Hedge funds - Association de Banques Privées Suisses
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Hedge funds - Association de Banques Privées Suisses
N° 28 N° 32 JUILLET 2007 La lettre G R O U P E M E N T D E S B A N Q U I E R S P R I V É S G E N E V O I S HEDGE FUNDS ET PRIVATE EQUITY : LES ENJEUX POUR LA SUISSE Michel Y. Dérobert, Délégué « HEDGE FUNDS », « PRIVATE EQUITY » : DEPUIS DES ANNÉES, CES DEUX ANGLICISMES FONT PARTIE DU VOCABULAIRE QUOTIDIEN DU MONDE FINANCIER. PLUS RÉCEMMENT, ILS ONT ATTIRÉ, DANS CERTAINS PAYS, L’ATTENTION DES REPRÉSENTANTS DU MONDE POLITIQUE, SUSCITANT PARFOIS DE LEUR PART DES COMMENTAIRES ACERBES. LA QUESTION DE LA RÉGLEMENTATION DE CES VÉHICULES DE PLACEMENTS ALTERNATIFS – EN PARTICULIER LES HEDGE FUNDS – SE POSE AUSSI, MAIS UN CONSENSUS TARDE À APPARAÎTRE. IL N’EN DEMEURE PAS MOINS QUE LA RÉALITÉ QUE RECOUVRENT CES NOTIONS RESTE MAL CONNUE DU PUBLIC. LA PRÉSENTE « LETTRE » SE PROPOSE DE DÉCRIRE DANS LES GRANDES LIGNES L’UN DES SECTEURS LES PLUS DYNAMIQUES DU MONDE FINANCIER ET DE MONTRER QUELS SONT LES PRINCIPAUX ENJEUX POUR LA SUISSE. 1 N°32 edge funds et private equity recouvrent deux concepts différents, mais comportant certains traits communs : tous deux font partie de ces placements alternatifs qui prennent une importance toujours plus Hedge funds : grande dans la stratégie des investisseurs croissance privés et institutionnels. Dans la mesure où ces formes d’investisseAvoirs estimés ments collectifs sont peu USD milliards réglementées, elles ne sont 1.6 en principe pas accessibles 1.4 au grand public, en tous cas pas directement. Elles 1.2 s’adressent principalement 1.0 à des investisseurs qualifiés (privés fortunés ou institu0.8 tions) qui en connaissent les 0.6 particularités et les risques et ont les moyens d’assumer 0.4 ces derniers. 0.2 Toutefois le monde évolue. 0 Il existe des fonds de hedge funds cotés, où les risques sont répartis et qui sont à la portée de presque tous les investisseurs. Source : Financial Times, Special Report « Hedge Funds », Récemment, certains groupes de private 27.04.2007. equity se sont aussi fait coter en bourse et sont ainsi accessibles à tous. L’importance de ces types de placements s’est énormément accrue ces dernières années. Par exemple, il existe aujourd’hui plus de 9000 hedge funds dans le monde, qui gèrent des actifs d’une valeur totale évaluée à quelque 2 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 H 2006 D’ACTIFS EN PLEINE CROISSANCE USD 1600 milliards (voir illustration n° 1), étant précisé que les 100 plus gros représentent à peu près les 65% du total du marché 1. Certains «coups» restés fameux réalisés par des gérants de hedge funds (p.ex. l’attaque contre la livre sterling par George Soros en 1992) de même que les brillantes performances de quelques grands noms ont attiré les regards du monde entier. Mais ce secteur s’est aussi fait remarquer, il faut bien le dire, par quelques faillites retentissantes (LTCM en 1998, Amaranth en 2006). Le marché du private equity a, lui aussi, connu une croissance très imporNombre de tante. Son volume total est fonds estimé évalué à USD 2500 millards 10000 répartis sur quelque 8000 fonds. Jadis spécialité amé8000 ricaine, ce marché s’est étendu à l’ensemble du monde. La part de marché 6000 détenue par l’Europe a fortement augmenté ces der4000 nières années (atteignant 39% en 2005) pour devenir 2000 presque l’égale de celle des Etats-Unis (41%). L’intérêt croissant des inves0 tisseurs pour ces placements alternatifs tient surtout au fait qu’ils sont modestement corrélés avec l’évolution des marchés traditionnels, tels que les actions ou les obligations. Cette caractéristique offre – paradoxalement, serait-on tenté de dire pour des classes d’actifs qui ont la réputation d’être risquées – une manière 2005 DEUX CLASSES 2004 ILLUSTRATION N° 1 1 Cf. Financial Security Forum: Update of the FSF Report on Highly Leveraged Institutions, 19. 05. 