RAM Lou Petitoun - Atelier -La séparation-

Atelier RAM Lou Petitoun
22 janvier 2014
« Accompagner la séparation »
S'attacher pour mieux se séparer...
Afin que la séparation puisse se faire dans de bonnes conditions, chaque enfant accueilli doit se
sentir sécurisé affectivement parlant. Pour ce faire, il est important de répondre au besoin
d'attachement de l'enfant.
Qu'est-ce que l'attachement ?
Théorie développée par le psychiatre et psychanalyste John Bowlby dans les années 60.
Son principe de base est qu'un jeune enfant a besoin de développer une relation
d'attachement avec au moins une personne pour connaître un développement social et
émotionnel normal.
Pour vivre, un bébé est dépendant physiquement des adultes qui vont prendre soin de lui : pour le
nourrir, le laver, le changer, il va donc mettre en place une relation d'attachement avec la ou les
personnes qui s'occuperont de lui afin que ses besoins soient assouvis.
Mais ce sera aussi sur un versant psychologique que l'enfant aura besoin de s'attacher : il viendra
vers sa figure d'attachement pour être rassuré lorsqu'il aura vécu une situation de stress (lorsqu'il se
sera fait mal en tombant, qu'il se sera disputé avec un autre enfant, etc).
Un lien affectif se mettra en place avec la ou les personnes qui prendront soin de lui, on les
nomme les caregivers ou les figures d'attachement.
Comment l'enfant manifeste-t-il son besoin d'attachement ?
Dans un premier temps, en cherchant le regard de son caregiver, en lui souriant, en pleurant, en
criant ;
Puis, lorsque la motricité se développe, en s'aggripant à la figure d'attachement, en lui tendant les
bras, en le suivant une fois qu'il marche, et toujours en souriant et en pleurant.
L'enfant pourra protester lorsque le caregiver s'en ira ou s'éloignera puis exprimera de la joie
lorsqu'il reviendra.
Petit à petit, il intègrera la séparation comme un fait normal et il n'en souffrira plus.
Avec qui se met en place cette relation ? :
L'enfant va s'attacher à la ou les personnes qui vont s'occuper de lui : c'est-à-dire le nourrir, le
changer, le laver, le consoler, le rassurer.
Il pourra y avoir plusieurs figures d'attachement :
– la première est en général la mère,
– la seconde sera le père,
– la troisième sera l'assistante maternelle ou la référente de la crêche si l'enfant est gardé.
Une relation d'attachement et donc affective peut s'instaurer entre l'enfant et son assistante
maternelle sans pour autant remplacer celle qu'il vit avec ses parents !
Conséquences de l'attachement :
La relation d'attachement étant mise en place, le bébé et l'enfant pourront s'éloigner pour
aller explorer le monde qui l'entoure en toute sécurité. S'il sait qu'il peut revenir vers son
caregiver lorsqu'il le souhaite, il sera serein. Un bébé sécurisé est libre de se concentrer sur son
environnement.
A l'inverse, des relations insécurisées peuvent compromettre l'exploration de l'environnement
et la mise en place de la confiance en soi.
Si une des figures d'attachement ne répond pas correctement à ses besoins, il mettra en place une
relation d'évitement et ne manifestera pas son attachement de la même façon avec elle.
L'enfant ira alors vers la ou les figures d'attachement qui répondront à ses besoins physiques et
affectifs et son développement n'en sera pas menacé.
Par contre, si l'enfant n'a aucune personne autour de lui qui peut répondre correctement à ses
besoins, il y aura des répercussions sur son développement notamment affectif : il aura du mal à
gérer ses émotions.
On peut alors comprendre combien la période d'adaptation chez une assistante maternelle ou
dans une crêche est importante pour que cette relation d'attachement se mette en place.
De même, on peut comprendre pourquoi l'enfant demandera à être dans les bras ou à proximité de
son assistante maternelle. Il a besoin d'être rassuré. Il est alors préférable de prendre ce temps pour
le rassurer afin qu'il puisse à nouveau prendre de la distance et aller jouer.
Il en sera de même concernant le partage de nounou, si la relation d'attachement est installée,
l'enfant acceptera davantage que nounou s'occupe d'un autre enfant.
Mais il pourra y avoir des retours en arrière si un nouvel enfant est accueilli chez l'assistante
maternelle. Il faudra alors à nouveau porter de l'attention envers l'enfant car il ne s'agira pas de
caprices de sa part, il aura juste besoin d'être rassuré.
Le temps d'adaptation : introduction de la séparation.
Il faudra :
– dans un premier temps bien choisir le cadre : sur un temps d'éveil du bébé, lorsque
l'assistante maternelle est disponible.
– planifier le temps d'adaptation en fonction de chaque famille (disponibilités, besoins).
L'adaptation progressive doit permettre à l'enfant de prendre appui sur la présence des parents dans
cet univers étranger pour surmonter la séparation ultérieure.
➥ cf fiche « Techniques professionnelles » de l'Assmat de septembre 2009 : « L 'adaptation »
L'accueil de la petite enfance... un véritable travail de séparation.
Chaque matin, accueillir l'enfant de quelqu'un d'autre n'est pas si simple dans la mesure où se
rejoue régulièrement l'épreuve de la séparation.
La séparation est en effet un moment difficile et douloureux pour l'enfant mais l'absence physique
du parent peut être compensée par une « présence psychique » : en imaginant où est le parent.
On peut donc l'accompagner dans ce but en lui disant que papa et maman sont au travail et qu'ils
vont venir chercher l'enfant chez nounou lorsqu'ils auront fini.
L'accueil trouve tout son sens dans une relation personnelle avec l'enfant et les parents.
Ce sera cette aptitude de l'assistante maternelle à accueillir les parents, à les accepter, qui constitue
le soutien le plus précieux de la sécurité de l'enfant parce que si ses parents sont bien accueillis,
l'enfant sentira qu'il peut être bien dans cet espace étranger .
Les parents doivent lutter contre l'idée « Je suis tout pour toi et sans moi tu es perdu » pour arriver à
se dire : « Cest super, il peut faire des choses sans moi ».
Cela implique qu'ils ne se sentent pas menacés par la séparation.
L'essentiel est que chacun se sépare en sécurité.
Il faut savoir s'adapter à chaque parent, il y a le parent pressé, celui qui ne veut pas partir, celui qui
revient et celui qui part en cachette.
Il y a aussi celui qui respecte le rituel nécessaire à l'enfant : l'attitude qui montre qu'il est prêt à
laisser son parent partir.
Il est donc important que parents et assistante maternelle prennent en compte ce temps nécessaire de
séparation le matin mais aussi de retrouvaille le soir.
Il est aussi important de laisser à disposition à l'enfant l'objet transitionnel (doudou) qui permettra
à l'enfant de supporter l'absence de ses parents lorsqu'il le ressentira.