Ce recueil est la compilation de textes traduits par les
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Ce recueil est la compilation de textes traduits par les élèves de 1ère L1, 1ère L2 et Tle L1, pendant l’année 2006-2007. Après avoir réfléchi aux différentes stratégies de traduction, après avoir échangé avec quatre traducteurs, les élèves se sont attelés à une nouvelle jamais traduite. Ces nouvelles sont tirées de Modern British Short Stories édité par Malcolm Bradbury et de The O.Henry prize stories 2006 édité par Laura Furman. Les traductions présentées ne prétendent aucunement donner une version parfaite mais évoquent plutôt l’esprit du projet: découvrir l’art de la traduction tout en prenant plaisir à trouver le mot juste, à respecter le style et le sens de l’auteur. Mme Fontaine, M. Keruzoré Mme Meinnel, Mme Tripault 1/ William Trevor, "The Dressmaker's Child" William Trevor was born in 1928 at Mitchelstown, County Cork, and spent his childhood in provincial Ireland. He has written many novels, including Fools of Fortune, Felicia's Journey, and most recencty The Story of Lucy Gault. He is a renowned short-story writer and has published thirteen collections, from The Day We Got Drunk on Cake to A Bit on the Side. Trevor lives in Devon, England. In “The Dressmaker's Child,” the future seems predetermined for rural mechanic Cahal, until the preteen daughter of the village dressmaker runs at his car with a stone in her hand ... William Trevor The Dressmaker's Child (2005) L'enfant de la couturière Cahal sprayed WD-40 onto the only bolt his spanner wouldn't shift. All the others had come out easily enough but this one was rusted in, the exhaust unit trailing from it. He had tried to hammer it out, he had tried wrenching the exhaust unit this way and that in the hope that something would give, but nothing had. Half five, he'd told Heslin, and the bloody car wouldn't be ready. The lights of the garage were always on, because shelves had been put up in front of the windows that stretched across the length of the wall at the back. Abandoned cars, kept for their parts, and cars and motorcycles waiting for spares, and jacks that could be wheeled about took up what space there was on either side of the small wooden office, which was at the back also. There were racks of tools, and workbenches with vises along the back wall, and rows of new and reconditioned tires, and drums of grease and oil. In the middle of the garage there were two pits, in one of which Cahal's father was at the moment, putting in a clutch. There was a radio, on which advice was being given about looking after fish in an aquarium. "Will you turn that stuff off?" Cahal's father shouted from under the car he was working on, and Cahal searched the wave bands until he found music of his father's time. He was an only son in a family of girls, all of them older, all of them gone from the town - three to England, another in Dunnes in Galway, another married in Nebraska. The garage was what Cahal knew, having kept his father company there since childhood, given odd jobs to do as he grew up. His father had had help men, an old man who was related to the family, whose place Cahal eventually took. He tried the bolt again but the WD-40 hadn't begun to work yet. He was a lean, almost scrawny youth, dark-haired: his long face usually unsmiling. His garage overalls, over a yellow T-shirt, were oil-stained, gone pale where their green dye had been washed out of them. He was nineteen years old. Cahal pulvérisa du dégrippant sur le seul boulon à écrou que sa clé n'arrivait pas à débloquer. Tous les autres étaient sortis assez facilement, mais celui-ci était rouillé et le pot d'échappement ne tenait plus qu'à un fil. Il avait essayé de le faire sortir en le martelant, il avait essayé de tirer violemment le pot d'échappement dans l'espoir que quelque chose cèderait, mais rien n'avait cédé. Il avait dit à Heslin cinq heures et demie et la maudite voiture ne serait pas prête à cette heure-là. Les lumières du garage étaient toujours allumées, parce que des étagères avaient été apposées devant les fenêtres qui faisaient la longueur du mur au fond. Des voitures abandonnées, conservées pour leurs pièces détachées, et des voitures et des motos qui attendaient des pièces, et des crics mobiles, occupaient l'espace de chaque côté du petit bureau en bois, qui était aussi au fond. Il y avait des porte-outils et des établis avec des étaux le long du mur et des rangées de pneus neufs et reparés et des bidons de graisse et de lubrifiant. Au milieu du garage il y avait deux fosses: le père de Cahal était à ce moment-là dans l'une d'elle, en train d'installer un embrayage. Il y avait une radio sur laquelle on donnait des conseils sur comment soigner des poissons dans un aquarium. "Tu ne veux pas éteindre ce truc?" cria le père de Cahal de la voiture sur laquelle il travaillait et Cahal rechercha les fréquences jusqu'à ce qu'il ait trouvé de la musique en vogue du temps de son père. Il était le seul fils dans une famille de filles, toutes plus âgées, toutes ayant quitté la ville, trois en Angleterre, une autre chez Dunnes à Galway, une autre encore mariée au Nebraska. Le garage était tout ce que Cahal connaissait, ayant tenu compagnie à son père depuis son enfance, celui-ci lui donnant des petits travaux à faire à mesure qu'il grandissait. Son père avait alors eu de l'aide,d'un vieil homme qui était proche de la famille, dont Cahal avait ensuite pris la place. Il essaya à nouveau d'enlever le boulon, mais le dégrippant n'avait pas encore commencé à agir. C'était un jeune homme maigre, presque décharné, brun avec un visage long habituellement sans sourire. Par dessus son T-shirt jaune, son bleu de travail était taché d'huile, blanchi là où la teinture verte avait été lavée. Il avait dix-neuf ans. « Bonjour, » dit une voix. Un homme et une femme, des étrangers, étaient debout dans l'embrasure de la porte grande ouverte du garage. "Hullo," a voice said. A man and a woman, strangers, stood in the wide-open doorway of the garage. "Howya," Cahal said. "It's the possibility, sir," the man inquired, "you drive us to the sacred Virgin?" "Sorry?" And Cahal's father shouted up from the pit, wanting to know who was there. "Which Virgin's that?" Cahal asked. The two looked at one another, not attempting to answer, and then it occurred to Cahal that they were foreign people, who had not understood. A year ago a German had driven his Volkswagen into the garage, with a noise in the engine, so he'd said. "I had hopen it'd be the big end," Cahal's father admitted afterward, but it was only the catch of the bonnet gone a bit loose. A couple from America had had a tire put on their hired car a few weeks after that, but there'd been nothing since. "Of Pouldearg," the woman said. "ls it how to say it?" "The statue you're after?" They nodded uncertainly and then with more confidence, both of them at the same time. "Aren't you driving, yourselves, though?" Cahal asked them. "We have no car," the man said. "We are traveled from Avila." The woman's black hair was silky, drawn back and tied with a red-and-blue ribbon. Her eyes were brown, her teeth very white, her skin olive. She wore the untidy clothes of a traveler: denim trousers, a woolen jacket over a striped red blouse. The man's trousers were the same, his shirt a nondescript shade of grayish blue, a white kerchief at his neck. A few years older than himself, Cahal estimated they'd be. "Avila?" he said. "Spain," the man said. Again Cahal's father called out, and Cahal said two Spanish people had come into the garage. "ln the store," the man explained. "They say you drive us to the Virgin." "Are they broken down?" Cahal's father shouted. He could charge them fifty euros, Pouldearg there and back, Cahal considered. He'd miss Germany versus Holland on the television, maybe the best match of the Cup, but never mind that for fifty euros. "The only thing," he said, "I have an exhaust to put in." He pointed at the pipe and silencer hanging out of Heslin's old « Salut, » dit Cahal. « Est-ce possible, monsieur, » dit l'homme, « que vous nous conduisiez à la Vierge sacrée ? » « Qu'est-ce que c'est ? » cria le père de Cahal depuis la fosse, voulant savoir qui était là. « Quelle Vierge ? », demanda Cahal. Les deux visiteurs échangèrent un regard, sans essayer de répondre, et soudain il vint à Cahal l'idée que c'était des étrangers et qu'ils n'avaient pas compris. Un an auparavant, un Allemand avait conduit sa Volkswagen dont le moteur faisait un bruit étrange au garage. « J'avais espéré que ce serait une vraie panne» avait avoué le père de Cahal plus tard mais c'était seulement la charnière du capot qui était un peu lâche. Quelques semaines après, un couple venu d'Amérique était venu faire remplacer un pneu sur leur voiture de location, mais il n'y avait rien eu depuis. « De Pouldearg », répondit la femme. « Est-ce comme cela qu'on dit ? » « Vous cherchez la statue ? » Ils aquiescièrent avec hésitation, puis avec plus de confiance, tous deux en même temps. « Vous ne conduisez pas vous même, hein ? » leur demanda Cahal. « Nous n'avons pas de voiture », dit l'homme. « Nous venons d' Avila. » La femme avait des cheveux soyeux, tirés en arrière, attachés d'un ruban rouge et bleu. Ses yeux étaient bruns, ses dents blanches, sa peau mate. Elle portait les vêtements négligés d'un voyageur: un jean, une veste en laine par dessus un corsage à bandes rouges. L'homme avait le même pantalon, une chemise d'un ton indéfinissable de gris-bleu, un foulard blanc autour du cou. Cahal estima qu'ils avaient quelques années de plus que lui.: « Avila ? » demanda-t-il. « En Espagne » dit l'homme. De nouveau le père de Cahal l'appela et Cahal lui dit que deux Espagnols étaient entrés dans le garage. «Au magasin, expliqua l'homme, ils nous ont dit que vous nous conduiriez à la Vierge » « Sont-ils en panne? » cria le père de Cahal. Cahal réfléchit qu'il pourrait leur faire payer cinquante euros l'aller-retour à Pouldearg. Il raterait le match de l'Allemagne contre la Hollande à la télévision, sûrement le meilleur de la Coupe, mais pour cinquante euros cela n'avait pas d'importance. « Un instant » dit-il « J'ai un pot d'échappement à poser » Il désigna le tuyau et le silencieux qui pendaient de la vieille Vauxhall d'Heslin et ils comprirent. Il leur fit signe de rester là où ils étaient une minute, et indiqua d'un geste qu'ils ne devaient pas faire attention à l'agitation qui venait de la fosse. Tous deux s'en amusèrent. Quand Cahal réessaya d'enlever le boulon, il commenca à tourner. Vauxhhall, and they undersrood. He gestured with his hands that theyshould stay where they were for a minute, and with his palms held flat made a pushing motion in the air, indicating that they should ignore the agitation that was coming from the pit. Both of them were amused. When Cahal tried the boh again it began to turn He made the thumbs-up sign when exhaust and silencer clattered to the ground. "I could take you at around seven," he said, going close to where the Spaniards stood, keeping his voice low so that his father would not hear. He led them to the forecourt and made the arrangement while he filled the tank of a Murphy's Stout lorry. When Cahal's father had driven a mile out on the Bantry Road, he turned at the entrance to the stud farm and drove back to the garage, satisfied that the clutch he'd put in for Father Shea was correctly adjusted. He left the car in the forecourt, ready for Father Shea to collect, and hung the keys up in the office. Heslin from the courthouse was writing a check for the exhaust Cahal had fitted. Cahal was getting out of his overalls, and when Heslin had gone he said the people who had come wanted him to drive them to Pouldearg. They were Spanish people, Cahal said again, in case his father hadn't heard when he'd supplïed that information before. "What they want with Pouldearg?" "Nothing only the statue." "There's no one goes to the statue these times." "It's where they're headed." "Did you tell them, though, how the thing was?" "I did of course." "Why they'd be going out there?" "There's people takes photographs of it." Thirteen years ago, the then bishop and two parish priests had put an end to the cult of the wayside statue at Pouldearg. None of those three men, and no priest or nun who had ever visited the crossroads at Pouldearg, had sensed anything special about the Il fit un signe de victoire avec le pouce quand le pot d'échappement et le silencieux tombèrent sur le sol. « Je pourrais vous prendre vers sept heures » dit il en s'approchant de l'endroit où les Espagnols attendaient, leur parlant à voix basse de façon à ce que son père ne puisse entendre. Il les accompagna au parking et se mit d'accord avec eux pendant qu'il remplissait le réservoir du camion de la brasserie Murphy. Quand le père de Cahal eut parcouru un kilomètre et demi sur la route de Bantry, il tourna à l'entrée du haras de la ferme et rentra au garage, satisfait que l'embrayage qu'il avait mit sur la voiture du Père Shea soit correctement installé. Il laissa la voiture dans la cour de devant, prête pour le Père Shea et posa les clefs dans le bureau. Heslin qui revenait du tribunal était en train de faire un chèque à Cahal pour le pot d'échappement qu'il avait installé. Cahal enlevait son bleu de travail, et quand Heslin fut partit, il dit que des gens étaient venus pour aller à Pouldearg. Ils étaient espagnols, dit-il à nouveau, au cas où son père n'aurait pas entendu l'information qu'il lui avait donnée auparavant. « Qu'est-ce qu'ils veulent avec Pouldearg? » « Rien, seulement voir la statue. » « Personne ne va voir cette statue de nos jours. » « C'est là où ils voulaient aller. » « Tu leur as dit, quand même, ce que c'était? » « Bien sûr. » « Qu'est-ce qu'ils vont faire là-bas? » « Il y a des gens qui la prennent en photo. » Il y a treize ans de cela, l'évêque et les prêtres de deux paroisses avaient mis un terme au culte de la statue du bord de la route de Pouldearg. Aucun de ces trois hommes, ni aucun prêtre ou nonne qui ait jamais vu le croisement de Pouldearg, n'avait jamais remarqué quoi que ce soit de spécial au sujet de la statue; personne n'avait été témoin des larmes qui, disait-on, s'échappaient de ces yeux baissés quand les pénitents venaient demander le pardon de leurs péchés. La statue devenant le sujet des conversations lors des messes et des publications religieuses, les supplications qui lui étaient adressées furent condamnées comme des idioties. Puis le curé de cette époque démontra que ce qui avait été remarqué par deux ou trois personnes passsant régulièrement devant la statue – une certaine humidité sous les yeux – n'était rien de plus que des gouttes de pluies piégées dans les cavités creusées dans la pierre. La question fut réglée. Ceux qui avaient fermement cru en ce qu'ils n'avaient jamais réellement vu, ceux qui n'avaient jamais remarqué les feuilles dégoulinantes des branches qui surplombaient la statue, se sentirent aussi stupides que leurs maîtres spirituels avaient prédit qu'ils le seraient un jour. En une nuit, la Vierge Pleurante de Pouldearg redevint l'image peinte qu'elle avait toujours été. On l'avait appelée un temps Notre Dame du Droit chemin. statue; none had witnessed the tears that were said to slip out of the downcast eyes when pardon for sins was beseeched by penitents. The statue became the subject of attention in pulpits and in religious publications, the claims made for it fulminated against as a foolishness. And then a curate of that time demonstrated that what had been noticed by two or three local people who regularly passed by the statue – a certain dampness beneath the eyes - was no more than raindrops trapped in two overdefined hollows. There the matter ended. Those who had so certainly believed in what they had never actually seen, those who had not noticed the drenched leaves of overhanging boughs high above the statue, felt as foolish as their spiritual masters had predicted they one day would. Almost overnight the Weeping Virgin of Pouldearg became again the painted image it had always been. Our Lady of the Wayside, it had been called for a while. "I never heard people were taking photagraphs of it". Cahal's father shook his head as if he doubted his son, which he often did and usually with reason. ''A fellow was writing a book a while back. Going around all Ireland, tracking down the weeping statues." "It was no more than the rain at Pouldearg." "He'd have put that in the book. That man would have put the whole thing down, how you'd find the statues all over the place and some of them would be O.K. and some of them wouldn't." ''And you set the Spaniards right about Pouldearg?" "I did of course." "Drain the juice out of young Leahy's bike and we'll weld his leak for him." 'J'ai jamais entendu dire que des gens la prenaient en photo.' Le père de Cahal secoua la tête comme s'il ne croyait pas son fils, ce qui était souvent le cas et à juste titre. 'Un type écrivait un livre il y a quelque temps. Il parcourait l'Irlande à la recherche de toutes les statues qui pleurent.' 'Ce n'était que la pluie à Pouldearg.' 'C'est sûrement dans son bouquin. Il a dû tout écrire, comment on peut trouver des statues partout, certaines sont OK et d'autres non.' 'Et tu as renseigné les Espagnols sur Pouldearg?' 'Oui, bien sûr'. 'Vidange l'huile du vélo du petit Leahy et on va souder pour qu'il n'y ait plus de fuite'. Les doutes du père de Cahal étaient justifiées: la vérité n'avait joué qu'un petit rôle dans ce que Cahal avait dit au couple à propos de Pouldearg. Pensant aux 50 euros, il aurait considéré que c'était stupide de révéler que le miracle attribué à la statue de Pouldearg était sans fondement. Ils avaient entendu parler de la statue appelée Our Lady of Tears ainsi que de Our Lady of the Wayside et de la Sainte Vierge de Pouldearg par un homme dans un pub de Dublin avec qui ils avaient engagé la conversation. Ils eurent à le répéter plusieurs fois avant que Cahal ne comprenne ce qu'ils racontaient, mais en fin de compte, il pensa avoir tout saisi. Il ne serait pas difficile de rallonger le trajet de quatre ou cinq miles, et s'ils étaient induits en erreur par les noms qu'on donnait à la statue à Dublin cela ne le concernait pas. A sept heures cinq, après avoir dîné et regardé la télévision, il se rendit dans la cour de l'hôtel de Macey en voiture. Il attendit à cet endroit comme prévu. Ils apparurent presque immédiatement. Ils s'assirent l'un à côté de l'autre au fond. Avant qu'il ne redémarre le moteur, Cahal les avertit du montant et ils répondirent que c'était d'accord. Il traversa la ville qui retrouvait son calme comme elle le faisait toujours à cette heure-là. Certains magasins étaient encore ouverts et allaient le rester quelques heures encore -les marchands de journaux et les bureaux de tabac, les confiseries et petites épiceries, le supermarché de Quilan, tous les pubs- mais les rues étaient plus calmes. « Vous êtes en vacances ? » demanda Cahal. Il ne comprit pas grand chose à leur réponse. Ils parlaient en même temps, The suspicions of Cahal's father were justified: the truth had no more se corrigeant l'un l'autre. Après un grand nombre de répétitions, ils semblèrent lui dire qu'ils allaient se marier. than slightly played a part in « Eh bien, c'est magnifique. » répondit-il. what Cahal had told the Spanish couple about Pouldearg. With fifty Il tourna sur Loye Road. L'Espagnol parlait à l'arrière de la voiture. La radio ne euros at the back of his mind, he would have considered it a failure of his intelligence had he allowed marchait plus sinon il l'aurait allumée avant pour avoir une présence. La voiture était himself to reveal that the miracle once claimed for the statue at Pouldearg was without foundation. They had heard the statue called Our Lady of Tears as well as Our Lady of the Wayside and the Sacred Virgin of Pouldearg by a man in a Dublin public house with whom they had drifted into conversation. They'd had to repeat this a couple of times before Cahal grasped what they were saying, but he thought he got it right in the end. It wouldn't be hard to stretch the journey by four or five miles, and if they were misled by the names they'd heard the statue given in Dublin it was no concern of his. At five past seven, when he'd had his tea and had had a look at the television, he drove into the yard of Macey's Hotel. He waited there as he'd said he would. They appeared almost at once. They sat close together in the back. Before he started the engine again Cahal told them what the cost would be and they said that was all right. He drove through the town, gone quiet as it invariably did at this time. Some of the shops were still open and would remain so for a few more hours – the newsagents' and tabacconists', the sweetshops and small groceries, Quinlan's supermarket, all the public houses - but there was a lull on the streets. "Are you on holiday?" Cahal asked. He couldn't make much of their reply. Both of them spoke, correcting one another. After a lot of repetition they seemed to be telling him that they were getting married. "Well, that's grand," he said. He turned out onto the Loye Road. Spanish was spoken in the back of the car. The radio wasn't working or he'd have put it on for company. The car was a black Ford Cortina, a hundred and eighty thousand miles on the dock, that his father had taken in part exchange. They'd use it until the tax sticker expired and then put it aside for spares. Cahal thought of telling the passengers that in case they'd think he hadn't much to say for himself,. but he knew it would be une Ford Cortina noire. 290000 kilomètres au compteur et son père l'avait reprise. Ils l'utiliseraient jusqu'à ce que la vignette arrive à expiration, puis ils récupèreraient les pièces détachées. Cahal pensa le dire aux passagers au cas où ils penseraient qu'il n'avait pas de conversation mais il réalisa que c'était trop comliqué. Les Frères Chrétiens l'avaient catalogué comme n'ayant jamais rien à dire et c'était imprimé dans sa mémoire, l'effrayant quelquefois à l'idée que les gens pourraient croire qu'il était retardé. Dès qu'il le pouvait, Cahal essayait de faire mentir cela en faisant des commentaires: - « Vous êtes là depuis longtemps? » questionna-t-il. La fille dit qu'ils avaient passé deux jours à Dublin. Il dit que lui même y était allé plusieurs fois. Il dit qu'à partir de là, et jusqu'à leur arrivée à Pouldearg, l'environnement serait montagneux. La fille dit que le paysage était magnifique. Il prit l'embranchement au deux arbres morts, bien que continuer tout droit les auraient menés au même endroit en plus de temps mais avec des nids de poule. L'homme dit que c'était une bonne voiture pour les collines, Cahal répondit que c'était une Ford, heureux qu'ils comprennent. On pourrait s'y habituer, à leur langue, pensa-t-il, avec un peu plus de pratique, on arriverait à les comprendre. 