Discours de Myriam El Khomri au Campus Innovation 2014

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Discours de Myriam El Khomri au Campus Innovation 2014
MINISTERE DE LA VILLE, DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS
SECRETARIAT D’ETAT CHARGE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE
Discours de Madame Myriam El Khomri,
Secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville
Campus Innovation 2014
"Pour une ville durable et connectée"
mardi 7 octobre 2014
Seul le prononcé fait foi
1. Dans ce bâtiment en interaction permanente avec ses usagers, où
l’immobilier cesse d’être immobile pour épouser le mouvement de la vie et
de ses besoins, je suis venu vous dire que les quartiers ont pleinement droit
à l’excellence, que la ville de l’avenir s’invente dans les quartiers tout
comme ailleurs
C’est ce que vous constaterez si vous vous rendez à Trélazé, où je me suis rendue
pour les 10 ans de l’ANRU samedi dernier. Les élus s’y sont investis dès la première
heure dans un développement responsable et écologique de leur ville, en
travaillant notamment sur la gestion de l’eau, des déchets et sur l’optimisation des
sources d’énergies dans les quartiers.
La ville y est conçue comme un écosystème aux multiples fonctions. La principale
est d’y vivre, et d’y vivre bien. Dans ce domaine, la technologie et l’innovation ne
font pas tout, mais peuvent aider beaucoup.
2. Je veux vous dire aussi que la question des quartiers populaires, qui est la
prérogative de mon ministère n’est pas séparée de la question de la ville.
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50% de la population mondiale vit aujourd’hui en ville. Elle sera 80% en 2050. La
majorité des impacts environnementaux (Carbone, consommation énergie,
pollution atmosphérique, surface naturelle et biodiversité) sont liés à la ville et son
expansion.
Ainsi, à l’heure où le développement urbain connait un essor sans précédent, à
l’heure où la ville constitue un tout de plus en plus cohérent, tous les quartiers de
la ville doivent se sentir solidaires.
La ville est en effet appelée à concentrer de plus en plus les contradictions de la
vie. La ville, c’est la création de richesses, le développement, l’innovation, le lieu
où se dessine l’avenir dans tous les domaines. Mais c’est aussi la pauvreté, les
inégalités, notamment territoriales, l’isolement, quelquefois la violence.
Or il ne faut pas croire qu’on peut concentrer tous les problèmes quelque part sans
que cela ait des effets sur toute la ville. Une politique de la ville, ce n’est pas une
politique des quartiers, mais bien une politique de la ville entière prise dans sa
globalité.
3. Or, que ce soit dans les quartiers prioritaires ou dans tous les autres, nous
voulons que la ville de demain soit, comme challenger, interactive, en
mouvement, toujours au plus près des besoins de ceux qui y vivent et
travaillent. Je dirais presque vivante.
Une ville qui est à penser comme un écosystème.
Une ville dont les habitants sont des acteurs.
Une ville qui favorise l’appropriation de l’espace public par ses habitants. Sa
logique s’inscrit dans le mouvement de démocratisation qui est au cœur de la
nouvelle étape de la politique de la ville inaugurée par la loi Lamy. Exemple des
Mureaux et du système de stationnement interactif.
4. C’est un enjeu particulièrement important dans les quartiers prioritaires.
Fluidification des déplacements, performance énergétique de l’espace public et
privé, interactivité grâce au numérique. Les quartiers de la politique de la ville
doivent bénéficier de toutes ces innovations qui les arriment aux dynamiques
urbaines de leur agglomération.
La ville durable ne doit pas creuser les inégalités entre les quartiers mais aussi
entre les habitants de la ville. Enjeu de formation, de diffusion des moyens de
placer la ville au service de sa vie quotidienne.
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Les pouvoirs publics ont donc un rôle essentiel à jouer pour définir et coordonner le
passage de la ville classique à la ville intelligente, mais aussi pour que cette
dernière puisse bénéficier à tous les territoires et à tous les habitants. J’y serai
particulièrement attentive.
