Quand une famille adoptante a déjà un enfant biologique : un accès

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Quand une famille adoptante a déjà un enfant biologique : un accès
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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 64 (2016) 168–174
Article original
Quand une famille adoptante a déjà un enfant biologique : un accès à la
parentalité adoptive différent
When a family with a biological child wishes an adoption: A different adoptive parenthood
A. Peyron a , T. Krouch b , S. Lecamus c , F. Poinso a,∗
a
Service de pédopsychiatrie, CHU de Marseille, 13009 Marseille, France
b Centre hospitalier Valvert, 13011 Marseille, France
c Centre hospitalier Édouard-Toulouse, 13015 Marseille, France
Résumé
L’adoption internationale est une question de société importante, entraînant l’apparition de nouvelles lois. La loi de 1976 autorise l’adoption
pour des parents ayant des enfants biologiques. Parfois, il arrive que suite à une adoption, des couples « infertiles » donnent naissance à un enfant.
Plus souvent, des familles qui ont déjà des enfants biologiques souhaitent adopter un enfant. Nous nous sommes intéressés aux familles réunissant
enfants biologiques et adoptés. La filiation adoptive se distingue de la filiation biologique et l’étude de l’accès à la parentalité permet de comprendre
le travail de filiation et les relations familiales. L’objectif est d’évaluer l’accès à la parentalité adoptive et ses répercussions familiales. Après une
revue de la littérature regroupant les thèmes de l’adoption internationale, nous avons décrit le parcours de 5 familles. Une étude de l’attachement
a permis d’évaluer la qualité des relations perçues par les enfants. Nos résultats montrent que ces familles fonctionnent bien. Les parents, ayant
l’expérience de la parentalité, et les enfants déjà présents, facilitent l’intégration de l’enfant adopté. Les enfants, même adoptés après l’âge de
12 mois, ont développé un attachement sécure. Les différences au sein de chaque fratrie, concernant les relations d’attachement, sont modulées par
l’histoire et les représentations de chacun. Toutefois, même si elles rapportent un vécu positif, ces familles ont rencontré des difficultés dans leur
parcours. Il semble important de les aider afin de mieux les accompagner pour répondre aux besoins spécifiques des enfants adoptés.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Adoption internationale ; Enfant biologique ; Enfant adopté ; Parentalité ; Attachement
Abstract
International adoption is an important issue of society with the development of laws. The 1976 Act has authorized the adoption for parents with
biological children. Sometimes it happens that after adoption, the “infertile” couples give birth to a child. More often, families which already have
biological children wish to adopt one child. We were interested in families with biological and adopted children. Adoptive filiation differs from
biological parentage and the study of access to parenting helps to understand the work of parentage and family relationships. The objective is to
evaluate access to adoptive parenthood and family repercussions. After a review of the literature involving the topics of international adoption,
we described the course of five families. A study of attachment was used to assess the quality of relationships perceived by children. Our results
show that these families have a satisfactory functioning. Parents, who have experience of parenting and have already some children, facilitate the
integration of the adopted child. Children, even adopted after the age of 12 months, develop a secure attachment. The differences within each sibling
on attachment relationships are explained by history and representations of each one. However, even if they report a positive experience, these
families have experienced difficulties in their course. It seems important to support them better to meet the “special needs” of adopted children.
© 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: International adoption; Biological child; Adopted child; Parenthood; Attachment
∗
Auteur correspondant. Hôpital de Sainte-Marguerite, 13274 Marseille cedex 09, France.
Adresse e-mail : [email protected] (F. Poinso).
