Séquence Romulus - Lien prof

Transcription

Séquence Romulus - Lien prof
Texte 1
Naissance de Rémus et de Romulus
Proca deinde regnat. is Numitorem atque Amulium procreat ; Numitori, qui stirpis maximus erat, regnum uetustum
Siluiae gentis legat. plus tamen uis potuit quam uoluntas patris aut uerecundia aetatis: pulso fratre Amulius regnat.
addit sceleri scelus : stirpem fratris uirilem interemit, fratris filiae Reae Siluiae per speciem honoris cum
Uestalem eam legisset perpetua uirginitate spem partus adimit. sed debebatur, ut opinor, fatis tantae origo urbis
maximique secundum deorum opes imperii principium. ui compressa Uestalis cum geminum partum edidisset, seu ita
rata seu quia deus auctor culpae honestior erat, Martem incertae stirpis patrem nuncupat. sed nec di nec homines
aut ipsam aut stirpem a crudelitate regia uindicant: sacerdos uincta in custodiam datur, pueros in profluentem
aquam mitti iubet.
Tite Live, 1.3 et 4
Vocabulaire
a, ab, prép. : (+abl) de, à partir de
addo, is, ere, addidi, additum :
ajouter
adimo, is, ere, emi, emptum : ôter,
enlever
aetas, atis, f. : époque, âge
Amulius, i, m. : Amulius
aqua, ae, f. : eau
at, inv. : mais
auctor, oris, m. : auteur
aut, conj. : ou, ou bien
comprimo, is, ere, pressi, pressum
: presser, tenir enfermé
crudelitas, atis, f. : cruauté
culpa, ae, f. : faute
cum, inv. : conj., comme ; prép,
avec
custodia, ae, f. : prison
debeo, es, ere, bui, bitum : devoir
deinde, adv. : ensuite
do, das, dare, dedi, datum :
donner
edo, is, ere, edidi, editum :
produire, donner
fatum, i, n. : destin (surtout au
pluriel)
frater, tris, m. : frère
geminus, a, um : jumeau
gens, gentis, f. : tribu, famille,
peuple
homo, minis, m. : homme,
humain
honestus, a, um : honnête
honos, oris, m. : honneur
imperium, ii, n. : pouvoir (absolu)
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur,
contre
incertus, a, um : incertain
interimo, is, ere, emi, emptum :
supprimer, tuer
puer, eri, m. : enfant
ipse,ipsa, ipsum : même (moiquam, inv. : que
même, toi-même, etc.)
qui, quae, quod : qui
is, ea, id : ce, cette
quia, inv. : parce que
ita, inv. : ainsi ; ita... ut, ainsi que Rea, ae, f. : Réa
iubeo, es, ere, iussi, iussum :
regius, a, um : royal
ordonner
regno, as, are : régner
lego, is, ere, legi, lectum : choisir, regnum, i, n. : pouvoir royal, trône,
lire
royaume
lego, as, are : nommer, léguer
reor, reris, reri, ratus sum :
Mars, Martis, m. : Mars
croire
sacerdos, dotis, f ou m. : prêtre(sse)
maximus, a, um : superlatif de
scelus, eris, n. : crime
magnus : très grand
secundus, a, um : second,
mitto, is, ere, misi, missum :
favorable
envoyer
sed, conj. : mais
nec, neque = et non ,
seu, inv., répété : soit... soit
et...ne...pas
Siluia, ae, f. : Silvia
Numitor, oris, m. : Numitor
species, ei, f : apparence, aspect
nuncupo, as, are : nommer ;
spes, ei, f. : espoir
prononcer solennellement
opinor, aris, ari, atus sum : penser stirps, stirpis, f. (m.) : racine,
ops, opis, f. : sing., pouvoir, aide ; race, descendance
sum, es, esse, fui : être
pl., richesses
tamen, adv. : cependant
origo, ginis, f. : origine
tantus, a, um : si grand ; -... ut : si
partus, us, m. : accouchement
grand... que
pater, tris, m. : père, magistrat
uerecundia, ae, f. : pudeur,
pello, is, ere, pepuli, pulsum :
respect, honte
chasser
Uestalis, is, f. : vestale
per, prép. : (acc) à travers, par
uetustus, a, um : ancien, vieux
perpetuus, a, um : perpétuel
uincio, is, ire, uinxi, uinctum :
plus, pluris, n. : plus, plus cher
enchaîner
possum, potes, posse, potui :
uindico, as, are : revendiquer,
pouvoir
réclamer
princeps, ipis, n. m. et adj. :
uirginitas, atis, f. : virginité
premier, chef, empereur
uirilis, e : viril
principium, ii, n. : début
uis, -, f. : force
Proca, ae, m. : Proca
procreo, as, are : donner la vie à, uoluntas, atis, f. : volonté
urbs, urbis, f. : ville
engendrer
ut, conj. : pour que, que, comme
profluo, is, ere, fluxi, fluxum :
couler en avant, s'écouler
Texte 1 Tite Live, 1.3 et 4.