'Comment diriez vous cela en espagnol?' dit-il par dessus son épaule. «Une statue? » ' Estatua ' dirent-ils tous les deux ensemble. 'Estatua'dirent-ils. ' Estatua', répéta Cahal en passant une vitesse pour aborder les collines de Loye. La fille tappa dans ses mains , et il pouvait voir son sourire dans le rétroviseur. Dieu, une femme comme ça, pensa-t-il. Donnez moi une femme comme celle-ci, se dit-il et il imagina qu'il était seul avec elle dans la voiture, que cet homme n'était pas là, qu'il n'était pas venu en Irlande avec elle et qu'il n'existait pas . 'Avez-vous entendu parler de Sainte Thérèse d'Avila? Entend-on parler d'elle en Irlande?' Il vit ses lèvres s'ouvrir et se refermer dans le rétroviseur, ses dents étincelèrent et pendant un moment un bout de sa langue dépassa. Elle avait prononcé avec beaucoup de clarté ce qu'elle lui avait demandé. 'Bien sûr que oui ' dit-il, confondant Sainte Thérèse d'Avila et la Sainte Thérèse qui avait été réputée pour son humilité et son attention portée aux petites choses. 'Magnifique' dit Cahal , 'vraiment magnifique'. A son grand grand désarroi , les Espagnols continuaient de discuter. Il sortait avec Minnie Fennelly, mais sans conteste, cette femme était mieux qu'elle. Les deux visages apparurent côte à côte dans son imagination et il n'y avait pas de comparaison possible. Il passa les maisons au-delà du pont, la route faisant des virages ensuite jusqu'au bout. Le météorologue avait annoncé à la radio, quelques temps plus tôt, le passage d’une averse, mais pourtant rien ne la présageait et le crépuscule tombait too difficult. The Christian Brothers had had him labeled as not having much to say for himself, and it had stuck in his memory, worrying him sometimes in case it caused people to believe he was slow. Whenever he could, Cahal tried to give the lie to that by making a comment. "Are you here long?" he inquired, and the girl said they'd been two days in Dublin. He said he'd been in Dublin himself a few times. He said it was mountainy from now on, until they reached Pouldearg. The scenery was beautiful, the girl said. He took the fork at the two dead trees, although going straight would have got them there, too, longer still but potholes all over the place. It was a good car for the hills, the man said, and Cahal said it was a Ford, pleased that he'd understood. You'd get used to it, he considered, with a bit more practicing you'd pick up the trick of understanding them. "How'd you say it in Spanish?" he called back over his shoulder. ''A statue?" ''Estatua, "they both said, together. ''Estatua,'' they said. ''Estatua,'' Cahal repeated, changing gears for the hill at Loye. The girl clapped her hands, and he could see her smiling in the rearview mirror. God, a woman like that, he thought. Give me a woman like that, he said to himself, and he imagined he was in the car alone with her, that the man wasn't there, that he hadn't come to Ireland with her, that he didn't exist. "Do you hear about St Teresa of Avila? Do you hear about her in Ireland?" Her lips opened and closed in the rearview mirror, her teeth flashing, the tip of her tongue there for a moment. What she'd asked him was as clear as anyone would say it. "We do of course," he said, confusing St. Teresa of Avila with the St Teresa who'd been famous for her humility and her attention to little things. "Grand," Cahal said of her also. "Grand altogether." To his disappointment, Spanish was spoken again. He was going with Minnie Pennelly, but, no doubt about it, this woman had the better of her. The two faces appeared side by side in his mind's eye and there wasn't a competition. He drove past the cottages beyond the bridge, the road twisting and turning all over the place after that. It said earlier on the radio there'd be showers but there wasn't a trace of one, the October evening en cette soirée d'octobre sans brise . « Plus qu’un kilomètre » dit-il, sans même tourner la tête, mais il n'entendait que de l'espagnol. En raison du temps, ils n’avaient aucune chance de prendre des photos s’ils avaient prévu d'en faire en arrivant là-bas. Avec ses nombreux arbres, Pouldearg était sans cesse plongée dans l’obscurité. Il se demanda si les Allemands avaient déjà marqué un but, car si ses économies le lui avaient permis, il aurait parié sur eux. Avant d’arriver à destination, Cahal conduisit la voiture sur le bord de la route large et sèche. Il pensait qu’un de ces pneus était dégonflé. Après vérification, il estima qu’il avait perdu cinq à six livres d’air. « Ca me prendra pas plus d'une minute. » rassura Cahal. Il fouilla le coffre où était entassé de vieux journaux, des outils, et des bidons vides de peinture afin de prendre une pompe. Il pensa un instant qu'il ne la retrouverait pas, et se demanda ce qu'il ferait si la roue de secours était à plat, ce qui était parfois le cas pour une voiture d'occasion. Finalement, la pompe à la main, Cahal regonfla rapidement le pneu pour ainsi continuer sa route. Il verrait ce qu'il en était quand la voiture arrivait au carrefour de Pouldearg. A leur arrivée, il n’y avait pas assez de lumière pour prendre une photo, mais l'homme et la femme montèrent prés du Wayside Virgin, qui était plus de travers que Cahal ne s'en souvenait en pensant à son dernier passage à peine un an avant. Le pneu s’était encore dégonflé, et tandis que les passagers semblaient plus occupés, Cahal changea le pneu ayant vu que le pneu de secours n'était pas à plat. Il avait tout le loisir de les entendre parler espagnol, bien qu’ils ne parlent pas très fort. Quand les touristes retournèrent à la voiture, elle était encore sur le cric et ils durent attendre, postés sur la route près de lui. Cela ne semblait pas les déranger grandement. Il pourrait encore voir la plus grande partie de la seconde mi-temps, se dit Cahal quand il reprit la voiture pour rentrer. On ne savait jamais combien de temps ça durerait, combien de temps il faudrait attendre les touristes qui regardaient partout. « Elle vous convient? » leur demanda-t-il, en allumant les phares de la voiture pour voir les plaques d'égoûts. Ils répondirent en espagnol, comme s’ils avaient oublié que Cahal ne comprenait strictement rien. La statue se penche un peu plus chaque jour, dit-il, mais ils ne comprirent pas. Le couple de touriste évoqua l’homme qu’ils avaient rencontré dans le pub de Dublin. Ils tenaient un discours incompréhensible, une sorte de charabia de mots anglais qui semblaient toujours tourner autour du même leitmotiv, celui du mariage. A la fin, il sembla à Cahal que l’homme du pub leur avait dit que les gens étaient bénits lorsqu’ils venaient à Pouldearg comme pélerins « Vous lui avez offert un verre ? » demanda-t-il en vain, ils ne comprenaient toujours pas. Ils ne rencontrèrent pas d'autre voiture, même pas une simple without a breeze, dusk beginning. "Not more than a mile," he said, not turning his head, but the Spanish was still going on. If they were planning to take photographs they mightn't be lucky by the time they got there. With the trees, Pouldearg was a dark place at the best of times. He wondered if the Germans had scored yet. He'd have put money on the Germans if he'd had any to spare. Before they reached their destination, Cahal drew the car onto the verge where it was wide and looked dry. He could tell from the steering that there was trouble and found it in the left front wheel, the tire leaking at the valve. Five or six pounds it would have lost, he estimated. "It won't take me a minute," he reassured his passengers, rummaging behind where they sat, among old newspapers and tools and empty paint tins, for the pump. He thought for a moment it mightn't be there and wondered what he'd do if the spare tire was flat, which sometimes it was if a car was a trade-in. But the pump was there and he gave the partially deflated tire a couple of extra pounds to keep it going. He'd see how things were when they reached Pouldearg crossroads. When they did, there wasn't enough light for a photograph, but the man and woman went up close to the Wayside Virgin, which was more lopsided than Cahal remembered from the last time he'd driven by it, hardly longer than a year ago. The tire had lost the extra pressure he'd pumped in, and while they were occupied he began to change the wheel, having discovered that the spare tire wasn't flat. All the time he could hear them talking in Spanish, although their voices weren't raised. When they returned to the car it was still jacked up and they had to wait for a while, standing on the road beside him, but they didn't appear to mind. He'd still catch most of the second half, Cahal said to himself when eventually he turned the car around and began the journey back. You never knew how you were placed as regards how long you'd be, how long you'd have to wait for people while they poked about. "Was she all right for you?" he asked them, turning on the headlights so that the potholes would show up. They answered in Spanish, as if they had forgotten that it wouldn't be any good. She'd fallen over a bit more, he said, but they didn't understand. They brought up the man they'd met in the public house in Dublin. They kept repeating something, a gabble of English words that still appeared to be about getting married. ln the end, it seemed to bicyclette, alors qu'ils redescendaient. Il avait eu de la veine avec le pneu: ils auraient bien pu dire qu’ils n’auraient pas payé s’ils avaient dû rester toute la nuit dans les collines. Ils ne parlaient plus, quand Cahal regarda dans le rétroviseur le couple était en train de s’embrasser, il ne voyait que leurs silhouettes enlacées, sur la banquette arrière. Ce fut juste après avoir passé les arbres morts, qu'une petite fille sortit en courant, d’une petite maison bleue, et fila rapidement vers la voiture. Cahal avait déjà entendu parler de cette petite fille. Cela ne lui était jamais arrivé mais on en parlait souvent, c’était même la première fois qu’il voyait une enfant sur cette route. Il entendit un bruit sourd pas plus d’une seconde après que les phares ont dessiné sur le mur la robe blanche et puis lil y eut le mouvement brusque de la jeune fillette Cahal ne s’arrêta pas. Dans son rétroviseur, la route était devenue sombre. Il vit quelque chose de blanc, étendu à terre, mais Cahal se dit qu’il l’avait imaginé. Cependant à l' arrière la Cortina l'étreinte se poursuivait. La sueur dégoulinait sur la paume des mains de Cahal, le long de son dos et de son front. Elle s’était jetée sur le coté de la voiture, juste contre sa portière et c’est là où était le point d’impact. Sa mère était une femme célibataire qui vivait dans cette petite maison bleue, Cahal en avait entendu souvent parler au garage. Fitzie Gill lui avait montré les dégâts causés à sa voiture, et avait dit que la petite fille avait dû avoir une pierre dans la main. Mais d’habitude il n’y avait aucun dégât et la petite n'avait jamais été blessée. Les bungalows annonçaient la ville, on pouvait voir la lumière dans chacun d’entre eux. On parlait à nouveau espagnol et on lui demanda à quelle heure le bus pour Galway partait. Il régna une grande confusion car lCahal pensa qu'ils voulaient dire le soir même, mais il se rendit compte qu'ils parlaient du lendemain matin. Il leur dit et en le payant dans la cour de Macey, ils lui tendirent un crayon et un petit cahier. Il ne savait pas à quoi cela servirait mais ils le lui montrèrent, en gesticulant et il nota l' horaire du bus. Ils lui serrèrent la main avant d’entrer dans l’hôtel. Très tôt au petit matin, vers une heure et demie, Cahal se réveilla brusquement et ne pu se rendormir de sitôt. Il essayait de se rappeler ce qu’il avait vu du football, les mouvements, les arrêts, et les deux cartons jaunes que l’arbitre avait sortis. Mais rien ne semblait coller totalement, comme si les images de la télévision et les fragments de commentaire provenaient d’un rêve et il savait que ce n'était pas le cas. Il avait examiné minutieusement le côté de sa voiture mais n'avait rien vu. Cahal avait éteint les lumières du garage et lavaitfermé à clé. Il avait regardé l’équipe de Shannon jouer mais n'avait pas vu la fin car il s’était désintéressé de ce match où il ne se passait rien. Il aurait dû s’arrêter mais il ne savait pas pourquoi il ne l’avait pas fait. Il n'arrivait pas à se rappeler s’il avait freiné. Il ne savait pas s’il avait essayé, ni s'il avait eu assez de temps pour y arriver. On avait vu la Ford Cortina partir puis revenir sur Loye Road. Son père Cahal that this man had told them people received a marriage blessing when they came to Pouldearg as penitents. "Did you buy him drinks?" he asked, but that wasn't understood, either. They didn't meet another car, nor even a bicycle, until they were farther down. He'd been lucky over the tire: they could easily have said they wouldn't pay if he'd had them stranded all night in the hills. They weren't talking anymore; when he looked in the mirror they were kissing, no more than shadows in the gloom, arms around one another. lt was then, just after they'd passed the dead trees, that the child ran out. She came out of the blue cottage and ran at the car. He'd heard of it before, the child on this road who ran out at cars. It had never happened to himself, he'd never even seen a child there any time he'd passed, but often it was mentioned. He felt the thud no more than a second after the headlights picked out the white dress by the wall and then the sudden movement of the child running out. Cahal didn't stop. ln his mirror the road had gone dark. He saw something white lying there but said to himself he had imagined it. ln the back of the Cortina the embrace continued. Sweat had broken out on the palms of Cahal's hands, on his back and his forehead. She'd thrown herself at the side of the car and his own door was what she'd made contact with. Her mother was the unmarried woman of that cottage, many the time he'd heard that said in the garage. Fitzie Gill had shown him damage to his wing and said the child must have had a stone in her hand. But usually there wasn't any damage, and no one had ever mentioned damage to rhe child herself. Bungalows announced the town, all of them lit up now. The Spanish began again, and he was asked if he could tell them what time the bus went to Galway. There was confusion because he thought they meant tonight, but then he understood it was the morning. He told them, and when they paid him in Macey's yard the man handed him a pencil and a notebook. He didn't know what that was for, but they showed him, making gestures, and he wrote down the time of the bus. They shook hands with him before they went into the hotel. ln the very early morning, just after half past one, Cahal woke up and couldn't sleep again. He tried to recall what he'd seen of the football, the moves there'd been, the saves, the yellow card shown twice. But nothing seemed quite right, as if the television pictures and snatches of the commentary had come from a dream, which he knew connaissait le chemin qu'il avait emprunté, au-delà de la maison de la célibataire. Les Espagnols auraient dit à l'hotel qu'ils étaient en partance pour Galway. Ils pourraientnt être retrouvés là-bas pour être questionnés. Dans la nuit, Cahal essaya de revisualiser la scène. Ils avaient dû entendre le choc. Ils n'avaient pas su ce que c'était, mais ils l'avaient perçu alors qu'ils s'embrassaient. Ils se souviendraient du temps qui séparait leur arrivée sur le parking de Macey à l'incident en question. Soudain Cahal réalisa que ce qui trainait sur la route n'était pas une robe blanche, elle était trop longue pour être une simple robe, on aurait eu l'impression d'une chemise de nuit. Il avait vu la célibataire qui vivait dans cette maison, plusieurs fois, adans les magasins. On disait que c'était une couturière, trapue avec un regard sombre et inquisiteur, une déformation qui la rendait moins attirante qu'elle aurait pu l'être. Quand sa fille était née, le père était inconnu – même elle ne le connaissait pas – c'est ce qui se disait, bien que ce fut une affirmation sans preuve. Les gens disaient aussi qu'elle ne parlait pas de la naissance de son enfant. Allongé dans l'obscurité Cahal résistait à son besoin de se lever pour retourner là-bas et vérifier par lui même; de marcher vers cette maison bleue, puisque reprendre la voiture aurait été stupide; de chercher sur la route pour voir ce qui s'y trouvait. Souvent Minnie Fennelly et lui se levaient au beau milieu de la nuit pour se voir dans la remise derrière sa maison. Ils s'allongeaient sur les filets de pêche pour se susurrer des mots doux et se caresser pendant une bonne partie de la nuit, ce qu'ils ne pouvaient faire nulle part ailleurs le jour. Le mieux qu'ils pouvaient espérer pendant la journée était de se retrouver une demi - heure dans la Ford Cortina, n'importe où dans la campagne. Ils pouvaient passer la moitié de la nuit dans la remise. Il calcula le temps qu'il lui faudrait pour aller à pied là où l'incident avait eu lieu. Il voulait y être, ne rien trouver sur la route et en clore ses yeux de soulagement. Parfois l'aube s'était levée quand il se séparait de Minnie Fennelly. Il s'imagina aussi, que la lumière commencerait à poindre quand il rentrerait de la campagne à la ville, se sentant à nouveau bien. Mais cela n'allait certainement pas être le cas. « Un jour cette enfant se fera tuer. », entendit-il Fitzie Gill dire, et quelqu'un d'autre dit que cette femme ne savait pas s'occuper de l'enfant. Elle était livrée à ellemême dans la maison, disait-on, même la nuit alors que cette femme se saoulait chez Leahy, essayant de trouver un homme pour lui tenir compagnie. Cette nuit là, Cahal ne se rendormit pas. Et toute la journée suivante il attendit qu'une personne vienne au garage et dise qu'ils avaient trouvé quelque chose. Mais personne ne le fit ce jour là, ni le lendemain, ni le surlendemain non plus. Les Espagnols devaient maintenant avoir quitté Galway, et la mémoire des gens qui, peut être, avaient remarqué la Ford Cortina commençait à être défaillante. Cahal fit le compte des conducteurs qui avaient eu un accident similaire avec cette enfant et se dit qu'aprés tout, peut être, avait-il été chanceux. Cependant il mettrait they hadn't. He had examined the side of the car in the garage and there'd been nothing. He had switched out the lights of the garage and locked up. He'd watched the football in Shannon's and hadn't seen the end because he lost interest when nothing much was happening. He should have stopped; he didn't know why he hadn't. He couldn't remember braking. He didn't know if he'd tried to; he didn't know if there hadn't been time. The Ford Cortina had been seen setting out on the Loye Road and then returning. His father knew the way he'd gone, past the unmarried woman's cottage. The Spaniards would have said in the hotel they'd seen the Virgin. They'd have said in the hotel they were going on to Galway. They could be found in Galway for questioning. ln the dark Cahal tried to work it out. They would have heard the bump. They wouldn't have known what it was, but they'd have heard it while they were kissing. They would remember how much longer it was before they got out of the car in Macey's yard. It hadn't been a white dress, Cahal realized suddenly; it trailed on the ground, too long for a dress, more like a nightdress. He'd seen the woman who lived there a few times when she came in to the shops, a dressmaker they said she was, small and wiry with dark inquisitive eyes and a twist in her features that made them less appealing than they might have been. When her child had been born to her, the father had not been known-not even to herself, so it was said, though possibly without justification. People said she didn't speak about the birth of her child. As Cahal lay in the darkness, he resisted che compulsion to get up in order to go back and see for himself; to walk out to the blue cottage, since to drive would be foolish; to look on the road for whatever might be there, he didn't know what. Often he and Minnie Fennelly got up in the middle of the night in order to meet in the back shed at her house. They lay on a stack of netting there, whispering and petting one another, the way they couldn't anywhere in the daytime. The best they could manage in the daytime was half an hour in the Ford Cortina out in the country somewhere. They could spend half the night in the shed. He calculated how long it would take him to walk out to where the incident had occurred. He wanted to; he wanted to get there and see nothing on the road and to close his eyes in relief. Sometimes dawn had come by the time he parted from Minnie Fennelly, and he imagined that, too, the light beginning as he walked in from the country feeling all right again. But more likely he wouldn't be. "One day that kid'll be killed," he heard Fitzie Gill saying, and un certain temps avant de reconduire au delà de cette maison, si jamais il y retournait un jour. Puis quelque chose se produisit qui changea tout. Un soir Minnie Fennelly lui dit dans le Cyber Café: « Ne te retourne pas, quelqu'un te fixe. » « C'est qui ? » « La couturière, tu la connais? » Les frites qu'ils avaient commandées arrivèrent juste après. Cahal ne disait rien, mais il savait que tôt ou tard il ne pourrait pas s'empêcher de regarder autour de lui. Il voulut demander si la femme était avec sa fille, mais en ville il l'avait toujours vu seule et savait qu'elle ne pouvait pas être là. Si c'était le cas, il y aurait une chance sur mille, pensait-il. L'appréhension qui l'avait hanté la nuit de l'incident submergeait sa conscience et l'empêchait de penser à autre chose. « Oh mon Dieu! J'en ai froid dans le dos! » murmura Minnie Fennelly en mettant du vinaigre sur ses frites. Cahal regarda autour d'eux. Il aperçut la couturière, seule, et se retourna rapidement. Il pouvait sentir son regard dans son dos. Elle avait surement été chez Leahy; la manière dont elle se tenait suggèrait qu'elle était ivre. Quand ils eurent fini les frites et le café qu'on leur avait apporté alors qu'ils attendaient, il demanda si elle était toujours là. « Oui pour sûr. Tu la connais? Elle est déjà venue au garage? » « Ah non, elle n'a pas de voiture. Elle n'y est jamais entrée. » « Je ferais mieux de rentrer Cahal. » Il ne voulait pas partir tant que la femme serait là. Mais s'ils restaient, ils pourraient attendre des heures. Il ne voulait pas passer près d'elle mais dès qu'il irait payer, il devrait le faire. Lorsqu'ils le firent, elle s'adressa à Minnie Fennelly, pas à lui. « Voulez-vous que je vous fasse votre robe de mariée? » proposa la couturière. « Penserez-vous à moi lorsque vous en voudrez une? » Et Minnie Fennelly rit et dit qu'en aucune manière elle n'était prête à porter une robe de