Le devoir d assistance
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Le devoir d assistance
Christèle CLEMENT Fiche de niveau 4. Droit de la famille / Mariage / Effets personnels du mariage / Avril 2007 Le devoir d'assistance Un devoir réciproque d'assistance pèse sur les époux en vertu de l'article 212 du Code civil français. D'ordre personnel, il ne doit pas se confondre avec le devoir de secours, plus spécifiquement patrimonial. I. Objet Le devoir d'assistance oblige les époux à s'entraider physiquement et moralement tout au long de leur existence commune. Il traduit une exigence de solidarité personnelle entre eux. Cette aide mutuelle est due au quotidien et, à plus forte raison encore, lorsque surviennent de graves difficultés dans la vie du couple ou de l'un de ses membres (maladie, deuil, chômage, échec…). Concrètement, le devoir d'assistance astreint les conjoints à coopérer dans l'exécution des tâches ménagères, à prodiguer à l'autre les soins que son état physique ou mental réclame, à lui apporter le soutien et le réconfort dont il a besoin le cas échéant. En revanche, l'aide pécuniaire n'entre pas dans l'objet du devoir d'assistance. Il se rattache au devoir complémentaire de secours qui incombe pareillement aux personnes mariées. II. Sanctions Comme toute obligation de faire (ou de ne pas faire) éminemment personnelle, le devoir d'assistance ne peut donner lieu à exécution forcée. Il se rapproche à cet égard des autres devoirs conjugaux d'ordre extrapatrimonial. L'époux qui le méconnaît s'expose néanmoins à deux sanctions possibles, non exclusives l'une de l'autre. Le manquement dont il se rend coupable constitue tout d'abord une faute cause de divorce (ou de séparation de corps) dès lors qu'il lui est imputable, qu'il présente un caractère grave ou renouvelé et qu'il rend le maintien de la vie commune intolérable. Il justifie à ces trois conditions le prononcé d'un divorce pour faute aux torts, exclusifs ou non, de l'époux fautif. Toutefois, en pratique, pareil manquement suffit rarement à lui seul à justifier le prononcé d'un divorce pour faute. Il s'associe en général à d'autres manquements pour déboucher sur la mise en œuvre de cette sanction. L'inexécution du devoir d'assistance recouvre ensuite une faute source de responsabilité civile pour l'époux qui s'en rend coupable. Elle peut donc conduire à la condamnation de ce dernier à verser des dommages-intérêts à son conjoint en vue de réparer le préjudice que la violation du devoir d'assistance lui a causé. L'indemnisation est alors due soit sur le fondement de l'article 266 du Code civil à raison des conséquences d'une particulière gravité provoquées par la dissolution de l'union, soit sur celui de l'article 1382 du même Code à raison du préjudice distinct né du défaut d'assistance lui-même. Bibliographie - G. CORNU, Droit civil – La famille, éd. Montchrestien Précis Domat Droit privé 9ème éd. 2006, n°30 p.58 et s. - F. GRANET et P. HILT, Droit de la famille, PUG Coll. Le Droit en plus, 2ème éd. 2006, n°104 p.56. - V. LARRIBAU-TERNEYRE, Mariage – Organisation de la communauté conjugale et familiale, in Jurisclasseur civil Art.212 à 215 Fasc.170 (éd. 1998), n°54 à 69 p.13 et s. - P. MALAURIE et H. FULCHIRON, Droit civil – La famille, Defrenois 2ème éd. 2006, n°1473 à 1477 p.580. - F. TERRE et D. FENOUILLET, Droit civil – Les personnes, la famille, les incapacités, Précis Dalloz 7ème éd. 2005, n°439 et 440 p.385 et s.