dom Juan - les francos

Transcription

dom Juan - les francos
Dom Juan
théâtre
Molière
Cie Viva
vendredi 27 mars
21h
saison
dossier
2014-2015
d’accompagnement
Dom Juan
Dès 13 ans
Molière
Cie Viva
Durée 1h45
présentation du spectacle
L’Épopée d’un homme fascinant par sa liberté,
mais effrayant par son égoïsme : la pièce la plus
singulière de Molière.
Un «grand seigneur méchant homme» libertin se moque des croyances
naïves de son valet, manipule les femmes, les abandonne après les avoir
déshonorées, dénonce les médecins comme les tartuffes, et pousse le défi
jusqu’à provoquer Dieu lui-même…
Dans cette pièce baroque, Molière joue avec les genres et les registres, mêle
réflexion sociale, humaine et métaphysique. Anthony Magnier s’en empare
avec une énergie de troupe chaleureuse et intelligente. Deux musiciens
accompagnent la mise en scène pour permettre des clins d’oeil à l’oeuvre
de Mozart.
ce qu’en pense la presse
Un Dom Juan populaire,
parfaitement dans l’esprit de
Molière. (Le Figaro)
distribution
Mise en scène Anthony Magnier / assistante à la mise en scène Cécile
Mathieu et Magali Genoud / direction musicale Samuel Muller et
Vincent Manach / avec Xavier Bazin, Céline Bouchard, Benjamin
Brenière, Axel Drhey, Anthony Magnier, Justine Moulinier, Bertrand
Kulik (violon) et Michael Tafforeau (violoncelle) / création lumière
Rémi Cabaret / décors Stefano Perocco / costumes Solveig Babey et
Edouard Dessay / maîtres d’arme Patrice Camboni et Juan Jimenez
pour aller plus loin
Note d’intention
Anthony Magnier - Février 2010
Si Dom Juan nous passionne toujours c’est parce qu’il nous demande quels hommes
nous sommes, quels choix nous faisons, quelles peurs nous hantent, quelles influences
nous assaillent.
Il est celui qui ne veut pas croire, ni en lui, ni en l’homme, ni en Dieu.
Il est celui qui aime et celui qui veut.
Il est celui qui n’écoute que son désir.
Il est celui qui sait que la mort est proche.
Il est l’homme seul, accompagné de Sganarelle, accompagné de ses peurs.
Si Dom Juan ne connaît pas la peur, Sganarelle en est la représentation. Sganarelle
a peur de tout, tout le temps, il exprime tout ce que Dom Juan dénigre. Il est celui qui
pleure en écoutant Elvire quand Dom Juan rêve à sa prochaine conquête. Il est celui
qui se cache quand Dom Juan se bat. Celui qui pense aux conséquences quand Dom
Juan ne pense qu’aux actions.
Molière reprend ici le personnage que Tirso de Molina a créé, qui fut plus tard revisité
par la Commedia dell’Arte et par de nombreux auteurs. Mais il ne se contente pas
de le confronter à la notion de fidélité et de blasphème, il amène Dom Juan face au
père, aux créanciers, à l’hypocrisie, à l’honneur, au courage, à la foi. Il en fait un être
fascinant par sa liberté, mais effrayant par son égoïsme. L’histoire de Dom Juan,
c’est l’histoire d’une quête sans Graal.
Molière ne livre ici ni une pièce comique, ni une pièce tragique mais une pièce morale
dont le 17e siècle fourmille. Il puise son inspiration dans les contes qui font parties
de l’histoire de l’humanité. Ces légendes courantes qui confrontent l’homme à la mort.
Cette mort qui s’invite à diner et qui dévore son hôte.
Mais « Molière a du génie », car il fait de cette pièce morale, de ce conte, une oeuvre
éminemment théâtrale. Par ses personnages, d’une variété Shakespearienne, dessinés
à la perfection : la tragique Elvire, ses frères chevaleresques, le père autoritaire, les
paysans clownesques, Monsieur Dimanche dépassé, la statue effrayante et surnaturelle.