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2015.09.002
0222-9617/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
A. Peyron et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 64 (2016) 168–174
L’adoption internationale représente 80 % des adoptions en
France, avec plus de 9000 demandes d’agrément par an. Les
adoptions sont régies par la convention de La Haye (1993), qui
garantit l’intérêt supérieur de l’enfant. La loi de 1976 a ouvert
l’adoption aux couples ayant déjà des enfants et plus récemment,
la loi de 2013 permet aux couples de même sexe d’adopter. Une
étude réalisée par Halifax et Villeneuve-Gokalp [1] montre qu’en
France, 28 % de ces familles sont constituées d’enfants adoptés
et biologiques. Pour 7 % des familles, une naissance est survenue
après l’adoption. Une autre étude réalisée dans 10 départements
représentatifs (INED, 2003–2004) montre que pour 7 couples
sur 10, l’adoption est l’unique possibilité de devenir parent après
échec de l’AMP (Assistance médicale à la procréation), 7 %
recourent directement à l’adoption sans passer par l’AMP, 12 %
adoptent alors qu’ils ne rencontrent aucun obstacle physiologique et 12 % se tournent vers l’adoption après une stérilité
secondaire.
Alors que l’adoption internationale est une question de
société importante, les progrès de la contraception et de l’AMP
nous amènent à nous interroger sur l’accès à la parentalité. La
parentalité biologique se distingue de la parentalité adoptive
mais peu d’études actuellement concernent les familles constituées à la fois d’enfants biologiques et adoptés.
Houzel [2] définit la parentalité comme l’ensemble des
réaménagements psychiques et affectifs qui permettent à un
sujet de devenir parent, c’est-à-dire de répondre aux besoins
de son enfant. Dans le cadre de l’adoption, il s’agit également
d’un long travail psychique. Une étude réalisée sur « les attentes
inconscientes de parents adoptifs sans problèmes de stérilité »
[3] rapporte les principales motivations de ces couples à adopter : le désir d’enfant, d’agrandir la famille, le besoin de donner,
partager, de faire du bien, la sensibilité aux enfants orphelins, déshérités, pauvres, malades, malheureux, une logique
« écologique » et « politique » (pourquoi faire des enfants alors
que des orphelins sont en attente de parents ?), le sentiment
d’être en dette vis-à-vis des pays pauvres, l’envie de transmettre
des valeurs à ses enfants, d’être fidèle aux valeurs reçues, de
vivre une expérience différente, un développement personnel,
d’être en cohérence avec ses convictions, de réaliser un projet
ancien, et enfin, de compenser une perte. Ces parents, à différents moments de leur vie, ont fait l’expérience du deuil, avec
les sentiments d’impuissance et d’injustice qui accompagnent
ce deuil. Par ailleurs, un enfant adopté doit aussi faire le deuil de
ses parents. Cette situation pourrait faire écho chez les parents
adoptifs. Ainsi, accueillir cet enfant leur permettrait de combattre l’injustice de la perte ou de la mort. En réparant l’injustice
vécue par l’enfant, il s’agirait alors de réparer une injustice vécue
par soi-même.
Parfois, pour des parents qui ont un ou plusieurs enfants
biologiques, l’infertilité survient dans un deuxième temps
(ménopause précoce, maladie, etc.). Cette infertilité et les
contraintes de l’AMP peuvent générer des sentiments de culpabilité, de honte et menacer aussi la relation de couple. L’adoption
peut alors devenir une solution pour accéder à nouveau à la
parentalité et préserver la relation de couple. Cela peut permettre aux conjoints d’être revalorisés, rassurés sur leur capacité
à élever un autre enfant et soulagés des sentiments d’échecs
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vécus jusque-là. Les différentes démarches et entretiens psychosociaux peuvent être vécus comme des épreuves réussies, ce qui
se traduit par une meilleure estime de soi, une estime réciproque
et une meilleure entente conjugale. Pour Deutsch [4], l’amour
pour l’enfant adopté va agir « en tant qu’agent de décharge, de
réconciliation, de guérison ».
Golse [5] compare la décision d’adoption à une véritable
grossesse psychique. Il s’agit d’un espace de rêves croisés [6]
dans lequel les parents vont rêver d’un enfant imaginaire [7]. Il
faudra veiller à ce que l’écart entre enfant réel et imaginaire ne
soit pas trop grand. Tous les parents sont reconnaissants envers
leur enfant de leur avoir permis d’être parent mais il semble
que la dette soit encore plus forte dans le cadre de la filiation
adoptive, pour les parents comme pour l’enfant. Dans l’adoption,
la filiation fait appel de manière plus explicite au roman familial
[8]. À l’adolescence, la filiation adoptive pourra être douloureuse
car il s’agit d’une période où l’individu va s’interroger sur ses
liens aux parents mais aussi aux pairs.
