Nouvelle Lettre 1220 du 6 janvier 2015
Transcription
Nouvelle Lettre 1220 du 6 janvier 2015
la nouvelle lettre Directeur de la publication : Jacques GARELLO Commission Paritaire : 0118 K 87909 - ISSN : 1951-4727 Dépot légal : à parution N°1220 du 6 janvier 2015 1981-2015 Hebdomadaire 1,50€ www.libres.org 34ème année de parution 1515 SOMMAIRE DU N°1220 1515 pp.1-2 CONJONCTURE : L’Euroland à 18 ? p. 3 ACTUALITES : Défense de la médecine libérale p. 4 - Hollywood contre Pyongyang p. 4 - La crise du logement s’accentue p. 5 - Le bureau du Président était nu p. 5 SPECIAL VOEUX 2015 : pp. 6-8 LU POUR VOUS : p. 8 EDITORIAL : La postérité retiendra-telle 2015 ? 1215 est une date majeure, puisque c’est la signature de la Magna Carta, la première reconnaissance des droits de l’homme. Le pouvoir politique est triplement limité : interdiction aux gens du roi de pénétrer dans un domicile privé, interdiction d’emprisonner quelqu’un sans qu’il ait été jugé, interdiction de lever un impôt nouveau sans l’accord du Grand Conseil. Avec l’habeas Corpus s’ouvre l’histoire de la liberté politique, se profilent l’état de droit et le parlement. 1513 est toute à l’opposé. C’est la publication du Prince de Machiavel, l’invention de l’Etat moderne qui, au nom de l’intérêt général, détient le pouvoir absolu. >> BULLETIN D’ABONNEMENT s'abonne à la formule électronique (format PDF) pour 40 numéros (40 €) envoie une liste de courriels pour un service gratuit de 4 numéros dans le cadre de la formule électronique. Merci de libeller vos chèques à l'ordre de l’ALEPS et de nous les faire parvenir à l’adresse suivante : ALEPS, BP 80026, 13545 Aix en Provence Cedex 4 M Mme Mlle NOM.................................................................................... Prénom................................................................................ Adresse ....................................................................................................................................................................................................................... Code postal .............. Ville............................................... Courriel ............................................................................................................................. ASSOCIATION POUR LA LIBERTE ECONOMIQUE ET LE PROGRES SOCIAL ALEPS, BP 80026, 13545 Aix en Provence Cedex 4 www.libres.org 1 Editorial La nouvelle lettre n°1220 www.libres.org Diffusion pour aleps par gmsolutionsweb 1515 : Marignan. La date jadis la plus connue des écoliers français. Je m’en suis servi pendant les quelque 35 ans de mon enseignement d’histoire de la pensée et des faits économiques. Ce n’est pas que la victoire de François 1er ait été un temps fort de l’histoire de l’humanité – si ce n’est que pour lever une armée de 50.000 hommes le jeune roi eut besoin de lever de lourds impôts. C’est que j’indiquais aux étudiants, ravis de découvrir enfin l’histoire qu’ils ignoraient totalement après trois ans de faculté, que se référer à 1515 était un bon moyen mnémotechnique pour retenir quelques unes des dates marquantes de l’histoire. A partir de 1515 on pouvait retrouver, entre autres, 1215, 1513, 1517, 1715, 1815, 1915. 1515 (suite) La « raison d’Etat » justifie arbitraire, crimes et guerres. Car l’Etat est une institution intemporelle (il survit au prince et gouverne au nom des générations futures) et universelle (le pouvoir local n’existe pas). 1517 ouvre une page douloureuse du christianisme, c’est « l’affichage de Wittenberg » : Luther rompt les négociations avec la Papauté. Protestants et catholiques seront en guerre pendant deux siècles, religion et politique s’entremêlant pour dresser les uns contre les autres. 1715 mort de Louis XIV, après un règne de 72 ans, marqué par l’absolutisme politique et religieux (fatale révocation de l’édit de Nantes), par le colbertisme, rencontre du dirigisme et du protectionnisme, par les dépenses somptuaires et les guerres « Le Grand Siècle : incessantes qui écraseront le peuple sous le poids de l’impôt et laisseront en héritage une dette publique qui ne sera jamais résorbée et engendrera la révolution de la glorieuse 1789. Bref « le grand siècle », l’Etat protecteur de l’économie, de la religion, de la science et de l’art. Pendant ce temps, Hollandais et Anglais développent la culture intensive, le commerce extérieur et la finance, porteurs ‘’ exception française ‘’ » de la révolution industrielle. 