mariée. « Cahal sait où me trouver. » dit la couturière. « Pas vrai Cahal? » « Je pensais que tu ne la connaissais pas. » dit Minnie Fennelly lorsqu'ils furent dehors. Trois jours plus tard, Mr Durcan laissa sa Riley d'avant-guerre au garage car le frein marchait mal. Il avait tout arrangé pour revenir à quatre heures et avant de partir il dit, « As-tu entendu parler de la fille de la couturière? » Il n'était pas du genre à dire n'importe quoi. Exigeant, avec sa fine moustache noire, sa Riley Sports - fierté de sa vie de célibataire-, il était aussi ordonné dans ce qu'il disait que dans sa manière de s'habiller. someone else said the woman wasn't up to looking after the kid. The child was left alone. in the house, people said, even for a night while the woman drank by herse!f in Leahy's, looking around for a man to keep her company. That night, Cahal didn't get back to sleep. And all the next day he waited for someone to walk into the garage and say what had been found. But no one did, and no one did the next day, either, or the day after that. The Spaniards would have gone on from Galway by now, the memories of people who had maybe noticed the Ford Cortina would be getting shaky. And Cahal counted the drivers who he knew for a fact had experienced similar incidents with the child and said to himse!f that maybe, after all, he'd been fortunate. Even so, it would be a long time before he drove past that cottage again, if ever he did. Then something happened that changed all that. Sitting with Minnie Fennelly in the Cyber Café one evening, Minnie Fennelly said, "Don't look, only someone's staring at you." "Who is it?" "D'you know that dressmaker woman?" They'd ordered chips and they came just then. Cahal didn't say anything, but knew that sooner or later he wasn't going to be able to preveny himself from looking around. He wanted to ask if the woman had her child with her, but in the town he had only ever seen her on her own and he knew that the child wouldn't be there. If she was, it would be a chance in a thousand, he thought, the apprehension that had haunted him on the night of the incident flooding his consciousness, stifling everything e!se. "God, that one gives me the creeps!" Minnie Fennelly. muttered, splashing vinegar onto her chips. Cahal looked round them. He caught a glimpse of the dressmaker, alone, before he quickly looked back. He could still feel her eyes on his back. She would have been in Leahy's; the way she was sitting suggested drunkenness. When they'd finished their chips and the coffee they'd been brought while they were waiting, he asked if she was still there. "She is, all right. D'you know her? Does she come into the garage?" "Ah no, she hasn't a car. She doesn't come in." ''l'd best be getting back, Cahal." He didn't want to go yet, while the woman was there. But if they waited they could be here for hours. He didn't want to pass near her, but as soon as he'd paid and stood up he saw they'd have to. When they did she spoke to Minnie Fennelly, not him. « Elle a disparu » dit-il alors. « La police est sur le coup » C'était au père de Cahal qu'on l'avait signalé. Cahal, le système de refroidissement du fourgon de pain de Gibney en pièces sur un établi, venait juste de trouver où le tuyau était déterioré. « Elle est arriérée, cette gosse » dit son père. « Oui. » « On raconte des histoires » « Elle est partie d' elle même quelque part. Ils ont barrés deux routes, demandant si elle avait été vue.» Le malaise qui ne l'avait pas quitté depuis que le couturière était dans le Cyber-Café recommença à embêter Cahal quand il entendit parler de ça. Il demanda quelles questions la police avait posées; il se demanda quand l'enfant était parti; malgré ses efforts, aucun élément ne collait. « Cette femme n'est-elle pas elle-même arriérée? » remarqua son père quand M. Duncan fut parti. « Mais, a-t-elle déjà levé le petit doigt pour s'occuper de son enfant? » Cahal ne dit rien. Il essaya de penser à son mariage avec Minnie Fennelly, bien que rien n'était encore fixé, qu'aucun accord n'avait été passé entre eux. Ses traits généreux et honnêtes devinrent vifs pendant un instant dans sa conscience, la même rondeur dans ses bras et dans ses mains. Il avait toujours trouvé cela attirant, depuis la première fois qu'il l'avait remarquée quand elle était encore chez les soeurs. Il n'aurait pas dû penser à la fille espagnole, il n'aurait pas dû se laisser aller. Il aurait dû leur dire que la statue n'était rien, que l'homme qu'ils avaient rencontré s'était moqué d'eux pour se faire offrir à boire. « Une fois, ta mère lui avait fait faire des rideaux pour la chambre du fond » dit son père. « Est-ce que tu t'en rappelles? » Cahal secoua de la tête. « Ah, tu devait avoir dans les cinq ans en ce temps-là, peut-être même plus jeune. Elle venait de se mettre couturière, son père était encore dans le cottage avec elle. Les prêtres disaient de lui donner du travail car elle était nécessiteuse. Bon sang, ils ne le diraient plus maintenant. » Cahal alluma la radio et augmenta le son. Madonna chantait, et il l'imagina dans la tenue qu'elle avait créée quelques années avant, une ligne de sousvêtements. Il l'avait trouvée géniale. « Je prends la Toyota » dit son père, la sonnette retentit depuis la cour de devant, quelqu'un attendait là pour se faire servir de l'essence. Cela ne le concernait pas, se dit Cahal en allant répondre. Ce qui s'est passé le soir du match Allemagne/Hollande était quelque chose de totalement différent des nouvelles que Mr Durcan avait apportées, il n'y avait aucun lien. « Salut! » il héla le conducteur du bus scolaire à la pompe. "Will I make your wedding dress for you?" the dressmaker offered. "Would you think of me at all when it'll be the time you'd want it?" And Minnie Fennelly laughed and said no way they were ready for wedding dresses yet. "Cahal knows where he'll find me," the dressmaker said. 'Amn't I right, Cahal?" "I thought you didn't know her," Minnie Fennelly said when they were outside. Three days after that, Mr. Durcan left his prewar Riley in because the hand brake was slipping. He'd come back for it at four, he arranged, and said before he left, "Did you hear that about the dressmaker's child?" He wasn't the kind to get things wrong. Fussy, with a thin black mustache, his Riley Sports the pride of his bachelor life, he was as tidy in what he said as he was in how he dressed. "Gone missing," he said now. "The Gardai are in on it." It was Cahal's father who was being told yhis. Cahal, with the cooling system from Gibney's bread van in pieces on a workbench, had just found where the tube had perished. "She's backward, the child," his father said. "She is." "You hear tales." "She's gone off for herself, anyway. They have a block on a couple of roads, asking was she seen." The unease that hadn't left him since the dressmaker had been in the Cyber Café began to nag again when Cahal heard that. He wondered what questions the Gardai were asking; he wondered when it was that the child had taken herself off; although he tried, he couldn't piece anything together. "lsn't she a backward woman herself, though?" his father remarked when Mr. Durcan had gone. "Sure, did she ever lift a finger to tend that child?" Cahal didn't say anything. He tried to think about marrying Minnie Fennelly, although still nothing was fixed, not even an agreement between themselves. Her plump, honest features became vivid for a moment in his consciousness, the same plumpness in her arms and her hands. He found it attractive, he always had, since first he'd noticed her when she was still going to the nuns. He shouldn't have had thoughts about the Spanish girl, he shouldn't have let himself. He should have told them the statue was nothing, that the man they'd met had been pulling a fast one for the sake of the drinks they'd buy him. On retrouva la fille de la couturière à l'endroit où elle était depuis plusieurs jours, au fond d'un trou. Elle était à moitié recouverte de schiste, dans une carrière abandonnée à quelques centaines de mètres de chez elle. Il y avait des années que la dernière pierre avait été déplacée, et on avait posé des fils barbelés et signalé le danger par deux panneaux. La fille avait dû ramper sous l'enchevêtrement de ces fils, dit l'agent de police et un grillage remplaça les barbelés en un jour. En ville, la couturière fut condamnée et blâmée derrière son dos pour la tragédie qui venait de se dérouler. Que son propre père, qui l'avait élevée seul depuis la mort de sa femme, fut aussi celui de l'enfant était une vraie calomnie. On ne le disait pas avant mais cela venait à présent naturellement dans la pauvre existence d'une enfant qui avait vécu et était morte de façon lamentable. « Comment vas-tu Cahal? » Cahal entendit derrière lui la voix de la couturière alors que, à l'aube d'un jour de novembre, il se dirigeait vers l'abri où lui et Minnie Finnelly cédaient à quelques affections. Il n'était pas encore une heure et la ville était sombre, hormis quelques rues où les lumières étaient allumées comme la Rue Principale. « Voudrais-tu venir chez moi Cahal? Et si nous allions chez moi à pied? » Pendant qu'elle lui parlait, Cahal lui tournait le dos et continuait sa route. Il savait qui était là. Il savait qui c'était mais ne se retourna pas. « Laisse-moi tranquille » dit-il. « Nombreuses sont les nuits où je me repose sur le bord du fleuve et nombreuses sont celles où je te vois. Tu es toujours pressé, Cahal. » « Et je le suis aussi maintenant. » « Une heure du matin! A d'autres, Cahal! » « Je ne te connais pas. Je n'ai aucune envie de te parler. » « Elle avait disparue depuis cinq jours avant que j'aille voir la police. Ce n'était pas le première fois que ça se passait. Il n'y avait pas une seule minute sans qu'elle soit dehors, sur la route. » Cahal ne dit rien. Sans même se retourner, il pouvait sentir l'odeur d'alcool, âcre et éventée, qui la suivait. « Je n'y suis pas allée plus tôt de peur qu'ils trouvent des indices frais... Tu me comprends Cahal? » Cahal s'arrêta. Il se retourna et elle faiilit se cogner à lui. Il lui ordonna de partir. « La route comptait beaucoup pour elle et la première chose qu'elle faisait le matin était d'aller courir jusqu'aux voitures sans même prendre la peine d'avaler quelque chose. Puis, elle quittait la route pour se rendre à la statue de la Vierge. Elle s'agenouillait alors à ses pieds toute la journée jusqu'à ce qu'un vieillard la trouve et me la ramène. Il la prenait par la main et ils marchaient tous deux jusqu'à la porte. Oh maintes fois, Cahal. N'était-ce pourtant pas le premier endroit o^les policiers avaient vérifié lorsque j'en avais parlé au sergent ? N'importe quelle femme aurait fait "Your mother had that one run up curtains for the back room," his father said. "Would you remember that, boy?" Cahal shook his head. "Ah, you wouldn't have been five at the time, maybe younger yet. She was just after setting up with the dressmaking, her father still there in the cottage with her. The priests said give her work on account she was a charity. Bedad, they wouldn't say it now!" Cahal turned the radio on and turned the volume up. Madonna was singing, and he imagined her in the getup she'd fancied for herself a few years aga, suspenders and items of underclothes. He'd thought she was great. 'I'm taking the Toyota out," his father said, and the bell from the forecourt rang, someone waiting there for petrol. It didn't concern him, Cahal told himself as he went to answer it. What had occurred on the evening of Germany and Holland was a different thing altogether from the news Mr. Durcan had brought, no way could it be related. "Howya," he greeted the school-bus driver at the pumps. The dressmaker's child was found where she'd lain for several days, at the bottom of a fissure, half covered with shale, in the exhausted quarry half a mile from where she'd lived. Years ago the last of the stone had been carted away and a barbed-wire fence put up, with two warning notices about danger. She would have crawled in under the bottom strand of wire, the Gardai said, and a chain-link fence replaced the barbed wire within a day. ln the town the dressmaker was condemned, blamed behind her back for the tragedy that had occurred. That her own father, who had raised her on his own since her mother's early death, had himself been the father of the child was an ugly calumny, not voiced before, but seeming now to have a natural place in the paltry existence of a child who had lived and died wretchedly. "How are you, Cahal?" Cahal heard the voice of the dressmaker behind him when, early one November morning, he made his way to the shed where he and Minnie Fennelly indulged their affection for one another. It was not yet one o' clock, the town lights long ago extinguished except for a few on Main Street. "Would you come home with me, Cahal? Would we walk out to where l am?" All this was spoken to his back while Cahal walked on. He knew who was there. He knew who it was; he didn't have to look. "Leave me alone," he said. "Many's the night I rest myself on the river seat and many's the night l tout pour les siens « Vas-tu me laisser tranquille ! » « Il était sept heures quand elle est partie, peut-être vingt passés. J'avais ouvert ma porte pour aller chez Leahy et j'ai vu la voiture noire passer et tu étais à l'intérieur. On remarque toujours une voiture dans la soirée, seulement après, je suis rentrée tard de chez Leahy et elle était déjà partie. Tu m'as compris Cahal? » « Ca n'a rien à voir avec moi ! » Cahal je me suis dit qu'il était revenu de la même manière qu'il était parti, mais je ne l'ai pas mentionné aux policiers. Etait-elle en train d'errer dans sa chemise de nuit? C'était ce qu'ils m'ont demandé et je leur ai dit qu'elle serait derrière la porte avant qu'on ne s'en rende compte. Est-ce qu'on va à la maison, Cahal? _ Je n'irais nulle part avec toi. _ Je ne te ferai aucun reproche, Cahal. _ Il n'y a rien à me reprocher. J'avais des personnes dans la voiture ce soir-là. _ Je jure devant Dieu que ce qui s'est passé est fini. Rentre avec moi tout de suite Cahal. _Rien ne s'est passé, rien n'est fini. Pendant tout ce temps il y avait des Espagnols dans la voiture. Je les ai conduits jusqu'à Pouldearg puis nous sommes revenus à l'hôtel de Macey. _Minnie Fennelly ne te sert à rien Cahal. Il n'avait jamais vu la couturière de si près auparavant. Elle était plus jeune qu'il ne l'avait cru jeune mais cependant elle avait l'air de ce qu'elle était - elle semblait un peu plus âgée que lui, peut être de douze ou treize ans. Les rides qui marquaient son visage n'étaient pas laides, mais ce qui avait fait autrefois le charme de son visage avait disparu, et il se souvenait de la beauté impeccable de la jeune Espagnole et de la nature soyeuse de ses cheveux. Les cheveux de la couturière étaient noirs également mais sauvages et emmêlés, mal-coiffés et tombant sur ses épaules. Ces yeux qui l'avaient regardé fixement et intensément dans le Cyber Café étaient troubles. Ces lèvres pulpeuses s'étiraient en un sourire, une de ses dents était légèrement ébréchée. Cahal s'éloigna et elle ne le suivit pas. Ce fut le début et non la fin. En ville, bien que jamais la nuit, elle était toujours là: Cahal savait que c'était une impression tellement sa présence était importante pour lui. Elle soignait son image; elle portait des vêtements noirs ce qui amenait les gens à penser qu'elle faisait le deuil de son enfant et qu'elle avait cessé de fréquenter le pub de Leahy. Elle avait été vue peignant dans les mêmes nuances de bleu le devant de sa petite maison et entretenir son jardin plein de broussailles. Elle revenait des magasins de la ville à pied et ne faisait jamais d'auto-stop. En continuant ses réparations quotidiennes et en servant l'essence, Cahal ne parvenait pas à chasser de son esprit le lien qui l'unissait à la couturière et dont elle lui avait fait part quand elle l'avait suivi cette nuit-là et il savait les raisons de sa peur dorénavant ancrée en lui. Cahal avait peur sans savoir réellement de quoi il avait see you. You'd always be in a hurry, Cahal." 'I'm in a hurry now." "One o'clock in the morning! Arrah, go on with you, Cahal!" "I don't know you. l don't want to be talking to you." "She was gone for five days before l went to the Guards. It wouldn't be the first time she was gone off. A minute wouldn't go by without she was out on the road." Cahal didn't say anything. Even though he still didn't turn round he could smell the drink on her, stale and acrid. "I didn't go to them any quicker for fear they'd crack down the way it was when the lead would be fresh for them. D'you understand me, Cahal?" Cahal stopped. He turned round and she almost walked into him. He told her to go away. "The road was the thing with her. First thing of a morning she'd be running at the cars without a pick of food inside her. The next thing is she'd be off up the road to the statue. She'd kneel to the statue the whole day until she was found by some old fellow who'd bring her back oa me. Some old fellow'd have her by the hand and they'd walk in the door. Oh, many's the time, Cahal. Wasn't it the first place the Guards looked when l said that to the sergeant? Any woman'd do her best for her own, Cahal." "Will you leave me alone!" "Gone seven it was, maybe twenty past. l had the door open to go in to Leahy's and l seen the black car going by and yourself inside if. You always notice a car in the evening time, only the next thing was l was late back from Leahy's and she was gone. D'you understand me, Cahal?" "It's nothing to do with me." "He'd have gone back the same way he went out, l said to myself, but l didn't mention it to the Guards, Cahal. Was she in the way of wandering in her nightdress? was what they asked me and l told them she'd be out the door before you'd see her. Will we go home, Cahal?" 'I'm not going anywhere with you." "There'd never be a word of blame on yourself, Cahal." "There's nothing to blame me for. l had people in the car that evening. " "I swear before God, what's happened is done with. Come back with me now, Cahal." "Nothing happened, nothing's done with. There was Spanish people in the car the entire time. l drove them out to Pouldearg and back again peur et quand il essaya de le comprendre il fut tout abasourdi. Il commenca à aller à la messe, à se confesser plus souvent qu'auparavant. Son père remarqua lui aussi qu'il était moins causant avec les clients qui passaient à la pompe ou qui lui laissaient leurs voitures. Sa mère s'était demandée d'où venait son état anémique et lui donna alors des pilules de fer. En revenant deux ou trois jours sa soeur qui vivait encore en Irlande dit que ses ennuis devaient certainement avoir quelque chose à voir avec Minnie Fennelly. Pendant tout ce temps -de façon tout à fait normale - l'enfant était hissée de la fissure dans les rochers, en chemise de nuit comme quand Cahal l'avait vue, emmitouflée et enveloppée comme les morts sont enveloppés. S'il n'avait pas dû changer la roue il serait passé devant la maison de campagne à un autre moment et elle ne se serait pas jetée sur la route, n'aurait pas eu envie de le faire. S'il avait expliqué aux Espagnols que les pleurs de la Vierge n'était que de la pluie, il n'aurait pas été sur la route du tout. La couturière ne chercha même pas à lui parler à nouveau mais il savait que cette nouvelle peinture bleue, et ces habits de deuil qui n'étaient pas, avec le temps, abandonnés, que les fleurs qui étaient venues remplir le petit jardin de devant étaient toutes pour lui. Quand un peu plus d'une année fut passée depuis la soirée où il avait conduit le couple d' Espagnols à Pouldearg, il assista au mariage de Minnie Fennelly à Des Downey, un vétérinaire d'Athenry. La couturière ne l'avait pas dit, mais voilà ce qu'il y avait entre eux dans les rues obscures: il y était retourné comme il en avait eu envie au lieu de rester au lit durant toute la nuit sans parvenir à dormir. Son enfant était là où elle était tombée sur la route et il l'avait porté jusqu'à la carrière. Et Cahal savait que c'était la couturière, et non lui, qui l'avait fait. Il rendait visite à la Vierge en espérant toujours qu'elle soit là. Il se mettait à genoux et ne demandait rien. Il se parlait à lui même en jurant de réparer sa faute et en promettant d'accepter tout ce qui pourrait être dit sur lui pour s'être associé aux moqueries de l'homme que les Espagnols avaient rencontré par hasard à Dublin, pour s'être moqué de la silhouette de travers sur la route, pour avoir pris cinquante euros. Il les avait regardés s'embrasser. Il avait pensé à Madonna en tenue d'Eve, sans s'offusquer du nom qu'elle s'était choisi. Un jour qu'il était à Pouldearg , Cahal remarqua ce qui avait été pris auparavant pour des larmes sur la joue de la Vierge. Il toucha le creux où l'humidité s'était accumulée et porta son doigt mouillé à ses lèvres. Cela n'avait pas un goût de sel, mais c'était sans importance. En faisant marche arrière, il passa devant la petite maison de la couturière, il la vit dans le jardin, soignant ses parterres de fleurs. Bien qu' elle ne leva pas les yeux vers lui, il avait l'envie d'aller chez elle et iIl savait qu'un jour il irait. Anne, Krista, Laura, Mona, Eloïse, Enora, Gwendoline, to Macey's Hotel." Cassandre, Lucile, Edward, Audrey, Thomas, Lucie, Anne, Paulène, Mona, Morgane, "Minnie Fennelly's no use to you, Cahal." He had never seen the dressmaker up close before. She was Elénie, Cécile, Juliette, Juliette, Chloé, Salomé, Lucile younger than he'd thought, but still looked what she was-a fair bit older 1°L, année 2007 than himself, maybe twelve or thirteen years. The twist in her face wasn't ugly, but it spoilt what might have been beauty of a kind, and he remembered the flawless beauty of the Spanish girl 2/ Terese Svoboda, "80's Lilies" Terese Svoboda's won awards and grants in essay, translation, playwriting, fiction, poetry, and video. Her most recent novel is Tin God. Svoboda lives in New York City. In "80's Lilies", we can see an attempt to seek out a sheltered, idyllic Garden of Eden to escape all the world's problems. T. Svoboda: "In 1983, the USSR shot down a Boeing 747, killing all 269 passengers flying from the United States to Seoul via Anchorage. The flight, numbered 007, was suspected of espionage because it had veered off course over secret Russian installations. At the time, the Cold War felt very hot. My husband and I had been too young to do anything other than duck and coyer during the Cuban Missile Crisis and now we had a new baby to protect. Perhaps we overreacted, but we maxed our gold card and fled to New Zealand. This was just months before Carl Sagan announced the realities of nuclear winter, which knocked out any idea of real escape. For fifteen years afer our return to the United States, I puzzled over my fevered impressions