Va, je ne te hais point.

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Va, je ne te hais point.
Emma Caillou
Va, je ne te hais point.
Publié sur Scribay le 09/04/2016
Va, je ne te hais point.
À propos de l'auteur
Je suis née au bord de la Méditerranée, et les yeux fermés, je vois l'horizon et le
reflet du soleil sur la mer. Comme d'autres, j'ai fait mon voyage en Orient sur les
traces de Nerval, Chateaubriand et Lamartine. Puis j'ai arrêté d'écrire car la vie
accaparait tout l'espace. Mais la roue tourne et le temps désormais frappe à ma
porte.
À propos du texte
Lettre à mon ennemi. Pour une raison que j'ignore, on me demande de t'écrire. On
me demande de déverser sur toi, ma haine et mon ressentiment. Quel crime as-tu
donc commis pour susciter tant de colère ?
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Il était notre espoir, il était notre prophète, il avait les paroles de la vie éternelle.
Mais tu n'y croyais pas. Pire encore, tu redoutais qu'il puisse être celui que nous
attendions tous.
La misère s'abattait sur nous. Nous n'avions rien à manger, à peine à boire. Depuis
40 mois, nous errions dans le désert, à la recherche de l'ombre et en quête d'une
lumière.
Petit à petit, tu comprenais que cet homme discret et courageux, avait un secret, et
qu'il détenait le pouvoir de nous libérer. Etrangement, tu voyais cela d'un mauvais
oeil.
Souvent, il s'isolait. Je crois qu'il parlait à quelqu'un que nous ne pouvions pas voir
mais qui était la source de notre vie. Nous pensions stupidement qu'il était la cause
de nos malheurs.
Nous n'avions pas encore compris, que nous étions seuls responsables de cette
mésaventure. Que tes belles paroles nous avaient séduits, qu'elles nous aveuglaient
depuis la nuit des temps.
Depuis ce jour où nous avions décidé de quitter le paradis aux 4 fleuves, de nous
éloigner de cet arbre aux fleurs rouges et aux épines discrètes, tu nous poursuis.
Chaque fois, tu nous indiques un chemin, tu nous le présentes sous les plus beaux
auspices, et tu ne crains jamais de le soumettre à notre esprit critique - pour ceux
d'entre nous qui en possèdent un.
D'où tiens-tu cette force qui nous séduit, nous convainc, nous détourne ? J'ai passé
plusieurs années à t'observer et j'ai fini par te démasquer. Tu es ce sentiment qu'ils
appellent la haine et qui n'a qu'une seule vertu.
Oui, même la haine possède une vertu, mais seuls quelques êtres doués de lumière
peuvent la déceler. J'ai toujours douté que Lucifer puisse être porteur de lumière, les
gens sont quelquefois bien mal nommés.
Pour ma part, j'ai trouvé le remède contre la haine, il est tout simple et il est aussi un
puissant remède contre la mort. C'est l'amour et lorsqu'on me demande de t'écrire
une lettre, je ne trouve rien d'autre à te dire que "va, je ne te hais point."
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