EnfantS d`immigréS à L`écoLE
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EnfantS d`immigréS à L`écoLE
Enfants d’immigrés à l’école De quelques textes inédits d’Abdelmalek Sayad sur l’engouement culturaliste au sein de l’institution scolaire Par Smaïn Laacher, sociologue Juin 2015 Texte rédigé par Smaïn Laacher*, à partir de son intervention lors de la rencontredébat organisée par le CRPVE le 17 avril 2015 : « À propos de l’échec et de la réussite scolaires des enfants d’immigrés. Abdelmalek Sayad et la question scolaire ». * Smaïn Laacher est professeur de sociologie à l’université de Strasbourg et directeur du Centre constructions de l’Europe, mobilités et frontières (UMR 7367 Dynamiques Européennes). Il est par ailleurs chercheur associé à l’Institut national des études démographiques (UR12). Il a notamment publié Abdelmalek Sayad. L’école et les enfants de l’immigration, Paris, Seuil, 2014. Édition établie, présentée et annotée par Benoît Falaize et Smaïn Laacher. 2 L es écrits d’Abdelmalek Sayad relatifs à la scolarisation des enfants d’immigrés s’inscrivent dans un contexte particulier qu’il importe de rappeler pour en saisir la portée. Le texte le plus ancien date de 1977, à un moment où l’école française voit arriver de nouveaux publics issus des regroupements familiaux, et le plus récent de 1997, alors que la problématique de leur échec scolaire est devenue prégnante dans les débats publics. Ses réflexions sur l’école et sur la place faite ou à faire aux enfants désignés comme étant « issus de l’immigration » couvrent donc une séquence historique d’une vingtaine d’années, marquée par l’évolution d’une problématique qu’il saisit dans sa genèse et qu’il anticipe largement, à tel point que c’est peut-être seulement aujourd’hui que leur acuité est en mesure d’apparaître. L’école et l’immigration. Un problème en voie de constitution C’est seulement dans les années 1980 que les premiers textes théoriques et pédagogiques émergent, souvent issus eux-mêmes de « recherche-actions » en milieu scolaire ou de réflexions prenant appui sur le travail quotidien, bienveillant et bien souvent improvisé des enseignants, principalement de ceux du primaire. Les Cahiers pédagogiques, Migrantsformation, Hommes et migrations sont les principales revues diffusant des travaux et des réflexions concernant les « cultures à l’école », la « recherche interculturelle », les « relations interethniques à l’école », le « choc des cultures » ou une « pédagogie de l’interculturel ». Rappelons que dans les années 1980, nous passons de la figure de l’immigré, défini par le provisoire et le travail, à la famille immigrée qui advient à la société française par une sorte de paradoxe : ce sont les parents qui ont mis au monde leurs enfants mais ce sont ces derniers qui ont révélé et fait advenir au monde social, l’existence controversée de la famille immigrée et de ses relations aux institutions, en particulier l’institution scolaire. Les parents et leurs enfants, et infiniment plus les enfants que leurs parents, nous éloignaient du travailleur immigré des Trente Glorieuses et se construisaient, en lieu et place, des problèmes culturels liés à l’insertion (ou l’intégration) des « immigrés et de leurs enfants », selon l’expression en vigueur en ces temps-là. Si Sayad, en tant que sociologue de l’immigration, porte un intérêt somme toute normal à la scolarisation massive d’élèves issus de l’immigration du Maghreb, il est aussi, et peut-être surtout, sollicité ou invité par des instances (personnalités, associations, élus, institutions politiques, etc.) qui ont leur mot à dire sur la manière dont l’école française scolarise une partie de ses publics. Mais pas seulement. Une réflexion s’engage dans les années 1980 sur l’avenir de ces enfants d’immigrés en France et dans leur « pays d’origine ». Ce souci n’est ni mineur ni épiphénoménal. Ce sont les plus hautes institutions du savoir et du politique qui se saisissent de cette nouvelle question et qui vont tenter de proposer quelques perspectives jugées les plus satisfaisantes. 