Traduction :
« Procas, son successeur, père de Numitor et d'Amulius, lègue à Numitor, l'aîné de ses fils, l'antique royaume de la
race des Silvius. Mais la violence prévalut sur la volonté d'un père et sur le respect pour le droit d'aînesse. Amulius
chasse son frère, et monte sur son trône : et, soutenant un crime par un nouveau crime, il fait périr tous les
enfants mâles de ce frère : sous prétexte d'honorer Rhéa Silvia, fille de son frère, il en fait une vestale; lui ôte, en
la condamnant à une éternelle virginité, l'espoir de devenir mère.
Mais les destins devaient sans doute au monde la naissance d'une ville si grande, et l'établissement de cet empire,
le plus puissant après celui des dieux. Devenue par la violence mère de deux enfants, soit par conviction, soit par
dessein d'ennoblir sa faute par la complicité d'un dieu, la Vestale attribue à Mars cette douteuse paternité. Mais ni
les dieux ni les hommes ne peuvent soustraire la mère et les enfants à la cruauté du roi : la prêtresse, chargée de
fers, est jetée en prison, et l'ordre est donné de précipiter les enfants dans le fleuve. »
Questions
1) Relevez les noms propres dans le texte latin
2) Traduisez-les en français.
3) Quelle remarque pouvez-vous faire sur la terminaison de ces noms en latin ?
4) A votre avis, comment peut-on expliquer ce phénomène ?
5) Qui est le père de Numitor ?
6) Qui est le frère d’Amulius ?
7) Qui est le père de Rhéa Silva ?
8) Qui est la Vestale ?
9) Qui est le père de ses enfants ?
10) Pourquoi est-ce Numitor qui hérite du royaume ?
11) Que fait Amulius ?
12) Comment Rhéa Silvia devient-elle pourtant mère ?
13) Quelle est la réaction d’Amulius ?
Texte 2
Les jumeaux, Romulus et Rémus, viennent d’être abandonnés dans une corbeille sur le fleuve….
1
Sustinet impositos summa cavus alveus unda:
heu quantum fati parva tabella tulit !
alveus in limo silvis adpulsus opacis
paulatim fluvio deficiente sedet.
5
arbor erat : remanent vestigia, quaeque vocatur
Rumina nunc ficus Romula ficus erat.
venit ad expositos, mirum, lupa feta gemellos :
quis credat pueris non nocuisse feram ?
non nocuisse parum est, prodest quoque. quos lupa nutrit,
10
perdere cognatae sustinuere manus.
constitit et cauda teneris blanditur alumnis,
et fingit lingua corpora bina sua.
Marte satos scires : timor abfuit. ubera ducunt
nec sibi promissi lactis aluntur ope.
15 illa loco nomen fecit, locus ipse Lupercis ;
magna dati nutrix praemia lactis habet.