of New Zealand, trying to articulate why we didn't stay. Slowly I realized it wasn't just that immigration wanted only plumbers and nurses or that world politics had quieted down. It took another five years to convince myself that the story had indeed found its shape". Terese Svoboda - '80s Lilies ( 2004 ) THE CALLA LILIES in New Zealand say we are dead, just step off the jade-strewn, rimed high-tide line here and a wave will rise up like Trigger, like some silent-movie stallion, and suck us under, suck us beneath a continental shelf stuck out so far the waves whiten before they break. So too the calla lilies, all white and willd like that, all about to break in the greeny drizzle that the wind whips, all these wild calla lilies that will bear us away. l see the lilies and l say, Let's get off the bus. Then the bus's burring keeps on without us as we stand at the upper ridge of lilies, before they spill off the grave mounds corraled by wooden fences and multiply right onto the waves. Lilies from old settlers' tombs, l say into the silencing wind with you tucking the baby onto my back, and as far as we can see, green drizzle, jade beaches, white cups in clumps flattened by wind. Mind the waves, she says. They will jump the Lis des années 80. Les arums des années 1980. Les lis de Calla en Nouvelle-Zélande disent que nous sommes morts, éloignez-vous de quelques pas de la frange bordée de givre et parsemée de jade de la marée haute et une vague se cabrera tel Trigger, tel un étalon dans un film muet, et nous aspirera par dessous, nous aspirera en dessous d’une plaque continentale qui s'avance si loin que les vagues blanchissent avant de se fracasser. Il en va de même pour les lis de Calla, tous blancs et sauvages, tous prêts à rompre dans la bruine qui tire sur le vert, que le vent bat, tous ces lis de Calla sauvages qui nous emporteront au loin. Je vois les lis et je dis, Descendons du bus. Puis le bourdonnement du bus continue sans nous, qui surplombons les lis, avant qu’ils ne se répandent sur les monticules funéraires ceints par des barrières en bois et qu’ils ne se multiplient juste au niveau des vagues. Des lis des tombes des anciens colons, dis-je dans le vent qui atténue ma voix alors que tu me mets le bébé sur le dos, et aussi loin que porte notre regard, de la bruine verte, des plages de jade, des calices blancs en bosquets aplatis par le vent. En Nouvelle-Zélande, les arums symbolisent la mort. Ils sont une cascade de jade sur la bordure d’estran, s’élevant comme une vague à la façon de Trigger, l’étalon de film muet, en nous aspirant sous un plateau continental, là où les vagues blanchissent avant de se briser. C’est ainsi que les arums blancs et sauvages, surgissent dans le crachin verdâtre que le vent fouette pour nous emporter avec eux. Attention aux vagues, dit-elle. Elles vont Fais attention aux vagues, dit-elle. Elles En les voyant je suggère de quitter le bus .Celui ci s’éloigne alors, nous laissant là, au-dessus des arums, avant qu’ils ne traversent des clôtures en bois et ne se répandent sur les monticules des tombes, se multipliant comme des vagues. Ce sont les arums sur les tombes d’anciens colons, dis-je dans le vent silencieux, tandis que tu plaçais le bébé correctement sur mon dos. Nous pouvions alors apercevoir au loin, le crachin, les plages de jade, les coupes blanches aplaties par le vent. beach and pull you in. She comes abreast of us, nearly green-skinned in the green mist with a small-sized boy, just as green, tugging at the end of her arm. Does she mean for us to mind those waves-or for him, the green monkey among the lilies? l hold up a rock. Jade? Really jade? l ask. Tourists, she says in a tone that can't be confused. Tourists don't come here, she says. Really? They skip this bit? l thumb toward all that various beauty. Those terrible taurists. She laughs and my husband and l say all the little things against the wind that makes her lean toward us down the length of the beach until we are at her car that she unlocks and leaves in, waving. We wave back, a few more little things on our lips. The baby takes away our wonder at the place and its people, the baby has his wants. At the end of the road the woman has driven away from sits a pub, curiously free of all the lilies, as if bulldozed free. We order pints there, then we ask after rooms since the green mist can only give way to dark. They have rooms. We remark on the sheep smell of these rooms, and the drizzle-colored pub interior, its darts bent and broken, the dark growlings and the stares from the pub fiends, two steamy goldminers, silent and filthy in their mining gear, flakes of dirt, green not gold, falling from them onto their table, and we order another pint. Going to the ladies', with the baby asleep, milk lip aquiver, l trip over huge bones in the corridor, vastly gnarled, prehistoric big gray bones that must be the source of the sheep stink. The dog that gnaws at such bones, as terrible an animal as he must be, thumps and growls from inside some further door when l shut mine, but he's quiet when l emerge, as if he has plans. déferler sur la plage et vous entraîner. Elle vient à notre hauteur, la peau presque verte dans la brume verte avec un garçon de petite taille, tout aussi vert, accroché à son bras. Est-ce à nous qu’elle dit de faire attention aux vagues – ou à lui, le gamin vert parmi les lis ? Je ramasse une pierre. Du jade ? Vraiment du jade ? demandai-je. Les touristes, dit-elle sur un ton sans équivoque. Les touristes ne viennent pas ici, ditelle. Vraiment? Ils évitent ce coin? Je montre du pouce toute cette beauté luxuriante. Ces effroyables touristes ! Elle rit et mon mari et moi parlons un peu avec le vent de face, ce qui fait qu’elle s'incline vers nous pour nous entendre tandis que nous longeons la plage jusqu'au bout, jusqu'à ce qu’on soit à sa voiture, qu’elle déverrouille et y prenne place, nous faisant des signes de la main. Nous lui répondons de la même façon, quelques mots encore sur les lèvres. Le bébé met fin à notre émerveillement pour ce lieu et ses habitants, le bébé a ses envies. Au bout du chemin par où la femme est partie se trouve un pub, curieusement sans aucun lis, comme s'ils avaient été retirés par un bulldozer. Nous commandons des pintes là-bas, puis nous demandons s’ils ont des chambres, puisque seule la nuit peut succéder à la brume. Ils ont des chambres. Nous faisons des commentaires sur l’odeur de mouton des chambres, la couleur de bruine du pub, ses fléchettes tordues et cassées, les grondements et les regards sombres des monstres du bar, deux chercheurs d’or humides, silencieux et sales dans leurs habits de travail, des résidus de saleté -vertes et non d’or- dégoulinant d’eux sur leur table, et nous commandons une autre pinte. Je vais aux toilettes, avec le bébé endormi, la lèvre tremblante en attendant du lait, je trébuche vont passer sur la plage et t’emporter. Elle arrive à côté de nous, avec la peau presque verte à cause de la brume, tirant à bout de bras un petit garçon presque aussi vert qu’elle. Est ce nous qu’elle met en garde, ou s’adresse-t-elle alors à l’enfant petit singe vert au milieu des arums ? Je ramasse une pierre par terre .Du jade ?c’est vraiment du jade ? Demandais-je. Vous êtes des touristes, dit-elle, les touristes ne viennent jamais par ici. Vraiment ? Ils sont passés à côté ? Je montrais du doigt le paysage de rêve. Ces touristes sont terribles. Elle rit, et, mon mari et moi disons tout plein de petites choses, ce qui la fit avancer avec nous tout le long de la plage, jusqu’à ce que nous arrivions à la voiture. Elle l’ouvre et nous quitte en nous faisant des signes. Nous lui répondons, laissant quelques petites choses de plus sur nos lèvres. Le bébé nous ramène alors à la réalité du monde et des gens, il a ses exigences. Au bout de la route que la femme a prise, il y a un pub, bizarrement, dépourvu d’arums comme si il avait été rasé par un bulldozer. Nous y commandons des pintes, puis nous demandons des chambres car la bruine verte annonce la nuit. Ils ont des chambres. Nous remarquons qu’elles sentent le mouton, que le pub lui-même est couleur crachin, que les fléchettes sont tordues et cassées, que l’on entend des grognements sombres et que les habitués du pub, deux chercheurs d’or, humides, silencieux et sales dans tout leur équipement de mineurs et dont la table est recouverte d’une saleté verte et triste, nous jettent des coups d’œil . Nous commandons une autre pinte. En allant aux toilettes, alors que bébé dort I' haven't. l haven't said yes yet to the room or to another pint. l just want to talk about those bones but at our seat there's no one to note my near miss with the bone-guarding dog, no man or child. One of the two miners nods to the window. Out there, he says. She has them in her car. Where e1se would you be putting up but here? she shouts over new pell-mell rain. l have tea, she says. We rode the ferry that sinks, the ferry with a crèche where the children are roped to rockers through the big waves that slap the island apart, the ferry that, however, did not sink when we crossed, but allowed us, vomitous, to board that bus. That ferry's no problem, she says. Look in the phone book. sur de gros os dans le corridor très noueux, de gros os gris et préhistoriques qui doivent être la cause de la puanteur de mouton. Le chien qui ronge de tels os, si terrible qu’il puisse être, frappe et grogne à l’intérieur d’une pièce voisine, quand je ferme ma porte, mais il ne fait plus de bruit quand je sors, comme s’il avait des intentions particulières. Pas encore. Je n’ai pas encore dit oui pour la chambre ou pour une autre pinte. Je veux juste parler de ces os mais à nos places il n'y a personne pour remarquer ma rencontre avortée avec le chien gardien d'os, pas d’homme ou d’enfant. Un des mineurs fait un signe de la tête vers la fenêtre. Dehors, dit-il. Elle les a pris dans sa voiture. Où d'autre seriez-vous allés sinon ici? criet-elle à travers l'abondante pluie qui a repris. J'ai du thé, dit-elle. l open the phone book and the first page lists all Nous avons voyagé sur le ferry qui sombre, the calamities: tidal wave, earthquake, floods, le ferry avec une crèche où les enfants sont volcanic eruptions, and numbers to call. attachés par des cordes aux fauteuils à bascules lorsque le navire fend les grosses vagues qui Such a safe place, I say they say. So safe for pétrissent violemment l’île, le ferry qui, quoi qu’il en children. soit, n’a pas coulé lorsque nous traversions, mais We are fleeing, we explain, to some safe place. nous a permis, nauséeux, de prendre place à bord We're sure this time they'll drop. it. We thought, du bus. Ce ferry ne présente pas de danger, ditHere's a place we'll be safe, and gave the airlines elle. Regardez dans l’annuaire. our gold card. J’ouvre l’annuaire et la première page liste They don't laugh, she and her husband. Just toutes les calamités: raz de marée, tremblements the way she doesn't laugh at the green rock I pull de terre, inondations, éruptions volcaniques et les out of my bag, the rock that must be worth money. numéros à appeler. C'est un endroit est si sûr, disTheir house is full of toys my baby knows and je. Si sûr pour les enfants. toys my husband can feel the remote of, and Nous expliquons que nous fuyons, jusqu’à books I have read and admired. un endroit sûr. On est sûrs cette fois qu’ils vont la larguer. On se disait qu'ici on serait en sécurité, et Her husband has my husband's charm, and on dépensé tout notre argent en billets d'avion.. why not? They do nothing similar for work but Elle et son mari ne rient pas. De la même du lait aux lèvres, je chemine dans le corridor pardessus d’énormes os immensément noueux, de gros os gris, préhistoriques, qui doivent être la cause de cette puanteur de moutons. Le chien qui ronge de tels os, qui doit être un terrible animal, cogne et grogne derrière une porte, tandis que je ferme la mienne ; pourtant quand je sors il reste calme, comme ‘il avait une idée. En ce qui me concerne je n’en ai pas. Je n’ai pas encore dit oui ni à la chambre ni à une autre pinte. Je voudrais juste parler des ces os, mais à notre table, il n’y a personne pour remarquer ma rencontre loupée avec le chien gardien des os. Personne. Ni homme ni enfant. Un des deux mineurs, hoche la tête en regardant par la fenêtre. Ils sont dehors, il dit, dans sa voiture. Bien-sur, où veux tu qu’ils soient sinon ?répond elle. Elle ajoute qu’il lui reste du thé. On a pris le ferry ,celui qui coule régulièrement, dans lequel il y a une crèche où l’on attache les enfants pour éviter qu’ils ne tombent à travers les grosses vagues qui frappent les îles, ce ferry qui contre toutes attentes n’a pas coulé quand nous avons traversé, et qui nous a permis, vomissant, de rejoindre le bus. Il n’y a aucuns problèmes avec ce ferry, assure-t- elle, regarde dans l’annuaire. J’ouvre l’annuaire, et vois que la première page n’est qu’une liste toutes les calamités : raz de marée, tremblement de terre, inondations, éruptions volcaniques, et numéros d’urgence. Un endroit si sûr, je dis avec ironie, surtout pour les enfants. Nous nous enfuyons en leur expliquant que l’on cherche un endroit plus sûr. On a pensé, Voici un endroit où on sera en sécurité, et on a donné notre carte de crédit aux compagnies aériennes. charm makes the men match. The baby inspects all the toys their boy brings so I can talk while she cooks, because cooking is the point of visiting, isn't it, she says, a place where everyone meets. Then you can go back, if you like. After tea. I look out into the pell-mell greeny rain and, even in the looking, smell sheep, hear that growl. When real night falls about two drinks after tea what is surely dinner - when the rain isn't seen but felt, they won't let us go, they make up beds. Their boy bounces a ball off the baby's head and the baby smiles. We all visit a gold mine in the morning, their idea. Maybe they wanted to have sex, I whisper to my husband as he settles a hard hat onto his head. A little late, he says. We walk deep into the mines posted Do Not Enter and they say, Don't mind the signs, the baby is fine. This is where we're going when it happens, says her husband. And he explains what he heard on TV yesterday, how it will blow ash all over the globe in ways nobody knew. Everywhere will be caught in the grip of its terrible winter. Winter-you are obsessed with having seasons that don't match ours, I say. I look at my husband. So here is not safe either is our glance exchanged. We walk along in the dark. I expect a room of gold all aglitter at the end, jutting ore burnished to a sun's strength. What we get to is a small cave lit with mirrors that leave little flashes of faraway light on the dull rock. Our faces facing the mirrors are just one gray façon qu’elle ne se moque pas du caillou vert que je tire de mon sac, le caillou qui doit valoir de l’argent. Leur maison est pleine de jouets que mon bébé connaît, et qui rappellent à mon mari un lointain passé, et de livres que j’ai lus et admirés. Son mari a le charme du mien, et pourquoi pas? ils n'ont pas le même métier mais ils se ressemblent car ils ont le même charme. Le bébé inspecte tous les jouets que leur garçon apporte donc je peux parler pendant qu’elle cuisine, parce que l’intérêt d’une visite est de faire la cuisine, n’est-ce pas, un endroit, dit-elle, où tout le monde se rencontre. Vous pourrez repartir après le thé. Je jette un coup d’œil sur la pluie verdâtre brouillée et, ne serait-ce que dans ce coup d'oeil, je sens le mouton et j’entends ce grognement. Quand la nuit noire tombe, environ deux verres après le thé – ce qui est sûrement le dîner – quand on ne voit plus la pluie mais qu'on la sent, ils ne veulent pas nous laisser pas repartir, ils préparent des lits. Leur fils fait rebondir une balle sur la tête du bébé et le bébé sourit. Ils ne rient pas, elle et son mari. De la même façon qu’elle ne rit pas non plus quand elle voit les cailloux verts que j’ai sortis de mon sac, à savoir ces pierres qui doivent valoir de l’argent. Leur maison est pleine de jouets que mon bébé connait, et de jouets dont mon mari se souvient aussi, ainsi que des livres que j’ai moimême lus et admirés. Son mari a le charme du mien, et cela n’a rien d’étonnant. Ils ne font pas du tout le même travail mais leur charme fait qu’ils se ressemblent. Le bébé inspecte tout les jouets que leur garçon lui apporte, et ainsi je peux parler pendant qu’elle cuisine, parce que cuisiner est le but de toute visite, n’est-ce pas ? dit-elle, la cuisine est un endroit où tout le monde se rencontre. Ensuite, on peut s’en aller, si on veut. Après le thé. Je regarde dehors, à travers la pluie verdâtre, et même avec mes yeux J’arrive à sentir l’odeur de mouton et à entendre le grognement. Quand la véritable nuit tombe, à peu près deux verres après le thé – ce qui est surement le dîner – alors que l’on ne voit plus la pluie mais qu’on la Leur idée est que l'on visite une mine d'or le ressent encore, je comprends qu’ils ne vont pas nous laisser partir : ils nous préparent les lits. lendemain matin. Leur garçon fait rebondir une balle sur la Peut-être qu’ils voulaient faire l’amour, chuchotai-je à mon mari tandis qu’il se met un tête de bébé, et bébé sourit. casque sur la tête. On va tous visiter une mine d’or le matin, Trop tard, dit-il. On s’enfonce profondément dans la mine c’est leur idée. Peut être qu’ils voulaient faire l’amour, où il y a un panneau où on lit Ne Pas Entrer et ils disent, Ne faîtes pas attention aux panneaux, le chuchotais-je à mon mari tandis qu’il met un casque sur la tête. bébé ne court aucun risque. C’était un peu tard, me répondit-il C’est là que nous irons quand ça arrivera, Nous marchons longtemps dans des mines dit son mari. Et il explique qu’il a entendu à la télé hier, comment des cendres vont être soufflées tout affichant « Entrée Interdite » et ils nous disent : Ne autour du globe d’une façon inconnue de qui que faîtes pas attention au panneau, le bébé peut venir. ce soit. Tout sera pris dans l’étreinte de son terrible hiver. L’hiver – vous êtes obsédés par le fait C’est ce qui nous attend, dit son mari .Et il d’avoir des saisons qui ne correspondent pas aux nôtres, dis-je. Je regarde mon mari. Ici on n’est pas à l'abri non plus, nous disons-nous en échangeant un regard. Nous cheminons dans le noir. Je m'attends à une pièce avec de l’or tout scintillant au bout, du minerai protubérant bruni par We stay one more night. We stay up late and my la force du soleil mais ce dans quoi nous arrivons husband says, Maybe the threat will blow over. est une petite grotte éclairée par des miroirs qui Blow over. We all laugh, drinking the wine from laissent des petites tâches d’une lumière lointaine the grapes that grow among the lilies. Then we talk sur la pierre terne. movies, all the same ones we have seen as if together. Nos visages faisant face aux miroirs ne sont qu’une boule grise, puis une autre. We really came to see you, I say. Does it Leur garçon laisse tomber une pierre dans matter ifwe flee if you are here? un puit, et elle ne touche pas le fond. Pendant que nous attendons, le bruit retentissant de la pierre réveille le bébé, et ses pleurs se répercutent en ln the morning they tell us they do not write, they écho tout au long du tunnel. On fait le chemin du will not. No letters. retour avec ses pleurs, c’est très physique. Consider them written, says my husband. We take the next bus, a dark cave filled with more On reste une nuit de plus. On reste éveillés miners abandoning mines. The settlers we leave tard et mon mari dit, Peut-être que la menace va behind, such settlers as they are, wearing our disparaître. clothes nearly exactly, franchise for franchise, who Disparaître. Nous rions tous, buvant le vin wave as our bus burrs off past the lilies, the big des grappes qui poussent parmi les lis. Puis nous waves behind them lapping and reaching. parlons films, tous les mêmes comme si nous étions allés les voir ensemble. On est vraiment venu vous voir, dis-je. Cela ne vous dérange pas si on file pendant que vous restez ici? ball, then another. Their boy drops a rock down a shaft and it doesn't hit bottom. While we wait, the baby wakes as if the rock hits hard, and his wails echo all down the tunnel. We walk back through his wails, it's that physical. explique ce qu’il a entendu à la télé hier, comment cela projettera de la cendre partout autour du globe comme personne n’a jamais connu. Tout sera sous l’emprise de ce terrible hiver. Hiver – Vous voulez absolument avoir des saisons qui ne correspondent pas aux nôtres, je dis. Je regarde mon mari. Alors ici ça n’est pas sûr non plus, se disent nos regards. Nous marchons côte à côte dans l’obscurité. Je devine une pièce d’or toute brillante, resplendissante de minerais flamboyants comme des soleils. On y entre par une petite caverne, éclairée par des miroirs qui reflètent la lumière lointaine sur une roche terne. Nos visages face aux miroirs ne deviennent plus alors qu’une balle grise, puis une autre. Leur garçon fait tomber un caillou dans un puits, et celuici ne touche pas le fond. Tandis que nous attendons, le bébé se réveille comme si le caillou avait frappé fort, et ses pleurs font écho jusqu’au bout du tunnel. Nous rebroussons donc chemin à travers ses cris, ce qui finalement s’avère faisable. Nous restons une nuit de plus. Nous restons éveillés tard et mon mari dit, « Peut- être que ça va tout faire sauter. » Tout faire sauter. Nous rions tous, en buvant le vin issu des vignes qui poussent parmi les arums. Quand on parle de films, on réalise Dans la matinée ils nous disent qu’ils qu’on a tous vu les même, comme si nous avions n’écrivent pas, qu’ils ne le feront pas. Pas de été ensemble On est venu vous voir, je dis. Est ce lettres. important, que nous fuyions du moment que vous Considèrez-les écrites, dit mon mari. Nous prenons le bus suivant, qui est êtes ici. comme une grotte sombre remplie d’autres Le matin, ils nous disent qu’ils n’écrivent mineurs qui abandonnent les mines. Les colons que nous laissons derrière nous, quels qu’ils pas, et ils ne nous écriront pas non plus. Pas de soient, portent pratiquement les mêmes habits que lettres. nous, marque pour marque; ils font des signes de Considérez-les comme écrites, dit mon la main tandis que notre bus dépasse les lis en mari. bourdonnant; les grosses vagues derrière eux Nous prenons le premier bus, soit une clapotent et s’étirent. caverne sombre remplie d’autres mineurs abandonnant les mines. Nous laissons les colons derrière nous, aussi colons soient-ils, portant Adèle, Morgane, presque les même vêtements que nous, et qui nous font des signes de la main tandis que notre Semyon bus abandonne, après les arums, les grandes 1°L, année 2007 vagues qui s’allongent puis se brisent derrière eux. Trigger: nom du cheval du cow-boy Roy Rogers Elise Courtois 1L2 Justine Heautot 3/ V.S Pritchett (1900. 