dossier spectacle Notre Avare

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dossier spectacle Notre Avare
Notre Avare
d’après
L’Avare de Molière
tout public à partir de 13 ans
durée du spectacle 1h50
Adaptation et mise en scène Alain Daffos
avec
Christelle Boizanté
Alain Daffos
Nathalie Andrès
Frédéric Marchand
Aïda Sanchez
Jean Stéphane
Scénographie, costumes
Création lumière
Création musicale
Administration
Alain Daffos
Gilles Sousa
Orlando Le Trio
Les Thérèses
Contact presse et diffusion
Laurence Bloch
05 61 49 05 83 / 06 81 40 18 93
mail : [email protected]
Coproduction Espace Apollo Mazamet (Tarn)
Partenaires Conseil Régional Midi-Pyrénées
Conseil Général de la Haute Garonne
Ville de Toulouse
Spedidam
Cie La Part Manquante 270 avenue de Muret 31300 Toulouse Tél/Fax 09 81 69 38 10
Email : [email protected] - site internet : www..cie-lapartmanquante.fr
Licence N° 2 : 1054109 Licence N° 3 : 1054110 APE N° 9001 Z
Notre Avare
résumé
Dans la maison où Harpagon règne en despote, chacun travaille pour soi.
Elise, sa fille, cherche à se tirer des griffes paternelles grâce à l'appui
amoureux de Valère qui, pour mieux l'approcher, s'est introduit comme
intendant dans la maison d'Harpagon. Cléante, le fils, farouchement
secondé par son serviteur La Flèche, choisit, faute de mieux, de voler son
père pour pouvoir couler des jours heureux avec celle qu'il désire, Mariane.
Or Mariane est aussi convoitée par Harpagon qui, pour conclure l'affaire
par un mariage, fait appel à Frosine, une entremetteuse sans le sou, ruinée
par des procès.
Dans ce monde angoissé, égoïste et hypocrite, seul Maître Jacques tente
de ramener Harpagon à la générosité. Rétribué de ses services par des
coups de bâtons, il apprend, comme les autres, que la sincérité ne paie
pas. Alors qu'Harpagon et son fils s'affrontent pour les beaux yeux de
Mariane, La Flèche lui dérobe sa précieuse cassette, remplie d'or, pour la
remettre à son maître…
Avare du latin avere.
Qui a un désir excessif d’accumuler. Le Littré
L'Avare a un rapport essentiel au monde, soit comme ce qui recèle l'or qu'il n'a pas, et dont il manque,
cruellement, et donc qu'il convoite, soit comme ce qui menace l'or qu'il possède et risque incessamment
de lui manquer. Les êtres sont ainsi instrumentalisés par sa passion, comme ce qui peut, d'une façon ou
d'une autre, la satisfaire. On voit tout de suite qu'il n'y a, dans ce monde, qu'un seul mode sous lequel un
autre sujet peut apparaître : comme voleur potentiel. Toute autre volonté est hostile. Tout autre désir que
celui de l'Avare est ennemi, par définition, plus que rival, menaçant et mortel. La volonté de l'Avare
emporte l'exclusion de toute autre volonté, parce que toute volonté qui ne se renonce pas elle-même, qui
n'est pas mobilisée au service de son bien, va forcément contre son bien. Toute autre aspiration devient
conspiration.
L'homme veut le bien de l'autre, dit-on ; la formule peut s'entendre soit comme celle d'une douce et
profonde charité humaine, soit comme celle d'une essentielle et criminelle invidia*.
L'Avare n'a pas rapport à l'argent comme à un symbole mais comme à un pur objet. Ce trait, essentiel,
concourt à dater l'Avarice. Pas n'importe quel objet. Un objet qui condense un grain-de-plaisir ,
irréductible à la dimension de l'utile comme à toute valeur. Un objet entièrement vidé de valeur et d'usage
et d'échange. L'argent de l'Avare est un argent qui ne sert à rien, sinon à le faire désirer. Et s'il jouit c'est
de sa seule et pure possession – enfin, quand je dis « pure »…
Chez l'Avare, la jouissance superpose exactement sens juridique et sens sexuel.
*déesse de l’envie et de la jalousie dans la mythologie romaine
Gérard Wajcman - Extraits de L'avarice Edition Nous
L’Avare
histoire de la pièce
1668, Molière écrit L’Avare…
Le 9 septembre 1668, Molière donne au Palais-Royal à Paris, L’Avare, sa
« grande » comédie en cinq actes et en prose. Lui qui a montré récemment dans
Mélicerte, Amphitryon ou George Dandin, sa maîtrise de grand poète, n’a pas cette
fois, renoncé au vers faute de temps. Il considère que le sujet de l’argent, comme
plus tard les remèdes du Malade imaginaire exige la rigueur et l’aridité de la prose.