2007. N°32 qui sélectionnent les stratégies et les gestionnaires, puis les assemblent pour créer un environnement plus apte que n’importe quel fonds individuel à dégager des rendements stables sur le long terme. Ces fonds de fonds peuvent être largement diversifiés ou, au contraire, axés sur une stratégie particulière. efficace de se protéger contre les fluctuations des marchés. Ceci explique que les investisseurs institutionnels, tels que les fonds de pension, détiennent désormais une part plus importante de hedge funds que les investisseurs privés fortunés, auxquels ils semblaient encore largement réservés il y a quelques années. > Private equity DÉFINITIONS Les fonds de private equity sont une forme plus traditionnelle de placements alternatifs. Ce terme désigne toute prise de participation dans le capital d’une entreprise dont les actions ne sont pas négociables en bourse. Plus précisément, il définit la manière dont les fonds utilisés ont été levés, à savoir auprès d’investisseurs privés et non par appel au public. Les fonds spécialisés dans ce domaine suivent, eux aussi, des stratégies variées. Par exemple, certains se spécialisent dans la mise à disposition de capital risque pour des entreprises naissantes (venture capital). D’autres, au contraire, sont actifs dans la restructuration d’entreprises existantes dont le potentiel n’est pas ou est insuffisamment exploité. L’accès au private equity est généralement limité aux investisseurs institutionnels ou aux investisseurs privés très fortunés, qui sont prêts à rester investis pendant des années dans un véhicule donné. Par définition, il s’agit-là de placements peu liquides dont il est difficile de se défaire sans encourir des frais relativement élevés (voir illustration n° 2, page 4). > Hedge funds Il est difficile de définir ce qu’est un hedge fund, car il en existe une immense variété. Il s’agit de véhicules communs de placement dont le but fondamental est de dégager des rendements absolus. Contrairement aux fonds de placements traditionnels, ils ne cherchent pas à reproduire ou à battre un indice de référence, mais plutôt à dégager des rendements positifs quelle que soit l’orientation des marchés. Pour y parvenir, ils peuvent recourir aux stratégies les plus diverses. Ils sont donc extrêmement libres dans leurs choix d’investissements et peuvent utiliser des instruments dérivés (options, futures, swaps, etc.), prendre des positions à découvert ou s’endetter – parfois dans des proportions massives – pour bénéficier d’importants effets de levier. En règle générale, les gérants de hedge funds sont rémunérés sur leur performance en lieu et place ou en plus d’une commission de gestion. L’offre étant pléthorique, il n’est pas aisé de se faire une idée des opportunités qui existent sur le marché. Les banques privées ont pour vocation de servir de guide aux investisseurs privés ou institutionnels, afin de leur permettre de se frayer un chemin dans cette jungle. Elles constituent des fonds de fonds IMPORTANCE ÉCONOMIQUE ET POLÉMIQUES POLITIQUES Les hedge funds interviennent de manière très active – voire hyperactive – sur les marchés d’actions, d’obligations, des devises 3 N°32 ou des matières. Au fil du temps, ils sont devenus des clients essentiels pour les plus grandes banques d’investissement. Selon une estimation récente, les affaires liées aux hedge funds ont représenté 15-20% des recettes globales de ces dernières 2. Bien que les hedge funds ne détiennent que ILLUSTRATION N° 2 Investissements traditionnels / alternatifs Une typologie n’hésitant pas à traiter publiquement ces financiers de «criquets» qui se nourrissent de la destruction d’entreprises. Alors qu’il était encore candidat à la présidence de la République française, Nicolas Sarkozy s’en est également pris dans des termes assez vifs à cette catégorie d’investisseurs. Possibilités d’investissement Investissements traditionnels Liquidités Obligations Actions Fonds de placement Investissements alternatifs Alternatives classiques Alternatives modernes Immobilier Matières premières Private equity Hedge funds Ces critiques sont plus courantes en Allemagne et en France que dans les pays anglo-saxons, habitués au fonctionnement du capitalisme boursier. Les