1815 traité de Vienne : l’Europe organisée en Sainte Alliance (entre Russie, Autriche et Prusse) veut assurer la paix et contrôler toute menace d’insurrection, toute résurgence de la Révolution Française et de ses principes. En fait, comme l’Union Européenne de nos jours, le jeu politique fait échouer cette entreprise, les guerres se succèderont. Les seuls signes de paix viendront du traité franco-anglais de libre échange et de l’émergence des Etats Unis. 1915 la guerre entre, d’un côté, Français et Anglais et, de l’autre, Allemands et Autrichiens devient réellement la première guerre « mondiale ». Elle agite les Balkans, la Turquie, plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique Latine, l’Australie et les relations entre Etats Unis et Allemagne se tendent. Elle devient aussi la première guerre totale touchant la population civile, avec le bombardement de Londres par les Zeppelin. De quoi donner raison aux anti-mondialistes actuels ! Ainsi l’histoire est-elle jalonnée de bornes millénaires : tantôt elles ont marqué la naissance de la démocratie, du droit, et des progrès majeurs de l’humanité à ce jour, tantôt elles ont signalé les drames d’une humanité égarée et déchirée. Contrairement à une opinion répandue, l’histoire n’est pas un éternel recommencement, « Aux erreurs de l’histoire elle n’est pas faite d’un balancier fatal, car les leçons de l’histoire, souvent oubliées, remontent à la surface et dénoncent les erreurs, les opposer sans cesse la dangers. Paradoxalement, l’histoire est permanence et évolution. Ce n’est pas une mécanique inconnue qui règle l’histoire, mais l’action recherche de la liberté et de humaine. Les hommes du pouvoir et de l’Etat agissent par la coercition pour servir leur gloire et leurs intérêts : c’est un péril permanent. Aux l’harmonie » hommes libres la charge de conjurer le péril, de rejeter l’absolutisme et le souverainisme, et de découvrir le chemin de l’harmonie. Quid de 2015 ? La réponse à cette question est en grande partie dans notre foi et nos initiatives. Nous ne sommes pas spectateurs, mais acteurs de l’histoire. Jacques Garello 2 Editorial La nouvelle lettre n°1220 www.libres.org L’EUROLAND A 18 ? Depuis le 1er Janvier la Lituanie a été admise dans l’Euroland, qui compte désormais 19 pays. Mais en même temps, on se demande, après l’interview de Madame Merkel au Spiegel, si la Grèce ne va pas être « invitée » à quitter l’Euroland : à nouveau à 18 ? Cette concomitance traduit fidèlement les contradictions de l’espace monétaire européen et appelle une sérieuse réflexion sur l’avenir de l’Euroland. Construction politique ou zone monétaire ? Le traité de Maastricht instituant l’Union Monétaire (1985/6) participait d’une vision politique et sûrement pas d’une logique économique. Jacques Delors et les « européistes » ont entendu instaurer un jacobinisme européen : un seul gouvernement, une seule politique, une seule diplomatie, une seule monnaie. Bien entendu, ce jacobinisme devait être socialiste : l’échec du socialisme au niveau national étant prouvé, notamment à Paris, on voulait le ressusciter à Bruxelles. Dans cette optique la monnaie unique et commune était l’instrument d’intégration politique rêvé, elle dépossédait les gouvernements européens de leur souveraineté monétaire et, par là-même, de leur souveraineté budgétaire, puis fiscale. Mais l’Europe pouvait-elle devenir une zone monétaire ? La théorie économique des zones, et notamment les travaux de Mundell, souligne la nécessité pour les pays membres de la zone de respecter quelques disciplines communes. Mais il y a contradiction entre socialisme et discipline, entre Etat Providence et Etat subsidiaire. Or, le Traité exigeait le respect de quelques régles élémentaires : pas d’inflation, pas de déficit budgétaire, pas de dette publique. Mais, dès le début, le laxisme devenait la règle. Seul le Luxembourg répondait réellement aux exigences de Maastricht. L’Italie en était très loin et la Grèce, pour sa part, n’a jamais réuni les critères requis. Politique d’abord : on a fermé les yeux. Euroland : la cour du roy Pétaud Progressivement, la merveilleuse machine à unir est devenue une machine à diviser : le Nord contre le Sud, les fourmis contre les