La théorie de l’attachement semble intéressante pour aborder
la question de l’adoption, car il existe à la fois une rupture des
liens de l’enfant avec ses parents biologiques, fréquemment un
temps de prise en charge par une institution, et ensuite la création
de nouveaux liens avec les parents adoptants ainsi qu’avec la
fratrie.
Un attachement sécure apparaît comme un facteur de protection contre les troubles psychopathologiques. À l’inverse le
trouble réactionnel de l’attachement, tel qu’il est défini dans le
DSM-IV-TR, peut concerner les enfants ayant connu un séjour
dans un orphelinat, et apparaît comme un mode de relation
gravement perturbé. Il survient avant l’âge de 5 ans dans un
contexte de carence de soins et il existe 2 sous-types : désinhibé et inhibé. Dans le DSM-5, sont décrits actuellement
2 troubles distincts, le trouble réactionnel de l’attachement et
le trouble d’engagement social désinhibé. Dans la CIM 10,
on distingue également le trouble réactionnel de l’attachement
(F94.1) et le trouble de l’attachement avec désinhibition
(F94.2).
Plusieurs études ont évalué l’attachement dans l’adoption.
Il apparaît que les enfants issus de l’adoption internationale
présentent le plus souvent un attachement insécure désorganisé [9]. Concernant le trouble réactionnel de l’attachement, une
étude portant sur des enfants roumains élevés en orphelinat [10]
montre que deux tiers d’entre eux présentent un trouble réactionnel de l’attachement de type désinhibé. L’âge de l’enfant au
moment de l’adoption semble jouer un rôle important puisque
la méta-analyse de Van Ijzendoorn et Juffer [11] montre que
les enfants adoptés après l’âge de 12 mois sont plus à risque de
présenter un retrait, agitation, comportements abandonniques,
surtout en début d’adoption. Notons que ces comportements
pourraient avoir un impact sur le caregiving des parents qui
pourraient alors se sentir rejetés.
Il s’agit ici d’une approche de la parentalité adoptive chez des
couples ayant déjà eu au moins un enfant biologique. Dans un
premier temps nous abordons le parcours de l’adoption. Dans
un second temps, nous avons voulu étudier la qualité des relations entre ces enfants, biologiques et adoptés, et leurs parents,
à partir de l’évaluation de l’attachement. L’objectif de ce travail
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est de mieux comprendre les enjeux pour mieux accompagner
ces familles.
1. Matériel et méthodes
Critères d’inclusion : nous avons inclus des familles adoptantes ayant un ou plusieurs enfants biologiques et un enfant
issu de l’adoption internationale et plénière. Les familles ont
été recrutées lors de consultations spécialisées d’adoption internationale au centre hospitalier Valvert (Marseille), en COCA
(Consultation d’orientation et de conseil en adoption) et au sein
du service de pédopsychiatrie du CHU de Marseille.
Pour les parents, nous avons utilisé un entretien clinique
anamnestique, semi-structuré. Pour les enfants, devant la rareté
des outils d’évaluation de l’attachement ayant été traduits et
validés en français, nous avons utilisé 2 procédures :
• pour les enfants âgés de moins de 7 ans, nous avons utilisé
l’épreuve de séparation-retrouvailles. Il s’agit d’une adaptation de la procédure de la Strange Situation (SSP), destinée à
activer le système d’attachement de l’enfant, que nous avions
utilisé dans une recherche précédente [12]. L’observation
comprend un temps avec le(s) parent(s) et l’enfant (phase
1), puis un temps d’observation de l’enfant sans sa figure
d’attachement principale (phase 2) et un temps de retrouvailles avec le parent (phase 3). La procédure est décrite plus
précisément dans l’Annexe 1 ;
• pour les enfants de plus de 7 ans, nous avons utilisé la version française validée de l’échelle de sécurité des perceptions
d’attachement au père et à la mère [13]. L’échelle est décrite
plus précisément dans l’Annexe 2.
