La lettre - Société Française de Médecine Vasculaire
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La lettre - Société Française de Médecine Vasculaire
N° 30 La lettre du médecin vasculaire SFMV : où en sommes-nous après un an ? Congrès de l’European Society of Hematology Congrès de Berlin Sécurité et environnement en médecine vasculaire (III) Un nouvel anticoagulant : le nucléotide antisens du Facteur XI Une page d’histoire : l’AOMI Société Française de Médecine Vasculaire La lettre du médecin vasculaire La lettre du Médecin Vasculaire est le journal d’information de la Société Française de Médecine Vasculaire destiné à ses membres, et complète le vecteur web de la SFMV (www.portailvasculaire.fr). La revue contient 4 parties 1. La première traite des actualités de la SFMV 2. La seconde partie est orientée FMC : recommandation commentée, et/ou un dossier FMC 3. La troisième est une veille bibliographique, à partir d’analyses bibliographiques commentées sur des thématiques majeures. 4. La quatrième est axée sur la pratique du médecin vasculaire organisation Rédacteur en chef : Christophe BONNIN Comité de Rédaction : Jean-Michel BAUD (Le Chesnay), Joël CONSTANS (Bordeaux), Michel DADON (Paris), Anne-Sophie DEBUSE (Lille), Ileana DESORMAIS (Limoges), Antoine DIARD (Langoiran), Pascal GIORDANA (Nice), Romain JACQUET (Reims), Christine JURUS (Villeurbanne), Jean-Pierre LAROCHE (Avignon), Gilles MISEREY (Rambouillet), Gilles PERNOD (Grenoble), Jean-Noël POGGI (Toulon), Christophe SEINTURIER (Grenoble) Comité Scientifique : Marie-Thérèse BARRELLIER (Caen), Luc BRESSOLLETTE (Brest), Dominique BRISOT (Clapier), Alessandra BURA-RIVIERE (Toulouse), Patrick CARPENTIER (Grenoble), Claudine HAMEL-DESNOS (Caen), Philippe LACROIX (Limoges), Pierre OUVRY (St Aubin sur Scie), Isabelle QUERE (Montpellier), Marie-Antoinette SEVESTRE-PIETRI (Amiens), Stéphane ZUILY (Nancy) Graphisme : Jérôme Durand ([email protected]), crédit photo : Thinkstock charte de la revue Séparation entre l’information (sélection et relecture par le comité de rédaction) et les articles scientifiques ou didactiques (sélection et relecture par les comités scientifique et de rédaction). Existence d’une bibliographie référencée dans les articles le nécessitant : résumé, implications pour la pratique et qcm dans les rubriques fmc et analyses bibliographiques. Identification de toute promotion de médicaments et de matériels y compris en ce qui concerne les rédactionnels, ne devant pas interrompre la continuité des articles. Identification et mention des conflits d’intérêts des auteurs ou rédacteurs. nous contacter [email protected], [email protected], [email protected] www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Éditorial NUMÉRO 30 ? « La LMV peut-elle être Charlie ? » ou « Comment la liberté d’expression peut-elle s’exercer dans le domaine médical ? » Christophe BONNIN ([email protected]) Il ne s’agit pas là bien sûr d’une opportunité pour la Lettre du Médecin Vasculaire de commenter l’actualité dramatique qui a endeuillé notre pays en ce début d’année et provoqué l’émoi du monde entier. Il s’agit plutôt de poser la question de la liberté d’expression quand les questions médicales sont évoquées dans les médias, voire même dans les publications scientifiques, et de savoir si l’on peut tout dire en médecine. La liberté d’expression est une liberté fondamentale, un des piliers de la démocratie. A ce titre, elle est garantie par la Convention européenne des droits de l’homme (article 10), mais également par l’Article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. ». Mais être libre de s’exprimer ne signifie pas que l’on La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 peut dire tout et n’importe quoi. Dans le domaine médical, la liberté d’expression peut être exercée par les professionnels de santé, par les journalistes, certains, rares, étant également des professionnels de santé. Concernant les médecins, l’article 13 du code de déontologie médicale dit que « Lorsque le médecin participe à une action d’information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. Il doit se garder à cette occasion de toute attitude publicitaire, soit personnelle, soit en faveur des organismes où il exerce ou auxquels il prête son concours, soit en faveur d’une cause qui ne soit pas d’intérêt général». Ainsi, pour ne pas avoir respecté ces précautions, certains de nos représentants les plus éminents ont été condamnés par le Conseil de l’Ordre dans le contexte d’une actualité pas si lointaine, pour avoir fait preuve d’un manque de prudence, caractérisé par des « propos catégoriques et péremptoires » 02 - 03 concernant une classe de molécules utilisées dans les pathologies cardiovasculaires, ayant pu favoriser des arrêts intempestifs de traitements. Le conseil de l’ordre nous dit que les données diffusées au public par le médecin doivent également être confirmées c’est-à-dire reposer sur les données acquises de la science. Si une contradiction leur est apportée, il semble dès lors légitime qu’elle doive également reposer sur un argumentaire scientifique. Le problème est qu’il dit difficile, voire impossible, de développer une argumentation scientifique face au grand public. Cette problématique doit être prise en compte par les médecins lorsqu’ils communiquent. Elle doit l’être également par les journalistes, qui, s’ils ont un devoir d’information, ont aussi un devoir d’information vérifiée, comme le précise la Charte d’éthique professionnelle des journalistes, rédigée en 1938 et actualisée en 2011 : « Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication ». Il n’est pas scandaleux de souligner que les médias préfèrent bien souvent l’audience et le spectaculaire, aux dépens parfois d’autorités scientifiques et techniques qui paraissent austères mais sont une garantie de sérieux. Ainsi, dans « l’affaire » du risque thromboembolique des pilules contraceptives combinées de 3ème génération, l’expression de l’actualité a consisté en des statistiques brutes, des griefs de patients, d’associations de patients et de leurs avocats, mais très peu dans l’avis d’experts d’une problématique complexe. Faut-il dès lors restreindre la liberté d’expression lorsque les sujets médicaux sont évoqués par les médias, télévisuels ou de la presse écrite (ou tout autre sujet scientifique ou requérant des connaissances approfondies d’ailleurs) ? Non bien sûr ! La censure de la liberté d’expression, même si cette liberté est source d’informations partielles voire approximatives, inintelligibles sorties de leur contexte, amènerait à la dictature de la pensée. Néanmoins, comme le souligne Jean-Paul Escande dans son antimanuel de médecine, « il faudrait tout de même réfléchir à un code de bonne conduite médiatique pour éviter les affirmations trop précipitées en provenance de sources hasardeuses… » Antimanuel de médecine : IRM du monde médical. Jean-Paul ESCANDE. 2006. Eds Bréal. “ La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ” www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 04 - 05 www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°29 - Décembre 2014 Sommaire NUMÉRO 30 Les Actualités P.09 SFMV : où en sommes-nous après un an ? P. Giordana, G. Pernod, C. Jurus, M. Dadon P.11 CONGRES 2014 DE L’AMERICAN SOCIETY OF HEMATOLOGY G. Pernod P.20 Master Class – congrès NSFA 2015 G. Pernod P.24 Congrès de Berlin P. Carpentier P.26 Congrès SFMV Nancy D. Bravetti, D. Wahl Bibliographie P.43 Le diagnostic moléculaire dans le syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire est prédictif du type d’atteinte artérielle et du devenir des patients C. Seinturier P.46 Intérêt des D-Dimères pour sélectionner les patients chez lesquels arrêter les anticoagulants après un premier évènement thrombo-embolique veineux A. Elias P.49 Anti-FXI (FXI-ASO) : un nouvel anticoagulant en prévention de la maladie thrombo-embolique veineuse post-chirurgicale PE. Morange Médecin Vasculaire P.28 VESALE 2014/2015 : le point JP. Laroche P.52 Facteur XI et anti-facteur XI : pour mieux appréhender le futur PE. Morange Formation médicale continue P.56 DPC : GEP et clubs Vasculaires F. Minvielle P.31 Recommandations de la SFMV concernant la sécurité et l’environnement en médecine vasculaire (partie III). Traitement endoveineux thermiques P. Giordana, P. Carpentier, P. Desnos, JL Gerard, C Hamel-Desnos, B. Marabelle G. Miserey, P. Quehe P.60 PAGE D’HISTOIRE : L’AOMI (I) F. Becker P.64 CHARADE R. Jacquet P.65 Quizz M. Dadon P.70 Enquête du CNPMV JP. Laroche La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 06 - 07 Les Actualités NUMÉRO 29 P.09 SFMV : où en sommes-nous après un an ? P. Giordana, G. Pernod, C. Jurus, M. Dadon P.11 Congrès de l’European Society of Hematology G. Pernod P.20 Master Class – congrès NSFA 2015 G. Pernod P.24 Congrès de Berlin P. Carpentier P.26 Congrès SFMV Nancy D. Bravetti, D. Wahl P.28 VESALE 2014/2015 : le point JP. Laroche www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 SFMV : où en sommes-nous un an après ? Pascal GIORDANA ([email protected]), Gilles PERNOD ([email protected]), Christine JURUS ([email protected]), Michel DADON ([email protected]). Il y a un an, le nouveau Conseil d’Administration de la SFMV prenait ses fonctions autour d’un binôme dont les objectifs affichés étaient de faire grandir la SFMV et toute la Médecine Vasculaire Française à travers les rencontres avec d’autres sociétés savantes. Partager les connaissances, apporter son expertise et s’enrichir du savoir des autres, tels étaient nos souhaits. Qu’en est-il alors après un an ? Ces échanges existaient déjà avec la SFP par l’intermédiaire du groupe de travail VEINES qui organise depuis quelques années une session commune lors du congrès annuel de la SFMV et une autre lors du congrès annuel de la SFP. Ils sont encore plus forts depuis des années avec le Collège Français de Pathologie Vasculaire, au sein duquel la SFMV organise depuis des années une session plénière, mais aussi la totalité des ateliers à destinée des médecins vasculaires. Des rencontres épisodiques avaient eu lieu avec la Société Française Neuro-Vasculaire, la Société Française de Chirurgie Vasculaire ou d’autres encore lors de nos congrès. Enfin, le comité des relations internationales sous le dynamisme de M. Dadon et P. Carpentier avait noué des liens avec des sociétés étrangères, francophones, telles la Société Roumaine d’Angiologie et de Chirurgie Vasculaire (SRACV), la Société Algérienne de Médecine Vasculaire (SAMEV), la Société Tunisienne de Médecine Vasculaire (STMV), la Société Marocaine de Médecine Vasculaire (SMMV) et la Société Libanaise de Chirurgie Vasculaire (LSVS). Leurs membres assistent régulièrement à notre congrès et nous participons activement aux leurs à travers des communications et des ateliers. Ces liens se sont renforcés depuis un an, avec encore plus La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 d’échanges, puisqu’à Montpellier les représentants de ces sociétés nationales ont modéré certaines sessions. Ce rapprochement est fort, à tel point que nous élaborons en collaboration avec ces sociétés mais aussi avec les sociétés Belge et Suisse de médecine vasculaire un projet de session francophone pérenne dans une maquette de congrès modifiée. En effet, il nous est apparu essentiel, afin de répondre aux demandes des membres de la SFMV, de modifier l’organisation du congrès national afin d’y insuffler un nouvel élan. Il y aura des sessions communes avec d’autres sociétés, plus de sessions pratiques et d’ateliers, ce qui devrait entrainer un allongement du congrès d’une demi-journée. Il est à noter aussi que ces ateliers, tout en restant de qualité, auront une organisation plus souple, sans les contraintes du DPC. Les thèmes pourront donc être plus vastes et donc ne plus être concurrents d’ateliers organisés en région. Enfin certaines sessions seront initiées directement sous l’impulsion de différents groupes de travail de la SFMV, reprenant des thématiques précises qui font le métier de médecin vasculaire tel qu’il a été défendu auprès des instances médicales, la participation des membres à la vie de ces groupes de travail restant souhaitable et nécessaire. Ces modifications devraient survenir lors du congrès qui se déroulera à Lyon en 2016 et qui sera un moment fort de la médecine vasculaire en France, puisqu’aura lieu en même temps que le nouveau congrès de la SFMV avec sa session francophone, le congrès de l’Union Internationale d’Angiologie (IUA), ce qui fera de Lyon la capitale mondiale de la médecine vasculaire. 08 - 09 Il y eu à Montpellier la première session internationale de la nouvelle Société Européenne de Médecine Vasculaire (ESVM), créée à partir des sociétés nationales de plusieurs pays, société européenne dont tous les membres de la SFMV sont statutairement membres à part entière. La session a été beaucoup appréciée. Le premier congrès de l’ESVM aura lieu à Berlin les 10 et 11 mai 2015. Nous y animerons des ateliers et des communications. Nous espérons que les médecins vasculaires français participeront en nombre à cet évènement et souhaitons un grand avenir à cette société. En 2015, au-delà des rendez-vous habituels cités plus haut, la SFMV a été approchée, après une rencontre enrichissante lors du premier congrès de l’Association Tunisienne d’Etude et de Recherche sur l’Athérosclérose (ATERA) à Tunis, par la Nouvelle Société Française d’Athérosclérose (NSFA) qui a proposé une session commune lors de son congrès annuel à Biarritz du 25 au 27 Juin. Cette société travaille autour de l’athérome avec une approche physiopathologique. Notre collaboration devrait permettre de corréler les avancées de la recherche à l’application clinique dont nous avons l’expertise. La session aura pour thème « Facteurs de risque artères/veines : similitudes et différences ». Un master class sera organisé en satellite de ce congrès sur le thème des facteurs de risque cardio-vasculaire avec notamment des échanges multidisciplinaires autour de cas cliniques. Nous serons encore présents au congrès de la LSVS (27 au 29 mars à Beyrouth) pour échanger nos expériences. Ce sera aussi l’occasion de participer aux premières tables rondes régionales d’échange entre toutes les sociétés méditerranéennes francophones de médecine vasculaire. Echanges, rencontres, projets communs… En effet nous avançons avec ces sociétés sur le principe de rencontres francophones régulières permettant d’échanger nos expériences et nos particularités d’approche de la médecine vasculaire, parce que la médecine vasculaire peut aussi avoir quelques spécificités d’une région à l’autre, concernant la fréquence de telle ou telle pathologie, son expression clinique ou encore les contraintes socio-économiques associées. Nous avons de ce fait été sollicités pour organiser, de manière encore plus officielle et donc avec encore plus de complicité, une session commune lors du congrès de la SAMEV qui aura lieu du 23 au 25 avril à Alger. Nous serons présents aussi pour une session commune lors du deuxième congrès de l’ATERA à Tunis du 7 au 9 mai, ou nous communiquerons sur le thème « Athérome et carotides ». La SFMV est membre créatrice de la Fédération Française des Ultrasons (FFU) au sein de laquelle elle travaille avec le Collège Français d’Echographie Fœtale (CFEF), la Société Française de Radiologie et la Société Francophone pour l’Application des Ultrasons en Médecine et en Biologie (SFAUMB) sur les problématiques communes des ultrasons. La FFU est devenue une interlocutrice privilégiée de la HAS et du SNITEM (Syndicat National de l’Industrie des Technologies Médicales) et est membre de l’EFSUMB où elle apporte l’expertise des médecins vasculaires dans le domaine de l’exploration vasculaire ultrasonographique. Notre société est donc, comme vous le voyez, très active sur ce projet où elle trouve une place centrale dans les thématiques qui tournent autour des vaisseaux. Elle est aussi sollicitée de manière régulière par d’autres pour avis et participation à des projets de recherche clinique. On ne peut que se féliciter de cette situation qui ne fait que refléter l’engagement et la qualité des médecins vasculaires français. En pratique, vous êtes évidemment bienvenus pour participer à toutes ces prochaines rencontres multi-sociétés, résumées ci-dessous : • • • • • • Beyrouth (LSVS) : 27-29 Mars 2015 Alger (SAMEV) : 23-25 avril 2015 Tunis (ATERA) : 7-9 Mai 2015 Berlin (ESVM) : 10-11 mai 2015 Biarritz (NSFA et master class) : 25-27 Juin 2015 Lyon (congrès national SFMV, premières journées francophones de la SFMV et congrès mondial de l’IUA) : Octobre 2016 www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 CONGRES 2014 De l’American Society of Hematology Gilles PERNOD ([email protected]) Le 56ème congrès de la Société Américaine d’Hématologie s’est tenu à San Francisco du 5 au 8 Décembre 2014. Comme chaque année, il offre un panorama complet de l’hématologie, des découvertes de la recherche fondamentale aux nouvelles thérapies pour les patients, avec deux programmes “phares”, l’éducationnel et le scientifique. Voici les résumés des principales interventions. UN NOUVEAU CHALLENGE : LE DEVELOPPEMENT DES ANTICOAGULANTS DE 3EME GENERATION ! Future prospects for contact factors as therapeutic targets. D.Gailani (Nashville, États-Unis, Session éducationnelle) À peine les anticoagulants directs sont-ils arrivés en thérapeutique qu’une nouvelle classe de molécules est en plein développement, certaines de ces dernières étant déjà en essai préliminaire chez l’homme. L’objectif est, à efficacité identique, de contraindre encore plus le risque hémorragique. Le concept de développement de ces nouvelles molécules tient à l’évolution des connaissances dans le domaine des processus d’hémostase et de thrombose, notamment de l’implication des mécanismes cellulaires de NETose (cf. supra) et de la réhabilitation de la phase contact. De nombreux modèles animaux ont notamment permis La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 de préciser que, si les facteurs de la phase contact - FXII, PK et KHPM - n’étaient pas impliqués dans le processus hémostatique du caillot, ils jouaient un rôle notable dans le développement de la thrombose pathologique. Ainsi, ont été développées des stratégies spécifiques ciblant ces facteurs. Blocage du FXI Un anticorps monoclonal anti-FXI (O1A6 ou aXIMAb) permet, chez le babouin, de bloquer l’activité du FXI. En réduisant ainsi la génération locale de thrombine de plus de 90 %, il permet, entre autres, ex vivo, de bloquer l’agrégation plaquettaire et la formation de fibrine de plus 80 %. Les taux plasmatiques de FXII, FXI ou PK peuvent être réduits par l’administration sous-cutanée de nucléotides antisens spécifiques de l’ARNm de la protéine d’intérêt. Administrés par voie sous-cutanée, les nucléotides antisens sont rapidement « captés » par l’hépatocyte. Ils se fixent ensuite à un ARNm cible par séquences de bases complémentaires, sont responsables de la dégradation sélective de cet ARNm, et ainsi de la protéine encodée. Administrés à la dose de 50 mg/kg deux fois par semaine pendant trois semaines, un FXI antisens permet de réduire de plus de 90 % le taux circulant de FXI, et confère une protection vis-à-vis de la thrombose artérielle et veineuse équivalente à l’héparine ou à une AVK. Administré chez le singe, le maximum d’effet antithrombotique est 10 - 11 observé pour des taux circulants de FXI < 20 %, sans retentissement sur un modèle de saignement. Après un premier essai de phase 1 prometteur chez le volontaire sain, un essai de phase 2 vient d’être publié dans la prophylaxie de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) en chirurgie prothétique de genou, comparé à l’énoxaparine. Administré à la dose de 300 mg/j, des taux d’évènements thromboemboliques veineux (ETEV) était de 4 % versus 30 % pour l’énoxaparine, pour des taux d’évènements hémorragiques identiques (3 % et 8 %) (H.R. Büller et al., N Engl J Med 2014 ; DOI : 10.1056/NEJMoa1405760). Blocage du FXII L’implication de la phase contact paraît séduisante dans les situations « de contact » avec des circuits, CEC, ECMO ou assistance ventriculaire. Dans un modèle expérimental de thrombose sur cathéter chez le lapin, des antisens anti-FXII (et anti-FXI) prolongent le temps de formation du caillot de deux fois alors que ceux ciblant le FVII n’ont pas d’effet. Un anticorps anti-FXIIa (3F7) est aussi efficace que l’héparine dans la prévention de la thrombose d’un circuit d’ECMO expérimental chez l’animal, sans complication hémorragique. Contrôlant a priori le risque hémorragique, ces drogues, encore en développement, ouvrent de nouvelles perspectives dans le traitement antithrombotique, E-Selectin inhibitor GMI-1271 works in combination with low-molecular weight heparin to decrease venous thrombosis and bleeding risk in a mouse model. D.D. Myers et al. (Ann Arbor, États-Unis) Blocage de la E-sélectine La E-sélectine est une molécule d’adhésion exprimée par l’endothélium activé, qui permet le recrutement des leucocytes. Le blocage de cette E-sélectine permet de diminuer la formation du thrombus et de contrôler l’inflammation associée. Dans un modèle murin de thrombose de la veine cave inférieure (VCI), les animaux ont reçu soit une héparine de bas poids moléculaire (HBPM), soit un inhibiteur GMI-1271 de la E-sélectine ou une association des deux. L’HBPM à la dose de 5-6 mg/kg seule réduit d’environ 2,5 fois la taille du thrombus à J2. L’inhibiteur, associé à une HBPM 4 mg/kg ou 3 mg/kg, permet un résultat identique, avec un risque hémorragique moindre que l’HBPM seule à forte dose. Cet inhibiteur pourrait ainsi être utilisé seul, ou en association avec de faibles doses d’HPBM, dans le domaine de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV). Les études chez le gros animal sont en cours. FIGURE 1B : TEMPS DE SAIGNEMENT DE LA VCI 300 150 200 100 Secondes Taille (X 10 g) FIGURE 1A : TAILLE DU THROMBUS (J2) notamment chez des sujets à haut risque non éligibles au traitement par AVK, en prophylaxie dans les situations à risque hémorragique comme la neurochirurgie et dans la prévention des thromboses de circuits. 