1997) “A Family Man” Victor Sawdon Pritchett was born on December 16, 1900 in Ipswich, Suffolk, the first of four children of Walter Sawdon Pritchett and Beatrice Helena (née Martin). His father, a London businessman in financial difficulties, had come to Ipswich to start a shop selling newspapers and stationery. When his father went to fight in World War I, Pritchett left school. Pritchett's first book described his journey across Spain (Marching Spain 1928) and Clare Drummer (1929) was about his experiences in Ireland. He published five novels but he claimed not to enjoy their creation. His reputation was established by a collection of short stories (The Spanish Virgin and Other Stories 1932). "A Family Man" is about a middle-aged husband who also has a young mistress. As the story opens, his wife visits the mistress and accuses her. The husband had described his wife as beautiful, which she is not, and this suddenly devalues him, as well as the affair, in his mistress's eyes. Up to here, the development is reasonably promising. But then it turns out that the husband is having an affair with another woman as well. Mr. Pritchett loads the story with miscellaneous circumstances, and the original situation loses its tension. It is difficult, amid so many multiplying and petty considerations, to feel anything for anyone. A Family Man V.S.Pritchett Un Chef de famille Late in the afternoon, when she had given him up and had even changed out of her pink dress into her smock and jeans and was working once more at her bench, the doorbell rang. William had come, after all. It was in the nature of their love affair that his visits were fitful: he had a wife and children. To show that she understood the situation, even found the curious satisfaction of reverie in his absences that lately had lasted several weeks, Berenice dawdled yawning to the door. As she slipped off the chain, she called back into the empty flat, `It's all right, Father. I'll answer it.' William had told her to do this because she was a woman living on her own: the call would show strangers that there was a man there to defend her. Berenice's voice was mocking, for she thought his idea possessive and ridiculous; not only that, she had been brought up by Quakers and thought it wrong to tell or act a lie. Sometimes, when she opened the door to him, she would say, `Well! Mr Cork', to remind him he was a married man. He had the kind of shadowed handsomeness that easily gleams with guilt, and for her this gave their affair its piquancy. But now - when she opened the door - no William, and the yawn, its hopes and its irony, died on her mouth. A very large woman, taller than herself, filled the doorway from top to bottom, an enormous blob of pink jersey and green skirt, the jersey low and loose at the neck, a face and body inflated to the point of speechlessness. She even seemed to be asleep with her large blue eyes open. `Yes?' said Berenice. En fin d'après-midi, quand elle eut abandonné l'idée qu'il vienne et qu'elle eut échangé sa robe rose contre une veste et un jean, alors qu'elle s'était remit à travailler à son banc, la sonnerie retentit. William était venue, finalement. Il était dans la nature de leur liaison que ses visites soient irrégulières : il avait une femme et des enfants. Pour montrer qu'elle comprenait la situation ; et qu'elle en tirait même une curieuse satisfaction de rêverie en ses absences qui récemment avaient duré plusieurs semaines, Bérénice se traîna en baillant vers la porte. Alors qu'elle ouvrait le loquet, elle se retourna vers l'appartement vide et dit :« C'est bon, père. Je vais répondre. » William lui avait recommandé de faire cela car elle vivait seule : l'appel montrait aux étrangers qu'il y avait un homme pour la défendre. La voix de Bérénice raillait, car elle trouvait son idée possessive et ridicule ; surtout qu'elle avait été élevée par les Quakers et trouvait immoral de mentir ou de faire semblant. Parfois, lorsqu'elle lui ouvrait la porte, elle avait envie de dire : « Bon, Mr Cork », pour lui rappeler qu'il était marié. Il avait cette beauté ténébreuse qui vous rend facilement coupable, et pour elle cela donnait du piquant à son histoire. Mais maintenant -quand elle ouvrit la porte- pas de William, et ses espoirs et son ironie s'envolèrent. Une très grande femme, plus grande qu'elle-même, remplissait l'embrasure de la porte de haut en bas, vêtue d'un pull rose et d'une jupe verte - un léger pull, qui laissait voir son cou, un visage et un corps enflés. Elle semblait même endormie avec ses grands yeux bleus ouverts. The woman woke up and looked unbelievingly at Berenice's feet, which were bare, for she liked to go about barefoot at home, and said, `Is this Miss Foster's place?' Berenice was offended by the word `place'. `This is Miss Foster's residence. I am she.' `Ah,' said the woman, babyish no longer but sugary. `I was given your address at the College. You teach at the College, I believe? I've come about the repair.' `A repair? I make jewellery,' said Berenice. `I do not do repairs.' `They told me at the College you were repairing my husband's flute. I am Mrs Cork.' Berenice's heart stopped. Her wrist went weak and her hand drooped on the door handle, and a spurt of icy air shot up her body to her face and then turned to boiling heat as it shot back again. Her head suddenly filled with chattering voices saying, Oh, God. How frightful! William, you didn't tell her? Now, what are you, you, you going to do. And the word `Do, do' clattered on in her head. `Cork?' said Berenice. `Flute?' `Florence Cork,' said the woman firmly, all sleepy sweetness gone. `Oh, yes. I am sorry. Mrs Cork. Of course, yes. Oh, do come in. I'm so sorry. We haven't met, how very nice to meet you. William's - Mr Cork's - flute! His flute. Yes, I remember. How d'you do? How is he? He hasn't been to the College for months. Have you seen him lately - how silly, of course you have. Did you have a lovely holiday? Did the children enjoy it? I would have posted it, only I didn't know your address. Come in, please, come in.' `In here?' said Mrs Cork and marched into the front room where Berenice worked. Here, in the direct glare of Berenice's working lamp, Florence Cork looked even larger and even pregnant. She seemed to occupy the whole of the room as she stood in it, memorizing everything - the bench, the pots of paintbrushes, the large designs pinned to the wall, the rolls of paper, the sofa covered with papers and letters and sewing, the pink dress which Berenice had thrown over a chair. She seemed to be consuming it all, drinking all the air. But here, in the disorder of which she was very vain, which indeed fascinated her, and represented her talent, her independence, a girl's right to a life of her own, and above all, being barefooted, helped Berenice recover her breath. `It is such a pleasure to meet you. Mr Cork has often spoken of you to us at the College. We're quite a family there. Please sit. I'll move the dress. I was mending it.' But Mrs Cork did not sit down. She gave a sudden lurch towards the bench, and seeing her husband's flute there propped against the wall, she grabbed it “Oui ? » dit Bérénice. La femme se réveilla et regarda, incrédule, les pieds de Bérénice ; ils étaient nus, car celle-ci aimait se promener sans chaussures chez elle. Elle demanda : “Est-ce la maison de Miss Foster ? » Bérénice fut offensée par le mot « maison ». “Il s'agit bien de la résidence de Miss Foster. C'est moi. » “Ah » dit la femme, non plus sur un ton infantile mais mielleux. « On m'a donné votre adresse à l'Université. Vous enseignez bien à l'Université ? Je suis venue au sujet de la réparation. » “Une réparation ? Je créé des bijoux », répondit Bérénice. « Je ne fais pas de réparations. » « On m'a dit à l'Université que vous répariez la flûte de mon mari. Je suis Mme Cork,” Le coeur de Bérénice cessa de battre. Son poignet devint faible et sa main tomba sur la poignée de la porte, et un souffle d'air glacial augmenta rapidement la chaleur de son corps et son visage. Sa tête se remplit soudain de chuchotements de voix qui disaient :« Oh mon dieu. C'est épouvantable ! William, tu ne lui as pas dit ? Maintenant qu'est-ce que tu vas faire ? » Et le mot « faire » résonna dans sa tête. “Cork ?» dit Bérénice. « Une flûte ?» “Florence Cork » dit fermement la femme, sans plus aucune douceur somnolente dans la voix. “Oh oui, je suis désolée. Mme Cork. Bien sûr, oui. Oh, allez-y, entrez. Je suis désolée. Nous ne nous sommes pas présentées. Comme c'est aimable de vous rencontrer ! La flûte de William -Mr Cork ! Sa flûte. Oui, je me souviens. Comment allez-vous ? Comment va-t-il ? Il n'est pas venu à l'Université depuis plusieurs mois. L'avez-vous vu récemment ? Que je suis bête, bien sûr que oui. Avez-vous passé de bonnes vacances ? Les enfants ont-ils apprécié ? Je voulais vous la poster, seulement j'ignorais votre adresse. Entrez, je vous en prie, entrez. » “Ici ? » dit Mme Cork en marchant vers la salle où Bérénice travaillait. Ici, sous la lueur directe de la lampe de travail de Bérénice, Florence Cork paraissait encore plus grande et encore plus enceinte. Elle semblait occuper la totalité de la salle, se tenant ainsi et mémorisant tout de la pièce : les pots de peinture, les grandes conceptions accrochés au mur, les rouleaux de papier, le canapé couvert de papiers, de lettres et d'affaires à couture, ainsi que la robe rose que Bérénice avait jeté sur une chaise. La femme semblait être absorbée par tout ça. Mais ici, dans le désordre dans lequel elle était dominatrice, qui la fascinait et représentait son talent, son indépendance, être une femme vivant par ses propres moyens et par dessus tout, être nu pieds, and swung it above her head as if it were a weapon. `Yes,' said Berenice, who was thinking, Oh, dear, the woman's drunk, `I was working on it only this morning. I had never seen a flute like that before. Such a beautiful silver scroll. I gather it's very old, a German one, a presentation piece given to Mr Cork's father. I believe he played in a famous orchestra where was it? - Bayreuth or Berlin? You never see a scroll like that in England, not a delicate silver scroll like that. It seems to have been dropped somewhere or have had a blow. Mr Cork told me he had played it in an orchestra himself once, Covent Garden or somewhere . . .' She watched Mrs Cork flourish the flute in the air. `A blow,' cried Mrs Cork, now in a rich voice. `I'll say it did. I threw it at him.' And then she lowered her arm and stood swaying on her legs as she confronted Berenice and said, `Where is he?' `Who?' said Berenice in a fright. `My husband!' Mrs Cork shouted. `Don't try and soft-soap me with all that twaddle. Playing in an orchestra! Is that what he has been stuffing you up with? I know what you and he are up to. He comes every Thursday. He's been here since half past two. I know. I have had this place watched.' She swung round to the closed door of Berenice's bedroom. `What's in there?' she shouted and advanced to it. `Mrs Cork,' said Berenice as calmly as she could. `Please stop shouting. I know nothing about your husband. I don't know what you are talking about.' And she placed herself before the door of the room. `And please stop shouting. That is my father's room.' And, excited by Mrs Cork's accusation, she said, `He is a very old man and he is not well. He is asleep in there.' `In there?' said Mrs Cork. `Yes, in there.' `And what about the other rooms? Who lives upstairs?' `There are no other rooms,' said Berenice. `I live here with my father. Upstairs? Some new people have moved in.' Berenice was astonished by these words of hers, for she was a truthful young woman and was astonished, even excited, by a lie so vast. It seemed to glitter in the air as she spoke it. Mrs Cork was checked. She flopped down on the chair on which Berenice had put her dress. `My dress, if you please,' said Berenice and pulled it away. `If you don't do it here,' said Mrs Cork, quietening and with tears in her eyes, `you do it somewhere else.' `I don't know anything about your husband. I only see him at the College like the other teachers. I don't know anything about him. If you will give me the flute, I will pack it up for you and I must ask you to go.' tout cela aida Bérénice à retrouver son souffle. “C'est un tel plaisir de vous rencontrer. Mr Cork ne parle que de vous à l'Université. Nous sommes comme une famille. Asseyez-vous. Je vais enlever cette robe. Je la réparais. » Mais Mme Cork ne s'assit pas. Elle donna une brusque embardée vers le banc, et vit la flûte de son mari appuyée contre le mur ; elle l'empoigna et la brandit audessus de sa tête comme une arme. “Ok » se dit Bérénice, tout en réfléchissant. « Oh, ma chère, cette femme a bu”. “J'ai commencé à travailler sur la flûte seulement ce matin. Je n'avais jamais vu une telle flûte auparavant, avec un aussi beau rouleau d'argent ! Je présume qu'il est très ancien, une pièce de collection allemande qui a du être donné au père de Mr Cork. Je crois qu'il a joué dans un orchestre célèbre- où était-ce ? Beyreuth ou Berlin ? On ne verra jamais ce genre de rouleau en Angleterre, pas un aussi délicat rouleau en tout cas. Il semble qu'elle soit tombée quelque part ou qu'elle ait reçu un coup. Mr Cork m'a dit qu'il avait joué dans un orchestre une fois, Covent Garden ou quelque part... » Elle regarda Mme Cork faire un grand geste avec la flûte. “Un coup » cria t-elle, d'une vive voix. « Je vous dirais que oui, elle a reçu un coup. Je l'ai jetée sur mon mari. » Puis elle abaissa son bras et continua à se balancer sur ses jambes tandis qu'elle se confrontait à Bérénice, puis elle demanda : « Où est-il ?” “ Qui ? » répondit Bérénice, avec effroi. “Mon mari ! » cria Mme Cork. « N'essayez pas de m'amadouer avec tout ce bavardage. Jouer dans un orchestre ! C'est ce qu'il vous a dit pour vous séduire ? Je sais où vous en êtes. Il vient tous les jeudis. Il est ici depuis deux heures et demi. Je le sais. Je vous surveille. » Elle se tourna vers la porte de la chambre de Bérénice : « Qu'y a-t-il ici ? » cria t-elle en s'avançant . “Mme Cork », dit Bérénice le plus calmement possible. « Je vous en prie arrêtez de crier. Je ne sais rien à propos de votre mari. Je ne sais pas de quoi vous parlez. » Et elle se plaça devant la porte de la chambre. « Et je vous en prie arrêtez de hurler. C'est la chambre de mon père. » Et, excitée par l'accusation de Mme Cork, elle ajouta : « C'est un très vieil homme et il ne va pas bien. Il dort. “II dort? » demanda Mme Cork. “Oui”. “Et les autres chambres ? Qui vit en haut ?” “Il n'y a pas d'autres chambres », dit Bérénice. « Je vis ici avec mon père. En haut ? Des nouveaux locataires y habitent. » Bérénice était abasourdie par ses propres mots, car c'était une jeune femme `You can't deceive me. I know everything. You think because you are young you can do what you like,' Mrs Cork muttered to herself and began rummaging in her handbag. For Berenice one of the attractions of William was that their meetings were erratic. The affair was like a game: she liked surprise above all. In the intervals when he was not there, the game continued for her. She liked imagining what he and his family were doing. She saw them as all glued together as if in some enduring and absurd photograph, perhaps sitting in their suburban garden, or standing beside a motorcar, always in the sun, but William himself, dark-faced and busy in his gravity, a step or two back from them. `Is your wife beautiful?' she asked him once when they were in bed. William in his slow serious way took a long time to answer. He said at last, `Very beautiful.' This had made Berenice feel exceedingly beautiful herself. She saw his wife as a raven-haired, dark-eyed woman and longed to meet her. The more she imagined her, the more she felt for her, the more she saw eye to eye with her in the pleasant busy middle ground of womanish feelings and moods, for as a woman living alone she felt a firm loyalty to her sex. During this last summer when the family were on holiday she had seen them glued together again as they sat with dozens of other families in the aeroplane that was taking them abroad, so that it seemed to her that the London sky was rumbling day after day, night after night, with matrimony thirty thousand feet above the city, the countryside, the sea and its beaches where she imagined the legs of their children running across the sand, William flushed with his responsibilities, his wife turning to brown her back in the sun. Berenice was often out and about with her many friends, most of whom were married. She loved the look of harassed contentment, even the tired faces of the husbands, the alert looks of their spirited wives. Among the married she felt her singularity. She listened to their endearments and to their bickerings. She played with their children, who ran at once to her. She could not bear the young men who approached her, talking about themselves all the time, flashing with the slapdash egotism of young men trying to bring her peculiarity to an end. Among families she felt herself to be strange and necessary -a necessary secret. When William had said his wife was beautiful, she felt so beautiful herself that her bones seemed to turn to water. But now the real Florence sat rummaging in her bag before her, this balloonlike giant, first babyish and then shouting accusations, the dreamt-of Florence vanished. This real Florence seemed unreal and incredible. And William himself changed. His good looks began to look commonplace and shady: his seriousness became furtive, his praise of her calculating. He was shorter than honnête, et elle était étonnée, même excitée par un aussi gros mensonge. Il semblait s'inscrire en lettres scintillantes devant elle tandis qu'elle parlait. Mme Cork s'effondra sur la chaise sur laquelle Bérénice avait jeté sa robe. “Ma robe, s'il vous plaît », dit Bérénice en l'écartant d'elle. “Si vous ne faites pas ça ici, dit Mme Cork, apaisée mais toujours les larmes aux yeux, vous le faites ailleurs”. “Je ne sais rien de votre mari. Je le vois seulement à l'Université comme les autres enseignants. Je ne connais rien de lui. Si vous me donnez la flûte, je vous l'enverrai mais à présent allez-vous en”. “Vous ne pouvez pas me tromper. Je sais tout. Vous pensez que parce que vous êtes jeune vous pouvez faire ce que vous voulez », murmura Mme Cork en commençant à fouiller dans son sac à main. Pour Bérénice, une des choses qui la séduisait le plus chez William était que leurs rendez-vous étaient erratiques. Leur liaison était comme un jeu : elle aimait les surprises à propos de tout. Dans les moments où il n'était pas là, le jeu continuait pour elle. Elle aimait imaginer ce que lui et sa famille faisaient. Elle les voyait tous ensemble, regroupés comme pour prendre une photo, peut-être assis dans leur jardin de banlieue, où encore debout près d'une automobile, toujours sous le soleil, mais William, bronzé et perdu dans ses pensées, un pas ou deux en arrière. « Ta femme est-elle belle ? » lui avait-elle demandé une fois qu'ils étaient au lit. William, mit du temps à répondre. Il dit enfin : « très belle ». Cette réponse la fit se sentir excessivement belle. Elle imaginait la femme ayant les cheveux noirs corbeau, les yeux sombres et elle était pressée de la rencontrer. Plus elle l'imaginait, plus elle la comprenait, grâce à sa compassion féminine, ainsi elle arrivait à comprendre ses sentiments et ses humeurs. Durant l'été dernier, quand la famille fut partie en vacances, elle les avait également imaginés ensemble avec une douzaine d'autres familles dans l'avion qui les emmenait à l'étranger. Il lui avait semblé que le ciel de Londres grondait jour après jour, nuit après nuit, avec des mariages trente mille pieds au-dessus de la ville, la campagne, la mer et ses plages où elle imaginait les jambes de leurs enfants courant sur le sable ; William préoccupé par ses responsabilités, sa femme se bronzant au soleil. Bérénice sortait souvent avec ses amis, qui étaient pour la plupart mariés. Elle aimait le regard insistant des hommes, même les visages fatigués des maris, le regard en alerte des vives épouses. La plupart des couples mariés lui semblaient être ennuyeux. Elle écoutait leurs mots tendres. Parfois, elle jouait même avec leurs enfants, qui couraient vers elle. Elle ne pouvait supporter les jeunes hommes qui l'approchaient, parlant toujours d'euxmêmes, draguant avec leur ego négligé de jeune homme pour parvenir à his wife, his face now looked hang-dog, and she saw him dragging his feet as obediently he followed her. She resented that this woman had made her tell a lie, strangely intoxicating though it was to do so, and had made her feel as ugly as his wife was. For she must be, if Florence was what he called `beautiful'. And not only ugly, but pathetic and without dignity. Berenice watched warily as the woman took a letter from her handbag. `Then what is this necklace?' she said, blowing herself out again. `What necklace is this?' said Berenice. `Read it. You wrote it.' Berenice smiled with astonishment: she knew she needed no longer defend herself. She prided herself on fastidiousness: she had never in her life written a letter to a lover - it would be like giving something of herself away, it would be almost an indecency. She certainly felt it to be very wrong to read anyone else's letters, as Mrs Cork pushed the letter at her. Berenice took it in two fingers, glanced and turned it over to see the name of the writer. `This is not my writing,' she said. The hand was sprawling; her own was scratchy and small. `Who is Bunny? Who is Rosie?' Mrs Cork snatched the letter and read in a booming voice that made the words ridiculous: "'I am longing for the necklace. Tell that girl to hurry up. Do bring it next time. And darling, don't forget the flute!!! Rosie." What do you mean, who is Bunny?' Mrs Cork said. `You know very well. Bunny is my husband.' Berenice turned away and pointed to a small poster that was pinned to the wall. It contained a photograph of a necklace and three brooches she had shown at an exhibition in a very fashionable shop known for selling modern jewellery. At the bottom of the poster, elegantly printed, were the words Created by Berenice Berenice read the words aloud, reciting them as if they were a line from a poem: `My name is Berenice,' she said. It was strange to be speaking the truth. And it suddenly seemed to her, as she recited the words, that really William had never been to her flat, that he had never been her lover, and had never played his silly flute there, that indeed he was the most boring man at the College and that a chasm separated her from this woman, whom jealousy had made so ugly. Mrs Cork was still swelling with unbelief, but as she studied the poster, despair settled on