Par ce couple devenu mythique de Dom Juan et Sganarelle. Par le comique qui est là,
tapi dans chaque scène, faisant constamment passer le spectateur de l’effroi au rire,
du drame à la légèreté.
Ici, il n’est pas question de trahir, mais bien au contraire de respecter ces couleurs
et ces contrastes, tout en nous laissant aller à ce théâtre populaire, rythmé, drôle,
physique et fantaisiste que nous aimons tant.
Comme à notre habitude nous abordons la scénographie et la mise en scène par
la poésie et l’imaginaire, sans chercher des solutions naturalistes ou réalistes. Les
costumes historiques, qui par leur beauté et leur élégance, nous aident à peindre les
caractères de chacun. Sur scène, six comédiens, représentant les quinze personnages
de Molière, pas plus pour que chacun puisse y déployer ses talents, et pas moins pour
conserver cette énergie de troupe qui nous caractérise.
Puis la musique, un duo à cordes sur scène, faisant se marier la pièce de Molière à
l’oeuvre de Mozart, des parties chantées par les comédiens. Une musique qui vient
également apporter à certaines scènes une tension qui nous rappelle que derrière le
rire, nous assistons aux dernières vingt-quatre heures d’un homme.
L’histoire
DOM JUAN, fils de Dom Louis.
SGANARELLE, valet de Dom Juan.
ELVIRE, femme de Dom Juan.
GUSMAN, écuyer d'Elvire.
DOM CARLOS, DOM ALONSE, frères d'Elvire.
DOM LOUIS, père de Dom Juan.
FRANCISQUE, un pauvre.
CHARLOTTE, MATHURINE, paysannes.
PIERROT, paysan.
LA STATUE du Commandeur.
LA VIOLETTE, RAGOTIN, laquais de Dom Juan.
M. DIMANCHE, marchand.
LA RAMÉE, spadassin.
SUITE de Dom Juan.
SUITE de Dom Carlos et de Dom Alonse, frères.
UN SPECTRE.
ACTE I
Gusman, écuyer de Done Elvire, converse avec Sganarelle, valet de Dom Juan. Il ne
comprend pas que Dom Juan ait abandonné Done Elvire, qu'il avait épousée après l'avoir
enlevée du couvent. Sganarelle, désinvolte, répond aux interrogations de Gusman. Il lui
enlève ses illusions et brosse un portrait de son maître, libre penseur, « grand seigneur
méchant homme » et « épouseur à toutes mains». Arrive Dom Juan: il confie à Sganarelle
que seule la conquête l’intéresse. Il évoque l’inconstance de l’amour et dévoile à son
valet le secret de son propre caractère: il ne peut s’attacher à aucune femme et rêve,
tels les grands conquérants, de succès sans cesse recommencés. Le voici libre de se
lancer dans une nouvelle « entreprise amoureuse » : il s’agit d’enlever une belle, au cours
de la promenade en mer que lui offre son fiancé. Mais survient Elvire, douloureuse et
indignée. Elle reproche à Dom Juan sa trahison et lui demande des comptes. Dom Juan
se réfugie dans une impudente hypocrisie et lui répond avec le cynisme le plus odieux.
Elvire appelle sur lui la punition du ciel et le quitte en le menaçant de sa vengeance. Dom
Juan, impassible, s’apprête à mener à bien le projet dont il a parlé à Sganarelle.
