio - et à la radiothérapie. Ce récepteur est muté chez approximativement 10% des patients en Occident et 30-50% des Asiatiques. Plus de 50% des carcinomes bronchioloalvéolaires acquis par des patients non-fumeurs ont une mutation de l’EGFR. Ces mutations accroissent l’activité kinase du récepteur qui hyperstimule en conséquence les voies métaboliques en aval conférant les 21 Les traitements systémiques des cancers bronchiques non à petites cellules (CNPC): Quoi de neuf ? propriétés oncogéniques mentionnées plus haut. La présence de ces mutations est importante, car on sait qu’elle prédit le plus souvent une excellente réponse aux inhibiteurs de l’EGFR, particulièrement les inhibiteurs de la tyrosine kinase, alors que la simple amplification du récepteur que l’on trouve fréquemment chez les fumeurs n’entraîne pas les mêmes caractéristiques ni la même réponse à ces inhibiteurs (plus ou moins 10% seulement). Indépendamment de ces mutations, peu de facteurs cliniques permettent de prédire une réponse à ce type de traitement même si l’on sait que les personnes n’ayant jamais fumé, mais aussi, et dans une moindre mesure, les femmes, les Asiatiques et les patients atteints d’un cancer non épidermoïde y sont plus sensibles. Références 1 Lung Adjuvant Cisplatin Evaluation: A Pooled Analysis by the LACE Collaborative Group. Pignon JP, Tribodet H, Scagliotti GV, Douillard JY, Shepherd FA, Stephens RJ, Dunant A, Torri V, Rosell R, Seymour L, Spiro SG, Rolland E, Fossati R, Aubert D, Ding K, Waller D, Le Chevalier T. J Clin Oncol. 2008;26(21):3552-9. 2 Erlotinib in previously treated nonsmall-cell lung cancer. Shepherd FA, Rodrigues Pereira J, Ciuleanu T, Tan EH, Hirsh V, Thongprasert S, Campos D, Maoleekoonpiroj S, Smylie M, Martins R, van Kooten M, Dediu M, Findlay B, Tu D, Johnston D, Bezjak A, Clark G, Santabárbara P, Seymour L; National Cancer Institute of Canada Clinical Trials Group. N Engl J Med. 2005;353(2):123-32 3 Gefitinib in combination with gemcitabine and cisplatin in advanced non-small-cell lung cancer: a phase III trial-INTACT 1. Giaccone G, Herbst RS, Manegold C, Scagliotti G, Rosell R, Miller V, Natale RB, Schiller JH, Von Pawel J, Pluzanska A, Gatzemeier U, Grous J, Ochs JS, Averbuch SD, Wolf MK, Rennie P, Fandi A, Johnson DH. J Clin Oncol. 2004;22(5):777-84. L’Erlotinib (Tarceva®) (2) est un inhibiteur tyrosine kinase de l’EGFR. Il a été comparé au cours d’une étude randomisée au meilleur traitement palliatif chez les patients ayant déjà reçu une ou deux lignes de chimiothérapie classique. Dans ces conditions, il augmente la survie médiane de l’ordre de 2 mois, la survie à 1 an de 10% et la qualité de vie des patients. Il est commercialisé dans cette indication à la dose journalière de 150 mg. Cette dose est réduite à 100 mg par jour en cas de toxicité excessive comme de la diarrhée ou une cytopénie hématologique. Cet inhibiteur de l’EGFR entraîne fréquemment un rash acnéiforme à traiter de manière symptomatique. Ce rash est considéré généralement comme un facteur prédictif de meilleure réponse par rapport à celle observée chez les patients qui n’en développent pas. Ceci n’est cependant pas une règle générale. 4 FLEX: A randomized, multicenter, phase III study of cetuximab in combination with cisplatine/vinorelbine (CV) versus CV alone in the first-line treatment of patients with advanced non-small cell lung cancer (NSCLC) . Pirker R, Szczesna A, von Pawel J, Krzaakowski M, Ramlau R, Park K, Gatzmeier U, Bajeta E, Emig M, Pereira JR. J Clin Oncol. 2008 ASCO annual meeting Proceedings 2008;26(15S):6s (abstract 3). 5 Paclitaxel-carboplatin alone or with bevacizumab for non-small-cell lung cancer. Sandler A, Gray R, Perry MC, Brahmer J, Schiller JH, Dowlati A, Lilenbaum R, Johnson DH. N Engl J Med. 2006;355(24):2542-50. Erratum in: N Engl J Med. 2007;356(3):318. 6 Phase III Trial of Cisplatin Plus Gemcitabine With Either Placebo or Bevacizumab As First-Line Therapy for Nonsquamous Non–Small-Cell Lung Cancer: AVAiL. Reck M, von Pawel J, Zatloukal P, Ramlau R, Gorbounova V, Hirsh V, Leighl N, Mezger J, Archer V, Moore N, Manegold C. J Clin Oncol 2009;27:12271234. 7 Phase II Study of Efficacy and Safety of Bevacizumab in Combination With Chemotherapy or Erlotinib Compared With Chemotherapy Alone for Treatment of Recurrent or Refractory Non–SmallCell Lung Cancer. Herbst RS, O’Neill VJ, Fehrenbacher L, Belani CP, Bonomi PD, Hart L, Melnyk O, Ramies D, Lin M, Sandler A. J Clin Oncol 2007;25:4743-4750. Le Gefitinib (Iressa®) (3) est un autre inhibiteur tyrosine kinase de l’EGFR. Il n’a quant à lui pas montré de réel bénéfice sauf dans les régions asiatiques où il est commercialisé. Les résultats d’une étude randomisée où l’on comparait l’Iressa® au Taxotère® en deuxième ou en troisième ligne viennent d’être rendus publics. L’Iressa® s’est révélé aussi actif que le Taxotère® avec moins de toxicité et une meilleure qualité de vie, raisons pour lesquelles il pourrait malgré tout être remboursé à l’avenir dans cette indication. 22 Le Cetuximab (Erbitux®) (4) est un anticorps monoclonal chimérique dirigé contre l’EGFR. Il a été étudié dans une étude randomisée en association avec le Cisplatine et la Gemcitabine. Dans cette étude, les patients traités par la combinaison chimiothérapie + anticorps avaient un taux de réponse et une survie significativement améliorés par rapport à ceux qui recevaient la chimiothérapie seule. Les effets secondaires étaient très proches de ceux observés avec les inhibiteurs tyrosine kinase de l’EGFR en dehors du risque d’allergie lié à l’aspect non humanisé de l’anticorps. Ce médicament est en voie d’enregistrement dans cette indication. VEGF Le Bevacizumab (5, 6) est un anticorps anti-VEGF recombinant humanisé. En association à la chimiothérapie (Carboplatine-Taxol aux USA; Cisplatine-Gemcitabine en Europe), il améliore de manière significative la survie des patients traités en première ligne, et ce, dans deux études randomisées de grande taille. Dans l’étude américaine par exemple, la survie médiane passe de 10,3 mois à 12,3 mois. Cet usage est contre-indiqué chez les patients atteints de tumeurs métastatiques épidermoïdes à cause du risque excessif d’hémorragie pulmonaire. Les effets secondaires comprennent outre ce risque hémorragique, l’hypertension, les thromboses artérielles, la protéinurie. Les associations Le potentiel synergique de ces deux voies métaboliques, un inhibiteur de l’EGFR et un inhibiteur du VEGF, est très vite devenu intéressant aux yeux de divers investigateurs. La combinaison du Bevacizumab avec le Tarceva® a dès lors été étudiée en seconde ligne après échec de la chimiothérapie classique et des résultats très positifs ont été publiés (7). Retenons par exemple des taux de contrôle de maladie entre 50 et 75% en seconde ligne et des survies médianes dépassant 1 an. Même si les populations de patients étudiés dans ces phases II sont de meilleur pronostic que celui de la population générale, ces résultats dépassent de loin ce qu’on est en droit d’attendre d’une chimiothérapie classique à ce stade de la maladie. Les traitements systémiques des cancers bronchiques non à petites cellules (CNPC): Quoi de neuf ? Molécules en développement D’autres molécules sont évidemment en cours de développement, ciblant les voies métaboliques décrites ci-dessus (Sorafenib, Sutent®, ZD6474) ou d’autres voies comme les inhibiteurs de l’IGFR (Insulin Growth Factor Receptor) et les inhibiteurs mTOR entre autres. Conclusions Le développement de ces nouveaux produits est passionnant à plusieurs points de vue: il donne un espoir thérapeutique même si, reconnaissons-le, il reste petit et n’offre pas de possibilité de guérison pour les maladies métastasées; il nous oblige aussi à revoir nos connaissances et à distinguer maintenant trois sous-groupes de cancer bronchiques sur base des observations nouvelles: les cancers à petites cellules, les cancers épidermoïdes et les autres, tous susceptibles de recevoir des traitements différents, avec sans doute en corollaire la nécessité de mieux asseoir le diagnostic histologique de nos patients; enfin, l’association