3 3 Une « nouvelle » pédagogie. L’interculturel à l’école Parmi les pratiques scolaires mises en place, la « découverte de l’autre » s’impose comme la priorité des priorités, la tâche première et ultime. L’« autre » est tout trouvé, en ces temps de regroupements familiaux : les enfants immigrés eux-mêmes ou nés de parents récemment arrivés sur le sol français. Très vite, à l’école primaire, les élèves sont sollicités pour « raconter » leur parcours migratoire, leurs coutumes, leurs langues, l’histoire de leurs parents, etc. Ces pratiques relèvent de l’écoute des histoires de vie, de l’histoire orale en vogue à cette époque, de la valorisation des pratiques culinaires, des recherches sur les arts et traditions populaires des pays d’origine. Un véritable engouement culturaliste envahit l’école, et principalement l’école primaire. Un culturalisme fondé sur une pédagogie centrée sur l’individu, l’élève dans toutes ses dimensions affectives, sociales et culturelles. Cette pédagogie se propose de promouvoir des pratiques tendant à favoriser une évolution positive des images de soi et d’autrui. L’idée de contribuer au développement d’une société « plus égale, plus libre, plus juste, plus solidaire » est liée, dans l’esprit de tous, à une « éducation interculturelle ». C’est cette « pédagogie interculturelle » (constituée d’idées de sens commun) que Sayad va examiner sans concession et critiquer sociologiquement, sans relâche, au risque d’être peu compris par ceux-là même qui pouvaient, à tort ou à raison, se sentir proches de lui. Son point de départ consiste à interroger les dispositifs conçus pour accompagner la scolarisation des « enfants étrangers non francophones ». Au moment de l’explosion (quantitative) scolaire, et avant l’institutionnalisation du regroupement familial en 1976, les mesures qui leur sont destinées prennent d’abord la forme des classes d’insertion (« Clin ») en 1970, puis des classes d’adaptation pour le secondaire (« Clad ») en 1973. Si les premières dispositions dataient des années 1930, la nouveauté réside, ici, dans le fait de penser et d’élaborer concrètement un enseignement différent ou spécifique pour ces élèves, là où il n’y avait aucune distinction faite auparavant. En 1976, la création des Centres de formation et d’information pour la scolarisation des enfants de migrants (CEFISEM), chargés de valoriser les « cultures d’origine » et de promouvoir des pratiques pédagogiques « adaptées », consacre cette politique différentialiste qu’aborde Sayad, en la reliant à la mauvaise conscience coloniale et postcoloniale. Depuis les années 1970, la question des enfants « issus de l’immigration » (ou encore : « jeunes immigrés », « enfants de travailleurs migrants », « petits immigrés », etc.) et de leur « intégration » a envahi les discours sur l’école primaire. Cette période voit se développer, au sein de l’institution scolaire mais aussi dans l’ensemble de la société, des initiatives afin de favoriser la « scolarisation des enfants de migrants », faisant de ces derniers un enjeu politique de premier ordre. 4 « Eux » et « nous » C’est dans ce contexte que le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Jean-Pierre Chevènement, confie à Jacques Berque, alors professeur au Collège de France, spécialiste du monde arabe et musulman (ce qui en soi n’est pas anodin), une réflexion sur cette question devenue brûlante de l’école et de l’immigration1. La « commission Berque », qui est installée en décembre 1984 (jusqu’en juillet 1985), comprend plusieurs spécialistes de l’école (des inspecteurs départementaux de l’Éducation nationale, des formateurs CEFISEM et des administrateurs civils), mais aussi des personnalités chargées de l’intégration des étrangers en France. Peu de chercheurs vont participer aux travaux de cette commission, deux en réalité, l’anthropologue Altan Gokalp, spécialiste du monde turc et ottoman, et Abdelmalek Sayad, tous deux rattachés au CNRS. Sans aucun doute le texte intitulé « Contribution au rapport de M. Jacques Berque sur la scolarisation des enfants de l’immigration » (juillet 1985) est-il une intervention centrale dans le débat sur l’école et l’immigration. Voici à ce propos quelques passages significatifs de ce rapport : « Il convient pour l’unité de la Nation, de continuer et de développer la politique d’insertion et d’intégration des immigrés à la société française. L’Éducation nationale y apporte une importante contribution (...). L’intégration des enfants des communautés migrantes au sein de la société française s’articule autour de deux axes : l’insertion scolaire des enfants afin qu’ils soient préparés à la vie économique de notre pays et à ses transformations. Pour cela il est indispensable