Ovide, Fastes, 2.407
Vocabulaire :
absum, es, esse, afui : être absent
ad, inv. : vers, à, près de
alo, is, ere, ui, altum ou alitum : nourrir
alueus, i, m. : baquet
alumnus, a, um : nourrisson
appello, is, ere, puli, pulsum : pousser vers
arbor, oris, f. : arbre
bini, ae, a : deux
blandior, iris, iri, itus sum : caresser,
flatter
cauda, ae, f. : queue
cauus, a, um : creux
cognatus, a, um : lié (par le sang)
consisto, is, ere, stiti : se placer,
s'établir, s'arrêter
corpus, oris, n. : corps
credo, is, ere, didi, ditum : croire, prêter
deficio, is, ere, feci, fectum : faillir, se
retirer
do, das, dare, dedi, datum : donner
duco, is, ere, duxi, ductum : tirer à soi,
conduire
et, conj. : et
expono, is, ere, posui, positum : poser
dehors, exposer
facio, is, ere, feci, factum : faire
fatum, i, n. : destin (surtout au pluriel)
fera, ae, f. : bête sauvage
fero, fers, ferre, tuli, latum : porter,
supporter, rapporter
feta, ae, adj. : qui est accouchée
ficus, i, f. : figuier
fingo, is, ere, finxi, fictum : modeler,
imaginer
fluuius, i, m. : courant, rivière
flumen, -inis, n : fleuve
gemellus, i, m. : jumeau
habeo, es, ere, bui, bitum : avoir
heu, inv. : ah ! hélas !
ille, illa, illud : ce, cette
impono, is, ere, sui, situm : placer sur,
assigner, imposer
in, prép. : (acc. ou abl.) dans, sur, contre
ipse,ipsa, ipsum : même (moi-même, toimême, etc.)
lac, lactis, n. : lait
limus, i, m. : limon, boue
lingua, ae, f. : langue
locus, i, m. : lieu
lupa, ae, f. : louve
Lupercus, i, m. : Lupercus, prêtre de
Lupercus
magnus, a, um : grand
manus, us, f. : main
Mars, Martis, m. : Mars
mirus, a, um : étonnant
nec, neque = et non , et...ne...pas
noceo, es, ere : nuire
nomen, inis, n. : nom
non, neg. : ne...pas
nunc, inv. : maintenant
nutrio, is, ire, iui ou ii, itum : nourrir
nutrix, icis, f. : nourrice
opacus, a, um : opaque, ombré
ops, opis, f. : sing., pouvoir, aide ; pl.,
richesses
parum, adv. : peu
paruus, a, um : petit
paulatim, inv. : peu à peu
perdo, is, ere, didi, ditum : perdre
praemium, ii, n. : récompense
promitto, is, ere, misi, missum : envoyer à,
promettre
prosum, prodes, prodesse, profui : être utile,
servir
puer, eri, m. : enfant
quantum, inv. : combien (interr. ou
exclam.)
qui, quae, quod : qui
quis, quae, quid : qui ? quoi ?