de thérapies ciblées apparemment de même classe avec une chimiothérapie entraîne des effets différents selon la chimiothérapie qui leur est associée ce qui pourrait signifier que nos chimiothérapies classiques ont des effets variables sur les voies moléculaires actuellement étudiées. Devons-nous revoir notre copie dans ce domaine aussi ? soigner le corps et l’esprit… Cette maxime trouve son sens aux Cliniques universitaires saint-luc où, depuis quelques années déjà, les patients souffrant d’un cancer bénéficient des soins et des conseils d’une esthéticienne qui se rend à leur chevet. Restaurer l’image de soi parfois écornée par la maladie, tel est l’objectif du projet soumis à la Fondation Saint-Luc par Christiane BerghmansWaucquez. Car si le traitement médical constitue la priorité lorsqu’un cancer est diagnostiqué, il ne faut pas négliger l’esthétique du corps et du visage. C’est pourquoi, Madame BerghmansWaucquez a offert les fonds nécessaires pour aménager un véritable coin esthétique au sein de l’hôpital et engager une esthéticienne professionnelle. Dans cet espace cosy aux tons chauds et aux lumières tamisées, l’esthéticienne prodigue des soins classiques (visage, manucure et pédicure); mais surtout, elle apprend au patient comment mettre son visage en valeur et se sentir bien dans son corps malgré la maladie. Elle propose également une gamme de chapeaux et de foulards pour pallier la perte de cheveux. Et dans la salle d’attente jouxtant cet espace détente, le patient peut parcourir des ouvrages et des brochures sur la vie autour de la maladie. La Fondation Saint-Luc, le Centre du Cancer et Christiane Berghmans-Waucquez espèrent de tout cœur que l’Espace Bien-être apportera un petit plus pour aider les patients à se sentir bien dans leur tête et dans leur corps. Pour en savoir plus: Yvette Vermeersch, [email protected]; 02/764.13.65 l’AVis Du MÉDeCin D’un point de vue médical, pouvez-vous nous confirmer l’importance d’une approche multidisciplinaire tant au niveau médical bien entendu, mais aussi esthétique, diététique et psychologique ? Pr Marc Hamoir, Directeur du Centre du Cancer: Si l’essentiel de la prise en charge de la maladie cancéreuse reste la qualité du traitement, il est tout aussi important que les patients, pendant leur maladie, puissent se sentir bien dans leur corps et dans leur esprit. Dans ce contexte, l’ouverture de l’Espace Bien-être constitue un plus indéniable pour le bien-être de nos patients. Facteurs prédictifs de réponse et de résistance dans le cancer non à petites cellules (CNPC) DR PHILIPPE COLLARD Centre du Cancer. Groupe d’Oncologie Thoracique. Services de Pneumologie. Cliniques universitaires Saint-Luc. [email protected] Biomarqueurs, facteurs pronostiques et prédictifs Un biomarqueur est une caractéristique mesurable objectivement et évaluable comme indicateur d’un processus biologique normal, pathologique ou d’une réponse pharmacologique à une intervention thérapeutique. Un facteur pronostique donne une information sur l’évolution quel que soit le traitement. Un facteur prédictif donne une information sur l’évolution en fonction du traitement reçu. Les facteurs prédictifs sont donc utiles pour nous aider à choisir le traitement le plus approprié pour un patient particulier. Biomarqueurs de l’efficacité des agents inhibant l’EGFR (Epithelial Growth Factor Receptor) Il existe 2 grandes familles d’agents inhibant l’EGFR, les anticorps monoclonaux qui se fixent sur la portion extracellulaire du récepteur (type Cetuximab ou Erbitux®) et des petites molécules actives par voie orale (type Erlotinib ou Tarceva®) qui inhibent le site tyrosine kinase du récepteur, présent dans sa portion intracellulaire et qui est responsable de ses effets biologiques qui favorisent le phénotype cancéreux (Figure 1). L’Erlotinib est remboursé en Belgique pour le traitement du CNPC en 2e ou 3e ligne, c’est à dire après échec d’au moins une ligne de chimiothérapie administrée au préalable. Des taux de réponse tumorale plus élevés ont été constatés chez la femme, chez les non-fumeurs, dans l’adénocarcinome et chez les patients originaires d’Asie du sud-est. Il s’agit cependant de facteurs essentiellement pronostiques plutôt que prédictifs, car des améliorations de survie du même ordre de grandeur ont été constatées chez l’homme caucasien fumeur porteur d’un carcinome épidermoïde notamment. Le facteur clinique le plus puissant pour prédire positivement la réponse au Tarceva® est la sévérité du rash cutané, son effet secondaire le plus fréquent. Voilà donc un encouragement tout trouvé (et de bon aloi) pour les patients qui présentent une forte réaction cutanée. Le médecin leur indiquera également que cette réaction précoce tend à s’estomper au fil des semaines. Comme pour les diarrhées, il faut laisser passer l’orage avec l’aide de traitements symptomatiques. 24 Des taux de réponse et des améliorations de survie supérieurs ont été constatés chez les patients qui ont un plus grand nombre de copies de gènes de l’EGFR (technique FISH) et surtout lorsque le gène de l’EGFR est porteur d’une mutation (séquençage du gène). En présence d’une mutation activatrice de l’EGFR au niveau des exons 19 ou 21, le taux de réponse (80% vs 30-40%) et la survie médiane (30 mois vs 10-12 mois) sont supérieurs à ce que l’on observe avec la chimiothérapie classique de sorte que l’Erlotinib pourrait se révéler être le traitement de choix en première ligne dans cette situation qui constitue cependant l’exception dans nos régions (présence d’une telle mutation dans 10-15% des cas de CPNC, principalement dans les adénocarcinomes chez la femme nonfumeuse). En association avec une chimiothérapie de 1re ligne Cisplatine-Navelbine, le Cetuximab (Erbitux®) améliore la survie du CNPC. Des données préliminaires suggèrent que l’expression génique de l’EGFR quantifiée à l’aide de la technique FISH serait prédictive du bénéfice clinique. Les mutations de l’EGFR ne semblent pas avoir d’influence sur l’activité des anticorps monoclonaux anti-EGFR. Certains facteurs biologiques de résistance aux inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR ont été bien identifiés comme la présence d’une mutation de l’oncogène K-RAS, l’apparition d’une mutation secondaire du gène de l’EGFR (le plus souvent T790M) empêchant le Tarceva® de s’insérer dans le site tyrosine kinase, l’activation de la voie de l’IGF (Insulin Growth Factor), l’amplification du proto-oncogène cMET. Biomarqueurs de l’efficacité des agents anti-angiogeniques À ce jour, aucun facteur biologique ne permet de prédire de façon fiable la réponse aux agents anti-angiogéniques, que ce soit l’Avastin® (un anticorps monoclonal humanisé fixant le VEGF – Vascular Endothelial Growth Factor) ou les inhibiteurs multikinases (type Sorafenib ou Nexavar®) qui sont des petites molécules combinant une action antitumorale directe (analogue à celle du Tarceva®) et une action anti-angiogénique via l’inhibition des récepteurs au VEGF au niveau de leur site tyrosine kinase (Figure 1). Facteurs prédictifs de réponse et de résistance dans le cancer non à petites cellules (CNPC) Cependant, il a été établi que les agents antiangiogéniques sont contre-indiqués dans les carcinomes épidermoïdes bronchiques, notamment en raison d’un excès de mortalité lié à la nécrose de ces tumeurs centrales associées au risque d’hémoptysie massive. Il s’agit d’un effet de classe qui vaut tant pour les petites molécules actives par voie orale (comme le Nexavar®) que pour les anticorps monoclonaux (comme l’Avastin®). Gènes prédictifs de l’efficacité de la chimiothérapie cytotoxique Les niveaux d’expression en ARNm ou en protéine de plusieurs gènes sont aujourd’hui identifiés comme facteurs prédictifs de l’efficacité de la chimiothérapie. La radiothérapie et beaucoup d’agents cytotoxiques (dont le Cisplatine) agissent en endommageant l’ADN, notamment en formant des adduits à son niveau. La plupart des anomalies ainsi induites sont susceptibles d’être réparées par un arsenal enzymatique spécialisé provenant de plus d’une centaine de gènes, dont la protéine ERRC1. Par ailleurs, RRM1 