cigales, les créanciers contre les débiteurs, les épargnants contre les assistés. Pour maintenir la fiction de l’euro et de l’Europe des politiciens, on a toléré tous les écarts. La Grèce a bénéficié de l’indulgence et des subventions de ses parrains et le peuple allemand a mal supporté d’avoir à se priver pour porter secours au gouvernement socialiste d’Athènes. La dérive laxiste s’est accentuée avec l’arrivée de Mario Draghi à la tête de la Banque Centrale Européenne. Destinée à assurer la stabilité de l’euro, la BCE est devenue une machine à fabriquer de la fausse monnaie, sous la pression des socialistes et des keynésiens persuadés que la relance par les déficits et la dette souveraine était la meilleure façon de sortir de la crise. Pendant plusieurs mois, l’euro n’a survécu que parce que la FED s’est mise à fabriquer encore plus de fausse monnaie. L’Euro est même devenu « fort ». Mais aujourd’hui, en dépit de sa dépréciation objective, le dollar est devenu fort par rapport à l’euro, il faut aujourd’hui 1,19 dollar pour 1 euro, le taux de change le plus bas que l’on ait connu depuis 2008. La Lituanie recherche le bouclier allemand Alors pourquoi la Lituanie s’est-elle embarquée dans cette galère ? A coup sûr, il s’agit d’un pays vertueux ayant un budget en équilibre, des prélèvements obligatoires légers, des réglementations discrètes. La Lituanie est classée par l’indice de liberté économique parmi les économies « plutôt libres » au 21ème rang mondial, très proche de l’Allemagne et de la Suède, tandis que la France se traîne en 70ème position et la Grèce en 119ème ! Mais c’est sans doute la crainte de l’impérialisme russe qui a accéléré une intégration dans l’euroland en débat depuis plusieurs mois. La Lituanie veut s’abriter sous l’aile allemande. Et de son côté l’Allemagne d’Angela Merkel veut revenir aux sources de l’euro : un alignement de toutes les politiques européennes sur un modèle de responsabilité, fondé sur la libre entreprise et le libre échange, loin des utopies socialistes. Le paradoxe est que l’Euroland, invivable économiquement, n’a d’avenir que politique : devenir un espace de défense commune. Encore faudrait-il que l’Union en ait et les moyens et la volonté. Retour à la guerre froide et à l’OTAN ? En attendant, l’Euro se survivra si Madame Merkel réveille les énergies et met la BCE à sa place. De toutes façons, on assistera tôt ou tard à une révolution mondiale : la privatisation de la monnaie. Pas en 2015, mais avant 2025. Il est temps de libérer la monnaie des improvisations politiques. • www.libres.org La nouvelle lettre n°1220 Conjoncture 3 Défense de la médecine libérale La guerre du tiers payant est courageusement engagée a loi Macron, dont on vante tellement les mérites, avait déjà provoqué les légitimes réactions de plusieurs professions libérales. Le volet « Montebourg » de la loi (comme dit Jean Yves Naudet) ne leur avait pas échappé : il s’agit de mettre fin aux privilèges des riches. A leur tour, les médecins sont visés par l’idéologie égalisatrice : la réforme de l’assurance maladie prévue par Marisol Touraine, au prétexte de permettre aux pauvres d’accéder aux soins, est en fait une façon de soumettre les riches médecins au servage de la Sécurité Sociale. Le tiers payant passe pour un progrès social : personne n’a plus un sou à débourser pour une visite ou une consultation. Mais aussi personne ne touchera un sou tant que la Sécurité Sociale n’aura pas remboursé le praticien. Le médecin doit gérer ses relations avec la Sécu et doit déclarer les actes de son intervention. Quant au remboursement, il interviendra quand L l’administration aura reçu les relevés, les aura vérifiés et aura l’argent pour les régler. Donc les médecins sont à la fois secrétaires médicaux, comptables et banquiers. Ils deviennent les salariés de l’administration qui paie ce qu’elle veut et quand elle veut. Le plus clair, c’est la socialisation de la médecine. Une entreprise mise en route depuis 1945, qui est arrivée maintenant à son couronnement. Les syndicats de médecins ont laissé dériver le système, ils ont accepté des compromis successifs pour se satisfaire de quelques centimes d’augmentation des tarifs, jusqu’à prolétarisation de la profession. Aujourd’hui, l’ensemble des médecins n’a plus de doute : on veut ôter tout caractère libéral à l’art des praticiens, toute