ITINERAIRE SPIRITUEL avec G.J. Chaminade

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ITINERAIRE SPIRITUEL avec G.J. Chaminade
ITINERAIRE SPIRITUEL AVEC G. J.CHAMINADE
Itinéraire spirituel Présentation On a souvent répété que le Père Chaminade n’est pas un théologien de bureau : il est plutôt un
pédagogue spirituel, un éducateur de la foi et de la vie spirituelle. Les circonstances historiques dans
lesquelles il a vécu l’ont amené à former des disciples pour l’évangélisation : les laïcs de la
Congrégation ; les laïcs consacrés de l’État ; les religieuses et religieux marianistes.
Ce qui l’intéresse, c’est de former le jeune homme, la jeune fille qui s’est adressé à lui. Il lui
donnera une nourriture spirituelle variée, selon ses besoins. L’initiation à l’oraison va de pair avec
l’imitation des vertus de Jésus et de Marie. Il n’y a pas d’un côté une méthode des vertus et de
l’autre une méthode d’oraison : il y a un jeune baptisé qu’il faut guider sur les chemins de la sainteté.
La pratique des vertus est au service de l’oraison et l’oraison renforce les vertus.
Dans le commentaire de l’Etoile marianiste, la foi du cœur et l’oraison se trouvent sur la
même ligne. L’oraison doit nous conduire à l’union avec le Christ et la vie de foi à la conformité : les
deux sont inséparables. Dans la présente brochure, nous avons essayé de retrouver la méthode
pédagogique du Fondateur en traitant dans chaque chapitre d’abord un point de l’ascèse et ensuite un
point concernant l’oraison. La méthode d’oraison et la méthode des vertus sont comme les deux
jambes qu’il faut mouvoir alternativement si on veut avancer.
Les limites de cette brochure nous ont contraint à ne donner qu’une présentation schématique
de la pédagogie spirituelle de Chaminade. Les rôles de l’Esprit saint, des Sacrements, de la Vierge
Marie sont développés dans d’autres brochures.
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Itinéraire spirituel I Pour se mettre en route 1.1. Le combat spirituel
L’Eglise, mater et magistra, mère et maîtresse, a le souci de nous accompagner sur le chemin
de la sainteté. Le Concile Vatican II, dans Lumen gentium nous rappelle que tous les baptisés sont
appelés à la sainteté. C’est pourquoi elle met à notre disposition les moyens nécessaires pour y
parvenir. Elle sait que nous n’irons pas loin, si nous sommes abandonnés à nos seules forces
humaines. Le volontarisme stoïcien ne conduit pas loin dans la vie spirituelle.
L’homme qui réfléchit sur sa vie et sa destinée, prend conscience de son péché. Il ne peut en
sortir que par le baptême qui le fait renaître à une nouvelle vie et le fait participer à la vie divine.
L’eucharistie lui assurera ensuite, jour après jour, les forces dont il a besoin pour progresser. Et si,
par malheur, il retombe dans le péché, le sacrement de réconciliation lui permet de se relever et de
repartir. Les autres sacrements, de même sont pour le chrétien, source de grâce et d’effusion de
l’Esprit.
Celui qui dit qu’il est sans péché, est un menteur (1 Jn 1,8).
Le péché qui paralyse notre progression spirituelle n’est pas d’abord une désobéissance à un
règlement. Il est un manquement à l’amour de Dieu et du prochain. Car l’homme a été créé pour
aimer, et c’est pour cela que Dieu lui a donné la liberté. Sans la liberté, il ne peut y avoir de l’amour.
Quand je refuse d’aimer, j’introduis un désordre dans ma vie et dans mes relations avec les autres
hommes et avec Dieu. Par le péché, je refuse d’entrer dans le plan de Dieu, de faire sa volonté, de
suivre les aspirations profondes qui sont en moi.
L’homme qui prend la décision de se mettre en route sur le chemin de la sainteté, doit se
préparer à combattre contre son égoïsme, contre les obstacles naturels, contre Satan. La vie
spirituelle n’est pas une vie sans péché (personne n’est sans péché) ; c’est une vie où je lutte contre le
mal et pour l’instauration de la civilisation de l’amour.
Nous sommes assurés de la victoire si nous nous mettons sous la protection de Marie. Elle est
la Femme prédestinée et, à la suite de Jésus, tous les baptisés sont de sa descendance. Soyons dans
notre humilité, le talon de la femme, aimait répéter le Bienheureux Chaminade
1.2. Baptisés en Jésus-Christ (Rm 6,3-4)
Nous n’avons jamais fini de comprendre comment, par le baptême, nous avons été libérés du
péché et sommes devenus un avec le Christ. Toute l’efficacité du baptême vient de la mort et de la
résurrection du Christ. Et nous, par notre baptême, nous avons été plongés dans sa mort, pour
ressusciter avec lui. La baptême est une nouvelle naissance, une nouvelle vie, la vie même de Dieu.
Le baptême se trouve donc au point de départ de notre vie spirituelle. Celle-ci est avant
tout un don gratuit que nous avons reçu et que nous accueillons dans la joie. Dans le baptême, c’est
le Père qui nous engendre à la vie divine. Nous devenons réellement ses enfants. Jésus devient notre
frère.
« Par le baptême en effet, nous sommes rendus semblables au Christ; « car nous avons tous
été baptisés en un seul Esprit pour n’être qu’un seul corps » (1 Co 12,13). Par ce rite sacré
est signifié et réalisé l’union avec la mort et la résurrection du Christ» (LG 7, 2).
Le baptisé est donc appelé à accueillir Jésus avec le Père et l’Esprit:
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui,
et nous ferons chez lui notre demeure ( Jn 14,23).
Il est appelé à approfondir de plus en plus l’intimité avec lui:
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Itinéraire spirituel « Voici que je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte,
j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi ». (Ap. 3,20).
1.3. Réconciliés avec le Père.
Le péché est une rupture d’alliance. Depuis la création, Dieu nous avait faits pour vivre dans
son intimité: le péché a rompu cette relation d’amour. L’homme a refusé de se laisser aimer. Le
baptême a rétabli l’harmonie primitive. Nous sommes réconciliés avec Dieu, devenus ses enfants.
Or, nous le savons bien, le péché n’est pas définitivement écarté de notre vie. Nous restons
faibles et soumis à la tentation, et parfois, nous succombons. Jésus avait prévu tout cela, puisqu’il a
donné à ses apôtres le pouvoir d’absoudre le péché. C’est le cadeau pascal qu’il apporte à la jeune
communauté chrétienne.
« Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit: Recevez l’Esprit Saint; ceux à qui vous
remettrez les péchés, ils seront remis... (Jn 20, 22-23).
Ainsi, le Sacrement de la Réconciliation que nous recevons avec foi, nous fait entrer de plus en
plus profondément dans le projet d’amour de Dieu.
Au début de chaque Eucharistie nous accomplissons un rite pénitentiel. Nous prenons ainsi
conscience de notre besoin d’être sauvés. Nous nous situons en vérité comme pécheurs, face au Dieu
trois fois saint. Nous sommes des pécheurs, mais des pécheurs pardonnés!
Le sacrement est célébration de la miséricorde de Dieu. En faisant la démarche sacramentelle,
je proclame que je crois en l’amour miséricordieux du Père.
1.4. Fortifiés par l’Eucharistie
Persuadés que Dieu nous a aimés le premier, nous cherchons maintenant le moyen de lui dire
notre amour.
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole...! » Notre effort sincère pour vivre
conformément à la loi divine sera notre première preuve d’amour. La justice, la vérité, le service du
prochain, l’accomplissement de notre devoir d’état... autant de moyens pour témoigner de notre
amour de Dieu.
Mais il nous est demandé davantage. Tous les jours, nous consacrons « un temps généreux » à
l’oraison. C’est un temps que nous lui réservons à lui seul. Pour être « moi près de lui, et lui près de
moi! »
« Les vertus que l’ascèse marianiste propose de mettre en œuvre sont aussi celles qui
ouvrent le chrétien à la prière, à l’oraison
( cf. EO n° 135,2) car, pour nos fondateurs, la vie spirituelle est une ; elle se vit dans la
journée et se prie dans l’oraison quotidienne, et ces deux démarches sont inséparables ».
(Armbruster, La méthode I, p. 52)
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Itinéraire spirituel II Apprentissage de la méditation ASCESE
2.1. L’ascèse marianiste
Le Père Chaminade proposait à ses disciples trois exercices pour les aider à progresser dans la
vie spirituelle. Il leur recommandait d’abord d’étudier la Parole de Dieu et de lire des vies de saints,
afin de découvrir comment nous pouvons dans le concret de notre vie apprendre à suivre le Christ.
Le deuxième exercice consiste à méditer l’enseignement de Jésus, mais aussi ce que disent les
auteurs spirituels sur les vertus chrétiennes. Enfin, il recommandait de faire régulièrement son
examen de conscience afin d’éviter de s’égarer dans les ténèbres du doute et de l’erreur.
Il a mis au point une méthode pour parvenir à une grande intimité avec le Christ. Il se base
sur deux piliers qui doivent soutenir son édifice spirituel. Le premier est la méthode des vertus, le
second la méthode d’oraison. Le but est de parvenir à l’union mystique avec le Christ. Le chemin
pour y parvenir est long et exige des efforts soutenus. L’acquisition des vertus est au service de
l’oraison ; la pratique de l’oraison renforce la maîtrise de soi et la conformité avec le Christ. L’effort
de l’homme est renforcé et sublimé par l’action de l’Esprit Saint.
Nous inspirant du père Chaminade, nous distinguerons trois étapes sur la route de ce
pèlerinage. La préparation (chap. 2 et 3) , la purification
(chap. 4 et 5) la consommation (chap. 6 et 7) ; et nous finirons par deux chapitres de conclusion
(chap 8 et 9).
2.2. Les cinq silences.
Le silence est devenu quelque chose de rare et de précieux dans notre monde
moderne. Nous vivons dans le bruit, l’agitation, le stress.
Celui qui veut entrer en lui-même pour y rencontrer Dieu, doit commencer par faire silence.
Chaminade fait commencer le combat spirituel par la pratique des « cinq silences ».
1° Le silence extérieur ou l’absence de bruit.
Beaucoup d’hommes ont peur du silence. Ils ne peuvent plus être seuls avec eux-mêmes.
Dans ce cas l’apprentissage de la prière intérieure sera difficile.