100 50 0 0 Tx g k g/ H H H H I GM W W W W + + LM LM LM LM H H g g 20 kg /kg k k W / / / W CT 71 g g g g M M L m 2 m m m L 3 6 5 4 kg I-1 kg g/ g/ GM m m 4 3 o N R- m I GM CTR-No Tx versus 4 mg/kg + GMI 20 mg/kg, **p < 0,0055 CTR-No Tx versus 3 mg/kg + GMI 20 mg/kg, **p < 0,0047 I I H H H H W W W W GM +GM M LM LM LM + L H H 20 kg kg /kg /kg W W CT 1 g/ g/ g g M LM g L 27 3 m 4 m 5 m 6 m g k -I 1 k g/ g/ m GM m 4 3 o N R- Tx kg g/ m CTR-No Tx versus 5 mg/kg LMWH, *p = 0.04 5 mg/kg LMWH versus 4 mg/kg LMWH + GMI, *p = 0,034 5 mg/kg LMWH versus 3 mg/kg LMWH + GMI, *p = 0,032 www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Neutrophils in deep venous thrombosis. T.W. Wakefield (Ann Arbor, États-Unis, Comité scientifique sur l’hémostase, SCI-29) Blocage de la P-sélectine La P-sélectine est une glycoprotéine exprimée par les plaquettes activées et les cellules endothéliales, impliquée dans l’adhésion des leucocytes, plaquettes et cellules cancéreuses. La liaison de la P-sélectine à son récepteur est à l’origine du relargage de microparticules procoagulantes, de formation de fibrine et extension du thrombus. Dans un modèle animal chez la souris, l’inhibition de la P-sélectine permet de limiter la thrombose veineuse. Les auteurs ont testé cette inhibition dans un modèle de thrombose iliaque chez le babouin. Ils ont pour cela comparé un traitement curatif par HBPM à l’administration d’un anti-P-sélectine ou un anti-VWF. À J21, l’anti-P-sélectine a permis une recanalisation complète de l’axe veineux, une diminution de la fibrose vasculaire et la préservation de la compétence valvulaire, au contraire des deux autres bras, sans modification des paramètres stigmates de saignement. Ces observations suggèrent que les mécanismes inflammatoires d’interactions impliquant la P-sélectine et les leucocytes participent à l’initiation de la thrombose et à sa résolution. Hemorragies et reversion sous aod Targeted Oral anticoagulants : skating on thin ice with blood thinners. D.A. Garcia (Seattle, États-Unis, The targeted oral anticoagulants : practical considerations for the hematologist, Session éducationnnelle, p. 97) D.A. Garcia a refait le point sur les hémorragies majeures observées sous anticoagulants, rappelant une incidence de 3-4 % par an sous AVK. Le risque semble moindre sous anticoagulants oraux directs (RR [métaanalyse] = 0,72 ; IC95 = 0,6-0,8). Les principales hémorragies majeures restent les hémorragies gastrointestinales (GI) (mortalité # 3 %) et intracérébrales (ICH) (mortalité > 50 %). L’incidence des ICH sous anticoagulants oraux directs (AOD) est de l’ordre de 0,5 % versus 1,1 % sous AVK (RR = 0,43 ; IC95 = 0,370,5), celui des GI de 2,5 % sous AOD versus 1,7 % sous AVK (RR = 0,94 ; IC95 = 0,75-1,19). Au travers d’une méta-analyse de trente-trois études, le risque de décès après hémorragie majeure est de 13,4 % sous AVK. D.A. Garcia a ainsi analysé ce risque dans les différents essais dans la fibrillation auriculaire (FA) (cf. tableau 1), qui conduit à une réduction de mortalité en cas d’hémorragies graves sous AOD (RR = 0,52 ; IC95 = 0,43-0,64). Seul bémol, la qualité de prise en charge même des hémorragies sous AVK, avec, dans ces essais, très peu d’utilisation de PPSB. Tableau 1 Nombre d’hémorragies fatales/Nombre d’hémorragies majeures. Warfarine AOD ROCKET AF (rivaroxaban) 14 % 7% RELY (dabigatran) 13 % 9,1 % ARISTOTLE (apixaban) 12 % 10 % ENGAGE (édoxaban) 11,3 % 7,7 % La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 12 - 13 Bleeding in patients with atrial fibrillation treated with non vitamin K antagonist oral anticoagulants : a population-based study. M.H. Ellis et al. (Kfar Saba, Israël). Transposés dans la « vraie vie », ces résultats semblent se confirmer. Dans un registre de population conduit en Israël, 18 249 patients (âge moyen 80 ans) ont été suivis entre 2011 et 2013 après initiation d’un traitement anticoagulant pour FA. En analyse multivariée, et comme on pouvait s’y attendre, l’âge et la fonction rénale constituent des facteurs de risque d’hémorragie. Tableau 2 : AVK (n = 9 564) Dabigatran 150 mg (n = 1 806) Dabigatran 110 mg (n = 4 170) RIVAROXABAN (N = 2 709) Hémorragies/ 100 patient-an (hospitalisation) 3,9 2,8 4,6 4,3 Mortalité à 30 jours (n) 44 8 15 3 Hémorragie intracérébrale/ 100 patient-an 0,7 0,37 0,49 0,27 GI/100 patient-an 1,88 1,85 3,36 2,39 Idarucizumab, a specific antidote for dabigatran : immediate, complete and sustained reversal of dabigatran induced anticoagulation in elderly and renally impaired subjects. S. Glund et al. (Biberach, Allemagne) S. Glund a présenté les résultats des essais de l’idarucizumab, antidote spécifique du dabigatran, dans un essai randomisé en cross-over, double aveugle contre placebo, chez 46 volontaires sains de différentes caractéristiques. Le dabigatran a été administré à la dose de 220 mg 2 fois/j (ClCR 60-90 mL/min) ou 150 mg 2 fois/j (ClCR 30-60 mL/min) pendant 4 j pour atteindre l’état d’équilibre. L’idarucizumab, à la dose de 1 à 5 g, a été administré en perfusion IV sur 5 min, 2 h après la dernière administration de dabigatran. Les concentrations de dabigatran ont ensuite été mesurées et l’activité anticoagulante étudiée (dTT, ECT, aPTT). L’idarucizumab permet une réversion de l’allongement des tests de coagulation immédiatement à la fin de la perfusion. À la plus faible dose (1 g), l’effet n’est que partiel dans le temps, 2-4 h. Une seconde administration de l’antidote, deux mois après la première, reste efficace. Enfin, la réadministration de dabigatran, 24 h après l’idarucizumab, permet un effet anticoagulant. www.portailvasculaire.fr Reversal of apixaban anticoagulation by 4-factor prothrombin complex concentrates in healthy subjects. C. Frost et al. (Princeton, États-Unis) C. Frost a conduit une étude ouverte, randomisée en cross-over, chez le volontaire sain, étudiant, sur la base du TGT, la réversion de l’effet de l’apixaban par le CCP 4 facteurs. Quinze sujets ont reçu 10 mg 2 fois/j d’apixaban de J1 à J4, puis 3 h après la dernière prise, 50 U/kg de CCP ou placebo. L’ETP, 30 min après l’infusion de CCP, est comparable à celle prédose de J4 et devient comparable à l’absence d’apixaban en 3,5-5,5 h, et sur une période d’environ 15 heures. GIHP-NACO prospective registry : characterization and care of major bleeding in patients treated by direct oral anticoagulants. G. Pernod et al. (Grenoble, France) Le GIHP a présenté les résultats intermédiaires du registre GIHP-NACO, sur la période de juin 2013 à juin 2014. Deux cent dix-neuf hémorragies graves (âge moyen 76 ans) ont été reportées. Au moment de l’accident hémorragique, 61,6 % de ces patients recevaient au moins un médicament interférant avec le CYP ou la PGP, et 27 % d’entre eux recevaient un La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 autre antithrombotique associé. Vingt-cinq pour cent d’hémorragies gastro-intestinales et 35 % d’hémorragies intracérébrales ont été rapportées. Trente-huit pour cent des patients ont reçu un agent « réversant », PCC ou aPCC. La mortalité globale à 30 jours était de 14 % et 9,1 % des patients ont présenté un événement cardiovasculaire. C’est à ce jour le plus important registre d’hémorragies graves rapporté. de dix-huit mois (Fig.1). Les patients ont ensuite tous été suivis sur une période additionnelle de deux ans après l’arrêt de toute thérapeutique. Pendant la phase de traitement, le taux de récidive de maladie thromboembolique veineuse (MTEV) était de 1,7 % sous AVK versus 13,5 % dans le groupe placebo (HR = 0,11 ; IC95 = 0,03-0,37). Le taux d’hémorragies majeures était de 2,2 % dans le groupe AVK versus 0,5 % dans le groupe placebo (HR = 4,07 ; IC95 = 0,45-36,38). Pendant toute la période d’observation (incluant le suivi après l’arrêt du traitement), la récidive de MTEV était de 17,9 % dans le groupe AVK versus 22,1 % dans le groupe placebo (HR = 0,67 ; IC95 = 0,41-1,08). Le taux d’hémorragies majeures était de 3,5 % dans le groupe AVK versus 2,5 % dans le groupe placebo (HR = 1,57 ; IC95 = 0,44-5,55). Parmi les 67 épisodes de récidive, 77,6 % étaient des EP, dont 86,6 % étaient non provoquées. La poursuite du traitement de l’embolie pulmonaire (EP) idiopathique permet de contrôler la récidive, mais ce bénéfice disparaît à l’arrêt du traitement et pose la question de la poursuite au long cours du traitement de l’EP. LES NEWS DE LA THROMBOSE Two years versus six months of oral anticoagulation after a first episode of unprovoked pulmonary embolism : The PADIS PE multicenter, double-blind, randomized trial. F. Couturaud et al. (Brest, France) F. Couturaud a présenté les résultats de l’étude PADIS EP qui s’intéressait à la durée optimale du traitement d’une première embolie pulmonaire (EP) non provoquée. Trois cent soixante et onze patients ont été traités six mois par antivitamine K (AVK), puis randomisés en double aveugle, poursuite des AVK versus placebo, pour une période additionnelle Figure 1 - Risque de l’événement composite (récidive de MTEV et hémorragies majeures sur l’ensemble de l’étude). Treatment period ESTIMATED CUMULATIVE RISK 0,3 Post-treatment follow-up Placebo 0,2 VKA 0,1 HR = 0,75 (0,48;1,20) p = 0,24 0,0 0 6 12 18 24 30 36 42 Time since Randomization (months) No. at Risk Placebo 187 170 162 158 156 141 117 104 VKA 184 182 180 174 168 150 120 110 La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 14 - 15 Recurrence risk after limited duration of anticoagulant treatment for late second venous thromboembolism. T. van der Hulle (Leyde, Pays-Bas) événement thrombotique reste plus importante en cas de durée limitée (9,4/100 patient-an, IC95 = 6,1-14) que sous poursuite du traitement (1,2/100 patient-an, IC95 = 0,33-3,1) (cf. figure 1), essentiellement pour les patients ayant présenté une MTEV idiopathique (HR = 2,8 ; IC95 = 1,1-7,2). A contrario, le risque hémorragique affecté au traitement au long cours est de 2,7/100 patient-an, largement inférieur au risque de récidive. Cela plaide pour une période de traitement au long cours après le deuxième épisode. Seule exception à considérer : les patients dont le second événement était provoqué et pour lesquels un traitement limité doit être envisagé. Dans la même thématique de la récidive, T. van der Hulle a présenté les résultats d’une étude sur le risque de récidive après un traitement de durée limitée pour un second événement thromboembolique. Les recommandations néerlandaises proposent une durée de traitement limitée (# 12 mois) pour un second événement survenu plus d’un an après l’arrêt du traitement d’un premier événement. Dans une étude de management, les auteurs ont donc comparé les résultats, en termes de récidive et complications hémorragiques, d’une durée limitée (n = 77) versus illimitée (n = 55). L’incidence de récidive d’un troisième Figure 2 – Incidence cumulée de 3e épisode chez des patients traités sur une période déterminée ou au long cours. CUMULATIVE INCIDENCE RATE OF A THIRD VTE (%) 100 Limited duration Indefinite duration 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Years of follow-up after the second VTE www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Antithrombotic treatment and outcomes of splanchnic vein thrombosis in an international prospective registry : results of 2-year follow-up. W. Ageno et al. (Varèse, Italie) A randomized trial of long-term tinzaparin, a low molecular weight heparin (LMWH), versus warfarin for treatment of acute venous thromboembolism (VTE) in cancer patients – the CATCH study. A.Y. Lee (Vancouver, Canada, Late Breaking Abstracts 2) W. Ageno a présenté les données d’un registre international sur les thromboses splanchniques. Six cent quatre patients ont été inclus prospectivement de 2008 à 2012 et suivis pendant deux ans. L’âge médian était de 54 ans (16-85 ans), avec 62,6 % d’hommes. Le site principal de thrombose était la veine porte. Les principaux facteurs de risque étaient la cirrhose du foie (27,8 %) et les cancers (22,3 %). Deux cent quatrevingt-dix patients recevaient un AVK (durée médiane de 24 mois). Durant le suivi, la mortalité globale était de 10,3/100 patient-an (IC95 = 8,5-12,5). Le taux d’hémorragie était de 3,8/100 patient-an (IC95 = 2,75,2), 4,0/100 patient-an chez les patients recevant un anticoagulant versus 3,4/100 patient-an chez ceux n’en recevant pas. Les événements thrombotiques étaient de 68 (7,3/100 patient-an ; IC95 = 5,8-9,3), 5,6/100 patient-an sous anticoagulant versus 9,7/100 patient-an en l’absence de traitement anticoagulant. L’incidence d’événements hémorragiques et thrombotiques était la plus élevée chez les patients cirrhotiques (10,0/100 patient-an et 11,3/100 patient-an) et la plus basse en l’absence de cirrhose et cancer (1,8/100 patient-an et 5,6/100 patient-an). A.Y. Lee a présenté les résultats de l’étude CATCH d’utilisation de la tinzaparine dans le traitement de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) au cours du cancer. Neuf cents patients ont été randomisés en ouvert tinzaparine 175 U/kg/j versus tinzaparine/ relais AVK. L’âge moyen était de 59 ans et 23 % des cancers étaient gynécologiques, 13 % colorectaux, 12 % pulmonaires, 9 % des seins, 10 % hématologiques. Cinquante-cinq pour cent des patients étaient au stade métastatique. Le temps dans l’intervalle d’INR cible était de 47 %. À 6 mois, 31 patients (6,9 %) du groupe tinzaparine avaient récidivé versus 10 % dans le groupe AVK (HR = 0,65 [IC95 = 0,41-1,03] ; p = 0,07), dont 12 (2,7 %) et 24 (5,3 %) pour la récidive de thrombose veineuse profonde (TVP) (HR = 0,48 [IC95 = 0,24-0,96] ; p = 0,04). Le nombre d’hémorragies majeures était identique (2,9 % bras tinzaparine et 2,7 % bras AVK). Figure 3 – Incidence cumulée de récidives dans les bras tinzaparine et AVK. 0,12 0,11 0,10 CUMULATIVE INCIDENCE 0,09 0,08 0,07 0,06 0,05 0,04 0,03 tinzaparine warfarin 0,02 0,01 0,00 0 30 60 90 120 150 180 Days in trial La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 16 - 17 Identification of patients at high risk of cancer after venous thromboembolic disease : a prospective multicenter observational study. G. Pernod et al. (Grenoble, France) G. Pernod a présenté les résultats d’une étude visant à caractériser les patients à haut risque de cancer après un épisode de maladie thromboembolique veineuse (MTEV). Mille cinq cent soixante-cinq patients présentant une MTEV ont été suivis sur une période de trois ans. L’incidence des cancers était de 2,7 % à un an et 4,7 % à 3 ans. Parmi la population de moins de 50 ans, seuls 2 cancers sur 396 patients ont été diagnostiqués, soit une incidence de 0,5 %. La probabilité de survenue de cancer à 3 ans était indépendante de la localisation de la thrombose veineuse profonde (TVP) (distale ou proximale). En analyse multivariée, l’âge > 50 ans (HR = 11,1 [2,7- 45,5] ; p < 0,01), le caractère idiopathique (HR = 1,8 [1,1-2,8] ; p = 0,02), la bilatéralité de la thrombose (HR = 1,9 [1,01-3,7] ; p = 0,05), la récidive dans l’année suivant l’arrêt du traitement (HR 3,5 [1,9-6,5] ; p < 0,01) ou sous traitement (HR = 6,5 [3,2-13,4] ; p < 0,01) sont prédictifs de cancer. Parmi les patients de plus de 50 ans, les auteurs ont pondéré les facteurs de risque en fonction de leur HR, en affectant trois points à la récidive sous traitement, et un point pour la MTEV idiopathique, la récidive sans traitement, la thrombose bilatérale. Cette pondération permet de définir trois groupes de risque (cf. tableau). Risque N (% de VTE + patients) Probabilité de cancer à 3 ans Faible risque (score 0) 597 (51 %) 3,6 % [2,4-5,6] Risque intermédiaire (score 1 – 2) 525 (45 %) 9,1 % [6,8-12,2] Risque élevé (score ≥ 3) 47 (4 %) 27,3 % [15,6-45,1] www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 La Lettre du Médecin Vasculaire n°29 - Décembre 2014 16 - 17 Biarritz, Centre de Congrès « Le Bellevue » 26-27 juin 2015 Pathologie thrombotique conjointe : artères et veines Gilles PERNOD ([email protected]) 4ème Master Class de la Société Française de Médecine Vasculaire (26-27 Juin 2015) et 11ème congrès de la Nouvelle Société Francophone d’Athérosclérose (25-27 Juin 2015) Le prochain Master Class de Médecine Vasculaire aura lieu les 25 et 26 juin 2015, à nouveau à Biarritz, conjointement au congrès de la Nouvelle Société Francophone d’Athérosclérose (NFSA) qui nous a convié à échanger. Ces journées seront dédiées à l’intrication des pathologies thrombotiques artérielles www.portailvasculaire.fr et veineuses. Ce moment sera pour nous tous le temps de partager ce qui fait notre différence, mais surtout notre complémentarité, la confrontation des données fondamentales et cliniques. A ce titre, ces deux journées verront se développer des communications, sessions plénières et discussion de cas cliniques. Ce rapprochement des deux sociétés ne pourra être que bénéfique dans le partage et l’évolution des connaissances. A bientôt pour de grands moments d’échanges … Programme et modalités de participation sur le site La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Programme Master Class 2015 Vendredi 26 Juin : 10h00 - 18h00 10h00-11h20 OUTILS D’EVALUATION DU RISQUE ARTERIEL 10h00Apport de l’étude du rapport intima/média dans l’évaluation du risque artériel. S. KOWNATOR (Thionville) 10h20Apport de la détection de plaques asymptomatiques dans l’évaluation du risque artériel. M. DADON (Paris) 10h50Apport de l’étude de l’IPS et des index de résistance dans l’évaluation du risque artériel. I. DESORMAIS (Limoges) 11h00Evaluation biologique du risque artériel: quel bilan ? Orateur en attente de confirmation 11h20 - 11h30 Pause-café 11h30 - 12h : OUTILS D’EVALUATION DU RISQUE VEINEUX 11h00Apport des DD et thrombus résiduel dans l’estimation du risque de récidive de MTEV. A. ELIAS (Toulon) 11h30 Foramen Ovale Perméable et sclérothérapie. P. OUVRY (St Aubin sur Scie) 12h00 - 14h00 Déjeuner 14h -16h : NOUVEAUX CONCEPTS DANS LE MAINTIEN DE L’INTEGRITE ARTERIELLE Session conjointe NFSA / SFMV Modérateurs : J.F. ARNAL (Toulouse), M.P. JACOB (Paris) 14h00 Homéostasie vasculaire et hormones circulantes : mise en perspective. J. MENARD (Lyon) 14h40L’interface sang-vaisseau : une clé de la physiopathologie vasculaire ? J.B. MICHEL (Paris) 15h20Réponse immunitaire loco-régionale à l’agression artérielle. T. NICOLETTI (Paris) 16h00 – 16h30 Pause-café 16h30 – 18h00 CAS CLINIQUES La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 20 - 21 Samedi 27 Juin : 9h00 – 16h00 9h - 12h30 FACTEURS DE RISQUE ARTERES / VEINES : SIMILITUDES ET DIFFERENCE Session conjointe NFSA / SFMV Modérateurs : J.F. ARNAL (Toulouse), G. PERNOD (Grenoble) Obésité et thrombose veineuse profonde 09h00Données cliniques. A. BURA RIVIERE (Toulouse) 09h20Hypothèse physiopathologique de l’association. P.E. MORANGE (Marseille) Statine et prévention de la MTEV 09h40Données cliniques. D. STEPHAN (Strasbourg) 10h00Hypothèse physiopathologique pour expliquer l’efficacité potentielle. Orateur en attente de confirmation 10h30 – 11h00 Pause-café THS et risque de MTEV 11h00Données cliniques. C. BONNIN (Nice) 11h20Vers un THS sans risque thrombotique. J.F. ARNAL (Toulouse) Physiopathologie de la thrombose veineuse profonde 11h40Description comparative des lésions artérielles et veineuses : un nouvel état des lieux. J.B. MICHEL (Paris) 12h00Acteurs cellulaires de l’agression veineuse : progrès récents dans la modélisation. B. HO TI NOE (Boston, USA) www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Sept Bonnes Raisons de Participer au Premier Congrès de l’European Society for Vascular Medicine Berlin : 10 - 12 mai 2015 Patrick Carpentier ([email protected]) Conseil des Relations Internationales et de la Francophonie Dans trois mois se tiendra à Berlin le premier congrès européen de médecine vasculaire, et il est important qu’un maximum d’entre nous puisse participer à cet événement fondateur qui va marquer un tournant historique dans le développement de notre spécialité. Mais au delà de cet aspect affectif très fort à juste titre pour beaucoup d’entre nous, voici sept bonnes raisons, cette fois très objectives, de participer au congrès de Berlin : 1. La qualité scientifique : Le congrès regroupe quatorze sociétés nationales de médecine vasculaire européenne qui ont du se mettre d’accord sur le programme et le choix des orateurs qui abondent dans chaque pays et pour chaque thème : la sélection n’a pas été facile et garantit la meilleure qualité scientifique. Les présentations seront courtes et percutantes : chaque orateur, aussi prestigieux soit-il, n’ayant que 8 minutes pour convaincre ! 