les marques laissent des marques 1

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les marques laissent des marques 1
Communiqué de la Campagne Vêtements Propres et de la Marche Mondiale contre le
Travail des Enfants
LA FIFA TOLERE DES VIOLATIONS MASSIVES
DES DROITS DES TRAVAILLEURS
La Campagne Vêtements Propres et la Marche Mondiale contre le Travail des Enfants
demandent à la FIFA et à l'industrie du vêtement et de la chaussure de sport de respecter
leurs engagements et d'assumer leurs responsabilités vis-à-vis des droits fondamentaux de
ceux et celles qui produisent les équipements sportifs. La FIFA et l'industrie doivent garantir
de meilleures conditions de travail aux travailleurs, ne plus avoir recours au travail des
enfants et donner l'occasion à ceux-ci d'aller à l'école.
Nous sommes extrêmement préoccupés par les mauvaises conditions de travail des ouvriers et
par le recours au travail des enfants dans l'industrie des articles de sports. Certains produits
fabriqués par des sponsors et des détenteurs de licence, qui utilisent les logos de la FIFA et/ou de
la Coupe du Monde 2002, violent les droits fondamentaux des travailleurs.
Au cours de ces derniers mois, de nouvelles études ont été menées sur les conditions de travail
dans la production de vêtements de sport et de ballons de football en Chine, en Inde, en
Indonésie et au Pakistan. Les résultats sont choquants. Les derniers rapports publiés démontrent
clairement que les conditions de travail sont inhumaines : répression de la liberté d'association et
du droit à la négociation collective, obligation de prester des heures supplémentaires,
discriminations à l'encontre des travailleuses, recours au travail des enfants, et paiement de
salaires inférieurs au minimum légal ou de salaires qui ne permettent pas de subvenir aux besoins
fondamentaux des travailleurs et de leur famille.i
La Campagne Vêtements Propres et la Marche Mondiale contre le Travail des Enfants ont été
particulièrement étonnées de l'attitude de la FIFA qui a déclaré dans une lettre envoyée le 16
avril 2002 à la Campagne Vêtements Propres "ne pas pouvoir être tenue responsable des
conditions de travail dans les usines”. Cette déclaration est en totale contradiction avec les
normes établies par la FIFA elle-même concernant les droits des travailleurs employés dans les
filières de production de ses détenteurs de licence. De plus, cette déclaration nie le dialogue que
la FIFA entretenait jusqu'il y a peu avec des organisations de la société civile et des organismes
internationaux, tout particulièrement avec la Marche Mondiale depuis le lancement de la
Campagne 'Coupe du Monde 2002'. Cette attitude dénote encore avec l’engagement pris par la
FIFA dès 1996 ; année au cours de laquelle elle entreprenait de rédiger son propre code de
conduite en partenariat avec les fédérations syndicales internationales. Dans la foulée, la FIFA
avait également accepté d'inclure les droits fondamentaux des travailleurs définis par
l'Organisation Internationale du Travail (OIT) et le Modèle de Code rédigé par la Fédération
Mondiale de l’Industrie des Equipements de Sport (WFSGI) dans les conditions d'octroi des
contrats de licence aux sociétés désireuses d'utiliser les logos de la FIFA et de la Coupe du
Monde sur leurs vêtements de sport, ballons de football et autres équipements.
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LES MARQUES LAISSENT DES MARQUES
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L’actuelle déclaration de la FIFA et son manque de volonté de maintenir un dialogue ouvert avec
les organisations de la société civile avivent notre inquiétude vis-à-vis du respect effectif des
obligations légales et sociales de la FIFA envers les travailleurs qui fabriquent les produits sous
licence de la FIFA et d'autres équipements de sport. Bien que ses intérêts commerciaux dans les
contrats qu'elle a conclu, par le biais de la FIFA Marketing AG, avec des entreprises utilisant son
logo puissent se chiffrer en millions voire en miliards d’Euros (plus de 25 millions d’Euros pour
la seule part d’Adidas), elle semble vouloir se débarasser à bon compte de sa responsabilité visà-vis du comportement social de ces entreprises.