Il faut se retirer dans un endroit solitaire, éteindre la radio et la TV. Veiller à ne pas être
dérangé par des bavardages inutiles. On devient alors attentif au chant d’un oiseau, au bruissement
du vent dans les arbres ...
2° Le silence intérieur
Mais il est encore plus difficile de parvenir au silence intérieur.
La mémoire fait remonter à notre conscience des événements heureux ou malheureux qui
sont arrivés dans le passé. La pensée nous fait élaborer des projets qui ne seront peut-être jamais
réalisés.
L’imagination est capable de dérouler dans notre tête tout un film intérieur et il n’est pas
facile de l’interrompre;
Les sentiments violents comme la colère, la jalousie, l’amour peuvent envahir notre champ
de conscience et empêcher toute autre pensée.
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Itinéraire spirituel Le silence intérieur est nécessaire, non seulement à celui qui veut faire oraison, mais aussi à
celui qui veut se concentrer sur son travail du moment.
« Le silence intérieur comme vertu de préparation, n’est pas de se taire, mais de discipliner
sa parole… Ce passage suppose qu’on soit capable de s’imposer un moment de silence, si
bref soit-il, pour contrôler l’intérieur, dominer les envies de crier, bref, apprendre
progressivement « à ne parler que lorsqu’on le veut et ne le vouloir que lorsqu’il le faut » (
E&P 5, p 381,1).
ORAISON
2.3. Apprendre à écouter.
La pratique des cinq silences nous aide à retrouver notre calme intérieur. Nous avons appris à
écouter les autres. Il nous reste à apprendre à écouter le Seigneur.
Car Dieu nous parle !
Toute l’Ecriture est parole de Dieu. Si Dieu s’est donné la peine de nous parler, nous devons
nous efforcer de comprendre ce qu’il veut nous dire. Une lecture superficielle, rapide, ne suffit pas. Il
faut prendre du temps pour se laisser imprégner par sa parole. Elle devient alors vie en nous.
Prenons exemple sur Marie. Personne, mieux qu’elle n’a accueilli la Parole de Dieu et le
Verbe s’est fait chair en elle. Elle gardait toutes ces choses dans son cœur et en cherchait le sens.
Toutes nos Eucharisties commencent par la Liturgie de la Parole. Si nous voulons que sa
présence sacramentelle devienne efficace en nous, nous devons d’abord ouvrir notre cœur à accueillir
sa Parole.
Une méthode éprouvée, pratiquée par les moines et recommandée par l’Eglise, est la Lectio
divina ou lecture spirituelle méditée.
2.4. La lectio divina.
1. Une définition
- une lecture de la parole de Dieu, sous la conduite de l’Esprit ;
- qui se poursuit en méditation ;
- qui débouche sur la prière ;
- qui s’achève en contemplation.
2. Pratique.
a) Lire, régulièrement, avec persévérance, durant un temps précisé
d’avance.
Avant la lecture, faire un exercice de silence ; renouveler notre foi en la présence de Dieu, invoquer
l’Esprit Saint ; invoquer Marie
comme avant l’oraison).
b) Lire lentement ; s’arrêter et se poser la question : qu’est-ce que l’auteur a voulu dire ? Quels sont
les mots, les idées importants?
Reprendre phrase par phrase ; répéter une phrase, se la réciter par cœur. Pénétrer à
l’intérieur : scruter tous les détails. Qu’est-ce que cela signifie pour moi ; laisser monter en moi le
désir de vivre l’expérience dont parle le texte. L’Esprit nous fait trouver du goût à la parole.
c) Prier ou parler à Dieu. La Parole lue et méditée suscite en nous des mouvements intérieurs : nous
sommes touchés, affectés... alors nous répondons à Dieu ; nous exprimons ce que nous ressentons.
d) Contempler. Elle est une certaine expérience (une vision) de Dieu ; un regard attentif, admiratif et
adorant ; elle est repos auprès de Dieu dans la paix et le silence de tout l’être. L’homme est heureux
d’être aimé et d’aimer, dans l’esprit. L’activité de l’esprit humain est interrompue par l’intervention
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Itinéraire spirituel de l’Esprit. L’intelligence se tait ; le cœur est tout amour, présence. Or cette grâce est donnée quand
l’Époux le veut et à celui à qui il veut la donner.
3. Parole et vie.
a) Rumination. Les paroles lues et méditées nous remontent aux lèvres tout au long de la
journée.
b) La parole accueillie transforme notre vie quotidienne.
c) Notre apostolat trouve sa source dans la parole.
Mon emploi du temps
Pour éviter les pertes de temps et le stress, il est bon de s’imposer une discipline de vie.
Dans ce programme je dois prévoir les temps de prière et de lecture spirituelle, mais aussi
une détente suffisante.
Parfois un devoir de charité m’oblige à abandonner ou à modifier le programme que je
m’étais fait. La charité est plus importante que mon programme.
Je ne me laisse pas détourner de mon programme par ma paresse naturelle, la fatigue, ou ma
tendance à sauter d’une chose à l’autre.
Les résolutions
Notre combat spirituel prend une forme très concrète de résolutions que nous prenons pour
marcher à la suite du Christ.
Je choisis une résolution, soit pour éliminer un défaut, soit pour développer une qualité
(vertu)..
Une résolution doit toujours être positive: c’est une action bonne que je me propose de faire
(non une faute à éviter). Elle doit être concrète: le jour (l’heure), le lieu, la personne sont clairement
précisés. Elle doit être actuelle: c’est aujourd’hui (non dans dix ans...) que je me propose de faire
telle action.
La relecture de vie,
Je peux le faire le soir, ou à un autre moment tranquille:
- Je demande la lumière de l’Esprit:
- Je revois ma journée « heure par heure », non pas pour découvrir mes péchés, mais pour
reconnaître les dons de Dieu, sa présence, son action.
- Je me laisse réconcilier; je loue le Seigneur qui me pardonne...
- J’envisage le lendemain : que dois-je faire pour mieux repérer les
appels de Dieu?
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Itinéraire spirituel III Chercher en tout la volonté de Dieu. ASCESE
3.1. Recueillement, obéissance, patience.
Quand nous nous sommes exercés sur chacun des cinq silences et que nous avons commencé
à écouter le parole de Dieu, nous sommes prêts à fixer notre attention sur la volonté de Dieu.
1. Le recueillement
La maitrise de nos facultés acquise par la pratique des cinq silences, nous fait entrer dans une
attitude de concentration ou de recueillement. De même que l’étudiant doit se concentrer sur son
livre, de même le priant doit fixer son attention sur Dieu seul. Il commence par faire le vide en soi,
écartant toute imagination, toute pensée, toute préoccupation importune.,
Le recueillement lui permet alors de fixer toutes ses facultés sur le but qu’il poursuit. Il lui
permet de se libérer de la distraction, de la dispersion. Il unifie notre être et l’oriente vers Dieu. Il
nous permet de prendre conscience que la Trinité habite en nous ; il favorise l’attitude fondamentale
que le P. Chaminade appelle « vivre en présence de Dieu », conduire ses activités sous la lumière de
l’Esprit Saint. Vivre dans la conviction que chacune de nos actions est faite en alliance avec Marie.
2. L’obéissance.
Trop souvent, nous voyons dans l’obéissance la simple soumission à la volonté d’un autre.
Au contraire, nous devons investir toutes les forces de notre volonté dans l’accomplissement de notre
tâche ; ce que je fais, je le fais parce que je veux le faire. Chacun est appelé à collaborer à
l’élaboration d’un projet commun et à se mettre corps et âme au service du projet que nous avons
conçu ensemble. Le rôle des Responsables prend alors toute sa place pour la bonne réussite de
l’œuvre commune. Leur rôle est de coordonner et d’encourager plutôt que de donner des ordres.
Finalement, c’est à Dieu que nous voulons obéir. Il nous fait connaître sa volonté à travers les
médiations humaines, les responsables, les collaborateurs. Que ta volonté soit faite… telle sera notre
ligne de conduite.
3° La patience.
Tout au long de notre vie nous rencontrons des contrariétés. Nous avons tendance à critiquer,
et à nous plaindre.
- Nous devons apprendre à accueillir les difficultés de la vie avec humour. Rien n’est parfait
en ce monde.
- Si nous voulons progresser dans la vie spirituelle, nous avons à lutter, à souffrir, à affronter
les difficultés.
- Nous devons apprendre la patience. Ne pas réagir de façon intuitive ( le cri), mais nous
obliger à réfléchir. Une pomme ne mûrit pas en un jour ; il lui faut du soleil, de la pluie, de vent et
beaucoup de temps pour passer de la fleur au fruit mûr.
Les vertus de préparation, associées à l’apprentissage de la méthode d’oraison, permettent la
fondation d’une vie spirituelle équilibrée. Celle-ci est à la fois « ouvrage de Dieu et ouvrage de
l’homme », les deux associés.
4° Conclusion
Durant cette première étape, nous avons progressé dans la maîtrise sur nos facultés. La
pratique du silence nous a libérés de la dispersion et nous a fait entrer dans une attitude de sérénité et
de recueillement. Nous avons appris à supporter avec le sourire les contrariétés inévitables de la vie
et nous sommes devenus plus dociles aux inspirations de l’Esprit. Chemin faisant, nous avons appris
à mieux nous connaître.
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Itinéraire spirituel Nous avons mis notre cheminement spirituel entre les mains de Marie qui a pour rôle de nous
éduquer à la ressemblance de Jésus et de nous conduire vers lui. Elle nous aidera aussi à surmonter
les obstacles qui nous barreront bientôt le chemin.
ORAISON
3.2. Une méthode d’oraison.
S’exercer au silence et s’exercer à la méditation vont de pair. Le silence a pour but de nous
préparer à entrer en relation avec le Seigneur. Le but que nous poursuivons est l’union avec le
Seigneur. La méthode des vertus et la méthode d’oraison sont comme les deux jambes qu’il faut
mouvoir alternativement si on veut avancer.
Le Père Chaminade a travaillé toute sa vie à peaufiner une méthode d’oraison pour ses
disciples. L’objectif qu’il poursuit inlassablement et de faire d’eux des hommes de foi, des hommes
qui voient toutes choses avec le regard de Dieu, dont le seul souci est d’accomplir la volonté de
Dieu ;
La méthode d’oraison comprend essentiellement les points suivants :
1° Entrer en oraison
Le lieu que nous choisissons pour faire oraison n’est pas indifférent. Si nous entrons dans une
belle Église, il nous sera plus facile de prendre conscience de la présence de Dieu. Les vitraux, les
statues, le tabernacle, la grandeur de l’architecture, tout nous porte vers Dieu. Et d’abord le silence.