2. L’acquisition de nouveaux savoir-faire : Seize ateliers pratiques de 2 à 4 heures chacun auront lieu en parallèle au cours de deux demi-journées qui leurs sont spécifiquement dédiées. A condition de s’inscrire tôt, chacun peut donc participer à au moins deux ateliers qui auront la richesse d’un partage d’expériences d’autant plus variées qu’elles viennent de tous les pays d’Europe. 3. La découverte de la médecine vasculaire européenne : La pratique de la médecine vasculaire n’est pas www.portailvasculaire.fr la même dans toute l’Europe. Chaque pays a ses spécificités et ses points forts que chacun pourra découvrir à l’occasion des congrès. Les allemands qui nous reçoivent sont heureux de nous montrer comment ils pratiquent eux-mêmes les gestes endo-vasculaires artériels. Plusieurs présentations en “live” seront intercalées dans le programme. 4. La place de la France : Pour qu’existe l’Europe de la médecine vasculaire, il faut que chaque société nationale y tienne sa place. La Société Française de Médecine Vasculaire est la plus nombreuse de toutes et se doit de le montrer. Seize d’entre nous prendront la parole pendant le programme scientifique et dans les ateliers. Nous serons fiers d’avoir votre support et comptons sur vous pour être actifs dans les discussions et ateliers afin de faire connaître à nos collègues des autres pays notre manière française de travailler. 5. Le développement de la Médecine Vasculaire : Une spécialité ne peut se développer ni survivre si elle n’existe pas au niveau européen, au même niveau que les autres disciplines. Ce congrès a été l’occasion d’inviter les présidents des Sociétés Européennes de Chirurgie Vasculaire, d’Imagerie Vasculaire Interventionnelle, de Cardiologie, d’Hémostase : l’image qu’ils auront de la Médecine Vasculaire Européenne facilitera nos futurs contacts, et notre nombre sera une marque de notre dynamisme. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 6. Berlin et Potsdam : Notre congrès a lieu à Potsdam, au pied du célèbre château où Frédéric II recevait l’élite philosophique et scientifique européenne du siècle des lumières. C’est une belle occasion de visiter un lieu où souffle l’esprit, et bien sûr, à deux pas, une des capitales les plus dynamiques d’Europe. SFMV notre maison nationale. A travers cette dernière, nous sommes tous cotisants et membres de l’ESVM, qui est notre troisième maison, notre maison européenne où tout se construit pour que nous nous y sentions bien, et pour que nous puissions tous y travailler ensemble à notre bien commun. 7. La Société Européenne de Médecine Vasculaire est notre maison : Chacun d’entre nous est heureux et fier d’appartenir à son ARMV au niveau régional, et à notre Site du congrès sur www.cong-o.com Site de l’ESVM : www.vascular-medicine.eu La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 24 - 25 Congrès 2015 de la Société Française de Médecine Vasculaire. Nancy 2015 Dominique BRAVETTI ([email protected]), Denis WAHL ([email protected]) et le comité d’organisation. Nous vous attendons tous à Nancy du 23 au 26 septembre 2015 pour votre 14ème Congrès de la Société Française de Médecine Vasculaire. Facile d’accès Nancy est situé à 1 h 30 de Paris. Le centre de congrès Prouvé qui va vous accueillir jouxte la gare TVG, première porte d’entrée de l’agglomération. Il vient d’être inauguré, construit à partir du tri postal conçu dans les années 1970 par les célèbres architectes Jacques André et Claude Prouvé. Il est à l’image de notre congrès, tourné vers le futur avec un équipement du 21ème siècle sans oublier le passé et tous ceux qui nous ont précédés et permis à la médecine vasculaire de devenir ce qu’elle est, une entité à part entière dynamique, réceptive, évolutive. Nancy possède une richesse universitaire et de recherche avec un CHRU performant. Forte de 3 800 enseignants chercheurs, l’Université de Lorraine couvre tous les champs de la connaissance avec 52 000 étudiants. Nancy, au cœur du sillon Lorrain et de l’Europe, proche de l’Allemagne, de la Belgique du Luxembourg vous séduira par un patrimoine UNESCO d’exception, le musée de l’école de Nancy avec Emile Gallé, Louis Majorelle, les estampes de la légende de France Raoul Tonnelier, la villa Majorelle, le Château de Thorey-Lyautey, l’ancienne demeure d’Emile Coué, personnalité atypique du monde médical grand précurseur de la pensée positive. Vous pourrez également y admirer la galerie Poirel avec ses célèbres images d’Epinal, la tour de la commanderie vestige des Hospitaliers de l’Ordre de Saint-Jean-deJérusalem, la ville vieille avec la dernière demeure de www.portailvasculaire.fr Charles Le Téméraire, la cathédrale de Nancy avec l’étole de saint Charles Borromée archevêque de Milan canonisé en 1610, le monument du cœur de la reine de France Marie Leszczynska, épouse de Louis XV qui permis à la Lorraine de devenir française, sans oublier bien entendu la célèbre place Stanislas avec la statue de Stanislas Leszczynski et bien d’autres vestiges du passé. Notre programme scientifique, centré sur le futur de la Médecine Vasculaire fera le point sur les actualités les plus récentes sur le diagnostic et la prise en charge des maladies vasculaires. Nous accueillerons des collègues Européens et Nord-Américains. Enfin la session sur le traitement des anévrysmes viendra en épilogue du programme Vésale. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 26 - 27 VESALE 2015 Jean Pierre LAROCHE ([email protected]) Lorsque vous recevrez le 30ème numéro de la LMV, vous aurez dépisté plus de 300 anévrismes de l’aorte abdominale. Si on fait l’hypothèse la plus basse d’une prévalence de 2%, 15 000 patients auront été dépistés : BRAVO ! Mais VESALE continue, chaque jour, jusqu’au congrès de Nancy, alors il ne faut pas se relâcher et maintenir le dépistage chaque jour chez nos patients. Les cibles : • Femmes et Hommes de 50 ans et plus avec un antécédent d’anévrisme de l’aorte abdominale chez les parents au 1° degré. • Femmes et Hommes entre 60 et 75 ans • Femmes et Hommes de plus de 75 ans avec une espérance de vie en rapport avec la moyenne de durée de vie attendue soit 85 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes Gestion des anévrismes dépistés : rendez-vous sur le site http://sfmv-vesale.fr/ , cliquez sur « réservé médecins participants » et remplissez le module suivant, 4 questions, 45 sec. Notre ambition est de dépister 1000 anévrismes, nous en avons la capacité, vous avez la capacité de le faire, alors plus aucune hésitation, dépistez les anévrismes ! Merci de votre participation En illustration : Rappel : comment je mesure le diamètre antéro postérieur de l’anévrisme ? Le diamètre de l’AAA doit être mesuré selon les règles de bonnes pratiques émises par la SFMV : adventiceadventice, coupe transversale, perpendiculairement à l’axe de l’aorte et générant une section circulaire la plus parfaite possible. La mesure du diamètre transverse maximal est la moins reproductible en échographie. www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Agenda LisTE dEs CONgrEs VasCuLairEs 10-12 Mai 2015 • Berlin-Potsdam, Allemagne • 1er Congrès de la Société Européenne de Médecine Vasculaire • Organisation : http://www.cong-o.de 26-29 Juin 2015 • Montpellier, Corum • 30ème Congrès de la Société de Chirurgie Vasculaire de Langue Française • Organisation : SCV : www.vasculaire.com 13-15 Juin 2015 • Montpellier, Corum 23-26 Septembre 2015 • 20ème Congrès de la Société Française de l’Abord Vasculaire • Organisation : www.sfav.org • Nancy, Centre des Congrès Prouvé • 14ème Congrès de la SFMV • Thème : La Médecine Vasculaire du futur • Organisation : Denis WAHL, Dominique BRAVETTI et l’ARMV Lorraine. 26-27 Juin 2015 • Site : http://nancy2015.sfmv.fr • Biarritz, Centre de Congrès “Bellevue” • 4ème Master Class de la SFMV et 11ème Congrès de la NFSA • Site : www.portailvasculaire.fr 5-9 Octobre 2016 • Lyon, Centre des Congrès • 15ème Congrès de la SFMV & 27ème Congrès Mondial de l’UIA • Organisation : Patrick CARPENTIER • Site : http://lyon2016.iua.sfmv.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°29 - Décembre 2014 28 - 29 Formation Médicale Continue NUMÉRO 30 P.31 Recommandations de la SFMV concernant la sécurité et l’environnement en médecine vasculaire (partie III). P. Giordana, P. Carpentier, P. Desnos, JL. Gerard, C. Hamel-Desnos, B. Marabelle, G. Miserey, P. Quehe. P.40 LE TEST FMC www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Recommandations de la Société Française de Médecine Vasculaire concernant la sécurité et l’environnement en médecine vasculaire (partie III). Comité de Rédaction : Pascal Giordana*, Patrick Carpentier*, Philippe Desnos*, Jean-Luc Gérard*, Claudine Hamel-Desnos*, Bernard Marabelle**, Gilles Miserey*, Philippe Quéhé* *Médecin vasculaire **Médecin expert auprès de la cours d’appel d’Aix en Provence Conseils techniques : Agnès Lashéras-Bauduin***, Anne Marie Rogues*** ***Praticien hygiéniste Comité de relecture : Jean-François Auvert *, Patrice Ecalard*, Chantal Elbhar-Pouchoux*, Gilles Gachet*, Claude Garde*, Catherine Gaillard*, Jean-Luc Gillet*, Sébastien Gracia*, Jean-Jérôme Guex*, Bruno Guias*, Philippe Lacroix*, Mathilde Lederlin**, Luc Moraglia*, Pierre Ouvry*, Gilles Pernod*, Olivier Pichot*, Marie-Antoinette Sevestre-Pietri*, Christine Stirnemann*, Patrick Trevidic ****, Jean-François Van Cleef * Société Française d’Hygiène Hospitalière (Conseil Scientifique) Martine Erb*****, Olivia Keita-Perse ***, Jean-Ralph Zahar*** *Médecin vasculaire ** Médecin urgentiste ***Praticien hygiéniste ****Chirurgien plasticien *****Infirmière La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 30 - 31 Cette troisième partie concerne les traitements endoveineux thermiques. 1. Traitements endoveineux thermiques 3.2.1.Information Il est recommandé Il est recommandé, avant tout traitement endoveineux thermique d’informer préalablement le patient, par une information claire, loyale et appropriée, oralement et par un document écrit et au mieux signé du patient sur : • Les traitements alternatifs, sur l’évolution prévisible de sa maladie sans traitement • Le détail de la procédure • Les effets indésirables fréquents et les risques graves. • Préciser les bénéfices et les inconvénients, le suivi à court et moyen termes de la possible nécessité d’avoir recours à des gestes complémentaires. 3.2.2 Description de la procédure standard 3.2.4. Prévention du risque infectieux Les modalités de mise en œuvre des traitements endoveineux thermiques (radiofréquence et laser) suivent une séquence standardisée similaire : • ponction percutanée échoguidée de la veine à traiter et mise en place d’un introducteur, • insertion de l’applicateur thermique (sonde radiofréquence ou fibre laser) dans la veine à traiter, • positionnement de l’extrémité de l’applicateur thermique au niveau approprié, • anesthésie locale par tumescence (ALT), • application de l’énergie thermique, • vérification par l’échographie de l’intégrité de la jonction saphéno-fémorale ou saphéno-poplitée et de l’efficacité thérapeutique. Cette procédure standard décrite n’inclut pas de geste complémentaire (phlébectomie). Les complications infectieuses sont rares, l’analyse de la HAS faisant état de moins de 0,5 % d’infection, l’incidence étant encore plus faible dans les études récentes. Le risque infectieux peut être secondaire à la ponction échoguidée permettant la mise en place de l’introducteur et de la fibre, et/ou aux ponctions nécessaires pour réaliser l’anesthésie par tumescence. 3.2.3. Evénements indésirables Identifiés comme liés à la procédure : brûlures cutanées, infection locale ou loco-régionale, complications thrombo-emboliques (TVP et EP), troubles neurologiques, largage du guide, fistule artério-veineuse. Potentiels, liés à la tumescence : réaction allergique, toxicité systémique de la lidocaïne, (neurologique puis cardiaque), infection locale ou loco-régionale aux points d’infiltration. Salle Le rôle direct de l’environnement (qualité de l’air notamment) dans la survenue d’une complication infectieuse après traitement endoveineux thermique (TEVT) n’a pas été démontré, le risque pouvant être plus aisément relié aux pratiques. La norme NF 90351 ne prévoit pas un traitement de l’air particulier (approvisionnement en air contrôlé filtré) dans ce contexte spécifique ni pour des actes assimilables. Cependant, l’organisation de l’espace et de l’opérateur doit permettre d’éviter les fautes d’asepsie. Ainsi, la salle doit être de taille suffisante pour une installation confortable du patient, de l’échographe, du matériel spécifique (générateur, pompe électrique), et distincte des zones administratives. Elle doit être équipée de revêtements aisément nettoyables à l’aide d’un produit détergent-désinfectant. L’accès à la salle pendant la procédure doit être le plus restreint possible. Il est recommandé • de réaliser l’acte dans une salle de soins suffisamment grande, aisément nettoyable et nettoyée-désinfectée, • demander une douche au patient le matin de l’acte (savon doux ou antiseptique) et d’éviter la dépilation (rasage mécanique proscrit), • réaliser une antisepsie cutanée de niveau intermédiaire, • porter des gants stériles et un masque, • pour éviter les fautes d’asepsie, revêtir une coiffe, une casaque stérile et se faire aider, • utiliser du matériel stérile à usage unique (y compris gaine de protection de sonde), • disposer une collecteur OPCT et de sac spécifique pour DASRI. www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Préparation du patient Une douche, ou toilette, au savon le matin de la procédure est suffisante mais une douche avec savon antiseptique (type Bétadine scrub® ou Hibiscrub®) peut être prescrite a discrétion de l’opérateur pour s’assurer de l’hygiène corporelle du patient. L’épilation est rarement nécessaire. Elle est laissée à la discrétion de l’opérateur (meilleure qualité d’image échographique) selon la pilosité du patient et doit faire appel à la tonte ou l’application de crème dépilatoire. Le rasage mécanique est proscrit. • L’antisepsie cutanée est celle recommandée dans le tableau I par analogie avec la pose d’une voie veineuse périphérique (2 applications d’antiseptique alcoolique ; délai d’action nécessaire avant la réalisation du geste compris entre 30 secondes et 1 minute selon le produit). • La réalisation d’une procédure au bloc opératoire impose les conditions de préparation spécifique (douche pré-opératoire la veille au soir et/ou le matin de la procédure). Opérateur et matériel Le port de gants stériles, après désinfection des mains avec un produit hydro-alcoolique, et d’un masque est recommandé. Le port d’une charlotte et le port d’une casaque stérile pour éviter les fautes d’asepsie sont conseillés. L’utilisation d’un pyjama de bloc (usage unique) est suggérée. Si la procédure est théoriquement réalisable par un seul opérateur, l’assistance d’une aide rend le geste plus simple, en évitant le risque de faute d’asepsie. Tout le matériel est stérile et à usage unique. Il comprend : • les champs stériles nécessaires, • le kit de ponction, • l’introducteur, • l’applicateur thermique (sonde radiofréquence ou fibre laser) • une gaine de protection stérile pour recouvrir la sonde d’échographie. Les déchets médicaux sont éliminés selon le circuit recommandé (cf. généralités, partie I, LMV 28). Un collecteur à OPCT est nécessairement placé à proximité du soin (à portée de mains). Traitement endoveineux thermique (procédure de référence sans phlébectomie) - Généralités Nous recommandons une anesthésie strictement locale par tumescence sous contrôle échographique pour réaliser une procédure endoveineuse thermique, afin de limiter le risque de complication neurologique et cutanée. Une vérification du matériel avant et après procédure, et la surveillance du matériel par l’opérateur sont recommandées pendant toute la procédure, en particulier la position du guide. Nous recommandons un contrôle échographique strict de la position de la sonde au niveau de la jonction saphénofémorale ou saphéno-poplitée en particulier, afin de limiter le risque d’extension du thrombus aux veines fémorale ou poplitée. Nous recommandons une déambulation immédiate post procédure. Nous conseillons la mise en place d’un bas de compression 15 à 20 mmHg à la cheville, classe 2 française. Une prévention thrombo-embolique systématique par HBPM ou fondaparinux n’est pas recommandée, mais doit être appliquée si le patient est jugé à risque thrombo-embolique. 