qu’ils acquièrent une parfaite maîtrise de la langue et de la culture française. L’apprentissage du français, y compris pour les enfants immigrés, est un facteur essentiel de réussite. C’est le seul moyen pour eux de connaître la façon dont nous vivons ainsi que les mécanismes politiques et économiques qui régissent notre pays. Donner à ces enfants, s’ils le désirent, la possibilité de maintenir un contact avec leur langue et leur culture maternelle pour qu’ils soient un trait d’union entre leur pays d’origine et la France (...). Les pratiques interculturelles permettent l’ouverture sur la réalité internationale et une éducation ouverte sur le monde. L’action interculturelle est une pédagogie de l’échange et de la communication. » Sayad et la critique de la « pédagogie interculturelle » C’est de Sayad que vont venir les questions relatives aux contenus et aux apprentissages. Il vaut la peine de rappeler brièvement ses propos concernant cet « enseignement impossible », pour reprendre son expression, des langues et cultures d’origine. 1 Jacques Berque, L’Immigration à l’école de la République, rapport au ministre de l’Éducation nationale, Paris, La Documentation française, 1985. 5 5 « Si on prend ce parti en toute connaissance de cause, qu’on sache au moins à quoi on s’engage. On s’engage, par exemple, soit à réviser entièrement la conception qu’on a de la laïcité, soit à enfreindre l’obligation de la laïcité. Donner un enseignement de la « langue et de la culture arabes », surtout quand cet enseignement est indigent et qu’il est l’œuvre d’enseignants indigents (si on déplore la qualité des enseignants français, que dire, à niveau homologue, de la qualité des enseignants étrangers ?), c’est nécessairement en l’état actuel de la pédagogie arabe de l’arabe et, dans une certaine mesure, du rapport que les enseignants (arabes) de l’arabe ont dans leur majorité avec la langue qu’ils enseignent, donner un enseignement de la religion musulmane, et un enseignement qui n’est pas seulement pur didactisme (pour la pure information, pour la « culture » sur la religion ou les religions) mais un enseignement prosélyte, un enseignement militant » (…). Curieuse rencontre d’intérêts antinomiques mais qui s’accordent pour s’appuyer mutuellement. Tant pis pour les victimes, les grands perdants de cette collusion, les enfants d’immigrés élèves de l’école française ! » (Sayad) Dans cette perspective, Sayad est fondé à définir la relation entre l’école et les élèves de parents produite par un autre social en tant qu’elle fut une « relation mal assurée et mal assumée » et des trois côtés (parents, élèves et enseignants). C’est cette relation incertaine (improbable, litigieuse, etc.) qui fut à l’origine d’une méfiance collective après avoir suscité des « attentes quasi eschatologiques ». « Scolariser et bien scolariser suppose une relation de mutuelle confiance entre l’école et son public. Or l’immigration est une situation qui contraint à une méfiance réciproque, même si l’acte d’immigrer est fondamentalement un acte de confiance, un engagement confiant à l’égard de la société d’immigration dans son ensemble et, plus encore, à l’égard de certaines de ses institutions, dont l’école en premier lieu. » (Sayad) L’enjeu des liens qu’entretiennent l’institution scolaire et une partie de ses publics à l’école (les enfants d’immigrés) n’est pas abordé, par Sayad, en termes de relativisme, de culturalisme ou d’interculturel. Autant de mots en vogue lors de cette période de la part d’à peu près tous les acteurs sociaux concernés de près ou de loin, non pas tant par l’école mais d’abord par les immigrés, la « réhabilitation anthropologique » de « la culture des immigrés » et le « vivre ensemble ». Sa perspective est résolument sociologique et son point de vue public sur ce thème est non moins résolument politique. Les catégories qu’il mobilise ne sont pas celles qui laissent apparaître une sorte de miséricorde (dans tous les sens du terme) à l’égard des immigrés et de leurs enfants (français ou non). Les mots de Sayad pour examiner des enjeux majeurs, entre autres, le rapport des classes populaires à l’instruction, aux savoirs et plus largement aux institutions de socialisation, sont ceux des sciences sociales qui en la matière ont cumulé de solides savoirs. Autrement dit, il n’invente pas des expressions faussement savantes pour les besoins de la bonne