2. Résultats
Nous avons pu rencontrer 5 familles pour lesquelles
l’adoption est survenue après la naissance d’un ou de plusieurs enfants biologiques, ce qui nous a d’abord amenés à
nous interroger sur le désir d’avoir un autre enfant chez ces
parents. D’après Bydlowsky [14] : « Par l’enfantement et singulièrement par le premier enfant, une femme règle sa dette à
l’égard de sa propre mère ». En revanche, « le second enfant
est une toute autre histoire, car c’est lui qui instaure réellement
la famille » (Odile Bourguignon). En interrogeant ces couples,
nous avons pu constater que tous avaient des représentations
familiales et fraternelles évoquant une famille nombreuse. Souvent, il s’agissait également d’offrir un frère ou une sœur à
l’aîné, d’où l’importance des enfants biologiques dans la prise
de décision.
La décision d’adoption s’est faite le plus souvent après un
traumatisme, comme une maladie grave contre-indiquant une
nouvelle grossesse ou encore un deuil, comme la perte d’un être
cher ou la perte de la fertilité. Il nous a semblé ici que le travail
de deuil avait été facilité par la présence d’un premier enfant.
Certains couples ont pu accepter plus facilement leur infertilité secondaire et se sont tournés vers l’adoption directement,
sans passer par l’AMP ; d’autres couples nous ont dit avoir pris
de la distance vis-à-vis de cette décision d’adoption « pour se
protéger », et s’être préparés à ne pas renouveler leur demande
en cas de refus d’agrément.
Concernant les représentations parentales, nous avons pu
observer une certaine souplesse de ces familles face aux
contraintes de la réalité puisqu’elles ont pu accueillir un enfant
d’un âge, d’un sexe ou ayant un comportement différents de ce
qu’elles avaient imaginé. Il semble ainsi que l’écart entre bébé
réel et imaginaire soit moins important que chez les parents
adoptifs n’ayant pas d’enfants.
Pour toutes ces familles, la procédure d’agrément (période
de « grossesse psychique ») est marquée par l’attente, bien supérieure aux 9 mois qu’ils avaient connus lors de la grossesse avec
de nombreux doutes et incertitudes. Ces couples ont dit avoir
été qualifiés de « non prioritaires » du fait de leur configuration
familiale. Ils ont ressenti de l’injustice et de la colère, et ont pu
se sentir remis en question dans leurs capacités parentales, avec
parfois un retentissement sur les enfants biologiques. La fratrie
biologique a pu, elle, exprimer sa déception de ne pas avoir été
consultée par les organismes d’adoption dans certains cas.
Le voyage s’est réalisé en famille pour 3 familles sur 5 et il
est apparu que le premier lien avec l’enfant adopté a été réalisé
par l’enfant biologique, qui a pu jouer le rôle d’intermédiaire.
Nous avons observé chez ces parents une certaine transparence concernant la transmission des informations sur les
origines de l’enfant adopté, ce qui semble en lien avec une
meilleure sécurité de l’attachement, de meilleurs contacts avec
les parents biologiques à une meilleure estime de soi-même et
un plus fort sentiment d’identité [15].
Concernant les relations dans la fratrie, il est décrit que les
mères sont souvent inquiètes que l’arrivée d’un deuxième enfant
ne vienne perturber la relation qu’elles entretiennent avec leur
premier [16]. Dans notre étude, nous n’avons pas recueilli de
témoignage de rivalité fraternelle entre enfant adopté et biologique alors que ces sentiments avaient pu exister entre les frères
et sœurs biologiques par le passé. Ici, la fratrie biologique présentait plutôt une attitude protectrice et « maternante » envers
l’enfant adopté. Nous pouvons penser que l’enfant biologique
déjà présent, a lui aussi été touché par le malheur de l’enfant
adopté, comme il l’a été lors du vécu de deuil ou de perte de
ses parents. Nous avons pu observer l’inquiétude des parents
concernant les répercussions de la démarche adoptive dans la
fratrie. Certains parents se sont refusés à adopter un enfant porteur d’un handicap afin de ne pas mettre en difficulté le reste de
la fratrie. D’autres ont été inquiets des conséquences de l’attente
chez leur enfant. Enfin, même s’ils affirment tous garder un vécu
positif de cette expérience, aucun parent n’a souhaité renouveler
ces démarches afin de ne pas compromettre le fonctionnement
familial.