effets néfastes des hedge funds en tant qu’actionnaires actifs ne sont d’ailleurs pas prouvés. Au contraire, des recherches récentes tendent plutôt à démontrer leurs effets positifs aussi bien, à court terme, sur les cours des actions des entreprises visées que sur leurs performances économiques à long terme 3. La contribution des hedge funds à l’efficience et à la stabilité des marchés financiers a d’ailleurs été saluée, dans un récent rapport, 1,5 % des actifs financiers dans le monde, leur activisme en fait non seulement des acteurs majeurs en tant qu’acheteurs et vendeurs de titres sur les marchés. Il les conduit aussi, dans certains cas, à se manifester bruyamment en tant qu’actionnaires actifs, voire à dicter leur volonté aux conseils d’administration des sociétés dans lesquelles ils ont investi leurs avoirs. C’est ainsi que des gérants de hedge funds se sont parfois heurtés aux dirigeants de grandes sociétés, allant jusqu’à provoquer la démission de certains d’entre eux. On pense notamment au président de la Deutsche Börse AG, critiqué pour avoir voulu fusionner avec le London Stock Exchange. La classe politique allemande s’en était émue, l’ancien président du parti social-démocrate, Franz Münterfering, 2 Cf. Financial Stability Forum, op. cit. 3 Cf. Financial Times, Special Report «Hedge Funds », 27.04.2007. 4 N°32 par le Financial Stability Forum (FSF), une institution qui réunit des hauts représentants des autorités financières nationales (banques centrales, autorités de surveillance, ministères des finances) et internationales 4. A ce jour, l’avertissement le plus sérieux émane du FSF déjà évoqué plus haut. A vrai dire, il ne concerne pas la politique d’investissement des hedge funds, dont il reconnaît expressément qu’ils contribuent au bon fonctionnement des marchés financiers. Il s’en prend plutôt à la politique de crédit adoptée par les grandes banques d’investissement internationales à l’égard de ce qu’il appelle les «institutions fortement endettées», dont font clairement partie un certain nombre de fonds de placements alternatifs. Des signes de laxisme dans ce domaine font craindre à son avis l’émergence d’un risque systémique. On appelle ainsi la possibilité qu’une situation de détresse isolée se propage à travers le système financier et finisse par avoir des effets sur l’économie réelle. Pour éviter qu’on en arrive là, le FSF a émis des recommandations précises destinées surtout aux autorités de surveillance nationales, mais aussi aux investisseurs (qui sont invités à la prudence) et à l’industrie elle-même (qui devra faire preuve d’autodiscipline). RÉGULER OU LAISSER FAIRE ? Un vif débat s’est engagé depuis plus d’un an sur la question de savoir si et comment les hedge funds devaient être régulés. Le ministre allemand des finances, le socialiste Peer Steinbrück, s’est profilé pour réclamer, entre autres, la création d’une base de données globale sur les participations qu’ils détiennent. Mais cette demande, jugée inapplicable et dénuée de sens, s’est heurtée à l’opposition résolue des autorités américaines et britanniques, deux pays où l’industrie des hedge funds est largement concentrée. Dans la mesure où l’Allemagne assumait la présidence de l’Union européenne (UE) et celle du G8, le « club » des plus grandes puissances économiques, on aurait pu s’attendre à ce que ce sujet reste sur le tapis. Toutefois, dans leur première déclaration officielle consacrée à ce thème, en mai 2007, les ministres des finances de l’UE se sont gardés de s’en prendre trop violemment aux hedge funds. Mais ils ont plaidé pour une vigilance accrue et pour l’adoption d’un code de conduite volontaire par l’industrie en question 5. UN RÔLE À JOUER POUR LA SUISSE Chacun sait que les banques suisses sont des acteurs de première importance dans le domaine de la gestion de patrimoines. Il est 4 Cf. Financial Stability Forum: op. cit. 5 Cf. Neue Zürcher Zeitung, 9.05.2007. 