cause, 6 celle de la défense relativiste de la « culture » des enfants d’immigrés dont on ne sait jamais, au juste, à lire les multiples plaidoyers culturalistes (quelle que soit la variante), à quels ensembles sociaux ils appartiennent. Sayad fait d’abord l’effort de comprendre des enjeux en cours de constitution et qui sont, d’après lui, potentiellement gros d’effets sociaux incontrôlables relativement dangereux, politiquement, pour l’avenir. La première question que se pose Sayad à lire et à écouter ces multiples topos sur la culture immigrée (c’est ainsi qu’elle s’énonçait, toujours au singulier ; ce qui n’était pas le cas de leurs pères qui n’en n’avaient pas puisqu’ils étaient réduits à une figure univoque déshistorisée, celle du travailleur immigré exploité), c’est celle de savoir, tout d’abord, de qui et de quoi l’on parle. De l’école ou de l’immigration ? En fait, nous dit-il, on ne cesse de parler de l’école et de la fondamentale hétérogénéité historique de ses publics. L’accueil de ces nouveaux publics, en tout cas aussi massivement, va faire de l’école un lieu et un moment de « vérité de soi » mais aussi un lieu de « vérité sur l’avenir ». L’enfant-élève que l’on pense être immigré va servir, nous dit Sayad, de révélateur aux soupçons, aux embarras et d’une certaine manière aux échecs de l’école. C’est en ce sens qu’il analyse le rapport de l’immigration (au sens large : enfants et parents) à l’école (et vice versa) comme un moment de confrontation sociale (où structuralement doivent ils être situés, pays d’accueil ou/et pays d’origine ?) et symbolique (qui sont-ils réellement ?). Et Sayad de noter le paradoxe suivant : cette confrontation oppose pour l’essentiel des élèves français à l’école française. Associer, d’une manière ou d’une autre, et même avec les meilleures intentions du monde, immigré et école, ou enfants d’immigrés et école de la République, c’est construire et durcir une contradiction fondamentale : l’immigré et sa famille sont définis (hier comme aujourd’hui) par le provisoire, alors que l’institution scolaire a partie liée à l’avenir, sa vocation fondamentale consistant à prendre possession de l’avenir. Les effets différés de la « générosité » interculturelle Passé, présent, avenir. Ce n’est pas seulement l’affaire de l’école ou une affaire d’enseignement scolaire. C’est l’histoire d’une relation historique de domination coloniale à laquelle l’institution scolaire ne peut totalement échapper. A cet égard, Sayad, dans l’indifférence générale, sera l’un des premiers à introduire les effets directs et indirects de la période coloniale en terre d’immigration et dans la relation que la société d’accueil entretient avec ses immigrés. Cela est particulièrement vrai pour l’immigration algérienne. De la même manière que Sayad met structuralement en relation la condition de l’émigré avec celle de l’immigré, il n’oublie pas, par ailleurs, cette autre dimension (liée à la précédente proposition) : les enfants issus de parents issus eux-mêmes d’une société colonisée par un pays où sont scolarisés leurs enfants. L’école ne peut pas oublier ce double rapport historique ambivalent : la « générosité » qui l’animait en terre coloniale algérienne, à travers la figure des instituteurs ou des maîtres de l’école normale de la 7 7 Bouzaréa (là où Sayad fit sa formation d’instituteur), et en même temps, la dimension profondément inégalitaire de l’enseignement en terre coloniale. Ainsi, la scolarisation (donc la présence et celle de leurs familles) des enfants immigrés dans l’école française ou l’école de la République est ainsi directement liée, dans l’ordre des jugements, des appréciations et des représentations, sans aucun doute possible, à l’histoire coloniale et postcoloniale. Cette vision profondément en avance sur son temps, anticipant les futures grandes controverses et problèmes publics, comme ceux du « port du voile » par exemple, ne doit pas être réduite à une critique acerbe de « l’enseignement » des langues et cultures d’origine au sein de l’école française, enseignement laissé à d’autres parce que pour d’autres. La critique de Sayad sur cet aspect précis lui donne prise pour élargir le propos et surtout poser et examiner, de manière radicalement différente, des enjeux et des luttes à effets différés (le port du voile en est une quasi caricature), dont les vainqueurs ne sont certainement pas ceux que l’on