Interview de Marianne GRONIER

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Interview de Marianne GRONIER
Interview de Marianne GRONIER – Adjudant à la B.P.D.J.
Thème abordé : INTERNET ET SES DANGERS.
La Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile implantée à l’Isle d’Abeau (38) depuis 1998 est
une unité de la Gendarmerie Nationale chargée de mener des actions d’information et de prévention
auprès des jeunes du départVement de l’Isère. Internet qui est un réseau informatique d’échange et
de communication créé aux U.S.A en 1969 a connu un développement fantastique et aujourd’hui il
est couramment utilisé par l’ensemble des jeunes. Certaines pratiques, qui peuvent constituer des
dangers sont régulièrement abordées par la BPDJ lors de ses séances de prévention.
Q : Quand vous êtes amenée à rencontrer des jeunes quels sont les points que vous abordez en ce
qui concerne Internet ?
R : Il y a trois domaines qui sont en général abordés : 1) les jeux en lignes, 2) les réseaux sociaux
(facebook etc…) 3) le téléchargement (Musique et film).
Q : Dans la manière dont ils utilisent internet, quelles sont les pratiques qui selon vous constituent
des dérives et peuvent, si ce n’est les mettre en danger, les amener à commettre des infractions à la
Loi ?
R : Il faut savoir que la plupart du temps ces jeunes ont un sentiment de totale liberté quand ils sont
face à l’écran de leur ordinateur et qu’il n’y a pas d’interdit. En fait ce qu’ils ignorent le plus souvent,
c’est que les Lois qui s’appliquent dans les relations entre les personnes au quotidien, s’appliquent
également aux relations que l’ont met en place avec Internet.
Q : D’où vient à votre avis ce sentiment d’impunité ?
R : C’est un espace assez trompeur, car si on est seul dans sa chambre ou ailleurs, face à son écran,
tout ce que vous faites sur Internet peut être vu (*).
Deux choses sont à garder à l’esprit :
1° - Tout ce que l’on met sur Internet, rentre dans le domaine public.
2° - Tout ce que l’on met sur Internet, reste éternellement. Les propos d’aujourd’hui peuvent
se révéler préjudiciables dans quelques années (domaine professionnel etc..).
Q : Parlez-nous du téléchargement ?
R : Cette pratique qui consiste à télécharger ou échanger de la musique ou des films entre
particuliers, voire sur certains sites, est répréhensible car préjudiciable aux droits d’auteurs. Depuis le
12.05.2009 un texte de loi fixe des sanctions graduées (Loi HADOPI**). Cela se déroule de la manière
suivante en cas de téléchargement illégal :
1° - Un mail d’avertissement est adressé au titulaire de la connexion.
2° - Si cela continue, au bout de six mois l’internaute reçoit un deuxième mail d’avertissement
ou une lettre recommandée avec A.R.
3° - Si l’internaute persiste dans sa pratique illégale, son dossier est transmis à la Justice. Il
risque une amende de 1.500€,00 et peut voir sa connexion interrompue pour une durée d’un
an.
Actuellement, depuis octobre 2010, 70.000 mails d’avertissement ont déjà été envoyés par l’HADOPI
à des internautes en France.
Q : Existe-t-il des modes de téléchargement légaux ?
R : Bien sur, nous informons les jeunes qu’il existe des sites sur lesquels ont peut écouter
gratuitement de la musique et même la télécharger à certaines conditions et nous leur donnons
quelques exemples. Il en est de même pour les films.
Q : Comment ces jeunes peuvent-ils se mettre en danger sur Internet ?
R : Souvent ce sont des informations personnelles qui mettent sur leur «profil» facebook. En effet, ils
y indiquent des informations telles que leur adresse, leur âge etc…, ils y mettent leurs photos. Tous
ces renseignements peuvent intéresser les prédateurs du net que sont entre autres les pédophiles.
Q : Mais en dehors des pédophiles ou autres délinquants, y a-t-il d’autres formes de danger auxquels
ses jeunes s’exposent sans le savoir ?
R : Il existe un domaine particulier qui peut se révéler être une source de danger, ce sont les jeux en
ligne. Souvent ils ne respectent pas la limite d’âge autorisée pour accéder à certains jeux qui sont
particulièrement violents et qui peuvent traumatiser un esprit jeune. D’autre part, le temps de
connexion reste un critère important pour éviter le phénomène d’addiction. Il est préconisé pour un
enfant de 11 à 13 ans de ne pas rester plus de 1 heure 30 par jour face à un écran, que ce soit la TV,
la console de jeu ou l’ordinateur. Comme pour les autres formes d’addictions, celle aux jeux, peut se
révéler nuisible à la santé. Aujourd’hui, malheureusement ont est loin de voir ce temps respecté ; le
plus souvent certains jeunes restent jusqu’à 3 heures par jour sur leurs écrans.
Q : Doit-on avoir peur d’Internet pour nos enfants ?
R : Si l’on est vigilant à la maison aux pratiques de son enfant dans ce domaine, en évitant par
exemple qu’il reste seul dans sa chambre face à son écran, on limitera les risques de dérives. D’autre
part, il faut savoir qu’aujourd’hui se développent des séances d’information à leur profit dans les
établissements scolaires (info BPDJ – CISPD avec CALYSTO***), par les enseignants au cours de la
préparation du B2I (Ecoles primaires et collèges). De même des chartes informatiques sont mises en
place dans certains Ets scolaires et sont signées par les jeunes et leur parents qui s’engagent ainsi à
respecter certaines règles. Ce n’est pas l’outil (informatique) qui est dangereux, mais la manière dont
certain l’utilise.
Observations en fin d’article :
(*) Etre vu : sur un réseau social, accepter d’être l’ami de quelqu’un c’est accepter de devenir l’ami
des amis de ce quelqu’un et ainsi de suite. Tous ont donc accès à ce que vous écrivez…
(**) HADOPI : Haute Autorité pour le Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet.
(***) CALYSTO : Société effectuant un tour de France des Collèges ou de Ecoles pour sensibiliser les
élèves aux dangers d’internet. (à la Tour du Pin le CISPD fait intervenir Calysto chaque année auprès
de toutes les classes de 5ème).
CISPD – Communauté de communes des Vallons de la Tour

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