Être la bonne terre (Matthieu 13.1-23)

Transcription

Être la bonne terre (Matthieu 13.1-23)
Être la bonne terre (Matthieu
13.1-23)
La parabole du semeur est vraisemblablement la première
parabole de Jésus. La parabole est une histoire contenant des
enseignements spirituels. Ici, l’histoire racontée par Jésus
s’adresse à la foule alors que l’enseignement spirituel est
réservé à ses disciples qu’il considère comme étant sa
famille.
En effet, le récit qui commence par « ce jour là » se situe
juste après que Jésus ait désigné ses disciples comme étant
pour lui un frère, une sœur, une mère. Jésus étend sa famille
à ceux qui font la volonté de son Père céleste. Ici, il leur
réserve un enseignement particulier qui n’est pas destiné à la
foule. Jésus sort et va s’asseoir au bord du lac. Il s’agit de
la mer de Galilée probablement près de Capernaüm. La foule qui
se rassemble le contraint à trouver un moyen de s’échapper.
Ainsi, dans une barque un peu en retrait, Jésus peut être vu
et entendu par la foule. Ce récit est rapporté pratiquement à
l’identique par les trois évangiles : Matthieu Marc et Luc. Il
est le 1er d’une série de paraboles dites « paraboles du
royaume ».
Cette histoire racontée par Jésus est bien connue. Il s’agit
d’un semeur qui répand sa semence sur quatre types de sol
différents. Comme on peut s’y attendre, les résultats sont eux
aussi différents. Il faut s’imaginer un grand champ bordé par
une haie d’un côté et d’un chemin de l’autre avec, par
endroits, des tas de pierres sur les bords du champ. Il est
évident que le semeur ne va pas volontairement ensemencer le
chemin, le tas de pierres ou la haie mais, même si les
semailles ne se pratiquent plus comme cela, nous avons tous en
tête l’image du geste auguste du semeur qui parcourt son champ
bien préparé en jetant abondamment les graines.
Le récit indique très vite les différents résultats en
fonction des terrains rencontrés, même s’il a fallu du temps
avant que ces résultats apparaissent. Et pendant ce temps là,
il n’y avait pas de différences apparentes entre la bonne
terre, le chemin, les pierres ou la haie. Mais Jésus attire
notre attention sur les résultats en fonction des terrains
rencontrés.
Les graines qui tombent sur le chemin sont mangées par les
oiseaux.
Pour les graines qui tombent sur un sol pierreux, la semence
germe rapidement, mais faute de racines, les pousses sont
brûlées et sèchent.
Les graines qui tombent parmi les épines : la semence lève,
mais les épines montent avec plus de vigueur encore et
l’étouffent. Ici, la plante du blé ne périt pas, elle
subsiste, mais elle est trop épuisée pour produire des épis
fertiles.
Les graines qui tombent dans la bonne terre : la semence
germe, se développe et donne du fruit. Certaines tiges portent
30 grains, d’autres 60, d’autres 100.
Jésus conclut la parabole par cette exhortation laconique :
Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
La parabole transmettait un message important pour la foule,
et un autre pour les disciples. Le sens des paroles de Jésus
ne devait échapper à personne. Pour la foule, il était
certainement évident qu’il parlait de son enseignement qui
était plus ou moins reçu sans forcément être compris. Quant
aux disciples, ils veulent en savoir plus mais ne demandent
pas directement le sens de la parabole, bien que Jésus va le
leur donner et qu’ils vont y être attentifs.
Ils demandent pourquoi Jésus utilise une parabole pour parler
à la foule venue l’écouter.
Dans sa réponse, Jésus établit une distinction entre la foule
qui ne croyait pas et ses disciples qui croyaient. La foule,
qui représentait toutes les couches de la population, le
rejetait ; son enseignement sur le royaume était trop nouveau
pour lui être divulgué. Les mystères du royaume des cieux ne
lui ont pas été donnés, tandis que Jésus allait aider ses
vrais disciples à les comprendre.
Après avoir expliqué pourquoi Il prêchait en paraboles, Jésus
explique le sens des quatre sols différents à ses disciples.
