Pèlerinage à Lourdes – Messe « Miséricordieux comme le Père

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Pèlerinage à Lourdes – Messe « Miséricordieux comme le Père
Pèlerinage à Lourdes – Messe « Miséricordieux comme le Père » –
18 septembre 2016
Jn 10, 1-11
Homélie retranscrite à partir d’un enregistrement
Chersamis,
Voici le dernier temps de célébration tous ensembles dans cette basilique
du Rosaire, où nous venons pour la première fois depuis le début du
pèlerinage. C’est un lieu important pour tous les évêques de France. En
effet, lors des Assemblées plénières des évêques, deux fois par an, c’est ici
que les évêques viennent célébrer.
Nous avons passé un bon moment, et avons l’impression d’avoir rechargé
nos batteries spirituelles pour l’année. Pourtant, quand nous allons rentrer
chez nous, dans notre vie habituelle, en doyenné, en maison de retraite, en
maison de soin, au lycée, …, nos batteries risquent de s’épuiser. Dans notre
vie spirituelle, il est nécessaire de recharger nos batteries pour nous
nourrir de cette foi qui fait vivre. Comment, alors, prolonger toute l’année
les grâces reçues lors de ce pèlerinage ?
C’est un enjeu important, car cela change énormément de choses dans nos
relations avec les autres, dans nos relations avec le Seigneur aussi.
Cette vie spirituellenous donne beaucoup de joie. Nous avons eu beaucoup
de joie en venant en pèlerinage, et cette joie, cette espérance, nous avons
envie de la garder au fond de notre cœur pendant toute l’année.
Comment rester « gonfler à bloc » sur le plan spirituel ? Jésus, dans
l’Évangile nous donne quelques clefs. J’en ai relevé trois (mais il y en a sans
doute plus) qui trouvent des applications très concrètes dans notre vie.
1 - Je trouve qu’il y a une certaine gravité dans le passage d’Évangile que
nous avons entendu. Comme si Jésus nous mettait en garde contre un
danger : « Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis.
[…] ; Jamais elles ne suivront un étranger mais elles s’enfuiront loin de lui car
elles ne connaissent pas la voix des étrangers » ou encore « le voleur ne vient
que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient
la vie, la vie en abondance ».
1
Jésus s’adresse aux pharisiens dans ce texte. Ce sont eux qu’Il appelle les
étrangers, et non ceux qui ont une autre nationalité !
Ils sont étrangers car ils n’ont pas voulu entendre la voix du Christ et croire
en Lui. Pire, ils ont empêché beaucoup d’autres de L’écouter et de Le suivre.
Ils ont empêché les gens d’entrer. Ils sont étrangers au Christ.
Certes dans notre vie quotidienne, aujourd’hui, il n’y a plus de pharisiens,
mais nous pouvons être induits en erreur et il n’est pas facile de vivre dans
une société qui n’est pas fondée sur l’Évangile.
Cet été, lorsque j’étais aux JMJ en Pologne, les jeunesétaient surpris par le
fait qu’il est possible, là-bas, d’exprimer sa foi librement, sans être moqués
ou ridiculisés. En France, c’est très différent, il faut du courage pour être
chrétiens, pour vivre sa foi, pour l’exprimer.
Je pense que le Seigneur dans cet Évangile nous appelle à une certaine
vigilance par rapport à nos lectures, aux média, à l’opinion publique, aux
réseaux sociaux y compris ceux qui se disent catholiques ! Ce n’est pas qu’il
faille se méfier de tout le monde, mais il faut de la vigilance car il y a
beaucoup d’occasions de nous écarter du Christ dans cette société.
Il ne s’agit pas pour autant d’avoir peur : nous vivons de belles choses dans
la société, et ce même avec des gens qui n’ont pas forcément la foi. Mais, il
est important de discerner ce qui vient vraiment de l’Esprit-Saint, ce qui est
vraiment source de communion et de paix entre les gens et qui les
rapprochent au lieu de les diviser.
2 - Après cet appel à la vigilance, Jésus dit « Moi, je suis la porte ».
De quelle porte s’agit-il ? Qu’entend-t’Ilpar-là ?
Une porte, s’ouvre et se ferme. Elle est faite pour permettre l’entrée quelque
part, mais aussi pour la limiter si besoin. Ce quelque part, c’est le Royaume
de Dieu, que Jésus est venu annoncer et inaugurer par Sa mort et Sa
résurrection.