Nous avons pu remarquer que chaque famille avait tendance à
comparer l’adoption à une grossesse normale, avec une certaine
« idéalisation », en verbalisant par exemple : « C’est comme s’il
avait toujours été là » ; « Elle dit qu’elle est née le jour où elle
est arrivée ici ». Cette attitude leur permettrait de confirmer
leur appartenance familiale et à la société [17]. Nous avons
même pu constater chez certains un « déni » des différences physiques, comme la couleur de peau, qui ont pu être évoquées
par l’entourage ou les camarades d’école. Rappelons que la
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confrontation au racisme et la difficulté d’établir une identité
culturelle et une estime de soi satisfaisantes risquent d’être
sources de souffrance à l’adolescence [18].
Lorsque nous les avons interrogés sur leurs attitudes
parentales, certains couples nous ont dit avoir eu le même
comportement envers leur enfant biologique et leur enfant
adopté ; d’autres, au contraire nous ont dit avoir été moins
angoissés avec leur enfant adopté, ayant déjà acquis l’expérience
de la parentalité et se sentant rassurés dans leurs capacités à
être « de bons parents ». Rappelons que « les parents ont un ressenti très différent et agissent très différemment envers chaque
enfant » [19] et que ceci va déprendre du contexte et des expériences de chacun [20].
L’évaluation de l’attachement chez ces enfants nous a permis de constater que tous les enfants, à la fois enfants adoptés et
enfants biologiques, ont un attachement sécure, selon les critères
de la procédure de séparation-retrouvailles, ou selon les scores
recueillis à l’échelle de sécurité des perceptions d’attachement.
Les enfants adoptés ont des scores en moyenne plus faibles
que les enfants biologiques. Les enfants adoptés après l’âge de
12 mois ne présentent pas de scores d’insécurité.
Certains ont pu présenter une période de repli ou d’agitation
à l’arrivée mais ont rapidement été rassurés par leurs parents
ou frères et sœurs et ont été capables d’établir des relations
d’attachement ultérieurement avec de nouveaux caregivers.
Nous avons pu montrer que même s’ils présentaient un
attachement sécure, les enfants d’une même fratrie pouvaient
avoir des relations différentes (en termes de communication,
de recherche de réconfort, de niveau de confiance) avec leurs
parents. Ces résultats avaient déjà été décrits dans l’étude de Van
Ijzendoorn et al. [21] montrant une concordance entre le type
d’attachement sécure/insécure dans la fratrie mais des relations
d’attachement différentes à la SSP, ce que les auteurs expliquaient par des modulations des représentations parentales de
l’attachement dans le temps. De plus une majorité des aînés
apportent réassurance, soins et réconfort auprès des plus jeunes
lorsque les parents sont absents.
3. Discussion
Nous avons pu comparer nos résultats avec les résultats
de précédentes études concernant les représentations familiales
chez les familles adoptives [22]. La plupart des études décrivent
de bonnes relations, un sentiment d’appartenance et de proximité [23–28], mais un plus faible niveau d’intégration familiale
chez les adoptés que leurs frères et sœurs non adoptés [29].