ACTE Il
Dom Juan a échoué dans son entreprise amoureuse. Alors qu’il souhaitait enlever la
jeune fille en mer, une bourrasque a retourné sa barque. Il n’a été sauvé que grâce à
l’intervention de Pierrot, un paysan. Pierrot et Charlotte discutent de ce sauvetage. Le
jeune homme raconte comment il a sauvé du naufrage un grand seigneur magnifiquement
vêtu. Mais cet accident n’a pas tempéré les ardeurs de Dom Juan. A peine remis de ses
émotions, il fait les yeux doux à une jeune paysanne, Mathurine. Pierrot sort et Dom Juan
entre en scène. Il entreprend de séduire Charlotte et lui promet le mariage. Charlotte, un
moment hésitante se laisse gagner par l’ambition de devenir une noble dame. Pierrot,
de retour, trouve Dom Juan baisant la main de Charlotte. Il se fâche, s’interpose mais
doit vite quitter la scène sous les soufflets de celui qu’il vient pourtant de sauver de la
noyade. Sganarelle essaye de s’interposer et reçoit quelques gifles qui ne lui étaient pas
destinées.
Dom Juan fait la cour à Charlotte. Mathurine, la jeune paysanne qu’il a séduite
précédemment, apparaît. Les deux paysannes se jettent l’une à l’autre les promesses de
mariage que Dom Juan leur a faites. Le séducteur tente de persuader chacune d’elles
qu’elle est la seule aimée. Un valet vient prévenir Dom Juan que des hommes armés sont
à sa recherche. Il prend la fuite.
ACTE III
Dom Juan, en habit de campagne et Sganarelle, en robe de médecin, font route à travers
la forêt. Dom Juan confie à Sganarelle son scepticisme sur la médecine. Elle est selon lui
un tissu d’absurdités. Il lui indique aussi qu’il ne croit pas plus en Dieu qu’à la médecine.
Sganarelle, scandalisé une fois de plus, tente de démontrer l’existence de Dieu. En vain.
Les deux hommes se sont égarés. Ils demandent leur chemin à un pauvre homme qui
leur indique le chemin de la ville. L’homme leur fait l’aumône. Dom Juan lui donne une
pièce d’or « pour l’amour de l’humanité ». Dom Juan entend des bruits d’épée. Il porte
secours et sauve un gentilhomme attaqué par trois voleurs. Il s’agit de Dom Carlos,
l’un des frères d’Elvire parti à sa poursuite. Les deux hommes, qui ne se connaissent
pas, ne prennent pas conscience de l’incongruité de la situation. Dom Alonse, un autre
frère d’Elvire les rejoint. Lui, reconnaît Dom Juan l’ennemi de leur famille. Dom Carlos
persuade son frère de remettre à plus tard la vengeance contre un homme qui vient si
généreusement de lui sauver la vie. Dom Juan promet à Dom Carlos d’être à ses ordres
quand il le souhaitera. Demeurés seuls, Dom Juan et Sganarelle aperçoivent, entre les
arbres, le tombeau d’un Commandeur. Il s’agit du Commandeur que Dom Juan a tué
en duel six mois auparavant. Celui-ci, par bravade, invite la statue du défunt à dîner. La
statue incline la tête et indique ainsi qu’elle accepte l’invitation.
ACTE IV
Le soir même, Dom Juan rentre chez lui et attend son dîner. Se succèdent chez lui
une foule d’importuns : M. Dimanche, son créancier. Dom Juan couvre l’intrus de tant
de compliments que celui-ci n’a pas le temps de réclamer son dû. Arrive ensuite Dom
Louis, père de Dom Juan, qui reproche à son fils sa conduite déshonorante. Dom Juan
ne manifeste vis-à-vis de son père qu’une froide insolence. Puis c’est le tour d’Elvire.
Touchée par la grâce, elle demande à Dom Juan, avant de retourner au couvent, de
renoncer au vice et de se convertir à Dieu. Vaine intervention. Dom Juan est pourtant
séduit par la jeune femme et a beaucoup de difficultés à la laisser partir. Dom Juan se
met enfin à table, mais il a oublié son invité : la statue du Commandeur. Elle invite Dom
Juan à dîner le lendemain.
ACTE V
Revirement de situation. Dom Juan annonce à son père qu’il s’est converti. Le vieil homme
est touché par cette nouvelle et s’en félicite. Sganarelle, lui aussi se réjouit de la nouvelle.
