Et puis, nous passions le pantalon français…

Transcription

Et puis, nous passions le pantalon français…
«Et puis, nous passions
le pantalon français…»
A partir des témoignages,
entretiens et récits tirés
de l’œuvre de Abdelmalek Sayad
principalement dans
La Double absence
(© Editions du Seuil, oct. 1999)
du 15 au 17 février 2013
Mise en scène de Philip Boulay
avec le Collectif Quelques unes d’entre nous
Cité Nationale de l’Histoire
de l’Immigration
Paris
Mise en scène: Philip Boulay
Collaboration artistique: Albertine M. Itela
Scénographie et costumes: Jean-Guy Lecat
Chorégraphie: Mehdi Slimani
Lumières: Abdénor Mezlef
Direction des travaux de recherche: Samir Hadj Belgacem et Farid Taalba
Coproduction:
Collectif Quelques unes d’entre nous
Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration
Coordination du projet: Zouina Meddour
Intertitres & Images Archives: Jean-François Domingues
Photographes: Aïssatou Angela Balde, Black Spring Graphics
Design & Webmastering: Black Spring Graphics
Du 15 au 17 février 2013
(vendredi et samedi à 20h00, dimanche à 16h00)
Cité Nationale de l'Histoire de l'Immigration
Avec:
Nassiha AMGHAR, Yamina AMGHAR, Kenza BELHADI, Ourida BELHADI,
Touria ELADEM, Taous BOULEMSAMER, Fafa DAGHEFALI,
293, avenue Daumesnil
75012 Paris
Fathia LALOUF, Fatma LAMRI, Fatima MEDDOUR, Zouina MEDDOUR,
Tél: 01 53 59 58 60
[email protected]
Djohra OUANOUGHI, Mohamed REZZOUG, Arlette ROUEDE, Farid TAALBA
www.histoire-immigration.fr/2012/5/et-puis-nous-passions-le-pantalon-francais
et les danseurs Mohamed el HAJOUI, Steve KAMSU.
Durée estimée: 1h30
Informations:
Philip Boulay : 06 84 11 45 90 / [email protected]
Zouina Meddour : 06 23 86 35 75 / [email protected]
Trente années d’enquêtes et de recherches réalisées en
France et en Algérie par le sociologue Abdelmalek Sayad
(1933-1998) ont renouvelé l’étude du phénomène migratoire. L’immigration dans une société correspond toujours
à une émigration hors d’une autre société. Un recto-verso de la même feuille. A travers ses entretiens, Sayad a
amené les immigrés à livrer le plus profond de leur « intimité collective », à révéler les contradictions déchirantes
de leur existence déplacée et éclatée. Quitter à l’aube le
foyer, prendre le train, arriver à Alger, et puis, juste avant
de prendre le bateau, passer le pantalon français. Absents
là-bas, absents ici où ils ne sont que simple force de travail:
le vertige de la double absence…
Parmi les spectateurs, il y a les
proches, ceux qui se reconnaissent
dans l’Histoire et les histoires de
double absence, il y a ceux qui se sentent concernés de près ou de loin de
par le propre parcours, il y a ceux qui,
envisageant une migration, sont interpellés et enfin, il y a ceux qui refusent
la véracité du vertige provoqué par le
phénomène migratoire soudainement
incarné sur la scène d’un théâtre.
Philip Boulay, metteur en scène
Albertine M. Itela, collaboratrice artistique
Depuis plusieurs années, Philip Boulay et le Collectif Quelques unes d’entre nous du quartier des Tilleuls
de Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) osent ensemble la
fabrique d’un théâtre. Un théâtre fait mains, ici, avec ce
qui est possible et se nourrissant des contraintes multiples.
Comment l’art du théâtre, en tant qu’espace possible
d’énonciation – et de dénonciation – des réalités intimes et
sociales, peut-il prendre part au travail de narration d’une
histoire commune faite d’affects, d’échecs, d’humiliation et
de culpabilité ? Aussi honteux que puissent être ces épisodes, ils n’en font pas moins partie de l’Histoire de France
à raconter… Au théâtre, l’alliance subtile de l’intime avec
le politique permet une scène épique et induit une position
critique du spectateur. Et c’est là une façon d’essayer de
ré-enchanter le lien social.
Le processus de travail et le temps de la représentation
à Blanc-Mesnil ont démontré que ce spectacle a ses publics. Et puis, nous passions le pantalon français est un
spectacle qui, parce qu’il réactualise quelque chose qui a
besoin d’être reconnue et portée à la connaissance pour
d’autres, participe d’un travail de mémoire. Cette mémoire
a besoin d’être négociée autrement afin que d’autres
choses puissent advenir.