croit. Et aujourd’hui ? Nombreuses sont, aujourd’hui, les recherches nationales et internationales qui pointent tout à fait explicitement les grandes difficultés de l’institution scolaire à contribuer à « l’intégration républicaine » des enfants immigrés et des enfants d’immigrés. Il suffit de se reporter à l’enquête internationale PISA 20122 sur les acquis scolaires des élèves de 15 ans pour se rendre compte qu’en dix ans « l’écart de performance scolaire entre les élèves issus de l’immigration et les autochtones s’est creusé, à l’instar de la détérioration des inégalités sociales à l’école ». Plus encore, l’enquête internationale PISA 2012 nous apprend que « Même à milieux économique et social des élèves donnés », les résultats scolaires sont largement en défaveur des élèves issus de l’immigration nationalement ; mais aussi, plus largement, l’écart de résultats scolaires entre élèves issus de l’immigration et les nationaux (le reste de la population française) est largement supérieur à la moyenne de l’OCDE. Pendant que l’école française, et plus largement la puissance publique, laissait s’accroître les écarts entre les élèves issus de l’immigration et les autres, des pays comme l’Allemagne, les États-Unis, la Suisse ou la Hollande développaient, pendant les années 2000, selon l’OCDE, des « politiques ambitieuses d’intégration scolaire qui garantissaient de meilleures conditions d’apprentissage aux jeunes issus de l’immigration et donc, au final, des performances scolaires moins dégradées ». Plus précisément encore, au-delà même des trajectoires scolaires, sont en jeu les compétences scolaires qui varient selon leur origine migratoire. L’importance des écarts de performances entre enfants de l’immigration et enfants natifs varie selon le niveau d’enseignement considéré. Les inégalités scolaires et sociales varient selon les cycles. Autrement dit, tous les cycles ne 2 OCDE PISA 2012 results : excellence throught equity. Giving Every Student the Chance to Succeed (Volume II), Paris : OCDE ; OCDE (2014). Principaux résultats de l’enquête PISA 2012 : ce que les élèves savent et ce qu’ils peuvent faire avec ce qu’ils savent. Paris : OCDE. 8 sont pas logés à la même enseigne de l’inégalité scolaire. Du point de vue des compétences scolaires, « les inégalités frappent plus fortement les élèves issus de l’immigration au collège qu’au primaire ». A partir du panel d’élèves entrés au CP en 1997 de la DEPP et des données de l’enquête Trajectoires et Origines, Mathieu Ichou3 (2013) croise performances scolaires des élèves, origine socio-professionnelle et niveau d’éducation des parents. Ainsi, d’après les résultats de cette enquête « si les écarts se resserrent tout au long de la scolarité au primaire, les inégalités scolaires au collège s’amplifient de nouveau entre les natifs et les élèves issus de l’immigration ». Dans cette perspective, les travaux conduits par Felouzis et al. (2003) montrent que le collège, bien plus que le primaire, ferait « baisser » les résultats scolaires dans les établissements les plus « ghettoïsés ». En « contrôlant » le milieu social d’origine, les enfants d’immigrés du Maghreb et d’Europe du Sud « obtiennent des résultats presque similaires », excepté une nouvelle fois les élèves issus de l’immigration turque et d’Afrique subsaharienne. D’après les enquêtes nationales et celles de l’OCDE, seuls les élèves issus de l’immigration d’Asie du Sud-Est obtiennent des résultats supérieurs aux natifs. 3 L’enquête statistique Trajectoires et Origines : enquête sur la diversité des populations en France a été réalisée conjointement par l’INED et l’INSEE en 2008. Conduite auprès d’un échantillon de 22 000 individus, elle s’intéresse prioritairement aux conditions de vie et aux trajectoires sociales des immigrés – personnes nées étrangères à l’étranger – et des descendants d’immigrés – personnes nées en France métropolitaine dont l’un ou les deux parents sont immigrés – résidant sur le territoire français métropolitain. Statistiquement, l’enquête est représentative de l’ensemble de la population de France métropolitaine. Pour plus de détails sur cette enquête, voir le site qui lui est dédié : http://teo.site.ined.fr. 9 9 Centre de Ressources Politique de la Ville en Essonne Maison Départementale de l’Habitat Boulevard de l’Ecoute-S’il-Pleut 91000 Évry Tél. : 01 64 97 00 32 Plus d’informations sur : www.crpve91.fr