L’explication n’est plus confidentielle aujourd’hui sinon elle
n’aurait pas été rapportée dans la Bible.
Le ministère de Jésus sur la terre étant achevé, le royaume de
Dieu a été révélé et tout un chacun peut y avoir accès en
lisant la Bible et être ainsi placé devant ce message qu’il
peut recevoir de différentes façons.
Jésus explique le sens des quatre sols différents. Il ne dit
pas qui est le semeur, mais de toute évidence Il fait
référence soit à lui-même (v. 37), soit à ceux qui prêchent
l’Evangile du royaume.
Il identifie la semence à la Parole du royaume ou, selon Luc,
à la parole de Dieu ou simplement à la Parole, d’après Marc.
Quant au sol, il représente les auditeurs. Si les résultats
sont si différents, tout vient du terrain (aucune mise n’en
cause de la semence ni du semeur qui s’y prendrait mal).
Chaque grain de semence contient un principe de vie qui fait
qu’il va germer même des années plus tard dès qu’il
rencontrera un terrain favorable. Ainsi en est-il de la parole
de Dieu qui produit la vie, une vie divine mais, pour cela, il
faut que la parole comme la semence, tombe dans une terre bien
préparée. Est-ce que nous sommes concernés par l’explication
des sols que donne Jésus à ses disciples ? Certainement, car
Jésus commence son explication en disant ceci : « Chaque fois
que quelqu’un entend le message qui concerne le royaume… »
Lorsque nous allons au culte dimanche après dimanche, lorsque
nous ouvrons la Bible pour la lire et la méditer, nous
entendons le message et nous pouvons nous reconnaître dans
l’un de ces quatre terrains de la parabole. Alors, selon nos
dispositions, nous pouvons être semblables au chemin, aux
épines, au sol pierreux à la bonne terre. Voyons les
caractéristiques de chacun de ces auditeurs.
L’auditeur « chemin ». Il entend le message mais un obstacle
se présente : Il s’agit ici d’un obstacle externe à lui, ce
sont les oiseaux (le mauvais, le diable vient enlever ce qui a
été semé).
ENTENDRE ne suffit pas.
L’auditeur « sol pierreux ». Il entend le message et le reçoit
(avec joie). Le message prend racine, et germe aussitôt puis
disparaît. Que s’est-il passé ? Deux obstacles se présentent à
l’auditeur «sol pierreux » : un obstacle interne (pas de
profondeur, sol dur) + un obstacle externe, le soleil
(détresse persécution).
ENTENDRE + RECEVOIR est encore insuffisant.
L’auditeur « épines ». Sur ce troisième terrain, il y a
progrès encore. Comme le précédent, il entend, il reçoit le
message. Le message prend racine et il demeure dans sa vie.
L’obstacle qui se présente tient au fait qu’il le laisse
grandir au milieu du reste (inquiétudes du monde et attrait
des richesses). L’auditeur « épines » n’a pas vraiment choisi
ce qu’il veut croire, il veut les deux, à la fois le message
et la vie sans Dieu.
ENTENDRE
+
insuffisant
RECEVOIR
sans
prendre
position
est
encore
pour porter des fruits.
L’auditeur « bonne terre ».
Nous n’avons pas de définition de
la bonne terre, nous pourrions la qualifier simplement par
l’absence de sol dur, l’absence d’épines et l’absence de
pierres. Dans l’explication donnée par Jésus nous voyons que
l’auditeur « bonne terre » ECOUTE et COMPREND la parole.
Ecouter au lieu d’entendre, comprendre au lieu de recevoir,
cela fait une différence. On peut entendre sans écouter, on
peut recevoir sans comprendre.
Il s’agit-là d’assimiler la parole dans un cœur entièrement
tourné vers Dieu. Celui qui entend et comprend comme il faut
porte du fruit, c’est automatique. Dans Marc 4.26 Jésus nous
dit « Il en est du royaume de Dieu comme d’un homme qui a
répandu la semence dans son champ. A présent, qu’il dorme ou
qu’il veille, la nuit comme le jour, le grain germe et la
plante grandit sans qu’il s’en préoccupe. D’elle-même, la
terre fait pousser le blé ; d’abord la tige, puis l’épi vert,
et enfin les grains de blé remplissent cet épi. Et lorsque le
grain est prêt à être cueilli, l’homme y porte aussitôt la
faucille, car la moisson est prête. »
Des grains qui produisent respectivement 30, 60 et 100 ont des
rendements de 3000 %, 6 000 % et 10 000 % !