Mais Dom Juan le détrompe vite et lui indique que ceci n’est que pure hypocrisie. Dom
Carlos, le frère d’Elvire, vient donner ses ordres à Dom Juan, en lui demandant de rester
fidèle à sa soeur. Dom Juan se retranche derrière sa supposée conversion. Dom Juan
est allé trop loin. Le ciel décide de donner une ultime chance à cet effronté : une femme
voilée, ayant l’allure d’un spectre et la voix d’Elvire, demande à Dom Juan de se repentir.
Dom Juan veut frapper le spectre, mais celui-ci s’évanouit. Dom Juan a laissé passer
sa dernière chance. Surgit alors la statue du Commandeur. Elle rappelle à Dom Juan la
promesse qu’il lui a faite : partager avec elle son repas. Elle entraîne Dom Juan dans les
abîmes de la terre, en enfer. Sganarelle, resté seul, réclame, en vain, ses gages.
autour du spectacle
Molière
biographie
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, baptisé le 15 janvier 1622 à Paris
et mort le 17 février 1673, est un dramaturge et acteur de théâtre
français. Considéré comme le « patron » de la Comédie-Française, il
en est toujours l’auteur le plus joué. Impitoyable pour le pédantisme
des faux savants, le mensonge des médecins ignorants, la prétention
des bourgeois enrichis, Molière aime la jeunesse qu’il veut libérer des contraintes
absurdes. Très loin des rigueurs de la dévotion ou de l’ascétisme, son rôle de moraliste
s’arrête là où il l’a défini : « Je ne sais s’il n’est pas mieux de travailler à rectifier et à
adoucir les passions des hommes que de vouloir les retrancher entièrement », et son
but a d’abord été de « faire rire les honnêtes gens ». Il fait donc sienne cette devise qui
apparaît sur les tréteaux italiens dès les années 1620 en France, au sujet de la comédie :
« Castigat ridendo mores » (En riant, elle châtie les moeurs).
Sa vie en résumé:
Destiné à prendre la relève de son père en tant que tapissier et valet de chambre
ordinaire du roi, il poursuit des études de droit dans la capitale puis à Orléans. Mais à 21
ans, il rencontre Madeleine Béjart, adopte le pseudonyme de Molière, et fonde avec sa
maîtresse la troupe de l’Illustre Théâtre : c’en est fait, le voilà comédien.
Le succès tarde à venir à Paris, les dettes s’accumulent, l’Illustre Théâtre part donc en
tournée en province ; de 1645 à 1658, la troupe sillonne le territoire (Albi, Nantes, Pézenas,
Lyon, Rouen…), et Molière pendant ce périple fait ses armes de directeur, de comédien,
de dramaturge enfin (ses premières pièces, toutes des farces, sont aujourd’hui pour
l’essentiel perdues, seules subsistent L’Etourdi et Le Dépit amoureux).
L’Illustre Théâtre rentre à Paris en 1658, et obtient au mois de juillet de la même année
l’attention et la protection du roi Louis XIV, que la farce du Docteur amoureux amuse
beaucoup. Le jeune monarque installe la troupe au Petit-Bourbon, salle qu’elle partage
avec les Comédiens Italiens.
1660 voit naître dans Le Cocu imaginaire, le personnage bientôt récurrent de Sganarelle,
et s’installer la troupe dans la salle du Palais-Royal. Un an plus tard, Molière invente
avec Les Fâcheux la formule de la comédie-ballet, pendant les entractes de laquelle on
danse, et que sa troupe sera la seule à pratiquer.
Avec L’École des femmes, Tartuffe et Dom Juan vient le temps des querelles ; malgré tout,
l’Illustre Théâtre devient troupe du roi en août 1665 et reçoit une pension importante.
Toutefois, Molière tombe malade en novembre, rechute l’année suivante, et doit quitter la
scène pour quelques temps en 1667 ; il ne recouvrera jamais tout à fait la santé, et jouera
Alceste puis Argan avec un corps malade, usé.