Les violations des obligations légales et sociales de la FIFA et de l'industrie du vêtement et de la
chaussure de sport envers les travailleurs et les enfants doivent cesser. C'est pourquoi, nous
demandons instamment à la FIFA :
• d'assumer pleinement ses responsabilités vis-à-vis des conditions de travail dans
l'ensemble des usines où sont fabriqués des produits bénéficiant d'une licence de la
FIFA ;
• de garantir qu'aucun enfant n'est employé dans la production de vêtements de sport et
de ballons de football bénéficiant d'une licence de la FIFA, et de faire également en
sorte que tous les enfants travailleurs bénéficient d'un programme d'éducation et d’une
scolarisation ;
• de signer et d'appliquer son code de conduite (FIFA Code of Labour Practice) conclu en
1996 avec la CISL, l'ITGLWF et la FIET (aujourd'hui l'UNI) et de rendre ce code
contraignant pour tout contrat signé avec les sponsors et les détenteurs d'une licence de
la FIFA ;
• d'accepter un système de contrôle et de vérification de la production qui soit
transparent, crédible et indépendant tel qu'il est proposé dans le code de conduite de la
Campagne Vêtements Propres.
La FIFA, l'OIT, l'UNICEF, les syndicats et les organisations de la société civile ont fait un pas
dans la bonne direction en établissant des projets de protection sociale et un système de contrôle
visant à empêcher et à éradiquer le travail des enfants en Inde et au Pakistan. Ils constituent la
preuve qu’un changement est possible. Mais ces projets doivent être mis en œuvre plus
rapidement, sur une échelle plus large et plus globale.
Polarisant ses efforts de mise en oeuvre de son code de conduite sur le seul travail des enfants, la
FIFA a rendu plus précaire encore le respect des droits des travailleurs en général. De
nombreuses recherches montrent en effet que les enfants sont forcés de travailler parce que leurs
parents n'ont aucune garantie de gagner suffisamment d’argent pour subvenir aux besoins de
toute la famille. Il a été montré à maintes reprises que la création d’écoles informelles, le
versement d’allocations permettant de scolariser les enfants ne suffisent pas pour éliminer le
travail des enfants. Le travail des enfants ne sera éradiqué que lorsque tous les travailleurs
adultes pourront pleinement jouir de leurs droits, à savoir: la liberté d'association et le droit à la
négociation collective, des salaires permettant de vivre décemment, et un environnement de
travail sûr et sain.
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Nous espérons dès lors que la FIFA mette enfin en place un système de contrôle s'appuyant sur
l’ensemble des normes de travail fixées dans ses propres accords d'octroi de licences ou / et dans
le Modèle de Code de la WFSGI.
Ce serait une atteinte grave aux principes du FAIR-P(L)AY si la FIFA continuait à nier toute
responsabilité et ne remettait pas en cause ses accords avec des sponsors et des détenteurs de
licence qui violent les droits de leurs travailleurs. La FIFA doit en effet veiller à ce que tous les
acteurs impliqués dans la production d'équipements de football soient traités avec respect, en tant
qu'êtres humains. Comment les consommateurs, les supporters et les footballeurs peuvent-ils
apprécier porter un vêtement ou shooter dans un ballon frappé du logo de la FIFA si celui-ci est
synonyme d'exploitation ?
Les logos apposés sur les ballons de football et les produits sous licence de la FIFA seront-ils
bientôt le signe de la victoire de tous les travailleurs impliqués dans la production d'équipements
de football?
La Campagne Vêtements Propres et la Marche Mondiale contre le Travail des Enfants suivront
de près la FIFA et l'industrie des articles de sport au cours des semaines et des mois qui viennent.
Nous informerons le public des progrès réalisés, mais aussi des lacunes ou des faux-pas
constatés. Nous espérons que la Coupe du Monde 2002 de la FIFA constituera un tournant dans
la pleine réalisation des revendications de la Campagne 'Coupe du Monde 2002'. Nous espérons
que la FIFA, l'OIT, l'UNICEF, le réseau international des syndicats et les organisations de la
société civile parviendront rapidement à reprendre un dialogue ouvert en vue d'établir ensemble
un code de conduite fiable et un système de contrôle transparent et efficace permettant de mettre
fin au travail des enfants et de garantir des conditions de travail équitables à tous les travailleurs.
Signé conjointement par
La Marche Mondiale contre le Travail des Enfants
La Campagne Vêtements Propres
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Pour obtenir une copie des rapports complets, vous pouvez consulter: http://www.globalmarch.org/world-cupcampaign/ ou http://www.cleanclothes.org/campaign.htm
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