est un composant de l’enzyme ribonucléotide réductase dont la fonction est de convertir les nucléotides en désoxyribonucléotides, unités essentielles de l’ADN. Des taux élevés de ces 2 enzymes ont une valeur pronostique positive, ce qui se traduit par une survie plus élevée chez les patients opérés d’un cancer localisé lorsque le tissu tumoral est riche en ERRC1 et RRM1, une caractéristique qui est donc associée à un phénotype moins agressif. Par contre, la richesse en ces enzymes a une valeur prédictive négative, à savoir que ces patients ne bénéficient pas d’une chimiothérapie. Pour ERRC1, ceci est dans la logique qui veut que les effets antitumoraux du Cisplatine soient contrecarrés par la haute capacité de réparation du DNA. Dans l’étude IALT-bio, le bénéfice de la chimiothérapie adjuvante est confiné aux tumeurs ERRC1 négatives, ce qui se traduit par une réduction du risque de décès de 35%. Dans la maladie métastatique également, plusieurs études ont confirmé que le taux de réponse à la chimiothérapie à base de Cisplatine et la survie sont meilleurs lorsque la tumeur renferme une quantité faible d’ERRC1. Figure 1 BIOMARQUEURS Voies moléculaires clés du processus de carcinogenèse et cibles de quelques thérapies biologiques (en rouge) RRM1 est très probablement la cible intracellulaire de l’analogue de la cytidine, la Gemcitabine (Gemzar®), un antimétabolite. L’expression élevée de cette enzyme est un déterminant majeur de la résistance à la chimiothérapie par Gemcitabine. La détermination semi-quantitative du contenu en RRM1 et ERRC1 à l’aide de la technique d’immunohistochimie est à la portée de n’importe quel laboratoire d’anatomopathologie. A l’heure actuelle cependant, ce facteur prédictif n’est pas encore utilisé en routine clinique. Il est aussi possible de faire appel à la biologie moléculaire pour préciser l’activité du gène se traduisant par le niveau d’expression de mRNA des enzymes, à l’aide de la RT-PCR quantitative. Certains polymorphismes génétiques peuvent également prédire le pronostic et la réponse à la chimiothérapie (comme le génotype XRCC1399 variant Gln/ Gln par exemple). Pour les tumeurs riches en enzyme de correction ERRC1, il serait logique de faire le choix d’une chimiothérapie agissant par un autre mécanisme que le Cisplatine, par exemple le Docetaxel (Taxotère®) qui est un agent dont l’effet antitumoral est notamment lié à sa capacité de stabiliser les microtubules. Des études prospectives sont en cours pour valider cette stratégie thérapeutique. Rôle de l’histologie dans le choix de la chimiothérapie Plusieurs études récentes ont confirmé une efficacité différente de certaines chimiothérapies selon le type histologique de la tumeur. La chimio25 Facteurs prédictifs de réponse et de résistance dans le cancer non à petites cellules (CNPC) Conclusion thérapie Cisplatine-Pemetrexed (ALIMTA ) est plus active que Cisplatine-Gemcitabine (Gemzar®) dans les CNPC à prédominance non épidermoïde. L’inverse est vrai pour les autres types histologiques. L’explication biologique se trouve dans le contenu élevé en thymidylate synthase (TS) des carcinomes épidermoïdes. La TS est une enzyme importante pour la synthèse du DNA et son inhibition est un mécanisme d’action majeur de l’ALIMTA®. Dans beaucoup de cancers, un taux élevé de TS revêt une valeur pronostique défavorable. Les agents inhibant la voie de l’IGF (Insulin Growth Factor) sont particulièrement prometteurs pour le traitement du carcinome épidermoïde bronchique, avec des taux de réponse atteignant près de 80% en association avec la chimiothérapie (à comparer à 30-40% de réponse avec la chimiothérapie seule). ® Le temps est révolu où tous les CNPC métastatiques étaient traités de la même façon, par une seule et même chimiothérapie standard. Les possibilités thérapeutiques se sont multipliées et le traitement doit être taillé sur mesure, en exploitant les facteurs prédictifs de réponse. Le traitement ciblé n’est plus un rêve, il devient une réalité. Dans le domaine de l’oncologie thoracique, nous sommes entrés dans l’ère de la «médecine personnalisée». Des progrès importants ont été accomplis dans le traitement du CNPC au cours des 10 dernières années. Il faut poursuivre dans cette voie en encourageant nos patients à la participation à des protocoles de recherche clinique indispensables aux avancées qui seront d’application en routine, pour le bénéfice de tous, dans quelques années. PUB DENOMINATION DU MEDICAMENT: TAMIZAM 10 mg et 20 mg Comprimés COMPOSITION QUALITATIVE ET QUANTITATIVE : Le principe actif de Tamizam est le citrate de tamoxifène. Chaque comprimé de Tamizam 10 mg contient 15,2 mg de citrate de tamoxifène, soit l’équivalent de 10 mg de base tamoxifène. Chaque comprimé de Tamizam 20 mg contient 30,4 mg de citrate de tamoxifène, soit l’équivalent de 20 mg de base tamoxifène. DONNEES CLINIQUES : Indications thérapeutiques : Traitement hormonal du cancer du sein, en particulier : Traitement palliatif du carcinome métastasé du sein. Traitement adjuvant après un traitement chirurgical des patientes postménopausées, avec atteinte métastatique des ganglions lymphatiques. Les patientes chez qui la tumeur contient des récepteurs hormonaux sont plus susceptibles de réagir favorablement au traitement. Carcinome de l’endomètre, dans certains cas exceptionnels, lorsque d’autres médicaments ne peuvent pas être utilisés. Posologie et mode d’administration : Adultes (y compris les personnes âgées) : La dose recommandée est de 20 mg par jour, en une seule ou en 2 prises quotidiennes. Enfants: L’utilisatio n de tamoxifène n’est pas recommandée chez les enfants. Voie d’administration : voie orale. CONTRE-INDICATIONS : Tamizam ne peut pas être administré aux patientes ayant déjà présenté une hypersensibilité au médicament ou à l’un de ses composants. Le tamoxifène ne peut pas être administré aux femmes enceintes. Quelques cas d’avortements spontanés, de complications lors de l’accouchement et de mortalité fœtale ont été signalés chez des femmes traitées par tamoxifène, bien qu’aucun lien causal n’ait été mis en évidence. Des études toxicologiques de reproduction chez des rats, des lapins et des singes n’ont pas montré de potentiel tératogène. Seul un petit nombre de femmes enceintes a été traité par tamoxifène. Aucun cas d’adénose vaginale ni de carcinome à cellules claires au niveau du vagin ou du col de l’utérus n’a été signalé chez des jeunes femmes à la suite d’une exposition au tamoxifène in utero. Il est conseillé aux femmes de ne pas entamer une grossesse pendant le traitement par tamoxifène et, si elles sont actives sexuellement, d’utiliser un contraceptif non-hormonal. Les patientes préménopausées doivent être examinées attentivement avant de suivre un traitement par tamoxifène, afin d’exclure toute possibilité de grossesse. Les femmes doivent être informées à propos des risques potentiels pour le fœtus si elles entament une grossesse durant le traitement ou dans les deux mois suivant l’arrêt du traitement par tamoxifène. L’excrétion de tamoxifène dans le lait n’a pas été déterminée. L’utilisation de tamoxifène est contre-indiquée pendant la période de lactation. Lors de la décision d’arrêter soit le traitement, soit l’allaitement, il convient de tenir compte de la nécessité de la prise du médicament. EFFTES INDESIRABLES: Très fréquent (>1/10), des bouffées de chaleur ont été observées (10 -20 %). Fréquent (>1/100, <1/10) : Troubles généraux : rétention d’eau. Affections hématologiques : thrombocytopénie. Affections endocriniennes : bouffées de chaleur. Affections gastro-intestinales : troubles gastro-intestinaux tels que nausées, vomissements. Troubles du métabolisme : chez certaines patientes atteintes de métastases osseuses, une hypercalcémie coïncidant avec le début du traitement par tamoxifène a été constatée. Affections des organes de reproduction : saignements vaginaux. Peu fréquent (>1/1.000, <1/100) : Troubles généraux : vertiges. Affections hématologiques : des données indiquent un accroissement de l’incidence des complications thrombo-emboliques, notamment de thrombose veineuse profonde