Synthèse sur le droit des chantiers : le compte-prorata et le
Transcription
Synthèse sur le droit des chantiers : le compte-prorata et le
Association des Responsables de Services Généraux Facilities Managers Association Synthèse sur le droit des chantiers : le compte-prorata et le règlement des travaux Le compte-prorata Lorsque plusieurs entreprises sont amenées à intervenir sur un chantier, des installations communes peuvent être nécessaires pour faciliter l'exécution des travaux (éclairage du site, mise en place de sanitaires, consommation d'eau, d'électricité, de téléphone, etc). L'article 31 du CCAG-Travaux prévoit la désignation d'un entrepreneur qui sera chargé de l'entretien de ces installations communes et avancera les fonds nécessaires. Dans ce cas, les dépenses engagées seront consignées dans un "compte-prorata" et réparties entre toutes les entreprises au prorata de leur participation aux travaux. La gestion du compte-prorata relève donc d'une convention interentreprises en principe établie en début de chantier. Ainsi, sauf dispositions particulières introduites dans le marché, ni le maître d'œuvre ni le maître d'ouvrage n'ont à intervenir dans la gestion de ce compte ou des différends liés à ce compte. L'entreprise de gros œuvre est généralement chargée de ce service : les appels de fonds nécessaires au fonctionnement du compte seront assurés par les entreprises et après accord du maître d'œuvre sur les différentes factures présentées, en fin de chantier, les dépenses sont réparties entre les différentes entreprises. Le contenu du compte prorata est en fait constitué par les dépenses d'intérêt commun c'est-à-dire celles qui, effectuées par un ou plusieurs entrepreneurs ont pour but d'assurer la préparation et l'organisation du chantier, l'hygiène et la sécurité des personnes, la coordination et exécution des travaux. Ne peuvent être inscrites au compte prorata les dépenses imputées à un lot déterminé, par exemple les clôtures, panneaux de chantier relevant, en général, du lot gros œuvre, le réseau intérieur d'électricité relevant du lot électricité, des locaux spéciaux destinés au maître d'ouvrage. A l'inverse, relèvent du compte prorata, les dépenses de consommation d'eau et d'énergie nécessaires aux installations du chantier, les dépenses téléphoniques qui ne sont pas refacturées à l'entreprise consommatrice et certaines dépenses d'exploitation comme le nettoyage du bureau de chantier et des installations communes d'hygiène. Quant au montant du compte prorata est, comme son nom l'indique, réparti entre les entrepreneurs intervenants au prorata du montant de leur marché. Cependant ne constituent en aucun cas des dépenses communes de chantier (fournitures ou ouvrages destinés à être reçus par le client et qui auraient été omis dans les documents du marché). Les modalités de gestion et de règlement de ce compte sont définies par une convention spécifiant la désignation de la personne chargée de la tenue du compte prorata et ses attributions, la composition et le rôle du comité de contrôle. C'est généralement l'entrepreneur de gros œuvre qui est chargé de la gestion du compte prorata en lots séparés, le mandataire commun en groupement d'entreprises. Le compte prorata doit être géré avec rigueur ; il est alimenté par les entreprises généralement au prorata du temps passé par chacune d'entre elles sur le chantier. Lorsqu'au cours d'un chantier il s'avère nécessaire de modifier une ou plusieurs dispositions initiales du contrat il est possible d'avoir recours à un avenant. Un avenant est un document écrit constatant un accord de volonté des parties contractantes et ayant pour objet de modifier une ou les prestations à réaliser, travaux supplémentaires, nouveaux délais, dépassements de crédits etc...) Un avenant ne doit pas en principe changer l'objet d'un marché, ni bouleverser l'économie de celui-ci, sauf en cas de sujétions techniques imprévues. Il ne doit pas non plus conduire à un bouleversement de l'économie du marché, ni qualitativement, ni quantitativement. En pratique, il est assez courant. Devis et avenants au devis ont valeur de contrat. Ainsi, si le montant de la facture finale est différent de celui du devis, il peut y avoir plusieurs raisons à cela, qu'elles soient justifiées ou non. On peut ainsi proposer un avenant au devis ou au contrat, où seront précisément écrites les modifications à prendre en compte (temps et coût du déplacement, heures de travail supplémentaire, différence de prix unitaire, etc.). Mais la signature d'un avenant n'est pas obligatoire, il est également possible de ne rien signer, mais ces travaux supplémentaires devront apparaître sur la facture, et être, bien évidemment réglés. Cependant, dans ce cas, si l'entrepreneur soumet une facture dont le prix est largement supérieur à celui du montant du contrat ou du devis initial, et que c'est lui qui a mal évalué au départ le coût ou la difficulté des travaux, il devra en assumer seul les conséquences. Le règlement des travaux S'agissant du règlement des travaux il est possible de procéder à deux types de paiement, paiement forfaitaire ou unitaire. Le prix forfaitaire ou global est celui qui rémunère le titulaire pour une prestation ou un ensemble de prestations, indépendamment des quantités mises en œuvre pour leur réalisation. Pour que le prix soit considéré comme forfaitaire, il faut qu'il soit indiqué comme tel dans le marché. La fixation d'un prix forfaitaire est recommandée pour toutes les prestations dont la consistance peut être bien définie au moment de la conclusion du marché (cf. circulaire du 5 