Ce qui peut troubler au théâtre, ce sont ces
corps, ces corps qui portent les langues, les
mémoires, les destins sans écran, sans pacte
de clôture entre la scène et la salle. Dans « Le
pantalon français », l’endroit du récit est celui
des entretiens, des témoignages ; il est donc
irrévocable. Il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction ou d’un poème dramatique. La seule subjectivité est celle de l’humain.
Est-ce là que le bât blesse ? Certains
des spectateurs se sentiraient-ils violentés par ce qu’ils considèrent comme
une intrusion ? L’irruption sur la scène
théâtrale française d’une parole et d’un
mouvement portés par les femmes du
Collectif aurait-elle enfreint les attendus esthétiques et institutionnels ? Par
ailleurs, les propos prononcés et les récits relatés dans La double absence de
Abdelmalek Sayad ne font-ils pas écho
dans les consciences de ces spectateurs ?
« Et puis, nous passions le pantalon français...»
Qu’est-ce qui se joue pour ces derniers? Se sentent-ils indexés par
l’énonciation des souffrances intimes
et sociales ? Il est vrai que devant ce
type de proposition théâtrale le spectateur est interpellé dans sa citoyenneté.
Comment voir et entendre sur un plateau le récit des souffrances infligées
par la République à certaines catégories de ses citoyens ? Pourquoi ceux
qui ont réalisé cette création, cet espace-temps singulier sont–ils de facto
renvoyés à la question identitaire et
communautaire par ceux qui n’y voient
qu’ingratitude vis-à-vis de l’Etat-Nation
indivisible et protecteur pour tous?
La mise en scène ne propose aucune adaptation des paroles et des temporalités structurées par Sayad. Il s’agit d’un espace théâtral
qui permet d’écouter de la mémoire vive, un
art théâtral qui pense et panse les douleurs
liées à l’exil et à la double absence.
La question profonde est celle du
contenu des entretiens ; ce que racontent les
« chibanis » à Sayad et qui peut-être est entendu pour la première fois par un bon nombre de
spectateurs. Et pour ceux qui ne l’entendent
pas pour la première fois, c’est la première fois
qu’ils l’entendent dans un espace public, dans
une forme scénique et théâtrale. A cet instant,
cette parole, parce qu’elle est théâtralisée devient commune, prend place dans l’espace
public : le temps de la représentation intègre
l’Histoire.
Il nous apparaît clairement que le théâtre
public subventionné ne parvient pas à
se renouveler.
Une initiative citoyenne et artistique
portée par une équipe de création professionnelle et les femmes d’un quartier
populaire ne saurait en aucun cas être
considérée comme de l’art. Aujourd’hui,
on fait théâtre de tout, le plateau reçoit
toutes sortes de formes ou de supports ; nous sommes convaincus que
l’œuvre d’Abdelmalek Sayad a sa place
au théâtre et sa nécessité dans l’espace
public français. La division entre ceux
qui ont reçu le spectacle et ceux qui
le refusent est le reflet d’une division,
d’une fracture qui a lieu dans la France
d’aujourd’hui. L’espace-temps des représentations de ce spectacle aura à
accepter le refus et à intégrer la division
pour continuer d’exister. Depuis vingt
ans, le projet artistique de la compagnie
se fonde sur une connaissance et une
conscience intime de ces réalités.
Peu de sociologues ont une oeuvre
scientifique de la richesse et de la profondeur de celle d’Abdelmalek Sayad.
Pourtant, ce chercheur au CNRS, décédé en 1998, reste encore largement
méconnu du grand public, mais également du monde scientifique. Souvent
présenté comme un spécialiste des
phénomènes migratoires et plus particulièrement de l’émigration algérienne
en France, il a été découvert et considéré en premier lieu par ses collaborations
et sa proximité avec le sociologue et
Samir Hadj Belgacem
et
Farid Taalba
Né Malek Ath Messaoud en 1933, au
Douar Ihadjadjen dans le village d’Aghbala (en petite Kabylie), le nom d’Abdelmalek Sayad porte l’histoire de l’Algérie coloniale (nom d’État civil donné
par l’administration française2). C’est
une histoire collective et souvent intime,
qu’il raconte au fil de ses recherches et
qui se trouve être pour partie la sienne.
Sayad a réalisé, entre 1959 et 1998,
un travail de recherche considérable.