quoque, inv. : aussi
remaneo, es, ere, mansi, mansum : rester
Romula, ae, f. : Romula
Rumina, ae, f. : Rumina
scio, is, ire, sciui, scitum : savoir
se, pron. réfl. : se, soi
sedeo, es, ere, sedi, sessum : être assis,
s'asseoir, se calmer
sero, is, ere, seui, satum : semer,
engendrer
silua, ae, f. : forêt
sum, es, esse, fui : être
summus, a, um : superlatif de magnus. très
grand, extrême
sustineo, es, ere, tinui, tentum : + inf
soutenir, supporter de
suus,a, um : son
tabella, ae, f. : tablette, petite pièce de bois
tener, a, um : tendre
timor, oris, m. : peur
uber, eris, n. : sein, mammelle
uenio, is, ire, ueni, uentum : venir
uestigium, ii, n. : trace de pas, trace
unda, ae, f. : onde
uoco, as, are : appeler
Ovide, Fastes, 2.407
Traduction
La corbeille qui les porte, nacelle bien frêle pour les hautes destinées qui lui sont confiées, flotte d'abord
sur la surface des ondes; puis échouée au pied d'un épais taillis, elle est retenue dans la vase où le fleuve la
dépose en se retirant. Là s'élevait un arbre qui n'a pas disparu tout entier; et ce que nous appelons
aujourd'hui le figuier Ruminal a été le figuier de Romulus. Un merveilleux hasard amène vers ces jumeaux
abandonnés une louve qui venait d'être mère. Qui le croirait? Cette bête féroce ne fait aucun mal aux
enfants; loin de là, ils vont lui devoir la vie; et ceux que des parents ont condamnés à mourir, une louve les
allaitera. Elle s'arrête, caresse de la queue ses tendres nourrissons, et de sa langue elle essuie mille fois les
membres de ces deux petits corps. Ce sont bien les fils de Mars; ils ne tremblent pas, ils saisissent les
mamelles de la bête, et se rassasient d'un lait nourrissant qui ne leur était pas destiné. Le bienfait de la
louve est reconnu par un glorieux souvenir; elle donne son nom à ce lieu, et ce lieu donne son nom aux
Luperques eux-mêmes.
1) Résumez le texte en une phrase.
2) Traduisez les mots soulignés dans le texte latin
-
3) Repérez ces mots dans la liste de vocabulaire, qu’ont-ils en commun ?
4) Traduisez les mots en caractère gras dans le texte latin
5) Repérez ces mots dans la liste de vocabulaire. Qu’est-ce qui les différencie des mots soulignés ?
Texte 3
Tite-Live 1,5
Le meurtre d’Amulius
1) Retrouvez dans la traduction les passages surlignés dans le texte latin.
Iam tum in Palatio monte Lupercal hoc fuisse ludicrum ferunt et a Pallanteo, urbe Arcadica, Pallantium, dein
Palatium montem appellatum. Ibi Euandrum, qui ex eo genere Arcadum multis ante tempestatibus tenuerit loca,
sollemne adlatum ex Arcadia instituisse, ut nudi iuuenes Lycaeum Pana uenerantes per lusum atque lasciuiam
currerent, quem Romani deinde uocauerunt Inuum. Huic deditis ludicro, cum sollemne notum esset, insidiatos ob
iram praedae amissae latrones, cum Romulus ui se defendisset, Remum cepisse, captum regi Amulio tradidisse ultro
accusantes. Crimini maxime dabant in Numitoris agros ab iis impetus fieri; inde eos collecta iuuenum manu hostilem
in modum praedas agere. Sic Numitori ad supplicium Remus deditur. Iam inde ah initio Faustulo spes fuerat regiam
stirpem apud se educari; nam et expositos iussu regis infantes sciebat et tempus, quo ipse eos sustulisset, ad id
ipsum congruere; sed rem inmaturam nisi aut per occasionem aut per necessitatem aperire noluerat. Necessitas
prior uenit; ita metu subactus Romulo rem aperit. Forte et Numitori, cum in custodia Remum haberet audissetque
geminos esse fratres, comparando et aetatem eorum et ipsam minime seruilem indolem tetigerat animum memoria
nepotum; sciscitandoque eodem peruenit, ut haud procul esset, quin Remum agnosceret. Ita undique regi dolus
nectitur. Romulus non cum globo iuuenum - nec enim erat ad uim apertam par -, sed aliis alio itinere iussis certo
tempore ad regiam uenire pastoribus ad regem impetum facit, et a domo Numitoris alia comparata manu adiuuat
Remus. Ita regem obtruncant.