octobre 1987 relative à la détermination des prix initiaux et des prix de règlement dans les marchés publics - JO du 24 octobre 1987). Ainsi, est prix forfaitaire, tout prix qui rémunère l'entrepreneur pour un ouvrage, une partie d'ouvrage ou un ensemble déterminé de prestations défini par le marché et qui ou bien est mentionné explicitement dans le marché comme étant forfaitaire, ou bien ne s'applique dans le marché qu'à un ensemble de prestations qui n'est pas de nature à être répété. (Par opposition, est prix unitaire tout prix qui n'est pas forfaitaire au sens défini ci-dessus, notamment, tout prix qui s'applique à une nature d'ouvrage ou à un élément d'ouvrage dont les quantités ne sont indiquées dans le marché qu'à titre prévisionnel.) Il s'agit d'un marché pour lequel l'entrepreneur consent à s'engager pour un prix forfaitaire, montant global et irrévocable, pour des prestations bien définies, d'après un contrat écrit. Le principe est celui de l'intangibilité de l'accord établi entre les parties, impliquant l'invariabilité des prix et l'absence de modification des documents contractuels Les prix forfaitaires peuvent être détaillés au moyen d'une décomposition des prix. La décomposition d'un prix forfaitaire est présentée sous la forme d'un détail estimatif comprenant, pour chaque nature d'ouvrage ou chaque élément d'ouvrage, la quantité à exécuter et le prix de l'unité correspondant. L'absence de production de la décomposition d'un prix forfaitaire, quand cette pièce est à produire dans un délai déterminé, fait obstacle à la mise en œuvre de la procédure de règlement du premier acompte qui suit la date d'exigibilité de ladite pièce. Dans le cas d'application d'un prix forfaitaire, le prix est dû dès lors que l'ouvrage, la partie d'ouvrage ou l'ensemble de prestations auquel il se rapporte a été exécuté ; les différences éventuellement constatées, pour chaque nature d'ouvrage, ou chaque élément d'ouvrage entre les quantités réellement exécutées et les quantités indiquées dans la décomposition de ce prix, même si celle-ci a valeur contractuelle, ne peuvent conduire à une modification dudit prix : il en est de même pour les erreurs que pourrait comporter cette décomposition. Le prix des travaux doit être indiqué sur le contrat. Il peut être fixé de façon globale et définitive ou au métré. Dans tous les cas, vous ne paierez qu'en fonction de l'avancement des travaux. Pour éviter tout litige, prévoyez au contrat un échelonnement des paiements. Le marché au forfait a l'avantage de présenter un prix global, déterminé à l'avance en fonction d'une liste de travaux. Le fait que ce prix global fasse l'objet d'une estimation détaillée des travaux ne lui ôte pas son caractère forfaitaire. En revanche, n'est pas forfaitaire un marché dans lequel un prix est indiqué comme approximatif ou dans lequel le prix est le résultat de prix unitaires appliqués aux quantités d'ouvrages exécutés. Afin d'éviter toute ambiguïté sur la qualification du marché, il est recommandé d'indiquer en toutes lettres qu'il s'agit d'un marché à forfait. Un prix forfaitaire peut être révisé. Les tribunaux considèrent qu'il est possible de réviser le prix en fonction d'indices qui reflètent les variations économiques, sous réserve que les conditions de cette révision soient déterminées dans le contrat. En pratique, cette révision se fait à partir des indices du bâtiment (B.T.) publiés chaque mois par l'INSEE. La clause de révision doit donner l'indice de base, qui ne peut être un indice antérieur au dernier publié à la date de signature du marché et celui publié, soit à la date de réalisation des conditions suspensives, à la date d'ouverture du chantier, à celle de l'exécution des travaux ou, en dernier lieu, à la date de chaque paiement. Lorsqu'un prix forfaitaire a été fixé, l'entrepreneur doit exécuter pour ce prix tous les travaux prévus au contrat. Il ne peut obtenir de modification du prix sous prétexte d'erreurs commises lors de la conception du projet ou de travaux supplémentaires qui se sont révélés indispensables pour la bonne exécution du marché. L'entrepreneur ne peut réclamer une augmentation du prix, suite, par exemple, à des travaux imprévus selon l'article 1793 du code civil qui interdit à l'entrepreneur de modifier le prix d'un marché à forfait, sauf si des changements ou des travaux supplémentaires sont demandés par le maître de l'ouvrage. A moins que ce dernier n'ait accepté expressément la modification du prix, par écrit et préalablement aux travaux. De même il est impossible d'obtenir une modification de prix à la baisse après avoir réalisé, a posteriori, que certains travaux étaient, en fait superflus, sauf accord de l'entrepreneur. Le prix d'un contrat au métré ne peut être connu définitivement qu'après l'exécution des travaux puisqu'il est établi en appliquant des prix unitaires aux quantités réellement exécutées. Le prix que donne l'entreprise à la signature du marché ne sera qu'estimatif dans l'attente de la réalisation des travaux. En règle générale, le contrat indique le prix unitaire des matériaux et la quantité nécessaire, celle-ci restant approximative. Cette méthode peut être utilisée pour de petits marchés pour lesquels les quantités peuvent s'apprécier assez précisément. En revanche, il est à déconseiller pour des marchés d'agrandissement ou de grosse rénovation, pour lesquels les quantités de matériaux peuvent évoluer en cours de travaux. A leur achèvement, lorsqu'il ne restera plus qu'à multiplier le prix unitaire par la quantité de matériaux réellement fournis, la facture pourrait se révéler inattendue.