her face. `I found it in his pocket,' she said helplessly. `We all make mistakes, Mrs Cork,' Berenice said coldly across the chasm. And then, to be generous in victory, she said, `Let me see the letter again.' Mrs Cork gave her the letter and Berenice read it and at the word `flute' a doubt came into her head. Her hand began to tremble and quickly she gave the letter back. `Who gave you my address - I mean, at the College?' Berenice accused. `There is a rule that no addresses are given. Or telephone numbers.' leurs fins. Parmi les familles elle se sentait étrange et nécessaire - un secret nécessaire-. Quand William lui avait dit que sa femme était belle, elle se sentait elle même si jolie que ses os se liquéfièrent. Mais maintenant que la vraie Florence était en train de fouiller dans son sac, ce « ballon géant », cette femme puérile criant haut et fort ses accusations, la légende FLORENCE s'envolait. Cette vraie Florence semblait irréelle et incroyable. William lui-même avait changé. Son look irréprochable commençait à devenir banal et sombre. Son sérieux devenait sournois, l'éloge qu'elle faisait de lui s'estompait. Il était plus petit que sa femme, son visage semblait maintenant celui d'un petit chien, et elle l'imaginait traînant les pieds avec obéissance en la suivant. Cette femme l'avait poussée à mentir, d'une façon étouffante. C'était du moins ce qu'elle pensait, si Florence était ce qu'il appelle « belle ». Et pas seulement laide, mais pathétique et sans dignité. Bérénice regarda avec prudence la femme prendre une lettre de son sac à main. « Alors, c'est quoi ce collier ? » dit-elle, essoufflée. “Quel collier ? » répondit Bérénice. “Lisez ça. Vous l'avez écrit. » Bérénice sourit avec étonnement : elle savait qu'elle n'aurait plus besoin de se défendre. Elle se félicita: elle n'avait jamais écrit de lettre à un homme de sa vie -ce serait comme se donner entièrement à un homme-, ce serait presque comme être immoral. Mme Cork poussait la lettre vers elle. Bérénice la prit entre deux doigts, y jeta un regard et la retourna pour voir le nom de l'auteur. “Ce n'est pas mon écriture » déclara t-elle. Sa main s'allongea ; la sienne était striée et petite. « Qui est Bunny ? Qui est Rosie ? » Mme Cork saisit la lettre et lut d'une voix rude qui déforma les mots d'une manière ridicule : « Je désire ardemment le collier. Dis à cette fille de se dépêcher. Apporte-le la prochaine fois. Et chéri, n'oublie pas la flûte ! Rosie. » “Qu'est-ce que vous voulez dire ? Qui est Bunny ? », demanda Mme Cork. « Vous le savez très bien en fait. Bunny est mon mari. » Bérénice se retourna et se plaça devant une petite affiche accrochée au mur. C'était une photographie d'un collier et de 3 broches qu'elle avait montré lors d'une exposition moderne de bijoux. En bas de l'affiche, imprimés avec soin, étaient écrits les mots suivants: Créé par Bérénice Bérénice lut les mots à haute voix, les récitant comme si c'était un vers d'un poème : « Mon nom est Bérénice », dit-elle. C'était étrange pour elle de parler aussi franchement. Et soudain, il lui sembla que William n'avait jamais été son amant, et qu'il n'avait jamais joué de cette stupide flûte chez elle; qu'il était l'homme le plus ennuyeux de l'Université et qu'un abîme la séparait de cette femme, dont la jalousie accentuait la laideur. `The girl,' said Mrs Cork, defending herself. `Which girl? At Enquiries?' `She fetched someone.' `Who was it?' said Berenice. `I don't know. It began with a W, I think,' said Mrs Cork. `Wheeler?' said Berenice. `There is a Mr Wheeler.' `No, it wasn't a man. It was a young woman. With a W Glowitz.' `That begins with a G,' said Berenice. `No,' said Mrs Cork out of her muddle, now afraid of Berenice. 'Glowitz was the name.' 'Glowitz,' said Berenice, unbelieving. `Rosie Glowitz. She's not young.' `I didn't notice,' said Mrs Cork. `Is her name Rosie?' Berenice felt giddy and cold. The chasm between herself and Mrs Cork closed up. `Yes,' said Berenice and sat on the sofa, pushing letters and papers away from herself. She felt sick. `Did you show her the letter?' she said. `No,' said Mrs Cork, looking masterful again for a moment. `She told me you were repairing the flute.' `Please go,' Berenice wanted to say but she could not get her breath to say it. `You have been deceived. You are accusing the wrong person. I thought your husband's name was William. He never called himself Bunny. We all call him William at the College. Rosie Glowitz wrote this letter.' But that sentence, `Bring the flute', was too much - she was suddenly on the side of this angry woman, she wished she could shout and break out into rage. She wanted to grab the flute that lay on Mrs Cork's lap and throw it at the wall and smash it. `I apologize, Miss Foster,' said Mrs Cork in a surly voice. The glister of tears in her eyes, the dampness on her face, dried. `I believe you. I have been worried out of my mind - you will understand.' Berenice's beauty had drained away. The behaviour of one or two of her lovers had always seemed self-satisfied to her, but William, the most unlikely one, was the oddest. He would not stay in bed and gossip but he was soon out staring at the garden, looking older, as if he were travelling back into his life: then, hardly saying anything, he dressed, turning to stare at the garden again as his head came out of his shirt or he put a leg into his trousers, in a manner that made her think he had completely forgotten. Then he would go into her front room, bring back the flute and go out to the garden seat and play it. She had done a cruel caricature of him once because he looked so comical, his long lip drawn down at the mouthpiece, his eyes lowered as the thin high notes, so sad and lascivious, seemed to curl away like wisps of smoke into the trees. Sometimes she laughed, sometimes she smiled, sometimes she was touched, sometimes angry and bewildered. One proud satisfaction was Mme Cork était encore incroyablement enflée, mais pendant qu'elle étudiait l'affiche, le désespoir se lisait sur son visage. « Je l'ai trouvé dans sa poche » dit-elle, à bout de force. « Nous faisons tous des erreurs, Mme Cork » dit Bérénice, froidement. Et puis, pour être généreuse dans sa victoire, elle ajouta : « laissez-moi voir encore une fois la lettre. » Mme Cork lui donna la lettre et Bérénice la lut : au mot « flûte », un doute la fit hésiter. Sa main commença à trembler et elle rendit rapidement la lettre. « Qui vous a donné mon adresse- je veux dire, à l'Université ? » accusa Bérénice.C'est interdit de transmettre les adresses à un inconnu. Ou les numéros de téléphone”. “La fille » dit Mme Cork pour se défendre. « Quelle fille ? Aux enquêtes ?” “Elle cherchait quelqu'un.” “Qui était-ce ? » demanda Bérénice. “Je l'ignore. Ca commence par un W je crois » dit Mme Cork. “Wheeler ? » questionna Bérénice. « Il y a un Mr Wheeler. » “Non, ce n'était pas un homme. C'était une jeune femme. Avec un W- Glowitz. » “Ca commence par un G » fit remarquer Bérénice. “Non » répliqua Mme Cork, toute confuse, maintenant effrayée par Bérénice. “Glowitz c'était le nom de famille ». “Glowitz », dit Bérénice, n'y croyant pas. « Rosie Glowitz, elle n'est pas jeune. » “Je n'y ai pas fait attention », répondit Mme Cork. « Rosie, c'est son nom ? » Bérénice se sentit mal. L'abîme entre elle et Mme Cork s'était refermé. “Oui » dit Bérénice, puis elle s'assit sur le canapé, poussant les lettres et les papiers loin d'elle. Elle ne se sentait pas bien. « Lui avez-vous montré la lettre ? » demanda t-elle. “Non » dit Mme Cork, d'un air autoritaire pendant un moment. « Elle m'a dit que vous répariez la flûte”. “Je vous en prie, partez », voulut dire Bérénice mais elle ne put reprendre son souffle pour le dire. « On vous a trompé. Vous accusez la mauvaise personne. Je croyais que le nom de votre mari était William. Il ne s'appelle pas Bunny. Nous l'appelons tous William à l'Université. Rosie Glowitz a écrit cette lettre. » Cependant, cette phrase « apporte la flûte » était de trop. Elle était tout à coup à la place de cette femme en colère, elle avait envie de crier et de faire éclater sa fureur. “Je m'excuse, Mlle Foster. », dit Mme Cork d'une voix hargneuse. Le filet de larmes dans ses yeux, l'humidité de son visage, séchèrent. « Je vous crois. J'étais inquiète et je n'avais pas l'esprit tranquille- vous comprendrez. » La that the people upstairs had complained. She was tempted, now that she and this clumsy woman were at one, to say to her, `Aren't men extraordinary! Is this what he does at home, does he rush out to your garden, bold as brass, to play that silly thing?' And then she was scornful. `To think of him going round to Rosie Glowitz's and half the gardens of London doing this!' But she could not say this, of course. And so she looked at poor Mrs Cork with triumphant sympathy. She longed to break Rosie Glowitz's neck and to think of some transcendent appeasing lie which would make Mrs Cork happy again, but the clumsy woman went on making everything worse by asking to be forgiven. She said `I am truly sorry' and `When I saw your work in the shop I wanted to meet you. That is really why I came. My husband has often spoken of it.' Well, at least, Berenice thought, she can tell a lie too. Suppose I gave her everything I've got, she thought. Anything to get her to go.Berenice looked at the drawer of her bench, which was filled with beads and pieces of polished stone and crystal. She felt like getting handfuls of it and pouring it all on Mrs Cork's lap. `Do you work only in silver?' said Mrs Cork, dabbing her eyes. `I am,' said Berenice, `working on something now.' And even as she said it, because of Mrs Cork's overwhelming presence, the great appeasing lie came out of her, before she could stop herself. `A present,' she said. `Actually,' she said, `we all got together at the College. A present for Rosie Glowitz. She's getting married again. I expect that is what the letter is about. Mr Cork arranged it. He is very kind and thoughtful.' She heard herself say this with wonder. Her other lies had glittered, but this one had the beauty of a newly discovered truth. `You mean Bunny's collecting the money?' said Mrs Cork. `Yes,' said Berenice. A great laugh came out of Florence Cork. `The big spender,' she said, laughing. `Collecting other people's money. He hasn't spent a penny on us for thirty years. And you're all giving this to that woman I talked to who has been married twice? Two wedding presents!' Mrs Cork sighed. `You fools. Some women get away with it, I don't know why,' said Mrs Cork, still laughing. `But not with my Bunny,' she said proudly and as if with alarming meaning. `He doesn't say much. He's deep, is my Bunny!' `Would you like a cup of tea?' said Berenice politely, hoping she would say no and go. `I think I will,' Mrs Cork said comfortably. `I'm so glad I came to see you. And,' she added, glancing at the closed door, `what about your father? I expect he beauté de Bérénice s'envola. Le comportement de ses amants passés avait toujours semblé la satisfaire jusqu'ici, mais William, le plus probable de tous, était le plus unique. Il ne restait pas dans son lit à bavarder mais regardait fixement le jardin, paraissant ainsi plus vieux, comme s'il avait travaillé toute sa vie : ensuite, en disant à peine un mot, il s'habillait. Il se dirigeait vers l'autre pièce, prenait sa flûte et en jouait dans le jardin. Elle avait fait une cruelle caricature de lui car il paraissait si drôle avec sa longue lèvre basse de sa bouche, ses yeux abaissés comme des notes basses, si tristes et si lascifs, qui semblaient se courber comme une traînée de fumée le long des arbres. Parfois elle riait, parfois elle souriait, parfois elle était touchée, parfois encore en colère ou se plaignant. Elle était tentée, maintenant qu'elle et cette femme étaient face à face, elle était tentée de lui dire : « Les hommes ne sont-ils pas extraordinaires ! Fait-il cela à la maison ? Est-ce qu'il se précipite dans votre jardin pour jouer de cette chose débile ? » Et ensuite elle devint méprisante : » Dire qu'il tourne ainsi autour du jardin de Rosie Glowitz et de la moitié des femmes de Londres pour jouer de la flûte! » Mais elle ne pouvait pas dire cela bien sûr. Elle regarda la pauvre Mme Cork avec un air de triomphe et de sympathie. Elle eut envie de tordre le cou de Rosie Glowitz et de penser à un mensonge d'apaisement transcendent qui aurait pu rendre Mme Cork heureuse, mais la femme maladroite continua à rendre la situation encore plus désagréable. Elle dit : « Je suis sincèrement désolée », et quand je vous ai vu travailler au magasin j'ai eu envie de vous rencontrer. C'est ce pourquoi je suis venue en fait. Mon mari m'a beaucoup parlé de vous. » Bon, au moins, pensa Bérénice, elle aussi est capable de mentir. Il faut que je me débrouille pour la faire partir. Bérénice regarda le tiroir de son banc, qui était rempli de perles et de morceaux de pierres et de cristal. Elle pensa prendre les poignées du tiroir et à le vider dans les poches de Mme Cork. “Travaillez-vous seulement avec de l'argent ? » demanda Mme Cork, en tamponnant ses yeux. “Je suis » commença Bérénice, “je suis en train de travailler sur un nouveau projet. » Et même pendant qu'elle disait cela, à cause de la présence accablante de Mme Cork, le mensonge lui échappa avant qu'elle ne puisse s'arrêter. “Un cadeau » dit-elle. « Actuellement », reprit-elle, « Nous nous sommes tous réunis à l'université. Un cadeau pour Rosie Glowitz. Elle va se remarier. Je pense que c'est ce dont parle la lettre. Mr Cork l'a arrangée. Il est très gentil et très consciencieux. » Elle s'écoutait parler avec satisfaction. Ses autres mensonges s'étaient could do with a cup.' Mrs Cork now seemed wide awake and it was Berenice who felt dazed, drunkish, and sleepy. `I'll go and see,' she said. In the kitchen she recovered and came back trying to laugh, saying, `He must have gone for his little walk in the afternoon, on the quiet.' `You have to keep an eye on them at that age,' said Mrs Cork. They sat talking and Mrs Cork said, `Fancy Mrs Glowitz getting married again.' And then absently, `I cannot understand why she says "Bring the flute."' `Well,' said Berenice agreeably, `he played it at the College party.' `Yes,' said Mrs Cork. `But at a wedding, it's a bit pushy. You wouldn't think it of my Bunny, but he is pushing.' They drank their tea and then Mrs Cork left. Berenice felt an enormous kiss on her face and Mrs Cork said, `Don't be jealous of Mrs Glowitz, dear. You'll get your turn,' as she went. Berenice put the chain on the door and went to her bedroom and lay on the bed. How awful married people are, she thought. So public, sprawling over everyone and everything, always lying to themselves and forcing you to lie to them. She got up and looked bitterly at the empty chair under the tree at first and then she laughed at it and went off to have a bath so as to wash all those lies off her truthful body. Afterwards she rang up a couple called Brewster who told her to come round. She loved the Brewsters, so perfectly conceited as they were, in the burdens they bore. She talked her head off. The children stared at her. `She's getting old. She ought to get married,' Mrs Brewster said. `I wish she wouldn't swoosh her hair around like that. She'd look better if she put it up.' révélés inefficaces, mais celui-ci avait la beauté d'une vérité nouvellement découverte. “Vous voulez dire que Bunny donne de l'argent ? » demanda Mme Cork. “Oui » dit Bérénice. Un grand rire sortit de la bouche de Florence Cork. « Le gros dépensier » ditelle en riant. « Il fait une collecte. Il n'a jamais dépensé un seul centime pour nous en trente ans. Et vous tous allez donner de l'argent pour cette femme qui se marie une seconde fois ? Deux cadeaux de mariage ! » Mme Cork soupira. “ Vous ne me ferez pas croire cela. D'autres femmes se seraient satisfaites de cet argument, pas moi. », dit Mme Cork, toujours en riant. « Non pas mon Bunny », ditelle fièrement, comme alarmée. « C'est mon Bunny” “Voulez-vous une tasse de thé ? » demanda poliment Bérénice, espérant qu'elle dirait non et qu'elle partirait. “Volontiers » répondit-elle à l'aise. « Je suis si heureuse d'être venue vous voir. Et », ajouta t-elle, jetant un regard à la porte fermée, « A propos de votre père ? Je pense qu'il peut prendre une tasse de thé. » Mme Cork semblait maintenant totalement réveillée et c'était Bérénice qui semblait s'endormir. “Je vais aller le voir » dit-elle. Elle se reprit en main et revint en essayant de rire, en disant : « Il a du partir faire sa petite promenade de l'après-midi, dans le calme. Vous devez garder un oeil sur eux à cet âge là » dit Mme Cork. Elles s'assirent et continuèrent à parler. Mme Cork dit “Mme Glowitz va se remarier. » Et d'un air absent : « Je ne comprends pas pourquoi elle dit « amène la flûte ». “Bien » dit Bérénice agréablement, « il va en jouer à la fête de l'université. “Oui » dit Mme Cork. « Mais à un mariage, c'est un peu ambitieux. Vous n'auriez jamais pensé cela de mon Bunny, mais il a de l'ambition. » Elles burent leurs thés et Mme Cork s'en alla. Bérénice sentit un énorme baiser sur son visage, et Mme Cork lui dit : « Ne soyez pas jalouse de Mme Glowitz, ma chère. Se sera bientôt votre tour », tandis qu'elle partait. Bérénice ferma la porte et alla dans sa chambre, pour s'étendre sur son lit. Les gens mariés peuvent être terribles, pensa t-elle. Ils se croient au-dessus de tout et de chacun, toujours en train de se mentir et vous forçant à leur mentir. Elle se leva et regarda amèrement la chaise vide sous l'arbre. Elle alla prendre un bain pour laver ces mensonges qui avaient sali son corps d'habitude si véridique. Puis elle se rendit chez un couple d'amis appelé Brewster, qui lui avait dit de passer. Elle adorait les Brewsters, aussi embêtants qu'ils fussent avec leurs problèmes. Elle parlait, la tête ailleurs. Les enfants la regardaient fixement. “Elle vieillit. Elle devrait se marier », dit Mme Brewster. « J'espère qu'elle ne laissera pas ses cheveux comme ça autour de son visage. Elle serait mieux les cheveux relevés. » Barbara Cottais Marine Rob Lorlay Valéro 1L2 4/ Graham Greene (1904.1991) “The Invisible Japanese Gentlemen” Henry Graham Greene was born on October 2, 1904 in Berkhamsted, Hertfordshire. The fourth of six children, Greene was a shy and sensitive youth. He disliked sports and was often truant from school in order to read adventure stories by authors such as Rider Haggard and R. M. Ballantyne. These novels had a deep influence on him and helped shape his writing style. The recurring themes of treachery and betrayal in Greene's writing stem from his troubled school years where he was often tormented for being the headmaster's son. After several suicide attempts, Greene left school one day and wrote to his parents that he did not wish to return. This culminated in his being sent to a therapist in London at age fifteen. His analyst, Kenneth Richmond, encouraged him to write and introduced him to his circle of literary friends which included the poet Walter de la Mare. The Invisible Japanese Gentlemen is a short story written in 1965. The story takes place in Bentley's, a restaurant in London. The narrator is sitting at a table, seemingly alone, and observes a group of eight Japanese gentlemen having dinner together, and beyond them a young British couple. They provide a mildly farcical and carnivalesque background to the main focus of the narrator's attention, the couple. Although they sit farthest away, the narrator catches their conversation. Throughout the story, he makes sarcastic or cynical comments about the young woman's ambition and youthful enthusiasm. He sounds embittered, being probably in his forties or fifties, and certainly past his days of glory. He knows about the publishing business and is aware of the gap between a young author's expectations and the harsher, down-to-earth realities of a literary career. He is both jealous of the girl, because she is at the beginning of something and still has the ability to dream her future, and sympathetic, because she's young enough to be his daughter and he would like to communicate his experience to her so as to preserve her from disappointments. Graham Greene The Invisible Japanese Gentlemen ( 1965 ) There were eight Japanese gentlemen having a fish dinner at Bentley's. They spoke to each other rarely in their incomprehensible tongue, but always with a courteous smile and often with a small bow. All but one of them wore glasses. Sometimes the pretty girl who sat in the window beyond gave them a passing glance, but her own problem seemed too serious for her to pay real attention to anyone in the world except herself and her companion. She had thin blonde hair and her face was pretty and petite in a Regency way, ovall ike a miniature, though she had a harsh way of speaking - perhaps the accent of the school, Roedean or Cheltenham Ladies' College, which she had not long ago left. She wore a man's signet-ring on her Des Japonais transparents Huit Japonais dégustaient un plat de poisson chez Bentley. Ils ne se parlaient que rarement dans leur langue incompréhensible, mais toujours avec un sourire respectueux et souvent un petit salut. Tous portaient des lunettes, sauf un. Parfois, la jolie jeune femme qui était assise de l'autre côté, leur adressait un regard furtif. Mais son problème semblait trop sérieux pour qu’elle prêtât attention à n’importe qui d’autre au monde qu’à elle-même et à son compagnon. Elle avait des cheveux blonds et fins, son visage était joli et petit, de style Regency, ovale comme une miniature bien qu’elle parlât rudement – peut-être était-ce l’accent de l’université de filles Roedean ou de Cheltenham qu’elle venait de quitter. Elle portait une chevalière d’homme à Un mariage et un livre. Il y avait, dans le restaurant Bentley, huit Japonais en déjeuner d'affaires. Ils se parlaient rarement dans leur langue incompréhensible, mais ils le faisaient toujours avec un sourire courtois, accompagné d'un léger hochement de tête. Tous les hommes, sauf un, portaient des lunettes. Parfois, la jolie jeune femme assise quelques tables plus loin, leur lançait des regards, mais elle semblait si préoccupée par son problème qu'elle ne pouvait prêter attention à quiconque, mis à part elle et son compagnon. Elle avait les cheveux blonds et fins, son visage était joli, ovale et aussi fin que celui d'une poupée de porcelaine, bien que sa façon de s'exprimer fut sévère - peut-être l'accent de l'école Roedan ou du collège pour jeunes filles de Cheltenham, qu'elle engagement finger, and as l sat down at my table, with the Japanese gentlemen between us, she said, 'So you see we could marry next week.' 