3.2.5. Prévention des événements indésirables liés à l’anesthésie par tumescence L’infiltration, dans le compartiment saphène, sous contrôle échographique, d’une solution diluée d’anesthésique local, assure : • une anesthésie de la zone traitée, • une hydro-dissection des tissus, • une protection thermique des structures péri- La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 veineuses lors de l’application de l’énergie, • la vacuité de la veine saphène par l’effet compressif du liquide extravasculaire injecté, • un meilleur contact de la sonde/fibre et de la paroi veineuse. Dose de lidocaïne et composition de la solution Les doses moyennes rapportées pour le traitement 32 - 33 d’une saphène sans phlébectomie sont en moyenne de 80 à 120 mg de lidocaïne. Concernant les TEVT, la dose maximale de 200 mg de lidocaïne figurant dans le Vidal est toujours suffisante pour un geste bilatéral (soit moins de 3 mg/kg pour un poids de 70 kg). La solution de tumescence recommandée consiste à diluer 20 ml d’une solution de lidocaïne à 1 % (10 mg/ml), soit 200 mg de lidocaïne dans une solution de sérum physiologique (volume de 250 à 500 ml). contrôle échographique, dans l’espace inter-fascial pour les veines saphènes et autour des jonctions. Le guidage échographique limite le risque d’injection intraveineuse de la solution de tumescence. L’utilisation d’une pompe facilite le geste. À la fin de la tumescence, l’examen échographique vérifie l’hydro-dissection manchonnant la veine saphène contenant la sonde/fibre, garantissant l’isolation de la veine saphène par rapport aux tissus et par rapport à la peau. Nous recommandons de ne pas utiliser d’adrénaline et de bicarbonates. Effets secondaires Différents types d’effets indésirables peuvent survenir lors d’une anesthésie par tumescence. Le plus fréquent est le malaise vagal. Le choc anaphylactique est exceptionnel mais grave. Les incidents ou accidents allergiques sont plus rares avec la lidocaïne qu’avec la procaïne et la méthicaïne. Leur prise en charge et rappelée dans la partie II, Urgences, LMV 29. Les intoxications à la lidocaïne sont rares à condition de ne pas dépasser la dose maximale de 35 mg/kg. Compte tenu de la dose préconisée pour le TEVT, elles ne peuvent être rencontrées. Préparation de la solution La préparation de la solution pour la tumescence doit être réalisée immédiatement avant l’acte lui-même, en suivant les règles d’asepsie (voir partie I, Généralités, LMV 28). Echo-guidage pour réalisation de l’anesthésie par tumescence La solution doit impérativement être injectée sous Traitement endoveineux thermique (procédure de référence sans phlébectomie) anesthésie locale par tumescence Nous recommandons de n’utiliser que de la lidocaïne non adrénalinée et du sérum physiologique pour la réalisation d’une anesthésie par tumescence en vue d’une procédure endoveineuse thermique. La dose de lidocaïne maximale recommandée pour une procédure (uni ou bilatérale) est de 200 mg (20 ml d’une solution à 1 %) diluée dans du sérum physiologique (250 à 500 ml). L’interrogatoire doit renseigner les antécédents allergiques, la prise de médicaments pouvant interférer avec le métabolisme du CYP450, et les patients à risque de surcharge volumique (insuffisance cardiaque, rénale et hépatique). L’infiltration doit être effectuée après asepsie de la zone injectée, et sous contrôle échographique, afin d’effectuer une répartition adéquate du liquide de tumescence et afin de limiter tout risque d’injection intra-vasculaire. Même si le risque de surdosage est hypothétique aux doses maximales recommandées, les signes précoces de surdosage, notamment neurologiques, doivent être recherchés par l’interrogatoire lors et dans les suites immédiates de l’ablation thermique. Une surveillance d’au moins 30 min après la réalisation de l’anesthésie par tumescence est recommandée. Précautions et examens préopératoires Une fiche d’information doit être remise au patient au préalable, détaillant notamment : • la procédure, • les traitements alternatifs, • les effets indésirables fréquents et les risques graves, • les bénéfices et les inconvénients, • le suivi à court et moyen termes, • la possible nécessité d’avoir recours à des gestes complémentaires. www.portailvasculaire.fr L’interrogatoire doit renseigner les antécédents allergiques, la prise de médicaments pouvant interférer avec le métabolisme du Cytochrome P450, et les patients à risque de surcharge volumique (insuffisance cardiaque, rénale et hépatique), même si un volume de 500 ml de liquide de tumescence est exceptionnellement dépassé dans les TEVT. L’anesthésie locale par tumescence ne nécessite pas d’examens préopératoires en pratique courante. Il n’est pas nécessaire de demander au patient d’être à jeun. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Protocole en cas d’événement grave Une fiche protocole résumant la conduite à tenir en cas de malaise vagal, de choc anaphylactique ou de signe d’intoxication à la lidocaïne doit être rédigée et disponible (affichage) de même que les numéros d’urgence à contacter. 3.2.6. Largage du guide L’opérateur doit, pendant la procédure, surveiller constamment son matériel, en particulier le guide (visuellement et échographiquement). L’utilisation d’un guide suffisamment long et sa sécurisation sont conseillées, même si la migration du guide n’a été qu’exceptionnellement décrite (case report). 3.2.7. Brûlures cutanées Sur les 17 études analysées par la HAS en 2008, l’incidence des brûlures cutanées est de 0 à 1,5 %. Elles sont la conséquence d’une infiltration liquidienne péri-veineuse (tumescence) insuffisante. Avant de débuter l’application de l’énergie, l’examen échographique doit vérifier la bonne isolation de la veine saphène par rapport aux tissus et surtout par rapport à la peau. NB : bien que l’ALT soit recommandée pour réaliser une procédure endoveineuse thermique, dans les rares cas où celle-ci doit être effectuée sous rachianesthésie, bloc crural, ou anesthésie générale, une infiltration par tumescence (dans ce cas de sérum physiologique) de qualité sous écho-guidage doit être systématiquement effectuée. 3.2.8. Complications neurologiques Les paresthésies constituent des événements indésirables potentiels des procédures endoveineuses. De survenue précoce, elles disparaissent le plus souvent dans les 6 mois. Elles sont plus fréquentes et persistantes lors du traitement de la grande veine saphène sous le tiers moyen de jambe (11,6 % à 6 mois, 7,7 % à 5 ans) ou lors du traitement de la petite veine saphène (9,5 % à 6 mois). Les études les plus récentes retrouvent entre 0,7 et 4 % de paresthésies. Lors de l’application thermique, le signalement par le patient d’une douleur fulgurante, en particulier à type de décharge électrique, témoigne d’une irritation neurologique par la chaleur et impose l’arrêt immédiat de l’application thermique. L’utilisation d’une anesthésie autre que strictement locale prive l’opérateur de cette « douleur-signal ». En raison des risques neurologiques plus élevés pour la petite veine saphène, le traitement thermique devra être impérativement effectué sous anesthésie strictement locale, par tumescence. Le traitement thermique des segments distaux des grandes et petites veines saphènes (tiers inférieur de jambe) La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 devra être évité en raison de la plus grande proximité des nerfs dans ces régions, proximité qui expose à un plus grand risque de complications neurologiques. Un repérage échographique minutieux des structures nerveuses proches de l’axe veineux traité est conseillé lors de la réalisation de la cartographie préopératoire, en particulier pour la petite veine saphène et dans les zones réputées à risque. Trois AVC sont décrits dans les suites d’un TEVT, dont l’imputabilité reste discutée. 3.2.9. Complications thrombo-emboliques L’analyse des études cliniques originales renseignant la sécurité de la procédure radiofréquence réalisée en 2008 par la HAS ne révèle aucun décès. Deux cas d’embolie pulmonaire sont décrits, sans précision sur l’évolution des patients. Pour la radiofréquence, l’incidence des thromboses veineuses profondes est comprise entre 0,9 % et 0,5 %. Elle est moindre pour le laser endoveineux (LEV) (0,1 % d’embolie pulmonaire et 0,4 % de thrombose veineuse profonde). Un positionnement adéquat de la fibre sous la jonction saphéno-fémorale ou saphéno-poplitée réduit le risque de thrombus précoce de la jonction. L’examen échographique de la jonction, de la veine fémorale ou poplitée, doit être systématique à la fin de la procédure. La déambulation doit être immédiate. Le recours à un traitement anticoagulant préventif post-opératoire n’est pas indispensable ; il est réservé aux patients à haut risque thrombotique et doit être discuté au cas par cas. 3.2.10. Secteur de réalisation d’un TEVT La HAS, dans son avis rendu en 2008 et actualisé en 2013, considère que la procédure de radiofréquence doit être réalisée en secteur opératoire, secteur dont les caractéristiques organisationnelles, fonctionnelles et techniques sont définies par l’arrêté du 7 janvier 1993. Pourtant, dans ces 2 rapports, n’est ni abordé ni justifié le choix du secteur opératoire, qui semble obéir plus au principe de précaution qu’à une analyse objective des risques et complications immédiates de la procédure standard telle que définie ici. En 2010, les niveaux d’environnements techniques pour la réalisation d’actes interventionnels en ambulatoire ont également été discutés par la HAS. Trois niveaux sont décrits et des critères d’orientation proposés selon le patient (score ASA), le type d’anesthésie et les groupes d’actes, en laissant le soin aux sociétés savantes de détailler pour chaque acte l’environnement nécessaire. Au seul fait de l’anesthésie par tumescence, et sans spécifier les actes attachés à cette modalité d’anesthésie, le niveau proposé pour le traitement endoveineux thermique dans ce document est le niveau 2, sur la base d’une seule recommandation. 34 - 35 La HAS évoque dans ce document 2 sous-niveaux : • un niveau 2A, plus proche du niveau le moins complexe (niveau 1), mais nécessitant des conditions d’asepsie renforcée et/ou la présence d’une tierce personne pour la réalisation de l’acte ; ce niveau 2A, ne nécessitant pas la présence d’un anesthésiste, serait compatible avec l’utilisation d’une salle dédiée hors établissement de soins ; • un niveau 2B se rapprochant davantage du niveau le plus complexe (niveau 3), du fait de la présence d’un anesthésiste sur site notamment. Compte tenu des spécificités de la procédure de traitement endoveineux thermique de référence telle que détaillée, des modalités de l’anesthésie par tumescence recommandée (lidocaïne non adrénalinée et sérum physiologique), de la durée totale de l’acte, la réalisation d’un TEVT répond, selon nous, au niveau 2A tel que défini ci-dessus. Dans ces conditions, le matériel d’urgence recommandé pour ce niveau 2A ne devrait pas différer du matériel réglementaire de tout cabinet médical ou dentaire. L’usage de la lidocaïne, dans les limites vues plus haut (dose inférieure à la dose maximum recommandée dans le Vidal, sans adrénaline), nécessite cependant de disposer d’une source d’oxygène. Ni l’âge avancé, ni la prise d’un traitement anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire ne modifient l’environnement requis. Cependant, un score ASA supérieur ou égal à 3, une insuffisance cardiaque, rénale, ou hépatique, un IMC supérieur à 35 ou tout malade estimé à risque par l’opérateur, peuvent conduire celui-ci à choisir de réaliser cette procédure dans un environnement de niveau supérieur (2B ou 3) (Tableau II). Environnement de niveau 2A suggéré pour la réalisation d’un traitement endoveineux thermique (procédure de référence sans phlébectomie, patient ASA 1 ou 2, sans majoration du risque estimé par l’opérateur) • Salle dédiée, sans traitement d’air, avec possibilité de surveiller le patient les 30 min qui suivent la procédure. • Réalisation d’une procédure de référence (asepsie, matériel, monitorage échographique, anesthésie locale par tumescence). • Matériel d’urgence réglementaire (comprenant notamment oxygène). • Fiche protocole résumant la conduite à tenir en cas de malaise vagal, de choc anaphylactique ou de signe d’intoxication à la lidocaïne, disponible dans la salle de même que les numéros d’urgence à contacter. 3.2.11. Spécificités complémentaires d’environnement selon les techniques Les systèmes de radiofréquence nécessitent les précautions standards décrites ci-dessus. Pour le laser endoveineux, toute personne présente dans la salle doit porter, avant tout tir laser, des lunettes de protection spécifiques à la longueur d’onde utilisée. Un pictogramme apposé sur chaque porte de la salle où se déroule l’acte est obligatoire. Environnement et materiel www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Salle dediée Monitorage du guide Montee de la sonde Introducteur et guide La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 36 - 37 Tableau 1 : Modalités de réalisation de l’antisepsie et niveau de risque de l’acte Niveaux de risque infectieux Actes concernés en Médecine Vasculaire Modalités de réalisation de l’antisepsie Haut Aucun - • Pose d’une voie veineuse périphérique pour une durée > 2h • Pose d’une voie veineuse périphérique pour une durée < 2h sur peau non visiblement propre • Détersion • Rinçage • Séchage • 1 application d’antiseptique alcoolique • Délai d’action nécessaire avant la réalisation du geste : entre 30 secondes et 1 minute selon le produit • Pose de voie veineuse périphérique pour une durée < 2h sur peau visiblement propre • 2 applications d’antiseptique alcoolique • Délai d’action nécessaire avant la réalisation du geste : entre 30 secondes et 1 minute selon le produit Intermédiaire Exemple : traitement endoveineux Injections (IM, IV, SC y compris répétées) Bas Exemple : sclérothérapie • 1 application d’antiseptique (alcoolique sur peau saine) • Délai d’action nécessaire avant la réalisation du geste : entre 30 secondes et 1 minute selon le produit Tableau 2 : Score ASA RAPPEL - Les 5 classes du score ASA : ASA 1 : PATIENT NORMAL ; ASA 2 : PATIENT AVEC une anomalie systémique moderée ; ASA 3 : PATIENT AVEC une anomalie systémique sévère ; ASA 4 : PATIENT AVEC une anomalie systémique représentant une menace vitale constante ; ASA 5 : PATIENT moribond dont la survie est improbable sans l’intervention. www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Glossaire • AES • ALT • ANSM • DASRI • EPI • FOP • HAS • LEV • POL • RF • SEM • TDS • OPCT • TEVT Accident d’exposition au sang Anesthésie locale par tumescence Agence nationale de sécurité du médicament Déchets d’activité de soin à sisque infectieux Equipement de protection individuelle Foramen ovale perméable Haute Autorité de Santé Laser endoveineux Polidocanol (Aextosiclérol®) Radiofréquence Sclérothérapie échoguidée à la mousse Tétradécylsulfate de sodium Objets piquants tranchants coupants Traitement endoveineux thermique Références • Gérard JL, Cales B , Girou E. Actes techniques, diagnostiques et thérapeutiques : propositions pour l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques. Phlébologie. 2009, 62 : 49-55. • HAS. Occlusion de grande veine saphène par radiofrequence par voie veineuse transcutanée AVIS technique sur l’acte. Avril 2008. • Rasmussen LH, Lawaetz M, Bjoern L, Vennits B, Blemings A, Eklof B. Randomized clinical trial comparing endovenous laser ablation,radiofrequency ablation, foam sclerotherapy and surgical stripping for great saphenous varicose veins. Br J Surg. 2011; 98:1079-87. • Girou E. Limits of treatment by endovenous technique in outpatient clinic : the point of view of the infection control practitioner. In: Controversies and update in vascular surgery. Edizioni Minerva Medica 2009 (Editors Becquemin JP, Alimi Y, Gerard JL), • Hafner F, Froelich H, Gayry T, Brodman M. Intra arterial injection, a rare but serious complication of sclerotherapy. Phlebology 2013;28:64-73. • Hamel Desnos C, Gérard JL, Desnos P. 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La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 38 - 39 Tests FMC recommandations de la SFMV partie III (LMV 30) [A] L’anesthésie locale tumescente pour un traitement endoveineux thermique (TEVT) est recommandée car elle limite, grâce à la vigilance consciente du patient, le risque de brulure cutanée et de lésion neurologique thermo-induite VRAI FAUX [B] Le positionnement précis de l’extrémité de la fibre par échographie limite le risque de thrombus de la jonction saphéno-fémorale ou saphéno-poplitée VRAI FAUX [C] Le monitorage du guide doit être permanent lors de la procédure par l’opérateur VRAI FAUX [D] La solution recommandée pour un TEVT sans phlébectomie 1) 20 ml de lidocaïne 1% non adrénalinée et 250 ml de sérum physiologique 2) 20 ml de lidocaïne à 2 % non adrénalinée et 250 ml de sérum physiologique 3) 20 ml de lidocaïne à 2 % adrénalinée et 500 ml de sérum physiologique 4) 20 ml de lidocaïne 1% non adrénalinée et 150 ml de sérum physiologique 5) 20 ml de lidocaïne 1% non adrénalinée 250 ml de sérum physiologique et 2.5 ml de bicarbonate de sodium 8.4 % [E] Les complications observables des TEVT sont plus le fait de l’environnement que du savoir-faire de l’opérateur ? VRAI FAUX Réponses [A] VRAI [B] VRAI [C] VRAI [D] 1) [E] FAUX www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Bibliographie NUMÉRO 30 P.43 Le diagnostic moléculaire dans le syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire est prédictif du type d’atteinte artérielle et du devenir des patients C. Seinturier P.46 Intérêt des D-Dimères pour sélectionner les patients chez lesquels arrêter les anticoagulants après un premier évènement thrombo-embolique veineux A. Elias P.49 Anti-FXI (FXI-ASO) : un nouvel anticoagulant en prévention de la maladie thrombo-embolique veineuse post-chirurgicale PE. Morange www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Le diagnostic moléculaire dans le syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire est prédictif du type d’atteinte artérielle et du devenir des patients Molecular diagnosis in vascular Ehlers-Danlos syndrome predicts pattern of arterial involvment and outcomes. Shalhub S, Black JH, Cecchi AC, Xu Z, Griswold BF, Safi HJ et al. J Vasc Surg 2014 ; 60 :160-9. C. SEINTURIER ([email protected]) Avec l’aimable collaboration du Pr JP. BAGUET, Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble. RAPPELS Le syndrome d’Ehlers- Danlos vasculaire (SEDV) est une maladie génétique rare transmise de manière autosomique dominante pouvant conduire à des dissections et ruptures artérielles spontanées (1) ainsi qu’à des complications digestives (perforation ou rupture coliques) ou obstétricales (rupture utérine). Sa prise en charge thérapeutique est difficile, que ce soit à la phase aiguë ou en préventif, du fait de la fragilité des vaisseaux artériels. L’espérance de vie des patients porteurs d’un SEDV est réduite (48 ans dans l’étude de Pepin et coll.(2). Le diagnostic est basé sur des éléments anamnestiques, cliniques et les données d’imagerie médicale (critères de Villefranche-sur-Mer) (Tableau). Il est confirmé par l’identification d’une mutation du gène COL31A, habituellement à partir d’un prélèvement sanguin. Une mutation n’est retrouvée cependant que dans 60% des cas, 50% de ces mutations étant des mutations de novo. Les deux tiers des mutations sont de type nonsens (substitution de glycine), se traduisant alors par des anomalies qualitatives sévères du collagène III et une production minimale de collagène normal (10-15%, formes MIN). Les autres formes sont de type mutation ponctuelle non-sens et aboutissent à un défaut quantitatif prédominant de collagène III qui est qualitativement normal (haplo insuffisance, forme HI). A l’intérieur même de ces deux types, il existe une grande variété de mutations. CRITÈRES DE VILLEFRANCHE-SUR-MER (1997) CRITÈRES MAJEURS CRITÈRES MINEURS PEAU FINE, TRANSLUCIDE ACROGÉRIE RUPTURE OU FRAGILITÉ ARTÉRIELLE HYPERLAXITÉ DES PETITES ARTICULATIONS RUPTURE OU FRAGILITÉ DIGESTIVE RUPTURE TENDINEUSE OU MUSCULAIRE RUPTURE OU FRAGILITÉ UTÉRINE PIED-BOT EN VARUS ÉQUIN ECCHYMOSES EXTENSIVES VARICES DE DÉVELOPPEMENT PRÉCOCE MORPHOTYPE FACIAL CARACTÉRISTIQUE FISTULE ARTÉRIOVEINEUSE CAROTIDO-CAVERNEUSE PNEUMO-OU HÉMOPNEUMOTHORAX RÉTRACTION GINGIVALE EHLERS-DANLOS VASCULAIRE DANS LA FAMILLE MORT SUBITE INEXPLIQUÉE CHEZ UN PARENT PROCHE En présence d’au moins deux critères majeurs, le diagnostic de syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire est fortement suspecté et doit être confirmé par l’étude moléculaire. Source : Beighton P, De Paepe A, Steinmann B, Tsipouras P, Wenstrup RJ. Ehlers-Danlos syndromes : revised nosology, Villefranche, 1997.Am J Med Genet. 