Le Royaume de Dieu est ce rassemblement de tous ceux, dans le monde, qui
ont entendu la voix du Christ, l’ont prise au sérieux, et ont mis leur foi en
Lui, et ont décidé de Le suivre.
Le Royaume de Dieu est plus large que l’Église. Nous n’en connaissons pas
les limites ; seul le Seigneur les connait. Mais l’Église, et même son nom le
dit (Ecclésia : l’assemblée), est déjà le signe du Royaume que Jésus est venu
établir au cœur de l’humanité. Un Royaume qui n’aura pas de fin, que rien
2
ne pourra détruire, ainsi que Jésus l’avait annoncé à Pierre : « Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne
l’emportera pas sur elle 1».
C’est un appel à prendre notre place, dans l’Église, dans cette communauté,
dans ce Royaume. À nous y engager. À être nous-mêmes de ceux qui aident
les autres à passer la porte, à leur faciliter le passage pour que les gens
puissent entendre la voix de Jésus et se mettre à sa suite.
Comme je le disais avant-hier, les personnes malades, handicapées ont tout
à fait une place à prendre dans ce rôle d’aider les autres à passer la porte !
Personne ne peut être mis de côté. Nous sommes tous[invités à être]des
disciples missionnaires 2, c’est-à-dire à témoigner de notre joie de croire, de
notre joie d’espérer. C’est en témoignant de notre foi et de nos convictions
profondesque l’on recharge nos batteries spirituelles ! Plus on exprime sa
foi, plus elle grandit !
3 - Enfin, Jésus dit : « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; Il
pourra entrer ; Il pourra sortir et trouver un pâturage ».
En Bretagne, nous savons ce qu’est un pâturage. Pour nos troupeaux, c’est
une nourriture vitale. Il en est de même pour les chrétiens : la vie spirituelle
doit être nourrie. Le Seigneur nous donne justement la possibilité de la
nourrir, de mettre Jésus lui-même au cœur de notre vie, de nos pensées, de
nos prières. C’est absolument vital. Ainsi nous pourrons dire comme SaintPaul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi 3». C’est beau !
Si nous voulons recharger nos batteries spirituelles, cela peut être pour
nous un appel, pendant toute l’année, à une vie de prière, peut-être plus
intense. Une vie de prière personnelle, qui est importante, mais aussi une
vie de prière communautaire.
Souvent, nous avons une dévotion personnelle, mais il nous manque ce lien
communautaire qu’apporte la prière avec d’autres. Beaucoup de groupes le
font, et c’est quelque chose qui est toujours à développer.
Certains disent parfois qu’ils sont très occupés, et qu’ils n’ont pas le temps
de prier.
Matthieu 16, 13-23
Gaudium, 24 novembre 2013 Pape François [119-121]
3 Lettre de Saint-Paul Apôtre aux Galates 2, 16. 19-21
1
2Evangelii
3
Moi, je dis que c’est fou le temps que l’on perd à ne pas prier ! Car la prière
nous fait gagner beaucoup de temps en nous aidant à discerner dans notre
vie ce qui est le plus important !
Le deuxième appel que j’adresse concerne la formation.
Nous avons besoin de nous former. Dans notre société, ainsi que je le disais
au début, nous risquons d’être un peu perturbés. Qu’est-ce-qui est vrai ?
Qu’est-ce-qui est faux ? Qui doit-on suivre ? Qui ne doit-on pas suivre ?
C’est justement la formation qui nous permet d’enraciner très
profondément notre foi afin qu’elle devienne une foi solide qui tienne dans
la durée. Le diocèse propose des formations, tout comme des activités de la
vie spirituelle. Je vous invite à chercher sur le livret de formation ou celui de
la vie spirituelle ce qui vous convient.
Nous avons beaucoup de bonnes résolutions à prendre pour commencer
cette année !
Et ainsi que nous le chantons :
Enor ha gloar da Vab Doue !
Ne fell deom kaoudMestr na Roue
Nemed Jezuz ‘pad or buez.
Honneur et gloire au Fils de Dieu !
Nous ne voulons d’autre maître, ni d’autre Roi
Que Jésus, pendant notre vie.
AMEN
Laurent DOGNIN
Évêque de Quimper et Léon
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