Quatre-vingt-trois pour cent des parents rapportent des relations
positives avec leurs enfants biologiques alors que ce pourcentage
est de 68 % lorsqu’il s’agit des enfants adoptés [30]. Quarantetrois pour cent des mères et 53 % des pères ne voient pas de
différences, 26 % des mères et 22 % des pères ont des relations
avec leurs enfants adoptés plus harmonieuses, 30 % des mères et
23 % des pères ont des relations conflictuelles avec leurs enfants
adoptés [31]. Les familles adoptantes seraient plus unies, moins
critiques que les parents biologiques face au fonctionnement
familial et auraient une image plus positive d’eux-mêmes. En
revanche, elles rencontreraient plus de difficulté pour résoudre
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les problèmes familiaux et seraient plus sensibles à l’opinion
d’autrui [24]. Les parents adoptifs avec enfants biologiques
seraient plus flexibles concernant l’encadrement familial [22].
Les enfants adoptés et leurs frères et sœurs biologiques
évaluent positivement leurs relations ensemble [24,27,30,31].
Ils auraient les mêmes relations avec leurs frères et sœurs
adoptés et non adoptés [25,30,32]. En revanche, une comparaison entre enfants adoptés-enfants biologiques, au sein des
mêmes familles, montre que les enfants biologiques seraient plus
confiants quant à leur place dans la famille et moins jaloux envers
la fratrie adoptée [32,33]. Les adoptés acceptent plus facilement
la présence d’enfants biologiques que l’arrivée d’autres enfants
adoptés. Quatre-vingt-cinq pour cent des parents estiment que
les relations entre leurs enfants biologiques et leurs enfants
adoptés sont bonnes, mais ce taux chute à 70 % lorsqu’ils se
prononcent sur les relations entre enfants adoptés [30].
Quand les enfants sont interrogés sur les trois thèmes suivants : la confiance, le sentiment d’être traité avec équité par
les parents, et le sentiment d’être appuyé par ces derniers, les
adoptés se sentent moins intégrés au sein de leur famille adoptive que leurs frères et sœurs nés dans celle-ci [30]. Bagley [26]
montre que l’intégration familiale de l’enfant est liée à la qualité de communication, à la tolérance, l’autorité et l’affection
des parents adoptifs. Kühl [23], cité par Textor [33], montre
que la réussite d’une adoption est favorisée par l’âge avancé
des parents, la capacité des parents à communiquer et l’absence
de conflit [22]. D’après certains auteurs, un trop grand nombre
d’enfants dans la famille adoptive pourrait réduire les chances
de réussite [24] avec un déclassement de l’aîné ou une autre
forme de placement « négatif » au sein de la fratrie. Dans le
cas d’enfants adoptés déjà grands ou avec déficits importants,
l’absence d’autres enfants serait préférable [34] : les enfants déjà
présents souffrent parfois des perturbations de la vie familiale
causées par l’adaptation difficile de leur frère ou sœur récemment adopté(e), leurs parents se trouvant préoccupés et moins
disponibles [22].
Notre étude comporte des limites : le nombre de familles est
faible ; le récit rétrospectif face à un étranger peut être anxiogène
et source de biais de mémorisation, ou imprégné de dénégation et d’idéalisation défensive. La durée brève de l’épreuve de
« séparation-retrouvailles », réalisée au domicile, n’est pas très
« stressante », et n’active pas de la même manière que la SSP
les comportements d’attachement [35]. La version francophone
de l’échelle de sécurité de l’attachement n’est que partiellement validée. Rappelons toutefois que les outils d’évaluation
de l’attachement traduits et validés en français sont rares.
Dans notre échantillon, la décision d’adoption a eu lieu
après la naissance d’un ou plusieurs enfants biologiques. Il
serait pertinent de s’intéresser également aux naissances après
l’adoption. Il arrive que des couples, qui jusque-là étaient qualifiés d’« infertiles » conçoivent un enfant après avoir adopté.
Comment rendre compte de ces infertilités ? Étaient-elles
psychosomatiques [36] ? Et comment la parentalité adoptive
facilite-t-elle, en sens inverse de celle de notre étude, la parentalité biologique ?
Il apparaît que 20 % des infertilités restent inexpliquées. D’un
point de vue étiopathogénique, les facteurs émotionnels (stress)
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ont une influence sur les récepteurs génitaux, en agissant sur le
climat hormonal. Après une adoption, les couples font état d’un
changement dans leur mode de vie, dans leur relation conjugale et avec l’entourage. Ce changement se caractérise par une
détente, la diminution d’un état d’anxiété et un sentiment de
valorisation [37].