Le semeur, qu’il s’agisse d’abord du Christ ou plus tard des
disciples, peut être assuré d’une abondante moisson, même si
un seul terrain sur quatre est productif et même si une grande
partie de la semence est perdue.
En tant qu’auditeurs, nous sommes concernés dans notre façon
d’écouter et de recevoir le message ou la parole. Notre façon
d’écouter et de recevoir conditionne la présence ou l’absence
de fruits dans nos vies. Nous pouvons demander à Dieu de nous
aider pour cela.
Au peuple d’Israël et par la bouche du prophète Ezéchiel, Dieu
donne cette promesse « Je leur donnerai un cœur qui me sera
entièrement dévoué et je mettrai en eux un esprit nouveau,
j’ôterai de leur être leur cœur dur comme la pierre et je leur
donnerai un cœur de chair, afin qu’ils vivent selon mes
ordonnances, qu’ils obéissent à mes lois et les appliquent. »
Leçon en miroir à partir d’une constatation : nous recevons
malgré nous d’autres semences. Comment faire pour que
certaines mauvaises graines, certains mauvais messages ou
mauvaises influences ne viennent pas polluer et envahir nos
vies ? Tirons profit de la leçon donnée par les 3 premiers
terrains de la parabole
Que pouvons-nous dire à partir du premier terrain ? Ici, la
semence n’est pas reçue. Dés que nous repérons un mauvais
message, une mauvaise pensée par exemple, faisons appel à une
aide extérieure pour enlever le mal avant qu’il ne prenne
racine en nous. Le secours de Dieu est efficace pour nous
délivrer du mal. Il fera ici comme les oiseaux de la parabole.
A partir du deuxième terrain : certes la mauvaise semence peut
prendre racine mais très superficiellement. Pour cela n’y
prêtons pas attention ! Le soleil de la présence de Dieu sur
nos vies anéantira les résultats.
A partir du troisième terrain : le mal est plus profond, il
prend racine et il partage le terrain avec la bonne semence.
Ne perdons pas courage ! Il ne portera pas de fruit car il va
être étouffé par la bonne semence qui est aussi présente et
qui est plus abondante.
À partir du quatrième terrain : si nous recevons la mauvaise
semence dans un terrain sans pierre et sans épines cela veut
dire que nous l’accueillons favorablement en étant disposés à
lui laisser toute la place ? Alors nous allons, peut-être
beaucoup plus tard mais immanquablement, nous allons en
récolter les fruits dans des proportions inquiétantes : 30,
60,100 pour 1
En conclusion… Dans la parabole, l’accent n’est pas mis sur
les fruits, ni sur la semence, ni sur le semeur mais
uniquement sur le terrain. Certes, nous sommes appelés à
porter du fruit, nous sommes aussi appelés à semer le message
du royaume (le semer dans nos vies, dans l’église et à
l’extérieur). Soyons persuadés que la semence est bonne même
si elle ne porte pas de fruit dans trois cas sur quatre.
Soyons rassurés, les semeurs que nous sommes ne sont pas mis
en cause même si la semence tombe à côté de la bonne terre.
Soyons plutôt préoccupés par la nature du terrain que nous
sommes.
La nature du terrain que nous offrons aux différents messages
que nous recevons. Que ce soient des messages qui concernent
le royaume de Dieu, messages que nous recevons à l’église ou
en lisant la Bible chez nous. Ou bien que ce soient des
messages plus ou moins nocifs qui font partie de l’air ambiant
dans notre société ou que nous pouvons recevoir en regardant
la télé par exemple ou encore que nous pouvons produire en
nous-mêmes de par notre nature mauvaise et tordue.
Que Dieu nous fasse la grâce de savoir écouter et comprendre
sa parole. Notre façon d’écouter et de recevoir le message
conditionne la présence de fruits dans nos vies. AMEN
Claude Bruguière