relation (y compris financière) entre le patient et le docteur. D’autre part, la réforme Touraine vise à tuer l’intolérable concurrence que les cliniques privées livrent aux établissements publics. Les dépassements d’honoraires, jusque là tolérés, sont appelés à disparaître dans le secteur privé, dont le coût de fonctionnement est pourtant très inférieur à celui des hôpitaux publics, et où les conditions de travail et d’accueil des malades sont bien meilleures. L’idéologie socialiste exige de pénaliser puis détruire tout ce qui n’est pas sous la coupe de l’Etat. La trêve des confiseurs s’est donc transformée en grève des confiseurs et les mouvements de protestation s’amplifient : le refus de la carte vitale compliquerait certainement le travail de la Sécurité Sociale, mais les patients devraient remplir et adresser des feuilles de maladie à la Sécu et leur remboursement prendrait un certain retard. Il faudra donc du courage et de la pédagogie aux médecins pour mettre le pays de leur côté. Mais ils tiennent un bastion solide et se battent désormais sous la bannière de la liberté et de la dignité de leur profession. • Hollywood contre Pyongyang Sony Picture a tenu bon : « The interview » a été largement diffusé a Corée du Nord a multiplié les efforts pour empêcher la diffusion d’un film produit par Sony Picture. Le film, à ce qu’on dit, n’est pas d’une valeur artistique majeure et n’aurait pas emballé les Coréens exilés, choqués sans doute par le fait qu’on ait écrit une farce sur les malheurs de leur peuple. Mais les autorités de Pyongyang y avaient relevé un crime de lèse majesté : le personnage du jeune dictateur Kim Jong-un (dont la famille règne sur la Corée du Nord depuis 60 ans) y est ridiculisé et victime d’un attentat monté par la CIA. Ce crime avait justifié une cyber-attaque sur les studios de Sony Picture. Tout L en se défendant d’être à l’origine de cette agression (sans qu’il y ait vraiment de doute à ce sujet), Pyongyang avait officiellement demandé à la Maison Blanche d’interdire la projection du film. Obama a jugé la requête irrecevable, mais a conseillé à Sony d’abandonner la partie. Après avoir cédé aux menaces, et face aux réactions indignées de l’opinion publique américaine, Sony a choisi de faire diffuser le film par internet. Ce fut un succès immédiat. En quelques heures, 15 millions de dollars ont été recueillis. Du coup, plusieurs salles de cinéma Américaines ont pris le risque de projeter le film et une 4 Actualité La nouvelle lettre n°1220 www.libres.org cinquantaine de millions de dollars est espéré. L’affaire est importante. Tout d’abord, elle révèle qu’internet est une arme redoutable, Sony en a été victime avant de s’en servir pour échapper au chantage. Ensuite, le conflit a opposé un Etat à une compagnie privée et certains ont estimé que Pyongyang avait gagné puisque le gouvernement nord-coréen s’est immiscé dans des affaires privées aux Etats Unis. Enfin, la faible résistance de la Maison Blanche a fait naître des doutes sur l’efficacité d’un Etat à assurer la défense des intérêts privés mis en péril au niveau international. • La crise du logement s’amplifie Moins de 300.000 chantiers mis en œuvre en 2014 : l’immobilier s’effondre « Quand le bâtiment va tout va ». Oui, mais le bâtiment ne va plus du tout en France depuis des années. Ce n’est pas une conséquence de la crise économique, c’est une des raisons de la durée de la crise. Et le problème, loin d’être conjoncturel, est structurel puisque voilà des décennies que l’on enregistre un déficit de logements en France. L’objectif de 500.000 logements construits par an n’a jamais été atteint, on est loin du compte. La raison en est bien simple et un rapport de Jacques Garello et Nicolas Lecaussin publié sous le timbre de l’IREF en 2012 dévoilait « la vérité sur le logement social ». Non seulement le logement social n’est pas social puisqu’il bénéficie à des ménages qui auraient les moyens de payer un loyer dans le parc privé, mais de plus, le logement social bénéficie d’avantages financiers, fiscaux et réglementaires qui font défaut au parc privé. Cette concurrence déloyale fait d’ailleurs aujourd’hui l’objet d’un recours de l’Union Nationale de la Propriété Immobilière (UNPI) devant les instances européennes. Un ouvrage récent de Jean Bigot (chez l’Harmattan) donne tous les