et d’embolie pulmonaire, pendant le traitement par tamoxifène. Lorsque le tamoxifène est utilisé en combinaison avec des cytostatiques, le risque de survenue de complications thrombo-emboliques augmente. Affections des organes de reproduction : pertes vaginales, prurit vulvaire. Autres affections : tumour flare. Rare (>1/10.000, <1/1.000) : Troubles généraux : céphalée. Réactions d’hypersensibilité : prurit, éruption cutanée, œdème de Quincke, urticaire, bronchospasmes (dyspnée). Affections hématologiques : leucopénie, anémie. Une neutropénie a été observée dans de rares cas, bien que parfois graves. Une diminution du nombre des plaquettes, généralement jusqu’à 80.000-90.000/mm3 mais rarement moins, a été observée chez certaines patientes. Dans de rares cas, l’utilisation de tamoxifène peut s’accompagner d’une augmentation des valeurs des triglycérides sériques et dans certains cas, de pancréatite. Affections de la peau : alopécie. Affections hépatiques : des modifications du taux d’enzymes hépatiques ont été constatées pendant le traitement par tamoxifène ; dans de rares cas, un tableau d’atteintes hépatiques plus graves telles que stéatose hépatique, cholestase et hépatite, a été observé. Affection des organes de reproduction : des cas de fibromes de l’utérus et d’endométriose ont été signalés. Une incidence accrue des modifications au niveau de l’endomètre (hyperplasie, polypes et cancer, notamment) ainsi qu’un sarcome de l’utérus (tumeurs malignes mixtes de Müller surtout) ont été signalés lors du traitement par tamoxifène (cf. « Mises en garde spéciales et précautions particulières d’emploi »). Le tamoxifène fait disparaître les règles chez certaines femmes avant la ménopause. Un gonflement cystique réversible des ovaires a été constaté chez certaines femmes. Affections oculaires : un certain nombre de cas de troubles de la vision, notamment de rares cas d’anomalies de la cornée et de rétinopathie, ont été décrits chez des patientes suivant un traitement par tamoxifène. Une incidence accrue de cataracte a été signalée en association avec le tamoxifène. Si une cataracte est observée chez des femmes qui prennent du tamoxifène, le traitement ne doit pas être arrêté, sauf s’il existe des preuves d’une autre toxicité oculaire. Il est possible que l’opacité de la capsule postérieure chez les femmes qui prennent du tamoxifène ne disparaisse pas lors de l’arrêt du traitement. Il est également possible qu’elle progresse. Très rare (<1/10.000) : Affections respiratoires : pneumonie interstitielle. Affections de la peau : érythème multiforme et pemphigoïde bulleuse. Réactions d’hypersensibilité : syndrome de Stevens-Johnson. Si ces effets indésirables se révèlent graves, il est parfois possible de les atténuer en réduisant la dose (en restant dans l’intervalle posologique recommandé) tout en préservant l’effet du médicament. Si les effets indésirables ne disparaissent pas après la réduction de la dose, le traitement peut être suspendu. TITULAIRE DE L’AUTORISATION DE MISE SUR LE MARCHE : MITHRA PHARMACEUTICALS Rue Saint Georges, 5-7 • 4000 Liège • www.mithra.be NUMEROS DES AUTORISATIONS DE MISE SUR LE MARCHE : Tamizam 10 mg comprimés : 67 S 594 F 3 Tamizam 20 mg comprimés : 67 S 595 F 3 STATUT LEGAL DE DELIVRANCE : sur prescription médicale. DATE DE DERNIERE MISE A JOUR DU TEXTE : juin 2006. Dermoscopie et dermoscopie digitalisée: une aide précieuse dans le dépistage précoce du mélanome DR ISABELLE TROMME, DR PAULINE RICHEZ Centre du Cancer. Clinique du Mélanome. Service de Dermatologie. Cliniques universitaires Saint-Luc. [email protected] En 2008, grâce aux progrès en matière de dépistage et à une meilleure connaissance de la maladie, la mortalité liée au mélanome reste stable malgré que l’incidence ait continué à augmenter ces dix dernières années. Au stade métastatique, après exérèse chirurgicale de la tumeur, aucun traitement adjuvant n’a prouvé sa capacité à améliorer la survie des patients à 5 ans. Seul le diagnostic de mélanome au stade in situ et de faible épaisseur permet de diminuer la mortalité. C’est pour cette raison que, depuis plusieurs décennies en Australie, et plus récemment en Europe et aux Etats-Unis, la communauté médicale et en particulier dermatologique s’est mobilisée afin de promouvoir le diagnostic précoce de ce cancer visible à l’œil nu. Ce but ne peut être atteint que par la double information du grand public d’une part, des médecins et paramédicaux d’autre part. De plus, des techniques de dépistage précoce telles que la dermoscopie et/ou les cartographies cutanées digitalisées se sont révélées d’une grande utilité pourvu qu’elles soient utilisées par des praticiens formés spécifiquement en la matière. La Clinique du mélanome des Cliniques universitaires Saint Luc s’est très tôt intéressée à ces techniques. En effet, la dermoscopie est utilisée couramment depuis plus de dix ans lors des consultations de dépistage, en particulier des patients à haut risque. Il s’agit essentiellement (i) de patients avec un antécédent personnel et/ ou familial de mélanome, (ii) de patients atteints du syndrome du naevus atypique (plus de 100 naevi avec plus de 2 naevi aty- piques ainsi que des naevi dans des localisations habituellement protégées du soleil), (iii) de patients ayant subi des expositions solaires intenses surtout durant l’enfance et/ou ayant séjourné plus d’un an en pays tropicaux. Les patients les plus exposés sont bien sûr ceux qui cumulent plusieurs facteurs de risque. A La dermoscopie (également connue sous le nom de microscopie par épiluminescence) est devenue depuis quelques années l’examen non invasif de référence dans le dépistage du mélanome et de façon plus générale, dans le diagnostic clinique des tumeurs pigmentées de la peau. Le principe de la technique est d’examiner la lésion préalablement enduite d’un liquide (eau, huile, alcool) au travers d’une lame de verre déposée sur la lésion. L’utilisation d’un liquide d’immersion rend la surface cutanée transparente, réduisant ainsi la réflexion au minimum. Les structures cutanées plus profondes (épiderme, derme papillaire et, dans une moindre mesure, réticulaire) deviennent ainsi visibles. Une nouvelle sémiologie a ainsi vu le jour. Des corrélations très précises ont pu être établies entre l’histologie et l’image dermoscopique. L’interprétation des images est cependant loin d’être aisée et nécessite une formation précise et une expérience quotidienne. Dans le cas contraire, le dermoscope est inutile et inefficace: plusieurs études ont montré que pour les examinateurs non formés et non expérimentés, la performance diagnostique est meilleure sans dermoscope (examen à l’œil nu seul) qu’avec l’aide de celui-ci. Actuellement, il B Exemple 1 - A. Examen clinique: Naevus cliniquement un peu inquiétant (grande taille, contour irrégulier, couleur foncée légèrement inhomogène). B. Examen dermoscopique: L’image dermoscopique tout à fait bénigne permet de rassurer le patient. Exemple 2 - A et B: Naevus de l’abdomen que le patient dit avoir vu évoluer: clichés pris à 3 mois d’intervalle: les 2 images sont relativement peu inquiétantes, mais on voit une progression asymétrique du réseau pigmentaire: mélanome Breslow 0.2mm. A B 27 Dermoscopie et dermoscopie digitalisée: une aide précieuse dans le dépistage précoce du mélanome Ecran Fotofinder Les naevi atypiques sont pointés sur les clichés cliniques. n’est plus contesté que pour des utilisateurs expérimentés, la dermoscopie augmente la performance diagnostique d’environ 50% par rapport à l’examen clinique seul. Le degré d’amélioration est toujours corrélé à l’expérience de l’examinateur. Plusieurs programmes informatiques ont été mis au point afin d’analyser les images dermoscopiques. Les performances restent inférieures à l’œil humain entraîné, mais intéressantes pour l’examinateur non expérimenté. Fotofinder La caméra posée sur la peau permet de voir à l’écran l’image dermoscopique. Face aux patients présentant de multiples naevi atypiques, tant à l’examen clinique que dermoscopique, il est difficile de se contenter du seul examen au dermatoscope