'Yes?' Her companion appeared a little distraught. He refilled their glasses with Chablis and said, 'Of course, but Mother ... ' l missed some of the conversation then, because the eldest Japanese gentleman leant across the table, with a smile and a little bow, and uttered a whole paragraph like the mutter from an aviary, while everyone bent towards him and smiled and listened, and l couldn't help attending to him myself. The girl's fiancé resembled her physically. l could see them as two miniatures hanging side by side on white wood panels. He should have been a young officer in Nelson's navy in the days when a certain weakness and sensitivity were no bar to promotion. She said, 'They are giving me an advance of five hundred pounds, and they've sold the paperback rights already.' The hard commercial declaration came as a shock to me; it was a shock too that she was one of my own profession. She couldn't have been more than twenty. She deserved better of life. He said, 'But my uncle .. .' 'You know you don't get on with him. This way we shall be quite independent.' 'You will be independent,' he said grudgingly. 'The wine-trade wouldn't really suit you, would it? I spoke to my publisher about you and there's a very good chance ... if you began with some reading .. .' 'But I don't know a thing about books.' 'I would help you at the start.' 'My mother says that writing is a good crutch ... ' 'Five hundred pounds and half the paperback rights is a pretty solid crutch,' she said. l'annulaire et alors que j’étais assis à ma table, les Japonais entre nous, elle dit « Donc tu vois, on pourrait se marier la semaine prochaine ? » « Ah bon ? » Son compagnon sembla un peu pris au dépourvu. Il remplit à nouveau leurs verres de Chablis et dit « Naturellement, mais ma mère… ». Je perdis ensuite le fil de la conversation puisque le plus vieux des Japonais se pencha au-dessus de la table avec un sourire, un petit salut et débita un flot de paroles comme dans une volière pendant que tout le monde se penchait vers lui, lui souriait et l’écoutait. Je ne pouvais pas m'empêcher non plus de faire attention à lui. Le fiancé de la jeune femme lui ressemblait physiquement. Je les voyais comme deux miniatures côte à côte sur des panneaux de bois blancs. Il aurait dû être un jeune officier de marine de Nelson à l'époque où faiblesse et sensibilité n’étaient pas incompatibles avec cette promotion. Elle dit: « Ils me donnent une avance de 500 livres et ils ont déjà vendu les droits d’édition pour le livre de poche ». Cette déclaration commerciale me fit l’effet d’un choc; c’était surprenant qu’elle ait le même travail que moi. Elle n'avait pas plus de vingt ans. Elle méritait mieux de la vie. Il dit: « Mais mon oncle... ». « Tu sais que tu ne t’es jamais bien entendu avec lui. De cette façon, nous serons totalement indépendants ». « Toi, tu sera indépendante», lui dit-il à contrecoeur. « Le commerce du vin ne te réussirait pas, non ? J’ai parlé de toi à mon éditeur et il y a une très bonne chance…si tu te mettais un peu à lire… ». « Mais je ne connais rien à la littérature». « Je t’aiderais au début ». « Ma mère dit qu’écrire est une bonne chose». « 500 livres pour les droits d'auteur et la moitié des ventes des livres de poche aussi », lui dit-elle. venait juste de quitter. Elle portait une chevalière à son annulaire gauche. Quand je me suis assis, la table des Japonais me séparait d'elle. La jeune femme dit : " Tu vois, on pourrait se marier la semaine prochaine ". " Quoi ?! " Son compagnon parut un peu affolé. Il remplit leurs verres de Chablis. " Bien sûr, mais ma mère… " Ensuite, un morceau de la conversation m'échappa car un Japonais se pencha sur sa table, avec un sourire et un petit salut. Il prononçait un discours évoquant un bruit de volière, pendant que tout le monde l'écoutait en souriant. Moi-même ne pouvais me détourner de lui. Les amoureux se ressemblaient physiquement. Je les voyais comme deux poupées côte à côte, sur un panneau en bois blanc. Lui pouvait être un jeune officier de Marine, où faiblesse et sensibilité ne sont pas une barrière à la carrière. Elle lui dit : " Ils me donnent une avance de cinq cent livres, et ils vendent déjà les droits d'édition. " Cette terrible déclaration fut comme un choc pour moi; c'était un choc aussi car elle avait la même profession que moi. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Elle méritait mieux. Il lui répondit : " Mais mon oncle… " " Tu sais que tu ne t'entends pas avec lui. Si on continue comme ça, on sera indépendant. " " Tu seras indépendante ", lui répondit-il à contrecœur. " Le commerce du vin ne t'intéresse pas vraiment, n'est-ce pas? J'ai parlé de toi à mon éditeur, et il y a une grande chance…Si tu commençais avec quelques lectures… " " Mais, je n'y connais rien en livres. " " Je t'aiderai au début. " " Ma mère dit qu'écrire est un bon soutien… " 'This Chablis is good, isn't it?' 'I daresay.' I began to change my opinion of him-he had not the Nelson touch. He was doomed to defeat. She came alongside and raked him fore and aft. 'Do you know what Mr Dwight said?' 'Who's Dwight?' 'Darling, you don't listen, do you? My publisher. He said he hadn't read a first novel in the last ten years which showed such powers of observation. ' 'That's wonderful,' he said sadly, 'wonderful.' 'Only he wants me to change the title.' 'Yes?' .'He doesn't like The Ever-Rolling Stream. He wants to call it The Chelsea Set.' 'What did you say?' 'I agreed. I do' think that with a first novel one should try to keep one's publisher happy. Especially when, really, he's going to pay for our marriage, isn't he?' 'I see what you mean.' Absent-mindedly he stirred his Chablis with a fork - perhaps before the engagement he had always bought champagne. The Japanese gentlemen had finished their fish and with very little English but with e1aborate courtesy they were ordering from the middle-aged waitress a fresh fruit salad. The girl looked at them, and then she looked at me, but I think she saw only the future. I wanted very much to warn her against any future based on a first novel called The Chelsea Set. I was on the side of his mother. It was a humiliating thought, but l was probably about her mother's age. l wanted to say to her, Are you certain your publisher is telling you the truth? Publishers are human. They may sometimes exaggerate the virtues of the young and the pretty. Will The Chelsea Set be read in five years? Are you prepared for the years of effort, 'the long defeat of doing nothing well'? As the years pass writing will « Il est bon ce Chablis, non? ». « Absolument». Je commençais à changer d’avis à propos du fiancé – il n’avait pas l'étoffe des officiers de marine de Nelson. Il était voué à l’échec. Elle se rapprocha de lui et lui caressa le bras. « Sais-tu ce que Monsieur Dwight a dit ? ». « Qui est Dwight ? ». « Chéri, tu ne m’écoutes donc pas ? C’est mon éditeur. Il a dit qu’il n’avait pas lu un premier roman ces dix dernière années avec un tel pouvoir d’observation ». « C’est merveilleux, dit-il, merveilleux ». « Seulement il veut que je change le titre ». « Ah oui ? ». « Il n’aime pas The Ever-Rolling Stream Il voudrait l’appeler The Chelsea Set ». « Qu’as-tu dit ? ». « Que j’étais d’accord et je pense qu’un premier roman doit satisfaire l’éditeur. D'autant qu'en fait il va payer notre mariage, qu'en dis-tu? ». « Je vois ce que tu veux dire ». Distraitement, il remua son Chablis avec une fourchette - peut-être avait-il l’habitude d’acheter du champagne, avant les fiançailles. Les Japonais avaient fini leur poisson et, dans un anglais hésitant mais d’une courtoisie exemplaire, ils commandaient à une serveuse entre deux âges une salade de fruits frais. La jeune femme les observa puis ce fut vers moi qu’elle dirigea son regard, mais je présume qu’elle ne pensait qu’à son avenir. Je voulais vraiment la mettre en garde contre ce qui suivrait après un premier roman intitulé The Chelsea set. J’étais du même avis que la mère du fiancé. C’était une pensée humiliante, mais j’avais probablement l’âge de sa mère. Je voulais lui dire : Etes-vous certaine que votre éditeur vous dise la vérité ? Les éditeurs sont des humains. Il se peut qu'ils exagèrent les vertus des jolies jeunes filles. The Chelsea Set sera-t-il encore lu dans cinq ans ? Etes-vous prête à faire " Cinq cent livres et la moitié des droits d'édition sont des soutiens solides ", lui rétorqua-t-elle. " Ce chablis est bon, tu ne trouves pas ? " " Sans doute. " Je commençais à changer d'opinion sur lui. Il n'avait pas l'allure d'un officier de la Nelson . Il était destiné à être vaincu. Elle se mit à côté de lui. " Sais-tu ce que Mr Dwight dit ? " " Qui est Mr Dwight ? " " Chéri, tu ne m'écoutes pas, si ? Mon éditeur. Il dit qu'il n'a pas lu un roman, ces dix dernières années, avec de tels pouvoirs d'observation. " " C'est merveilleux ", lui répondit-il tristement, " merveilleux . " " Il veut seulement que je modifie le titre. " " Ah oui ? " " Il n' aime pas le titre : des vagues dans le ruisseau. Il veut l'appeler the Chelsea set. " " Qu' as-tu répondu ? " " Que j'étais d'accord. Je pense qu'avec un premier roman, on doit essayer de satisfaire un éditeur. Notamment quand il paie notre mariage, non ? " " Je vois ce que tu veux dire. " L'esprit ailleurs, il remuait son chablis avec sa fourchette- peut-être qu'avant ses fiançailles, il achetait du champagne. Les Japonais avaient fini leurs conversations, et avec un petit accent anglais, mais poliment, ils commandaient une salade de fruits frais, à la serveuse qui avait une cinquantaine d'années. La jeune fille les regarda, puis me regarda, mais à mon avis, elle pensait au futur. Je voulais l'avertir contre un futur construit sur un premier roman appelé the chelsea set. J'étais du côté de sa mère. C'était une pensée humiliante, mais je devais avoir à peu près le même âge qu'elle. Je voulais lui dire, êtes-vous sûre que votre éditeur vous dit la vérité ? Les éditeurs sont humains. Ils peuvent quelquefois exagérer les vertus des jeunes. The chelsea set sera-t-il lu dans cinq ans ? Etes-vous préparée pour des années d'effort ? Quand les années not become any easier, the daily effort will grow harder to endure, those 'powers of observation' will become enfeebled; you will be judged, when you reach your forties, by performance and not by promise. 'My next novel is going to be about St Tropez.' 'I didn't know you'd ever been there.' 'I haven't. A fresh eye's terribly important. l thought we might settle down there for six months.' 'There wouldn't be much left of the advance by that time.' 'The advance is only an advance. l get fifteen per cent after five thousand copies and twenty per cent after ten. And of course another advance will be due, darling, when the next book's finished. A bigger one if The Chelsea Set sells well’. 'Suppose it doesn't.' 'Mr Dwight says it will. He ought to know.' 'My uncle would start me at twelve hundred.' 'But, darling, how could you come then to St Tropez?' 'Perhaps we'd do better to marry when you come back.' She said harshly, 'I mightn't come back if The Chelsea Set sells enough.' 'Oh.' She looked at me and the party of Japanese gentlemen. She finished her wine. She said, 'ls this a quarrel?' 'No.' 'l've got the title for the next book - The Azure Blue.' 'I thought azure was blue.' She looked at him with disappointment. 'You don't really want to be married to a novelist, do you?' 'You aren't one yet.' 'I was born one - Mr Dwight says. My powers face à des années d’effort, le « grand échec de n’avoir rien fait de bien » ? Au fil des ans, écrire ne deviendra pas plus facile, les efforts quotidiens seront de plus en plus éprouvants et ce « pouvoir d’observation » s’affaiblira. Vous ne serez jugée, quand vous aurez atteint la quarantaine, que sur vos résultats et non ce qu'on espère de vous. « Mon prochain roman sera sur SaintTropez ». « Je ne savais pas que tu y étais déjà allée ». « Non, jamais. Un oeil neuf est très important. Je pensais que nous pourrions y séjourner six mois ». « A ce rythme-là, il ne te restera plus grand-chose de ton avance ». « Une avance n’est qu’une avance. Je gagne quinze pour cent sur cinq cents ventes et vingt pour cent sur cent. Et bien sûr, j’aurai une autre avance, chéri, quand mon prochain livre sera terminé. Une plus grosse , si The Chelsea Set se vend bien. « Supposons que non ». « Monsieur Dwight dit qu’il se vendra bien et il s’y connaît ». « Mon oncle lui, me ferait commencer à mille deux cents livres ». « Mais chéri, comment ferais-tu alors pour venir à Saint-Tropez ? ». « Peut-être que l’on devrait se marier quand tu rentreras ». « Je ne reviendrai peut-être pas si The Chelsea Set se vend bien », lui répondit-elle sèchement. « Ah ». Elle me regarda, ainsi que le groupe de Japonais. Elle finit son verre de vin et dit « Est-ce une dispute ? ». « Non ». « J’ai le titre de mon prochain livre The Azure Blue ». « Je pensais que l’azur ne pouvait être que bleu». Elle le regarda, déçue « Tu ne veux pas vraiment épouser une romancière, hein? ». « Tu ne l’es pas encore ». passées à écrire ne deviendront pas faciles, l'effort quotidien sera rude, ces 'pouvoirs d'observation' deviendront faibles, quand vous approcherez les quarante ans, vous serez jugée sur des performances et non sur des promesses. " Mon prochain roman sera sur St Tropez. " " Je ne savais pas que tu étais déjà allée là-bas. " " Je n'y suis jamais allée. Un regard neuf est vraiment important. Je pensais que nous pourrions nous installer là-bas pendant six mois. " " Il ne restera pas grand-chose de l'avance. " " L'avance n'est qu'une avance. J'obtiens quinze pour cents après cinq mille copies, et vingt pou rcents après dix mille. Et bien sûr une autre avance, quand le prochain livre sera terminé. Une plus grosse avance si the chelsea set se vend bien. " " Suppose qu'il ne se vende pas bien. " " M.Dwight dit que si. Il est bien placé pour le savoir. " " Mon oncle me fait débuter à douze cents . " " Mais chéri, comment viendras-tu ensuite à St Tropez ? " " Peut-être que l'on ferait mieux de se marier quand tu reviendras. " Elle lui répondit rudement : " Je ne reviendrai peut-être pas, si the chelsea set se vend assez. " " Oh. " Elle me regarda ainsi que les Japonais. Elle finit son verre de vin. Elle lui demanda : " C'est une dispute ? " " Non. " " J'ai trouvé le titre du prochain livre : Le bleu azur. " " Je pensais que l'azur était bleu . " Elle le regarda déçue. " Tu ne veux vraiment pas être marié à une écrivain, si ? " " Tu n'en es pas encore une. " " M.Dwight dit que je suis née écrivain. Mes of observation ... ' 'Yes. You told me that, but, dear, couldn't you observe a bit nearer home? Here in London.' 'l've done that in The Chelsea Set. l don't want to repeat myself.' The bill had been lying beside them for some time now. He took out his wallet to pay, but she snatched the paper out of his reach. She said, 'This is my celebration.' 'What of?' 'The Chelsea Set, of course. Darling, you're awfully decorative, but sometimes - well, you simply don't connect.' 'I'd rather ... if you don't mind .. .' 'No, darling, this is on me. And Mr Dwight, of course.' He submitted just as two of the Japanese gentlemen gave tongue simultaneously, then stopped abruptly and bowed to each other, as though they were blocked in a doorway. I had thought the two young people matching miniatures, but what a contrast in fact there was. The same type of prettiness could contain weakness and strength. Her Regency counterpart, I suppose, would have borne a dozen children without the aid of anaesthetics, while he would have fallen an easy victim to the first dark eyes in Naples. Would there one day be a dozen books on her shelf? They have to be born without an anaesthetic too. I found myself hoping that The Chelsea Set would prove to be a disaster and that eventually she would take up photographic modelling while he established himself solidly in the wine-trade in St James's. I didn't like to think of her as the Mrs Humphrey Ward of her generation not that I would live so long. Old age saves us from the realization of a great many fears. I wondered to which publishing firm Dwight belonged. I could imagine the blurb he would have already written about her abrasive powers of observation. There « C'est inné chez moi, Monsieur Dwight me l’a dit. Mon pouvoir d’observation…». « Oui tu me l'as déjà dit, mais chérie ne pourrais-tu pas observer un peu plus près de chez nous ? Ici, à Londres ». « C'est ce que j'ai fait pour The Chelsea Set. Il faut que je me renouvelle». L'addition avait été posée sur la table depuis quelque temps déjà. Il sortit son porte-feuille pour payer, mais elle s'empara de l'addition. Elle lui dit « C'est moi qui offre ». « En quel honneur ? ». « The Chelsea Set, bien sûr. Chéri tu es terriblement beau, simplement parfois tu as du mal à suivre les évènements ». « J'aimerais mieux payer ... si tu veux bien... ». « Non chéri, c'est pour moi et Monsieur Dwight évidemment ». Il accepta alors que deux Japonais donnèrent de la voix, puis s'arrêtèrent brusquement et se saluèrent l'un l'autre comme s'ils étaient bloqués dans l'embrasure de la porte. J'avais pensé que les deux jeunes gens ressemblaient aux miniatures, mais en réalité ils étaient complètement différents. Le même type de beauté pouvait très bien cacher à la fois de la faiblesse ou de la force. Je suppose que son homologue Regency aurait pu mettre au monde une douzaine d'enfants sans anesthésie, tandis que son fiancé aurait été une proie facile pour une épidémie à Naples. Y'aurait-il, un jour, une douzaine de livres sur son étagère ? Il faut qu'elle les écrivent sans anesthésie non plus. Je me suis surpris à espérer que The Chelsea Set soit un désastre et que finalement elle se mette à photographier des mannequins pendant que son mari réussirait dans le commerce du vin à SaintJames's. Je ne pensais pas qu'elle était la Madame Humphrey Ward de sa génération – non pas que je ne vivrai aussi longtemps. Le grand âge nous protège de la réalisation de beaucoup de nos pouvoirs d'observation… " " Oui. Tu me l'as dit, mais chérie, tu ne pourrais pas observer un peu plus près de chez nous ? Ici, à Londres. " " Je l'ai fait dans the chelsea set. Je ne veux pas me répéter. " L'addition se trouvait à côté d'eux depuis un petit moment. Il sortit son portefeuille pour payer, mais elle saisit le papier et le mit hors de sa portée. Elle lui dit : " C'est moi qui t'invite. " " En l'honneur de quoi ? " " De the chelsea set, évidemment. Chéri, tu es très mignon, mais parfois…tu as du mal à suivre " " J'aimerais mieux…si tu n'y vois pas d'inconvénient… " " Non chéri, c'est pour moi. Et M.Dwight évidemment. " Il se soumettait juste, quand deux Japonais tiraient la languette de leur chaussure simultanément, ils arrêtèrent soudainement et se saluèrent. J'ai pensé que les deux jeunes personnes se ressemblaient, mais quel contraste. Le même type de beauté pouvant renfermer faiblesse et force. L'équivalent de la jeune femme, je suppose, pourrait avoir porté une douzaine d'enfants sans l'aide d'anesthésiques, alors que le jeune homme pourrait être une victime facile des premières chemises noires à Naples. Aura-t-elle un jour écrit une douzaine de livres ? Ils doivent naître aussi sans anesthésique. J'espèrais presque que the chelsea set se révèle être un désastre et qu'éventuellement elle se mette à la photographie alors que lui s'est installé dans le commerce du vin à St James. Je n'aime pas l'imaginer comme la madame Humphrey Ward de sa génération- je vivrais trop longtemps. Les personnes âgées nous sauvent par la réalisation de grandes peurs. Je me demandais à quelle maison d'édition Dwight appartenait. Je pourrais imaginer la publicité qu'il aurait déjà écrite à propos de son pouvoir would be a photo, if he was wise, on the back of the jacket, for reviewers, as well as publishers, are human, and she didn't look like Mrs Humphrey Ward. I could hear them talking while they found their coats at the back of the restaurant. He said, 'I wonder what all those Japanese are doing here?' 'Japanese?' she said. 'What Japanese, darling? Sometimes you are so evasive I think you don't want to marry me at all.' craintes. Je me demandais à quelle maison d'édition Dwight appartenait. Je pouvais imaginer tout ce qu'il avait déjà écrit à propos de son pouvoir d'observation. Il y aurait une photo, s'il était habile, sur la dernière de couverture car les critiques comme les éditeurs sont humains. Et elle ne ressemblait pas à Madame Humphrey Ward. Je les entendais parler en enfilant leurs manteaux au fond du restaurant. Il dit « Je me demande ce que tous ces Japonais font ici ? ». « Des Japonais ? lui dit-elle, quels Japonais chéri ? Parfois tu es si rêveur que je pense que tu ne veux vraiment pas te marier avec moi ». d'observation. Il pourrait y avoir une photo, s'il était malin, au dos de la couverture, pour les critiques, aussi bien les éditeurs, humains, et elle ne ressemblait pas à Mme Humphrey Ward. Je les entendais alors qu'ils prenaient leurs manteaux à l'arrière du restaurant. Il lui disait : " Je me demande ce que font tous ces Japonais ici. " " Japonais ? ", l'interrogea-t-elle. " Quels japonais chéri? Parfois tu es très évasif. Je pense que tu ne veux pas du tout te marier avec moi. " Salomé Barbe Ludmilla Even Pauline Le Berre 1L 2 Benjamin, Lucile, Maud 1°L, année 2007 Graham Greene The Invisible Japanese Gentlemen ( 1965 ) There were eight Japanese gentlemen having a fish dinner at Bentley's. They spoke to each other rarely in their incomprehensible tongue, but always with a courteous smile and often with a small bow. All but one of them wore glasses. Sometimes the pretty girl who sat in the window beyond gave them a passing glance, but her own problem seemed too serious for her to pay real attention to anyone in the world except herself and her companion. She had thin blonde hair and her face was pretty and petite in a Regency way, ovall ike a miniature, though she had a harsh way of speaking - perhaps the accent of the school, Roedean or Cheltenham Ladies' College, which she had not long ago left. She wore a man's signet-ring on her LES INVISIBLES MESSIEURS JAPONAIS LES INVISIBLES MESSIEURS JAPONAIS Huit messieurs japonais dégustaient un plateau de crustacés chez Bentley's. Ils se parlaient rarement dans leur langue incompréhensible, mais avec un sourire courtois, et souvent avec une légère inclination de la tête. Tous, sauf l'un d'entre eux, portaient des lunettes. Parfois, la jolie fille assise à la vitrine derrière eux leur lançait un bref regard, mais son propre problème lui semblait trop sérieux pour qu'elle puisse prêter la moindre attention à qui que se soit autour d'elle, à l'exception d'elle-même et de son compagnon. Elle avait de fins cheveux blonds et son visage était joli et raffiné, très féminin, ovale comme une poupée de porcelaine ; pourtant, elle parlait de Huit messieurs japonais dînaient de crustacés chez Bentley's. Ils se parlaient rarement dans leur langue sibylline, mais toujours avec un sourire courtois et souvent avec une petite révérence. Tous, à l'exception d'un, portaient des lunettes. Parfois, la jolie fille assise à la fenêtre derrière eux leur lançait un bref regard, mais son problème personnel lui semblait trop sérieux pour pouvoir prêter attention à quiconque hormis son compagnon. Elle avait de fins cheveux blonds et son visage était joli et petit, dans le style Régence, ovale comme une poupée de porcelaine; elle avait une façon stridente de parler - peut-être l'accent de son université de filles Roedean ou Cheltenham, qu'elle engagement finger, and as l sat down at my table, with the Japanese gentlemen between us, she said, 'So you see we could marry next week.' 