1998; 77:31-7. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 42 - 43 BUT DE L’ETUDE Le but des auteurs était de décrire les atteintes vasculaires au cours du SEDV, d’évaluer leur pratique chirurgicale à partir d’une vaste cohorte nord-américaine et de corréler la présentation clinique et le pronostic des patients avec le type de mutation (formes MIN et HI). METHODOLOGIE Les auteurs ont étudié une cohorte de patients (Houston, Baltimore et Seattle, USA) avec un diagnostic de SEDV confirmé par l’analyse moléculaire. Les données ont été collectées de manière rétrospective puis poursuivies de manière prospective. Les paramètres recueillis étaient anamnestiques (personnelles et familiales) : éléments ayant conduit au diagnostic et critères cliniques selon la classification de Villefranche sur Mer. Les événements pathologiques artériels étaient définis comme anévrysmes, dissections et ruptures. Les données évolutives recueillies étaient l’âge au diagnostic, la présentation clinique, les données d’imagerie diagnostique et de suivi, la prise en charge thérapeutique et la morbi-mortalité. Les données moléculaires étaient l’identification du type de mutation et l’analyse de la production de procollagène III par les fibroblastes dermiques, permettant l’analyse de deux groupes de patients (MIN et HI). Pour rappel, les formes MIN conduisent à une production minime de collagène normal (10-15%) et les formes HI à une production d’environ 50% de procollagène de type III normal. RESULTATS 68 patients étaient étudiés, dont 44% d’hommes. L’âge moyen au diagnostic était de 33 ans. Des biopsies de peau ont été réalisées chez 36 % des patients. Antécédents familiaux : 65 % des patients avaient présenté des antécédents familiaux (avec diagnostic moléculaire confirmé dans 22% des cas). Type de mutations : 87% des patients étaient porteurs d’une mutation MIN, soit la majorité de la cohorte (59 patients) et 9 d’une mutation HI. Présentation clinique : l’âge au premier événement clinique artériel était plus élevé dans le groupe HI que dans le groupe MIN (42 vs 33 ans). Les signes cutanés d’appel, de type acrogérie, étaient plus fréquents dans le groupe MIN que dans le groupe HI (peau fine et translucide 62% vs 12%, facies caractéristique 65% vs 33%). Le diagnostic de la maladie était dans le groupe HI essentiellement réalisé devant une complication vasculaire (78% des cas) alors que les circonstances de découverte dans le groupe MIN étaient plus diverses (incluant perforation colique, rupture splénique). Répartition des atteintes artérielles L’atteinte artérielle aortique était plus fréquente dans le groupe MIN que HI (56% vs 7%). Il s’agissait essentiellement d’atteinte aortique abdominale à type d’anévrysme fréquemment étendu aux artères iliaques www.portailvasculaire.fr communes. Le traitement en était majoritairement chirurgical. L’atteinte thoracique était traitée par endoprothèse ou chirurgie. Les atteintes brachiocéphaliques (22%) étaient représentées par des dissections, ectasies, sténoses, carotidiennes ou vertébrales, ectasies et anévrysmes sous claviers et vertébraux, fistule carotido-caverneuse. Le traitement était le plus souvent conservateur au niveau carotidien, hormis pour la fistule carotido-caverneuse traitée par voie endovasculaire. L’atteinte de plusieurs axes ne se voyait que dans le groupe MIN. Les atteintes iliaques étaient retrouvées chez 35% des patients du groupe MIN vs 22% du groupe HI. Les petits anévrysmes (< 25 mm) et dissections étaient traités de manière conservatrice. Deux patients sont morts d’une rupture présumée d’anévrysme (dont un mesuré à 14 mm). Les atteintes viscérales étaient plus fréquentes dans le groupe MIN, sous la forme d’atteinte multi-viscérale (40 % des patients) ou sous forme d’anévrysme ou de dissection. Le traitement était conservateur ou par embolisation. Dans le groupe HI, les atteintes viscérales étaient mono-artérielles. Il s’agissait essentiellement d’anévrysmes surveillés (seuil d’intervention à 2 cm au niveau hépatique, 1,7 cm au niveau splénique). Au-delà de ce seuil, des embolisations par coils étaient réalisées. Les cas de rupture ont conduit à deux splénectomies, à la ligature d’une artère mésentérique supérieure et à deux traitements endovasculaires au niveau de la mésentérique supérieure. L’atteinte rénale était retrouvée chez 27,6% des sujets du groupe MIN vs 11,1% dans le groupe HI, à type de petits anévrysmes ou de dissections chez 14 patients (dont 8 compliquées d’un infarctus rénal). Deux dissections ont amené à une néphrectomie et à un décès peropératoire. Effet du diagnostic préopératoire de syndrome d’EhlersDanlos sur les suites opératoires : cinquante interventions chirurgicales ont été nécessaires chez 35 patients (62%) dont 62% en urgence dans le groupe MIN et 46% dans le groupe HI. Les complications postopératoires ont été similaires entre le groupe MIN (35%) et HI (31%). Le diagnostic de SEDV était connu chez 42% des patients avant l’intervention chirurgicale et les interventions requises faisaient appel à un mélange d’interventions ouvertes (48%) et endovasculaires (52%). Un des points importants est que les patients sans diagnostic de SEDV connu étaient plus souvent opérés dans le cadre de l’urgence (81% vs 41%) et étaient plus fréquemment pris en charge de manière chirurgicale (81% vs 48%). Le taux de complications était plus élevé chez ces individus. Toutes les morts per-opératoires sont survenues chez des patients de type MIN se présentant en urgence alors que le diagnostic de SEDV n’était pas connu. Mortalité Le suivi moyen était de 8 ans après le diagnostic. Douze décès sont survenus, tous dans le groupe MIN, à un La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 âge moyen de 31 ans. Trois patients sont morts durant l’intervention (2 anévrysmes iliaques rompus et un anévrysme rénal). Trois patients ont présenté une mort subite. Les autres causes de mortalité étaient un AVC après embolisation d’une fistule carotido-caverneuse, un infarctus mésentérique, une complication d’un accès veineux profond, un hémothorax et une rupture iliaque présumée. DISCUSSION Cette série rétrospective est intéressante par le détail des cas des patients, avec localisation des atteintes, traitements et devenir. Les auteurs insistent sur le fait que la connaissance pré-opératoire du diagnostic permet une préparation soigneuse en amont des gestes réalisés. Ainsi, en pré-opératoire : abords vasculaires échoguidés, contrôle strict de la pression artérielle et en per-opératoire : techniques de clampage et de suture particulières. Les auteurs montrent que la chirurgie aortique ouverte peut être réalisée de même que le stenting des artères de moyen calibre. Pour les techniques endovasculaires, les auteurs préconisent un abord chirurgical pour les introducteurs et un renforcement des sutures. En post opératoire, les auteurs insistent sur le contrôle de la pression artérielle en maintenant dans les 24 à 48 premières heures une pression artérielle systolique < 90 mmHg. Les auteurs discutent également la fréquence des contrôles nécessaires, sans pouvoir y répondre formellement. L’évolution initiale doit comporter une évaluation de tous les lits artériels par écho-doppler et angio-IRM ou angio-scanner. Le jeune âge des patients fait discuter le rythme de réalisation des scanners en raison de l’irradiation cumulée. Ils plaident pour un diagnostic précoce de cette pathologie devant la mise en évidence d’anévrysmes artériels périphériques ou de dissections chez des patients jeunes. Les signes cliniques caractéristiques (visage de madone, contusions inexpliquées, peau fine ou translucide) doivent être recherchés de même que les antécédents familiaux de mort subite ou de complications artérielles chez des apparentés jeunes. Une suspicion clinique forte doit conduire à un avis de génétique médicale pour conseil et diagnostic sur l’identification des anomalies vasculaires. Les plus grandes précautions sont à prendre avant d’envisager l’annonce du diagnostic. Un diagnostic génétique posé d’EDV permet le suivi des patients, la détection précoce des anomalies vasculaires et la discussion de leur prise en charge par une équipe multidisciplinaire. Le diagnostic peut également permettre un dépistage chez les apparentés de premier degré. Cette étude montre une variation phénotypique et pronostique en fonction du type de mutation du gène COL3A1, ce qui est retrouvé dans d’autres études, ainsi que le mauvais pronostic lié au sexe masculin (3). Le traitement médical n’est pas vraiment détaillé, mais il s’agit d’une cohorte chirurgicale. On rappelle qu’une La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 étude française a montré que l’administration d’un béta-bloquant, le céliprolol, est efficace pour prévenir les complications vasculaires majeures (4). Les efforts statiques importants doivent être évités chez ces patients. CONCLUSION Un certain fatalisme entoure encore la prise en charge des patients présentant un SEDV : faible espérance de vie, complications des gestes thérapeutiques, complications gravissimes et imprévisibles. Le travail de cette équipe rappelle que des solutions de prise en charge existent et que la prise en charge par une équipe multidisciplinaire entrainée peut être efficace. Le diagnostic précoce et l’identification moléculaire de la mutation du gène COL3A1 sont des préambules nécessaires. En France, le centre de référence est le service de pathologies vasculaires de l’Hôpital Européen Georges Pompidou. Il est nécessaire que la suspicion diagnostique de SEDV conduise à adresser les patients à un des centres de compétence sur les maladies vasculaires rares (liste disponible sur Orphanet). Références 1. Perdu J, Boutouyrie P, Lahlou-Laforet K, Khau Van Kien P, Denarie N, Mousseaux E, et al. [Vascular Ehlers-Danlos syndrome]. Presse medicale. 2006;35(12 Pt 2):1864-75. 2. Pepin M, Schwarze U, Superti-Furga A, Byers PH. Clinical and genetic features of Ehlers-Danlos syndrome type IV, the vascular type. The New England journal of medicine. 2000;342(10):673-80. 3. Pepin MG, Schwarze U, Rice KM, Liu M, Leistritz D, Byers PH. Survival is affected by mutation type and molecular mechanism in vascular EhlersDanlos syndrome (EDS type IV). Genetics in medicine : official journal of the American College of Medical Genetics. 2014. 4. Ong KT, Perdu J, De Backer J, Bozec E, Collignon P, Emmerich J, et al. Effect of celiprolol on prevention of cardiovascular events in vascular Ehlers-Danlos syndrome: a prospective randomised, open, blindedendpoints trial. Lancet. 2010;376(9751):1476-84. 44 - 45 D-dimères pour sélectionner les patients qui peuvent arrêter le traitement anticoagulant après un premier épisode non provoqué de maladie thromboembolique veineuse : une étude de cohorte. Kearon C, Spencer FA, O’Keeffe D, Parpia S, Schulman S, et al. d-Dimer Testing to Select Patients With a First Unprovoked Venous Thromboembolism Who Can Stop Anticoagulant Therapy: A Cohort Study. Ann Intern Med.2015 ; 162: 27-34. Antoine ELIAS ([email protected]) CONTEXTE Chez les patients ayant une maladie thromboembolique veineuse (MTEV) non provoquée un test d-Dimère normal après arrêt du traitement anticoagulant est associé à une réduction du risque de récidive et peut justifier l’arrêt du traitement anticoagulant. OBJECTIF Déterminer quels patients sont à faible risque de récidive en cas de test d-Dimère négatif après un premier épisode non provoqué de MTEV . SCHEMA - étude prospective de « management » (gestion de la MTEV selon un protocole), - étude multicentrique (13 centres universitaires), - évaluation par comité indépendant de jugement des évènements - période d’inclusion de Septembre 2008 à Mars 2012, suivi jusqu’à Mai 2013. www.portailvasculaire.fr PATIENTS - patients (âge ≤ 75 ans) ayant eu un traitement pour un premier épisode non provoqué de thrombose veineuse profonde (TVP) proximale ou d’embolie pulmonaire (EP) pendant 3 à 7 mois - inclusion dans l’étude si le patient est éligible (satisfait aux critères d’inclusion), ne présente pas de critère de non-inclusion et accepte de participer (signature de consentement). - recrutement et inclusion centralisées effectuées avant la réalisation du test d-Dimère. - recrutement ne tient pas compte du test d-Dimère (ce qui permet d’inclure des patients de façon consécutive). INTERVENTION - arrêt du traitement anticoagulant si le test d-Dimère est négatif, pas de reprise du traitement si le test d-Dimère reste négatif 1 mois après arrêt des anticoagulants. - test d-Dimère utilisé : Clearview Simplify Assay (Alere), test qualitatif (positif/négatif), réalisé en consultation avec résultats rapides La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 CRITERES D’EVALUATION - récidive de TVP proximale ou d’EP au moins segmentaire. TVP distales et EP sous-segmentaires non comprises dans ces critères. Critères bien détaillés en annexe de l’article. • chez la femme dont la survenue de la MTEV était associée à un traitement oestrogénique : 0.0% (IC 95%, 0.0% à 3.0%) par patient-année (0/58) • Différence statistiquement significative entre les groupes de comparaison (p = 0.001). SUIVI - Suivi par téléphone tous les 3 mois - Suivi moyen de 2.2 ans. IMPORTANCE DE L’EFFET - Chez l’homme: risque élevé, donc pas d’arrêt du traitement anticoagulant sauf si le risque hémorragique excède le risque thrombotique - Chez la femme « non-oestrogénique »: limite supérieure de l’IC à 95% haute, prudence extrême pour l’arrêt des anticoagulants - Chez la femme « oestrogénique » : risque faible, limite supérieure de l’intervalle de confiance acceptable à 3%. ANALYSE - Méthode Kaplan-Meier (« analyse de survie ») - Effectif requis : 396 patients RESULTATS - Sur 675 patients répondant aux critères d’inclusion, 410 ont pu être inclus : 231 hommes, 109 femmes « non-oestrogéniques » (la survenue de la MTEV n’était pas associée à un traitement oestrogénique), 70 femmes « oestrogéniques » (la survenue de la MTEV était associée à un traitement oestrogénique). - Caractéristiques des patients à l’inclusion: différence pour la femme oestrogénique (moins de diabète, moins de statine et d’antiagrégants plaquettaires, moins de facteurs de risque hémorragique, antécédent familial de MTEV plus fréquente, signes de « syndrome postthrombotique » moins fréquent et localisé uniquement à un membre, moins de prescription de compression veineuse). - « Flow chart » explicite dans l’article: 319 patients (78%) avaient 2 tests d-Dimères négatifs et n’ont pas repris le traitement anticoagulant, 55 patients avaient le premier test négatif mais le deuxième positif et ont repris le traitement anticoagulant, et 14 seulement avaient un premier test d-Dimère positif et ont continué le traitement anticoagulant - le suivi était assuré chez tous les patients à l’exception de 6 (seulement !) - récidive : • globale : 6.7% (IC 95%, 4.8% à 9.0%) par patientannée (42/319) • chez l’homme : 9.7% (IC 95%, 6.7% à 13.7%) par patient-année (33/180) • chez la femme dont la survenue de la MTEV n’était pas associée à un traitement oestrogénique : 5.4% (IC 95%, 2.5% à 10.2%) par patient-année (9/81) La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 CONCLUSION DES AUTEURS - Chez les patients ayant une MTEV non provoquée et un test d-Dimère négatif, le risque de récidive n’est pas assez faible pour justifier l’arrêt des anticoagulants chez l’homme mais peut être assez faible pour justifier de les arrêter chez la femme. COMMENTAIRES - Les résultats de cette étude confirment que le risque de récidive à l’arrêt du traitement anticoagulant après 3-7 mois de traitement pour MTEV non provoquée chez les patients ayant un test d-Dimère négatif (le premier test au cours du traitement et le deuxième 1 mois après arrêt du traitement) est : • élevé chez l’homme, • intermédiaire voire élevé chez la femme « nonoestrogénique », • faible chez la femme « oestrogénique » au même niveau que le risque d’une thrombose veineuse provoquée (postopératoire). - Validité interne : très bonne qualité de l’étude • cohorte prospective, • objectif, type de population, d’intervention, de critères d’évaluation bien définis et parfaitement bien détaillés et précisés (dans le texte et en annexe de l’article). • suivi téléphonique assuré chez tous les patients à l’exception de 6 (1.5%), suivi et traitement identique dans les différents groupes en dehors du traitement anticoagulant dans les groupes avec test d-Dimère positif et en dehors des différences au plan 46 - 47 thérapeutique au départ comme cité plus haut dans le groupe de femmes « oestrogéniques ». • évaluation par un comité de jugement des évènements indépendant et en aveugle ne connaissant pas la valeur des d-Dimères de départ ni si le patient est sous traitement anticoagulant ou pas. • Par contre le médecin en charge du patient était au courant (ainsi que le patient et l’investigateur de l’étude). Ceci peut avoir incité le médecin à être plus attentif et plus vigilant dans la recherche de signes cliniques de récidive et à demander plus facilement les examens complémentaires, ce qui aurait pu en partie contribuer à faire augmenter le taux de récidive ? - Importance des résultats au plan statistique : • la détermination des 3 groupes de patients a été faite au cours et non pas avant le démarrage de l’étude, et l’effectif nécessaire était donc calculé sur le nombre d’évènements pour l’ensemble de l’échantillon et non pas pour les différents groupes ; ceci explique le manque de précision lié à un faible nombre de sujets dans le groupe de femmes « non-oestrogéniques » (intervalle de confiance large allant jusqu’à 10.2%) et donc la difficulté de pouvoir accepter que ce groupe puisse être considéré à risque faible. Le risque est haut chez l’homme (minimum 6.7%) et assez faible chez la femme « oestrogénique » (maximum 3%). • Le taux d’évènements observé sur l’ensemble de la population étudiée voire même dans le groupe de patients avec test d-Dimères négatif était plus important que ce qui était attendu. - Validité externe • étude réalisée chez les sujets dont l’âge est inférieur à 75 ans. • Au-delà de 75 ans, la rentabilité serait probablement plus faible compte tenu d’un taux de d-Dimères habituellement plus important chez les sujets âgés. A noter que le test d-Dimère dans cette étude est déjà faiblement rentable puisqu’il n’est positif que chez 3.4% des patients (n= 14) lors du premier test et 17.3% des patients (n= 71) lors du premier et du 2ème test. • Par ailleurs, il semble difficile d’extrapoler les résultats de l’étude à une population de sujets plus âgés, car le risque de récidive est potentiellement plus élevé compte tenu de l’âge et des comorbidités associées qui sont autant de facteurs de récidive de MTEV. • étude réalisée avec un d-Dimère bien spécifique, www.portailvasculaire.fr il semble difficile de pouvoir l’étendre à d’autres tests d-Dimères qui n’ont pas les mêmes caractéristiques de sensibilité et de spécificité et qui pourraient induire des erreurs diagnostiques. • considérant les résultats de cette étude, le test d-Dimère à lui seul ne me semble pas utile chez les patients ayant une MTEV non provoquée pour la décision d’arrêter le traitement anticoagulant car il ne semble pas être un très bon indicateur de faible risque lorsqu’il est négatif compte tenu d’un risque de récidive inacceptablement élevé chez l’homme ainsi que chez la femme « non-oestrogénique ». Il ne me semble pas non plus utile chez la femme « oestrogénique » considérée à risque faible de récidive à l’issue de cette étude (confirmant ainsi les résultats d’autres études) bien que nous ne connaissions pas à partir de cette étude combien parmi ces patientes ont eu un test d-Dimère positif (pourcentage probablement extrêment faible). Le test d-Dimère devrait avoir plus d’utilité s’il était intégré dans un modèle de risque pronostique comprenant d’autres facteurs en particulier cliniques. Le modèle devrait être validé et faire l’objet d’une étude d’impact avant de pouvoir l’utiliser en pratique. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Le nucléotide antisens du facteur XI, un nouvel anticoagulant en prévention de la maladie thrombo-embolique veineuse. Buller HR et al. Factor XI antisense oligonucleotide for prevention of venous thrombosis. N Engl J Med 2015;372:232-40. Pierre-Emmanuel MORANGE ([email protected]) Le facteur XI est un composé de la voie intrinsèque de la coagulation. L’ensemble des données obtenues ces dernières années chez l’animal et chez l’homme suggèrent que le FXI est une cible idéale pour le développement de nouveaux traitements anticoagulants (cf article associé dans la rubrique Médecin Vasculaire). Dans ce papier, Buller et coll ont conduit une étude de phase 2 impliquant 300 patients pour évaluer l’efficacité et l’innocuité d’un oligonucléotide antisens du FXI dans la prévention de la thrombose veineuse après prothèse totale de genou (PTG). Deux doses d’oligonucléotide antisens (200 et 300 mg) ont été comparées à 40 mg/j d’enoxaparine et une veinographie bilatérale a été systématiquement effectuée 8 à 12 jours après la chirurgie. Le traitement par l’antisens a été amorcé 36 jours avant la chirurgie par 3 doses de 200 ou 300 mg administrées en sous cutané (SC) durant la première semaine. Le schéma était ensuite d’une dose hebdomadaire. Enfin une dose a été administrée 6 heures après l’intervention, et une dernière dose 3 jours après. L’incidence de la MTEV ne différait pas significativement entre les patients recevant l’enoxaparine et ceux recevant la dose de 200 mg d’antisens (30% et 27% respectivement), cette dernière réduisant les taux de FXI de 68% par rapport au taux basal. Une thrombose veineuse n’a été détectée par veinographie systématique que chez 4% des patients recevant la dose de 300mg (cette dose se montrant ainsi significativement supérieure à l’enoxaparine), tout en réduisant les taux de FXI de 83% en moyenne. L’incidence des saignements majeurs n’était pas significativement différente dans les 3 bras (3% dans les groupes des deux doses d’ARN antisens et 8% dans le groupe enoxaparine). Cette étude de recherche de dose, passionnante et élégante sur le plan thérapeutique, confirme que le FXI est une cible de choix pour le développement de nouveaux anticoagulants. Cependant, l’hypothèse de départ selon laquelle la réduction du taux de FXI permettrait de réduire le risque de MTEV sans augmenter celui de saignement reste à confirmer. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 En effet, plusieurs éléments, soulignés par Robert Flaumenhaft dans l’éditorial accompagnant l’article (2), restent encore à éclaircir: • Tout d’abord, les investigateurs ont utilisé comme critère de jugement principal la veinographie bilatérale. Or, si on ne retient que les épisodes cliniquement symptomatiques, leur taux était très faible et identique dans les 3 bras de l’étude. • Ensuite, bien que l’incidence de saignement soit supérieure dans le groupe enoxaparine, cette différence n’était pas significative. Et l’incidence des saignements cliniquement significatifs observée avec les doses de 200 ou 300 mg d’antisens était dans la fourchette (2 à 5%) observée précédemment après 40 mg d’enoxaparine dans le cadre de la PTG. Une étude plus large s’avère donc nécessaire avant de conclure à l’intérêt de la réduction des taux de FXI dans le traitement antithrombotique. Par ailleurs, ce traitement présente plusieurs inconvénients : • La série d’injection d’antisens a été débutée 36 jours avant la chirurgie et a été associée à une incidence élevée d’effets secondaires au site d’injection (inflammation et irritation au site de ponction). Ces phénomènes avaient déjà été observés chez les sujets sains en phase 1 et n’ont pas nécessité d’interruption du traitement. • De plus, 70 jours après l’initiation du traitement le taux de FXI restait diminué, en moyenne de 60%, sans preuve de retour à la normale. Les questions de la tolérance et de la réversibilité du traitement sont importantes. Cette dernière pose le problème de la récupération d’une hémostase normale en cas d’accident hémorragique post-opératoire. En conclusion, cette étude est une preuve de principe convaincante pour des études futures utilisant l’antisens. Elle devrait également stimuler le développement d’autres molécules plus simples d’utilisation (peptides de synthèse ou anticorps monoclonaux) ciblant spécifiquement le facteur XI (voir article associé). *Flaumenhaft R. Making (anti)sense of factor XI in thrombosis. N Engl J Med 2015; 372:277-8. 48 - 49 Médecin Vasculaire NUMÉRO 29 P.52 Facteur XI et anti-facteur XI : pour mieux appréhender le futur PE. Morange P.56 DPC : GEP et clubs Vasculaires F. Minvielle P.60 Page d’histoire : ARTERIOPATHIE CHRONIQUE OBLITERANTE DES MEMBRES INFERIEUR F. Becker P.64 CHARADE R. Jacquet P.65 Quizz M. Dadon P.70 Enquête du CNPMV JP. Laroche La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 50 - 51 Facteur XI : rôle dans l’hemostase et mecanisme d’action des futurs anti-XI Pierre SUCHON* ([email protected]), Pierre-Emmanuel MORANGE* ([email protected]) Dans la vision traditionnelle de la coagulation (Figure 1), la formation de thrombine est initiée par un processus appelé activation de la phase contact, qui est déclenchée par l’exposition du plasma à certains types de surface (habituellement à charges négatives) (1). L’activation de la phase contact implique la conversion réciproque des précurseurs des protéases, facteur XII (FXII) et prékallikréine (PK) en leur formes actives (FXIIa et kallikréine) en présence de leur cofacteur, le kininogène de haut poids moléculaire (KHPM). Le FXIIa convertit ensuite le facteur XI en sa forme active, le FXIa entrainant ensuite une réaction de cascades enzymatiques qui permet la génération de l’enzyme clé de l’Hémostase, la thrombine ou (FIIa). Cette hypothèse mécanistique a ensuite été remise en question par les observations cliniques montrant que les patients déficitaires en FXII, PK et KHPM n’ont pas de syndrome hémorragique, même en cas de chirurgie. Cependant, les patients déficitaires en FXI peuvent présenter un syndrome hémorragique essentiellement lors de chirurgies et des traumatismes alors que le saignement spontané est rare et que la symptomatologie est considérablement moins sévère que les déficitaires en FIX (substrat du FXIa dans la cascade de coagulation) (2). La conclusion qui a été tirée de ces observations cliniques est que la formation du caillot au site de lésion vasculaire ne se comporte pas comme la réaction en chaine précédemment décrite. Les travaux de ces 40 dernières années ont clarifié les processus responsables de l’initiation et de la www.portailvasculaire.fr propagation du caillot au site de la lésion vasculaire. Le schéma actuel implique le rôle majeur de la génération de thrombine au site de cette lésion (Figure 2). Dans ce schéma, le FXI joue un rôle relativement modeste dans l’hémostase alors que le processus d’activation de la phase contact n’est plus considéré comme un composant intégral du processus d’hémostase. Cependant, là encore, la donne a été relancée par les données obtenues dans des modèles animaux et chez l’homme démontrant un rôle important du FXI dans les phénomènes thrombotiques. Ainsi, des taux élevés de FXI circulants sont associés à une augmentation du risque de maladie thromboembolique veineuse (3). De plus, des polymorphismes génétiques situés sur le gène du FXI et associés à son taux plasmatiques sont associés au risque de première thrombose veineuse (4) mais aussi au risque de récidive (5). Ces observations cliniques ont été les premiers éléments rationnels pour considérer le FXI comme une cible thérapeutique. En effet, jusqu’à présent le développement des molécules antithrombotiques s’était focalisé sur la thrombine. En effet, L’importance de la thrombine dans le processus thrombotique est en effet établie, et l’inhibition de son activité ou de sa production limite ou prévient la formation du caillot et sa croissance. Depuis plus de 60 ans, 2 approches ont été utilisées pour inhiber la thrombine afin de prévenir ou traiter la maladie thromboembolique. Une première approche est basée sur l’inhibition de l’activité enzymatique de la thrombine ou du FXa (la protéase directement responsable de la conversion de la prothrombine en thrombine) (Figure 2). Ceci La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 peut être effectué indirectement par les héparines ou leurs dérivés qui agissent en potentialisant l’activité inhibitrice de l’inhibiteur naturel de la coagulation, l’antithrombine. Plus récemment, des petites molécules inhibant directement les sites actifs de la thrombine ou du FXa ont été développés et sont utilisés actuellement avec succès. La deuxième approche consiste à réduire la synthèse de prothrombine ou de FX qui sont les précurseurs de la thrombine et du facteur Xa. Ceci par l’administration d’antagonistes de la vitamine K tels que la fluindione et la coumadine. La stratégie consistant à cibler la thrombine et le FXa pour avoir un effet antithrombotique est basée sur l’hypothèse selon laquelle la thrombose représente une dérégulation des processus normaux de l’hémostase précédemment décrits. Cette stratégie a été indubitablement efficace vu les résultats majeurs obtenus en terme d’efficacité. Cependant, du fait de l’importance de la thrombine et du FXa dans l’hémostase, les patients sous anticoagulants sont à risque de saignement sévère. Ainsi, le risque de saignement majeur continu à être un problème, même avec les nouvelles molécules antiXa et anti IIa directes. La réponse hémostatique normale à une blessure vasculaire observée chez l’homme déficitaire en FXII, PK et KHPM et le saignement relativement mineur associé au déficit en FXI a conduit à la conclusion que le système contact joue, au maximum, un rôle mineur dans la coagulation. Cependant, cette notion est en cours de reconsidération du fait des évidences croissantes supportant un rôle substantiel des facteurs de la phase contact dans la formation du thrombus dans plusieurs conditions physiopathologiques. Outre les données chez l’homme démontrant un lien causal entre l’augmentation des taux de FXI et le risque de maladie veineuse thromboembolique, les souris déficitaires en FXI mais aussi en FXII et PK ont une résistance importante au développement d’une thrombose artérielle ou veineuse déclenchée artificiellement par lésion vasculaire et ce, malgré une hémostase normale (6). Les thrombus chez ces souris sont instables empêchant le caillot de croitre suffisamment et d’occlure le vaisseau. Les données obtenues dans des études ex vivo de sang humain en condition de flux soulignent l’impression selon laquelle la croissance d’un thrombus intravasculaire nécessite du FXIa et du FXIIa (7). Ainsi, le thrombus luminal intravasculaire apparait comme différent du caillot hémostatique formé au sein de la paroi vasculaire lésée par une blessure. L’activation de la phase contact apparait donc contribuer à la formation du caillot in vivo mais est seulement nécessaire à la croissance d’un caillot pathologique occlusif. Si cette hypothèse est correcte, cela ouvre la voie au Figure 1 : Génération de Thrombine initiée par la phase contact La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 52 - 53 Figure 2 : Génération de thrombine initiée par le facteur tissulaire (schéma actuel de la coagulation) * Laboratoire d’Hématologie, CHU Timone, Marseille développement d’inhibiteurs de la phase contact ou de ces composants afin d’obtenir des antithrombotiques qui pourraient ne pas présenter (ou peu) d’effets anticoagulants. Basées sur ces données épidémiologiques et précliniques intrigantes, de nombreuses stratégies, ciblées sur le FXI ou le FXII ou leurs formes actives (FXIa et FXIIa) sont en cours de développement (revues en 8). La première a stratégie a consisté en l’utilisation d’anticorps monoclonaux inhibant le FXI et ou le FXII. Chez le singe, les résultats les plus importants ont été obtenus par l’injection d’un anti FXI IgG humain (O1A6), qui empêche la liaison du FXIa à son substrat (le FIX) (9). L’injection d’une seule dose de 2mg/kg réduit le taux de FXIa dans le plasma de manière drastique (quasiment plus de FXIa détectable dans le plasma). Dans ce model, O1A6 a été considérablement plus efficace pour l’inhibition de la croissance du thrombus que des fortes doses d’aspirine et au moins aussi efficace que l’héparine non fractionnée ou de bas poids moléculaire. L’effet des anti-XI semblait plus important que celui des anti-XII. Ceci probablement du fait de la contribution de la thrombine dans l’activation du FXI (indépendamment du FXIIa) via un mécanisme de rétrocontrôle représenté dans la figure 2. L’autre stratégie a été de réduire les taux de FXI via l’utilisation d’ARN antisens. Ces ARN antisens sont de www.portailvasculaire.fr courts ARN simple brins, synthétiques dont la séquence est complémentaire d’une portion de l’ARNm cible. S’hybridant à celui-ci, l’ARN antisens en empêche la traduction en protéine. Cette technologie, est en cours d’essai cliniques depuis les années 90 (dont 20 en phase II ou III) dans notamment le VIH et le cancer, souvent sans grand succès notamment pour des raisons de stabilité des ARN antisens. Certains cependant sont utilisés chez l’homme comme par exemple le mipomersen qui a été approuvé par la FDA en janvier 2013 pour le traitement de l’hypercholestérolémie familiale homozygote. Les souris traitées par ces ARN antisens anti-XI présentent la même résistance à la formation d’un thrombus déclenché par lésion vasculaire que celles génétiquement déficitaires en FXI (10). Les ARN antisens administrés par injection sous-cutanée sont captés par les hépatocytes facilitant ainsi le ciblage des protéines synthétisées par le foie comme c’est le cas du FXI (et d’autres facteurs de la coagulation). Ces ARN antisens présentent une longue demi-vie d’élimination tissulaire et peuvent être administrés à des intervalles de plusieurs jours à une semaine. Une étude de dose a montré que l’effet antithrombotique devient évident quand les taux plasmatiques de FXI sont <20% des taux normaux. Les études plus récentes chez le primate ont confirmé les résultats obtenus chez la souris (10). En 2011, les résultats d’une étude de phase 1 chez l’homme a La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 été communiquée lors du meeting annuel de l’ASH. Chez des volontaires sains, une réduction des taux plasmatiques de FXI (antigène ou activité) de plus de 80% a été observée de manière constante avec des doses répétée de 200 ou 300 mg d’antisens, avec chez certains une baisse de plus de 95%. Le principal effet secondaire observé était une irritation et une inflammation au site d’injection. Aucun saignement ni dysfonction hépatique ou rénale n’a été observée. L’étude de phase 3, multicentrique comparant l’antisens ISIS-FXIRx à une héparine de bas poids moléculaire en prophylaxie de maladie thromboembolique veineuse chez des patients subissant une prothèse totale de genou vient d’être publiée (11) (voir commentaire du papier associé à cet article). Cette étude nous apporte des informations sur les effets de la réduction des taux FXI dans une situation clinique associé à une incidence élevée de thrombose veineuse et de manière aussi importante sur les effets de la réduction des taux de FXI sur le saignement péri-opératoire. Une autre série de programme est en cours pour développer des petites molécules inhibitrices du FXIa administrées par voie orale ou parentérale. Cette stratégie est la même que celle développée pour les inhibiteurs de la thrombine tels que l’argatroban et le dabigatran et les inhibiteurs du FX tels que le rivaroxaban, l’apixaban et l’edoxaban, et cherche à identifier des drogues inhibant spécifiquement le site actif du FXIa. Ce challenge n’est pas si facile du fait du haut degré d’homologie de structure entre les membres de la famille trypsine, rendant difficile le ciblage spécifique au seul FXI. Récemment, d’autres molécules dont le BMS-262084 (12), composé qui inhibe de manière irréversible le FXIa en formant un lien covalent avec le résidu sérine (Ser557) du site actif et des dérivés tétrahydroquinalone (13) qui sont des petites molécules inhibant le FXIa de manière réversible ont été rapportés. Ces 2 composés ont été testés dans des modèles animaux de thrombose avec succès, mimant les effets observés avec les ARN antisens et les anticorps monoclonaux. En conclusion, l’ensemble des données présentées ci-dessus permettent de revisiter le rôle de la phase contact et notamment du FXI dans les processus thrombotiques. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Références 1. Renné T et al. In vivo roles of factor XII. Blood, 120 (2012), pp. 4296-4303 2. Salomon O et al. Variable bleeding manifestations characterize different types of surgery inpatients with severe factor XI deficiency enabling parsimonious use of replacement therapy. Haemophilia, 12 (2006), pp. 490–3. 3. Meijers JC et al. High levels of coagulation factor XI as a risk factor for venous thrombosis. N.Engl. J. Med., 342 (2000), pp. 696–701.4. 4. Li Y et al. Genetic variants associated with deep vein thrombosis: the F11 locus. J. Thromb. Haemost., 11(2009), pp. 1802-8. 5. van Hylckama Vlieg A, et al. Genetic variations associated with recurrent venous thrombosis. Circ. Cardiovasc. Genet., 7 (2014), pp.806-13. 6. Cheng Q et al. A role for factor XIIa-mediated factor XI activation in thrombus formation in vivo. Blood, 116 (2010), pp. 3981–9. 7. Matafonov A et al. Factor XII inhibition reduces thrombus formation in a primate thrombosis model. Blood, 123 (2014), pp. 1739–46. 8. Bane CE et al. Factor XI as a target for antithrombotic therapy. Drug discovery today, 19 (2014), pp.1454-8. 9. Tucker EI et al. Prevention of vascular graft occlusion and thrombus-associated thrombin generation by inhibition of factor XI. Blood, 113 (2009), pp. 936–944. 10. Zhang H et al. Inhibition of the intrinsic coagulation pathway factor XI by antisense oligonucleotides: a novel antithrombotic strategy with lowered bleeding risk Blood, 116 (2010), pp. 4684–92. 11. Buller HR et al. Factor XI antisense oligonucleotide for prevention of venous thrombosis. N. Engl. J. Med, 372 (2015), pp. 232-40. 12. Wong PC et al.A small-molecule factor XIa inhibitor produces antithrombotic efficacy with minimal bleeding time prolongation in rabbits. J. Thromb. Thrombolysis, 32 (2011), pp. 129–37. 13. Quan ML et al. Tetrahydroquinoline derivatives as potent and selective factor XIa inhibitors. J. Med. Chem., 57 (2014), pp. 955–69. 