L’étude de l’attachement chez les enfants nous amène à nous
interroger sur la transmission des représentations parentales de
l’attachement. Au milieu des années 1980, Mary Main met en
évidence une association significative entre les représentations
d’attachement du parent, étudiées par le Adult Attachment Interview (AAI) et le pattern d’attachement de l’enfant observé à
la SSP [20]. Il s’agit de la transmission intergénérationnelle
de l’attachement : les représentations de la figure principale
d’attachement sont prédictives, de manière significative, d’un
pattern d’attachement correspondant chez l’enfant.
Nous n’avons pu recueillir que 5 récits, dont 3 en population
générale et 2 au sein de services de pédopsychiatrie. Plusieurs
familles contactées en dehors d’une situation de consultation
n’ont pas souhaité s’engager dans cette étude. Ce biais de
sélection nous conduit à nous interroger sur les répercussions
psychopathologiques de l’adoption internationale chez l’enfant.
Les études épidémiologiques indiquent une surreprésentation
des adolescents adoptés dans les services de consultations et
les hôpitaux pédopsychiatriques, ainsi que dans les structures
scolaires ou internats pour enfants en difficultés. Cependant à
l’heure actuelle, il est impossible d’établir un lien de causalité directe entre adoption et troubles psychiatriques. Plusieurs
études montrent en revanche une corrélation positive entre le
risque de troubles du comportement à l’adolescence et l’âge
auquel l’enfant a été adopté [38–41]. En effet, les conditions
de vie adverses de l’enfant avant l’adoption sont un facteur de
risque majeur. Plus l’enfant est adopté tardivement et plus il a de
risques d’avoir connu des expériences précoces traumatiques.
4. Conclusions
La présence d’un enfant biologique dans une famille adoptante semble faciliter l’accès à la parentalité adoptive, les parents
ayant déjà l’expérience de la parentalité et apparaissant moins
fragiles sur le plan narcissique. De plus, la présence d’un ou
de plusieurs enfants biologiques améliore l’accueil de l’enfant
adopté. Les enfants, même adoptés après l’âge de 12 mois,
semblent capables de créer des relations d’attachement sécures.
Il est toutefois indispensable de tenir compte des conditions de
vie avant l’adoption. Il nous semble important de pouvoir intervenir précocement auprès de ces familles et de les informer sur
les besoins spécifiques des enfants issus de l’adoption internationale, et également de soutenir la fratrie, qui est souvent peu prise
en compte par certains organismes d’adoption. Enfin, on note
une certaine ambivalence vis-à-vis de la procédure d’agrément.
Toutes nos familles rapportent un vécu positif de cette démarche,
mais détaillent les nombreux obstacles dans leur parcours, et
expriment fréquemment le sentiment d’une « injustice », comme
s’ils n’étaient pas suffisamment reconnus dans leurs capacités
parentales malgré leur parentalité biologique préexistante.
Annexe 1. Épreuve de séparation-retrouvailles
L’observation comprend un temps avec le(s) parent(s) et
l’enfant (phase 1), puis un temps d’observation de l’enfant sans
sa figure d’attachement principale (phase 2) et un temps de
retrouvailles avec le parent (phase 3).
Les items sont cotés par oui/non.
Lors de la phase 1, en présence du (des) parent(s), sont observées :
• la distance au père ou à la mère afin d’évaluer la discrimination
de sa figure d’attachement principale par l’enfant ;
• la demande d’aide au parent en cas de difficulté afin d’évaluer
l’utilisation par l’enfant de son parent comme base de sécurité
lors de l’exploration de l’environnement.
Lors de la phase 2, à la séparation du parent sont observés :
• la recherche de proximité avec le parent : l’enfant se dirige
vers sa mère ou son père au moment de leur sortie de la pièce ;
• la recherche de réconfort adressée au parent : l’enfant
demande clairement du réconfort en se dirigeant vers son
parent ou en s’opposant à sa sortie ;
• le regard adressé au parent pour observer son déplacement et
remarquer son départ ;
• le sourire adressé au parent montrant une relation plutôt sécurisée par l’assurance que son parent reviendra.