'Yes?' Her companion appeared a little distraught. He refilled their glasses with Chablis and said, 'Of course, but Mother ... ' l missed some of the conversation then, because the eldest Japanese gentleman leant across the table, with a smile and a little bow, and uttered a whole paragraph like the mutter from an aviary, while everyone bent towards him and smiled and listened, and l couldn't help attending to him myself. The girl's fiancé resembled her physically. l could see them as two miniatures hanging side by side on white wood panels. He should have been a young officer in Nelson's navy in the days when a certain weakness and sensitivity were no bar to promotion. She said, 'They are giving me an advance of five hundred pounds, and they've sold the paperback rights already.' The hard commercial declaration came as a shock to me; it was a shock too that she was one of my own profession. She couldn't have been more than twenty. She deserved better of life. He said, 'But my uncle .. .' 'You know you don't get on with him. This way we shall be quite independent.' 'You will be independent,' he said grudgingly. 'The wine-trade wouldn't really suit you, would it? I spoke to my publisher about you and there's a very good chance ... if you began with some reading .. .' 'But I don't know a thing about books.' 'I would help you at the start.' 'My mother says that writing is a good crutch ... ' 'Five hundred pounds and half the paperback rights is a pretty solid crutch,' she said. façon très rude; sans doute était-ce dû à l'accent l'université pour fille, Roedean ou Cheltenham qu'elle venait à peine de quitter.Elle portait une chevalière à l'annulaire, et lorsque je me suis assis à la table derrière celle des messieurs japonais, elle dit : « Alors, tu vois, nous pourrions nous marier la semaine prochaine. » « Ah oui ? » Son compagnon paraissait un peu désemparé. Il remplit à nouveau leurs verres de Chablis et dit: « Bien sûr, mais Mère... » J'ai alors manqué une partie de la conversation, car le plus âgé des messieurs japonais se pencha en travers de la table, avec un sourire et une petite inclination, et prononça un paragraphe entier, comme les murmures d'une volière tandis que tout le monde se tournait vers lui, souriait et écoutait. Et je ne pouvais pas moi-même m'empêcher de lui prêter attention. Le fiancé de la fille lui ressemblait physiquement. Je les voyais tous deux tels deux pantins, se tenant côte à côte sur des panneaux de bois blanc. Lui avait dû être jeune officier de la marine de Nelson, à cette époque où la faiblesse et la sensibilité ne constituaient pas des obstacles à la promotion. Elle dit : « Ils me donnent une avance de cinq cent livres, et ils ont déjà vendu les droits du livre de poche. »Cette déclaration m'est apparue tel un choc; c'était également un pincement au coeur d'apprendre qu'elle avait la même profession que moi. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans. Elle méritait mieux. Il dit: « Mais mon oncle... » « Tu sais, tu ne te maries pas avec lui. Nous devons être assez indépendants. » « Toi, tu seras indépendante », dit-il à contre coeur. « Le commerce du vin ne te conviendrait pas, n'estce pas ? J'ai parlé de toi à mon éditeur, et il y a une grande chance... Si tu commençais par faire des relectures... » « Mais je ne connais rien aux livres. » avait certainement quittée depuis peu. Elle portait une chevalière à l'annulaire, et quand je me suis assis à ma table, avec les messieurs japonais entre nous, elle dit “Alors tu vois nous pourrions nous marier la semaine prochaine. » “Pardon ? » Son compagnon paraissait un peu distrait. Il remplit à nouveau leurs verres de Chablis et dit : « Bien sûr, mais Mère... » J'ai alors manqué une partie de la conversation, parce que le plus vieux des messieurs japonais s'appuya sur la table, avec un sourire et une petite révérence, et prononça un paragraphe entier, comme le murmure d'une volière, pendant que tout le monde se penchait vers lui et souriait et attendait : je ne pouvais pas moi-même m'empêcher de lui prêter attention. Le fiancé de la fille lui ressemblait physiquement. Je les voyais comme deux petites poupées de cire, se tenant côte à côte sur des panneaux de bois blanc. Il avait dû être jeune officier dans la marine de Nelson, pendant la période où une certaine faiblesse et sensibilité n'étaient pas des obstacles à une promotion. Elle dit : « Ils me donnent une avance de cinq cents livres, et ils ont déjà vendu les droits de poche. » Cette déclaration commerciale me choqua; c'était également un choc d'apprendre qu'elle exerçait la même profession que moi. Elle ne pouvait pas avoir plus de vingt ans. Elle méritait mieux. Il dit : « Mais mon oncle... » “Tu sais, tu ne te maries pas avec lui. Pour cela, nous devons être assez indépendants. » “Toi, tu seras indépendante », dit-il à contre cceur. “Le métier du vin ne te convient pas vraiment, n'est-ce pas ? J'ai parlé de toi à mon éditeur, et il y a de très fortes chances... Si tu commençais avec des lectures... » “Mais je ne connais rien à la littérature. » “Je pourrais t'aider au début. » “Ma mère dit qu'écrire est une bonne béquille... » 'This Chablis is good, isn't it?' 'I daresay.' I began to change my opinion of him-he had not the Nelson touch. He was doomed to defeat. She came alongside and raked him fore and aft. 'Do you know what Mr Dwight said?' 'Who's Dwight?' 'Darling, you don't listen, do you? My publisher. He said he hadn't read a first novel in the last ten years which showed such powers of observation. ' 'That's wonderful,' he said sadly, 'wonderful.' 'Only he wants me to change the title.' 'Yes?' .'He doesn't like The Ever-Rolling Stream. He wants to call it The Chelsea Set.' 'What did you say?' 'I agreed. I do' think that with a first novel one should try to keep one's publisher happy. Especially when, really, he's going to pay for our marriage, isn't he?' 'I see what you mean.' Absent-mindedly he stirred his Chablis with a fork - perhaps before the engagement he had always bought champagne. The Japanese gentlemen had finished their fish and with very little English but with e1aborate courtesy they were ordering from the middle-aged waitress a fresh fruit salad. The girl looked at them, and then she looked at me, but I think she saw only the future. I wanted very much to warn her against any future based on a first novel called The Chelsea Set. I was on the side of his mother. It was a humiliating thought, but l was probably about her mother's age. l wanted to say to her, Are you certain your publisher is telling you the truth? Publishers are human. They may sometimes exaggerate the virtues of the young and the pretty. Will The Chelsea Set be read in five years? Are you prepared for the years of effort, 'the long defeat of doing nothing well'? As the years pass writing will « Je t'aiderai au début. » « Ma mère dit qu'écrire est une bonne béquille... » « Cinq cents livres plus les droits en livre de poche est une jolie et solide béquille en effet. », dit-elle. « Ce Chablis est bon, tu ne trouves pas ?» « Ma foi, tu as raison. » Je commençais à changer mon opinion vis à vis de lui. Il n'avait pas la touche Nelson. Il était destiné à la défaite. Elle l'accosta. « Tu sais ce que M. Dwight a dit ?» « Qui est M. Dwight ? » « Chéri, tu n'écoutes rien ou quoi ? M.Dwight est mon éditeur. Il m'a dit qu'il n'avait pas lu un seul roman, durant ces dix dernières années, qui comportait de tels pouvoirs d'observation. » « C'est merveilleux, dit-il tristement, merveilleux. » « Seulement, il veut que je change le titre. » «Vraiment ?” « Il n'aime pas Fleuve Éternel. Il veut l'appeler The Chelsea Set. » « Qu'est-ce que tu lui as dit ? » « J'ai accepté. Je pense que quand on écrit son premier roman, il faut savoir faire plaisir à son éditeur. Surtout quand, il paie notre mariage, tu vois ce que je veux dire ? » « Oui, tout à fait». Distraitement, il mélangea son Chablis avec une fourchette - peut-être qu'il avait acheté le champagne avant les fiançailles. Les messieurs japonais avaient fini leur plat, et avec un anglais pauvre mais assez élaboré pour être courtois, ils commandèrent une salade de fruits frais à la serveuse. La fille assise à la table les regarda, puis me regarda, mais je pense qu'elle ne voyait là que son avenir. Je voulais la mettre en garde : un premier roman intitulé The Chelsea Set ne pouvait en aucun cas constituer les bases du futur. Je partageais le même avis que sa mère, et pensée humiliante, probablement aussi le même âge. Je voulais lui dire, es-tu certaine que ton éditeur te dit la vérité ? Les éditeurs sont humains. Ils « Cinq cents livres et la moitié des droits en poches est une jolie et solide béquille », dit-elle. “Ce Chablis est bon, tu ne trouves pas ? » “Sans doute. » J'ai commençé à changer mon opinion envers lui il n'avait pas la touche Nelson. Il était condamné à la défaite. Elle le taquina. « Tu sais ce que Mr. Dwight a dit ? » “Qui est Mr. Dwight ? » “Chéri, tu n'écoutes pas, pas vrai ? C'est mon éditeur. Il a dit qu'il n'avait pas lu un premier roman, ces dix dernières années, qui montrait autant de pouvoirs d'observation. » « C'est magnifique, dit-il tristement, magnifique. » “Seulement, il veut que je change le titre. » “Quoi ? » « Il n'aime pas The Ever-Rolling Stream. Il veut l'appeler The Chelsea Set. » “Qu'est-ce que tu lui as dit ? » “ Que j'étais d'accord. Je pense vraiment que pour un premier roman, on doit satisfaire son éditeur. Surtout quand il paie notre mariage, n'est-ce pas ? » “Je vois ce que tu veux dire. » Distraitement, il mélangea son Chablis avec une fourchette - peutêtre qu'avant de se fiancer, il n'avait acheté que du champagne. Les messieurs japonais avaient fini leurs crustacés, et avec un anglais pauvre mais avec une courtoisie élaborée, ils commandèrent à la serveuse une salade de fruits frais. La fille assise à la table les regarda puis me regarda, mais à mon avis elle pensait déjà au futur. Je voulais vraiment la mettre en garde contre un avenir basé sur un premier roman appelé The Chelsea Set. J'étais d'accord avec sa mère. C'était une pensée humiliante, mais j'étais probablement du même âge que sa mère. Je voulais lui dire, es-tu certaine que ton éditeur te dit la vérité ? Les éditeurs sont humains. Ils peuvent parfois exagérer les vertus des jeunes et jolies filles. The Chelsea Set sera-t-il lu dans cinq not become any easier, the daily effort will grow harder to endure, those 'powers of observation' will become enfeebled; you will be judged, when you reach your forties, by performance and not by promise. 'My next novel is going to be about St Tropez.' 'I didn't know you'd ever been there.' 'I haven't. A fresh eye's terribly important. l thought we might settle down there for six months.' 'There wouldn't be much left of the advance by that time.' 'The advance is only an advance. l get fifteen per cent after five thousand copies and twenty per cent after ten. And of course another advance will be due, darling, when the next book's finished. A bigger one if The Chelsea Set sells well’. 'Suppose it doesn't.' 'Mr Dwight says it will. He ought to know.' 'My uncle would start me at twelve hundred.' 'But, darling, how could you come then to St Tropez?' 'Perhaps we'd do better to marry when you come back.' She said harshly, 'I mightn't come back if The Chelsea Set sells enough.' 'Oh.' She looked at me and the party of Japanese gentlemen. She finished her wine. She said, 'ls this a quarrel?' 'No.' 'l've got the title for the next book - The Azure Blue.' 'I thought azure was blue.' She looked at him with disappointment. 'You don't really want to be married to a novelist, do you?' 'You aren't one yet.' 'I was born one - Mr Dwight says. My powers peuvent parfois exagérer les vertus des jeunes et jolies filles . The Chelsea Set sera-t-il lu dans cinq ans ? Es-tu préparée aux années d'efforts, « à l'angoisse de la feuille blanche? » Les années passant, écrire ne deviendra pas plus facile ; l'effort quotidien sera de plus en plus dur, ces « pouvoirs d'observation » s'amenuiseront ; tu seras jugée, quand tu atteindras les quarante ans, sur ton talent, pas sur tes promesses. « Mon prochain roman va parler de St Tropez. » « Je ne savais pas que tu y étais déjà allée. » « Jamais, en effet. Mais un regard neuf, c'est important. Je pensais que nous pourrions nous y installer pour six mois. » « Il ne nous restera plus beaucoup des cinq cents livres alors. » « L'avance est seulement une avance. Je perçois 15 % après cinq mille copies, 20 % après dix mille. Et bien sûr on me devra une nouvelle avance, chéri, quand le prochain livre sera terminé. Une bien plus importante si The Chelsea Set se vend bien. » « Suppose que non. » « M. Dwight dit qu'il se vendra bien. Il sait de quoi il parle » « Mon oncle voudrait me lancer à mille deux cents. » « Mais chéri, comment viendrais-tu alors à St Tropez ? » « Peut-être ferions-nous mieux de nous marier quand tu reviendras » Elle dit avec une voix stridente : « Je ne reviendrai peut-être pas si The Chelsea Set se vend bien. » Oh. » Elle me regarda, ainsi que la table des Japonais. Elle finit son vin. Elle dit : « Est-ce une dispute ? » « Non. » « J'ai le titre pour le prochain livre - L'Azur Bleu. » « Je pensais que l'azur était bleu. » Elle le regarda, déçue. « Tu ne veux vraiment pas te marier à une romancière, n'est-ce pas ? » ans ? Es-tu préparée aux années d'efforts, « la longue défaite où l'on ne fait rien de bien » ? Avec les années qui passent, écrire ne deviendra pas plus facile, l'effort quotidien deviendra de plus en plus insupportable, ces « pouvoirs d'observation » s'émousseront. Tu seras jugée, quand tu atteindras les quarante ans, sur ton talent et non sur tes promesses de débutante. “Mon prochain roman va parler de St Tropez. » “Je ne savais pas que tu y étais déjà allée, » “ Jamais, en effet. Un nouvel oeil est vraiment important. Je pensais que nous pourrions nous y installer pour six mois. » « Il ne restera plus beaucoup de ton avance alors. » « L'avance est seulement une avance. Je perçois 15 % après cinq mille copies, 20 % après dix. Et bien sûr on me devra une nouvelle avance, chéri, quand le prochain livre sera terminé. Une plus importante si The Chelsea Set se vend bien. » « Suppose que non. » “M. Dwight dit qu'il se vendra bien. Il est du métier quand même”. “Mon oncle voudrait me lancer à mille deux cents. » “Mais chéri, comment viendrais-tu alors à St Tropez ? » « Peut-être ferions-nous mieux de nous marier quand tu seras revenue. » Elle dit avec une voix stridente : « Je ne reviendrai peut-être pas si The Chelsea Set se vend assez. » “Oh. » Elle me regarda, puis et la table des Japonais. Elle finit son vin. Elle dit : « Est-ce une querelle ? » “Non. » « J'ai le titre pour le prochain livre - L'azur bleu. » “Je pensais que l'azur était bleu. » Elle le regarda avec déception. « Tu ne veux vraiment pas te marier à une romancière, n'est-ce pas ? » “Tu n'en es pas encore une. » “Je suis née romancière - dit M. Dwight. Mes of observation ... ' 'Yes. You told me that, but, dear, couldn't you observe a bit nearer home? Here in London.' 'l've done that in The Chelsea Set. l don't want to repeat myself.' The bill had been lying beside them for some time now. He took out his wallet to pay, but she snatched the paper out of his reach. She said, 'This is my celebration.' 'What of?' 'The Chelsea Set, of course. Darling, you're awfully decorative, but sometimes - well, you simply don't connect.' 'I'd rather ... if you don't mind .. .' 'No, darling, this is on me. And Mr Dwight, of course.' He submitted just as two of the Japanese gentlemen gave tongue simultaneously, then stopped abruptly and bowed to each other, as though they were blocked in a doorway. I had thought the two young people matching miniatures, but what a contrast in fact there was. The same type of prettiness could contain weakness and strength. Her Regency counterpart, I suppose, would have borne a dozen children without the aid of anaesthetics, while he would have fallen an easy victim to the first dark eyes in Naples. Would there one day be a dozen books on her shelf? They have to be born without an anaesthetic too. I found myself hoping that The Chelsea Set would prove to be a disaster and that eventually she would take up photographic modelling while he established himself solidly in the wine-trade in St James's. I didn't like to think of her as the Mrs Humphrey Ward of her generation not that I would live so long. Old age saves us from the realization of a great many fears. I wondered to which publishing firm Dwight belonged. I could imagine the blurb he would have already written about her abrasive powers of observation. There « Tu n'en es pas encore une. » « Je suis née romancière - dit M. Dwight. Mes pouvoirs d'observation... » « Oui. Tu m'as dit cela, mais chérie, tu ne pourrais pas observer un peu plus près de chez nous ? Ici, à Londres. » « Je l'ai déjà fait pour The Chelsea Set. Je ne veux pas me répéter. » L'addition était posée devant eux depuis quelques temps maintenant. Il sortit son portefeuille pour payer, mais elle attrapa le papier, le mit en dehors de la portée de son compagnon. Elle dit : « C'est moi qui offre. » « En quel honneur ? » « The Chelsea Set, bien sûr. Chéri, tu es mignon à regarder mais parfois... tu oublies de réfléchir.» « Je préférerais ... Si ça ne te dérange pas... » « Non, chéri, c'est moi. Et M. Dwight bien sûr. » Il se soumit, quand deux des messieurs japonais prirent la parole simultanément, puis s'arrêtèrent brusquement et se firent une révérence, comme s'ils s'étaient gênés dans l'embrasure d'une porte. J'avais pensé que les deux jeunes gens s'assortissaient comme deux poupées de porcelaine, mais en fait il y avait un fort contraste. Le même type de beauté pouvait contenir de la faiblesse et de la sévérité. Elle, je suppose, pourrait avoir fait naître une douzaine d'enfants sans l'aide d'anesthésistes, pendant que lui pourrait avoir été une victime facile des premières chemises noires à Naples. Est-ce qu'il y aurait un jour une douzaine de livres d'elle dans sa bibliothèque ? Ces derniers devront également voir le jour sans anesthésie. Je me surpris à espérer que The Chelsea Set soit un désastre, et qu'éventuellement elle prendrait des mannequins en photo, pendant que lui s'intégrerait dans les métiers du vin chez St James. Je n'aimais pas penser à elle en tant que Mme Humphrey Ward de sa génération - non pas que je voudrais vivre si longtemps. Le troisième âge nous sauve d'un grand nombre de peurs. Je me demandais à pouvoirs d'observation... » “Oui. Je sais tout cela mais chérie, tu ne pourrais pas observer un peu plus près de chez nous ? Ici, à Londres.» “Je l'ai déjà fait pour The Chelsea Set. Je ne veux pas me répéter. » L'addition était posée devant eux depuis quelques temps maintenant. Il sortit son porte-feuille pour payer, mais elle attrapa le papier, le mit hors de la portée de son compagnon. Elle dit : « C'est moi qui offre. » “En quel honneur ? » “The Chelsea Set, bien sûr. Chéri, tu es vraiment mignon à regarder, mais parfois... tu as du mal à imprimer ce qu'on te dit. » “J'aimerais plutôt... Si tu n'y vois pas d'inconvénient... » “Non, chéri, c'est moi. Et M. Dwight naturellement. » Il se résigna au moment où deux des messieurs japonais prirent la parole simultanément, puis s'arrêtèrent brusquement et se firent une révérence, comme s'ils s'étaient gênés devant une porte. J'avais pensé que les deux jeunes gens s'assortissaient comme deux poupées de porcelaine, mais en fait il y avait un fort contraste. Le même type de gentillesse pouvait contenir de la faiblesse et de la sévérité. Son côté Régence à elle, je suppose, aurait pu accoucher une douzaine d'enfants sans l'aide d'anesthésistes, pendant que lui aurait pu être la proie facile des premières chemises noires à Naples. Est-ce qu'il y aurait un jour une douzaine de livres d'elle chez lui ? Ces derniers devraient également naître sans anesthésie. Je me surpris à espérer que The Chelsea Set soit un désastre, et qu'éventuellement elle prendrait des mannequins en photo, pendant que lui s'établirait solidement dans les métiers du vin chez St James. Je n'aimais pas penser à elle en tant que Mme Humphrey would be a photo, if he was wise, on the back of the jacket, for reviewers, as well as publishers, are human, and she didn't look like Mrs Humphrey Ward. I could hear them talking while they found their coats at the back of the restaurant. He said, 'I wonder what all those Japanese are doing here?' 'Japanese?' she said. 'What Japanese, darling? Sometimes you are so evasive I think you don't want to marry me at all.' quelle maison d'édition appartenait M. Dwight. Je pouvais imaginer le résumé publicitaire qu'il avait déjà écrit à propos de ses abrasifs pouvoirs d'observation. Il devait y avoir une photo, s'il était prudent, sur la quatrième de couverture, pour les critiques, qui, comme les éditeurs, sont humains, et elle ne ressemblait pas à Mme Humphrey Ward. Je les entendais parler tandis qu'ils prenaient leurs manteaux au fond du restaurant. Il dit : « Je me demande ce que font tous ces Japonais ici ? » « Japonais ? dit-elle. Quels Japonais, chéri ? Tu as tellement l'art de la dérobade que parfois j'en arrive à penser que tu ne tiens pas du tout à te marier avec moi. » Ward de sa génération - non pas que je voudrais vivre si longtemps. Le vieil âge nous sauve de la réalisation d'un grand nombre de peurs. Je me demandais à quelle maison d'édition appartenait M. Dwight. Je pouvais imaginer le message qu'il avait déjà écrit sur la quatrième de couverture à propos de ses abrasifs "pouvoirs d'observation". Il devait y avoir une photo, au dos de la chemise, pour les critiques, qui, comme les éditeurs, sont humains, non elle n'avait pas l'air de Mme Humphrey Ward. Je les entendais parler pendant qu'ils prenaient leurs manteaux au fond du restaurant. Il dit : « Je me demande ce que font tous ces Japonais ici ? » « Japonais ? dit-elle. Quels japonais, chéri ? Quelques fois tu es si évasif que je pense que tu ne veux pas du tout te marier avec moi. » Johanna Saravanaradjou Marie Vannier Lucie Jamin 1 L 2 Audrey Marteau 1L2