Triptyque de Bacon

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Triptyque de Bacon
Triptyque de Bacon
Introduction :
Francis Bacon : peintre irlandais, 1909-1992
Trois études pour un autoportrait, 1975-1976, toile murale, 600 x 330 cm
Grand triptyque (tableau en 3 parties, à l’origine, le triptyque est peint sur un panneau en bois)
I/ Description :
- Cet autoportrait de Bacon se situe à la limite de la figuration. Le visage n’est pas reproduit de façon
ressemblante : déplacement, distorsion, ablation, grosses touches, frottement, picturalité (synonyme
de matérialité), décomposition des carnations en ses différentes couleurs. Le visage est déformé,
comme s’il était vu à travers un miroir grossissant, comme s’il était en mouvement.
- Pour autant, cette peinture n’est pas une peinture abstraite : Bacon joue avec les limites de
l’abstraction sans y tomber. On reconnait toujours un visage grâce à quelques éléments : la cavité des
yeux, une narine, un fragment de bouche, une forme ovoïdale, un col de chemise. Il s’approche de
l’abstraction parce que la touche dépasse la forme. Si l’on s’approche du tableau, il est impossible de
reconnaitre les membres dans le détail. Il n’y a que le geste pur.
- D’une certaine façon, ce tableau se rapproche de l’impressionnisme (ex : Cézanne, XIXe siècle, qui peint
les objets en suivant les impressions que ces objets impriment sur lui. C'est-à-dire qu’il peint la
sensation qu’il a éprouvé au spectacle de cet objet. Il peint directement sur la toile et à grosse touche).
Comme Cézanne, Francis Bacon peint à grosse touche. Mais pas de façon systématique. Il alterne une
technique aquarellée aux touches pâteuses. En outre, les touches de Bacon sont plus larges et
dépassent largement la figure. La touche : La touche est large et rapide. Elle va souvent dans des
directions contraires aux lignes du visage, ce qui contribue à déstructurer le modèle ou à donner la
sensation de mouvement.
- Comme Picasso, Bacon déconstruit ses modèles. Dans le cubisme de Picasso, les visages sont morcelés
et reconstruit d’après plusieurs points de vue, dans le tableau de Bacon, le visage présente plusieurs
mouvements au même moment.
- Couleurs : alternance de tons vifs (peu mélangés) et de tons mêlés (mélangés), sur fond noir.
Superposition de plusieurs couches de peinture. Comme il y a une première couche, la couche du
dessus prend une couleur particulière et plus riche. Parfois des stries, des marques parce que Bacon
ôte la couche superficielle pour faire réapparaitre le dessous. Trou noir et point blanc sont là pour
rappeler que le peintre ne veut pas que son portrait soit ressemblant au sens traditionnel du terme. Il
invite à penser que la ressemblance est ailleurs…
II/ Pourquoi un portrait déformé ?
- Avant d’être un individu particulier, le modèle est d’abord un être de chair, soumis à des réalités corporelles.
L’être humain, c’est d’abord de la matière : peau, sang, entrailles, vie, mort, mouvement. C’est pourquoi les
visages ont l’air d’être musclés comme des bras, comme des jambes, noués comme des intestins. La
déformation, le gommage, les grosses touches et stries dévorent le visage et évoquent tout ce de quoi nous
sommes faits. Plus qu’un autoportrait, c’est un portrait de l’homme en général. Malgré les déformations, des
détails ressemblants ancrent ces visages dans le genre du portrait. Bacon ne copie donc pas la réalité mais il
essaye de condenser toutes les réalités. C'est-à-dire qu’il essaye de tout dire de l’homme dans un seul
visage.
- Le portrait est conçu comme une vanité moderne. A travers ses portraits, l’artiste exprime la menace de
la mort qui guette tout homme. Déformations, distorsions, ablations, disparitions, chairs cadavériques
blanches ou bleuies, touches rouge sang, ou encore coup de couteau : toutes ces opérations visent à
rappeler au spectateur que tout homme est destiné à mourir un jour. C’est sans doute la raison pour
laquelle l’ombre noire vient progressivement grignoter le sujet.
Conclusion
- Techniques picturales que l’on retrouve dans tous les portraits ou autoportraits de Bacon (qui sont
nombreux)
- Parce que l’artiste essaie de dire quelque chose sur la vie et la mort (obsédé par le suicide de son ami, Bacon
tente d’exorciser par la peinture et rappelle à tous que l’homme est mortel)