Lors de la phase 3, aux retrouvailles avec le parent, sont
observés :
• la recherche de proximité avec le parent pour montrer qu’il
n’est pas indifférent au retour de son parent ;
• la recherche de réconfort montrant une réaction aux retrouvailles ;
• le regard adressé au parent pour remarquer son retour ;
• le sourire adressé au parent pour montrer son plaisir aux
retrouvailles.
Annexe 2. Échelle de sécurité des perceptions
d’attachement au père et à la mère (Bacro, 2011)
La version française comporte 10 items regroupés en trois
dimensions :
• dans quelle mesure l’enfant perçoit son père ou sa mère
comme disponible et capable de répondre à ses besoins et
dans quelle mesure il pense que ses parents seront présents
quand il aura besoin d’eux ;
• la recherche d’aide de son père ou de sa mère lorsqu’il est en
situation de détresse ;
• la perception de l’enfant sur la qualité de communication avec
son père ou sa mère.
L’enfant doit choisir quelle affirmation lui correspond le
mieux puis préciser par une note de 1 (un peu comme moi) à 4
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(tout-à-fait comme moi). Le score total est obtenu en faisant la
moyenne des notes obtenues à l’ensemble des items. Si le score
est inférieur à 2,80 pour la mère et 2,70 pour le père, l’enfant est
considéré comme ayant un score d’attachement insécure.
L’échelle est destinée aux enfants de 8 à 14 ans. Le format
du questionnaire le rend accessible et attrayant. La passation est
rapide. En revanche, l’auteur rappelle que le modèle de l’échelle
a été modifié par rapport à la version originale et que 5 des
15 items ont été supprimés. Une seule étude de validation a été
réalisée. Il conviendrait de confirmer l’adaptation francophone
auprès d’un autre échantillon. L’échelle de sécurité ne permet
pas de rendre compte des différents types d’insécurité distingués
par M. Ainsworth.
Items de l’échelle :
1. Certains enfants font confiance à leur mère (père)/d’autres
enfants ne sont pas sûrs de pouvoir se fier à leur mère (père) ;
2. Certains enfants savent qu’ils peuvent compter sur l’aide
de leur mère (père)/d’autres enfants n’espèrent pas pouvoir
trouver de l’aide auprès de leur mère (père) ;
3. Certains enfants pensent que leur mère (père) passe suffisamment de temps avec eux/d’autres enfants pensent que
leur mère (père) ne passe pas suffisamment de temps avec
eux ;
4. Certains enfants n’aiment pas vraiment parler avec leur
mère (père) de ce qu’ils pensent ou ressentent/d’autres
enfants aiment bien parler avec leur mère (père) de ce qu’ils
pensent ou ressentent ;
5. Certains enfants souhaiteraient être plus proches de leur
mère (père)/d’autres enfants sont contents de sentir combien
ils sont proches de leur mère (père) ;
6. Certains enfants ont le sentiment que leur mère (père) les
comprend vraiment/d’autres enfants ont le sentiment que
leur mère (père) ne les comprend pas vraiment ;
7. Certains enfants ont peur que leur mère (père) ne soit pas
là quand ils auront besoin d’elle/d’autres enfants sont sûrs
que leur mère (père) sera là quand ils auront besoin d’elle ;
8. Certains enfants pensent que leur mère (père) ne les écoute
pas/d’autres enfants pensent vraiment que leur mère (père)
les écoute ;
9. Certains enfants vont vers leur mère (père) quand ils sont
bouleversés/d’autres enfants ne vont pas vers leur mère
(père) quand ils sont bouleversés ;
10. Certains enfants souhaiteraient que leur mère (père) les
aide davantage quand ils ont des problèmes/d’autres enfants
pensent que leur mère (père) les aide suffisamment.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
relation avec cet article.
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