[I, 5] Dès ce temps-là, la fête des Lupercales était célébrée sur le mont Palatin, appelé d'abord Pallantium, de
Pallantée, ville d'Arcadie. C'est là qu'Évandre, un des Arcadiens établis longtemps auparavant dans ces contrées,
avait institué, d'après la coutume de son pays, cette solennité, où des jeunes gens, emportés par l'ivresse d'une
joie licencieuse, couraient tout nus en l'honneur de Pan, protecteur des troupeaux, et que les Romains ont appelé
depuis du nom d'lnuus. Au milieu de ces fêtes, dont la célébration avait été annoncée, surpris à l'improviste par les
brigands furieux de l'enlèvement de leur butin, Romulus se défend avec vigueur, Rémus est pris; ils livrent leur
prisonnier au roi Amulius, et le noircissent à ses yeux. Ils l'accusent surtout de faire, avec son frère, des
incursions sur les terres de Numitor, et d'y conduire au pillage, comme en pays ennemi, une troupe armée de jeunes
vagabonds. Rémus est donc livré à la vengeance de Numitor. Dès le commencement, Faustulus s'était flatté de
l'espérance que ces nourrissons étaient de sang royal; car l'ordre donné par le roi, d'exposer des enfants nouveaunés, était connu de lui, et l'époque où il les avait recueillis coïncidait avec cette circonstance; mais il n'avait pas
voulu révéler ce secret avant le temps, à moins que l'occasion ou la nécessite ne le fissent parler : la nécessité
arriva la première. Cédant à la crainte, il dévoile à Romulus le secret de sa naissance. Le hasard avait voulu que, de
son côté, Numitor, maître de la personne de Rémus, apprit que les deux frères étaient jumeaux, et qu'à leur âge, à
leur noble fierté, le souvenir de ses petits-fils se réveillât dans son coeur; à force de questions il touchait à la
vérité et n'était pas loin de reconnaître Rémus. Ainsi de tous côtés un complot s'ourdit contre le roi. Romulus, trop
faible pour agir à force ouverte, se garda bien de venir à la tête de ses pâtres; il leur ordonne de se rendre au
palais à une heure convenue et par des chemins différents; là ils tombent sur le roi : à la tête des gens de Numitor,
Rémus leur prête main-forte, et Amulius est massacré.
2) Cherchez les mots en gras dans le dictionnaire ou dans le lexique, traduisez-les, et dites ce qu’ils ont en commun
Texte 4
Tite Live I, 6
Pour chaque passage en gras et en italique dans le texte latin, retrouvez-en la traduction dans le texte français.
Des numéros sont là pour vous aider.
[1,6] Numitor inter primum tumultum hostis inuasisse urbem(1) atque adortos regiam dictitans, cum pubem
Albanam in arcem praesidio armisque obtinendam auocasset, postquam iuuenes perpetrata caede pergere ad se
gratulantes uidit, extemplo aduocato concilio scelera in se fratris, (2) originem nepotum,(3) ut geniti, ut educati,
ut cogniti essent (4), caedem deinceps tyranni seque eius auctorem ostendit. Iuuenes per mediam contionem
agmine ingressi cum auum regem salutassent (5), secuta ex omni multitudine consentiens uox ratum nomen
imperiumque regi efficit. Ita Numitori Albana re permissa Romulum Remumque cupido cepit in iis locis, ubi expositi
ubique educati erant, urbis condendae. Et supererat multitudo Albanorum Latinorumque (6); ad id pastores quoque
accesserant, qui omnes facile spem facerent paruam Albam, paruum Lauinium prae ea urbe, quae conderetur, fore.
Interuenit deinde his cogitationihus auitum malum, regni cupido (7), atque inde foedum certamen, coortum a satis
miti principio. Quoniam gemini essent nec aetatis uerecundia discrimen facere posset (8), ut dii, quorum tutelae
ea loca essent, auguriis legerent, qui nomen nouae urbi daret, qui conditam imperio regeret, Palatium Romulus,
Remus Auentinum ad inaugurandum templa capiunt.