Envisageant le fait migratoire dans sa
totalité, ses recherches sur la condition
des émigrés algériens en France se
sont développées à la frontière de différentes disciplines et ont porté sur une
multitude d’objets (les conditions de
travail, de logement, la famille, l’école,
les vacances, la religion, la maladie).
Sayad a également montré comment
l’immigration constitue un enjeu crucial
académiques, est à la fois exigeante et accessible. Les extraits de textes qui composent la pièce
donnent toute leur place à la justesse de la parole
d’hommes et de femmes, jeunes comme vieux, de
parents, de frères, de sœurs, d’ouvriers, de paysans, de collégiens, d’étudiants. Construite autour
d’un article programmatique : « Les trois âges de
l’émigration algérienne en France »3, la pièce en
reprend en partie sa structure. Le travail de traduction, de l’arabe algérien ou du kabyle au français (à
l’image du titre de la pièce), présente à la fois de
grandes qualités littéraires et restitue au plus près
Le sociologue Abdelmalek Sayad, le théâtre et la politique
professeur au collège de France, Pierre
Bourdieu. S’il est reconnu pour avoir envisagé la double nature du phénomène
migratoire à la fois immigration (arrivée
et présence dans une société étrangère) et émigration (départ et absence
de sa société d’origine), toute une partie
de sa pensée, moins consensuelle, policée, est souvent occultée à commencer
par le nom même de l’auteur1.
1
Nous avons engagé avec Amin Perez-Vargas
(doctorant à l’IRIS) une recherche biographique sur Abdelmalek Sayad (qui a fait l’objet d’un master à l’INALCO
pour Farid Taalba) visant à rattraper le manque significatif
d’études consacrées à l’auteur. Cette recherche a été initiée
par l’ouverture du fond d’archives à la médiathèque A.
Sayad du Centre National d’Histoire de l’Immigration (CNHI)
dont le premier dépouillement a été assuré par l’équipe
d’assistants-archivistes de l’Association de Prévention du
Site de la Villette (APSV), coordonnée par Yves Jammet.
pour l’État tant économique que politique ou culturel.
Plus originale encore, son écriture,
loin des jargons et des conventions
2
Fanny Colonna, « Algérie 1830-1962. Quand
l’exil efface jusqu’au nom de l’ancêtre », Ethnologie française, XXXVII, 2007, 3, p. 501-507.
des expériences de l’émigration, faites de déchirement, de perte de sens et de valeurs, d’espoirs
déçus, mais aussi de surprises, d’événements
inattendus et de revanches qui sont parfois difficilement dicibles. Ce que l’on ne peut dire, que l’on
ne dit pas, ce qui est tabou, les grandes illusions
collectives ou individuelles, c’est la force de la sociologie de Sayad, tout à la fois subversive et politique que le théâtre met à son profit.
3
Abdelmalek Sayad, « Les trois “âges” de l’émigration algérienne en France », Actes de la recherche en sciences sociales, Année 1977,
Volume 15, Numéro 1, p. 59-79.
Au commencement, tout part de la maison des Tilleuls, un centre social implanté au cœur du quartier des Tilleuls,
au Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, un centre social qui joue son rôle
de soutien et d’accompagnement des
dynamiques collectives. Lieu inséré
dans la ville, maîtrisant les ressources
du territoire, il accompagne et suscite
la mobilisation d’autres partenaires en
fonction des problématiques ou propositions formulées par les habitants.
Après deux années de fonctionnement
informel, le collectif décide de se donner un nom au moment où il prend la
parole publiquement pour réagir face
au traitement médiatique des révoltes
d’octobre-novembre 2005 (lettre ouverte aux médias parue dans le Monde
Diplomatique de janvier 2006) :
« Quelques unes d’entre nous : Un nom
que nous avons choisi parce qu’il est le
nom de la première exposition photo
que nous avons créée ensemble. »1
Durant cette période, le groupe de
femmes de la maison des Tilleuls avait
été très mobilisé aux côtés des habitants et tentait de comprendre l’explosion d’une telle violence, résultat d’une
longue histoire de relégation sociale.
Il s’agissait d’accepter de dépasser sa propre
condition, sa situation, pour aller vers une réflexion collective sur l’état du monde. S’interroger sur la place de chacune dans cette histoire,
et au-delà, réfléchir à quelle place prendre pour
participer. Influer sur le cours des choses, ne
pas subir, avoir son mot à dire sur les situations
vécues. Croiser les points de vue avec d’autres
qu’ils soient habitants, chercheurs, journalistes,
artistes, politiques.
