Un cinéaste au fond des yeux, par Télérama

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Un cinéaste au fond des yeux, par Télérama
Un cinéaste au fond des yeux, par Télérama
Patricio Guzmán est un cinéaste chilien né le 11 août 1941 à Santiago. Il a signé de nombreux
documentaires sur l'histoire de son pays, notamment La Bataille du Chili, coréalisé avec Chris Marker,
mais aussi Salvador Allende (2004). Son dernier film, Nostalgie de la lumière, une méditation sur les
traces laissées par la dictature au Chili, est présenté en séance spéciale à Cannes vendredi 14 mai.
Dans quel état vous met Cannes ?
Euphorie. Champagne. Réalisme. Dépression.
Quel est le premier film que vous avez vu et où l'avez-vous vu ?
Fantasia, de Walt Disney, à Valparaíso (Chili), à l’âge de 7 ans.
D'où vient votre envie de faire des films ?
Des ombres reflétées sur un mur qu’il y avait en face de ma maison d’enfance
Un film un peu au-dessus de tous les autres ?
Otto e mezzo [Huit et demi, NDRL], de Federico Fellini.
Un livre que vous avez rêvé d'adapter ?
Aucun.
Vous tournez une suite. Laquelle ?
Le Chili étant un grand pays de 4 000 km de long, je n'ai qu'à me baisser pour trouver un sujet...
A quoi êtes-vous sensible pendant la projection de votre film lors d'un festival ?
A la qualité du son.
Revoyez-vous vos films ? Pourquoi ?
Oui, pour m’assurer qu’ils sont bons.
Une scène que vous avez ratée ?
C’est un film entier que j’ai raté : La Rosa de los vientos (La Rose des vents)
Une scène inoubliable ?
La disparition de Jorge Müller (mon chef opérateur, tué par la dictature de Pinochet).
Un film qui vous donne envie de vous engager ?
Le film Ariane Mnouchkine-L'aventure du Théâtre du Soleil, de Catherine Vilpoux.
Vos films ont-ils une nationalité ?
Le Chili.
Un gros plan qui vous bouleverse ?
La fileuse dans Ether, de Viswanadhan.
Un travelling qui vous transporte ?
La fugue de Jean-Pierre Léaud dans Les 400 Coups.
Le dernier film qui vous a fait pleurer ?
Bienvenu chez les Ch'tis.
Un film qui vous donne envie de danser ?
Boxing Gym, de Frederick Wiseman.
Quel acteur regrettez-vous de n'avoir jamais filmé ?
Les oiseaux du Peuple migrateur.
Une ville dans un film ?
La ville de Blade Runner, de Ridley Scott.
A quelle(s) critique(s) vous fiez-vous ?
Louis Marcorelles [grand critique, fondateur de la Semaine Internationale de la critique à Cannes, il
travailla entre autres pour Le Monde et Les Cahiers du cinéma, NDRL].
Pour lequel de vos films avez-vous un faible ?
Nostalgie de la lumière.
A quel stade de votre vie pourriez-vous envisager de ne plus faire de films ?
A 115 ans.
Une chanson que vous n'avez jamais autant aimé que dans un film ?
Amarcord, de Nino Rota.
Par quoi vos films sont-ils obsédés ?
Je ne le sais pas.
Si vous étiez un peintre ? (Ou un musicien ?)
Stravinsky.
En 2040, le cinéma sera...
Mieux que jamais.
Pourquoi filmez-vous ?
A cause de mon instinct et de mes désirs.
Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ?
Je ne sais même pas ce qu'est un verre !
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Propos recueillis par Mathilde Blottière