Les dernières années sont celles de l’ouverture vers l’opéra, des comédies exploitant la
musique et le ballet dans le registre comique (Monsieur de Pourceaugnac, Le Bourgeois
gentilhomme), mais également des pièces à machines avec Amphitryon en 1668.
Un an après sa dernière grande comédie, Les Femmes savantes, la mort de Molière va le
confondre avec son métier de comédien: lors de la quatrième représentation du Malade
imaginaire en 1673, pris de convulsions, il doit être transporté chez lui, où il meurt. Son
inhumation est également exceptionnelle: il n’a en effet eu le temps ni de renier sa vie de
comédien ni de se confesser, et seule l’intervention du roi permet que la cérémonie ait
lieu selon le rite chrétien.
Le scandale Dom juan
En décembre 1662, Molière crée sa première grande comédie, L’École des femmes.
C’est un triomphe et le point de départ d’une première querelle littéraire et mondaine qui
provoque de vifs remous: l’éducation de la gent féminine est en effet un sujet polémique,
et la pièce est qualifiée d’ « obscène » par les ennemis de Molière, qui réplique aux
attaques par deux courtes pièces aiguisées et satiriques, La Critique de L’École des
femmes et L’Impromptu de Versailles.
Puis vient Tartuffe, et une querelle suit l’autre. La crise du Tartuffe intervient pendant
le grand divertissement de Versailles que Louis XIV a confié à Molière et qui s’intitule
« Les Plaisirs de l’Ile enchantée ». Le personnage de Tartuffe, faux dévot et hypocrite
licencieux, exacerbe l’indignation du milieu dévot, notamment de la Compagnie du Saint
Sacrement, très influente auprès d’Anne d’Autriche, mère du roi. On accuse Molière
d’être « un démon vêtu de chair […], le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les
siècles passés » ; l’archevêque de Paris fait pression sur Louis XIV et obtient l’interdiction
de la pièce en dépit des appuis puissants du dramaturge, le Prince de Condé et Philippe
de France dit «Monsieur», le frère du roi.
C’est dans ce contexte de cabale et de tension que Molière présente le 15 février 1665,
au théâtre du Palais Royal, la première de Dom Juan ou le festin de pierre, dans laquelle
il endosse le rôle de Sganarelle. Le public accueille très favorablement cette pièce à
machines, très richement décorée et costumée, et spectaculaire. Mais dès le 17 février,
le texte doit être expurgé de la scène 2 de l’acte III, où Dom Juan veut obliger un pauvre à
blasphémer en échange d’un louis d’or, et le 20 mars, après 15 représentations seulement,
la pièce est suspendue : l’oeuvre est victime du scandale qu’elle a allumé.
Rien en effet ne trouve grâce aux yeux des opposants
de la pièce : Sganarelle « confond la vertu et le vice »
selon un pamphlet de l’époque ; le Prince de Conti
fronce les sourcils devant le châtiment final qui,
mêlé des bouffonneries du valet, ressemble plus à
un deus ex machina qu’à un exemplum ; on accuse
même Molière de vouloir attenter à la personne du roi
en sapant son autorité spirituelle (le louis d’or de la
scène du pauvre, ainsi que le nom du père malmené
par les impertinences de son impénitent rejeton,
rappellent par trop le nom même du monarque).
Il faudra attendre 12 ans avant que Dom Juan
réapparaisse à l’affiche du théâtre de Guénégaud
à Paris, jouée par l’ancienne troupe de Molière
avec un texte adapté, amputé et mis en vers par
Thomas Corneille. Et le texte intégral de la pièce ne
sera disponible en France qu’en 1819 ! C’est dire le
parfum de soufre qui longtemps l’accompagnera !
Du mythe à la pièce
On retrouve dans la légende de Dom Juan des éléments issus de traditions très
anciennes. Certains sont d’origine populaire et orale comme le conte « du souper chez
les morts » ; d’autres avaient déjà connu une élaboration littéraire comme le motif de la
statue vengeresse.