manuel. La prise de clichés photographiques devient indispensable afin de pouvoir évaluer l’évolution des lésions dans le temps. L’utilisation du dermoscope manuel s’est donc rapidement révélée insuffisante pour le suivi de nos patients « difficiles ». La Clinique du mélanome s’est tout d’abord dotée d’un simple programme informatique permettant de classer les clichés cliniques et dermoscopiques selon une cartographie du tégument. Cette méthode, certes efficace, mais nécessitant un temps considérable pour chaque patient, a été utilisée durant Exemple 3 - A et B: 2 clichés pris à 6 mois d’intervalle: une lésion pigmentée est apparue au-dessus de la malléole interne gauche . C: L’image dermoscopique de cette lésion est relativement peu inquiétante: cependant, vu les antécédents de mélanome de cette patiente, la localisation sur la jambe et l’apparition de novo, cette lésion est excisée précocement: mélanome Breslow 0.3mm. 28 environ 3 ans. Depuis 2006, le groupe a fait l’acquisition d’un «Fotofinder», appareil dédié aux cartographies digitalisées. Les lésions atypiques sont repérées sur des clichés cliniques d’ensemble. Elles sont ensuite enregistrées grâce à une caméra dotée d’une tête spéciale pour clichés dermoscopiques. Les clichés successifs dans le temps peuvent être aisément comparés par l’examinateur. Grâce à cette méthode de comparaison dans le temps, toute modification de naevus, aussi minime soit-elle, ainsi que toute apparition de nouvelle lésion pourront être dépistées (70% des mélanomes apparaissent de novo). Elle permet en outre d’éviter des excisions itératives souvent inutiles, coûteuses en termes d’esthétique et de dépenses pour l’INAMI. Elle rassure les patients et les fidélise, au contraire des interventions répétées qui les font souvent fuir. Les examens sont répétés tous les 3, 6 ou 12 mois selon les patients. En outre, ce type d’appareil permet de prendre les clichés d’une lésion unique légèrement suspecte afin de la contrôler 3 mois plus tard. Pour autant que la lésion soit plane et le reste durant les 3 mois qui suivent (autosurveillance par le patient), cette méthode est validée par les experts dans le sens où d’une part elle ne met pas en jeu le pronostic vital du patient en cas de mélanome avéré et où d’autre part la durée de 3 mois est suffisante pour évaluer l’évolution de la lésion. Cette méthode est souvent suggérée aux patients afin d’éviter une intervention chirurgicale précipitée et probablement inutile. Elle est particuliè- Dermoscopie et dermoscopie digitalisée: une aide précieuse dans le dépistage précoce du mélanome rement utile en cas de risques associés (angoisse du patient, risque cicatriciel important, médicaments anticoagulants, jeunes enfants, difficulté opératoire). Grâce à la dermoscopie et à la dermoscopie digitalisée, notre ratio mélanome/naevus parmi les lésions excisées est actuellement de l’ordre de 6. Ce chiffre est de l’ordre de 20 sans l’aide de ces techniques. Nous réalisons donc une économie certaine d’excisions, même si ces chiffres doivent encore être précisés (étude en cours). La dermoscopie digitalisée par un appareil de type Fotofinder permet la détection de mélanomes débutants avant l’apparition de signes dermoscopiques caractéristiques et de modifications cliniques, en se fondant sur l’observation des modifications dermoscopiques de ces lésions dans le temps. Les lésions repérées (par dermoscopie digitalisée comparative) sont toujours des lésions très débutantes (mélanomes in situ ou d’indice de Breslow inférieur à 0,5 mm), donc d’excellent pronostic. Références - Bowling J et al. Dermoscopy key points: recommendations from the international dermoscopy society. Dermatology 2007;214:3-5 - Kittler H, et al. Diagnosis accuracy of dermoscopy. Lancet Oncol. 2002 Mar.3:159-65 - Bafounta ML et al. Is dermoscopy useful for the diagnosis of melanoma? Results of a meat-analysis using techniques adapted to the evaluation of diagnosis tests. Arch Dermatol. 2001 Oct; 137 (10):1343-50 - Kittler H et al. Identification of clinically featureless incipient melanoma using dermoscopy imaging PUB TIME IS A GIFT In KIT+ GIST, the Promise Continues Glivec® (imatinib) is indicated for the treatment of adult patients with KIT (CD 117)-positive unresectable and/or metastatic malignant gastrointestinal stromal tumours (GIST). Dénomination : GLIVEC 100 mg gélules. GLIVEC 400 mg comprimés pellicullés. Composition : Chaque gélule contient 100 mg d'imatinib (sous forme de mésilate) Chaque comprimé contient 400 mg d'imatinib (sous forme de mésilate). Indications : Glivec est indiqué dans le traitement : • des patients adultes et enfants atteints de leucémie myéloïde chronique (LMC) chromosome Philadelphie (bcr-abl) positive (Ph+) nouvellement diagnostiquée lorsque la greffe de moelle osseuse ne peut être envisagée comme un traitement de première intention. • des patients adultes et enfants atteints de LMC Ph+ en phase chronique après échec du traitement par l'interféron alpha, ou en phase accélérée ou en crise blastique. • des patients adultes atteints de leucémie aiguë lymphoïde chromosome Philadelphie positive (LAL Ph+) nouvellement diagnostiquée en association avec la chimiothérapie. • des patients adultes atteints de LAL Ph+ réfractaire ou en rechute en monothérapie. • des patients adultes atteints de syndromes myélodysplasiques/myéloprolifératifs (SMD/SMP) associés à des réarrangements du gène du PDGFR (platelet-derived growth factor receptor). • des patients adultes atteints d'un syndrome hyperéosinophilique (SHE) à un stade avancé et/ou d'une leucémie chronique à éosinophiles (LCE) associés à un réarrangement du FIP1L1-PDGFRα. L'effet de Glivec sur l'issue d'une greffe de moelle osseuse n'a pas été évalué. Glivec est également indiqué dans le traitement o des patients adultes atteints de tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST - gastrointestinal stromal tumours) malignes Kit (CD 117) positives non résécables et/ou métastatiques. • des patients adultes atteints de dermatofibrosarcome protuberans (DFSP ou maladie de Darier-Ferrand) non résécable et patients adultes atteints de DFSP en rechute et/ou métastatique ne relevant pas d'un traitement chirurgical. Chez l'adulte et les patients pédiatriques, l'efficacité de Glivec est basée sur les taux de réponses hématologiques et cytogénétiques globales et la survie sans progression dans la LMC, sur les taux de réponses hématologique et cytogénétique des LAL Ph+, des SMD/SMP, sur les taux de réponses hématologiques des SHE/LCE et sur les taux de réponses objectives des patients adultes dans les GIST et les DFSP. L'expérience avec Glivec chez les patients atteints de SMD/SMP associés à des réarrangements du gène du PDGFR est très limitée. A l'exception de la LMC en phase chronique nouvellement diagnostiquée, il n'existe pas d'étude clinique contrôlée démontrant un bénéfice clinique ou une prolongation de la durée de vie, pour ces maladies. Posologie : Le traitement doit être instauré par un médecin ayant l'expérience du traitement des hémopathies malignes ou des sarcomes. La dose prescrite doit être administrée par voie orale, avec un grand verre d'eau, au cours d'un repas pour réduire le risque d'irritations gastrointestinales. Les doses de 400 mg ou 600 mg devront être administrées en une prise par jour, tandis que la dose journalière de 800 mg devra être répartie en deux prises de 400 mg par jour, matin et soir. Pour les patients (enfants) incapables d'avaler les gélules, leur contenu peut être dilué dans un verre d'eau plate ou de jus de pomme. Dans la mesure où les études menées chez l'animal ont montré des effets toxiques sur la reproduction et que le risque potentiel chez le fœtus humain est inconnu, il est recommandé aux femmes en âge de procréer qui ouvrent les gélules d'en manipuler le contenu avec précaution et d'éviter tout contact avec la peau ou les yeux, ainsi que toute inhalation. Il convient de se laver les mains immédiatement après avoir manipulé les gélules ouvertes. Posologie dans la LMC chez l'adulte. Patients en phase chronique de LMC : La posologie recommandée