chiffres qui mesurent « l’impact des politiques du logement sur les bailleurs privés de 1914 à 2014 ». Depuis un siècle, la « politique du logement » est fondée sur l’en- couragement et la priorité au logement social. C’est un choix idéologique : le bailleur est un capitaliste et le locataire un prolétaire. La grande loi de « Solidarité et Renouvellement Urbain » (SRU) est en fait la loi Gayssot, du nom du ministre communiste du logement qui l’a fait voter. Elle oblige les municipalités à avoir un quota de logements sociaux sis sur la commune. La loi ALUR (Accès au Logement et Urbanisme Rénové) de Madame Duflot a aggravé encore les contraintes et introduit une réglementation sur l’énergie consommée qui pèse sur les coûts de la construction. Le logement français est ruiné par la « nationalisation rampante » (Bigot). • Le bureau du Président était nu Vide saisissant du décor et du contenu de l’allocution de François Hollande e détail n’a échappé à personne : François Hollande a présenté ses vœux aux Français dans un décor très dépouillé : rien sur le bureau, rien derrière non plus. Le Président a entonné sa chanson préférée : «Tout va très bien, Madame la Marquise». Et même : tout ira encore mieux grâce à la loi Macron, un texte historique qui va donner un coup de jeune au pays. La loi Macron fait table rase de toutes les erreurs, les pesanteurs, les injustices, accumulées dans ce pays depuis des décennies. Les libéraux devraient applaudir à cette annonce, s’il ne s’agissait pas d’une simple annonce, et si François Hollande avait réellement nommé la cause du déclin et de la crise en France : le socialisme rampant ou triomphant mis en œuvre par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche. L Le drame avec la loi Macron est que son ambiguïté laisse place à toutes les interprétations. Les frondeurs et la gauche pure y voient un retour au libéralisme – grave erreur d’optique ou ignorance du libéralisme ? La droite molle lui trouve des accents de rapport Rueff Armand et certains, naguère libéraux ou réputés tels, invitent la droite à voter la loi Macron – plus soucieux des succès électoraux que de la liberté. Dans nos colonnes, dès sa publication, nous avons dénoncé le machiavélisme, les erreurs et les mensonges d’un texte qui contient une centaine d’articles : la « caverne d’Ali Baba ». La formule « sociale libérale » est vide de sens, elle n’est destinée qu’à attraper des électeurs séduits par l’idée d’une « troisième voie » ou d’un « socialisme à visage humain ». Mais c’est précisément cette troisième voie que les gou- vernants français ont arpentée depuis 1945. C’est la liberté contrainte au nom de l’égalité et de la fraternité. C’est le marché « régulé » par l’administration. C’est la solidarité forcée. C’est le maintien de monopoles et de privilèges plus importants encore que sous l’Ancien Régime. Voilà toute la « nouveauté » de la loi Macron. Il y a un point, et un seul, sur lequel les libéraux peuvent être en accord avec le Président. Au cours de son interview hier matin, lundi 5 à France Inter, François Hollande a fait la critique de Michel Houellebecq en soulignant que l’heure n’est pas aux lamentations et au fatalisme, mais à l’espoir et à l’engagement. Oui, en effet, les Français peuvent nourrir l’espoir d’une rupture avec le socialisme si certains d’entre eux s’engagent dans le combat pour les libertés. • www.libres.org La nouvelle lettre n°1220 Actualité 5 Spécial Voeux 2015 J’ai demandé à quelques personnalités de la mouvance libérale de vous adresser les vœux qu’ils forment pour l’année 2015. Leur message témoigne de l’existence et de la vigueur de la pensée libérale en France. Il est temps de sonner le glas de la pensée unique. Il est temps de connaître et d’écouter ceux qui portent les idées de la liberté et peuvent éclairer et exprimer les réformes qui nous libèreront de l’Etat Providence et nous permettront de retrouver espoir, renaissance et harmonie. Certains des messages ont été accompagnés d’analyses plus détaillées et seuls certains passages du texte intégral ont été repris. Quand c’est le cas, vous pourrez retrouver ce texte sur le site www.libres.org. D’autres messages seront ajoutés la semaine prochaine. Jacques Garello Chantal Delsol, de l’Institut Que faut-il souhaiter à la France ? On dira : la baisse de chômage, et des gouvernants plus