Zouina Meddour
Quelques unes d’entre nous 2003/2013 : dix ans d’engagement auprès des habitants des quartiers populaires
Ainsi depuis 2003, l’équipe de la maison des Tilleuls a soutenu l’émergence
d’un collectif de femmes, très actif, qui
a participé à de nombreuses actions
significatives pour lutter contre les
images négatives véhiculées sur les
populations de ces quartiers, et entraîné avec lui la mobilisation progressive
de nombreuses personnes, jeunes et
moins jeunes tout au long de ces années.
Il fut à l’initiative d’une série de rencontres : animation de salons de thé,
rencontres-débats, soirées festives,
fêtes de quartier. Mais le collectif s’est
surtout engagé dans un long chemin
de création, croisant les réflexions de
chacune, travaillant sur les stéréotypes
et leur déconstruction, acceptant les
critiques du groupe afin de sortir d’une
logique individuelle pour s’inscrire dans
une démarche collective. Démarche
plus lente, exigeante, déstabilisante
mais ô combien fédératrice et source
d’enrichissement.
1 Extrait du texte d’introduction à l’agenda 2007, BlancMesnil, décembre 2006.
Parmi les actions prioritaires définies par
le collectif Quelques unes d’entre nous,
la rencontre avec le théâtre fut déterminante. Elles découvraient un univers
qu’elles pouvaient investir pour travailler
sur elles-mêmes, qui allait leur apporter de l’épanouissement, renforcer leur
capacité à agir, à parler, à écrire, à être
en relation avec d’autres personnes à
égalité. Un univers qui leur permettait de
poursuivre leur engagement entraînant
dans le même temps autour d’elles,
dans le quartier, dans leur famille, un
mouvement dépassant largement le
cadre du quartier.
Chargée de mission lutte contre les discriminations
Blanc-Mesnil
Le collectif de femmes a mis en débat toutes
les questions qui les concernent : place des
femmes dans la société ; poids des préjugés, du
racisme, de la discrimination ; situation sociale et
économique dans les quartiers populaires, regard
porté sur les jeunes, autant de sujets donnant lieu
à de multiples réflexions et productions.
Chaque thème évoqué sera prétexte à de multiples rencontres avec des intervenants : sociologues, journalistes, photographes, écrivains… Ces
rencontres mises en place pour donner à comprendre la complexité du monde ont structuré et
consolidé la volonté d’engagement de chacune.
Un espace, une forme qui leur permettait de s’exprimer, d’interpeller sur les
sujets qui leur tiennent à cœur : l’éducation, la transmission, l’avenir des jeunes,
l’immigration, la condition des femmes,
la situation dans les quartiers…
Ensemble, durant toutes ces années,
elles ont manifesté, pris la parole, participé à la réalisation d’un film, à la
création d’un journal et de plusieurs
expositions puis à l’élaboration d’une
pièce, Le bruit du monde m’est rentré
dans l’oreille, mise en scène par Philip
Boulay. Avec cette pièce, qui parlait de
leur propre vie et de leur regard sur le
monde, elles ont effectué une importante tournée
durant trois ans, en région parisienne mais aussi
à Toulouse, Bruxelles, Lisbonne, faisant entendre
une voix singulière et collective, intime et politique.
Fort de ces années d’expérimentations, notamment
à travers le théâtre, le collectif a souhaité poursuivre dans cette voie et traiter des questions d’immigration. La rencontre avec des artistes, sociologues, toujours partenaires du collectif aujourd’hui, a
donné lieu au désir de s’emparer des travaux d’un
sociologue de renom, Abdelmalek Sayad. Un premier dispositif de formation proposé aux habitantes
leur a permis d’approcher son œuvre, ainsi que son
histoire. Puis il y eut l’envie de mettre en scène les
entretiens réalisés par Sayad1, afin de porter à la
connaissance du public une partie de son œuvre.
Avec cette nouvelle création se poursuit le chemin
façonné depuis 2003. Une compagnie de Hip Hop
de Blanc-Mesnil, la compagnie No Mad est associée au projet, permettant la rencontre et la coopération avec d’autres univers, dont celui des jeunes
et du Hip Hop. La transmission et le partage entre
les générations se mettent en place. Aujourd’hui
le collectif Quelques unes d’entre nous reste pour
chacune un repère qui permet d’inscrire une histoire en commun dans le territoire. Certaines ont
pris d’autres engagements dans d’autres associations, participé à d’autres expériences mais toutes
continuent de porter ensemble cette histoire et veulent la partager et la faire connaître.