est de 400 mg/j. La phase chronique est définie par l'ensemble des critères suivants : blastes < 15 % dans le sang et la moelle osseuse, basophiles dans le sang < 20 %, plaquettes > 100 x 109/l. Patients en phase accélérée : La posologie recommandée est de 600 mg/j chez. La phase accélérée est définie par la présence d'un des critères suivants : blastes ≥ 15 % mais < 30 % dans le sang ou la moelle osseuse, blastes plus promyélocytes ≥ 30 % dans le sang ou la moelle osseuse (à condition que blastes < 30 %), basophiles dans le sang ≥ 20 %, plaquettes < 100 x 109/l indépendamment du traitement. Patients en crise blastique : La posologie recommandée est de 600 mg/j. La crise blastique est définie par la présence de blastes ≥ 30 % dans le sang ou la moelle osseuse ou un envahissement extramédullaire autre qu'une hépatosplénomégalie. Durée du traitement : dans les études cliniques, le traitement est poursuivi jusqu'à progression de la maladie. L'effet de l'arrêt du traitement après l'obtention d'une réponse cytogénétique complète n'a pas été étudié. En l'absence d'effets indésirables sévères et de neutropénie ou de thrombopénie sévères non imputables à la leucémie, une augmentation de la dose peut être envisagée, de 400 mg à 600 mg ou 800 mg, chez les patients en phase chronique, ou de 600 mg à un maximum de 800 mg (en deux prises de 400 mg par jour) chez les patients en phase accélérée ou en crise blastique, dans les circonstances suivantes : évolution de la maladie (à tout moment), absence de réponse hématologique satisfaisante après un minimum de 3 mois de traitement, absence de réponse cytogénétique après 12 mois de traitement, ou perte de la réponse hématologique et/ou cytogénétique obtenue auparavant. Les patients devront être surveillés étroitement après augmentation de la dose étant donnée la possibilité d'une incidence accrue des effets indésirables à plus fortes doses. Posologie dans la LMC chez l'enfant. Chez l'enfant, la posologie devra être établie en fonction de la surface corporelle (mg/m2). La dose journalière recommandée chez l'enfant est de 340 mg/m2 dans la LMC en phase chronique et dans la LMC en phase avancée (ne doit pas dépasser une dose totale de 800 mg). Le traitement peut être administré en une prise quotidienne ou bien être divisé en deux prises (une le matin et une le soir). Ces recommandations posologiques reposent actuellement sur un faible nombre d'enfants. On ne dispose d'aucune donnée chez l'enfant de moins de 2 ans. L'augmentation de doses de 340 mg/m2 jusqu'à 570 mg/m2 par jour (sans dépasser la dose totale de 800 mg) peut être envisagée chez l'enfant en l'absence d'effets indésirables graves et de neutropénie ou thrombopénie sévères non liées à la leucémie dans les circonstances suivantes : progression de la maladie (à n'importe quel moment) ; absence de réponse hématologique satisfaisante après au moins 3 mois de traitement ; absence de réponse cytogénétique après 12 mois de traitement; ou perte d'une réponse hématologique et/ou cytogénétique antérieure. Les patients devront être surveillés attentivement au cours des escalades de doses compte tenu du risque accru d'effets indésirables à des doses plus élevées. Posologie dans les LAL Ph+. La posologie recommandée de Glivec est de 600 mg/jour chez les patients atteints de LAL Ph+. Le traitement devrait être supervisé par des hématologues experts dans la prise en charge de cette maladie pour toutes les phases de traitement. Schéma thérapeutique : Sur la base des données existantes, Glivec s'est montré efficace et sûre lorsqu'il est administré à 600 mg/j en association à une chimiothérapie d'induction, de consolidation et d'entretien utilisée des LAL Ph+ nouvellement diagnostiquées de l'adulte. La durée de traitement par Glivec peut varier en fonction du traitement appliqué, mais généralement les traitements prolongés de Glivec ont fourni de meilleurs résultats. Chez les patients adultes atteints de LAL Ph+ en rechute ou réfractaire, une montérapie par Glivec à la dose de 600 mg/j est sure, efficace et peut être poursuivie jusqu'à la progression de la maladie. Posologie dans les SMD/SMP. La posologie recommandée de Glivec est de 400 mg/jour chez les patients atteints de SMD/SMP. La durée de traitement : dans l'unique étude clinique menée à ce jour, le traitement par Glivec a été poursuivi jusqu'à la progression de la maladie. A la date de l'analyse, la durée médiane de traitement était de 47 mois (24 jours à 60 mois). Posologie dans les SHE/LCE. La dose recommandée de Glivec est de 100 mg/jour chez les patients atteints de SHE/LCE. Une augmentation de dose de 100 mg à 400 mg chez ces patients peut être envisagée si la réponse au traitement est insuffisante et en l'absence d'effets indésirables. Posologie dans les GIST. Patients atteints de GIST malignes non résécables et/ou métastatiques : la posologie recommandée est de 400 mg/j. Les données concernant l'effet de l'augmentation des doses de 400 mg à 600 mg ou 800 mg chez des patients en progression lorsqu'ils sont traités à la plus faible dose sont limitées. Il n'y a pas actuellement de données disponibles permettant de recommander une dose spécifique en fonction de la résection gastro-intestinale antérieure chez des patients atteints de GIST. La majorité des patients (98%) inclus dans l'étude clinique avaient eu une résection auparavant. Pour tous les patients de l'étude, la première administration de Glivec a eu lieu au moins deux semaines après la résection ; toutefois on ne peut pas faire d'autre recommandation supplémentaire sur la base de cette étude. Durée du traitement : dans les études cliniques menées chez des patients atteints de GIST, le traitement par Glivec a été poursuivi jusqu'à la progression de la maladie. A la date de l'analyse, la durée médiane de traitement était de 7 mois (7 jours à 13 mois). L'effet de l'arrêt du traitement après l'obtention d'une réponse n'a pas été étudié. Posologie dans le DSFP. La posologie recommandée de Glivec est de 800 mg/jour chez les patients atteints de DFSP. Ajustement de la posologie en cas d'effets indésirables. Effets indésirables extra-hématologiques : En cas de survenue d'un effet indésirable extra-hématologique sévère, le traitement par Glivec doit être interrompu jusqu'à résolution de l'événement. Le traitement peut ensuite être repris de manière appropriée en fonction de la sévérité initiale de l'événement. En cas d'élévation de la bilirubine > 3 x la limite supérieure de la normale (LSN) fournie par le laboratoire d'analyses ou des transaminases > 5 x la LSN, Glivec doit être interrompu jusqu'à un retour de la bilirubine à un taux < 1.5 x la LSN et des transaminases à un taux < 2.5 x la LSN. Le traitement peut alors être repris à dose réduite chez l'adulte, la dose sera diminuée de 400 à 300 mg ou de 600 à 400 mg ou de 800 à 600 mg, et chez l'enfant la dose sera diminuée de 340 à 260 mg/m2/jour. Effets indésirables hématologiques : En cas de neutropénie ou thrombopénie sévères, il est recommandé de diminuer la dose ou d'interrompre le traitement conformément aux instructions reprises dans la notice complète. Enfant : Il n'y a pas d'expérience chez l'enfant de moins de 2 ans. L'utilisation chez l'enfant atteint de LAL Ph+ est limitée, et l'utilisation chez l'enfant atteint de SMD/SMP et de DFSP est très limitée. Il n'y a pas d'expérience chez l'enfant et l'adolescent atteints de GIST et de SHE/LCE.. Insuffisance hépatique : L'imatinib est principalement métabolisé par le foie. Les patients présentant une altération de la fonction hépatique, légère, modérée ou importante devraient être traités à la dose mimimale recommandée de 400 mg. La dose peut être réduite si elle est mal tolérée. Insuffisance rénale : L'imatinib n'étant pas excrété par le rein de façon significative, une diminution de la clairance de l'imatinib libre n'est pas attendue chez les patients ayant une insuffisance rénale. Chez les patients présentant une altération de la fonction rénale légère à modérée (clairance de la créatinine = 20 59 ml/min) la dose initiale de traitement de 400 mg par jour est recommandée. Bien