[I, 6] À la faveur du premier trouble, Numitor va s'écriant que l'ennemi a pénétré dans la ville (1), qu'il
assiège le palais, et il en écarte la jeunesse albaine en l'envoyant occuper et défendre la citadelle; puis, quand il
voit les jeunes vainqueurs accourir en triomphe après ce coup de main, il convoque une assemblée, il rappelle les
attentats de son frère contre sa personne (2), l'origine de ses petits-fils (3), leur naissance, comment ils ont été
élevés, à quels indices on les a reconnus (4), et il annonce la mort du tyran, et s'en déclare l'auteur. Les jeunes
frères se présentent au milieu de l'assemblée à la tête de leur troupe, saluent le roi leur aïeul (5), et la multitude
entraînée lui en confirme, par d'unanimes acclamations, le titre et l'autorité. Numitor ainsi replacé sur le trône
d'Albe, Romulus et Rémus conçurent l'idée de fonder une ville aux lieux témoins de leurs premiers périls et des
soins donnés à leur enfance. La multitude d'habitants dont regorgeaient Albe et le Latium (6), grossie encore du
concours des bergers, faisait espérer naturellement que la nouvelle ville éclipserait Albe et Lavinium. À ces projets
d'établissement vient se mêler la soif du pouvoir (7), mal héréditaire chez eux, et une lutte monstrueuse termine
un débat assez paisible dans le principe. Ils étaient jumeaux, et la prérogative de l'âge ne pouvait décider entre
eux (8): ils remettent donc aux divinités tutélaires de ces lieux le soin de désigner, par des augures, celui qui devait
donner son nom et des lois à la nouvelle ville, et se retirent, Romulus sur le mont Palatin, Rémus sur l'Aventin, pour y
tracer l'enceinte augurale.
Texte 5
Tite Live I, 7
Priori Remo augurium uenisse fertur, sex uultures, iamque nuntiato augurio cum duplex numerus Romulo se
ostendisset, utrumque regem sua multitudo consalutauerat: tempore illi praecepto, at hi numero auium regnum
trahebant. Inde cum altercatione congressi certamine irarum ad caedem uertuntur; ibi in turba ictus Remus
cecidit. Vulgatior fama est ludibrio fratris Remum nouos transiluisse muros; inde ab irato Romulo, cum uerbis
quoque increpitans adiecisset "sic deinde, quicumque alius transiliet moenia mea", interfectum. Ita solus potitus
imperio Romulus; condita urbs conditoris nomine appellata.
Traduction : Le premier augure fut, dit-on, pour Rémus : c'étaient six vautours; il venait de l'annoncer, lorsque
Romulus en vit le double, et chacun fut salué roi par les siens; les uns tiraient leur droit de la priorité, les autres du
nombre des oiseaux. Une querelle s'ensuivit, que leur colère fit dégénérer en combat sanglant; frappé dans la
mêlée, Rémus tomba mort. Suivant la tradition la plus répandue, Rémus, par dérision, avait franchi d'un saut les
nouveaux remparts élevés par son frère, et Romulus, transporté de fureur, le tua en s'écriant : "Ainsi périsse
quiconque franchira mes murailles." Romulus, resté seul maître, la ville nouvelle prit le nom de son fondateur.
Répondez aux questions et essayez de justifier vos réponses en citant le texte latin
1) A qui apparaît le premier augure ?
2) De quel augure s’agit-il ?
3) Quel augure apparaît à l’autre ?
4) Lequel des deux est-il donc salué roi ?
5) Que se passe-t-il ensuite entre les deux frères ?
6) Qu’est-ce qui déclenche la fureur de Romulus ?
7) Que fait-il ?
Texte 6
Tite Live I 9
En vous aidant du texte latin, remettez en ordre la traduction. Expliquez votre démarche.
1) Iam res Romana adeo erat ualida, ut cuilibet finitimarum ciuitatum bello par esset; sed penuria mulierum hominis
aetatem duratura magnitudo erat, quippe quibus nec domi spes prolis nec cum finitimis conubia essent.