L’engagement dans cette nouvelle création est une
continuité et aussi un positionnement politique. Il ne
s’agit pas de faire du théâtre seulement pour faire
du théâtre – bien que ce fut en général pour toutes
la révélation d’une grande joie – mais de donner à
entendre une parole qu’on n’entend jamais, et comment elle prend sa légitimité.
En s’appropriant cette part de l’œuvre de Sayad,
les femmes des Tilleuls, qui viennent maintenant
de tout Blanc-Mesnil et comptent au moins deux acteurs dans la troupe, s’inscrivent dans la continuité
de ceux à qui Sayad donnait la parole alors qu’elle
leur avait toujours été déniée. Nous sommes certains qu’il en aurait été heureux et fier de pouvoir la
faire entendre comme nôtre.
1 Principalement dans La Double absence, Editions du Seuil, oct.
1999.
Créations du collectif Quelques unes d’entre nous « Voulez-vous d’un nom pour ce monde », lecture publique du texte écrit en atelier d’écriture avec Mohamed Rouabhi ; juin 2003 Forum
( http://www.lesacharnes.com/tilleuls.pdf )
« Saveurs du monde », maison des Tilleuls, collectif de femmes ; édition d’un livre de recettes ; octobre 2003.
« Quelques une d’entre nous », première exposition (photographies et écriture réalisées par une vingtaine d’entre elles, âgées de 30 à 75 ans, avec Marina
Da Silva, journaliste et Joss Dray, photographe ) ; Pour le conseil régional d’Ile de France à l’occasion du 8 mars 2004.
« Quelques-unes d’entre nous ; faire vivre et voyager nos rêves », titre de la deuxième exposition installée de janvier à mars 2006 au Forum de BlancMesnil.
« Ceci est notre quartier à 93° », film dvd ; production La cathode vidéo/ maison des Tilleuls / collectif d’habitants ; février 2006
«Vu d’ici » : journal créé par des habitants du Blanc-Mesnil auquel participent des membres du collectif Quelques unes d’entre nous. Octobre 2006/ mars
2011.
Participation et accompagnement de l’enquête sociologique conduite par Stéphane Beaud auprès des femmes du collectif, 2006, publication dans Vu d’ici
n°6, 2007.
«Le bruit du monde m’est rentré dans l’oreille », 2006/2009, théâtre, livre édité chez l’Harmattan, dvd.
Création d’un agenda et d’un diaporama « Quelques une d’entre nous » photos/textes/récits du collectif ; année 2007.
« Parcours de femmes en Nomadie », une exposition itinérante du département des actions éducatives de l’Institut du Monde Arabe; novembre 2009.
« Nomadie, des femmes dans le mouvement du monde », une exposition à Cosmopolis, septembre/octobre 2009 à Nantes.
« Les femmes des quartiers populaires ; en résistance contre les discriminations », livre à paraître en février 2013 aux éditions Le Temps des Cerises. Coécrit par un collectif de femmes et Saïd Bouamama.
Quelques unes d’entre elles… et lui...
Arlette:
On vient sur scène pour témoigner d’une réalité dont on ne parle pas, mettre à jour un passé qui continue à être présent. Ce sont des choses qui se sont déroulées il
y a des années mais qui sont récurrentes. Même si certaines personnes concernées nient ce racisme, on le vit toujours.
Mohamed:
J’ai toujours voulu faire du théâtre même si ma passion a toujours été le foot, que je vis autour et pour le foot, mais je n’aurai jamais pensé que j’allais jouer dans
quelque chose qui raconte ma propre histoire et celle de mes parents. La France se rappelle plus de la guerre avec l’Allemagne, plus ancienne, qu’avec l’Algérie qui
était une guerre non reconnue.
Yamina:
C’est une fierté de pouvoir jouer ce texte. Il réveille ma mémoire, plein de choses qui ont été vécues reviennent, des souvenirs mais aussi des odeurs, des émotions.
C’est important de pouvoir parler du passé et transmettre cela aux générations à venir.
Fatma:
Beaucoup de gens voudraient qu’on oublie la guerre d’Algérie. Mais c’est notre histoire et notre héritage, qu’on peut transmettre avec le théâtre. Dans la première pièce,
j’avais le trac et le cœur qui battait à 100 à l’heure, mais après, quand on a joué, on a le sentiment « qu’on est quelqu’un ».