que l'information disponible soit très limitée chez les patients présentant une altération de la fonction rénale sévère (clairance de la créatinine = < 20 ml/min) et chez les patients dialysés, le traitement pourra aussi être initié à la même dose de 400 mg. Toutefois, la prudence est recommandée chez ces patients. La dose peut être réduite si elle est mal tolérée ou augmentée en l'absence d'efficacité. Patients âgés : la pharmacocinétique de l'imatinib n'a pas été spécifiquement étudiée chez le sujet âgé. Aucune différence significative de pharmacocinétique n'a été observée en fonction de l'âge chez les patients adultes inclus dans les études cliniques dont plus de 20 % étaient âgés de 65 ans et plus. Par conséquent, aucune recommandation particulière sur la posologie n'est requise pour ces patients. Contre-indications : Hypersensibilité à la substance active ou à l'un des excipients. Effets indésirables : Les patients atteints de pathologies malignes à un stade avancé peuvent présenter des affections intercurrentes. Ces affections peuvent rendre difficile l'évaluation du lien entre l'administration de Glivec et la survenue d'événements indésirables en raison de la variété des symptômes liés à la maladie sous-jacente, à sa progression ou à la co-administration de nombreux médicaments. Au cours des études cliniques menées dans la LMC, un arrêt du traitement motivé par des effets indésirables imputables au médicament a été observé chez 2,4% des patients nouvellement diagnostiqués, 4% des patients en phase chronique tardive après échec du traitement par l'interféron, 4% des patients en phase accélérée après échec du traitement par l'interféron et 5% des patients en crise blastique après échec du traitement par l'interféron. Dans les GIST, le produit étudié a été arrêté en raison d'effets indésirables imputables au médicament chez 4% des patients. Les effets indésirables ont été comparables dans toutes les indications, à deux exceptions près. Il y a eu plus de myélosuppressions observées chez les patients atteints de LMC que chez ceux atteints de GIST, ce qui est probablement dû à la maladie sous-jacente. Dans l'étude clinique GIST, 7 (5%) patients ont présenté des saignements de grade 3/4 selon la classification CTC (Common Toxicity Criteria) : saignements gastrointestinaux (3 patients), saignements intra-tumoraux (3 patients), les deux types (1 patient). La localisation de la tumeur gastrointestinale peut avoir été à l'origine des saignements gastro-intestinaux. Les saignements gastro-intestinaux et intra-tumoraux peuvent être sérieux et dans certains cas fatals. Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés (≥ 10 %) pouvant être imputables au traitement par Glivec dans les deux indications ont été des nausées modérées, vomissements, diarrhée, douleur abdominale, fatigue, myalgies, crampes musculaires et rash. Des œdèmes superficiels ont été très fréquemment observés dans toutes les études cliniques et décrits principalement comme des œdèmes périorbitaux ou des membres inférieurs. Toutefois, ces œdèmes ont été rarement sévères et ont pu être contrôlés par des diurétiques, d'autres mesures symptomatiques ou en réduisant la dose de Glivec. Lorsque l'imatinib était associé à des doses élevées de chimiothérapie chez des patients atteints de LAL Ph+, une toxicité hépatique transitoire se traduisant par une élévation des transaminases et une hyperbilirubinémie a été observée. Divers effets indésirables tels qu'épanchement pleural, ascite, œdème pulmonaire, prise de poids rapide avec ou sans œdème superficiel ont été décrits dans le cadre de rétention hydrique. Ces effets peuvent habituellement être contrôlés par l'interruption temporaire du Glivec et par l'utilisation de diurétiques et d'autres traitements symptomatiques appropriés. Cependant, certains de ces effets peuvent être graves voire mettre en jeu le pronostic vital : plusieurs patients en crise blastique sont décédés, avec un tableau clinique complexe associant un épanchement pleural, une insuffisance cardiaque congestive et une insuffisance rénale. Les études cliniques menées chez l'enfant n'ont pas révélé de données de tolérance particulière à cette population. Les effets indésirables, en dehors des cas isolés, sont repris ci-dessous : ils sont classés par organe et par ordre de fréquence en utilisant la convention suivante : très fréquent (> 1/10), fréquent (> 1/100, ≤ 1/10), peu fréquent (> 1/1000, ≤ 1/100), rare ≤ 1/1000, fréquence indéterminée (ne peut être estimée sur la base des données disponibles). Au sein de chaque fréquence de groupe, les effets indésirables doivent être présentés suivant un ordre décroissant de fréquence, le plus fréquent en premier. Les effets indésirables et leurs fréquences présentés ci-après sont issus des principales études d'enregistrement. Investigations : Très fréquent : Prise de poids. Fréquent : Perte de poids. Peu fréquent : Augmentation de la créatininémie, augmentation de la créatine phosphokinase, augmentation de la lacticodeshydrogénase, augmentation des phosphatases alcalines. Rare : Augmentation de l'amylasémie. Affections cardiaques : Peu fréquent : Palpitations, tachycardie, insuffisance cardiaque congestive, oedème. Rare: Arythmie, fibrillation auriculaire, arrêt cardiaque, infarctus du myocarde, angine de poitrine, épanchement péricardique. Affections hématologiques et du système lymphatique : Très fréquent : neutropénie, thrombopénie, anémie. Fréquent : Pancytopénie, neutropénie fébrile. Peu fréquent : Thrombocythémie, lymphopénie, aplasie médullaire, eosinophilie, lymphadénopathie. Rare : Anémie hémolytique. Affections du système nerveux : Très fréquent : Céphalées. Fréquent : Sensations vertigineuses, paresthésies, troubles du goût, hypoesthésie. Peu fréquent : Migraine, somnolence, syncope, neuropathie périphérique, troubles de la mémoire, sciatique, syndrome des jambes sans repos, tremblement, hémorragie cérébrale. Rare : Hypertension intracrânienne, convulsions, névrite optique. Affections oculaires : Fréquent : Oedème des paupières, secretions lacrymales augmentées, hémorrhagie conjonctivale, conjonctivite, yeux secs, vision trouble. Peu fréquent : Irritation oculaire, douleur oculaire, œdème orbitaire, hémorrhagie sclérale, hémorrhagie rétinienne, blépharite, œdème maculaire. Rare : Cataracte, glaucome, œdème papillaire. Affections de l'oreille et du labyrinthe: Peu fréquent : Vertiges, acouphènes, perte auditive. Affections respiratoires, thoraciques et médiastinales : Fréquent : Dyspnée, epistaxis, toux. Peu fréquent : Epanchement pleural, douleur pharyngolaryngée. Rare: Douleur pleurale, fibrose pulmonaire, hypertension pulmonaire, hémorrhagie pulmonaire. Affections gastro-intestinales : Très fréquent : Nausées, diarrhée, vomissements, dyspepsie, douleur abdominale. Fréquent : Flatulences, ballonnements, reflux gastro-oesophagien, constipation, sécheresse de la bouche, gastrite. Peu fréquent : Stomatite, mucite, hémorrhagie gastro-intestinale, eructation, méléna, oesophagite, ascite, ulcère gastrique, hématémèse, chéilite, dysphagie, pancréatite. Rare : Colite, ileus, affection abdominale inflammatoire. Affections du rein et des voies urinaires : Peu fréquent : Douleur rénale, hématurie, insuffisance rénale aiguë, pollakurie. Affections de la peau et du tissu sous-cutané : Très fréquent : Œdème périorbitaire, dermatite/eczéma/rash. Fréquent : Prurit, œdème de la face, peau sèche, erythème, alopécie, sueurs nocturnes, réaction de photosensibilité. Peu fréquent : Rash pustuleux, contusion, hypersudation, urticaire, ecchymose, tendance augmentée aux ecchymoses, hypotrichose, hypopigmentation cutanée, dermatite exfoliative, ongles cassants, folliculite, pétéchies, psoriasis, purpura, hyperpigmentation cutanée, eruption bulleuse. Rare : Dermatose aiguë fébrile neutrophilique (syndrome de Sweet), décoloration des ongles, œdème de Quincke, rash vésiculaire, érythème polymorphe, vascularite leucocyclasique, syndrome de Stevens-Johnson. Affections musculo-squelettiques et systémiques : Très fréquent : Crampes et spasmes musculaires, douleurs