Je me laisse envahir par l’idée que Dieu est présent, qu’il et mon créateur, mon Père. Il me
connaît par mon nom ; il m’aime. Et moi, devant lui, je suis sa créature, son enfant ; je lui dois tout.
Je laisse mon cœur s’épancher devant Dieu.
Par mon baptême je suis devenu le frère/la sœur de Jésus. Il s’est fait homme pour nous
révéler le Père. Quand je prie, j’unis ma prière à sa sienne : il est le médiateur qui porte notre prière
auprès du Père et nous donne les grâces dont nous avons besoin. Je me laisse imprégner de la
certitude que Jésus est là.
Nous ne savons pas prier comme il faut. Alors je demande à Jésus de me donner l’Esprit
Saint. Lui seul peut conduire ma prière ; il approfondit en moi le don de la foi et illumine mon
intelligence de sa lumière.
Convaincu que Marie est ma Mère et qu’elle souhaite me conduire vers Jésus, je lui demande
d’intercéder pour moi. Je lui dis ma confiance et mon amour. Elle a été présente à tous les mystères
de Jésus et elle souhaite m’y introduire à mon tour.
2° Le corps de l’oraison
Nous sommes maintenant prêts pour la grande rencontre. Je me rappelle le sujet que j’ai
préparé, ou je relis le passage de l’Evangile que j’ai choisi. Au début, il est intéressant de pratiquer
ce que les maîtres spirituels appellent l’oraison mixte ; c’est en fait un approfondissement de la lectio
divina. Je passe sans cesse du texte à la réflexion et de la réflexion au texte. Si une parole ou une idée
me frappe, je m’y arrête.
De la simple méditation je passe ensuite au dialogue avec le Seigneur. « Seigneur, tu as dit…
Tu as guéris l’aveugle… » Et je dis à Jésus les sentiments que j’éprouve. Je suis attentif à ce que
Jésus veut me dire à travers ce texte. J’écoute et je parle alternativement…
3° Et pour conclure.
Il est généralement recommandé de bien délimiter la durée de notre oraison. Elle ne doit pas
se perdre dans une vague rêverie. La conclusion sera brève ; quelques minutes suffisent.
Je résume brièvement les moments les plus importants de mon oraison : qu’est-ce qui a retenu
mon attention ?
Je remercie le Seigneur qui m’a admis en sa présence ;
Je demande pardon pur mes faiblesses et mes distractions ;
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Itinéraire spirituel Je me rappelle ma résolution ;
Je me recommande à la Vierge Marie.
Il est bon de retenir une parole ou une phrase que j’emporterai tout au long de cette journée, Ce sera
comme le bouquet spirituel dont je pourrai respirer le parfum de temps en temps et qui me rappellera
la rencontre du matin.
Examen et Prière d’action de grâce
L’examen de conscience pratiqué le soir (ou à un autre moment de la journée) est une vieille
coutume recommandée par tous les maîtres spirituels. Il ne consiste pas avant tout à comptabiliser
ses fautes, ses péchés et ses manquements.
Dans l’examen nous passons en revue notre journée ; nous prenons un peu de recul pour voir
les êtres et les choses tels qu’ils sont en réalité.
Ainsi l’examen de conscience devient une prière : je cherche à voir comment Jésus a été
présent dans ma journée. Notre âme se dilate alors en action de grâces. Prenant conscience de ma
qualité de fils de Dieu, ayant exercé sa liberté sous le regard du Créateur, je rends grâce pour l’action
incessante de Dieu dans ma vie. La prière devient alors bénédiction et louange.
Même si le péché nous a surpris, nous retrouvons encore Dieu, dont nous nous sommes un
moment détournés. Demander pardon est encore une manière de me tourner vers lui.
Il y a deux pistes pour la prière :
- la première consiste à partir d’un texte de l’Écriture et à fixer notre regard sur Jésus :
- la seconde s’appuie sur le vécu de notre journée pour y découvrir la présence de Dieu.
Ces deux pistes nous mènent vers Dieu. « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? Ni la
mort ni la vie, ni le présent ni l’avenir… (Rm 8,38). Ma vie devient ainsi le sacrement de la présence
de Dieu.
Comment faire ?
1° je porte un regard sur ma vie et je rends grâce ;
2° je demande la lumière de l’Esprit Saint ;
3° j’examine mes manquements et je demande pardon ;
4° je prends l’engagement de mieux faire ; j’offre mes forces et ma vie à Dieu.
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Itinéraire spirituel IV Purifiés par l’Esprit : Obstacles intérieurs. ASCESE
Si quelqu’un veut être mon disciple qu’il se renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (Mt 16,24).
4.1. Jusqu’aux racines.
Nous avons commencé à marcher sur les chemins de la vie spirituelle. Nous nous sommes
mis en route vers les sommets. Le risque est maintenant de nous arrêter, de nous contenter de ce
demi-succès et nous tombons dans la médiocrité et la tiédeur. Le combat continue : il s’agit
maintenant de déraciner nos penchants mauvais pour ne plus vivre que pour Jésus et pour le
Royaume ;
Deux sortes d’obstacles se dressent sur notre chemin :
- les uns intérieurs : c’est la faiblesse de notre vécu, les penchants naturels, l’incertitude et la
tergiversation devant une décision à prendre.
- les autres sont extérieurs à nous : ce sont les suggestions du monde et les tentations du démon.
A. Les défauts.
Les défauts sont des dispositions habituelles que nous portons en nous et qui sont les causes
ordinaires de nos péchés. Il nous est fort difficile de les déraciner, d’autant plus qu’ils sont souvent
en lien avec notre tempérament. Seule la guérison spirituelle, œuvre de l’Esprit Saint en nous peut
nous en débarrasser. Pour obtenir une telle guérison, il est nécessaire de prier l’Esprit Saint avec
persévérance de rendre son cœur disponible ; il faut une grande confiance et un abandon total à son
action transformante…
Notre effort consistera à substituer à un défaut qui nous gène, la qualité opposée. Pour lutter
contre l’orgueil, je peux poser des actes d’humilité. Pour me débarrasser de l’habitude de mentir, je
peux prendre la résolution de dire toujours la vérité, même s’il m’en coûte. Au lieu d’entretenir des
sentiments de jalousie, je peux remercier le Seigneur pour le bien qui arrive aux autres. Ainsi le bien
finit par l’emporter sur le mal et le Christ grandit en moi.
B. Les incertitudes
Il nous arrive d’être dans l’incertitude devant une conduite à tenir ou une décision à prendre.
Même si nous sommes décidés à bien faire, nous hésitons. Et alors, ou bien nous sommes paralysés
et nous ne faisons rien ; ou bien nous prenons une décision, mais nous ne savons pas si elle est
conforme à la volonté de Dieu. Et notre âme n’est pas en paix.
Pour sortir de l’incertitude, il faut demander conseil. Ou du moins, nous devons exposer la
situation à une personne de confiance qui réfléchira avec nous sur la conduite à tenir. Cette personne
ne nous dit pas ce que nous avons à faire ; elle nous aide plutôt à faire un discernement lucide qui
nous fera découvrir la volonté de Dieu.
C . La faiblesse des vertus.
La faiblesse spirituelle peut être un frein sur la route de notre vie spirituelle. Elle vient de nos
limites naturelles. Nous ne sommes pas assez forts pour accomplir tout le bien que nous avons
projeté. Nous nous fions à nos seules ressources naturelles. Il en résulte des échecs fréquents qui
peuvent nous conduire au découragement.
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Itinéraire spirituel Pour dépasser nos limites, il faut reconnaître humblement nos faiblesses et mettre notre
confiance en Dieu. St Paul écrit : « Je me glorifierai surtout de mes faiblesses, afin que repose sur
moi la puissance du Christ » (2 Cor 12,9).
L’Esprit Saint est la puissance de Dieu. Il opère en nous des merveilles, pourvu que nous
soyons dociles, de même qu’il a opéré des merveilles en Marie.
ORAISON
4.2. Oraison : La préparation
1° Tout au long de la journée, je fais l’expérience de mes défauts, de mes incertitudes, de la faiblesse
de mes vertus. Je sais combien il est difficile d’y porter remède. Seul l’Esprit peut me purifier
radicalement. L’oraison est le moment privilégié où l’Esprit agit en moi pourvu que je lui ouvre mon
cœur et que je l’invite à travailler.
L’oraison ne s’improvise pas. Il faut préparer son cœur à la rencontre. Avant de rencontrer le
renard, le petit prince disait : Je m’habille le cœur. L’oraison est le moment fort de la rencontre.
C’est du temps que je prends rien que pour cela. Tout au long de la journée j’y pense, comme à une
grande joie à laquelle je me prépare. C’est comme un coup d’œil lancé vers le ciel.
2° Je ne veux pas arriver à la rencontre sans savoir de quoi je vais parler. Je choisis le sujet de
l’oraison, généralement dans l’évangile ou dans les textes du jour de la messe. Les prières
eucharistiques sont une mine inépuisable. Parfois je prends une prière connue comme sujet
d’oraison : le Notre Père, l’Ave Maria, le Credo ou d’autres prières que je connais par cœur.
3° Je lis le texte ; je repère le plan ou la progression, les paroles ou les sentiments de chacun des
acteurs etc. Il est toujours recommandé de faire une petite préparation écrite. Cela permet de fixer les
idées.
4° Je précise le moment et la durée de mon oraison, je choisis un lieu calme où je ne serai pas
dérangé.
Vivre en sa présence. L’amour cherche la présence de l’être aimé. Le Père Chaminade insistait sur la présence de
Dieu tout au cours de la journée, pour mieux préparer notre oraison. Nous pouvons distinguer une
double présence :
A. Présence consciente.
Cela veut dire que je pense actuellement à Dieu : je suis conscient de sa présence. Nous
avons l’habitude de nous mettre en présence de Dieu au début de l’oraison et au début de nos
prières ( Dieu viens à mon aide...). Grâce à nos différents temps de prière, la journée est
entrecoupée par des temps de prière explicite. Parfois, ce n’est qu’un clin d’œil lancé vers Marie
ou vers Jésus. Quand j’entre dans une église et que je vois la petite lampe du sanctuaire, je sais
que Jésus est présent.