2) Tum ex consilio patrum Romulus legatos circa uicinas gentes misit, qui societatem conubiumque nouo populo
peterent: urbes quoque, ut cetera, ex infimo nasci; dein, quas sua uirtus ac di iuuent, magnas opes sibi magnumque
nomen facere; satis scire origini Romanae et deos adfuisse et non defuturam uirtutem; proinde ne grauarentur
homines cum hominibus sanguinem ac genus miscere.
3) Nusquam benigne legatio audita est; adeo simul spernebant, simul tantam in medio crescentem molem sibi ac
posteris suis metuebant. A plerisque rogitantibus dimissi, ecquod feminis quoque asylum aperuissent; id enim demum
conpar conubium fore.
4) Aegre id Romana pubes passa, et haud dubie ad uim spectare res coepit. Cui tempus locumque aptum ut daret
Romulus aegritudinem animi dissimulans ludos ex industria parat Neptuno equestri sollemnis; Consualia uocat.
5) Indici deinde finitimis spectaculum iubet, quantoque apparatu tum sciebant aut poterant, concelebrant, ut rem
claram exspectatamque facerent.
6) Multi mortales conuenere, studio etiam uidendae nouae urbis, maxime proximi quique, Caeninenses, Crustumini,
Antemnates; iam Sabinorum omnis multitudo cum liberis ac coniugibus uenit. Inuitati hospitaliter per domos cum
situm moeniaque et frequentem tectis urbem uidissent, mirantur tam breui rem Romanam creuisse.
7) Vbi spectaculi tempus uenit deditaeque eo mentes cum oculis erant, tum ex composito orta uis, signoque dato
iuuentus Romana ad rapiendas uirgines discurrit.
8) Magna pars forte, in quem quaeque inciderat, raptae; quasdam forma excellentes primoribus patrum destinatas
ex plebe homines, quibus datum negotium erat, domos deferebant; unam longe ante alias specie ac pulchritudine
insignem a globo Thalassi cuiusdam raptam ferunt, multisque sciscitantibus, cuinam eam ferrent, identidem, ne quis
uiolaret, Thalassio ferri clamitatum: inde nuptialem hanc uocem factam.
9) Turbato per metum ludicro maesti parentes uirginum profugiunt, incusantes uiolati hospitii scelus deumque
inuocantes, cuius ad sollemne ludosque per fas ac fidem decepti uenissent.
10) Nec raptis aut spes de se melior aut indignatio est minor. Sed ipse Romulus circumibat docebatque patrum id
superbia factum, qui conubium finitimis negassent; illas tamen in matrimonio, in societate fortunarum omnium
ciuitatisque et, quo nihil carius humano generi sit, liberum fore; mollirent modo iras et, quibus fors corpora
dedisset, darent animos. Saepe ex iniuria postmodum gratiam ortam, eoque melioribus usuras uiris, quod adnisurus
pro se quisque sit, ut, cum suam uicem functus officio sit, parentium etiam patriaeque expleat desiderium.
11) Accedebant blanditiae uirorum, factum purgantium cupiditate atque amore, quae maxime ad muliebre ingenium
efficaces preces sunt.
Tite Live 1, 9, traduction à remettre en ordre
) À ces paroles se joignaient les caresses des ravisseurs, qui rejetaient la violence de leur action sur celle de leur
amour, excuse toute puissante sur l'esprit des femmes.
) Arrive le jour de la célébration des jeux. Comme ils captivaient les yeux et les esprits, le projet concerté
s'exécute : au signal donné, la jeunesse romaine s'élance de toutes parts pour enlever les jeunes filles.
) Il fait annoncer ce spectacle dans les cantons voisins, et toute la pompe que comportaient l'état des arts et la
puissance romaine se déploie dans les préparatifs de la fête, afin de lui donner de l'éclat et d'éveiller la curiosité.
