Bien choisir son contrat de mariage
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Bien choisir son contrat de mariage
FAMILLE Bien choisir son contrat de mariage Le choix d’un contrat de mariage est important car il détermine le régime matrimonial qui régit les rapports pécuniaires des époux entre eux et envers les tiers. B ien choisir son régime matrimonial est délicat. En effet, lorsque l’on se marie, on a souvent des priorités immédiates et l’on éprouve quelques difficultés à se projeter dans l’avenir. Bien étudier son régime matrimonial est pourtant essentiel car cela permet de clarifier les choses dès le départ. Avant de prendre toute décision, il est donc préférable de consulter son notaire qui vous aidera à choisir un régime adapté à votre couple et à vos objectifs patrimoniaux. À savoir Le contrat de mariage doit obligatoirement être établi et signé devant notaire qui vous en remettra une copie à donner à l’officier d’état civil lors de la cérémonie. Comme le mariage lui-même, votre contrat devra être porté à la connaissance des tiers. Page 48 - novembre 2005 Sans contrat, c’est la communauté Si, comme près de 90 % de nos concitoyens, vous n’avez pas établi de contrat de mariage, vous êtes soumis au régime légal de la communauté réduite aux acquêts. Les biens sont mis en commun Dans ce régime, le patrimoine des époux est divisé en deux : les acquêts et les biens propres. La principale caractéristique de la communauté réduite aux acquêts réside dans la mise en commun de tous les biens acquis pendant le mariage (les acquêts) par l’un ou l’autre des époux avec l’argent du couple : revenus professionnels perçus, L’IMMOBILIER DES NOTAIRES - www.immonot.com épargnés ou investis dans un bien durable, revenus mobiliers ou immobiliers provenant d’un bien propre, etc. À cette masse commune s’opposent vos biens propres. Il s’agit des biens que vous possédiez avant le mariage et de ceux que vous recueillerez ensuite par le biais d’une donation, d’un testament ou lors d’une succession. Chaque époux conserve la propriété de ces biens et les gère indépendamment. Des clauses pour avantager le conjoint Si le régime de la communauté ne répond pas à toutes vos attentes, il est parfaitement possible de l’assortir de diverses clauses qui donneront au conjoint survivant des avantages plus ou moins importants. Généralement, il s’agira de modifier la répartition des biens et les règles de partage. Par exemple, les époux peuvent apporter à la communauté un bien propre ou prévoir une clause de préciput par laquelle ils prévoient qu’au décès de l’un d’entre eux, un bien déterminé reviendra au survivant sans qu’il ait à acquitter de droits. Dans certains cas, toutefois, il est préférable, pour protéger également les enfants et ne pas alourdir la facture fiscale, d’opter pour un usufruit au dernier vivant pouvant porter sur la moitié de la communauté revenant à la succession. Le sur-mesure Le régime légal ne convient pas à toutes les situations. Aussi, certains lui préféreront un régime plus sur-mesure. À savoir Le contrat de mariage permet de fixer la composition des patrimoines de chaque époux en distinguant les biens communs des biens propres, de préciser comment et par qui ces biens sont gérés, qui est tenu de payer les dettes, et enfin d’anticiper les événements pouvant survenir pendant le mariage (divorce, faillite d’un des conjoints, décès). Pour cela il indiquera les modalités d’établissement des comptes et du partage entre les époux. venus moins importants. Faute de quoi, il risque d’être désavantagé... À savoir Vous pouvez demander une séparation de bien judiciaire au tribunal de grande instance de votre domicile si le maintien de la communauté risque de mettre en péril vos intérêts, du fait par exemple de l’insolvabilité de votre conjoint, de sa mauvaise administration ou de son inconduite (par exemple s’il est joueur). Pour éviter toute fraude aux droits des créanciers, cette décision devra être publiée afin que les créanciers puissent la contester. La communauté universelle La séparation de biens Ici, chacun des époux reste propriétaire de ses biens et revenus, les gère et en dispose à sa guise. Il peut donc les vendre, les donner, les louer sans rendre de compte à son conjoint. Seule restriction : même s’il appartient en propre à l’un des époux, le logement familial ne peut être vendu qu’avec le consentement des deux époux. De même, l’époux n’est pas responsable des dettes du conjoint et bénéficie d’une totale indépendance financière. Cependant, les époux sont solidaires pour le paiement des dettes d’entretien du ménage et d’éducation des enfants. Il en est