Commentaire de la Parole 11ème dimanche du temps ordinaire

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Commentaire de la Parole 11ème dimanche du temps ordinaire
Commentaire de la Parole
11ème dimanche du temps ordinaire
Jésus ne disait rien à la foule sans employer de paraboles, nous dit saint Marc : c’était certainement la seule manière
d’avoir un petit espoir d’être compris. Et la leçon était quand même rude à faire passer.
L’évangile de ce jour commence ainsi : Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette le
grain… ». Jésus annonce d’entrée de jeu qu’il va parler du Royaume de Dieu, mais tout le monde a déjà des idées làdessus ; et les idées des hommes ne coïncident pas du tout avec les siennes. Alors il lui faut déployer toute une
pédagogie dans la ligne de la conversion que l’Ancien Testament avait déjà entreprise.
Au début, le peuple d’Israël, comme tous les peuples, ne pouvait envisager le Règne de Dieu qu’en termes de
souveraineté. Dans cette optique, dire « A toi le Règne, la Puissance et la Gloire » revient à dire : « C’est toi le plus
fort. » Si les rencontres de Moïse avec Dieu se font au milieu des orages, des éclairs, du tremblement de la montagne,
c’est que le peuple hébreux n’aurait jamais pu prendre ce Dieu au sérieux un Dieu se manifestant dans la plus grande
discrétion, dans l’intimité de chacun.
Au début de sa carrière, le grand prophète Élie ne peut pas imaginer Dieu autrement que dans des manifestations
grandioses. Mais à la montagne de l’Horeb, le Seigneur dit à Élie : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le
Seigneur : voici, le Seigneur va passer. » Il y eut un vent fort et puissant, puis un tremblement de terre, puis un feu, et
enfin une brise légère : alors Élie se voila le visage avec son manteau : Élie venait de comprendre : Dieu n’est pas dans
les démonstrations de puissance ou de gesticulations que nous aimons tant, mais il est dans la brise légère, il est dans
le silence intérieur.
Ce paradoxe parcourt toute la bible, dès l’Ancien Testament : à commencer par le choix surprenant d’un tout petit
peuple pour porter au monde la plus grande des nouvelles - puis ce petit berger, David, pour vaincre Goliath –
Bethléem, petit village insignifiant qui verra la naissance du Fils de Dieu lui-même, lequel va vivre à Nazareth au
milieu de l’indifférence générale : « Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? »
Ce qui sort de Nazareth, justement, c’est le Verbe, la Parole : comme une semence, elle est jetée à tous les vents, aux
risques de la mauvaise herbe et des piétinements, et Dieu sait si le Verbe a été piétiné. A travers même les échecs
apparents du Christ, la déchéance et la mort sur la croix, s’est levé sur le monde le triomphe de l’Amour.
Dieu agit, le Royaume est la semence qui germe irrésistiblement. Ce royaume est peut-être encore invisible, mais la
moisson viendra. Dans la parabole d’aujourd’hui, Jésus nous dit quelque chose comme : « Vous savez la puissance de
vie qui se cache même dans une toute petite graine. Contentez-vous de semer : c’est votre travail de jardinier pour
entretenir cette terre ensemencée et pour faciliter la croissance de la Bonne Parole annoncée. »
Dieu nous fait confiance pour cultiver son jardin. A notre tour, faisons lui confiance : la semence poussera toute seule,
car c’est Dieu qui agit : c’est notre meilleure garantie. La parole ainsi semée devient peu à peu un arbre immense dont
les bras sont assez grands pour accueillir l’humanité toute entière, et réunir l’univers, sous un seul chef : Le Christ.
Sources : Marie-Noëlle THABUT
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