honorables ? Certes. Mais on ne peut espérer les améliorations économiques et politiques comme on attendrait que la pluie tombe. Car elles ne seront que les conséquences d’un esprit, lequel aujourd’hui manque. Je souhaite à la France la renaissance des qualités propices à l’amélioration du pays. Pour l’économie : le renouveau du courage, autrement dit du cœur, à la place de l’envie, parce que dans ce pays égalitariste c’est l’envie qui domine tout et tue l’initiative et la réussite à la racine. Pour la politique : le sens de la réalité, parce que l’irréalisme généralisé, la crainte de dire les choses telles qu’elles sont et de reconnaître les problèmes concrets, suscite aux premières places tantôt des couards et tantôt des bouffons. Souhaitons aux Français le courage et la lucidité. Patrick Simon, Avocat, Président de l’ALEPS Si j’étais économiste, j’exprimerais des vœux pour que l’économie française soit enfin libérée de tous les carcans socialistes et des réglementations administratives qui la contraignent ou l’entourent et créent une ambiance inhibant l’initiative humaine […]. Mais je ne suis pas économiste. Aussi me placerai-je sur un autre terrain, celui de la liberté d’expression. Cela fait un bout de temps qu’elle est mise à mal dans notre pays et on ne s’en est presque pas rendu compte. Je voudrais en donner quelques exemples. de furieuses critiques fusent. Que lui est-il reproché ? Simplement d’avoir démontré que la pensée d’Aristote avait été transmise par le monde occidental et notamment par les moines bénédictins avant la transmission arabe […] Un universitaire de haut rang, Sylvain Gougenheim, professeur à l’Ecole Normale Supérieure a écrit un ouvrage « Aristote au Mont Saint-Michel ». Avant même que le livre ne soit diffusé, Deuxième exemple : l’affaire Vanneste. Un député s’entretient avec un journal sur le sujet qui fait l’objet d’une discussion publique : l’homosexualité. 6 Spécial voeux 2015 La nouvelle lettre n°1220 www.libres.org Spécial Voeux 2015 Il est donc dans l’exercice de sa fonction, et de ce fait, couvert à mon avis par l’immunité parlementaire qui s’attache à l’exercice du débat démocratique. Monsieur Vanneste cite cette phrase d’Oscar Wilde : « Je remercie Adam de ne pas avoir été homosexuel car s’il l’avait été, je n’existerais pas ». C’est une plaisanterie d’Oscar Wilde qui était lui-même homosexuel. […] Il est condamné en première instance, puis en appel sur le fondement de la loi ayant institué le délit d’homophobie […] rappelant que la liberté d’expression était supérieure à ce délit et devait prévaloir sur lui en cas de conflit parce qu’elle a été reconnue par un traité international qui est la Convention Européenne des Droits de l’Homme .[…] Autre exemple. Le journaliste Eric Zemmour, lors d’un débat télévisé, réplique à la plainte fré- quemment formulée par les associations pro immigrées, à savoir que les Noirs ou les Arabes sont plus souvent que les autres interpellés pour vérification d’identité. On appelle cela « délit de facies ». Zemmour réplique : c’est parce que beaucoup de trafiquants de drogue sont noirs ou arabes. S’en suivent un procès et une condamnation […]. Ce qui émerge de tous ces exemples c’est que peu à peu la liberté d’expression et par voie de conséquence la liberté de pensée se trouvent emprisonnées par une toile d’araignée tissée autour d’elles. A cela s’ajoute toute une série d’interdictions ridicules : interdiction de noter les enfants en classe, de leur donner des prix (les distributions de prix ont été supprimées il y a longtemps), de les faire redoubler, de leur donner des fessées ou des claques quand ils sont insupportables. Souvent les pensées nouvelles comme les grandes découvertes ont été des ruptures radicales et se sont opposées à la doxa de l’époque. La découverte de Nicolas Copernic était une rupture par rapport à la doxa. Les leçons de Socrate en étaient une aussi. Et celle du Christ encore plus, en particulier le conseil « aimez vos ennemis ». […] Alors pour cette année nouvelle, j’émettrai un vœu : que nous soyons délivrés tous des tabous stupides de ce conformisme de la pensée et que la liberté d’expression que nous avons eu tant de mal à conquérir depuis la fin du Moyen Age cesse d’être attaquée et soit enfin respectée pour le plus grand bien des progrès de l’intelligence. Philippe