Il y a investir pour la retraite et investir à la retraite

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Il y a investir pour la retraite et investir à la retraite
POINT DE VUE
Il y a investir pour la retraite
et investir à la retraite
Vous avez aidé votre client à atteindre ses objectifs financiers pour la retraite pendant 10, 15 ou 20 ans.Le jour de cette fameuse
retraite venu,votre client n’a plus besoin d’investir pour sa retraite,il doit maintenant investir en étant à la retraite,ce qui est fort
différent.Dès lors, cela vous oblige à inculquer à ce client de nouveaux repères, une nouvelle philosophie de gestion des finances
personnelles qui lui permettra de faire la transition en douceur.
vant longtemps, les conseillers
dont une forte proportion de
leur clientèle provient des babyboomers auront à consacrer de plus
en plus de temps à éduquer leurs
clients sur la manière d’investir et
d’utiliser leur fonds de retraite.
Lorsque vous placez l’argent de
vos clients pendant des décennies, la
clé du succès est relativement simple,
c’est d’obtenir un bon rendement
annuel moyen. Toutefois, la donne
change radicalement le jour où votre
client, maintenant à la retraite, doit
dépenser ce pécule pour vivre. À partir de là, c’est le rythme et l’importance des retraits qui comptent, et les
rentiers sont très souvent surpris des
montants maximaux qu’ils peuvent
retirer dans une année sans compromettre la pérennité de leur source de
revenu. Source qui devra peut-être
durer jusqu’à 35 ans.
Même dans les meilleurs cas,
c’est-à-dire lorsque les rendements
sur les placements ont été optimisés,
les retraités qui prennent plus de 6 %
par année de leur portefeuille risquent d’épuiser leur cagnotte sur une
période de 30 ans, selon une étude
menée par les professeurs en finance
Cooley, Hubbard et Walz, de Trinity
University à San Antonio, au Texas.
En fait, d’après plusieurs planificateurs financiers consultés, un taux
de retrait du portefeuille de 6 % est
beaucoup trop essoufflant. Et ils ont
raison : le trio de professeurs suggère de ne pas dépasser les 5 %.
C’est dire qu’un portefeuille de
A
1 000 000 $ devrait pouvoir produire
un revenu annuel d’environ 50 000 $
pendant 30 ans, et il ne resterait pas
grand-chose en héritage après… Il
faut donc chasser de l’esprit de vos
clients que leur portefeuille produira
10 % par année, qu’ils en retirent 5 ou
6 %, que leur fortune leur survivra et
que les enfants en profiteront.
Dans les faits, personne ne peut raisonnablement croire qu’il peut obtenir un rendement historique de 10 %
par année, puisque le rendement
annuel réel fluctue. Et ce sont précisément ces fluctuations qui ont une
incidence prépondérante sur un portefeuille qui se dégarnit petit à petit.
La première tâche en matière de
gestion de portefeuille pour les retraités est de déterminer un taux de
dépense prudent. En second lieu, il
faut créer un portefeuille qui prendra
en considération cet important facteur
en y incorporant un volet de croissance
et un autre de revenu. Les experts
s’entendent là-dessus. Un portefeuille
qui présente une trop grande pondération en obligations est grevé d’un
défaut important : il ne met pas le
client à l’abri de l’inflation et il risque
même de ne pas lui survivre.
L’étude de la Trinity University a
examiné des scénarios de portefeuilles avec diverses combinaisons
de catégories d’actif, comprenant des
titres boursiers et obligataires, sur
une période s’étalant de 1926 à 1997
et a comparé des taux de retrait
annuel variant de 3 à 12 % sur des
cycles de 15, 20, 25 et 30 ans.
MAI 2002
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Avec un taux de retrait de 5 %, les
chercheurs ont démontré qu’un
portefeuille composé exclusivement
d’obligations n’avait que 53 % de
chances de durer 30 ans. Le côté le
plus sombre de l’étude est toutefois
apparu lorsque les chercheurs ont
intégré à leurs calculs les données
annuelles d’inflation et de déflation.
D’après ces derniers, un taux de
retrait de 6 % ajusté à l’inflation sur
un portefeuille tout en actions ou
composé à 75 % d’actions et à 25 %
d’obligations n’a que 64 % des chances
de durer 30 ans. Les chances tombaient à 51 % si le portefeuille était
réparti 50/50, fondaient ensuite à 19 %
pour une répartition de 25/75 en
faveur des obligations et à seulement
12 % si le portefeuille était tout
en obligations. L’étude conclut en
démontrant qu’un taux de retrait de
4 % ajusté à l’inflation pour un portefeuille investi à 75 % en actions avait
100 % des chances de durer 30 ans.
Si l’on peut facilement dresser des
parallèles avec les portefeuilles des
clients retraités ici, il y a cependant un
point à ne pas négliger, c’est que vos
clients pourront aussi compter sur les
prestations de la RRQ. Car contrairement à la croyance populaire, cette
dernière n’est pas prête de vider ses
coffres, comme vous le constaterez aux
pages 22, 23 et 24.
YVES BONNEAU
Rédacteur en chef
[email protected]

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