musculosquelettiques incluant les myalgies, arthralgies, douleurs osseuses. Fréquent : Gonflement des articulations. Peu fréquent : Raideur articulaire et musculaire. Rare: Faiblesse musculaire, arthrite. Troubles du métabolisme et de la nutrition : Fréquent : Anorexie. Peu fréquent : Hypokaliémie, augmentation de l'appétit, hypophosphatémie, diminution de l'appétit, déshydratation, goutte, hyperuricémie, hypercalcémie, hyperglycémie, hyponatrémie. Rare : Hyperkaliémie, hypomagnésémie. Infections et infestations : Peu fréquent : Zona, herpès simplex, inflammation nasopharyngée, pneumonie, sinusite, cellulites, infection des voies respiratoires hautes, influenza, infection des voies urinaires, gastroenterite, septicémie. Rare : Infection fongique. Affections vasculaires : Fréquent : Bouffées vasomotrices, hémorragie. Peu fréquent : Hypertension, hématome, extrémités froides, hypotension, syndrome de Raynaud. Troubles généraux et anomalies au site d'administration : Très fréquent : Rétention hydrique et œdème, fatigue. Fréquent : Faiblesse, pyrexie, anasarque, frissons, rigidité. Peu fréquent : Douleur thoracique, malaise. Affections hépatobiliaires : Fréquent : Elévation des enzymes hépatiques. Peu fréquent : Hyperbilirubinémie, hepatite, ictère. Rare : Insuffisance hépatique, nécrose hépatique. Affections des organes de reproduction et du sein : Peu fréquent : Gynécomastie, dysfonctionnement érectile, ménorragie, menstruation irregulière, troubles sexuels, douleur des mammelons, gonflement des seins, œdème du scrotum. Affections psychiatriques : Peu fréquent : Insomnie. Peu fréquent : Dépression, diminution de libido, anxiété. Rare: Confusion. Les types de réactions suivantes ont principalement été observées au cours de la commercialisation de Glivec. Cela comprend les rapports spontanés de cas individuels ainsi que les effets indésirables graves des études cliniques en cours, des programmes d'accès élargi et des études de pharmacologie clinique et des études exploratoires menées dans le cadre d'indications thérapeutiques non enregistrées. Comme ces effets sont issus d'une population dont la taille n'est pas déterminée, il n'est pas toujours possible d'estimer de manière fiable leur fréquence ou d'établir la relation de causalité avec l'exposition à l'imatinib. Tumeurs bénignes, malignes et non précisées (comprenant kystes et polypes) : Indéterminée: Hémorragie tumorale, nécrose tumorale. Affections du système immunitaire : Indéterminée: Choc anaphylactique. Affections cardiaques : Indéterminée: Péricardite, tamponnade. Affections du système nerveux : Indéterminée: Oedème cérébral. Affections oculaires : Indéterminée: Hémorragie du corps vitré. Affections respiratoires, thoraciques, et médiastinales : Indéterminée: Insuffisance respiratoire aiguë, maladie pulmonaire interstitielle. Affections gastro-intestinales : Indéterminée: Ileus/obstruction intestinale, perforation gastro-intestinale, diverticulite. Affections de la peau et du tissu sous-cutané : Indéterminée: Kératose lichenoïde, lichen plan. Nécrolyse épidermique toxique. Affections musculosqelettiques et systémiques : Indéterminée: Nécrose avasculaire/nécrose de la hanche. Affections vasculaires : Indéterminée: Thrombose/embolie. Anomalies biologiques : voir notice complète. Titulaire et numéro de l'autorisation de miser sur le marché : Novartis Europharm Limited - Wimblehurst Road - Horsham - West Sussex, RH12 5AB - Royaume Uni - EU/1/01/198/005 et EU/1/01/198/010. Délivrance : sur prescription médicale. Date de la dernière mise à jour du texte 20.11.07 news news suzanne winston et thang trinh ont été nommées coordinateurs de soin en oncologie (CSO) respectivement au sein de la Clinique du Sein et de la Clinique de Cancérologie CervicoMaxillo-Faciale du Centre du Cancer. “MonCoach”, un programme original et interactif, destiné à aider les patients atteints d’un cancer de la prostate traité par hormonothérapie. Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme et l’hormonothérapie est le traitement médical de référence. Ce traitement à malheureusement des effets indésirables tels que prise de poids, fonte musculaire, perte osseuses et perturbations lipidiques. Contacts privilégiés pour les patients, leur rôle principal est d’assurer la coordination de leur prise en charge dès l’annonce du diagnostic d’un cancer. Parmi leurs missions figurent également la miseà -jour des informations pour le Registre National du Cancer et le suivi de la communication avec les interlocuteurs extérieurs. Il très important que les patients soient informés de ces effets secondaires et adoptent des mesures hygiéno-diététiques, incluant des exercices spécifiques. “MonCoach” a été développé spécifiquement pour ces patients par les Prof. Bertrand TOMBAL, Service d’Urologie, et Prof. Marc FRANCAUX, Institut d’Education Physique. Le programme comprend un guide «Comprendre et agir» publié aux éditions Vivio et un DVD interactif comprenant des programmes d’exercices. news Le programme est soutenu par la firme Astra Zeneca et disponible auprès de tous les urologues. Un guide spécifiquement destiné aux médecins généralistes est en préparation. Le service de Radiothérapie Oncologique vous invite à la réunion scientifique qu’il donnera le 22 juin 2009 sur le thème: Pour en savoir plus: Bertrand Tombal, [email protected]; 02/764.14.11 news Lung cancer, parenchymal-sparing resection or VATS: Should we tailor the surgical procedure to the patient? Dr A. Poncelet, Département de Chirurgie Cardio-vasculaire, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles 18.00 à 19.00h Salle de réunion du 3ème étage des Cliniques universitaires St-Luc, 10, av. Hippocrate 1200 Bruxelles news Le Centre du Cancer organise, en collaboration avec Euromut et la SSMG, une session d’information sur le diagnostic du cancer et son annonce, le 24 octobre 2009 matin. Pour plus d’information, consultez notre site: http://www.centreducancer.be news Licenciée en psychologie et forte d’une expérience dans le domaine de l’hémato-oncologie et de la revalidation neurologique, Maud Colmant a rejoint l’équipe d’oncopsychologie du Centre du Cancer en mai dernier. Elle s’occupera principalement du suivi des patients de la Clinique du Mélanome et du groupe multidisciplinaire «Tumeurs du système nerveux central». L’hôpital de jour d’onco-hématologie pédiatrique a inauguré le 20 mai dernier son nouvel espace extérieur. Pourquoi ? Tout simplement pour laisser l’école s’épanouir en dehors des murs de la classe. Dans cet espace, les saisons s’inscriront: station météo pour regarder où le vent nous mène, sapin de Noël pour illuminer nos regards, les bulbes de printemps et les couleurs, jeux d’eau au soleil, ... emilien Morel est psychologue clinicien, diplômé de l’école des psychologues praticiens de Paris. Il a une expérience dans le milieu associatif auprès des personnes en situation de précarité. Il a rejoint le Centre du Cancer en mai 2009. Il va travailler plus particulièrement auprès des patients pris en charge par le Groupe d’Oncologie Thoracique et le groupe «Tumeurs de l’appareil urinaire». Pour en savoir plus: Hilde Waterloos, [email protected] - 02/764.23.76 Agenda des staffs multidisciplinaires* Lundi Mardi Mercredi Jeudi 08h45-11h15 12h00-14h00 08h00-09h00 08h00-09h00 Staff neuro-onco Staff mélanome et mélanome oculaire Staff uro-onco Staff hémato et tumeurs pédiatriques Vendredi 17h00-18h00 16h30-17h00 16h00-17h00 13h00-14h30 14h00-15h30 Staff thyroïde Staff oeso-gastro Clinique du sein Staff hémato adulte Staff pneumo 17h00-18h00 17h00-17h30 17h00-20h00 17h00-19h30 Staff hépatobiliaire Tumeurs gynécologiques pelviennes Staff sarcome Staff cervicomaxillo-facial 18h00-19h00 Staff colorectal Lieu: salle de réunion d’Anatomopathologie, niveau –1, Tour Rosalind Franklin, entrée F av. Mounier - 1200 Bruxelles. Lieu Pédiatrie: salle de réunion de radiologie pédiatrique, niveau -2 Q1, 10 avenue Hippocrate - 1200 Bruxelles. 30 *Renseignements sur la fréquence de ces réunions auprès de Madame Goosse - [email protected], 02/764.54.31 Because we care SUTE08E008803 Fighting cancer together