Houria:
Pour moi, la première pièce était une expérience formidable et j’ai envie de continuer. C’est important de pouvoir raconter la guerre d’Algérie et tout ce que l’on a vécu,
la violence et le manque de respect pour les femmes. Aujourd’hui on peut le faire, on n’a plus la schuma (la honte).
Taous:
Moi aussi j’ai envie de parler de ma guerre, où j’ai été blessée, de mon histoire. Lorsque je joue je suis heureuse. J’aime me préparer pour le public, c’est bien, c’est
joli. Et puis quand on a fini et que le public nous a applaudi, c’est encore mieux ! J’aime le public.
Djohra:
D’elle qui veut juste dire que « le théâtre, c’est beau et que çà lui plait », les autres disent : « S’il n’y avait pas Djohra avec nous ce serait comme ne pas avoir de sel
pour manger ».
Ourida:
Travailler sur le thème de Sayad et de l’immigration, cela permet d’aider à la recherche d’identité. Cela m’a amenée à mettre le doigt sur des moments de mon enfance
auxquels je ne pensais plus du tout. Cà m’a fait du bien. Beaucoup de choses aujourd’hui sont présentées comme si elles étaient évidentes, alors que non, ce n’était
pas juste.
Philip Boulay
Metteur en scène, directeur artistique
de la Wor(l)ds…Cie
Fait une première mise en scène remarquée à l’âge de 27 ans au Conservatoire
National Supérieur d’Art Dramatique de
Paris Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès, reprise au
Théâtre de la Cité Internationale. En 1997,
il crée Armor d’Elsa Solal à La Ferme du
Buisson, Marne la Vallée.
Il crée la même année La Nuit juste avant
les forêts au Théâtre national d’Ankara. En
2007, il met en scène Topdog/Underdog de
Susan-Lori Parks (création en France) à
l’Athénée/Théâtre Louis Jouvet, Paris et Le
bruit du monde m’est rentré dans l’oreille à
Blanc-Mesnil. En 2008, Clowns ! d’après Fellini à l’Ancien Opéra National d’Helsinki, et
en 2009, Combat de nègre et de chiens et
Tabataba de Bernard-Marie Koltès au Teatro
Jean-Guy Lecat
Scénographie et costumes En 2004, elle crée Le Cri de l’oiseau
rouge d’après le roman d’Edwidge
Danticat Breath, eyes, memory au Festival au Féminin, au Lavoir Moderne
Parisien, dans le cadre du Festival
« Karayib » au Théâtre de l’Epée
Il a pratiqué tous les métiers, techniques et artistiques du théâtre. Il a
travaillé avec de nombreux metteurs
en scène tels que Jean-Louis Barrault, Roger Blin, Jean-Marie Serreau
avec qui il a ouvert La Cartoucherie
de Vincennes et avec des compagnies
comme Le Living Theater, La MaMa,
L’équipe de création
Le spectacle est repris l’année suivante
au Théâtre Gérard Philipe–CDN de SaintDenis et à La Coupole, Melun-Senart. En
1999, il met en scène Madame de Sade
de Yukio Mishima au Théâtre National
de Timisoara. En 2001, Les Caprices de
Marianne suivi de Il faut qu’une porte soit
ouverte ou fermée d’Alfred de Musset,
créations au Théâtre Granit, Belfort, puis
Théâtre de Gennevilliers (CDN), au Carreau, Forbach puis en tournée internationale (Afrique centrale, Espagne). Création
de Démons aux Anges d’Elsa Solal à La
Filature, Mulhouse puis au Théâtre Gérard
Philipe de Saint-Denis. En 2003, il entame
une résidence de création à La Halle de la
Gombe/Kinshasa ; il y met en scène Tabataba de Bernard-Marie Koltès, reprise
au Festival d’Avignon 2006 et au Festival
Paris Quartier d’été 2006. En 2004, il met
en scène à nouveau Dans la solitude des
champs de coton de Koltès au Forum/
scène conventionnée de Blanc-Mesnil,
tournée au Théâtre National d’Ankara et
Festival International d’Istanbul. En 2006,
il crée Dysputen (La Dispute) de Marivaux,
à l’Academy Theater d’Helsinki, Finlande,
et Na Solidao dos campos de algodoa
(Dans la solitude des champs de coton)
à Culturgest, Lisbonne, dans le cadre du
Festival International de Théâtre d’Almada.