) La terreur jette le trouble dans la fête, les parents des jeunes filles s'enfuient frappés de douleur; et, se
récriant contre cette violation des droits de l'hospitalité, invoquent le dieu dont le nom, en les attirant à la
solennité de ces jeux, a couvert un perfide et sacrilège guet-apens.
) Déjà Rome était assez puissante pour ne redouter aucune des cités voisines; mais elle manquait de femmes, et
une génération devait emporter avec elle toute cette grandeur : sans espoir de postérité au sein de la ville, les
Romains étaient aussi sans alliances avec leurs voisins.
) La jeunesse romaine ressentit cette injure, et tout sembla dès lors faire présager la violence. Mais, dans la
pensée de ménager une circonstance et un lieu favorables, Romulus dissimule son ressentiment et prépare, en
l'honneur de Neptune Équestre, des jeux solennels, sous le nom de Consualia.
) Nulle part la députation ne fut bien accueillie, tant ces peuples méprisaient et redoutaient à la fois pour eux et
leurs descendants cette puissance qui s'élevait menaçante au milieu d'eux. La plupart demandèrent aux députés en
les congédiant : "Pourquoi ils n'avaient pas ouvert aussi un asile pour les femmes ? Qu'au fond c'était le seul moyen
d'avoir des mariages sortables."
) Les spectateurs y accourent en foule, attirés aussi par le désir de voir la nouvelle ville, surtout les peuples les
plus voisins : les Céniniens, les Crustuminiens, les Antemnates. La nation entière des Sabins vint aussi avec les
femmes et les enfants. L'hospitalité leur ouvrit les demeures des Romains, et à la vue de la ville, de son heureuse
situation, de ses remparts, du grand nombre de maisons qu'elle renfermait, déjà ils s'émerveillaient de son rapide
accroissement.
) Le plus grand nombre devient la proie du premier ravisseur. Quelques-unes des plus belles, réservées aux
principaux sénateurs, étaient portées dans leurs maisons par des plébéiens chargés de ce soin. Une entre autres,
bien supérieure à ses compagnes par sa taille et sa beauté, était, dit-on, entraînée par la troupe d'un sénateur
nommé Talassius; comme on ne cessait de leur demander à qui ils la conduisaient, pour la préserver de toute insulte,
ils criaient en marchant : 'à Talassius'. C'est là l'origine de ce mot consacré dans la cérémonie des noces.
) C'est alors que, d'après l'avis du sénat, Romulus leur envoya des députés, avec mission de leur offrir l'alliance du
nouveau peuple par le sang et par les traités. "Les villes, disaient-ils, comme toutes les choses d'ici-bas, sont
chétives à leur naissance; mais ensuite, si leur courage et les dieux leur viennent en aide, elles se font une grande
puissance et un grand nom. Vous ne l'ignorez pas, les dieux ont présidé à la naissance de Rome, et la valeur romaine
ne fera pas défaut à cette céleste origine; vous ne devez donc pas dédaigner de mêler avec des hommes comme eux
votre sang et votre race."
) Les victimes du rapt partagent ce désespoir et cette indignation; mais Romulus lui-même, les visitant l'une après
l'autre, leur représente "que cette violence ne doit être imputée qu'à l'orgueil de leurs pères, et à leur refus de
s'allier, par des mariages, à un peuple voisin; que cependant c'est à titre d'épouses qu'elles vont partager avec les
Romains leur fortune, leur patrie, et s'unir à eux par le plus doux noeud qui puisse attacher les mortels, en
devenant mères. Elles doivent donc adoucir leur ressentiments, et donner leurs coeurs à ceux que le sort a rendus
maîtres de leurs personnes. Souvent le sentiment de l'injure fait place à de tendres affections. Les gages de leur
bonheur domestique sont d'autant plus assurés, que leurs époux, non contents de satisfaire aux devoirs qu'impose
ce titre, s'efforceront encore de remplacer auprès d'elles la famille et la patrie qu'elles regrettent."