Mais ce n’est dès l’instant où ces deux thèmes se fondent en une seule intrigue, et où
entre en scène, pour leur donner une unité, le personnage du libertin séducteur, du
grand seigneur qu’une même ardeur pousse à abuser les femmes qu’ils croisent et à
braver les feux de l’Enfer, que naît vraiment le «mythe» de Dom Juan.
Malgré la gravité de certains des sujets qu’elle aborde, malgré tels passages pleins de
noblesse (tirade d’Elvire, de Dom Louis), l’oeuvre de Molière n’est pas une de ces comédies
sérieuses, galantes, de style relevé mais bien un spectacle dont la première raison d’être
est d’exciter le rire chez le spectateur. De manière générale, le Dom Juan de Molière
est moins ostensiblement violent et criminel que celui de ses prédécesseurs. Même
si la brutalité demeure une composante implicite du personnage, il semble qu’elle passe
plus par la parole mensongère de la séduction que par des actes clairement meutriers.
Ici le langage remplace l’épée. Dom Juan use de la civilité et de la flatterie comme d’une
nouvelle arme. Le point d’orgue est atteint à la fin de la pièce où Dom Juan adopte le
masque hypocrite de la parfaite vertu.
C’est en cela que la pièce de Molière entre en résonnance avec son époque. Alors que
le XVIIe siècle est le siècle des dévots et des saints, qu’il affirme ses valeurs morales et
religieuses, il est aussi celui des libertins et du libertinage.
Le Dom Juan de Molière est inséparable de ce moment de l’histoire des idées. Il est une
mosaïque de portraits et d’anecdotes du temps qui ont, à leur mesure, étoffé le mythe.
Dom Juan est à la fois de son temps et de tout temps. Il traduit la liberté autant que les
excès d’une génération et des mouvements de pensée qui la portent et la dépassent.
Il conduit sa fronde personnelle contre Dieu et contre le pouvoir. Par provocation et par
soif d’exister, il est empli du bonheur d’être homme jusque dans ses manifestations
extrêmes et ses plus grandes audaces. Dom Juan parcourt tout le spectre du libertinage:
de la débauche à l’athéisme, du matérialisme à l’impiété. Aussi est-il plus l’émanation
d’une époque en même temps qu’il la retrouve: il est l’incarnation universelle de l’esprit
de dérision qui bouscule cyniquement la tutelle des valeurs trop rigides, persifle contre
l’aliénation des dogmes et fait toujours contre-poids à l’ordre moral, religieux et social
que toute société réclame pour elle-même et veut infliger à tous.
leS adaptations
On peut profiter du spectacle pour travailler sur le mythe, montrer que cette figure de
Dom Juan s’inscrit, perdure et essaime dans le temps comme dans d’autres arts que les
seuls littérature et théâtre :
Au théâtre avant Molière :
L’Abuseur de Séville et le convive de pierre, Tirso de Molina, 1630 ;
Le Festin de pierre ou le fils criminel, Dorimond, 1660.
En littérature après Molière :
Don Juan, Lord Byron, 1821 (poème) ;
«Don Juan aux enfers» dans Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire, 1861 (poème) ;
La Dernière nuit de Don Juan, Edmond Rostand, 1921 (pièce) ;
Don Juan ou l’amour de la géométrie, Max Frisch, 1953 (pièce) ;
La Nuit de Valognes, Eric-Emmanuel Schmitt, 1991 (pièce).
En musique :
Don Giovanni, Mozart et da Ponte, 1787 (opéra) ;
Don Juan, Richard Strauss, 1889 (poème symphonique).
Au cinéma :
Dom Juan ou le festin de pierre, Marcel Bluwal, 1965 ;
Don Juan 73, Roger Vadim, 1973.