Castro Alvez de Salvador de Bahia et au
Sesc de Sao Paolo. En 2009, il met également en scène Un Hamlet d’après Shakespeare au Q-Teatteri/Helsinki, tournée au
Festival International de Théâtre de Dubrovnik, Croatie (2010). En 2010, Une visite inopportune de Copi au Théâtre Municipal d’Almada et Pour Louis de Funès de Novarina
au Forum, Blanc-Mesnil et au Festival d Avignon 2011, au Festival d’Almada/Lisbonne et
à la Comédie de Saint-Étienne. En 2011, il
crée au Théâtre National d’Ankara Georges
Dandin de Molière.
Albertine M. Itela
Collaboration artistique
Après avoir vécu à Lubumbashi (République
Démocratique du Congo), Bruxelles, Bonn,
Kinshasa (RDC), Paris, elle décide de vivre
et travailler en Seine-Saint-Denis.
En 1996, elle est engagée par le Théâtre Vollard et participe à deux créations : Emeutes
de Pierre-Louis Rivière (Saint-Denis de
La Réunion) et Lepervenche d’Emmanuel
Genvrin (Festival Paris Quartiers d’été).
Après des études d’Histoire et un Master
de Sciences Politiques à l’Université Paris1
Panthéon-Sorbonne, en 2001, elle est rédactrice pour le site web RFO.FR avant de
renouer avec le théâtre.
de Bois (Cartoucherie, Vincennes) et
à La Maison Populaire de Montreuil.
En 2005, sous la direction d’Alain
Gintzburger, dans le cadre du Festival
Frictions /Théâtre National Dijon-Bourgogne elle participe à la création de
Drames brefs de Philippe Minyana.
En 2006, elle part en tournée africaine
(République Démocratique du Congo,
République du Congo, Bénin, Togo,
Sénégal, Cameroun) avec Stade de la
liberté d’Israël Tshipamba Mouckounay, mise en scène par Jean Shaka de
l’Ecurie Maloba et participe à la création de Arnaque, cocaïne et bricolage
de Mohamed Rouabhi, mis en scène
par Clotilde Moynot au Théâtre du
Splendid/Paris.
A partir de 2007 elle est la collaboratrice de Philip Boulay dans Le bruit
du monde m’est rentré dans l’oreille
au Forum/Blanc-Mesnil, Théâtre du
Rond-Point, Festival des Libertés de
Bruxelles, Nouveau Théâtre d’Almada, Rencontres Urbaines de la Villette.
Elle participe aux créations de Topdog/
Underdog de Suzan-Lori Parks à
l’Athénée Théâtre Louis Jouvet et de
Combat de nègre et de chiens de Koltès à Salvador de Bahia (Teatro Castro
Alvez), dans le cadre de l’année de la
France au Brésil 2009.
etc., participant à plus d’une centaine de productions. Il est également
consultant auprès d’architectes sans
jamais quitter ses activités au théâtre.
De 1976 à 2000 il travaille auprès de
Peter Brook comme directeur technique et est chargé en particulier de
la recherche, de la transformation ou
de la création de plus de deux cents
espaces partout dans le monde. Certains d’entre eux sont encore utilisés :
le tramway à Glasgow, le Gaswaerk à
Copenhague, le Mercat de les Flors
à Barcelone, La carrière Boulbon au
Festival d’Avignon, le Bockenhaimer à
Francfort, etc.
Ces dernières années, il signe les scénographies des spectacles (théâtre et
opéra) de Joaquim Benite, directeur
du Théâtre Municipal d’Almada (Lisbonne). Il a également réalisé la scénographie de Une visite inopportune
de Copi, mise en scène de Philip Boulay au Théâtre Municipal d’Almada, en
2010.
Mehdi Slimani
Zouina Meddour
Chorégraphie
Coordination du projet L’année 1995 marque la rencontre de Mehdi
Slimani avec la culture hip-hop et plus précisément avec la danse. Multipliant les stages et
cours en région parisienne, mais également en
France métropolitaine, les créations de différents spectacles, enfin les représentations lors
d’émissions télévisuelles ou encore de vidéoclips, il finit par s’imposer en tant que personnalité incontournable du milieu.
Chargée de mission Lutte contre les discriminations pour la ville du Blanc-Mesnil.
Elle intervient depuis de nombreuses années
sur les quartiers populaires, multipliant les espaces, les propositions permettant aux habitants
d’être co-producteurs des actions à mener ; tant
dans les domaines politique, social, économique
ou culturel. L’équipe de création
En janvier 2003, il est sélectionné, en tant
qu’artiste chorégraphique, pour le spectacle
musical Les Dix commandements pour une
tournée en Italie.