Nemo, philosophe Mes vœux de ce début janvier vont audelà de la seule année 2015 puisque, hélas, il est certain qu’il nous faudra de nombreuses années, en toute hypothèse, pour redresser la barre. Je crois que notre effort doit porter prioritairement sur la dimension idéologique. Ce dont souffrent notre pays, ses habitants et au premier chef sa classe politique, en effet, ce n'est pas de la conjoncture et de ce qu'on appelle la crise (quelle époque est un long fleuve tranquille?), c'est d'une incroyable cécité intellectuelle, doublée de confusions mentales en tout genre. Or, les mentalités d'un peuple étant forgées essentielle- ment par l'école, secondairement par les médias, c'est sur ces institutions-là qu'il faut agir. Le reste, y compris une probable alternance en 2017, n'est qu'écume et jeux de dupes. Mon vœu est donc que des hommes amoureux de la liberté et de la science reprennent la main dans les écoles et les médias par des initiatives décidées... Alain Laurent, Sociologue, directeur de collection aux Belles Lettres Pour que tous ceux qui pâtissent de l'oppression fiscale et de l'hyperréglementation bureaucratique comprennent que derrière les fariboles sur une prétendue réorientation " sociale-libérale " du pouvoir, l'ultra-socia- lisme sauvage est plus que jamais à l'oeuvre - et que tout doit être fait pour en finir avec lui afin qu'advienne un libéralisme pour tous ! www.libres.org La nouvelle lettre n°1220 Spécial voeux 2015 7 Spécial Voeux 2015 Bernard Zimmern, fondateur de l’IFRAP La dénonciation des inégalités est devenue une lèpre qui ronge l’identité même de la société occidentale car elle en attaque un composant essentiel : la croyance en la croissance et l’amélioration matérielle de la condition humaine. Qu’il y ait montée récente des inégalités est à peu près indiscutable même si elle est modeste, mais les égalitaristes [y ont vu] une injustice sociale, car ceux au sommet de la pyramide des revenus ou des patrimoines y seraient parvenus en détournant la croissance à leur profit. Or, comme le montrent les listes de Forbes, 90% des milliardaires américains avaient des grands parents pauvres ou de fortune modeste et ne sont devenus milliardaires que grâce aux entreprises qu’ils ont créées ou développées. Ils n’ont pas profité de la croissance, ils l’ont faite. […] Le drame est que cette lèpre a gagné la plupart des organismes publics, non seulement français mais même l’OCDE ou le FMI car la redistribution au nom de l’égalité donne à tous ceux qui vivent de fonds publics une justification à leur existence. Il est alors remarquable de constater la passivité des entrepreneurs et de voir, que contre cette coalition internatio- nale des égalitaristes, très peu d’économistes ont le courage comme Richard Burkhauser de dénoncer les escroqueries intellectuelles d’idoles de la gauche comme Thomas Pïketty ou Joseph Stiglitz. Souhaitons que 2015 soit l’année d’une prise de conscience des élites dirigeantes et des entrepreneurs et que nous sachions en unissant nos efforts montrer le trou noir dans lequel ces faux prophètes tentent de nous entraîner et donner à la création d’entreprise et de richesse sa vraie signification : celle d’aventures débouchant sur une des plus belles formes d’accomplissement de l’existence humaine. Lu pour vous : articles, revues, sites Les Nouveaux Economistes piégés par France Culture ce matin même Voici un excellent exemple de la désinformation pratiquée par des journalistes sans scrupule. Se présentant comme une des personnes qui rétablissent la vérité historique dans le cadre d’une émission appelée « La fabrique de l’histoire » une gentille dame prend contact avec moi en décembre dernier et me demande si j’accepterais de donner une interview sur les Nouveaux Economistes. Naïvement, j’en ai déduit qu’on allait enfin parler sur France Culture de ce mouvement qui a marqué un temps fort de la pensée libérale dans notre pays, entre 1976 et 1988. Au cours de la conversation nous avons évoqué le nom des gens à inviter : Florin Aftalion, Henri Lepage, Georges Liebert (éditeur), Pascal Salin. A la fin de l’enregistrement quelques jours plus tard, la gentille dame me dit que cette émission sera retransmise le 6 janvier, et qu’on me préviendra de l’heure. Hélas j’ai manqué ce matin le rendez-vous historique, mais je me suis rendu sur le site de France