5 N°32 donc logique que certaines d’entre elles figurent parmi les principaux investisseurs (pour le compte de leurs clients) en hedge funds et qu’elles jouent aussi un rôle notable dans le domaine du private equity. Cependant, il est très rare que ces véhicules de placement soient domiciliés dans notre pays, ceci en dépit de leur succès croissant. Par exemple, 7000 hedge funds sont enregistrés aux îles Caïman, alors que la Suisse n’en abrite que 150 6. La Suisse serait bien inspirée d’attirer à elle ces activités en plein essor. Le pays en profiterait à plusieurs égards. Premièrement, la présence accrue de talents de pointe dynamiserait sa place financière et offrirait par un effet d’entrainement des débouchés aux jeunes que forment à grands frais nos hautes écoles. Deuxièmement, la question de la surveillance dont il a été question plus haut pourrait être traitée de manière plus directe. Enfin, l’Etat lui-même pourrait s’assurer de nouvelles recettes fiscales en imposant des activités qui, pour l’instant, lui échappent totalement. C’est à cette question – à savoir comment faire pour développer en Suisse les activités de hedge funds et de private equity – que la seconde partie de la présente «Lettre» est consacrée. LOI MODERNE ET FISCALITE DISSUASIVE : QUAND LA CONFÉDÉRATION SOUFFLE LE CHAUD ET LE FROID Un des traits communs des hedge funds et du private equity n’a pas encore été évoqué. Il s’agit du fait que ces véhicules de placements collectifs sont souvent organisés sous la forme de limited partnerships. C’est un type de société bien connu dans le monde anglo-saxon, mais qui n’a fait son entrée dans le droit suisse que depuis peu, avec la création de la société en commandite de placements collectifs, une des principales innovations de la nouvelle Loi fédérale sur les placements collectifs de capitaux (LPCC) entrée en vigueur au début 2007. Les limited partnerships et leur nouveau pendant helvétique constituent une forme de société particulièrement bien adaptée aux véhicules de placement dont le gérant investit son propre capital au côté de celui de ses clients, ce qui est presque toujours le cas pour les hedge funds et le private equity. La place financière helvétique est dès lors en situation de mieux profiter du développement extraordinaire de ces types d’investissements. 6 Cf. Urs Kapalle: «Kurz vor dem Sieg im Abseits?» dans Schweizer Bank, avril 2007. 6 N°32 bien mieux à la pression des prix. Mais le succès de ses acteurs dépendra uniquement de leur talent, de leur créativité et de leur performance. 8 Il n’est pas difficile de voir dans quelle direction la Suisse – patrie des activités à très haute valeur ajoutée telles que la haute horlogerie, la chimie fine et les spécialités pharmaceutiques – doit maintenant orienter son industrie financière. Le Conseil fédéral ne s’y est pas trompé: il a notamment souligné dans son message au Parlement sur la LPCC: «Notre pays a donc l’occasion de se profiler comme un des leaders européens dans cette catégorie d’actifs plutôt que de laisser l’initiative à d’autres pays comme les îles anglo-normandes et le Luxembourg.» 7 Tout est donc en place au plan réglementaire pour que des gérants de fonds alternatifs se domicilient en Suisse, pays prédestiné pour cette activité, puisque sa place financière compte parmi les premiers acteurs mondiaux du wealth management et qu’elle offre des infrastructures performantes dans d’autres domaines clés, tels que les services juridiques et comptables. LE PROBLÈME FISCAL La capacité de la Suisse à développer ces activités dépendra du cadre fiscal qu’elle offrira aux opérateurs concernés. Il s’agira en particulier de savoir comment seront imposés les gains en capital réalisés par les gérants de fonds. C’est un problème que les principales places financières concurrentes ont compris: plusieurs d’entre elles, à commencer bien sûr par le Royaume-Uni, accordent un traitement favorable à ces activités, bien qu’un débat se soit récemment engagé à ce propos. En Suisse, les gains privés en capital sur la fortune mobilière ne sont pas imposables. Mais les gains réalisés à titre professionnel sont, au contraire, totalement imposables. Il s’agit donc d’une question d’interprétation et de savoir si les gains en