Tout compte fait Dans la nuit du 21 juillet 1969, Neil

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Tout compte fait Dans la nuit du 21 juillet 1969, Neil
TEXTE PUBLIE DANS «2031», publication de la HEAD, sous la direction de Benjamin Stroun et Didier Rittener
Tout compte fait
Dans la nuit du 21 juillet 1969, Neil Armstrong posa son pied gauche sur la Lune à 3h56 devant 986 millions de spectateurs rivés sur leur poste de TV. Il avait 38 ans, chaussait du 10,5 en pointure américaine,
qui équivaut à du 44 en taille française, donc à une longueur de 29 cm sur une largeur moyenne de 15 cm,
compte tenu des dimensions spéciales des bottes spatiales conçues par la Nasa, ce qui nous donne une empreinte d’à peu près 435 cm2. Quasiment la surface d’un des nombreux T-bone steak géants avalés quotidiennement par Elvis Aaron Presley qui pesait plus de 110 kilos en 1977, soit 50 de plus qu’à l’époque où,
gamin, il tondait les pelouses dans la banlieue de Tupelo, 36’000 habitants mais seulement 3 restaurants
japonais. Dans le Mississippi, on préfère en effet aux sushi les beignets de tomates vertes que l’on fait frire,
pas plus de 30 secondes, dans une poêle beurrée en comptant à peu près 6 tomates pour 4 personnes, à
moins que l’on ait affaire à de gros mangeurs, auquel cas on en compte 8, voire 10 si ce sont des tomates
italiennes. Bourrée de vitamine A, B1, B2, B3, B4, B5, B6, B7, B8, B9 et C, la tomate contient 5‰ de lycopène qui permet le ralentissement du développement des maladies cardiovasculaires touchant 1 personne sur 3. Cet antioxydant composé de 8 molécules isoprènes est aussi utilisé pour éviter le durcissement du
caoutchouc, dont la production a explosé depuis 1840, date à laquelle Charles Goodyear découvrit à 34
ans le procédé de la vulcanisation, application de vapeur sous pression à plus de 270 degrés avec apport de
souffre. Il mourut en 1860 en laissant 200’000 $ de dettes aux 6 survivants de ses 12 enfants qui n’avaient
jamais mangé à leur faim dans les 24 assiettes en caoutchouc spécialement fabriquées par leur père. Migrant en près de 80 ans du buffet de cuisine au vestiaire intergalactique, le latex devint le meilleur ami des
Superhéros, dont il permit de mouler avantageusement les reliefs du fait de ses minuscules 0,4 mm d’épaisseur. Interprète à 4 reprises du plus célèbre des Kryptoniens, Christopher Reeves fut sélectionné en 1978
parmi plus de 200 comédiens grâce à ses 195 cm et 93 kilos de muscles parfaits pour être emballés sous résine élastique. 17 ans et 2 vertèbres cervicales brisées plus tard, il devait troquer ses 9 superpouvoirs contre
1 fauteuil électrique, la gomme du S barrant son torse se recyclant instantanément dans les pneus de son
nouveau véhicule. 2e fils d’une fratrie de 9 enfants élevés au martinet, John Fitzgerald Kennedy aurait dû
lui aussi logiquement finir ses jours dans un fauteuil à 2 roues plutôt que sur la banquette arrière d’une
Lincoln Continental décapotable noire 1961, la cervelle éclatée par la 2ème des 3 balles tirées du 5ème
étage du dépôt de livres scolaires de Dallas. Avec à son actif une jambe de 2 cm plus courte que l’autre et 7
opérations de la colonne vertébrale pour parer aux effets secondaires de la maladie d’Addison, ce qui lui valut de recevoir à 3 reprises l’Extrême Onction, le 1er mari volage de Jackie O. n’aurait de toute façon jamais
pu profiter de sa retraite en gambadant sur un golf 18 trous pour frapper des balles dans un des 24 clubs
de Cap Cod. Sans Lee Harvey Oswald, qui connut 22 domiciles et 12 écoles durant les 24 années de sa
courte existence, ce qui laisse présumer d’une certaine instabilité familiale propice aux débordements, Dallas n’évoquerait qu’un feuilleton télévisé américain en 365 épisodes de 45 minutes diffusé à partir de 1978
sur le réseau CBS. Se rappellerait-on seulement que la 1ere puce électronique a été inventée ici, 3 ans avant
l’assassinat du même Kennedy, par un ingénieur de la Texas Instrument, Jack Kilby, futur Prix Nobel de
physique en 2000, qui réussit à réunir 3 résistances, 1 transistor et 1 condensateur sur 1 cm² de germanium,
résolvant ainsi le problème de ce qu’il avait défini comme la tyrannie des nombres ? C’est donc avec un devoir de respect pour la science, un sentiment de piété pour les grands hommes et une calculette TI 89 à 188
Ko de mémoire et écran haute résolution 160 x 100 pixels que l’on a compté la somme des chiffres exposés
dans ce texte (9’125’283) avant de la diviser par le nombre de signes (4493), pour aboutir à 2031, un chiffre
qui, s’il ne signifie rien aujourd’hui au commun des mortels, au même titre que 8549, 144’934 ou 87, sera
peut-être un jour chargé de sens comme 1515, 666, 2001, 90-60-90, 118, 1492, 007, 22, 36 15 ou 99.90.
Sauf erreur.