de même pour le paiement de l’impôt sur le revenu et de la taxe d’habitation. Enfin, seuls les biens acquis ensemble (en indivision) appartiennent au couple en proportion des parts acquises. Ces parts correspondant à la somme mise par chacun dans l’achat. Conseillé aux commerçants et professionnels libéraux, ce régime permet de mettre son conjoint à l’abri en cas de mauvaises affaires. En revanche, il est conseillé de faire une donation en faveur de son conjoint s’il ne travaille pas ou perçoit des re- On est ici dans une situation totalement à l’opposé du cas précédent : les époux n’ont qu’un seul et même patrimoine. Celui-ci est composé de tout ce que les époux ont acquis durant leur mariage, de ce qu’ils possédaient en propre lors de l’adoption de ce régime, ainsi que des biens qu’ils recevront à la suite d’une donation ou d’une succession. Très souvent, on associe à ce régime une clause dite d’attribution intégrale de communauté. Cette clause prévoit qu’au décès du premier des époux, la totalité des biens reviendra à l’époux survivant. Mais l’avantage essentiel de cette clause est fiscal : la transmission échappe aux droits de succession. En revanche, ce régime désavantage les enfants qui devront attendre le décès du second parent pour hériter, et surtout ne pourront bénéficier qu’une seule fois de l’abattement et des taux réduits de droits de mutation. D’où pour eux une fiscalité plus lourde. Pour ces raisons, ce régime est surtout conseillé à des personnes sans enfants. La participation aux acquêts Si vous ne savez pas très bien ce que va vous réserver votre avenir professionnel, si vous jugez que la communauté est trop risquée du point de vue des créanciers et si la séparation de biens vous semble trop injuste pour votre conjoint qui ne travaille pas pour l’instant, alors, il ne vous reste plus qu’à opter pour la participation aux acquêts ! Introduit dans notre droit en 1965, ce régime matrimonial (régime légal allemand et suisse) satisfait à la fois le désir d’indépendance et le souhait de participer aux bénéfices. En effet, durant le mariage, il fonctionne comme la séparation de biens, mais lors de sa dissolution (divorce ou décès), chacun des époux a droit à la moitié des enrichissements (acquêts) réalisés par l’autre. Pour déterminer cet enrichissement, il faut procéder à un calcul assez complexe qui consiste à comparer le patrimoine de chacun au jour du mariage à celui existant au jour de la dissolution du mariage, après soustraction des dettes. Pour être parfaitement efficace, cette opération suppose donc un inventaire précis et chiffré de ce que chacun avait à l’origine et de ce qu’il a acquis par la suite. L’IMMOBILIER DES NOTAIRES - www.immonot.com novembre 2005 - Page 49 Important Quel que soit le régime matrimonial, un époux ne peut vendre seul le logement de la famille. Modifier ou changer Au fils des années, le contrat que vous avez initialement choisi peut s’avérer inadapté. Rien ne vous empêche alors de revoir certaines clauses ou d’en ajouter de nouvelles. Des clauses qui changent la vie Aucun changement avant 2 ans Très fréquemment, les époux modifient leur régime matrimonial en vue de protéger le conjoint survivant. Pour cela, le notaire introduit dans le contrat initial des Page 50 - novembre 2005 clauses spécifiques appelées avantages matrimoniaux. Il peut s’agir entre autres : - D’une clause de préciput autorisant le conjoint survivant à prélever, en plus de sa part, un ou plusieurs biens communs, sans avoir à verser d’indemnité aux autres héritiers ; - D’une clause d’attribution intégrale de la communauté quasi systématiquement associée au régime de la communauté universelle et permettant au conjoint survivant de recueillir l’intégralité de la communauté ; - D’une clause de partage inégal de la communauté prévoyant que la communauté sera partagée autrement que par moitié. Le changement de régime doit être conforme à l’intérêt de la famille et vous devez être d’accord avec votre conjoint sur le L’IMMOBILIER DES NOTAIRES - www.immonot.com principe du changement. Cet accord doit être officialisé par un acte notarié. Une fois établie et enregistrée, la convention de modification est soumise à l’homologation du tribunal de grande instance de votre domicile. Dans tous les cas, pour pouvoir changer de régime matrimonial ou le modifier, il est nécessaire que le précédent régime soit en place depuis plus de 2 ans. Changez de régime avant le 31 décembre 2005 Tout changement de régime matrimonial pour l’adoption d’un régime de communauté est exonéré de droits de timbre et de taxe de publicité foncière s’il est passé avant le 31 décembre 2005.