Etre libre, est-ce n`obéir à aucune loi
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Etre libre, est-ce n`obéir à aucune loi
corrigé bac 2013 Examen : Bac séries techno Epreuve : Philosophie France-examen.com RAPPEL DU SUJET SUJET 1 : ETRE LIBRE, EST-CE N'OBEIR A AUCUNE LOI ? France-Examen 2013 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 1/4 corrigé bac 2013 Examen : Bac séries techno Epreuve : Philosophie France-examen.com LE CORRIGÉ SUJET N°1 : ETRE LIBRE, EST-CE N’OBEIR A AUCUNE LOI ? 1. Analyse du sujet Le sujet est très classique, sans surprise. Il pose la question souvent abordée dans les textes des manuels des rapports entre loi et liberté, précisément des rapports entre loi juridique ou politique et liberté individuelle. Mais il aborde ces rapports par la négative en proposant une définition de la liberté comme refus absolu de la loi. En dépit de sa simplicité, ce sujet invite à une analyse conceptuelle rigoureuse des termes. C’est aussi le moyen d’éviter de s’en tenir à des généralités ou des propos convenus, un risque auquel on s’expose face à un sujet attendu. Etre libre , c’est dans un sens premier, n’être empêché par rien, limite ou contrainte imposée de l’extérieur. Mais la liberté, c’est aussi le pouvoir de dominer, de maîtriser des passions, ses désirs. On voit ainsi que la liberté ne saurait se résumer au pouvoir de suivre nos désirs : la liberté se définit ainsi comme libre-arbitre, comme pouvoir de choix réfléchi. Il est important de définir la notion de loi , de la distinguer d’autres notions qui lui sont proches, comme celle de contrainte. Si la contrainte est toujours ce qui nous est imposé de l’extérieur, la loi est dans l’idéal ce que nous respectons de notre plein gré. Même si elle est parfois vécue comme une contrainte qui pèse sur notre liberté, nous savons aussi qu’elle est nécessaire à l’exercice de cette même liberté. Suis-je vraiment libre si je suis soumis à des désirs que je ne parviens pas à dominer ? Certes, je fais ce qui me plaît, mais je ne suis pas véritablement autonome au sens où j’obéis à la contrainte de mon désir et non à une loi que je me donne librement à moi-même, qui est celle que me dicte ma raison et qui me permet de m’émanciper de la force du désir. Ainsi lorsque je me donne une règle, je m’y plie volontairement : elle ne m’est pas imposée mais procède d’un choix que j’ai fait en toute conscience, en pesant le pour et le contre. Il est utile de préciser de quelle liberté on parle ici : s’agit-il de la liberté entendue comme liberté immédiate au sens de pouvoir de faire ce qui plaît sans contrainte ? De la liberté politique ou juridique qui implique la loi comme condition ? Selon que l’on entend la liberté dans l’un ou l’autre de ces sens, la loi est soit exclue de la liberté, soit partie intégrante de celle-ci. Par ailleurs, il peut être utile de préciser le sens du verbe « obéir » : s’agit-il d’une soumission volontaire, ce qu’on appelle aussi obligation ou d’une authentique contrainte qui implique coercition ou soumission ? France-Examen 2013 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 2/4 corrigé bac 2013 Examen : Bac séries techno Epreuve : Philosophie France-examen.com 2. La problématique du sujet C’est parce que l’approche de la liberté comme refus de l’obéissance à des lois correspond à une conception assez répandue de la liberté, qu’il est nécessaire d’en évaluer la pertinence et la légitimité. Cette définition est-elle recevable ? L’absence de loi permet-elle d’assurer les conditions d’une liberté effective ? N’est-elle pas plutôt ce qui ouvre le règne des rapports de force ? Si la liberté est la possibilité de faire ce qui plaît sans entrave, ne s’expose-t-on pas à une situation où règne la concurrence des puissances individuelles ? Que deviendraient les libertés individuelles sans les lois ? Ne faut-il pas, au contraire de la définition qui est ici mise en question, penser la loi comme constitutive ou comme condition des libertés ? N’est-ce pas celle-ci qui assure la coexistence des libertés individuelles, ou du moins une certaine stabilité des rapports entre ces libertés ? L’enjeu du sujet est de montrer la nécessité et le rôle de la loi dans la protection de la liberté de chacun. 3. La boîte à outils - Pour montrer qu’une liberté sans loi est impossible, on pourra se fonder sur l’analyse que fait Hobbes de l’état de nature (Léviathan), cet état où règne non pas l’absence de loi mais la loi du plus fort, où règne la liberté naturelle qui n’est limitée que par les rapports de force. De fait, cet état de nature se révèle finalement un état où ne s’épanouissent pas les libertés individuelles mais un état où elles sont supprimées au profit de celui qui est capable d’imposer son pouvoir. On comprend ainsi que la loi n’annule, ni ne limite la liberté individuelle mais qu’elle en est une condition. - On peut ainsi affirmer avec Rousseau que « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » (Du contrat social, livre I, chap. 8). Obéir n’est pas se soumettre sous l’emprise d’une contrainte ou d’une menace extérieure, mais reconnaître le bien fondé des lois. Il ne s’agit pas d’aliéner sa liberté naturelle sans contrepartie mais d’y renoncer pour accéder à une autre liberté, qualifiée de liberté civile qui implique comme sa condition le respect des lois. Il ne s’agit plus alors d’une soumission à la loi mais d’une obligation. S’obliger, c’est se donner volontairement des limites qui assurent à chacun une égale liberté. « II n’y a point de liberté sans lois, ni où quelqu’un est au-dessus des lois (...) Un peuple obéit mais il ne sert pas ; il a des chefs et non des maîtres ; il obéit aux lois mais il n’obéit qu’aux lois et c’est par la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes » déclare justement Rousseau (Lettre sur la montagne). France-Examen 2013 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 3/4 corrigé bac 2013 Examen : Bac séries techno Epreuve : Philosophie France-examen.com - Spinoza montre ainsi que si tous les hommes suivaient leur raison, les lois seraient superflues. C’est parce qu’ils sont souvent dirigés par leurs appétits et leurs passions que les sociétés ne peuvent subsister sans des lois qui imposent des limites à ces appétits et ces passions. La fonction de la loi est de permettre aux hommes de vivre ensemble de façon pacifique (Traité théologico-politique, chap. XX). - Mais les lois n’exercent une fonction régulatrice que si leur contenu est établi en fonction du bien commun : c’est à cette condition que la liberté de chacun est effectivement assurée (en effet, certaines lois injustes ne permettent pas d’établir la liberté dans l’égalité). Il faut donc préciser, une fois posée la nécessité des lois, qu’elles ne sont qu’une condition nécessaire mais pas suffisante. Pour que les libertés soient également établies, il faut encore que les lois visent l’intérêt collectif, et non pas seulement l’intérêt d’un seul ou de quelques-uns. Ici encore on pourra se référer aux analyses du Contrat social de Rousseau ou à celle du Traité politique de Spinoza. France-Examen 2013 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 4/4