B. Présence intentionnelle.
A cause des multiples occupations de ma journée, il m’est difficile de penser en permanence à
Dieu. Cela entraînerait d’ailleurs une tension insupportable et inutile.
Il me suffit au début de la journée d’unir ma volonté à la volonté de Dieu par un acte
d’offrande : ma volonté reste ainsi unie à la volonté de Dieu et tout ce que je fais, je l’accomplis sous
le regard de Dieu.
12
Itinéraire spirituel La participation à la liturgie de l’Église Étant chrétiens baptisés et membres d’une communauté chrétienne, l’oraison ne peut être
notre seule façon de prier. L’Église célèbre l’Eucharistie et l’Office divin (Laudes et Vêpres). La
prière liturgique est la prière du Christ dans son Église. Elle est donc la première source de notre
prière personnelle.
L’Eucharistie est actualisation de la mort et de la résurrection du Christ et espérance de son
retour. Le cycle liturgique annuel nous fait revivre les mystères du Christ. L’oraison nous permet de
prendre conscience de sa présence dans notre vie et d’assimiler ses attitudes.
La célébration
communautaire n’est pas une mode ou un communautarisme ; elle est une exigence découlant de la
nature même de la vie chrétienne, qui est vie en Église, Corps du Christ.
L’oraison est donc la meilleure préparation à la célébration liturgique ; elle est aussi son
prolongement puisqu’elle nous permet d’intérioriser les mystères que nous avons célébrés.
Le Sacrement de Réconciliation
Réflexions :
1. Combien de fois est-il bon de se confesser par an ?
2. La confession, qu’est-ce que c’est pour toi ?
3. Quelle différence y a-t-il entre la liturgie pénitentielle (début de la messe) et le sacrement de
la réconciliation ?
Enseignement.
1° Pour que le sacrement de pénitence soit valide, il faut
- se repentir de ses péchés
- avouer ses péchés, (au moins les péchés graves)
- recevoir l’absolution
- réparer le mal commis
- prendre la résolution de se corriger
Expliquez chacun de ces termes.
2. La confession est précédée de l’Examen de conscience : Je réfléchis sur le bien et le mal
que j’ai fait depuis ma dernière confession.
3. On doit confesser toutes les fautes graves. Pour les autres péchés, il est inutile de vouloir
faire une liste complète. Il vaut mieux mentionner quelques points sur lesquels je suis décidé à
faire un effort particulier.
4. La confession est utile, même si on n’a rien de grave à se reprocher. Elle devient alors le
sacrement du progrès spirituel. D’étape en étape, je décide de me corriger de telle mauvaise
habitude et d’acquérir telle vertu.
5. Dans le sacrement, c’est l’Esprit saint qui agit. Il me réconcilie avec Dieu ; il me donne les
forces nécessaires à mon progrès spirituel.
Vous êtes tous appelés à la sainteté.
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Itinéraire spirituel V Purifiés par l’Esprit : Obstacles extérieurs. ASCESE
Les contrariétés.
Dans la vie de l’homme, les contrariétés sont multiples. La maladie ou un accident qui
nous empêchent de partir en vacances… Un ami qui trahit notre confiance etc. Mais aussi les
petites contrariétés quotidiennes : la chaleur ou la pluie ; le train qui a du retard ; une lettre qui
n’arrive pas etc.
Pour certaines personnes, ces contrariétés prennent une dimension démesurée, qui les
paralysent, les mettent de mauvaise humeur, provoquent des éclats de voix…
Faisant effort pour nous connaître en profondeur, nous pourrons, avec l’aide de
l’Esprit Saint, chercher à guérir les causes de notre trouble.
Les suggestions du monde.
Les suggestions du monde sont souvent contraires aux maximes de l’évangile. Et nous
sommes tentés de dire : Tout le monde le fait ! Ainsi l’avortement, fumer du chanvre, le
vagabondage sexuel, l’ivrognerie etc. sont souvent présentés comme des signes de l’homme
moderne.
La mentalité ambiante, faite de fraude, de détournement d’argent, de corruption, risque
de nous imprégner et de détruire en nous le sens de la justice, de l’honnêteté, de la conscience
professionnelle.
La publicité, les films importés, nous présentent un monde d’illusions que nous devons
apprendre à soumettre à notre raison critique.
Les suggestions peuvent venir de notre entourage qui ne partage pas nos convictions,
ou de faux amis qui cherchent à nous entraîner sur un mauvais chemin.
L’Évangile est notre Règle de vie ; la méditation régulière de la Parole de Dieu nous
permettra d’acquérir une mentalité de chrétiens.
Les tentations du démon.
Le démon s’acharne contre ceux qui cherchent à sortir de la médiocrité spirituelle. Il
nous guette au moment où nous nous y attendons le moins. Et parfois, il réussit à nous faire
tomber.
Au début de sa vie publique, Jésus lui-même a été tenté trois fois. Tout au long de ses
rencontres, il a dû lutter contre les pièges de ses adversaires, chasser des démons, et même
résister aux suggestions de ses Apôtres.
Dans le combat spirituel que nous menons, notre principal adversaire est Satan, le père
du mensonge. Nous remporterons la victoire, non par nos seules forces naturelles, mais par la
grâce de Dieu et avec l’aide de Marie, elle qui a écrasé la tête du serpent.
La patience
La culture moderne nous a habitués à tout vouloir et à le vouloir tout de suite. Pour
progresser dans la vie spirituelle, nous devrons apprendre la patience.
- Patience avec nous-mêmes. C’est l’Esprit qui fait grandir la vertu en nous
conformément au projet mystérieux de Dieu.
- S’entraîner à la patience en découvrant les avantages qui se cachent derrière les croix
que nous avons à porter.
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Itinéraire spirituel - L’Esprit veut nous entraîner à la patience dans les épreuves, à l’attente confiante, à
l’endurance des martyrs.
ORAISON
Relecture de l’oraison
Pour progresser dans l’oraison, il est nécessaire de pratiquer un contrôle. Il est bon de
trouver, durant la journée un petit moment où je réfléchis sur la manière dont j’ai fait oraison.
ƒ Ai-je suivi la méthode?
ƒ Quel était mon sujet d’oraison?
ƒ Comment s’est déroulé le temps de l’oraison?
ƒ Quels sont les sentiments que j’ai éprouvés?
ƒ Quelles sont les grâces que j’ai reçues, quelle lumière pour ma vie ?
La relecture de l’oraison fera apparaître les moments de distraction. Comment ai-je
réagi? Je suis entré dans la chambre la plus secrète, et j’ai fermé la porte. Les bruits du dehors
ne me dérangent plus, mais je ne suis pas à l’abri de ce cinéma intérieur qui se déclenche
automatiquement dès que je cesse d’occuper mon esprit de quelque chose « d’utile ». J’ai à
peine fini de faire le vide en moi que les mille pensées et émotions m’envahissent à nouveau.
Ce qui fait ma vie ordinaire m’envahit, non comme aliment, mais comme obstacle à la prière.
C’est l’expérience de la plupart des priants. Mais cela ne fait rien. Il suffit de revenir, une fois,
sept fois, septante fois sept fois, c'est-à-dire sans cesse. Revenir à la prière, porter à nouveau
le regard sur le Christ, relire une phrase de mon texte… calmement, en toute sérénité. Si tu as
été distrait cent fois et que cent fois tu es revenu à ta prière, tu as posé cent actes d’amour et
c’est la seule chose que le Seigneur retient.
L’oraison me fait alors prendre conscience de ma faiblesse et m’amène à mettre mon
espoir, non dans mes propres forces, mais dans la grâce de Dieu. Ainsi, l’oraison contribue
puissamment à renforcer ma confiance face aux incertitudes, à approfondir ma foi, et à
consolider la pratique des vertus. Ainsi l’Esprit me purifie de toute suffisance et de tout
orgueil. J’ai compris que tout est don.
La relecture de la vie n’a pas pour but de faire une énumération de mes péchés. Elle
doit aboutir d’abord à la louange et à l’action de grâce pour toutes les merveilles que le
Seigneur a fait en moi et par moi aujourd’hui.
Pour approfondir la vie dans l’Esprit.
Spontanément nous pouvons évoquer bien des prétextes pour ne pas faire oraison ;
manque de temps, trop de distractions, aridité, dégoût, sentiment que cela est inutile,
sentiment de notre indignité. Le démon exploite tous ces prétextes pour nous détourner de
l’oraison. L’Esprit Saint a donc bien du travail pour nous débarrasser de tous ces obstacles ;
mais il ne le fera qu’avec notre collaboration.
Le plus important est de faire des exercices, si possible quotidiens. Dans ce domaine,
le religieux qui vit en communauté est avantagé. L’heure d’oraison est prévue dans le
programme quotidien ; il lui suffit de se laisser conduire. Pour le laïc, vivant dans le monde,
cela est plus difficile. Il a des obligations sociales. Il ne peut pas le soir, quand il rentre du
travail, s’enfermer dans sa chambre alors que les enfants ont besoin de lui, que la cuisine n’est
pas prête, que des voisins ou des amis viennent lui rendre visite... Aucune Règle ne les oblige
à faire deux demi-heures d’oraison par jour. A chacun de voir quelle est une durée réaliste et
le moment le plus favorable.
15
Itinéraire spirituel N’oublions pas: le progrès dans la vie spirituelle comme dans l’oraison est à la fois
œuvre de Dieu et œuvre de l’homme. Si nous collaborons activement avec Marie et l’Esprit
Saint, nous avancerons à grands pas à la suite de Jésus.
Se connaître soi-même
Il nous faut maintenant regarder lucidement les parties obscures de notre cœur.
a) Les défauts.
Nous ne sommes pas parfaits ; nous avons des défauts : orgueil, égoïsme, mensonge,
avarice, sensualité, gourmandise, jalousie etc.
- Quel est mon défaut dominant ?
- Qu’est-ce que les autres me reprochent quand ils sont en colère contre moi ?
b) Les faiblesses.
Nous avons des faiblesses : découragement, manque de foi, paresse, manque
d’assurance dans nos convictions...
- Est-ce que j’ai l’habitude d’appeler au secours la Puissance de
l’Esprit
Saint ?
- Est-ce que je me confie à Marie quand le courage
m’abandonne ?
c) Les suggestions du monde et du démon.
Dépenser beaucoup d’argent pour des habits à la mode ; Vouloir être à la page,
connaître les dernières nouvelles (ou les derniers potins)...
