Signal d`alarme - Social Dunkerque

Transcription

Signal d`alarme - Social Dunkerque
L'ESSENTIEL de la quinzaine
Suicide dans l'action sociale
Signal d'alarme
Le premier rapport public de l'Observatoire
national du suicide est alarmant pour le
travail social bien qu'il confirme les conclusions
rendues par l'Institut de veille sanitaire
dès... 2010. Grâce aux lanceurs d'alerte, la
parole s'est libérée pour ouvrir une réflexion
commune entre intersyndicale et associations
d'employeurs. L'urgence est là, des actions
concrètes dans la prévention des risques
doivent maintenant suivre
• État des lieux
r:Observatoire national du suicide (ONS), créé en
septembre 2013 par Marisol Touraine, ministre des
Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes,
a rendu son premier rapport public en novembre 2014.
Le résultat est accablant et démontre que le secteur
professionnelle plus touché par les suicides est celui
de l'action sociale et de la santé.
Mais il semblerait que ce phénomène ne soit pas
nouveau, car déjà en 2010 l'Institut de veille sanitaire rendait également un rapport dans ce sens.
Dans Suicide et activité professionnelle
en France:
premières exploitations et données disponibles, l'Institut précise « que le secteur de l'action sociale et de la
santé présente le taux de mortalité par suicide le plus
élevé en France », Soit un rapport de 34,3/100000.
Cette étude porte sur les salariés âgés entre 15 et
64 ans, sur une période de 1976 à 2002.
TI est donc urgent de tirer de ce premier état des
lieux les conclusions nécessaires pour engager un
processus de prévention des risques sociaux-professionnels et, surtout, de redonner du sens au lien
social pour sortir de l'isolement.
• Souffrances au travail
Le 17 novembre 2011, Fabrice Hrycak, éducateur de
38 ans à l'Association d'action éducative et sociale de
Dunkerque, se suicide au petit matin. Sa disparition
brutale s'inscrit alors comme un passage à l'acte en
réaction à l'expression d'une souffrance au travail
de plus en plus exprimée.
Ce suicide entraîne un mouvement de manifestations
et de protestations chez les salariés de l'association,
qui utilisent leur droit de retrait pour dénoncer les
pressions dont ils font l'objet, ainsi que le « management destructeur»
à l'œuvre. La presse locale,
notamment La Voix du Nord et le Phare Dunkerquois
publient plusieurs articles sur cette mobilisation.
À Dunkerque, le malaise se poursuit malgré toute la
mobilisation et la réflexion engagées par les salariés.
Ainsi, le 1er août 2013, Marc Doublecourt se suicide
à son tour dans son logement de fonction. À 54 ans,
il était chef de service d'un Foyer d'accueil médicalisé géré par l'Association des Papillons Blancs. Il
se plaignait de subir des pressions de sa direction.
• Lanceurs d'alerte
Dans le Dunkerquois, ces suicides remuent deux anciens
professionnels du secteur social et médical. Pourtant
à la retraite depuis 2009, Jean-Michel Vanpouille,
éducateur spécialisé puis cadre dans le secteur social,
et Jean-Marie Bédoret, psychiatre et neurologue, vont
reprendre du service pour tirer le signal d'alarme.
C'est lors d'une manifestation
devant le conseil
général qu'ils lancent leur appel nommé « Qui aide
doit être aidé ", et remuent les associations locales,
les salariés, ainsi que les différents organismes du
secteur et les pouvoirs publics.
Avec beaucoup de patience, ils libèrent peu à peu
la parole et engagent une réflexion commune sur
cette question des suicides dans le travail social.
• S'engager dans une recherche/action
À Dunkerque, les lignes commencent ainsi à bouger
malgré les tentatives d'obstructions et de déstabilisations pour faire taire ce malaise qui touche toute
la société, grâce à la volonté d'une force collective
constituée des lanceurs d'alerte et des membres de
l'intersyndicale (CGT, CFE-CGC, CFDT, Fa).
Récemment les principales associations employeuses
du Dunkerquois ont accepté de s'engager dans cette
recherche. Un travail en commun devrait voir le jour
et déboucher sur des actions concrètes.
TI va être essentiel de partir de cette expérience et
d'étendre ce travail de recherche et de prévention à
l'ensemble du secteur social et médico-social, Car Dunkerque n'est pas isolé, et c'est en silence que les suicides
dans le travail social se suivent depuis des années.
TI serait inimaginable de ne pas soigner les médecins parce qu'ils sont professionnels
de la santé.
Alors pourquoi laisser les travailleurs sociaux sans
accompagnement dans la prévention des risques?
C'est un véritable paradoxe ... Car ce mal-être du
travail social n'est pas seulement une souffrance
professionnelle. TI vient heurter le reflet d'une souffrance sociale bien plus grande.
Antoine Bureau
Pour suivre les actualités: page Facebook
« souffrance au travail Dunkerque )}

Documents pareils