5. C’est pour catalyser l’émergence de la ville durable et en coordonner le
déploiement territorial que nous souhaitons mettre sur pied un Institut de la
ville durable. J’ai le plaisir de vous l’annoncer aujourd’hui.
Infrastructures, transports publics, espaces verts, eau potable, assainissement : le
cloisonnement de ces services fait obstacle à des innovations technologiques qui
mobilisent l’économie circulaire et misent sur la réduction de la consommation de
ressources.
Il faut donc définir un cadre commun pour que des acteurs, qui avancent
aujourd’hui en ordre dispersé, puissent fédérer et mettre en commun leur
expertise et leurs moyens.
Pour certaines d’entre elles, les villes de demain se construiront à partir des villes
d’aujourd’hui, en corrigeant leurs dysfonctionnements urbains, en améliorant la
qualité de vie qu’elles peuvent offrir à leurs habitants. Cela implique de repenser
la ville et sa conception, en mettant l’innovation technologique au service de
projets urbains, qui sont autant de projets humains. Elle devra être l’objet d’une
ambition forte et d’une audace de tout instant.
C’est pourquoi le Premier ministre vient de missionner Pierre SALLENAVE, le
directeur général de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, pour conduire
la mission de préfiguration de l’Institut pour la ville durable. Le savoir-faire
reconnu et l’enthousiasme de Valérie LASEK ici présente, qui est chargée des
questions de ville durable, fera de ce projet un grand succès.
A travers les projets de renouvellement urbain financés par l’ANRU, la labellisation
des éco-quartiers et le programme d’investissement d’avenir dédié à la ville de
demain, l’Etat et les collectivités locales ont d’ores et déjà donné sens et réalités
aux grandes orientations de la France sur la ville durable.
Nous voulions donner corps à ce partenariat entre l’Etat, les collectivités locales,
les acteurs économiques et le monde académique. C’est par lui que se dessinera le
modèle de la ville durable à la française.
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Le PNRU 1 s’achève, comme je l’ai dit. 12 milliards d’ueros pour 500 quartiers et
3,3 millions de personnes concernés. Une nouvelle étape a été ouverte par le
NPNRU lancé par la loi Lamy. La ville durable doit en être le marqueur. 5 milliards
d’euros. 200 quartiers dont la liste sera dévoilée fin octobre. Nouvel acte
ambitieux du renouvellement urbain auquel vous devez pleinement participer.
Avec le futur Institut pour la ville durable, chacun pourra mobiliser les fruits de la
recherche tant publique que privée et ainsi placer le meilleur de l’ingénierie
urbaine au service de nos villes.
Plus qu’ailleurs, les habitants des quartiers prioritaires de la ville sont demandeurs
de qualité de vie, de performance énergétique, d’interactivité. Plus qu’ailleurs,
une organisation plus intégrée de la commande publique devra y être à l’œuvre
dans le cadre du nouveau programme de renouvellement urbain.
C’est un projet que nous portons en interministériel et je remercie mes collègues
ministres Laurent Fabius, Ségolène Royal, Sylvia Pinel et Fleur Pellerin.
6. Mais l’institut de la ville durable ne pourra produire tous ses effets qu’à
condition que tous les acteurs de la rénovation urbaine contribuent à son
développement. Je sais que Bouygues saura répondre présent pour sa part.
Vous avez organisé plusieurs tables rondes aujourd’hui. La dernière, à laquelle je
viens d’assister, m’a conforté dans l’idée que nous pouvons relever ensemble le
défi qui est devant nous.
Son titre « partager » dit bien notre objectif commun. C’est bien de partage,
d’expérience, d’expertise, mais aussi, j’ose le dire, de partage au sens le plus
positif du terme qu’il doit s’agir entre tous les acteurs de la ville.
Les discussions sociologiques et urbaines autour de la ville de demain auxquelles
nous venons d’assister me confortent dans l’idée que nous pouvons mettre la
technologie et l’intelligence au service de l’habitant.
J’insiste sur la nécessité de travailler tous ensemble pour améliorer la vie de nos
concitoyens, en particulier dans les quartiers difficiles. Ne manquons pas ce
rendez-vous : car changer la ville, c’est changer la vie.
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