- Est-ce que je me laisse influencer par la publicité ?
d) Tentations du démon.
- Est-ce que je lutte contre les tentations en recourant à la parole de Dieu et à la
protection de Marie ?
e) Oraison.
- Dans mon oraison, est-ce que j’ai appris à détourner mon regard de moi-même pour
le tourner vers le Christ ?
- Tout au long de ma journée, est-ce que je me pose parfois la question : « Le
Seigneur, que ferait-il à ma place ? »
16
Itinéraire spirituel VI Vivre en sa présence. ASCESE
Introduction
Nos fondateurs donnent à l’expression Vertus de consommation un sens à deux
niveaux :
1) un sens négatif : le sacrifice du « vieil homme » par le dépouillement de tout ce qui nous
attire vers le mal.
2) un sens positif : « commencer à nous modeler sur notre adorable Maître,- c’est à dire,
notre sanctification,- « vivre de l’homme nouveau sur le modèle des vertus de notre Seigneur
Jésus Christ » (E&P,5, p. 375).
Cette étape nous ouvre les portes de la vie d’union avec Jésus, par la foi, l’espérance et
l’amour.
Les vertus de consommation.
Le but de notre effort vers la sainteté n’est pas une perfection morale qui pourrait nous
plonger dans l’orgueil. Le but final est de « nous modeler sur notre adorable Maître » et « de
vivre de l’Homme nouveau » (Chaminade).
Le Fondateur nous propose un parcours en quatre étapes, comportant d’abord un
travail de défrichage puis de plantation.
1. L’humilité, qu’il ne faut pas confondre avec la timidité, complexe d’infériorité,
pusillanimité… Ce ne sont là que des défauts psychologiques. L’homme humble n’est pas
celui qui dit ‘je ne suis rien’, ‘je ne sais rien’...mais plutôt celui qui reconnaît, comme Marie,
les merveilles que Dieu a faites en lui. Oui, j’ai des qualités ; elles ne viennent pas de moi,
mais de Dieu. Oui, j’ai des talents : le Seigneur me les a donnés pour les mettre au service de
mes frères. Oui, je suis libre de m’épanouir selon la volonté créatrice de Dieu, mais je suis en
même temps dépendant de mon Créateur. L’humilité vraie me pousse donc à la prière de
louange. « Seigneur, je te loue parce que tu es grand, bon, miséricordieux... »
Profondément ancrée en nous, il y a la tendance à l’orgueil. Nous voulons nous
attribuer à nous-mêmes nos qualités et nos talents nos vertus. Nous oublions que tout nous a
été donné gratuitement. Trop facilement nous prêtons l’oreille aux flatteries qui nous sont
adressées. Nous faisons alors écran à Dieu : nous empêchons les merveilles de Dieu d’éclater
aux yeux des hommes.
2. La modération
Le sage est l’homme de la modération, du juste milieu. Dans un conflit, il sait écouter
les deux parties ; dans une discussion, il pèse le pour et le contre. La sagesse nous fait
rechercher en tout la vérité ; par là, elle rejoint l’humilité qui consiste à accepter notre vraie
relation à Dieu ; la dépendance de la créature de son Créateur. Elle construit la perfection de
la vie morale, faite de modération et d’équilibre. Elle se donne pour but la perfection de la vie
humaine.
L’humilité et la modération nous font chercher en tout la volonté de Dieu, fondement
de l’obéissance.
3. L’abnégation de soi-même.
« Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il fasse abnégation de lui-même ». Le
disciple a compris qu’il est appelé par le Maître et aimé d’un amour préférentiel. Il peut alors
se décentrer de lui-même, non plus se prendre pour le centre de sa vie, mais construire sa vie
17
Itinéraire spirituel en vue de plaire à Jésus. Le disciple accepte alors de perdre sa vie (ses petits projets, ses
plaisirs mesquins...) pour la recevoir de Jésus, pour partager la vie et la mission de Jésus. La
fidélité à Jésus nous conduit alors à la docilité à l’Esprit Saint « Il faut qu’il croisse et que je
diminue » - « Ce n’est plus moi qui vis ( parle, agis, marche)... c’est le Christ qui vit en
moi » . Cette démarche nous conduit à la chasteté du cœur qui consiste à appartenir au Christ
seul. L’abnégation de soi-même nous tourne vers Jésus, recherché et aimé par dessus tout.
Marie est le modèle parfait de cette chasteté du cœur.
« L’abnégation fait communier au Christ qui monte à Jérusalem pour y offrir sa vie par amour
pour les hommes. L’abnégation de soi-même devient alors la disposition fondamentale du
sacrifice du vieil homme afin que puisse naître et grandir le nouveau » (Armbruster, La
méthode spirituelle du père G. Joseph Chaminade, Fiches de vie spirituelle, I. p.46.).
4. Renoncer aux choses créées.
Le disciple a trouvé un trésor et son cœur s’y complaît. Son désir ne va plus vers la
possession des choses terrestres mais vers la réalisation du Règne.
« Recherchez en tout premier lieu le Règne de Dieu et sa sainteté et tout le reste vous
sera donné en plus » (Mt 6,33).
Alors notre cœur s’ouvre à la pauvreté évangélique et nous laissons à notre Père des
cieux le soin de nous nourrir, de nous habiller. La pauvreté vécue nous fait vivre la confiance
en Dieu.
« Elles [les vertus] forment le croyant à n’appuyer sa vie que sur Dieu et sur les valeurs du
Royaume, comme a fait Jésus lui-même, sa sainte Mère et tous les Saints à sa suite,
particulièrement tous les Martyrs. Par ces mêmes vertus se réalise progressivement la mort du
vieil homme, de l’être pécheur centré sur soi. Et déjà prend forme un être nouveau qui
appartient au Christ, docile à son Esprit, associé à son mystère de salut, membre dévoué de
l’Église » (Armbruster, oc p. 48).
ORAISON
L’oraison en progrès.
Les débutants qui font leurs premiers pas sur le chemin de l’oraison ont tendance à
confondre oraison et examen de conscience. Dans l’examen de conscience, je tourne mon
regard vers moi-même, vers ma vie, j’examine mes actes... Mon regard est tourné vers moimême. Dans la vie spirituelle, il y a un temps pour cet examen, mais ce n’est pas le plus
important.
L’oraison consiste essentiellement à fixer mon regard sur le Christ, à le regarder,
l’écouter, essayer de pénétrer dans l’intime de son cœur... Or, normalement, c’est dans
l’évangile que je le découvre. C’est un regard amoureux, comme celui de la fiancée sur son
fiancé... Un regard d’admiration, comme celui de l’enfant sur son père. Une attention du
cœur...
L’oraison n’est pas indépendante du reste de notre vie. Celui qui entreprend avec
courage le combat spirituel trouvera dans l’oraison des moments de repos. Nous continuons à
préparer l’oraison soigneusement, en suivant la méthode. Mais ensuite, nous constatons
qu’une pensée, une parole nous retiennent tellement que nous n’arrivons plus au bout du texte
que nous avons préparé. Il arrive des moments, où nous sommes simplement en repos en
présence du Seigneur, comme le nourrisson dans les bras de sa mère. Nous ne disons rien,
nous ne pensons à rien ; nous sommes simplement heureux d’être là en sa présence. Ces
moments de silence profond ne sont pas une négligence, mais une grande grâce de l’Esprit.
18
Itinéraire spirituel On y reste tout le temps qu’on s’y sent en présence du Maître. Si des distractions surgissent,
on revient au texte qu’on a préparé. Beaucoup de personnes qui ont l’habitude de l’oraison
sont ainsi élevées à « l’oraison de simple présence » ; ils n’ont plus besoin de texte, plus
besoin de paroles. Le silence se fait attente, désir, accueil du bon vouloir du bien aimé. Une
relation d’amour profonde s’établit que rien ne peut troubler.
Quand le Petit Prince s’apprête à rencontrer son ami le Renard, il dit « j’habille mon
cœur ! » Quand nous voulons rencontrer le Seigneur dans l’oraison, il est nécessaire aussi
d’habiller notre cœur, c’est-à-dire, tout au long de la journée, jeter un clin d’œil vers celui que
nous allons bientôt rencontrer. Tourner un instant notre pensée vers lui... Prendre conscience
qu’il est présent dans notre vie, dans notre travail, dans les personnes que nous rencontrons.
Vivre habituellement dans le sentiment de la présence de Dieu est une grande grâce que le
Seigneur accorde selon son bon plaisir. Mais nous pouvons nous y disposer.
« L’oraison c’est un entretien de l’enfant de Dieu avec son Père des cieux sous
l’action de l’Esprit saint » (Dom Marmion)C’est donc avant tout un exercice de la foi, non
pas d’une foi intellectuelle, mais de la foi du cœur. Il y a un danger, en effet, à discourir sur
Dieu. Jésus l’a déjà signalé : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi(
Mt 7,6). Notre prière n’a pas besoin de mots habiles, de discours bien construits. On entre
dans la prière avec son cœur, avec ce qu’on vit, avec sa personne. Il ne faut pas que des mots,
prononcés du bout des lèvres, t’empêchent de donner ton cœur.
‘Ainsi peu à peu, je m’exerçais à passer de la tête au cœur. Et je m’apercevais en même temps
que je n’avais plus à « faire » une prière (à la fabriquer moi-même), mais à la « recevoir »,
comme un cadeau qui te laisse émerveillé et confus ». (Pierre Guilbert, La prière retrouvée, p.
78)
Désormais les préliminaires de la prière se simplifient. Il te devient plus facile d’aller
au fond de ton cœur, au centre de toi-même, là où se produit la rencontre avec Dieu. Peut-être
la méthode devient maintenant superflue. Elle pourrait même être un obstacle, si elle te fige
dans un légalisme rigide. Laisse-toi conduire par l’Esprit ; accueille le don qu’il te fait. Ouvre
ton cœur à son action transformante. L’action de Dieu prend maintenant le pas sur l’action de
l’homme. Laisse-toi faire. Reste en paix, en présence du bien-aimé.
Nous laisser former par Marie
1. Marie modèle de prière
« C’est une triste oraison que celle où l’on ne fait pas entrer Marie. » (Chaminade).
Marie est la Vierge priante.
o Lors de la Visitation, elle chante le Magnificat, exprimant sa foi, son humilité, son
espérance ;
o A Cana, elle manifeste à Jésus les besoins du jeune couple ;
o Au Cénacle, elle joint sa prière à celle des Apôtres.