Mises en scène marquantes :
celle de la réhabilitation en 1947 par Louis Jouvet ;
celles, éminemment politiques de Bertolt Brecht en 1953 et de Patrice Chéreau en 1969 ;
celle, dans la tradition des tréteaux, de Philippe Caubère au théâtre du Soleil en 1978 ;
celle, en diptyque avec Athalie de Racine, de Roger Planchon en 1980 ;
celle de Jacques Lassalle en 1993, qui lit Dom Juan comme l’allégorie de l’étranger.
la troupe
VIVA - CoMPAGnIE DE ThéâTRE
En 2002, Anthony Magnier crée la compagnie Viva la Commedia qui naît de l’idée de
troupe, d’une famille d’artistes accompagnée par une équipe technique et administrative
qui oeuvrent ensemble autour du spectacle vivant dans un même élan de créativité.
Son âme artistique est issue du théâtre de tréteaux utilisant son énergie spécifique
comme un tremplin vers d’autres horizons et proposant aux spectateurs une relecture
originale et singulière des grands textes de répertoire. Au rythme d’une création par
an, la compagnie est présente chaque année au Festival d’Avignon et joue près de 150
représentations par an dans toute la France. En 2014, Viva la Commedia devient tout
simplement Viva ; un changement de nom qui parait évident aux vues de l’évolution de
la démarche artistique de son metteur en scène.
Accueillie depuis 2010 en résidence par la Ville de Versailles, Viva met en place une
dynamique de diffusion et de création sur le territoire des Yvelines, accompagnant
différentes structures dans la sensibilisation au théâtre (Maisons d’Arrêt, écoles, foyers
sociaux, publics handicapés). Viva reçoit le soutien de la Ville de Versailles et régulièrement
celui de l’ADAMI, de la SPEDIDAM et du Conseil Général des Yvelines.
AnThonY MAGnIER - MISE En SCènE
Autodidacte, Anthony Magnier suit un cursus à l’Université Paris 8 et à l’Ecole du Cirque
de nanterre, créé un groupe d’auto apprentissage à partir des techniques de Jerzy
Grotowsky, intègre diverses compagnies issues de l’Ecole de la Rue Blanche, devient
comédien et assistant du metteur en scène italien Carlo Boso, se forme à l’écriture
dramaturgique et donne près de 50 stages de formation en France et à l’étranger.
En 2002, il regroupe autour de lui une famille d’artistes et créé la troupe Viva. Il monte en
2003 La Principessa Forcenata issue du recueil de scénarios de Flaminio Scala dont il
en traduit une partie. En 2005, dans cette même tradition de théâtre de tréteaux, il écrit
et met en scène Bellissimo. S’ensuit alors une période classique où Anthony Magnier
travaille à réadapter de grands textes du répertoire comique avec l’idée d’en bousculer
les codes de mise en scène en s’appuyant sur l’énergie spécifique du théâtre de
tréteaux qu’il maîtrise. Sa mise en scène de Cyrano en 2011 remporte un véritable succès
national, appuyé par une série de représentations à guichets fermés lors du Festival
d’Avignon 2011. Peu à peu, Anthony Magnier prend ses libertés pour se tourner vers des
formes de plus en plus contemporaines : il transpose Les Jumeaux Vénitiens de Carlo
Goldoni en 2013 dans l’univers des années folles, réadapte Un Fil à la Patte de Georges
Feydeau en donnant un coup de pied aux conventions attachées au nom de l’auteur. En
2014, le projet Andromaque tourne véritablement une nouvelle page dans sa démarche
artistique.
théâtre
L'équipe
Direction : Eudes Labrusse
Administration, coordination : Delphine Avrillon
Relations publiques, développement culturel : Constance Winckler
Relations publiques, communication : Laure Ricouard
Direction technique : Nicolas Prigent
Accueil, billetterie: Christelle Champagne
Composition du dossier d’accompagnement : Constance Winckler
Sources : Dossier de la compagnie / Olivier Leplatre «Dom Juan» / Boris Donne «Dom Juan» /
Dossier du Théâtre de Charleville Mézières / Dossier Théâtre Jean Villar
saison
2014-2015
Rue de Montgardé- 78410 Aubergenville
01 30 95 37 76
www.lanacelle.org
dossier
d’accompagnement

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