Culture pour écouter et enregistrer l’émission dont je devais faire mes délices. Fatale surprise : « Notre émission » n’était que la deuxième sur quatre, la série ayant débuté la veille, avec des adversaires résolus du libéralisme, dont Domenico Losurdo, professeur à l'université d'Urbino, naguère communiste et auteur de « Contre-histoire du Libéralisme ». Quant à « notre émission » elle s’intitulait « La folie du libéralisme des années 1980 » ! La gentille dame a posé d’autres questions que celles de notre interview, et a agrémenté nos réponses de commentaires en général négatifs, cherchant en particulier à moquer notre sympathie pour Thatcher et Reagan dont les politiques auraient conduit à un échec. L’ensemble accompagné de musiques et dialogues issus du film « Rocky » : violence, vulgarité, sur fond d’anti américanisme primaire. Je ne sais ce que seront les émissions 3 / 4 et 4 / 4 diffusées demain et après demain, mais je ne vous dis pas à quelle heure : ce serait dommage d’accroître l’audience de cette série sur la « fabrique de l’histoire ». Oui, France Culture a l’art de fabriquer l’histoire. Jacques Garello 8 Spécial voeux 2015 Lu pour vous : articles, revues, sites La nouvelle lettre n°1220 www.libres.org Actualité libérale Connaissance du libéralisme pour ceux qui s’inquiètent pour la moralité du marché ou le matérialisme du capitalisme Si le libéralisme n’est pas assez attractif dans notre pays, c’est qu’il n’est pas connu. Pas enseigné, pas traité, le libéralisme est caricaturé. Ce livret rétablit la vérité : non le libéralisme n’est pas la loi du plus fort, non la propriété n’est pas le vol, non l’intérêt personnel n’est pas l’égoïsme, non l’inégalité n’est pas l’injustice, etc. Au contraire le libéralisme a une dimension éthique : c’est une doctrine de la dignité de la personne humaine et de l’harmonie sociale. 36 pages, 5 € Se passer de l’Etat à offrir à ceux qui craignent la disparition des écoles, des trains, de l’électricité, des théâtres, des musées et des stades Pas de sérieuse diminution des dépenses publiques sans réduction du périmètre de l’Etat. Des privatisations généralisées ne nuisent pas à la santé, ni à l’éducation, ni aux communications, ni aux retraites de la population : c’est tout le contraire, comme le prouvent les réformes pratiquées en Allemagne, en Grande Bretagne, en Scandinavie, en Europe Centrale ou au Canada, il est facile, confortable et économique de se passer de l’Etat dans beaucoup de domaines. 36 pages, 5 € Portraits de philosophes pour nous persuader que la dignité de l’être humain est au cœur d’une société de libertés D’Aristote à René Girard, ils ont abordé les thèmes de l’éternel humain : la nature de l’homme, son destin, sa conscience, la liberté, le pouvoir, la religion, la vie, la vérité, etc. Dans une société où le paraître l’emporte largement sur l’être, se rapprocher des philosophes nous aide à retrouver ce qui importe à long terme, ce qui est le fond de notre humanité et ce qui donne valeur à notre liberté. 64 pages, 30 portraits, 5 € Portraits d’économistes une aide précieuse pour protéger lycéens et étudiants contre la désinformation des manuels d’économie Etes-vous adeptes et satisfaits de la pensée unique ? Ces portraits montrent l’extrême richesse de l’histoire de la pensée économique, d’Adam Smith à nos jours. Ils vous font découvrir les permanences (les problèmes économiques) et les oppositions (les doctrines économiques). Dépenses publiques et impôts d’un côté, ou libre échange et libre entreprise de l’autre : ce débat actuel s’est noué avec Say et Malthus, se poursuivant entre Bastiat et Marx, puis aux 20ème siècle par Keynes et Hayek – par exemple. 48 pages, 22 portraits, 5 € BULLETIN DE COMMANDE Connaissance du libéralisme Se passer de l’Etat 5€ 5€ Portraits de philosophes Portraits d’économistes 5€ Frais de port : 1 ouvrage 2€ 5€ A partir de 2 ouvrages 6€ NOM ………………..................……..………….………...…….……Prénom ……………...............………………….…….. Adresse ………………….……………….................................……….….……...……….……………………….………….… E-mail …………..……….…………………………..................................…….……….…………………………….…………. Merci de libeller vos chèques à l’ordre de l’ALEPS et nous les faire parvenir à ALEPS, BP 80026, 13545 Aix en Provence Cedex 4 www.libres.org La nouvelle lettre n°1220 Actualité libérale 9