Comme Marie, nous écoutons la parole de Dieu, nous la gardons dans notre cœur, nous la
méditons,
2. Marie est une femme de foi.
Marie a cheminé dans la foi depuis l’Annonciation jusqu’au Calvaire et jusqu’au matin
de Pâques. Elle vivait sa foi, comme nous, à l’épreuve du temps, des contradictions, dans une
croissance progressive.
19
Itinéraire spirituel Élisabeth la proclama bienheureuse d’avoir cru, et Jésus proclame bienheureux tous
ceux qui accueillent la parole et la mettent en pratique.
Comme Marie :
- nous voulons faire tout ce qu’il nous dit
- nous voulons unir notre vie à celle de Jésus ;
- suivre Jésus y compris sur le chemin de la croix
- nous voulons obéir à la volonté de Dieu
3° Marie médiatrice
Le secret pour réussir dans nos oraisons est d’y intéresser Marie. Personne ne connaît
Jésus mieux qu’elle. Elle nous conduit auprès de Jésus. Elle présente nos prières à son Fils.
Elle nous introduit dans l’intimité avec lui.
Pour devenir semblables au Christ, nous devons d’abord devenir des enfants de Marie.
20
Itinéraire spirituel VII Les vertus théologales ASCESE
La foi, l’espérance et la charité sont appelées vertus théologales parce qu’elles ont
Dieu pour objet propre et immédiat. Ce sont des vertus surnaturelles que nous ne pouvons pas
acquérir, mais seulement recevoir comme des dons. Elles sont la condition indispensable à
toute vie surnaturelle dans l’âme.
La foi.
1°. La foi dans l’évangile.
Dès le début de l’évangile, Marie est saluée par Elisabeth : « bienheureuse toi qui as
cru » (Lc 1,45). Les deux aveugles demandent à Jésus de les guérir ; Jésus leur demande :
« Croyez-vous que je puisse faire cela... Qu’il vous advienne selon votre foi. » (Mt 9,28). La
foi sauve la femme qui souffre d’un flux de sang (Mt19,22) l’aveugle (Mc 1052), la
pécheresse (Lc 7,50) . Jésus admire la foi de certains païens : la foi du centurion (Mt 8,10), la
foi de la Syro-phénicienne (Mt15,28). Celui qui prie avec foi est exaucé (Mt 21,22). Saint
Paul met l’accent sur l’obéissance de la foi (Rm 1,5). La foi en Jésus, en son Nom, en sa
puissance est la marque du disciple.
2°. Le don de la foi.
La grâce sanctifiante et les vertus surnaturelles sont des dons de l’Esprit Saint qui nous
sont donnés initialement avec le baptême et qui reçoivent des accroissements successifs. La
foi est la porte d’entrée dans la vie spirituelle, c’est par la foi que Dieu s’offre à moi.
Dieu se donne par la Révélation depuis l’origine du monde, puis particulièrement dans
le Peuple d’Israël. Mais la révélation plénière de Dieu nous est donnée par l’incarnation du
Fils. Il est l’image du Dieu invisible (Col 1,15). « Qui me voit, voit le Père » (Jn 14,9).
Dieu, par l’Esprit Saint, affine le regard de l’homme pour le rendre apte à croire en lui.
L’homme est surnaturellement sourd et aveugle : il faut l’intervention du Christ pour nous
ouvrir les oreilles et les yeux. (Mt 16 ,17 ; Jn 9,2-3).
L’Église ne donne pas la foi : elle sert d’intermédiaire : elle garde le dépôt, le présente
aux hommes. Elle sanctifie par les sacrements institués par le Christ.
3°. L’acte de foi.
Dieu s’offre à nous, mais la foi exige une réponse libre de la part de l’homme. Soutenu
par l’Esprit, le croyant écoute avec docilité, à cause de l’autorité de celui qui l’atteste, une
parole dont le contenu n’est pas évident.
La foi n’est pas seulement un acte de l’intelligence ; elle est un attachement du cœur à
une personne, la personne de Jésus. Elle devient alors, amitié, amour, confiance.
La foi du cœur devient obéissance, adhésion au projet de Dieu, à ses commandements.
Elle est liée à la conversion.
4°. Former des hommes de foi.
Le Père Chaminade définissait l’apostolat de ses disciples par l’approfondissement de
la foi, former des hommes de foi. Cela signifiait pour lui des hommes convenablement
instruits de leur foi , attachés à Jésus-Christ et à sa parole.
L’homme de foi sera aussi un témoin qui vit de la foi et de l’obéissance à la Parole,
qui partage sa foi avec ceux qu’il rencontre.
Membres du Corps Mystique, nous avons été engendrés par Marie à la vie divine, en
même temps qu’elle engendrait la tête de ce corps. Elle exerce sa maternité spirituelle en nous
21
Itinéraire spirituel faisant croître dans la foi, comme elle-même a progressé à travers les épreuves vers une foi de
plus en plus purifiée.
L’espérance.
La foi nous conduit naturellement à l’espérance. La vertu d’espérance répond à
l’aspiration au bonheur placé par Dieu au cœur de tout homme. Elle nous fait désirer le
Royaume des cieux et la vie éternelle comme accomplissement ultime de notre bonheur.
L’espérance tire sa force des promesses du Christ, dont nous savons qu’il est fidèle
(Hé 10,23). Elle se fait alors confiance. Elle se manifeste de manière particulièrement intense
lorsqu’un être cher nous quitte par la mort, car le chrétien qui meurt dans le Christ « quitte ce
corps pour aller demeurer auprès du Seigneur » (2 Co 5,8). L’espérance nous fait désirer
aussi le retour du Christ dans la gloire à la fin des temps.
Les béatitudes nous tracent le chemin de l’espérance chrétienne ; chemin parsemé
d’épreuves et de difficultés, mais qui débouche finalement sur le ciel.
Le bonheur éternel est totalement en dehors de la seule force de l’homme. Celui-ci
doit s’en remettre à Dieu qui seul peut lui donner la capacité d’être fidèle jusqu’au bout. Nous
espérons donc que Dieu nous assistera par la puissance de son Esprit qui nous comblera de sa
bénédiction.
A l’espérance s’oppose le désespoir par lequel l’homme cesse d’espérer de Dieu le
pardon de ses péchés, et son salut éternel. Il nie ainsi la miséricorde, la bonté, l’amour de
Dieu. L’homme manque aussi à l’espérance par la présomption : il prétend faire son salut par
ses seules forces ou bien il s’imagine obtenir le salut sans conversion sincère de son cœur.
La charité.
La charité chrétienne prend sa source dans l’amour trinitaire.
« Aimons-nous, car l’amour vient de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu, et
parvient à la connaissance de Dieu» (1 Jn 4,7).
Cet amour est autre chose que la communion intégrale des esprits et des cœurs. Il ne repose
pas avant tout sur la chaleur des sentiments partagés. Il vient de Dieu et est suscité par
l’Esprit. Il respecte le mystère insondable du frère et reconnaît sa propre pauvreté.
L’amour de charité s’adresse d’abord au Père et ensuite au frère qui est lui aussi un
enfant du même Père.
« Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas ».
(1 Jn 4,20).
L’amour fraternel doit être concret et réaliste. Il s’adresse d’abord au frère/sœur le plus
proche, à celui qui a le plus besoin de mon amour et de mon aide. Le pardon offert et reçu,
l’amour des ennemis sont des exigences dont Jésus nous a donné l’exemple. (Lc 23,34). La
charité fraternelle se manifeste dans la durée et la fidélité, dans l’attention portée au frère et à
ses besoins.
La foi, l’espérance et la charité sont vécues dans l’Église et font de nous des pierres
vivantes de la construction de l’Église.
22
Itinéraire spirituel ORAISON
Oraison de foi et simple présence.
Jésus dit que pour prier il est bon d’entrer dans sa chambre et de fermer la porte afin
de le rencontrer dans le secret ( Mt 6,6). Faire silence est la première condition pour pouvoir
l’écouter. J’écoute : que dit Dieu ? ( Ps 85,3)
Demande au Seigneur d’apaiser ton cœur, de le centrer sur l’unique nécessaire.
Le silence n’est qu’un moyen préliminaire. Le but c’est la rencontre. « Quand la foi
s’est accrue considérablement, on aime à se tenir en la présence de Dieu ».
Dieu est toujours présent, mais nous en avons si peu conscience.
Au début, nous prenons conscience de cette présence pour des instants très courts. Il se
présente sous la forme de la consolation d’une joie profonde. Pour manifester sa présence,
Dieu se sert habituellement d’une cause concrète, une parole de l’Écriture, l’exemple de
quelqu’un, un événement, etc. Parfois, en des moments inespérés il peut se faire présent, sans
que tu saches pourquoi.
Dans l’oraison, je recherche cette présence. Je ne me perds pas en pensées et en
considérations. Je regarde seulement ; mon cœur devient attentif. « Une attention paisible à
la présence de Dieu qui fait qu’une âme regarde à la lumière de la foi avec toute l’attention
du cœur et ne veut que lui ; elle le regarde sans cesse à cette lumière et elle ne se lasse pas
de le regarder » (Chaminade).
Le parcours à travers l’humilité, la modestie, le renoncement à soi-même et aux
créatures, ne peut que nous préparer à une nouvelle rencontre avec le Seigneur dans l’oraison.
La méthode d’oraison que le P. Chaminade propose aux débutants est parfois appelée
oraison mixte, parce qu’elle associé la méditation à la contemplation.
A mesure que le disciple progresse sur le chemin de la vie spirituelle, il aura besoin de
moins en moins de s’appuyer sur un texte pour s’unir à son Maître.
Le Père Chaminade n’ignore pas les dangers qui menacent celui qui débute dans
l’exercice de l’oraison. Le premier danger est l’illusion : la personne cherche dans l’oraison
sa propre satisfaction ; on se complaît dans l’oraison et on se recherche soi-même au lieu de
chercher Dieu. On cherche le goût de l’oraison et non le fruit de l’oraison. Le fruit de
l’oraison est le zèle à obéir à Dieu en toute chose et à chercher à le servir en tout.
Nous touchons ici le point où « l’ouvrage de l’homme » s’achève et où Dieu tout seul
continue à agir. Ce n’est pas à force d’exercices que nous pouvons entrer dans l’intimité de
Dieu, mais seulement s’il veut bien nous faire la grâce de venir à nous.