54 - 55 Les GEPS / les clubs vasculaires : Un dpc convivial ! François MINVIELLE ([email protected]) La validation du DPC est devenue une obligation annuelle. Les recommandations de bonne pratique sont élaborées à partir d’études cliniques. Le DPC est un moyen de s’approprier ces recommandations dans un double but, mieux soigner nos patients et optimiser le coût de nos prescriptions. Les GROUPES d’ECHANGE de PRATIQUES (GEP) fonctionnent maintenant depuis plusieurs années. Participer à un groupe d’échange de pratiques, c’est s’engager à participer à une discussion autour d’un cas clinique. C’est mener une réflexion en commun sur la meilleure attitude à adopter dans une situation précise. Il faut apprendre à relativiser sa pratique, accepter de se remettre en question. Il faut s’appuyer sur les recommandations qu’il faut bien sûr intégrer car la base de la méthode est de réaliser un audit clinique ciblé : il faut comparer son attitude à un référentiel et si le référentiel est incontestable (recommandations de grade A), il faut corriger l’écart entre ce référentiel et sa pratique. S’engager dans un groupe d’échange de pratiques, c’est prendre l’habitude d’argumenter sa pratique. La discussion avec les pairs nous oblige à approfondir notre réflexion. Au fur et à mesure des réunions, notre pratique devient plus rationnelle. Ces discussions nous protègent des savoirs « déviants » que nous sommes tous susceptibles de développer lorsque nous sommes seuls sans échanger. En ce sens, la méthode nous donne une réassurance sur nos pratiques. Un GEP est autonome dans le choix des sujets traités. Il peut choisir des sujets réellement proches de sa pratique. Il est autonome pour la gestion des cas cliniques. Il n’existe pas d’expert, sauf exception acceptée s’il n’existe pas de référentiel sur un sujet. En pratique, vous souhaitez demain créer un GEP, que devez-vous faire ? Un groupe se compose de 5 à 11 membres. Il faut dans un premier temps bien choisir les membres de son groupe. Le membre d’un GEP doit aimer les échanges et être capable de se remettre en question dans le but de progresser. Moins un groupe dépense d’énergie www.portailvasculaire.fr pour assurer sa cohésion, plus il est disponible pour produire un travail. Une fois votre groupe constitué, le responsable du groupe doit aller sur le site www. odpc-mv.fr, où il trouvera les documents-type qui lui permettront d’inscrire le groupe à l’ODPC-MV. Il devra indiquer la date et le lieu des 4 réunions. Le thème des réunions doit également être précisé. Chaque membre du groupe doit être inscrit préalablement sur www.mondpc.fr. Une fois le groupe inscrit à l’ODPCMV, un numéro de programme sera attribué. Chaque membre du groupe s’inscrit enfin à ce programme sur le site de l’OGDPC. Attention, il faut respecter un délai de 1 mois entre la date d’inscription du groupe et la date de la 1ère réunion. Quatre réunions présentielles Le groupe se réunit 4 fois par an. Les 3 premières réunions sont des réunions d’étude de cas, la 4ème réunion est une réunion de synthèse. Le groupe choisit le lieu des réunions, le plus souvent au cabinet ou au domicile d’un de ses membres. LA REUNION D’ETUDE DE CAS Une réunion d’étude de cas se déroule en 4 temps : • 1er temps : tirage au sort du modérateur et du rapporteur de la réunion. La liste d’émargement est signée par les membres présents à la réunion. Vous trouverez un document type “Emargement” sur le site de l’ODPC-MV. • 2ème temps : présentation des observations. Les participants définissent avant chaque réunion d’étude de cas le thème de la réunion et les critères de sélection des dossiers.Chaque participant vient à la réunion avec un dossier sur le thème et selon les critères de sélection définis par le groupe. Le participant recherche les références possibles en fonction du dossier qu’il présente. Trois dossiers choisis par tirage au sort sont présentés et discutés pendant la réunion du groupe. Si un dossier se rapproche trop d’un cas argumenté précédemment, le groupe tire au sort une autre observation. Pour vous aider, nous avons élaboré une bibliothèque de thèmes disponibles sur le site www.odpc-mv.fr avec les recommandations se rapportant à ces thèmes. Les GEP peuvent bien évidemment enrichir cette La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 bibliothèque lorsqu’ils traitent d’un sujet qui n’y est pas répertorié. La méthode d’analyse choisie est généralement l’Audit Clinique Ciblé : on compare sa pratique aux recommandations. On mesure les écarts entre les 2 et on corrige sa pratique. La liste des références retenues par le groupe est indiquée dans le compterendu. Où trouver les recommandations nécessaires à la démarche ? Il existe des sites internet les répertoriant : notre site www.odpc-mv.fr (GEP/CLUB puis INTERGEP puis Bibliothèque), le site de la SFMV www. portailvasculaire.fr, certains ouvrages comme le Traité de Médecine Vasculaire ou enfin des documents édités par la SFMV comme le référentiel métier. On peut également et surtout trouver des recommandations sur le site de l’HAS, de l’AFSSAPS, l’European Society of Cardiology, l’American Heart Association, les recommandations présentées dans CHEST tous les 2 ans sur les maladies thromboemboliques. En l’absence de recommandation, vous pouvez utiliser des consensus d’experts ou, nous l’avons vu, faire appel à un intervenant extérieur s’il est reconnu comme un expert du thème que vous souhaitez traiter, mais cela doit rester rare dans un GEP. • 3ème temps : discussion autour du parcours de soin Ce temps est le moment d’améliorer ses relations avec les autres professionnels de santé intervenant en médecine vasculaire, qu’il s’agisse des professionnels que vous sollicitez (chirurgiens vasculaires, kinésithérapeutes, infirmières) ou des correspondants qui vous adressent les patients. Vous pouvez par exemple réfléchir en commun à l’élaboration du compte-rendu destiné à vos correspondants. • 4ème temps : discussion libre. On peut revenir lors de ce temps sur les problèmes non résolus lors des réunions précédentes ayant nécessité, entre temps, une recherche bibliographique. Cette recherche bibliographique est attribuée à un membre du groupe. Elle est présentée à la réunion suivante et permet de guider le groupe dans le choix de l’attitude décidée qui est indiquée dans le compte-rendu. Vous pouvez parler lors de ce 4ème temps de sujets d’actualité : comment appliquer la règlementation pour la mise aux normes des cabinets aux personnes à mobilité réduite par exemple. A l’issue de la réunion, un compte-rendu doit être rédigé par le rapporteur. L’ODPC-MV a élaboré un compte-rendu type que vous trouverez sur notre site. Vous y trouverez toutes les rubriques qui doivent être renseignées. Ce compterendu doit parvenir sur le site dans le mois qui suit la réunion. Le responsable du groupe est chargé de cette mission. Les documents sont facilement téléchargeables sur le site www.odpc-mv.fr. Le responsable du groupe pointe sur GEP/CLUB (colonne de droite sur le site de l’ODPC-MV) puis clique sur INTER-GEP. A gauche, il trouvera la rubrique « Téléchargement documents ». La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 LA REUNION DE SYNTHESE Les thèmes et les critères de sélection des 3 réunions d’étude de cas sont rappelés. Les références apportées et utilisées à chaque réunion sont notées. Cette réunion est un temps de réflexion et d’élaboration du bilan de l’année. Les modifications des pratiques induites par les réunions précédentes sont indiquées. Il faut insister, comme le ferait tout chargé de programme d’un DPC, sur les points fort du groupe et sur les points à améliorer dans la ou les thématiques abordées. Les pistes d’amélioration des pratiques dégagées par le groupe sont listées. Le secrétaire de la réunion élabore la synthèse de la réunion et la transmet au responsable du groupe dans le mois qui suit la réunion. Encadrement administratif ODPC-MV Le responsable du GEP est le contact administratif de l’ODPC-MV. Il peut être le secrétaire de séance ou déléguer cette tâche à un autre membre du groupe. Il recueille les feuilles d’émargement du groupe à chaque réunion. Il recueille la synthèse effectuée après chaque réunion. Il transmet au webmaster des GEP la feuille d’émargement et la synthèse. Il transmet au webmaster la liste des documents ou références apportées par le groupe. Il existe donc un espace réservé à chaque groupe sur le site www.odpc-mv.fr (colonne GEP/CLUB). Dans cet espace, chaque groupe peut trouver un forum de discussion interne au groupe, un article contenant les synthèses et documents que le groupe souhaite conserver, ainsi que les feuilles d’émargement du groupe. Le responsable du groupe a de plus accès à un espace réservé (INTER-GEP) pour le téléchargement des documents, feuilles d’émargements et synthèses. Le webmaster du GEP répartit dans les différents groupes les documents ainsi téléchargés. Un webmaster est attribué à chaque GEP. Entre autre travail, ce webmaster s’assurera que la méthodologie du programme a bien été respectée. C’est lui qui validera le travail du groupe à la fin de l’année. Chaque membre d’un GEP reçoit une indemnisation de 690 euros. Le responsable du GEP reçoit une indemnisation supplémentaire de 500 euros. Cette méthode GEP fonctionne maintenant depuis plusieurs années. Elle requiert une grande autonomie. L’ODPC-MV a choisi de développer une seconde méthode qui permet d’effectuer également sa démarche en groupe : le CLUB VASCULAIRE. La méthode permet aussi de bénéficier de la dynamique créée par les échanges avec d’autres confrères.Son mode de fonctionnement présente des points communs avec celui des GEPs. Le groupe se réunit 3 fois par an et présente à chaque réunion 3 observations tirées au sort, chaque participant se présentant avec une observation ayant posé des problèmes dans la thématique choisie. Le groupe doit définir avant la 1ère réunion le thème annuel de 56 - 57 travail ainsi que les critères de sélection des dossiers présentés au cours des 3 premières réunions. Les cas cliniques sont argumentés. Il existe 2 cas de figure : soit le groupe, s’appuyant sur des référentiels connus, dégage une solution au problème posé par l’observation. Il l’indique alors dans le compte rendu de séances. Soit le groupe ne dégage pas de solution. Ce cas de figure peut provenir d’une absence de connaissance d’un référentiel sur le problème posé par l’observation ou d’une absence totale de recommandations précises sur le problème posé. Le groupe n’a pas de recherche à faire. Il indique dans son compte rendu qu’il existe un problème non résolu. A la fin de la séance, la liste des problèmes non résolus est notée dans le compte rendu. Cette liste de problèmes, élaborée au cours des 3 premières réunions, permettra de préparer la dernière réunion. Au cours de cette réunion, un expert du thème mandaté par l’ODPC-MV répondra aux problèmes soulevés par le groupe. La présence de cet expert du thème explique que les observations seront, toutes choisies, au cours des 3 premières réunions sur un même thème. Ce thème est décliné en 3 sessions au choix des participants. Le compte rendu de la 4ème réunion permettra de lister les points forts du groupe sur le thème, les points à améliorer ayant nécessité l’intervention de l’expert, les pistes d’amélioration dégagées avec l’expert. Dans cette formule, les réunions se déroulent dans un lieu unique, les frais de location de la salle étant pris en charge par l’ODPC-MV. Tableau récapitulatif GEP/CLUB GEP CLUB 4 réunions / an 4 réunions / an Thème variable à chaque réunion Thème identique dans un thème principal 1 responsable de GEP (accès INTER-GEP) 1 responsable de club (accès INTER-GEP) 4° réunion de synthèse 4° réunion avec expert Tirage au sort des cas des réunions 123 Tirage au sort des cas des réunions 123 Apport et liste de références Apport et liste de problèmes Transmission des références Transmission des problèmes Réunions libres Réunions prises en charge ODPCMV Lieu variable Lieu unique Accompagnement webmaster GEPs Accompagnement webmaster CLUBS Les principales différences sont : Apport de liste de références contre apport de liste de problèmes non résolus. Tous thèmes pour les GEPs, un thème choisi pour l’année pour les clubs. Pas d’expertise (sauf recommandations) pour les GEP et expertise sur la thématique pour les clubs. CONCLUSION : Les GEPs et les CLUBS VASCULAIRES sont des méthodes conviviales de validation du DPC, qui s’adressent à des participants ayant le goût du travail en équipe. Ces 2 méthodes ne s’opposent pas mais se complètent. Au fur et à mesure que le participant d’un CLUB renforce sa connaissance des recommandations, il peut choisir de s’autonomiser et d’intégrer un GEP. Un club vasculaire est composé de participants regroupés pour 1 an sur une thématique choisie. Contrairement au GEP, ce groupe peut être multidisciplinaire, intégrant d’autres spécialités. Un GEP peut choisir de se transformer en club vasculaire pour 1 an sur une thématique donnée s’il estime que ses connaissances sont insuffisantes sur un thème donné pour s’affranchir des éclaircissements d’un expert, ou s’il juge que l’apport d’une approche multidisciplinaire sur telle ou telle thématique est justifiée. En multipliant les offres de DPC, l’ODPC-MV souhaite permettre aux différents médecins vasculaires de trouver la formule la mieux adaptée pour réaliser un DPC enrichissant et épanouissant. ODPC - MV D É V E LO P P E M E N T P R O F E S S I O N N E L E N M É D E C I N E VA S C U LA I R E www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 Artériopathie Chronique Oblitérante des Membres Inférieurs 1ère partie (syndrome de Bouley-Charcot) François BECKER ([email protected]) Je salue l’initiative de C. Bonnin d’introduire une page d’Histoire dans la LMV et je le remercie de m’inviter à contribuer à sa réalisation tant il me semble souvent intéressant, utile, de savoir revenir aux sources. On abordera ici l’histoire de l’Artériopathie Chronique Oblitérante de Membre Inférieur qui sera traitée en deux parties. La 1ère sera centrée sur la Claudication Intermittente d’origine artérielle de membre inférieur en reprenant l’essentiel du texte que j’avais rédigé pour le Congrès SFMV de Lyon 2004 dont l’une des séances à thème était consacrée aux Claudications Intermittentes. La 2nde sera consacrée au diagnostic et au traitement. Syndrome de Bouley-Charcot Et oui, cette dénomination figure dans la CIM-10 au chapitre Maladie vasculaire périphérique (173.9), c’est la Claudication Intermittente douloureuse d’effort de membre inférieur d’Origine Artérielle. Sphacèles et gangrènes (1) des extrémités sont connus de longue date essentiellement du fait des plaies de guerre et probablement du diabète (dont on trouve description dans le Papyrus d’Ebers en 1500 av JC). Si les artères et veines, et même les lymphatiques étaient connus des Incas et des Grecs (2), si on savait les artères à paroi plus épaisse avec parfois des plaques dures (2), si depuis l’Antiquité le contrôle des hémorragies étaient une préoccupation des praticiens sur le champ de bataille, la circulation sanguine ne fut pas élucidée avant Fabrice d’Acquapendente (1574) et William Harvey (1628). Si on a une description détaillée de la gangrène diabétique qui emporta J.B. Lully (1632-1687), Louis XIV (1638-1715) et Louis XVIII (1755-1824), l’identification d’une artériopathie athéromateuse de membre inférieur devra attendre encore quelques dizaines d’années. 1 La claudication intermittente artérielle n’est reconnue chez l’homme que depuis un siècle et demi grâce à la description de Jean-Martin Charcot alors âgé de 33 ans. Et encore non sans mal puisque 30 ans après, devenu le successeur de Lasègue, le patron de Babinski, le titulaire de la première chaire de Neurologie, le Maître des Leçons de la Salpêtrière, Charcot se désolait pour cette pathologie : « Mon mémoire de 1858, pas écrit en chinois et presque en bon français, n’a intéressé personne et pourtant y a-t-il syndrome plus frappant que celui-là ? ». Cela allait durer ... Claudication, le terme est-il adéquat ? Probablement pas. Mais dans le contexte on comprend ... • Claudication est emprunté au latin claudicatio « action de boiter » (fin XIIIème s.), dérivé de claudus « boiteux ». L’adjectif claudicant, le verbe claudiquer, apparus vers 1500, cesseront d’être employés au XVIème siècle et seront repris dans la langue littéraire au XIXème siècle (3) • La description princeps, magistrale, a été faite en 1831 par le brillant vétérinaire, Jean François Bouley dit Bouley jeune, à l’étude du cas d’une jument qui boitait de l’extrémité postérieure sans cause connue. Avant d’aller plus loin, un mot sur nos deux héros • Jean François Bouley dit Bouley jeune (1787-1855) est né à Paris d’une famille originaire de Montbard (Côte d’Or) où son père était maréchal-ferrant. Il entre à 18 ans à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort où il acquiert vite une grande renommée. Il devint l’un des fondateurs de la Société de Médecine Vétérinaire. Son fils HenriMarie (1814-1885) fut Professeur à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort et Président de l’Académie des Sciences où il y fit acclamer son ami Pasteur en 1885. Successeur de Claude Bernard au Muséum d’Histoire Naturelle, il fut surnommé le Louis XIV de la profession vétérinaire. Il est intéressant de noter que le terme gangrène est très rapidement devenu autant utilisé, avec la même connotation, dans le langage courant que dans le langage médical (C. Lawrence, Lancet 12 nov. 2005) 2 Bouchet A. Histoire de la découverte des vaisseaux depuis l’Antiquité jusqu’à la Renaissance. J Mal Vasc 1986 ; 11 : 75-80 3 d’après Le Robert, Dictionnaire Historique de la Langue Française (1992). Bouley jeune était fils de maréchal-ferrant et haut-bourguignon d’origine. Charcot était fils et petit-fils de charrons www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 C’est en fait lui qui fit connaître les travaux de son père via le chapitre « Artère et artérite » du Nouveau Dictionnaire pratique de médecine, chirurgie et hygiène vétérinaire (Reynal et Bouley, 1856). • Jean-Martin Charcot (1825-1893) est né à Paris (4) et est mort en Bourgogne (Lac des Settons, Nièvre). Sa place en Histoire de la Médecine est immense comme en attestent une vingtaine d’éponymes et une renommée mondiale. Il eut lui aussi un fils (JeanBaptiste 1867-1936) resté au moins aussi célèbre que son père (après avoir suivi la voie paternelle en devenant chef de clinique à la Salpétrière, il réalisa son rêve, marin explorateur, installa la mission P.E. Victor au Groenland et périt au large de l’Islande dans le naufrage de son bateau le Pourquoi Pas ? • Coïncidences : en 1830, 1 an avant la présentation de J.F. Bouley, naissait à Beaune le grand physiologiste Etienne-Jules Marey (1830-1904). E.J. Marey soutint sa thèse de Médecine sur la circulation du sang à l’état physiologique et pathologique en 1859, un an après la présentation de Charcot. Il succéda à Claude Bernard à l’Académie des Sciences, lequel Claude Bernard (1813-1878) était né lui en Beaujolais. Au nom de Marey est très souvent associé celui de Jean-Baptiste Augustin Chauveau (1827-1917) né aussi en Bourgogne, dans l’Yonne, et successeur de H.M. Bouley à l’Académie des Sciences, à l’Inspection générale des écoles vétérinaires, au Muséum d’Histoire Naturelle .... membre postérieur droit se manifesta tout à coup sur le membre opposé sans cause visible… ». Plus tard le tableau s’aggrava « la bête marchait en s’accroupissant et témoignait des plus vives souffrances, les extrémités postérieures étaient froides, peu sensibles, en un mot les signes d’une paraplégie commençante se manifestaient ». La jument meurt et Bouley jeune en pratique l’autopsie avec son frère ainé : « L’aorte postérieure renferme un caillot fibrineux et flottant, long de 4 à 5 pouces. Je désespérais de découvrir la cause de la mort et des phénomènes morbides observés pendant la vie lorsque je songeais à examiner avec soin les nerfs et les vaisseaux des membres postérieurs. Les muscles de la cuisse étaient pâles, décolorés, beaucoup plus consistants que dans l’état naturel. L’artère fémorale (5) était très dilatée, remplie sur 18 cm environ d’un caillot fibrineux qui obstruait complètement l’artère». J.F. Bouley conclut par une explication des « singuliers symptômes que présentait cette jument. Lorsque la bête était au repos les nombreuses anastomoses qui existent suffisaient à l’entretien de la vie. Mais aussitôt qu’on accélérait la circulation par la marche, ces anastomoses cessaient de fournir une suffisante quantité de sang.» Parfait, tout est dit ... J.F. Bouley à la fin de son mémoire à l’Académie Royale de Médecine cite la seule observation de la littérature vétérinaire connue, observation de claudication intermittente chez un cheval porteur d’un anévrysme de l’aorte abdominale thrombosé (Rigot 1829). Revenons au syndrome de Bouley-Charcot et à la Claudication Intermittente d’origine artérielle. D’abord pourquoi la Médecine Vétérinaire est-elle à l’origine de la description de ce syndrome ? Parce que les animaux de trait étaient d’un intérêt professionnel important et qu’il revenait au vétérinaire de déterminer si la boiterie d’un de ces animaux relevait d’un vice rédhibitoire, auquel cas l’animal ne pouvait plus être vendu. C’est ainsi que, le 31 mai 1831, J.F. Bouley fut appelé « pour une jument baie, âgée de 6 ans, propre au cabriolet, au service actif depuis 8 mois, qui tomba tout à coup boiteuse de l’extrémité postérieure droite sans cause connue ». L’examen de la jument était normal, elle ne boitait qu’au trot. Au bout de 3 jours la jument ne boitait plus et fut remise au travail le 6 juin. Mais « à peine eu-t-elle fait un quart de lieue que la claudication se renouvela avec tant de violence que l’on dut dételer cette bête… Au bout d’une heure à ma grande surprise tous les signes maladifs disparurent. Un nouveau symptôme apparut le 10 août, la claudication qui jusque-là s’était bornée au 4 Jean-Martin Charcot (1825-1893) Bouley jeune était fils de maréchal-ferrant et haut-bourguignon d’origine. Charcot était fils et petit-fils de charrons et champenois d’origine …amusant ! 