capital des gérants de fonds (carried interest en langage technique) sont assimilables à la première ou à la seconde catégorie. Dans un cas, la Suisse serait extrêmement compétitive; dans l’autre totalement dissuasive, dans la mesure où les principales places concurrentes se contentent pour l’instant d’un taux d’imposition du carried interest de l’ordre de 12 à 15%. Ainsi, la question qui se pose a trait à la notion de commerçant professionnel en titres, qui est définie dans une circulaire de l’Administration UN AVIS PRÉMONITOIRE DE LA BNS Philip Hildebrand, membre du Directoire de la Banque nationale suisse, a décrit les tendances lourdes qui marqueront la gestion d’actifs dans les années à venir: la gestion traditionnelle, qui a longtemps été au cœur des compétences de la place financière helvétique, cèdera du terrain à la gestion indicielle et autres activités de masse telles que les Exchange Traded Funds (ETF). Dans ce domaine à faible valeur ajoutée, les marges seront limées au maximum comme c’est toujours le cas pour les produits de base. A l’autre extrémité, la gestion alternative gagnera aussi en importance. Tout en demeurant une activité de niche, elle résistera 7 Cf. Message du Conseil fédéral concernant la Loi fédérale sur les placements collectifs de capitaux, p. 27. 8 Cf. Philip Hildebrand : « Gedanken zum Asset Management in der Schweiz », exposé présenté le 28.03.2006. 7 N°32 fédérale des contributions 9. Le problème posé par cette circulaire et par la jurisprudence du Tribunal fédéral dont elle découle est aussi simple à exposer qu’il est délicat à résoudre. Pour déterminer s’il y a ou non commerce professionnel de titres, il faut toujours «se fonder sur l’ensemble des circonstances du cas d’espèce». Six critères peuvent toutefois assurer le contribuable qu’il agit à titre privé. Ils vont de la durée de détention des titres, au volume des transactions, en passant par la part relative des gains en capital par rapport au revenu imposable ou à l’utilisation de connaissances professionnelles. Et il convient d’ajouter que cette assurance n’existe que si ces différents critères sont cumulativement réunis. Autant dire que la sécurité juridique dont peut se prévaloir un investisseur sophistiqué – quel qu’il soit – est inexistante: ne serait-ce qu’à cause de ses connaissances, il courra toujours le risque d’être imposé au taux marginal le plus élevé (plus l’AVS) sur ses gains en capital. Comment s’étonner, dans ces conditions, que les gérants de fonds alternatifs préfèrent domicilier leurs opérations ailleurs qu’en Suisse? Il est donc essentiel qu’une interprétation plus claire et moins arbitraire de la notion de commerçant professionnel de titres soit appliquée dans notre pays. C’est la condition sine qua non pour que la place financière helvétique prenne son envol dans ce secteur prometteur, parfaitement adapté à son savoir-faire. « ERRARE HUMANUM EST SED PERSEVERARE DIABOLICUM » Rédaction : Groupement des Banquiers Privés Genevois 8, rue Bovy-Lysberg CP 5639 1211 Genève 11 Tél. +41 (0) 22 807 08 00 9 Cf. Circulaire no 8 de l’Administration fédérale des contributions du 21.06.2005. Fax : +41 (0) 22 320 12 89 [email protected] www.genevaprivatebankers.com www.swissprivatebankers.com 8 La fiscalité d’une place financière peut aussi bien servir de repoussoir que d’aimant. Bien involontairement, la Suisse a déjà contribué par des mesures irréfléchies (IChA sur l’or, droit de timbre, etc.), au renforcement de places comme Londres ou le Luxembourg. C’est maintenant, alors que la place financière se porte bien, qu’il importe de préparer l’avenir et de penser à une fiscalité attrayante qui permette à la Suisse de s’ouvrir à de nouveaux secteurs d’activités. Pour l’instant, les banques helvétiques se contentent d’acheter pour leurs clients des produits développés à l’étranger, où une bonne partie de la valeur ajoutée est créée, alors que la totalité de la chaîne de création de valeur pourrait fort bien être rapatriée. Tel est l’enjeu dont les autorités fiscales – ou, à défaut, le Parlement – devraient prendre conscience.