Nous pouvons nous disposer à recevoir cette grâce, comme on balaie la maison pour
accueillir un hôte qui nous est cher. Ensuite, nous n’avons qu’à attendre. Nous pouvons aussi
dans notre prière demander à vivre de plus en plus dans son intimité, tout en acceptant
d’attendre le bon plaisir du Maître.
L’oraison de simple présence est un acte d’amour qui dépasse toute description : c’est
le secret du Roi.
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Itinéraire spirituel L’oraison sur le Credo
A la fin de sa vie, le Père Chaminade propose de faire oraison à partir du Credo.
Chaque mot, chaque phrase du Credo s’adresse à notre foi et suffit à nous mettre en présence
de l’être aimé. «Je crois en Jésus-Christ » : je peux rester sur cette pensée aussi longtemps
que je veux. Pas besoin de beaucoup de paroles. Une simple présence suffit, comme deux
amoureux qui ont longuement échangé et qui maintenant se tiennent la main en silence.
« Considérée sous son véritable point de vue, l’oraison est essentiellement fondée sur la foi :
son objet (son but) et son instrument doivent être la foi » ( EO 519).
La méthode est simple et peut s’appliquer à toutes les formules de prières que nous
connaissons par cœur.
La méthode
- Mets-toi en présence de Dieu, comme expliqué plus haut.
- Récite une fois le Je crois en Dieu en entier, avec toute l’attention dont tu es capable.
- Reprends, article par article, arrête-toi aussi longtemps que tu trouves un attrait intérieur.
Puis, passe à l’article suivant, pour ne pas ouvrir la porte aux distractions.
- Si quelques articles ne te disent rien, ne t’y arrête pas. Reconnais devant Dieu la faiblesse de
ta foi.
- Si tu as passé en revue tous les articles avant que le temps de l’oraison soit écoulé,
recommence au début.
Après plusieurs jours d’application loyale à cet exercice, tu te sentiras attiré à rester
plus longtemps sur certains articles. Arrête-toi pour en savourer le sens. Ensuite, reviens-y le
plus souvent possible durant la journée.
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Itinéraire spirituel VIII La Mystique d’union. ASCESE
Avec les vertus théologales, nous sommes parvenus à une étape où le souffle de
l’Esprit nous entraîne vers l’union mystique. Tout amour tend vers l’union. Les auteurs
spirituels (Ste Thérèse d’Avila) ont recours à des comparaisons tirées de l’expérience
humaine : l’union des époux est sans doute l’image la plus parlante. Ils parlent d’une union
sponsale entre le Christ et l’âme croyante.
8.1. Laisser l’Esprit agir en nous.
A ce niveau, la volonté humaine est impuissante. L’Esprit s’empare de l’âme et
l’entraîne vers les cimes.
« L’Esprit Saint nous conforme à Jésus-Christ et nous fait vivre de sa propre vie »
(Chaminade, D II, n° 19).
L’âme doit alors se rendre docile à l’action de l’Esprit en évitant le péché, la
dissipation, la résistance à ses inspirations ( D. II, n° 23). Elle s’en remet à l’Esprit et lui
demande de la conduire. Le sacrement de confirmation agit alors avec toute sa force. Par ce
sacrement, « Le Saint Esprit nous fait croître spirituellement en Jésus-Christ jusqu'à la
maturité » (Chaminade, D II n°26).
Un travail de discernement sous la lumière de l’Esprit est nécessaire. Il consiste à
regarder l’objet de nos actes : sont-ils conformes à la volonté de Dieu. Il faut aussi considérer
les mobiles (motifs) qui nous poussent à agir : mon orgueil, ma sensualité... ou l’Esprit de
Dieu ?
Devenir conformes à Jésus-Christ
« Personne ne sera sauvé qu’autant qu’il aura une grande conformité avec JésusChrist. Dieu ne prédestine personne que pour être conforme à Jésus-Christ.
(Chaminade D II 471).
A. Contempler Jésus Christ, Fils de Marie.
Aux origines, l’homme et la femme sont créés « à l’image et à la ressemblance » de
Dieu (Gn 1,27). Le péché a détruit cette harmonie....
A la plénitude des temps (Ga 4,4), Dieu crée une femme, Marie en qui l’image et la
ressemblance n’ont pas été brisées, « façonnée et formée comme une nouvelle créature par
l’Esprit Saint » ( LG 56). Elle est destinée à accueillir le verbe lors de son Incarnation. C’est
lui la parfaite image du Père et le premier-né d’une multitude de frères.
Selon le P. Chaminade, la sainteté est la « fidèle imitation de Jésus-Christ, vrai Fils de
Dieu et de Marie » (Chaminade, D II 308).
B. Nous laisser former par Marie.
« Les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez
participants de la nature divine » ( 2 Pierre 1,4).
Nous ne pouvons nous contenter d’imiter Jésus-Christ. Par le baptême nous sommes
devenus un avec lui, participants à sa nature divine (Cfr. La vigne et les sarments). En lui,
nous sommes devenus fils/filles du Père, frères/sœurs de tous les hommes. Nous sommes
invités à penser et à sentir comme Jésus. Par rapport à Marie, en union avec Jésus, nous
développons un amour filial. Nous aimons Marie non seulement comme Jésus l’a aimée (=
imitation), mais nous laissons Jésus en nous aimer sa mère ; nous lui prêtons notre cœur, afin
qu’à travers nous il continue à l’aimer.
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Itinéraire spirituel « C’est dans le sein virginal de Marie que Jésus-Christ a bien voulu se former
à notre ressemblance, et c’est là pareillement que nous devons nous former à la
sienne, régler nos mœurs sur les siennes, nos inclinations sur ses inclinations et notre
vie sur sa vie (Chaminade, D II 467).
ORAISON
L’oraison théologale
(D’après Armbruster, La Méthode spirituelle, p. 43 sv)
A. Oraison et croissance dans la foi
Le P. Chaminade ne peut concevoir la vie spirituelle sans l’oraison. Ascèse et Oraison
sont indispensables l’une à l’autre. La vie théologale elle aussi, s’appuie sur l’oraison qui
utilise les démarches de la foi, de l’espérance et de la charité.
Dès 1821, le P. Chaminade écrit : « La foi est l’aile de l’oraison pour s’élever vers
Dieu. Il faut entrer dans l’oraison par un acte de foi de la présence de Dieu ». Et peu à peu la
pensée de la présence de Dieu s’étendra à toute la journée, pour qu’elle soit toute entière
orientée vers Dieu.
Dans le corps de l’oraison, il faut chercher à comprendre la vérité de foi, accroître la
foi, considérer l’importance de la vérité révélée, s’attribuer la vérité comme révélée à soimême, apprendre à manier les armes de la foi, car c’est la foi qui nous rend victorieux.
En 1828, dans l’ébauche de la Règle de Vie des Frères, il écrit : L’oraison doit être
faite selon les inspirations de la foi, avec la confiance de l’espérance, avec le dévouement de
la charité. …
L’Oraison de foi pratiquée avec application conduira à la prière continuelle que
Chaminade recommande à ses disciples : soyez hommes d’oraison ; c’est dans l’oraison que
l’on reçoit la grâce de l’union et l’onction de l’Esprit qui enseigne toutes choses. (EO 365)
B. Les conséquences pratiques de l’oraison
… la fin de l’oraison n’est pas de devenir plus savant, mais de devenir meilleur.
L’Oraison pour être vraie, doit tendre à transformer la vie quotidienne et pousser chacun à
vivre pleinement sa vocation.
C. La lumière de la foi.
Dans l’oraison, notre esprit a besoin de la lumière de la foi ou des dons du Saint
Esprit qui vont toucher notre volonté et l’enflammer des ardeurs de la foi. C’est ce que le
Fondateur appelle la foi du cœur.
Le Fondateur insiste : Dans la vie spirituelle, il faut instruire l’esprit des principes de la vie
intérieure, mais surtout, il faut toucher le cœur et former la volonté : La foi et la charité seules
nous font marcher.
8.4. La perfection de la charité.
A. Un seul corps.
Les croyants qui accueillent la Parole et reçoivent le baptême deviennent étroitement
unis au Christ. « Dans ce corps la vie du Christ se répand à travers les croyants que les
sacrements d’une manière mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et glorifié. » LG
7.
Par l’Eucharistie l’union devient plus étroite. La communion renouvelle, fortifie,
approfondit l’incorporation à l’Église et au Christ.
« La coupe que nous bénissons n’est-elle pas la communion au sang du Christ ? (1 Co
10,16).
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Itinéraire spirituel La charité parfaite prend donc sa source dans l’Eucharistie et réalise ce quelle
signifie : l’union avec le Christ et l’unité entre les frères.
B. Un commandement nouveau.
Jésus révèle l’amour du Père : il communique cet amour aux disciples qui sont appelés
à leur tour à le répandre autour d’eaux.
« Comme le Père m’a aimé
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour » ( Jn 15,9).
La charité est la première des vertus théologales.
« Les trois demeurent : la foi, l’espérance et la charité.
Mais la charité est la plus grande. » (1 Co 13,13).
La charité est la source et le terme du comportement chrétien. Elle inspire notre
action, nous pousse à agir. Le but que nous poursuivons est que la charité règne dans nos
relations.
La charité vécue procure au chrétien la liberté des enfants de Dieu. Devant Dieu il
n’est plus esclave, mais fils/fille bien aimé(e). Devant les hommes il est libre, parce qu’il est
désintéressé. Le fruit de la charité est la joie, la paix, la miséricorde.
Le Christ est venu nous (ré)apprendre à aimer.
La prière de Jésus
La spiritualité de l’Église orientale a développé une forme de prière dont nous
pouvons aussi faire notre profit. Il s’agit de répéter le nom de JESUS soit seul, soit dans une
formule plus ou moins développée, p. ex. Seigneur Jésus, Fils de Dieu, prends pitié de moi
pécheur. Mais chacun est libre de se composer une formule personnelle.
1. Le Nom de JESUS
L’ange annonce à Marie que son fils s’appellera Jésus et qu’il sauvera les hommes de
leurs péchés ( Mt 1,21 ; Lc 1,31). Saint Paul est impressionné par ce nom : « Dieu lui a donné
un nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, dans le
ciel, sur terre et aux enfers » (Phil 2,9-10). Et nous lisons dans les Actes cette déclaration
solennelle : « Il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné parmi les hommes par lequel on
puisse être sauvé »(Ac 4,12)
2. La répétition.
Toutes les spiritualités connaissent des prières répétitives, pensez au Kyrie eleison,
Agneau de Dieu… les litanies, le chapelet… La prière de Jésus trouve sa place dans cet
ensemble.
