Martin Drouot Mardi 7 avril 2015 LA PRISONNIERE DU DESERT

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Martin Drouot Mardi 7 avril 2015 LA PRISONNIERE DU DESERT
Martin Drouot
Mardi 7 avril 2015
LA PRISONNIERE DU DESERT
John Ford (1894-1973)
John Ford a réalisé 142 films dont 53 sont aujourd’hui perdus.
Voici une filmographie (très) sélective
1917 The Tornado (son premier film, perdu)
1939 La Chevauchée fantastique (Stagecoach)
1940 Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath)
1942 La Bataille de Midway (The Battle of Midway, doc)
1952 L’Homme tranquille (The Quiet man)
1956 La Prisonnière du désert (The Searchers)
1961 Les Deux Cavaliers (Two rode together)
1962 L’Homme qui tua Liberty Valence (The Man who shot Liberty Valence)
1964 Les Cheyennes (Cheyenne Autumn)
Introduction : The Searchers, une œuvre charnière à trois titres :
-
La période représentée (le carton « Texas 1968 » ouvre le film) est importante pour les
Etats-Unis – c’est trois ans après la Guerre de Sécession dont il est question au début
du récit.
-
L’année de sortie du film (1956) marque un changement à l’œuvre dans la carrière de
John Ford, c’est après la Seconde Guerre Mondiale qu’il a filmée et dont il est revenu
blessé, et après une crise à Hollywood liée au maccarthysme (cf. le livret
d’accompagnement).
-
Cette année marque aussi un basculement dans le genre même du western par rapport
au racisme. La lutte pour la reconnaissance de l’égalité prend une autre tournure avec
Rosa Parks à cette époque : si le cinéma américain n’est pas encore prêt à aborder ce
racisme de front, le western change d’angle de vue sur la représentation des Indiens :
le dernier western de Ford, Les Cheyennes, ira encore plus loin, étant clairement proindien.
I.
Le héros coupé en deux : dédoublement et dualité
1.1. Ethan vs Scar
Le scénario et la mise en scène font de Scar le double d’Ethan. Médailles / scalps.
1.2. Ethan vs Martin
Martin est un métis, de sang mêlé. Martin est en un sens est le double de Debbie : blanche
élevée par des Indiens.
Il devient aussi le double Ethan, « celui qui suit » selon Scar, « adopté » par testament.
1.3. Ethan vs lui-même
Lui et son frère qui est resté avec Martha s’opposent. Ethan revit ce départ qui l’a exilé.
Martin Drouot
Mardi 7 avril 2015
Ethan veut sauver Debbie et la tuer à la fois. C’est le trajet du vengeur qui accepte de ne pas
tuer. Anti-héros redevient héros solitaire, et en cela annonce les grands personnages de Clint
Eastwood par exemple.
II.
Le genre : un western, une tragédie
1.1. Le sujet tragique : la reconnaissance
La question du nom : Ethan / oncle / sir / « big shoulders », ou de Debbie prise pour Lucie au
début et qui à la fin est à la fois Debbie et une autre.
Ethan se moque de Martin en appellant Look « Madame Pawley »
Analyse de l’extrait 1 (retrouver Debbie)
1.2. La structure tragique : destin d’Ethan (début et fin)
Chansons début : « qu’est-ce qui pousse un homme à errer ? »
Fin : « prisonnier du désert »… « Le désert est ma prison »
Reprise du plan arrivée / départ : l’errance se poursuit.
Répétition cercle enfer. Le personnage ne vit que par la vengeance. Annonce de la mère
Laurie au début : ne pas gâcher sa vie. Ce qu’a fait Ethan.
La présence de la mort, des cimetières et cadavres est partout.
1.3. Contrepoint comique
En particulier avec le personnage de Martin.
Mariage de Laurie : combat avec l’autre fiancé mime celui avec Scar, de façon dédramatisée,
par l’humour. De même, avec Look et la Mexicaine, Martin est pris dans un récit
vaudevillesque qui s’oppose à l’amour tragique d’Ethan pour Martha.
III.
Classicisme fordien : transparence et ellipse
3.1. La métonymie fordienne : la cicatrice, la trace
Analyse de l’extrait 2 : efficacité de l’image forte, travail sur la suggestion de Ford.
3.2. Le plan large et le paysage
Ford a filmé les décors de Monument Valley neuf fois dans sa carrière.
Filmage des paysages : marais, neige, éléments de la nature (feu, eau…).
Dramatisation des paysages : passage du temps et obstacles (la neige, le vent).
3.3. La nostalgie : tout retour est impossible
Analyse de l’extrait 3 : Les Raisins de la colère. La rime du retour au foyer dans La
Prisonnière est celle de tout le cinéma américain – le paradis est perdu.