L’avare commence sa carrière par une interruption inhabituelle. On cesse de le jouer
au bout d’un mois après huit représentations. Les recettes n’ont pas été bonnes. La
pièce réapparait à l’affiche à la mi-décembre. Sept fois seulement. Puis quatre fois à
la mi-janvier. Les recettes sont toujours inférieures à ce que l’on peut escompter
d’une pièce nouvelle. Molière ne la jouera que quarante-sept fois dans son théâtre
de son vivant.
Après sa mort, elle deviendra l’un des plus grand succès du répertoire. C’est la
seconde pièce la plus jouée après Tartuffe.
Molière et satire sociale…
Au-delà du vice d’Harpagon, personnage principal, Molière dénonce l’omniprésence
de l’argent dans la société de son temps, prétendument réglée sur l’honneur ou la
religion. Tout le monde en parle dans son théâtre, depuis Sganarelle, qui n’aura pas
ses gages, jusqu’à Don Juan, qui n’a pas de quoi payer ses dettes, en passant par
Tartuffe qui lorgne la fortune d’Orgon…
Pensions, gratifications, emprunts font partie de l’univers quotidien des nobles autant
que le gain intéressé des bourgeois au point de perturber les rapports familiaux.
C’est dans cette sphère que Molière va donner libre court à la satire sociale : Don
Juan souhaite la mort de son père pour disposer de son bien. Cléante, en garantie
de son emprunt, évoque la mauvaise santé d’Harpagon : « Il s’engagera, si vous
voulez, dit Maître Simon son courtier, que son père mourra avant qu’il soit huit
mois. »
Molière règle ses comptes…
Molière, lorsqu’il écrit la pièce, n’est pas ce fils, héritier d’un père qui, en honnête
bourgeois, a su mener ses affaires et gagné pas mal d’argent en travaillant. Il
n’enrage pas de ne pas avoir de quoi dépenser. Dans L’Avare, il ne règle pas ses
comptes avec son père, mais avec l’argent, avec les soucis financiers qui l’ont
parfois poursuivi et qui le rattrapent encore quelquefois. Il se souvient des prêts et
des procès du temps de l’Illustre Théâtre et de la prison pour dettes. Il se souvient
des débuts difficiles de sa troupe à son retour à Paris, et dans sa peur toujours
présente des salles vides et de ces jours où il écrit « néant » en face de sa part
d’acteur.
Il dénonce, à travers un homme et sa famille, l’immoralité de la place de l’argent dans
la société et dans sa vie. Et cela curieusement, alors qu’il prend lui-même des
mesures pour défendre ses intérêts dans l’héritage de son père, fatalement prochain.
Il dénonce la loi de l’argent au moment où il doit s’y soumettre.
Notre Avare
note d’intention
L’Avare, interroger la valeur et la moralité d’une l’économie marchande,
à travers le prisme d’une famille bourgeoise, dont le pilier, en la
personne d’Harpagon, dérègle tout les rapports humains.
L’argent, règne du chacun pour soi, établit ici la tyrannie des égoïsmes
au-delà de la sphère familiale et contamine tous les protagonistes :
L’amour devient un bien d’échange, les relations intéressées qui
s’établissent entre parents et enfants détruisent toute affection paternelle
et filiale.
Loin de congédier la violence des rapports humains, l’argent les aggrave
en réduisant toute mesure à l’amour propre. Seuls existent les solidarités
financières qui soudent ici les êtres en créant des solidarités fictives
basées sur le mensonge. S’en dégage un pessimisme moral où bons
nombre de personnages aveuglés par l’appât du gain, ne sont plus que
des êtres esseulés, affrontant argent et l’amour en un duel pathétique.
Comment être sur que l’autre aime autant qu’on aime ? Que vaut
l’amour ? Qu’est-ce qu’être honnête au-delà du financer ? Comment
chiffrer l’amour ? Que vaut la vertu ? Que vaut la famille ?
A ces questions posées dans L’Avare, Molière suggère une morale, qui
proposerait un modèle fondé sur le don, où les rapports individuels
d’obligations réciproques pourraient se nouer pour déjouer la violence
des rapports humains induits par les échanges marchands.
Dans un espace scénique en quadri frontal les six comédiens,
chanteurs et musiciens incarnent huit, des quinze personnages
de la pièce.
Ici, travestissements, accompagnement au piano ou a l’accordéon,
texte chanté, pour mener en main de maître l’intrigue Moliéresque.
Chaos comiques, faux semblants, quiproquos, jeux de dupe, Notre
Avare, expérimente un autre rapport à la théâtralité avec le souci
constant dune radicalité mêlée à l’exigence de la langue de Molière
et du jeu.
Alain Daffos, metteur en scène