- Elle est un acte de foi en la divinité de Jésus ;
- Elle nous éloigne de toutes les distractions terrestres inutiles ; elle occupe notre
esprit ;
- Elle remplit le cœur d’amour pour Jésus qui le premier, nous a tant aimés.
3. Dire la prière au rythme des inspirations et des expirations en fait une sorte
d’automatisme. Les mots semblent venir comme d’eux-mêmes à nos lèvres. Ils finissent par
« coller au souffle». Cette prière nous introduit, de plus en plus, dans la pratique de la
présence de Dieu.
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Itinéraire spirituel IX Rayonnement 9.1. La lampe sur le lampadaire.
Jésus est l’envoyé du Père. Il est venu sur terre pour accomplir la mission que le Père
lui a confiée.
Il s’est associé les Apôtres dont il a fait le fondement de l’Église. Aujourd’hui, l’Église
continue la mission de Jésus. Et chacun de nous, comme baptisé et membre de l’Église, est
appelé à entrer dans cette mission du Fils envoyé par le Père. La Famille de Marie participe à
cette mission de l’Église.
A. Tous missionnaires.
Au-delà des campagnes d’évangélisation éphémères, Chaminade voulait que les
Marianistes, religieux et laïcs, soient « en mission permanente ».
Évangéliser, c’est vivre et faire ce qu’a fait Jésus ; il est né de Marie, l’a associée à sa
mission ; il veut être formé par la foi dans le cœur de chaque croyant. Ainsi, la mission de
Marie continue : nous faisons alliance avec Elle pour donner Jésus au monde, pour le faire
grandir dans le cœur des hommes. Marie est bien la femme promise en qui se réalise le salut.
Le charisme du Père Chaminade est essentiellement missionnaire, parce que marial ; il est
marial parce que missionnaire.
B. Missionnaires de Marie.
Collaborer avec Marie... Se laisser envoyer par Marie... Apprendre à aimer Marie avec
le cœur même de Jésus...ou encore, imiter Jésus dans son amour pour sa mère...Connaître
Marie, telle qu’elle nous est présentée dans l’Évangile et la faire connaître autour de nous. Tel
est notre charisme, don de l’Esprit à l’Église d’aujourd’hui. C’est notre collaboration à
l’Évangélisation. Nous n’avons pas à imiter les autres, mais à accomplir la part du travail que
l’Esprit nous a attribuée. Nous sommes les missionnaires de Marie. Elle nous a choisis pour
établir une alliance avec nous afin de réaliser à travers nous sa mission maternelle : conduire
vers Jésus tous nos frères et nos sœurs.
La consécration par les vœux nous libère pour l’évangélisation. Même si nous restons
soumis à certaines contraintes (profession, famille...), notre préoccupation vise désormais le
Règne. Nous suivons la consigne de Marie aux serviteurs de Cana : « Tout ce qu’il vous dira,
faites-le ! » Marie est notre inspiratrice et notre modèle : sa foi, sa docilité à l’Esprit, sa
délicatesse dans ses relations : autant d’attitudes de Marie qui doivent inspirer notre
comportement.
C. En Alliance avec Marie.
Comme membres laïcs de la Famille Marianiste, notre mission consiste à porter
l’évangile dans notre famille, notre lieu de travail, notre milieu de vie (quartier). C’est une
mission prophétique qui consiste à lutter contre toute forme d’injustice, de corruption, de
fraude, de détournement des biens publics etc. Notre mission consiste à travailler pour le
Bien Commun .et à faire régner la charité. A l’exemple de Jésus, nous sommes attentifs aux
petits, aux faibles, à ceux qui ne savent pas se débrouiller seuls.
Notre témoignage sera crédible si entre nous, nous apprenons à nous accepter
différents, à refaire constamment les liens de fraternité par le pardon reçu et offert, à offrir
notre collaboration pour toutes les tâches si minimes soient-elles.
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Itinéraire spirituel 9.2. Pour une nouvelle évangélisation.
Le Saint Père appelle tous les chrétiens à une nouvelle évangélisation. Nous y
entrerons avec un nouvel enthousiasme, une nouvelle ardeur à atteindre nos objectifs, mais
aussi à travers de nouvelles méthodes. Le Père Chaminade avait mis au point une méthode par
absorption. C’est la méthode des fraternités. On crée une Fraternité ;- on y invite les
chrétiens ; - l’évangélisation se fait à l’intérieur du groupe.
Au XIXe siècle, les premiers laïcs consacrés sont issus des Congrégations laïques
(Fraternités). Aujourd’hui encore, il est normal que de membres des Fraternités cherchent à
aller plus loin dans la consécration en s’engageant dans la vie religieuse ou dans l’Alliance. A
l’inverse, il est normal que les religieux et les membres de l’Alliance aient le souci de partager
notre charisme avec leurs frères et sœurs des fraternités, soit en créant des groupes, soit en
jouant le rôle d’assistants spirituels. Ce sera toujours l’œuvre de leur cœur.
9.3. La Famille marianiste, une cellule d’Église.
La Famille Marianiste est composée de laïcs, de laïcs consacrés, de religieux et de
religieuses. De même que l’Église, peuple de Dieu, la Famille marianiste comprend ainsi les
différentes catégories des baptisés. De cette famille, Marie est la Mère, comme elle est la
Mère de l’Église. Le Fondateur voyait dans cette famille un peuple de saints.
Les CLM sont un groupe de laïcs, engagés dans une paroisse. Par leur baptême ils sont
membres à part entière de l’Église. Ils doivent par conséquent prendre leur part de
responsabilité dans le fonctionnement de celle-ci. Il appartient à chaque Fraternité de chercher
son engagement concret au service de l’Eglise.
L’itinéraire que nous avons parcouru est un chemin vers la sainteté. Les Martyrs
marianistes espagnols, le père Gapp et depuis 2000, le Père Chaminade sont déjà
officiellement proclamés bienheureux ; nous attendons pour bientôt les mêmes honneurs pour
Mlle de Lamourous, Adèle de Trenquelléon, pour Faustino et d’autres.
Baptisés, nous sommes tous appelés à la sainteté.
Dans l’Alliance nous constituons des pelotons pour avancer ensemble, nous former,
nous soutenir sur le chemin qui est parfois un chemin de croix. Marie nous prend par la main
et nous conduit à la suite de Jésus. Elle est un guide sûr et en même temps une mère attentive
à nos faiblesses, toujours prête à nous secourir.
Il y a ensuite les Sœurs et les Frères engagés dans la Vie religieuse communautaire.
Tous engagés sur les entiers escarpés de la sainteté.
9.4. La joie de l’Esprit.
A. La joie du Royaume.
Au retour de leur expédition, les 72 disciples rendent compte de leur mission. Leur
joie éclate: « Même les démons nous étaient soumis ! » Personne ne se plaint de la fatigue, des
ampoules aux pieds, du mauvais accueil dans certains villages. Le Maître leur a confié une
tâche : ils sont heureux et fiers de l’avoir accomplie.
Nous de même, nous sommes appelés à collaborer à un projet qui a commencé avant
nous et qui doit continuer après nous. Aujourd’hui, c’est notre tour. Soyons fiers et heureux
d’avoir été appelés par Jésus pour travailler avec sa mère.
B. Tous conduits par l’Esprit.
Dans l’Évangile de S. Luc, la joie éclate quand l’Esprit intervient. La joie d’Élisabeth,
la joie de Marie, la joie des bergers... En nous donnant l’Esprit, Jésus nous communique la
joie parfaite (Jn 15,9-15). Ceux qui ont accueilli la Parole vivent dans une allégresse simple
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Itinéraire spirituel (Ac 2,46) ; la prédication de la Bonne Nouvelle est partout source de grande joie (8,8) La joie
est fruit de l’Esprit (Ga 5,22) et une note caractéristique du Royaume (Rm 14,17). La prière
assidue est source de joie parce que l’espérance l’anime et que le Dieu de l’espérance y
répond en comblant de joie le croyant (Rm 12,12 ; 15,13). Notre place est déjà réservée aux
noces de l’Agneau (Ap 19,7 ss) où nous communierons à la joie du Père et du Fils (1Jn 1,2
ss). La mission de l’Esprit est de rajeunir l’Église et de la conduire à l’union parfaite avec son
Époux. (LG 4)
C. Magnificat.
L’Église-Famille de Dieu actuellement en pèlerinage vers le Royaume, se prépare à la
rencontre avec l’Époux. Elle sera alors la Cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descend du
ciel de chez Dieu ; elle s’est faite belle comme une jeune mariée parée pour son époux.(Ap.
21.2)...
Soyons dans l’allégresse et dans la joie, rendons grâce à Dieu, car voici les noces de
l’Agneau... » (Ap 19,6).
Marie , archétype de l’Église, est déjà parvenue au but final quand son fils l’a fait
monter avec son corps et son âme dans la béatitude céleste. Elle se présente à nous comme
l’image et le commencement de ce que sera l’Église en sa forme achevée, à la fin des temps.
En attendant, comme l’étoile du matin, elle brille comme un signe d’espérance certaine et de
consolation (LG 68).
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Itinéraire spirituel TABLE DES MATIERES
ITINERAIRE SPIRITUEL AVEC G. J.CHAMINADE........................................................................................................ 1
PRESENTATION ....................................................................................................................................................... 2 I POUR SE METTRE EN ROUTE .................................................................................................................................... 3
II APPRENTISSAGE DE LA MEDITATION ......................................................................................................................... 5
III CHERCHER EN TOUT LA VOLONTE DE DIEU. ............................................................................................................... 8
IV PURIFIES PAR L’ESPRIT : OBSTACLES INTERIEURS. ..................................................................................... 11
V PURIFIES PAR L’ESPRIT : OBSTACLES EXTERIEURS....................................................................................................... 14
VI VIVRE EN SA PRESENCE. ...................................................................................................................................... 17
VII LES VERTUS THEOLOGALES ................................................................................................................................. 21
VIII LA MYSTIQUE D’UNION.DEVENIR CONFORMES A JESUS-CHRIST ...................................................................... 25
IX RAYONNEMENT ................................................................................................................................................. 28
31
Itinéraire spirituel 32
Itinéraire spirituel 33