5 Il semble s’agir de l’artère fémorale commune 6 L’observation date sans doute de 1851 (Charcot avait alors 26 ans, il devint chef de clinique en 1853 à 28 ans) La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 60 - 61 En 1838, un vétérinaire allemand, Rademacher, décrivit le même cas que Bouley apparemment sans connaître son travail. En 1846, Armand Goubaux de l’Ecole Vétérinaire d’Alfort, publiera un mémoire à propos de 10 autres cas, il confirmera l’interprétation de J.F. Bouley par un véritable travail de médecine expérimentale avec « manip. » de ligature de l’aorte postérieure. Tout était dit sauf que ... la cause des lésions de l’aorte du cheval n’était pas le fait d’un processus athéroscléreux (!) mais était liée à un parasite intestinal, Strongylus vulgaris, qui migre dans les artères intestinales et cause une endartérite aortique et des accidents thromboemboliques. Charcot rapportera en 1858 (6) à la Société de Biologie le cas d’un dénommé Lefébure âgé de 54 ans dont l’histoire débute avec une scène d’hémorragie digestive haute suivi de melaena ; 8 mois plus tard il est hospitalisé pour un tableau qui ressemble fort à celui de l’observation de J.F. Bouley. Hématémèses et melaenas reprennent, la claudication intermittente est franche (Charcot reconnaît pourtant avoir négligé l’examen de la peau et des pouls fémoraux), l’ischémie s’aggrave et le patient décède lors d’une hématémèse massive. L’autopsie découvre une tumeur anévrysmale du volume d’un oeuf de poule formée aux dépens de l’origine de l’iliaque primitive droite, fistulisée dans le jéjunum. Le tiers distal de l’iliaque est complètement oblitéré par un thrombus fibreux. La lésion responsable de la claudication n’est pas non plus une lésion d’athérosclérose mais un faux anévrysme séquellaire d’une plaie par balle reçue par le soldat Lefébure durant de la conquête de l’Algérie, balle qui pénétra par le flanc droit et ne put être extraite. Ironie de l’histoire, la blessure se passe en 1830, elle est presque contemporaine de l’histoire de la jument de Bouley jeune. Charcot avait retenu dans la littérature, outre les travaux de Bouley jeune, un cas d’oblitération de la terminaison aortique chez une femme de 51 ans (7) (Barth, Archives Générales de Médecine 1835), 4 ans après la publication de Bouley jeune, 23 ans avant celle de Charcot, et bien avant Leriche ... Charcot prêchera pour ce syndrome de claudication intermittente lors de plusieurs Leçons, en vain ! « Je n’ai pas rencontré un seul médecin qui ait tenu compte de mes observations » (1892, un an avant sa mort). Sabourin concluait sa thèse, présidée par Charcot, en mentionnant que c’est l’ignorance du symptôme par les 7 médecins et sa non-recherche lors de l’interrogatoire qui sont les causes principales de la rareté des observations (Considération sur la claudication intermittente d’origine artérielle, 5 cas. Paris 1873). Déjà ... Par la suite, malgré les descriptions magistrales de Bouley jeune et les observations anatomiques de Charcot, Sabourin, Delaunay (1890) on discuta la pathogénie du phénomène et l’on suggéra que des lésions névritiques, un angiospasme (Dutil et Lamy 1893, Brissaud 1899) joueraient un rôle important dans les symptômes. Notons qu’à cette époque Déjerine décrit la claudication intermittente médullaire dans la thèse de Sottas (Contribution à l’étude anatomique et clinique des paraplégies spinales et syphilitiques, Paris 1874). Leriche repris l’hypothèse du vasospasme en 1917 et prôna la sympathectomie péri-artérielle hyperémiante. Hustin la combattit et mis en avant l’ischémie de la jambe par vol au profit de la cuisse (1936). Dans l’intervalle • le rôle de l’athérosclérose, le rôle du tabac (Erb 1904) (8) sont mis en évidence ; • von Winiwarter (1879) et Buerger (1908) décrivent une variété particulière d’artérite distale ... • Sicard et Forestier (1923), Dos Santos (1929) développent l’artériographie • P. Paupert-Ravault, futur grand patron lyonnais, décrit dans sa thèse les Formes cliniques des oblitérations artérielles des membres et discute la place d’examens complémentaires (1925). Puis un siècle après l’observation rapporté par Charcot, les 7-8 octobre 1952 a lieu à Strasbourg le 1er Congrès de la Société Européenne de Chirurgie Cardio-Vasculaire. On y discuta de la chirurgie des lésions aorto-iliaques, il fallut bien classer les cas ... la claudication intermittente artérielle devint le stade II de ce que l’on retiendra comme la classification de Leriche et Fontaine... qui s’est imposée par son côté clinique pratique sans jamais avoir été testée ni validée par rapport à la sévérité des lésions, à la dégradation hémodynamique ou à l’évolution. Quant à l’article original il faut de la ténacité pour le trouver ((9), on notera que le nom de Leriche n’y figure pas ...). Nous reviendrons sur le sujet dans la 2nde partie de ce travail à propos de la classification de Rutherford. En 1954, Roger Froment, puissant patron de Cardiologie, Il est amusant de constater que le premier pontage aorto-biiliaque réalisé en n ov.1950 par Jacques OUDOT concernait aussi une femme de 51 ans. Ceux qui ne voient l’AOMI qu’à travers l’homme devraient se souvenir que les premières observations concernaient des femmes … 8 Mais les travaux d’Erb seront minimisés (« l’angine de poitrine mortelle est tout à fait exceptionnelle » … !). A l’inverse, Lian (1932) reconnait le rôle important du tabagisme dans l’AOMI (« 92% des patients sont moyens ou grands fumeurs »). A noter que Claude Bernard (1813-1878) avait déjà noté sur l’effet vasoconstricteur du tabac. Il est à noter que le corps médical sera réticent à reconnaitre les méfaits du tabac. La 1ère association de lutte contre le tabagisme nait en 1868 … mais « au nom de l’ordre moral et social » (le 1er risque reconnu était le risque d’incendie). Le doute quant à la nocivité du tabac sera levé par les Médecins de Compagnie d’Assurances (2ème congrès Paris 1939). Les 1ères études statistiques solides sur la nocivité du tabac apparaitront au lendemain de la seconde guerre mondiale (enquête sur les médecins anglais lancée en 1951). 9 Fontaine R, Kim M, Kieny R. Die chirurgische behandlung der peripheren durchblutungsstörungen. Helvetica Chirurgica 1954 5/6 499-533 (Clas- sification en Stades I, II, III, IV page 511) www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 décrivit la claudication intermittente douloureuse comme un «Magnifique syndrome fonctionnel ! Grâce à lui, en rapportant seulement sa plainte, le malade signe son diagnostic, non seulement le trouble artériel sera reconnu mais le degré de l’ischémie ainsi réalisé sera estimé de façon précise ». L’envolée est belle, mais l’acquis de ces 25 dernières années montre qu’elle n’est guère applicable qu’aux seules formes typiques et encore à celles que l’on qualifierait de claudication restant réellement invalidante ... Sur les bases de ces années 1940-50, la claudication intermittente a été vue comme le marqueur de l’artériopathie chronique oblitérante des membres inférieurs (ACOMI). Avec l’apport du Doppler, l’épidémiologie moderne a montré que la claudication est un médiocre marqueur d’ACOMI, que les ACOMI asymptomatiques sont 3 à 7 fois plus fréquentes que les symptomatiques, qu’à même degré lésionnel mesuré par l’index de pression résiduelle à la cheville les patients avec ACOMI claudicants ou asymptomatiques sont au même niveau de risque cardiovasculaire. L’exploration fonctionnelle et l’imagerie ont montré que la claudication intermittente ne définit pas un degré d’ischémie et n’est pas proportionnelle à l’importance et à l’étendue des lésions (11,12). Sources. • Bouley jeune J.F.. Acad de Médecine, séance du 18 octobre 1831 (Rec Méd Vét 1831 ; 8 : 517-27), rapporté in Arch Génér. de Médecine, t.XXVII, p.425, 1831 (anonyme). • Charcot J.M. Sur la claudication intermittente observée dans un cas d’oblitération complète de l’une des artères iliaques primitives. Compte-rendu Soc Biol Paris 1858/1859 ; 225-38 • Ramond L. La claudication intermittente, Ch XIV, pages 356-387 Conférences de Clinique Médicale. Vigot Editeur 1927. • Descottes J. La claudication intermittente d’origine artérielle, 150ème anniversaire de sa description par J.F. Bouley. La Nouvelle Presse Médicale 1981 ; 10(9) : 663-664 • Normand J., Jarry H. Histoire de la claudication intermittente des membres inférieurs d’origine artérielle. Ann Cardiol Angeiol 1988 ; 37(8) : 455-460 • Sugar O. Jean-François Bouley (Bouley Jeune), Pioneer investigator in intermittent claudication. SPINE ; 1994(3) : 346-349 • La Revue du Praticien 1995 ; 45. Morceaux choisis. • Bollinger A., Eckert J., Rüttimann B. and Becker F. The “galloping” history of intermittent claudication VASA 2000; 29: 295-299 Quels messages peut-on retenir de cet historique ? • La claudication artérielle, mieux décrite sous son intitulé complet de claudication artérielle douloureuse d’effort, n’est qu’un symptôme fonctionnel. • Ce symptôme traduit une insuffisance artérielle d’un ou des membres inférieurs liée à des lésions occlusives des artères alimentant les membres inférieurs le plus souvent, mais pas toujours comme en témoignent les deux observations princeps, par athérosclérose ou par athéro-embolie. • Comme tout symptôme fonctionnel, il est subjectif, empreint des caractéristiques du patient, des modalités de l’effort de marche, de son incidence sur la qualité de vie, ... • La claudication intermittente ne permet pas de caractériser une ACOMI au plan de son statut lésionnel et ischémique. • De Bouley jeune et Charcot à Paupert-Ravault, Sicard, Forestier, Dos Santos une analyse a été faite qui a conduit au développement de la chirurgie vasculaire et au Congrès de Strasbourg. Il serait temps d’admettre que la classification de Leriche et Fontaine n’est pas une graduation comme l’indique le qualificatif en stades I à IV, mais une simple description séméiologique. Du point de vue anatomo-hémodynamico-clinique et pronostique, l’ACOMI évolue en deux stades, un stade d’ischémie à l’effort et un stade d’ischémie permanente ou de menace pour le membre. 10 Froment R. Claudication intermittente douloureuse d’origine artérielle. Rev Prat 1954 ; 4(10) : 875-85 11 Müller-Bühl U., Wiesemann A., Oser B. et al. Correlation of hemodynamic and functional variables with the angiographic extent of peripheral arterial occlusive disease. Vascular Medicine 1999; 4: 247-251 12 Becker F. Classification clinique & hémodynamique des artériopathies chroniques oblitérantes des membres inférieurs. Thèse d’Université (PhD), Université de Bourgogne, mention Médecine, mai 1989. La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 62 - 63 Romain JACQUET ([email protected]) 1. Mon premier : 12 mois 2. mon deuxieme : en vrac 3. mon troisieme : jonction entre l’aorte horizontale et descendante 4. mon quatrieme : tête obstinée 5. mon cinquieme : après la mer 6. mon sixieme : te à la troisième personne du singulier 7. mon septieme : moins morne que Waterloo 8. Mon huitieme : problème mon tout : pathologie vasculaire digestive Solution PAGE 69 Michel DADON ([email protected]) Homme de 73 ans, 87 kg, IMC = 24kg/m² Insuffisant cardiaque sous Jarvik 7 Examen clinique à l’entrée Aphasie fluente*, avec apraxie de la parole** et dysarthrie Pas de déficit sensitivo-moteur, pas de syndrome cérébelleux NIHSS : 2, ART : 8, score de Glasgow : 25 PA imprenable, volumineuse ascite Examens TDM : ischémie récente temporo-pariétale gauche de petite taille ETO : pas de thrombus LDLc = 1,08 g/l, Glycémie à jeun = 7,1 mmol/l, HbA1c = 6,4% INR = 1,74 sous Préviscan Echo-doppler trans-crânien : artère cérébrale moyenne gauche Quelle est votre interprétation de ce tracé Doppler ? SUITE PAGE 66 La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 64 - 65 ... SUITE Bien sûr, un écho-Doppler trans-crânien ne se conçoit sans un examen global TSA et TC, et l’on retrouve par ailleurs : Carotide interne droite Carotide interne gauche Vertébrale droite Cérébrale moyenne droite Toujours surpris ? www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 , REponse Ce patient est porteur d’un cœur artificiel Jarvik 7. Ce système est mû par une turbine axiale. Le débit assuré est de 3 à 9 L/min contre une pression artérielle de 100-150 mmHg. Ces systèmes à flux continu, plus simples et plus silencieux, sont moins sujets aux embolies et aux infections que les systèmes pulsatiles. La courbe artérielle est pratiquement plate, la PAS et la PAD sont les mêmes que la PAM, avec donc les courbes vélocimétriques que l’on observe (ci-dessus) au niveau artériel. Ce patient était sous dosé en AVK et a donc fait une embolie cérébrale avec bonne récupération. Son traitement a donc été réadapté (INR cible 2,5-3). Référence Etude hydraulique du cœur totalement implantable Jarvik-7-100: hypothèse d’une loi empirique du cœur. Thèse de Doctorat du Dr Xavier Guillotte – 2004. *Aphasie: L’aphasie est un ensemble de troubles oraux et écrits secondaires à une lésion cérébrale. On distingue plusieurs types d’aphasie. Certaines sont de type fluent et d’autres de type non fluent. Tandis que ces premières se manifestent surtout par une logorrhée (grand débit de paroles), les aphasies de type non fluent se caractérisent par une diminution du débit verbal qui conduit jusqu’au mutisme. **Apraxie de la parole: Trouble acquis de la capacité à programmer le positionnement de l’appareil buccophonatoire et la séquence des mouvements musculaires nécessaires à la production volontaire des Avec le concours du Dr Mireille Segard-Rebillard, USINV, hôpital Pitié-Salpétrière La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 phonèmes, non relié à une paralysie ni à une ataxie de l’appareil articulatoire. 66 - 67 www.portailvasculaire.fr La Lettre du Médecin Vasculaire n°29 - Décembre 2014 VASCULAIRE Solution 1. 12 mois : année 2. en vrac : vr 3. jonction entre l’aorte horizontale et descendante : isthme 4. tête obstinée : de lard 5. après la mer : terre 6. te à la troisième personne du singulier : se 7. moins morne que Waterloo : plaine 8. problème : hic REPONSE : anévrisme de l’artère splénique Il s’agit de la troisième localisation en fréquence des anévrismes intra abdominaux après l’aorte abdominale et les artères iliaques. C’est le plus fréquent des anévrismes des artères viscérales (60 % des anévrismes des artères viscérales asymptomatiques, avant l’artère hépatique et les artères rénales). Ils sont plus fréquents chez la femme (quatre femmes pour un homme). Ils sont rarement symptomatiques : douleurs épigastriques ou de l’hypocondre gauche ou rupture dans plus de 20 % des cas. Lorsqu’ils sont découverts pendant la grossesse, dans 95 % des cas, ils sont rompus et responsables d’une mortalité maternelle de 70 % et fœtale de 95 %. Ils sont en majorité asymptomatiques, découverts lors d’une imagerie par présence des calcifications ou découverte fortuite scanographique ou I.R.M. On distinguera d’emblée les vrais des faux anévrismes qui sont rares, en rapport avec un La Lettre du Médecin Vasculaire n°30 - Mars 2015 traumatisme iatrogène (ponction sous scanner) ou un processus infectieux du voisinage (pancréatite). Ces faux anévrismes sont majoritairement symptomatiques et justifient une indication thérapeutique précoce sans critère de diamètre, le plus souvent par embolisation. Les vrais anévrismes surviennent par dysplasie artérielle, plus rarement par athérome. Indication thérapeutique : elle est formelle pour les anévrismes symptomatiques, ceux survenant chez la femme enceinte ou en âge de procréer, les faux anévrismes, ainsi que les anévrismes asymptomatiques de plus de 20 à 25 mm. Le traitement retenu sera fonction de la localisation et de l’état général du patient : -- résection simple, sans rétablissement de la continuité artérielle car les collatérales gastriques et pancréatiques parviennent le plus souvent à vasculariser la rate. Geste possible par laparoscopie -- splénectomie éventuelle en cas d’anévrisme enchâssé dans le hile ou intra parenchymateux. Geste possible par laparoscopie -- endoprothèse couverte pour l’anévrisme proximal -- embolisation pour l’anévrisme plus distal, en fonction de la possibilité de progression dans le trajet artériel 10.684/stv. 2013.0742. Bibliographie Chiche L, Kieffer E. Anévrysmes des artères viscérales. Ds Traité de médecine vasculaire, Tome 1. Chap 8 : Anévrismes artériels, p 526-9. Ed Elsevier Masson, 2011. Laurian C. Anévrisme de l’artère splénique asymptomatique : quelle conduite adopter ? Sang Thrombose Vaisseaux 2013 ; 25 (3) : 190-3. doi : 10.684/stv. 2013.0742. 68 - 69 Collège National Professionnel de Médecine Vasculaire Nous avons besoin de vous. Nous ne renonçons jamais ! Le CNPMV met en place cette très courte enquête auprès de nos correspondants. Nous voulons démontrer (encore !!) que nous avons un rôle pivot dans les filières de soins et que nous sommes reconnus par de nombreux correspondants. Les résultats de cette enquête seront intégrés au livre blanc « Médecine Vasculaire 2015 ». COMMENT répondre à l’enquêtE ? répondre à l’enquête en ligne télécharger la version papIer de l’enquête http://cnpmv.fr/enquete2015.html 20 réponses de correspondants par médecin vasculaire = 40.000 réponses /2 car malheureusement tous les MV n’y participeront pas soit 20000 réponses attendues ! Mobilisez-vous auprès de vos correspondants ! Merci Pour devenir membre de la SFMV Afin de constituer votre dossier de candidature, veuillez demander à l’adresse du Secrétariat Administratif (Nadia DAUZAT), le formulaire de candidature. Vous l’adresserez dûment rempli accompagné de : • Si vous êtes médecin vasculaire : un justificatif de la certification en vigueur pour la pratique de la Médecine Vasculaire (diplôme de Capacité d’Angiologie, de D.E.S.C. de Médecine Vasculaire, qualification en Angiologie), et d’un bref curriculum vitae. • Si vous n’êtes pas médecin vasculaire, mais que vous souhaitez participer aux activités de la S.F.M.V. Vous avez la possibilité de devenir Membre Associé : un bref curriculum vitae ainsi que la lettre de parrainage de 2 membres titulaires de la S.F.M.V. Votre candidature sera examinée à la plus proche réunion du Conseil d’Administration et un courrier validant votre admission vous sera adressé. secrétariat administratif et FMC Nadia DAUZAT La Gachetière / 66, Rue des Gabarres / 17430 CABARIOT, Tél : 05 46 83 77 30 - Fax : 09 71 70 44 72 E-mail : [email protected] secrétariat scientifique et comptable Isabelle DAURIAC, CHU Rangueil / Service de Médecine Vasculaire 1, Avenue Jean Poulhès / TSA 50032 / 31059 TOULOUSE Cedex 9 Tél : 05 61 32 29 45 - Fax : 05 61 32 26 34 E-mail : [email protected] LISTE DES ANNONCEURS BAYER - DIAGNOSTICA STAGO - GIBAUD - I2M - LEO PHARMA - LOHMANN & RAUSHER SIGVARIS - STD - THUASNE - TOSHIBA LES PARTENAIRES DE LA SFMV PLATINIUM GOLD SILVER
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