En 2005, c’est au Japon qu’il s’envole, en 2006
en Corée.
Aujourd’hui sollicité sur différents projets, le
danseur/chorégraphe Mehdi Slimani continue
de faire preuve de son talent artistique.
Abdénor Mezlef
Lumières
Régisseur depuis presque vingt ans et depuis
une dizaine d’année spécialement en charge
de l’auditorium (salle Betsy Jolas) du Forum,
Blanc-Mesnil, il a un profil polyvalent et généraliste avec une connaissance spécifique en
plateau, lumière et son vidéo, gestion d’équipe
technique et artistique.
Ayant pratiqué dans le passé d’autres activités professionnelles, toutes tournées vers l’humain et la rue, il gère l’auditorium et l’accueil
des spectacles en mettant au centre, davantage que la technique, le rapport humain, la relation avec l’autre qui est pour lui déterminante.
Il a de cette façon accompagné la première
pièce du collectif, Le bruit du monde m’est
rentré dans l’oreille, dont il créait aussi les lumières.
Direction des travaux de recherche
Samir Hadj Belgacem,
doctorant en
sociologie au CMH (ENS-EHESS), a initié
une réflexion sur l’adaptation théâtrale d’Abdelmalek Sayad auprès du collectif Quelquesunes d’entre nous. Il a coordonné un atelier de
formation sur l’auteur, qui a été conçu et réalisé par Farid Taalba. Il a également contribué à
l’élaboration du corpus de textes utilisé pour la
création théâtrale et participé au comité scientifique d’élaboration de la pièce.
Farid Taalba, chargé des questions culturelles au Forum Social des Quartiers Populaires et étudiant en master à l’INALCO, a
conçu et réalisé l’atelier de formation sur Abdelmalek Sayad, auprès du collectif Quelquesunes d’entre nous, qu’il a rejoint en tant qu’acteur lors de la pièce Le bruit du monde m’est
rentré dans l’oreille en 2007. Il joue à nouveau
dans cette nouvelle création dont il a contribué
à l’élaboration du corpus de textes et participé
à son comité scientifique.
La méthode d’intervention qui singularise son
travail s’inscrit dans une longue tradition de l’éducation populaire. Des projets auxquels sont associés des chercheurs, journalistes, artistes…
militants associatifs donnant lieu à des productions nombreuses et diverses : films, journaux,
expositions, théâtre… Propositions, toujours formulées par les différents groupes impliqués, mêlant ainsi plusieurs disciplines et différents publics
pour aborder les questions sociétales dans toute
leur complexité avec toujours ce même objectif :
donner à entendre les voix des quartiers. Avec Et
nous passions le pantalon français, elle propose
de faire découvrir et comprendre les chemins
empruntés par tous ces immigrants quittant un
jour leur pays avec douleur, angoisse et solitude
et montrer comment les sociétés d’accueil réagissent à ces arrivées. Elle porte ce projet pour
permettre l’expression d’une parole plurielle, celle
du collectif Quelques-unes d’entre nous, des danseurs de la compagnie No Mad et celle des interviewés de Abdelmalek Sayad
Raconter notre histoire, leur histoire, rétablir
quelques vérités sur les conditions de vie de ces
hommes et ces femmes, c’est aussi lutter contre
les préjugés, dénoncer le racisme et les discriminations.
www.worldscie.com
[email protected]
Avec les soutiens de la DRAC Ile de France/Ministère de la Culture et de la Communication - Dynamiques Espoir Banlieues, du Conseil Général de la Seine Saint-Denis, du
Conseil Régional Ile de France, d’Arcadi, de la Direction de l’Accueil, de l’Intégration et de la Citoyenneté/Ministère de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et
de l’Immigration, de la Fondation Abbé Pierre, de la Ville du Blanc-Mesnil, de l’Association de Prévention du Site du Parc de la Villette, de la Mission de Lutte contre les discriminations, du Forum/scène conventionnée de Blanc-Mesnil, du Deux Pièces Cuisine et de la Maison des Tilleuls, Contrat Urbain de Cohésion Sociale.
Avec la participation de la Compagnie No MaD et de Marina Da Silva pour la collaboration aux écritures.
Remerciements : Raoul Veexsteen, l’Association France-Algérie, la Bibliothèque Nationale de France, l’Institut National de l’Audiovisuel, Association Génériques, Cité Nationale
de l’Histoire de l’Immigration.
Photos: © aabalde